Les Mystère de Paris par Eugène Sue
Les Mystère de Paris par Eugène Sue Les Mystère de Paris par Eugène Sue
tour les hommes, le destin et Dieu. Les mystères de Paris (Tome I) - Eugène Sue Non: tant que sa pensée demeura lucide, Rodolphe supporta son sort avec soumission, avec respect... Lorsque l'agonie obscurcit ses idées, absolument livré à l'instinct vital, il se débattit, si cela peut dire, physiquement, mais non moralement, contre la mort. Le vertige emportait la pensée de Rodolphe dans son rapide et effrayant tourbillon; l'eau bouillonnait à ses oreilles; il croyait se sentir tournoyer sur luimême; la dernière lueur de sa raison allait s'éteindre, lorsque des pas précipités et un bruit de voix retentirent auprès de la porte de la cave. L'espérance ranima ses forces expirantes; par une suprême tension d'esprit, il put saisir ces mots, les derniers qu'il entendit et qu'il comprit: —Tu le vois bien, il n'y a personne. —Tonnerre! c'est vrai..., répondit tristement la voix du Chourineur. Et les pas s'éloignèrent. Rodolphe, anéanti, n'eut pas la force de se soutenir davantage, il glissa le long de l'escalier. Tout à coup, la porte du caveau s'ouvrit brusquement en dehors; l'eau contenue dans le souterrain s'échappa comme par l'ouverture d'une écluse... et le Chourineur put saisir les deux bras de Rodolphe qui, à demi noyé, se cramponnait encore au seuil de la porte par un mouvement convulsif. 162
Les mystères de Paris (Tome I) - Eugène Sue XIX Le garde-malade. Arraché à une mort certaine par le Chourineur, et transporté dans la maison de l'allée des Veuves explorée par la Chouette avant la tentative du Maître d'école, Rodolphe est couché dans une chambre confortablement meublée; un grand feu brille dans la cheminée, une lampe placée sur une commode répand une vive clarté dans l'appartement; le lit de Rodolphe, entouré d'épais rideaux de damas vert, reste dans l'obscurité. Un nègre de moyenne taille, à cheveux et sourcils blancs, vêtu avec recherche et portant un ruban orange et vert à la boutonnière de son habit bleu, tient à la main gauche une montre d'or à secondes, et qu'il semble consulter en comptant de sa main droite les pulsations du pouls de Rodolphe. Ce Noir est triste, pensif; il regarde Rodolphe endormi avec l'expression de la plus tendre sollicitude. Le Chourineur, vêtu de haillons, souillé de boue, est immobile au pied du lit; il a les bras pendants et les mains croisées; sa barbe rousse est longue; son épaisse chevelure couleur de filasse est en désordre et imbibée d'eau; ses gros traits sont durs, bronzés; pourtant sous cette laide et rude écorce perce une ineffable expression d'intérêt et de pitié... Osant à peine respirer, il ne soulève qu'avec contrainte sa large poitrine; inquiet de l'attitude méditative du docteur nègre, redoutant un fâcheux pronostic, il se hasarde à faire à voix basse cette réflexion philosophique en contemplant Rodolphe: —Qui est-ce qui dirait pourtant, à le voir faible comme ça, que c'est lui qui m'a si crânement festonné les coups de poing de la fin!... Il ne sera pas longtemps à reprendre ses forces... n'est-ce pas, monsieur le médecin? Foi d'homme, je voudrais bien qu'il me tambourinât sa convalescence sur le dos... ça le secouerait... n'est-ce pas, monsieur le médecin? Le Noir, sans répondre, fit un léger signe de la main. Le Chourineur resta muet. —La potion? dit le Noir. Aussitôt le Chourineur, qui avait respectueusement laissé ses souliers ferrés à la porte, alla vers la commode en marchant sur le bout des orteils le plus 163
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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />
XIX Le gar<strong>de</strong>-mala<strong>de</strong>.<br />
Arraché à une mort certaine <strong>par</strong> le Chourineur, et transporté dans la maison <strong>de</strong><br />
l'allée <strong>de</strong>s Veuves explorée <strong>par</strong> la Chouette avant la tentative du Maître<br />
d'école, Rodolphe est couché dans une chambre confortablement meublée; un<br />
grand feu brille dans la cheminée, une lampe placée sur une commo<strong>de</strong> répand<br />
une vive clarté dans l'ap<strong>par</strong>tement; le lit <strong>de</strong> Rodolphe, entouré d'épais ri<strong>de</strong>aux<br />
<strong>de</strong> damas vert, reste dans l'obscurité.<br />
Un nègre <strong>de</strong> moyenne taille, à cheveux et sourcils blancs, vêtu avec recherche<br />
et portant un ruban orange et vert à la boutonnière <strong>de</strong> son habit bleu, tient à la<br />
main gauche une montre d'or à secon<strong>de</strong>s, et qu'il semble consulter en comptant<br />
<strong>de</strong> sa main droite les pulsations du pouls <strong>de</strong> Rodolphe.<br />
Ce Noir est triste, pensif; il regar<strong>de</strong> Rodolphe endormi avec l'expression <strong>de</strong> la<br />
plus tendre sollicitu<strong>de</strong>.<br />
Le Chourineur, vêtu <strong>de</strong> haillons, souillé <strong>de</strong> boue, est immobile au pied du lit; il<br />
a les bras pendants et les mains croisées; sa barbe rousse est longue; son<br />
épaisse chevelure couleur <strong>de</strong> filasse est en désordre et imbibée d'eau; ses gros<br />
traits sont durs, bronzés; pourtant sous cette lai<strong>de</strong> et ru<strong>de</strong> écorce perce une<br />
ineffable expression d'intérêt et <strong>de</strong> pitié... Osant à peine respirer, il ne soulève<br />
qu'avec contrainte sa large poitrine; inquiet <strong>de</strong> l'attitu<strong>de</strong> méditative du docteur<br />
nègre, redoutant un fâcheux pronostic, il se hasar<strong>de</strong> à faire à voix basse cette<br />
réflexion philosophique en contemplant Rodolphe:<br />
—Qui est-ce qui dirait pourtant, à le voir faible comme ça, que c'est lui qui m'a<br />
si crânement festonné les coups <strong>de</strong> poing <strong>de</strong> la fin!... Il ne sera pas longtemps à<br />
reprendre ses forces... n'est-ce pas, monsieur le mé<strong>de</strong>cin? Foi d'homme, je<br />
voudrais bien qu'il me tambourinât sa convalescence sur le dos... ça le<br />
secouerait... n'est-ce pas, monsieur le mé<strong>de</strong>cin?<br />
Le Noir, sans répondre, fit un léger signe <strong>de</strong> la main.<br />
Le Chourineur resta muet.<br />
—La potion? dit le Noir.<br />
Aussitôt le Chourineur, qui avait respectueusement laissé ses souliers ferrés à<br />
la porte, alla vers la commo<strong>de</strong> en marchant sur le bout <strong>de</strong>s orteils le plus<br />
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