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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

—Il y a une jeune fille que j'avais connue en prison... elle est morte à<br />

l'hôpital... on a abandonné son corps aux chirurgiens..., murmura la<br />

malheureuse en frissonnant.<br />

—Ah! c'est horrible!!! Comment, malheureuse enfant, vous avez souvent <strong>de</strong><br />

ces sinistres pensées?...<br />

—Cela vous étonne, n'est-ce pas, monsieur Rodolphe, que j'aie <strong>de</strong> la honte...<br />

pour après ma mort... Hélas! mon Dieu... on ne m'a laissé que celle-là...<br />

Ces douloureuses et amères <strong>par</strong>oles frappèrent Rodolphe.<br />

Il cacha sa tête dans ses mains en frémissant: il songeait à la fatalité qui s'était<br />

appesantie sur Fleur-<strong>de</strong>-Marie... Il songeait à la mère <strong>de</strong> cette créature pauvre...<br />

Sa mère... elle était heureuse, riche, honorée, peut-être...<br />

Honorée... riche... heureuse... et son enfant, qu'elle avait sans doute atrocement<br />

sacrifiée à la honte, avait quitté le grenier <strong>de</strong> la Chouette pour la prison, la<br />

prison pour l'antre <strong>de</strong> l'ogresse; <strong>de</strong> cet antre elle pouvait aller mourir sur le<br />

grabat d'un hôpital... et après sa mort...<br />

Cela était épouvantable.<br />

La pauvre Goualeuse, voyant l'air sombre <strong>de</strong> son compagnon, lui dit<br />

tristement:<br />

—Pourtant, monsieur Rodolphe, je ne <strong>de</strong>vrais pas avoir <strong>de</strong> ces idées-là... Vous<br />

m'emmenez avec vous pour être joyeuse, et je vous dis toujours <strong>de</strong>s choses si<br />

tristes... si tristes! Mon Dieu, je ne sais pas comment cela se fait, c'est malgré<br />

moi... Je n'ai jamais été plus heureuse qu'aujourd'hui; et pourtant à chaque<br />

instant les larmes me viennent aux yeux... Vous ne m'en voulez pas, dites,<br />

monsieur Rodolphe? D'ailleurs... vous voyez? cette tristesse s'en va... comme<br />

elle est venue... bien vite. Tenez, maintenant... je n'y songe déjà plus... Je serai<br />

raisonnable... Tenez, monsieur Rodolphe... regar<strong>de</strong>z mes yeux...<br />

Et Fleur-<strong>de</strong>-Marie, après avoir <strong>de</strong>ux ou trois fois fermé ses yeux pour en<br />

chasser une larme rebelle, les ouvrit tout grands... bien grands, et regarda<br />

Rodolphe avec une naïveté charmante.<br />

—Fleur-<strong>de</strong>-Marie, je vous en prie, ne vous contraignez pas... Soyez gaie, si<br />

vous avez envie d'être gaie... triste, s'il vous plaît d'être triste. Mon Dieu, moi<br />

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