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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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pouvait qu'embarrasser sa fuite.<br />

<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

—Hélas! monsieur Rodolphe, lorsque mon mari (la malheureuse frissonna en<br />

prononçant ce mot), arrêté sur la frontière, a été ramené à <strong>Paris</strong> et jeté dans la<br />

prison où l'on m'a permis <strong>de</strong> pénétrer, ne m'a-t-il pas dit ces horribles <strong>par</strong>oles:<br />

«J'ai emporté ton enfant <strong>par</strong>ce que tu l'aimes, et que c'est un moyen <strong>de</strong> te forcer<br />

<strong>de</strong> m'envoyer <strong>de</strong> l'argent, dont il profitera ou ne profitera pas... ça me regar<strong>de</strong>.<br />

Qu'il vive ou qu'il meure, peu t'importe; mais s'il vit, il sera entre bonnes<br />

mains; tu boiras la honte du fils comme tu as bu la honte du père.» Hélas! un<br />

mois après, mon mari était condamné pour la vie. Depuis, les instances, les<br />

prières dont mes lettres étaient remplies, tout a été vain; je n'ai rien pu savoir<br />

sur le sort <strong>de</strong> cet enfant... Ah! monsieur Rodolphe, mon fils, où est-il à<br />

présent? Ces épouvantables <strong>par</strong>oles me reviennent toujours à la pensée: «Tu<br />

boiras la honte du fils comme tu as bu celle du père!»<br />

—Mais ce serait une atrocité inexplicable; pourquoi vicier, corrompre ce<br />

malheureux enfant? pourquoi surtout vous l'enlever?<br />

—Je vous l'ai dit, monsieur Rodolphe, pour me forcer à lui envoyer <strong>de</strong> l'argent;<br />

quoiqu'il m'ait ruinée, il me restait quelques <strong>de</strong>rnières ressources qui<br />

s'épuisèrent ainsi. Malgré sa scélératesse, je ne pouvais croire qu'il n'employât<br />

au moins une <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> cette somme à faire élever ce malheureux enfant.<br />

—Et votre fils n'avait aucun signe, aucun indice qui pût servir à le faire<br />

reconnaître?<br />

—Aucun autre que celui dont je vous ai <strong>par</strong>lé, monsieur Rodolphe: un petit<br />

saint-esprit sculpté en lapis-lazuli, attaché à son cou <strong>par</strong> une petite chaînette<br />

d'argent. Cette relique, bénie <strong>par</strong> le saint-père, venait <strong>de</strong> ma mère; elle l'avait<br />

portée étant petite, et y attachait une gran<strong>de</strong> vénération. Je l'avais aussi portée:<br />

je l'avais mise au cou <strong>de</strong> mon fils! Hélas! ce talisman a perdu sa vertu.<br />

—Qui sait, bonne mère? Dieu est tout-puissant.<br />

—La Provi<strong>de</strong>nce ne m'a-t-elle pas placée sur votre chemin, monsieur<br />

Rodolphe?<br />

—Trop tard, ma bonne madame Georges, trop tard. Je vous aurais é<strong>par</strong>gné<br />

peut-être bien <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> chagrin.<br />

—Ah! monsieur Rodolphe, ne m'avez-vous pas comblée?<br />

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