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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

—Tu connais mes idées au sujet du bien que l'homme peut faire. Secourir<br />

d'honorables infortunes qui se plaignent, c'est bien. S'enquérir <strong>de</strong> ceux qui<br />

luttent avec honneur, avec énergie, et leur venir en ai<strong>de</strong>, quelquefois à leur<br />

insu... prévenir à temps la misère ou la tentation, qui mènent au crime... c'est<br />

mieux. Réhabiliter à leurs propres yeux, rendre tout à fait honnêtes et bons<br />

ceux qui ont conservé purs quelques généreux sentiments au milieu du mépris<br />

qui les flétrit, <strong>de</strong> la misère qui les ronge, <strong>de</strong> la corruption qui les entoure, et<br />

pour cela braver, soi, le contact <strong>de</strong> cette misère, <strong>de</strong> cette corruption, <strong>de</strong> cette<br />

fange... c'est mieux encore. Poursuivre d'une haine vigoureuse, d'une<br />

vengeance implacable, le vice, l'infamie, le crime, qu'ils rampent dans la boue<br />

ou qu'ils trônent sur la soie, c'est justice... Mais secourir aveuglément une<br />

misère méritée, mais dégra<strong>de</strong>r l'aumône et la pitié, mais prostituer ces chastes<br />

et pieuses consolatrices <strong>de</strong> mon âme blessée... les prostituer à <strong>de</strong>s êtres<br />

indignes, infâmes, cela serait horrible, impie, sacrilège. Ce serait faire douter<br />

<strong>de</strong> Dieu. Et celui qui donne doit y faire croire.<br />

—Monseigneur, je n'ai pas voulu dire que vous aviez indignement placé vos<br />

bienfaits.<br />

—Encore un mot, mon vieil ami. M me Georges et la pauvre fille que je lui ai<br />

confiée sont <strong>par</strong>ties <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux points extrêmes pour tomber dans un abîme<br />

commun... le malheur. L'une, heureuse, riche, aimée, honorée, douée <strong>de</strong> toutes<br />

les vertus, a vu son existence flétrie, brisée, anéantie <strong>par</strong> le scélérat hypocrite<br />

auquel d'aveugles <strong>par</strong>ents l'avaient mariée... Je le dis avec joie, sans moi la<br />

malheureuse femme expirait <strong>de</strong> misère et <strong>de</strong> besoin; car la honte l'empêchait<br />

<strong>de</strong> s'adresser à personne.<br />

—Ah! monseigneur, lorsque nous sommes arrivés dans cette mansar<strong>de</strong>, quelle<br />

effroyable pauvreté! C'était affreux... affreux!... Et lorsque après sa longue<br />

maladie elle s'est pour ainsi dire réveillée ici, dans cette maison si calme,<br />

quelle surprise! quelle reconnaissance! Vous avez raison, monseigneur, voir<br />

secourir <strong>de</strong> telles infortunes, cela fait croire à Dieu.<br />

—Et c'est honorer Dieu que <strong>de</strong> les secourir; je le reconnais, rien n'est plus<br />

céleste que la vertu sereine et réfléchie, rien n'est plus respectable qu'une<br />

femme comme M me Georges, qui, élevée <strong>par</strong> une mère pieuse et bonne dans<br />

une intelligente observance <strong>de</strong> tous les <strong>de</strong>voirs, n'y a jamais failli... jamais! et a<br />

vaillamment traversé les plus effroyables épreuves. Mais n'est-ce pas aussi<br />

honorer Dieu, dans ce qu'il a <strong>de</strong> plus divin, que <strong>de</strong> retirer <strong>de</strong> la fange une <strong>de</strong><br />

ces rares natures qu'il s'est complu à douer?... Ne mérite-t-elle pas aussi pitié,<br />

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