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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

plutôt traîné à l'échafaud, monsieur! Après trois ou quatre mois d'opiniâtreté <strong>de</strong><br />

leur <strong>par</strong>t, <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong> la mienne, mon énergie a triomphé <strong>de</strong> l'acharnement<br />

<strong>de</strong> ces misérables. Ils ont vu qu'ils s'attaquaient à une barre <strong>de</strong> fer, et ils ont été<br />

bien forcés <strong>de</strong> renoncer à leurs insolentes prétentions. Mais c'est égal,<br />

monsieur, j'ai été frappé là. (Alfred porta la main à son cœur.) J'aurais eu<br />

commis <strong>de</strong>s crimes affreux que je n'aurais pas eu un sommeil plus bourrelé. À<br />

chaque instant je me réveillais en sursaut, croyant entendre la voix <strong>de</strong> ce<br />

damné Cabrion. Je me défiais <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>: dans chacun je supposais un<br />

ennemi; je perdais mon aménité. Je ne pouvais voir une figure étrangère se<br />

présenter au carreau <strong>de</strong> la loge sans frémir en pensant que c'était peut-être<br />

quelqu'un <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> à Cabrion. Et même encore maintenant, monsieur, je<br />

suis soupçonneux, renfrogné, sombre, épilogueur comme un malfaiteur... je<br />

crains d'épanouir mon âme à la moindre nouvelle connaissance, <strong>de</strong> peur d'y<br />

voir surgir quelques-uns <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> à Cabrion; je n'ai <strong>de</strong> goût à rien.<br />

Ici M me Pipelet porta son in<strong>de</strong>x à son œil gauche, comme pour essuyer une<br />

larme, et fit un signe <strong>de</strong> tête affirmatif.<br />

Alfred continua d'un ton <strong>de</strong> plus en plus lamentable:<br />

—Enfin je me recroqueville sur moi-même, et c'est ainsi que je vois couler le<br />

fleuve <strong>de</strong> la vie. Avais-je tort, monsieur <strong>de</strong> vous dire que cet infernal Cabrion<br />

avait empoisonné mon existence?<br />

Et M. Pipelet, poussant un profond soupir, inclina son chapeau tromblon sous<br />

le poids <strong>de</strong> cette immense infortune.<br />

—Je conçois maintenant que vous n'aimiez pas les peintres, dit Rodolphe;<br />

mais du moins ce M. Germain dont vous <strong>par</strong>lez vous a dédommagé <strong>de</strong> M.<br />

Cabrion!<br />

—Oh! oui, monsieur; voilà un bon et digne jeune homme, franc comme l'or,<br />

serviable et pas fier, et gai, mais d'une bonne gaieté qui ne faisait <strong>de</strong> mal à<br />

personne, au lieu d'être insolent et goguenard comme ce Cabrion que Dieu<br />

confon<strong>de</strong>!<br />

—Allons, calmez-vous, mon cher monsieur Pipelet, ne prononcez pas ce nomlà.<br />

Et maintenant quel est le propriétaire assez heureux pour possé<strong>de</strong>r M.<br />

Germain, cette perle <strong>de</strong>s locataires?<br />

—Ni vu ni connu... personne ne sait ni ne saura où <strong>de</strong>meure à cette heure M.<br />

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