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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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héros <strong>de</strong> César Polidori.<br />

<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

Il affirmait à ce malheureux enfant, qui l'écoutait avec une avidité funeste, que<br />

les voluptés, même excessives, loin <strong>de</strong> démoraliser un prince heureusement<br />

doué, le rendaient souvent au contraire clément et généreux, <strong>par</strong> cette raison<br />

que les belles âmes ne sont jamais mieux prédisposées à la bienveillance et à<br />

l'affectuosité que <strong>par</strong> le bonheur.<br />

Louis XV le Bien-Aimé était une preuve irrécusable <strong>de</strong> cette assertion.<br />

Et puis, disait l'abbé, que <strong>de</strong> grands hommes <strong>de</strong>s temps anciens et mo<strong>de</strong>rnes<br />

avaient largement sacrifié à l'épicurisme le plus raffiné... <strong>de</strong>puis Alcibia<strong>de</strong><br />

jusqu'à Maurice <strong>de</strong> Saxe, <strong>de</strong>puis Antoine jusqu'au grand Condé, <strong>de</strong>puis César<br />

jusqu'à Vendôme!<br />

De tels entretiens <strong>de</strong>vaient exercer d'effroyables ravages dans une âme jeune,<br />

ar<strong>de</strong>nte et vierge; <strong>de</strong> plus, l'abbé traduisait éloquemment à son élève <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>s<br />

d'Horace où ce rare génie exaltait avec le charme le plus entraînant les molles<br />

délices d'une vie tout entière vouée à l'amour et à <strong>de</strong>s sensualités exquises.<br />

Pourtant, çà et là, pour masquer le danger <strong>de</strong> ces théories et satisfaire à ce qu'il<br />

y avait <strong>de</strong> foncièrement généreux dans le caractère <strong>de</strong> Rodolphe, l'abbé le<br />

berçait <strong>de</strong>s utopies les plus charmantes. À l'entendre, un prince intelligemment<br />

voluptueux pouvait améliorer les hommes <strong>par</strong> le plaisir, les moraliser <strong>par</strong> le<br />

bonheur, et amener les plus incrédules au sentiment religieux, en exaltant leur<br />

gratitu<strong>de</strong> envers le Créateur, qui, dans l'ordre matériel, comblait l'homme <strong>de</strong><br />

jouissances avec une inépuisable prodigalité.<br />

Jouir <strong>de</strong> tout et toujours, c'était, selon l'abbé, glorifier Dieu dans sa<br />

magnificence et dans l'éternité <strong>de</strong> ses dons.<br />

Ces théories portèrent leurs fruits.<br />

Au milieu <strong>de</strong> cette cour régulière et vertueuse, habituée, <strong>par</strong> l'exemple du<br />

maître, aux honnêtes plaisirs, aux innocentes distractions, Rodolphe, instruit<br />

<strong>par</strong> l'abbé, rêvait déjà les folles nuits <strong>de</strong> Versailles, les orgies <strong>de</strong> Choisy, les<br />

violentes voluptés du Parc-aux-Cerfs, et aussi çà et là, <strong>par</strong> contraste, quelques<br />

amours romanesques.<br />

L'abbé n'avait pas manqué non plus <strong>de</strong> démontrer à Rodolphe qu'un prince <strong>de</strong><br />

la Confédération germanique ne pouvait avoir d'autre prétention militaire que<br />

celle d'envoyer son contingent à la Diète.<br />

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