Shanky Shewba.K - Trempolino

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Sorte de bouche-à-oreille des temps modernes et
phénomène lié à Internet, le buzz peut booster la
vie des artistes à l'instar de La Chanson du
dimanche, duo parisien
qui s'est fait connaître en
mettant en ligne une
chanson chaque dimanche.
On pourrait donc se
passer des journalistes ?
C'est plus ou moins l'avis de Christophe Taupin,
disquaire à la Fnac de Nantes, producteuranimateur
de radio sur Jet FM 12 et rédacteur pour
les revues : Mouvement 13 , Vibrations 14 ou encore
pour Octopus 15 , un webzine. Pour lui, la presse
est dépassée sur la rapidité de l'information et
sa précision. Pour être crédible et
servir et les artistes et le public,
“elle doit jouer la carte de la
transversalité, c'est-à-dire
remonter le débat en qualité
et apporter une vision critique
et, au final, une plus-value”.
Des propos qui rejoignent
ceux de Philippe Teillet. “Il
semble qu'en face d'une
musique dématérialisée,
remarque Christophe
Taupin, un journalisme
dématérialisé s'est bâti
sur le net, prenant
notamment la forme de
webzines, très souvent
animés par des non-professionnels, ça rappelle
les fanzines [publiant à moindre coût et de façon
totalement désintéressée - ndlr]”.
Plus inattendu, l'effet d'une presse absolument
pas musicale, sur les ventes de disques de
certains artistes. Presque un gag : “Il y a quelques
mois, se souvient Christophe, est paru un article
dans Nantes Passion 16 concernant Lena and
the Floating Roots Orchestra [un des projets du
musicien nantais Mathias Delplanque - ndlr] […] à
la Fnac, on ne nous a jamais autant demandé
d'albums de Mathias, les gens venaient simplement
acheter ses disques parce que cet article était
paru et que comme eux, il habitait Nantes !” Une
sorte de patriotisme ou de chauvinisme décliné
au local sans doute, mais dont la vertu a été de
“Il semble qu'en face d'une
musique dématérialisée, un
journalisme dématérialisé s'est
bâti sur le net”
faire découvrir une œuvre à un public qui ne s'en
serait sans doute pas emparé.
Moins littéraire, plus communicante, la presse
actuelle n'en est pas pour
autant inefficiente. “Il n'y a
pas de relations de cause à
effet entre un article et la
courbe des ventes, poursuit
Christophe Taupin, mais si
un artiste ou un groupe est
encensé à la fois dans Télérama, Libé ou Les
Inrocks, il y des chances que ça marche. Un seul
article peut avoir des répercussions en termes de
concerts”. Avis partagé par Ben Jarry : “L'article
de mai dernier dans Les Inrocks
nous a permis d'être programmés
dans le cadre de Scopitone 17
2009. Sans lui je ne pense pas
qu'on nous l'aurait proposé”.
Programmations sous
influence ?
La presse influenceraitelle
alors les programmateurs
de salles et de
festivals ? Une question
posée à Jean-Michel
Dupas qui porte
les deux casquettes :
programmateur de
Scopitone et de
L'Olympic, salle de
concerts nantaise.
“Non, je ne calque pas
ma programmation sur la
presse, c'est un outil parmi
d'autres […] Je consulte une
quinzaine de parutions, ça va des
Inrocks à Magic en passant par des
fanzines et la presse spécialisée, Noise,
Vibrations, etc. Je suis également réceptif aux
chroniques et aux brèves sur Myspace. En fait
c'est un travail de recoupement que j'effectue.
Quand il y a convergence sur un groupe ou un
artiste, on peut devenir plus attentif”.
Une convergence médiatique qui éclaire les choix
de programmation, étayés par les échanges
entre collègues. “Nous sommes plus sensibles à
un réseau de programmateurs où on se parle
beaucoup”.
12 Radio Jet FM, 91.2 à Nantes et agglo. Prog musicale axée sur la découverte de musiques actuelles émergentes et de courants musicaux peu médiatisés. www.jetfm.asso.fr
13 www.mouvement.fr
14 www.vibrationmusic.com
15 www.octopus-en ligne.com
16 Magazine municipal mensuel tirant à 140 000 exemplaires.
17 Festival de musiques électroniques et des arts numériques – Nantes.