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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

Et Rodolphe et la Goualeuse <strong>de</strong> se prendre <strong>par</strong> la main et <strong>de</strong> courir à perdre<br />

haleine dans une vaste pièce <strong>de</strong> regain tardif, récemment fauché.<br />

Dire les bonds, les petits cris joyeux, le ravissement <strong>de</strong> Fleur-<strong>de</strong>-Marie, serait<br />

impossible. Pauvre gazelle si longtemps prisonnière, elle aspirait le grand air<br />

avec ivresse. Elle allait, venait, s'arrêtait, re<strong>par</strong>tait avec <strong>de</strong> nouveaux<br />

transports.<br />

À la vue <strong>de</strong> plusieurs touffes <strong>de</strong> pâquerettes et <strong>de</strong> quelques boutons d'or<br />

é<strong>par</strong>gnés <strong>par</strong> les premières gelées blanches, la Goualeuse ne put retenir <strong>de</strong><br />

nouvelles exclamations <strong>de</strong> plaisir; elle ne laissa pas une <strong>de</strong> ces petites fleurs, et<br />

glana tout le pré.<br />

Après avoir ainsi couru au milieu <strong>de</strong>s champs, lassée vite, car elle avait perdu<br />

l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'exercice, la jeune fille, s'arrêtant pour reprendre haleine, s'assit<br />

sur un tronc d'arbre renversé au bord d'un fossé profond.<br />

Le teint trans<strong>par</strong>ent et blanc <strong>de</strong> Fleur-<strong>de</strong>-Marie, ordinairement un peu pâle, se<br />

nuançait <strong>de</strong>s plus vives couleurs. Ses grands yeux bleus brillaient doucement;<br />

sa bouche vermeille, haletante, laissait voir <strong>de</strong>ux rangées <strong>de</strong> perles humi<strong>de</strong>s,<br />

son sein battait sous son vieux petit châle orange; elle appuyait une <strong>de</strong> ses<br />

mains sur son cœur pour en comprimer les pulsations, tandis que, <strong>de</strong> l'autre<br />

main, elle tendait à Rodolphe le bouquet <strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong>s champs qu'elle avait<br />

cueilli.<br />

Rien <strong>de</strong> plus charmant que l'expression <strong>de</strong> joie innocente et pure qui rayonnait<br />

sur cette physionomie candi<strong>de</strong>.<br />

Lorsque Fleur-<strong>de</strong>-Marie put <strong>par</strong>ler, elle dit à Rodolphe, avec un accent <strong>de</strong><br />

félicité profon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> reconnaissance presque religieuse:<br />

—Que le bon Dieu est bon <strong>de</strong> nous donner un si beau jour!<br />

Une larme vint aux yeux <strong>de</strong> Rodolphe en entendant cette pauvre créature<br />

abandonnée, méprisée, perdue, sans asile et sans pain, jeter un cri <strong>de</strong> bonheur<br />

et <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> ineffable envers le Créateur, <strong>par</strong>ce qu'elle jouissait d'un rayon<br />

<strong>de</strong> soleil et <strong>de</strong> la vue d'une prairie.<br />

Rodolphe fut tiré <strong>de</strong> sa contemplation <strong>par</strong> un inci<strong>de</strong>nt imprévu.<br />

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