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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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tristes prédictions.<br />

<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

Impie, fourbe, hypocrite, contempteur sacrilège <strong>de</strong> ce qu'il y a <strong>de</strong> plus sacré<br />

<strong>par</strong>mi les hommes, plein <strong>de</strong> ruse et d'adresse, dissimulant la plus dangereuse<br />

immoralité, le plus effrayant scepticisme, sous une écorce austère et pieuse,<br />

exagérant une fausse humilité chrétienne pour voiler sa souplesse insinuante,<br />

<strong>de</strong> même qu'il affectait une bienveillance expansive, un optimisme ingénu,<br />

pour cacher la perfidie <strong>de</strong> ses flatteries intéressées; connaissant profondément<br />

les hommes, ou plutôt n'ayant expérimenté que les mauvais côtés, que les<br />

honteuses passions <strong>de</strong> l'humanité, l'abbé Polidori était le plus détestable mentor<br />

que l'on pût donner à un jeune homme.<br />

Rodolphe, abandonnant avec un extrême regret la vie indépendante, animée,<br />

qu'il avait menée jusqu'alors auprès <strong>de</strong> Murph, pour aller pâlir sur <strong>de</strong>s livres et<br />

se soumettre aux cérémonieux usages <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> son père, prit d'abord<br />

l'abbé en aversion.<br />

Cela <strong>de</strong>vait être.<br />

En quittant son élève, le pauvre squire l'avait com<strong>par</strong>é, non sans raison, à un<br />

jeune poulain sauvage, plein <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> feu, que l'on enlevait aux belles<br />

prairies où il s'ébattait libre et joyeux, pour aller le soumettre au frein, à<br />

l'éperon, et lui apprendre à modérer, à utiliser <strong>de</strong>s forces qu'il n'avait<br />

jusqu'alors employées que pour courir, que pour bondir à son caprice.<br />

Rodolphe commença <strong>par</strong> déclarer à l'abbé qu'il ne se sentait aucune vocation<br />

pour l'étu<strong>de</strong>, qu'il avait avant tout besoin d'exercer ses bras et ses jambes, <strong>de</strong><br />

respirer l'air <strong>de</strong>s champs, <strong>de</strong> courir les bois et les montagnes, un bon fusil et un<br />

bon cheval lui semblant d'ailleurs préférables aux plus beaux livres <strong>de</strong> la terre.<br />

Le prêtre répondit à son élève qu'il n'y avait en effet rien <strong>de</strong> plus fastidieux que<br />

l'étu<strong>de</strong>, mais que rien n'était plus grossier que les plaisirs qu'il préférait à<br />

l'étu<strong>de</strong>, plaisirs <strong>par</strong>faitement dignes d'un stupi<strong>de</strong> fermier allemand. Et l'abbé <strong>de</strong><br />

faire un tableau si bouffon, si railleur <strong>de</strong> cette existence simple et agreste, que<br />

pour la première fois Rodolphe fut honteux <strong>de</strong> s'être trouvé si heureux; alors il<br />

<strong>de</strong>manda naïvement au prêtre à quoi l'on pouvait passer son temps si l'on<br />

n'aimait ni l'étu<strong>de</strong>, ni la chasse, ni la vie libre <strong>de</strong>s champs.<br />

L'abbé lui répondit mystérieusement que plus tard il l'en instruirait.<br />

Sous un autre point <strong>de</strong> vue, les espérances <strong>de</strong> ce prêtre étaient aussi<br />

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