Les Mystère de Paris par Eugène Sue
Les Mystère de Paris par Eugène Sue Les Mystère de Paris par Eugène Sue
Les mystères de Paris (Tome I) - Eugène Sue Bras-Rouge cligna de l'œil, fit un signe d'intelligence au Maître d'école et dit à son fils: —Tortillard, suis madame. Le hideux enfant, attiré par la laideur et par l'air méchant de la Chouette, comme d'autres sont charmés par un extérieur bienveillant, accourut en boitant prendre la main de la borgnesse. —Amour de petit momaque, va! Voilà un enfant, dit Finette, comme ça vient tout de suite à vous! C'est pas comme la petite Pégriotte, qui avait toujours l'air d'avoir mal au cœur quand elle m'approchait, cette petite mendiante! —Allons, dépêche-toi, Finette, ouvre l'œil et veille au grain. Je t'attends ici. —Ce ne sera pas long. Passe devant, Tortillard! Et la borgnesse et le petit boiteux gravirent le glissant escalier. —Finette, prends donc le parapluie, cria le brigand. —Ça me gênerait, mon homme, répondit la vieille, qui disparut bientôt avec Tortillard au milieu des vapeurs amoncelées par le crépuscule, et des tristes murmures du vent qui agitait les branches noires et dépouillées des grands ormes des Champs-Élysées. —Entrons, dit Rodolphe. Il lui fallut se baisser pour passer sous la porte de ce cabaret, divisé en deux salles. Dans l'une, on voit un comptoir et un billard en mauvais état; dans l'autre, des tables et des chaises de jardin, autrefois peintes en vert. Deux croisées étroites, aux carreaux fêlés, couverts de toiles d'araignée, éclairent à peine ces pièces aux murailles verdâtres, salpêtrées par l'humidité. Rodolphe est resté seul une minute à peine; Bras-Rouge et le Maître d'école ont eu le temps d'échanger rapidement quelques mots et quelques signes mystérieux. —Vous boirez un verre de bière ou un verre d'eau-de-vie en attendant Finette? dit le Maître d'école. —Non, je n'ai pas soif. 152
Les mystères de Paris (Tome I) - Eugène Sue —Chacun son goût. Moi, je boirai un verre d'eau-de-vie, reprit le brigand. Et il s'assit à une des petites tables vertes de la seconde pièce. L'obscurité commençait à envahir tellement ce repaire qu'il était impossible de voir, dans un des angles de la seconde chambre, l'entrée béante d'une de ces caves auxquelles on descend par une trappe à deux battants, dont l'un reste toujours ouvert pour la commodité du service. La table où s'assit le Maître d'école était toute proche de ce trou noir et profond, auquel il tournait le dos et qu'il cachait complètement aux yeux de Rodolphe. Ce dernier regardait à travers les fenêtres, pour se donner une contenance et dissimuler sa préoccupation. La vue de Murph se rendant en toute hâte à l'allée des Veuves ne le rassurait pas complètement; il craignait que le digne squire n'eût pas compris toute la signification de son billet forcément si laconique qui ne contenait que ces mots: «Pour ce soir dix heures.» Bien résolu de ne pas se rendre à l'allée des Veuves avant ce moment, et de ne pas quitter le Maître d'école jusque-là, il tremblait néanmoins de perdre cette unique occasion de posséder les secrets qu'il avait tant d'intérêt à connaître. Quoiqu'il fût très-vigoureux et bien armé, il devait lutter de ruse avec un meurtrier redoutable et capable de tout. Faut-il le dire? telle était la trempe énergique de ce caractère bizarre, avide d'émotions nerveuses et violentes, que Rodolphe trouvait une sorte de charme terrible dans les inquiétudes et dans les obstacles qui venaient entraver le plan combiné la veille avec son fidèle Murph et le Chourineur. Ne voulant pas néanmoins se laisser pénétrer, il vint s'asseoir à la table du Maître d'école et demanda un verre par contenance. Bras-Rouge, depuis quelques mots échangés à voix basse avec le brigand, considérait Rodolphe d'un air curieux, sardonique et méfiant. —M'est avis, jeune homme, dit le Maître d'école, que si ma femme nous apprend que les personnes que nous voulons voir sont chez elles, nous pourrons aller leur faire notre visite sur les huit heures? —Ce serait trop tôt de deux heures, dit Rodolphe, ça les gênerait. 153
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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />
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son fils:<br />
—Tortillard, suis madame.<br />
Le hi<strong>de</strong>ux enfant, attiré <strong>par</strong> la lai<strong>de</strong>ur et <strong>par</strong> l'air méchant <strong>de</strong> la Chouette,<br />
comme d'autres sont charmés <strong>par</strong> un extérieur bienveillant, accourut en boitant<br />
prendre la main <strong>de</strong> la borgnesse.<br />
—Amour <strong>de</strong> petit momaque, va! Voilà un enfant, dit Finette, comme ça vient<br />
tout <strong>de</strong> suite à vous! C'est pas comme la petite Pégriotte, qui avait toujours l'air<br />
d'avoir mal au cœur quand elle m'approchait, cette petite mendiante!<br />
—Allons, dépêche-toi, Finette, ouvre l'œil et veille au grain. Je t'attends ici.<br />
—Ce ne sera pas long. Passe <strong>de</strong>vant, Tortillard!<br />
Et la borgnesse et le petit boiteux gravirent le glissant escalier.<br />
—Finette, prends donc le <strong>par</strong>apluie, cria le brigand.<br />
—Ça me gênerait, mon homme, répondit la vieille, qui dis<strong>par</strong>ut bientôt avec<br />
Tortillard au milieu <strong>de</strong>s vapeurs amoncelées <strong>par</strong> le crépuscule, et <strong>de</strong>s tristes<br />
murmures du vent qui agitait les branches noires et dépouillées <strong>de</strong>s grands<br />
ormes <strong>de</strong>s Champs-Élysées.<br />
—Entrons, dit Rodolphe.<br />
Il lui fallut se baisser pour passer sous la porte <strong>de</strong> ce cabaret, divisé en <strong>de</strong>ux<br />
salles. Dans l'une, on voit un comptoir et un billard en mauvais état; dans<br />
l'autre, <strong>de</strong>s tables et <strong>de</strong>s chaises <strong>de</strong> jardin, autrefois peintes en vert. Deux<br />
croisées étroites, aux carreaux fêlés, couverts <strong>de</strong> toiles d'araignée, éclairent à<br />
peine ces pièces aux murailles verdâtres, salpêtrées <strong>par</strong> l'humidité.<br />
Rodolphe est resté seul une minute à peine; Bras-Rouge et le Maître d'école<br />
ont eu le temps d'échanger rapi<strong>de</strong>ment quelques mots et quelques signes<br />
mystérieux.<br />
—Vous boirez un verre <strong>de</strong> bière ou un verre d'eau-<strong>de</strong>-vie en attendant Finette?<br />
dit le Maître d'école.<br />
—Non, je n'ai pas soif.<br />
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