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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

souricière. M. Rodolphe lui proposera la chose pour <strong>de</strong>main, c'est vrai; mais le<br />

gueux est capable <strong>de</strong> venir dans la journée flâner <strong>par</strong> ici pour reconnaître les<br />

alentours et, s'il se défie <strong>de</strong> M. Rodolphe, d'amener un autre grinche, ou bien<br />

encore <strong>de</strong> dire: À <strong>de</strong>main, et <strong>de</strong> faire le coup pour son compte aujourd'hui.»<br />

—Tu as <strong>de</strong>viné juste... c'est ce qui est arrivé... Et la Provi<strong>de</strong>nce a voulu que je<br />

te doive la vie!<br />

—C'est étonnant, monsieur Rodolphe, comme <strong>de</strong>puis que je vous connais il<br />

m'aboule <strong>de</strong>s choses qui ont l'air <strong>de</strong> se manigancer là-haut! Et puis j'ai <strong>de</strong>s<br />

idées que je n'avais jamais eues, <strong>de</strong>puis que vous m'avez dit: «Mon garçon, il y<br />

a en toi du cœur et <strong>de</strong> l'honneur.» Du cœur! <strong>de</strong> l'honneur! tonnerre! ces mots-là<br />

vous remuent quelque chose dans le ventre. Allez, monsieur Rodolphe, quand<br />

on est habitué à s'entendre crier au loup, au chien enragé! quand on veut<br />

seulement approcher <strong>de</strong>s honnêtes gens...<br />

—Ainsi, tu as <strong>de</strong>puis quelques jours <strong>de</strong>s pensées nouvelles pour toi?<br />

—Bien sûr, monsieur Rodolphe. Tenez, je me disais encore: Maintenant, je<br />

connaîtrais quelqu'un qui aurait fait un mauvais coup... la boisson, la colère...<br />

enfin... n'importe quoi... je lui dirais: «Mon homme, tu as fait un mauvais<br />

coup, c'est bon... Mais c'est pas tout ça; ce n'est pas pour le roi <strong>de</strong> Prusse que le<br />

bon Dieu compose les gens qui se noient, qui rôtissent ou qui crèvent <strong>de</strong> faim;<br />

tu vas me faire l'amitié, si tu gagnes quarante sous, d'en donner vingt à <strong>de</strong>s<br />

pauvres vieux, ou à <strong>de</strong>s petits enfants; enfin à ceux qui, plus malheureux que<br />

toi, n'ont ni pain ni force... et surtout n'oublie pas, mon homme, que s'il y a<br />

quelqu'un à sauver en risquant sa peau à coup sûr, c'est actuellement ton<br />

négoce! Moyennant ça, et que tu ne recommences pas tes bêtises, tu me<br />

trouveras toujours...» Mais, <strong>par</strong>don, monsieur Rodolphe, je bavar<strong>de</strong>... et vous<br />

êtes curieux...<br />

—Non; j'aime à entendre <strong>par</strong>ler ainsi. Et puis je ne saurai que trop tôt comment<br />

est arrivé l'horrible malheur dont mon pauvre Murph a été la victime... Je me<br />

croyais certain <strong>de</strong> ne pas quitter le Maître d'école d'un pas, d'une minute,<br />

durant cette dangereuse entreprise... Alors il m'eût tué mille fois... avant que <strong>de</strong><br />

toucher à Murph. Hélas! le sort en a décidé autrement... Continue, mon garçon.<br />

—Voulant donc employer mon temps pour vous, monsieur Rodolphe, je me<br />

dis: «Faut aller m'embosser quelque <strong>par</strong>t d'où je puisse voir les murs, la porte<br />

du jardin, il n'y a que cette entrée-là... Si je trouve un bon coin... il pleut, j'y<br />

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