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Shanky Shewba.K - Trempolino

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n° 15 - automne 2009 - gratuit<br />

Dossier :<br />

La presse est-elle<br />

encore utile aux<br />

artistes ?<br />

Sweetback<br />

<strong>Shanky</strong><br />

<strong>Shewba</strong>.K<br />

Gokan<br />

Cabadzi


2<br />

10<br />

ShoulShine<br />

3 Sylvain Girault<br />

4 brèves<br />

6 <strong>Shanky</strong> <strong>Shewba</strong>.K<br />

8 Gokan<br />

11 Hobnox<br />

12 Sweetback<br />

14 La presse est-elle encore<br />

utile aux artistes ?<br />

20 livres<br />

22 Cabadzi<br />

25 disques<br />

32 playlists<br />

Photo couverture : <strong>Shanky</strong> <strong>Shewba</strong>.K (DR)<br />

Directeur de la publication : Vincent Priou<br />

Rédactrice en chef : Cécile Arnoux<br />

Ont participé à ce numéro : Mickaël Auffray,<br />

Yasmine Bentata, Arnaud Bénureau, Emmanuel<br />

Bois, Lucie Brunet, Benoît Devillers, Denis Dréan,<br />

Jonathan Duclaut, Éric Fagnot, Georges Fischer,<br />

Claire Guiu, Patricia Guyon, Mr Flatulens, Marie<br />

Hérault, Cédric Huchet, Isabelle Kauffmann, Yoann<br />

Le Blévec, Yoan Le Nevé, Damien Leberre, Gilles<br />

Lebreton, Julien Martineau, Pascal Massiot, Julien<br />

Nicolas, Raphaèle Pilorge, Benjamin Reverdy,<br />

Jérôme Simonneau.<br />

Conception graphique : Christine Esneault<br />

Impression : Imprimerie Chiffoleau<br />

Tirage : 13 000 exemplaires – Papier recyclé<br />

Dépôt légal : en cours<br />

Siret : 37992484800011<br />

Tohu Bohu est une publication de <strong>Trempolino</strong>,<br />

51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseau<br />

info-ressources musiques actuelles des Pays de<br />

la Loire : Tohu Bohu.<br />

Prochaine parution : février 2010<br />

Bouclage : 25 janvier 2010<br />

©P-MOD<br />

21<br />

Ego Twister<br />

31<br />

24<br />

Teriaki<br />

Coup de griffe<br />

Hellfest<br />

Le réseau Tohu Bohu<br />

coordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / cecile@trempo.com<br />

ADRAMA / CHABADA Jérome [Kalcha] Simonneau<br />

Chemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 Angers<br />

T. 02 41 34 93 87 / jsimonneau@lechabada.com / www.lechabada.com<br />

BEBOP Emmanuel Bois<br />

28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans<br />

T. 02 43 78 92 30 / crim@bebop-music.com / www.bebop-music.com<br />

FUZZ’YON Benoit Devillers<br />

18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedex<br />

T. 02 51 06 97 70 / ben@fuzzyon.com / www.fuzzyon.com<br />

LES ONDINES Éric Fagnot<br />

Place d’Elva, 53810 Changé<br />

T. 02 43 53 34 42 / pole-ressources@wanadoo.fr / www.lesondines.org<br />

TREMPOLINO Lucie Brunet<br />

51 bd de l’Egalité, 44100 Nantes<br />

T. 02 40 46 66 99 / lucie@trempo.com / www.trempo.com<br />

VIP Julien Nicolas<br />

Base sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire<br />

T. 02 40 22 66 89 / jnicolas@les-escales.com / www.les-escales.com


©C.Eno<br />

PAR CÉCILE ARNOUX<br />

sylvain<br />

girault<br />

MUSICIEN<br />

AVANT TOUT<br />

Un violon dans les mains tout jeune, Sylvain Girault lâche l'école de<br />

musique et apprend le violon “irlandais” avec Hervé Lorre, découvrant<br />

ainsi le volet ludique et oral de la musique. Les Cure, les Beatles,<br />

les Smiths... lui titillent l'oreille à l'adolescence. Après avoir joué dans les<br />

soirées étudiantes avec un groupe de reprises de pop, il intègre le groupe<br />

Katé-Mé en 1998. Le côté rock de Katé-Mé sur scène lui plaît. Une belle<br />

aventure commence pour ce jeune chanteur qui n'a que quatre ans<br />

de pratique du chant derrière lui, et dix ans de moins que ses compères<br />

musiciens. C'est bel et bien le chant, plutôt que le violon, sa porte d'entrée dans la maison “musiques<br />

traditionnelles”. Sylvain apportera à Katé-Mé un chant ouvert qui s'inspire du hip hop, du ragga-muffin avec ses<br />

dignes représentants que sont Les Fabulous Troubadors ou encore Massilia Sound System.<br />

Sylvain Girault se dit “un ovni et plutôt du côté des petits”. Le pari d'ouvrir une salle uniquement<br />

dédiée aux musiques traditionnelles (si peu reconnues), Le Nouveau Pavillon, le prouve bien. “Ce<br />

sont des musiques populaires, qui avaient un sens dans la vie quotidienne de certaines communautés<br />

villageoises aujourd'hui disparues. Le pari est de défendre ces musiques et surtout les musiciens qui<br />

les portent, de montrer en quoi ils parlent à leurs contemporains. Ce n’est pas pour rien si de<br />

nombreux rockeurs ou jazzmen vont y chercher une inspiration et une pulsation”.<br />

