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Les Mystère de Paris par Eugène Sue

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colère, se détendit.<br />

<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (Tome I) - <strong>Eugène</strong> <strong>Sue</strong><br />

Il regarda fixement Murph, baissa la tête; puis, après un moment <strong>de</strong> silence, il<br />

murmura d'une voix altérée:<br />

—Ah! monsieur, vous êtes cruel... Je croyais pourtant!... Et vous encore!...<br />

Vous!...<br />

Rodolphe ne put achever, sa voix s'éteignit; il tomba sur un banc <strong>de</strong> pierre et<br />

cacha sa tête dans ses <strong>de</strong>ux mains.<br />

—Monseigneur, s'écria Murph désolé, mon bon seigneur, <strong>par</strong>donnez-moi,<br />

<strong>par</strong>donnez à votre vieux et fidèle Murph! Ce n'est que poussé à bout, et<br />

craignant, hélas! non pour moi, mais pour vous, les suites <strong>de</strong> votre<br />

emportement, que j'ai dit cela... Je l'ai dit sans colère, sans reproche, je l'ai dit<br />

malgré moi et avec compassion. Monseigneur, j'ai eu tort d'être susceptible...<br />

Mon Dieu! qui doit connaître votre caractère, si ce n'est moi, moi qui ne vous<br />

ai pas quitté <strong>de</strong>puis votre enfance! De grâce, dites que vous me <strong>par</strong>donnez <strong>de</strong><br />

vous avoir rappelé ce jour funeste... Hélas que d'expiations n'avez-vous pas...<br />

Rodolphe releva la tête; il était très-pâle. Il dit à son compagnon d'une voix<br />

douce et triste:<br />

—Assez, assez, mon vieil ami, je te remercie d'avoir éteint d'un mot ce fatal<br />

emportement; je ne te fais pas d'excuses, moi, <strong>de</strong>s duretés que j'ai dites; tu sais<br />

bien qu'il y a loin du cœur aux lèvres, comme disent les bonnes gens <strong>de</strong> chez<br />

nous. J'étais fou, ne <strong>par</strong>lons plus <strong>de</strong> cela.<br />

—Hélas! maintenant vous voilà triste pour longtemps... Suis-je assez<br />

malheureux!... Je ne désire rien tant que <strong>de</strong> vous voir sortir <strong>de</strong> votre humeur<br />

sombre et je vous y replonge <strong>par</strong> ma sotte susceptibilité. Mordieu! à quoi sert<br />

d'être honnête homme et d'avoir <strong>de</strong>s cheveux gris, si ce n'est à endurer<br />

patiemment mes reproches qu'on ne mérite pas!<br />

—Mais non, reprit Murph avec une exaltation comique, car elle contrastait<br />

avec son flegme habituel, mais non, il faut sans doute qu'on me flatte à la<br />

journée, qu'on me dise: «Monsieur Murph, vous êtes le modèle <strong>de</strong>s serviteurs;<br />

Monsieur Murph, il n'y a pas <strong>de</strong> fidélité <strong>par</strong>eille à la vôtre; monsieur Murph,<br />

vous êtes un homme admirable; monsieur Murph! diable, peste! oh! oh! qu'il<br />

est beau, monsieur Murph! brave Murph!» Allons, vieux perroquet, fais donc<br />

gratter ta tête grise!!!<br />

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