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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

Puis, se ressouvenant <strong>de</strong>s affectueuses <strong>par</strong>oles que Rodolphe lui avait dites au<br />

commencement <strong>de</strong> la conversation, il s'écria avec un redoublement <strong>de</strong> violence<br />

grotesque:<br />

—Mais c'est qu'il m'avait appelé son bon, son vieux, son fidèle Murph!... Et<br />

moi qui vais comme un rustre, pour une bouta<strong>de</strong> involontaire! à mon âge...<br />

Mordieu!... c'est à s'arracher les cheveux.<br />

Et le digne gentilhomme porta ses <strong>de</strong>ux mains à ses tempes.<br />

Ces mots et ce geste étaient chez lui le signe du désespoir arrivé à son<br />

<strong>par</strong>oxysme. Malheureusement ou heureusement pour Murph, il était presque<br />

complètement chauve, ce qui rendait cette manifestation capillaire trèsinoffensive,<br />

et cela à son grand et sincère regret; car lorsque l'action succédait<br />

à la <strong>par</strong>ole, c'est-à-dire lorsque ses doigts crispés ne rencontraient que la<br />

surface <strong>de</strong> son crâne, luisante et polie comme du marbre, le digne squire était<br />

confus et honteux <strong>de</strong> sa présomption, il se regardait comme un hâbleur, comme<br />

un fanfaron. Hâtons-nous <strong>de</strong> dire, pour disculper Murph <strong>de</strong> tout soupçon <strong>de</strong><br />

forfanterie, qu'il avait possédé la chevelure la plus épaisse, la plus dorée qui<br />

eût jamais orné le crâne d'un gentilhomme du Yorkshire.<br />

Ordinairement le désappointement <strong>de</strong> Murph à l'endroit <strong>de</strong> sa chevelure<br />

amusait beaucoup Rodolphe; mais ses pensées étaient alors graves,<br />

douloureuses. Pourtant, ne voulant pas augmenter les regrets <strong>de</strong> son<br />

compagnon, il lui dit en souriant avec douceur:<br />

—Écoute-moi, bon Murph: tu <strong>par</strong>aissais louer sans réserve le bien que j'ai fait<br />

à M me Georges...<br />

—Monsieur...<br />

—Et t'étonner <strong>de</strong> mon intérêt pour cette pauvre fille perdue?<br />

—Monseigneur, <strong>de</strong> grâce... j'ai eu tort... j'ai eu tort...<br />

—Non... Je le conçois, les ap<strong>par</strong>ences ont pu te tromper... Seulement, comme<br />

tu connais ma vie... comme tu m'ai<strong>de</strong>s avec autant <strong>de</strong> fidélité que <strong>de</strong> courage<br />

dans la tâche que j'ai entreprise... il est <strong>de</strong> ton <strong>de</strong>voir ou, si tu l'aimes mieux, <strong>de</strong><br />

ma reconnaissance, <strong>de</strong> te convaincre que je n'agis pas légèrement...<br />

—Je le sais, monseigneur.<br />

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