Sylvain regrette souvent le manque de soutien des acteurs culturels, l'isolement peut-être aussi qui<br />

amènent un grand nombre de musiciens trad à rester dans des réseaux de fest-noz, d’animations, alors<br />

qu'ils ont un potentiel artistique. L'idée du Nouveau Pavillon, à la base, est bien d'insuffler des<br />

créations musicales absentes des programmations des salles nantaises. Soutenu par un certain<br />

Gérard Cieslik (ex-conseiller musique et danse de la Drac) et de Françoise Verchère (alors Maire de<br />

Bouguenais) qui y voit une belle réplique à la naissance du Zénith, Sylvain y est allé au bagou. Le<br />

projet demeure militant artistiquement et culturellement, citoyen, politique non pas au sens de<br />

défense des régionalismes, mais plutôt au sens de valorisation des cultures du peuple, des cultures<br />

dominées, des musiques de l'oralité.<br />

Avec deux permanents, Le Nouveau Pavillon, porté par des bénévoles musiciens (y compris le Président)<br />

se veut non pas un club d'initiés mais un projecteur qui éclaire une scène, un point de rendez-vous<br />

pour des musiciens qui créent. La salle doit permettre à ces mêmes musiciens d'aller jouer ailleurs,<br />

si possible dans des salles non estampillées “musiques trad”. Et l'atout majeur de cette salle est bien<br />

que le directeur/programmateur, Sylvain Girault, est avant tout un musicien, qu'il est dans les<br />

réseaux, qu'il va jouer sur des scènes, qu'il connaît les musiciens. La salle coproduit des résidences,<br />

aide les musiciens à se structurer. “Il faut savoir que les musiques traditionnelles sont comme le rock il y<br />

a vingt ans”, commente Sylvain. “Il y a peu de tourneurs, pas d'asso avec la licence d'entrepreneur”.<br />

Sa double activité est parfois difficile à gérer, même s'il donne la priorité à la musique comme<br />

pratiquant. “Le fait de chanter dans le domaine que je programme m'a amené à respecter une règle,<br />

celle de ne jamais me programmer [...] Je côtoie les musiciens, je suis au courant de l'actu, le rapport est<br />

simple, on parle musique entre nous et pas de cachet. Après, je gère les réunions où je me retrouve<br />

avec d'autres programmateurs, il n’est pas toujours évident de gérer la double casquette aux yeux<br />

des interlocuteurs.” Ces réunions pour aller chercher de l'argent, défendre son bifsteack, ce n’est<br />

pas toujours facile, même si les musiques trad sont quand même plus estimées par les acteurs des<br />

autres musiques actuelles qu'il y a quelques années.<br />

Katé-Mé s'est arrêté en juillet 2009, après 10 ans, 4 albums, moults concerts, dont les Francofolies.<br />

Depuis septembre 2008, Sylvain tourne en quartet acoustique, un concert vraiment axé sur le répertoire<br />

de musiques traditionnelles de Loire-Atlantique (La Dame Blanche, cf chronique p.28). Parallèlement,<br />

il travaille depuis peu à un projet plus personnel, plus étiquettable “chanson”, correspondant à un travail<br />

d'écriture entamé dans Katé-Mé et devenu plus “personnel”.<br />

Et, bien entendu, il assure la direction et la programmation du lieu, avec toute la fougue et la passion<br />

qu'on lui connaît. Ah, ça fait plaisir !<br />

3


4<br />

Projet initié par la Ville de<br />

Laval, l'Addm 53 et le Cirma<br />

les Ondines, Rockin’Laval<br />

raconte, à travers l’épopée du<br />

rock lavallois, 40 ans d’histoire<br />

du rock. Une histoire au<br />

quotidien loin des clichés trash<br />

ou glamour, retracée via une<br />

exposition et un livre, auxquelles<br />

s’ajoutent de novembre 2009<br />

à février 2010, de nombreuses<br />

actions (conférences, cinéma,<br />

journée du disque…) concoctées<br />

par les acteurs culturels<br />

de l’agglomération lavalloise,<br />

dont bien sûr des concerts,<br />

rock’n’roll oblige !<br />

www.rockinlaval.com<br />

C’est un re-baptême du feu<br />

pour les Fat Pandas. La<br />

relève du rock fontenaisien a<br />

décidé de changer de nom<br />

pour devenir les Von Pariahs.<br />

Avec en prévision la sortie<br />

prochaine d’un album et le<br />

tournage d’un clip dans la<br />

foulée… À surveiller de près.<br />

www.myspace.com/<br />

vonpariahs<br />

Après l’EP “Sunny” 10 titres,<br />

réunissant les protagonistes<br />

du netlabel mayennais<br />

Qodlab°L sorti cet été, c’est<br />

au tour de Fabrice Bréjean,<br />

nouvel recrue du label et<br />

beatmaker de talent de sortir<br />

son album “30 Short Stories”<br />

toujours en libre<br />

téléchargement sur le site<br />

www.myspace.com/qodlab.<br />

Quoi de mieux pour vous faire<br />

patienter avant la nouvelle<br />

édition d’Autodidact 2010,<br />

l'évènement du label prévu<br />

les 15 & 16 janvier à Laval.<br />

En soutien au Festival du<br />

Chant de Foire qui a connu<br />

quelques difficultés sur sa<br />

dernière édition, l’association<br />

La Belle Equipe invite le<br />

samedi 5 décembre prochain<br />

Les Ogres de Barback à la<br />

salle du Mitan à Bournezeau.<br />

Soyez nombreux à soutenir<br />

un des meilleurs festivals<br />

vendéens !<br />

lechantdefoire.free.fr<br />

Concrete Curving Records,<br />

le netlabel nantais axé vers<br />

les musiques électroniques,<br />

prépare sa rentrée avec de<br />

nouvelles sorties. À paraître :<br />

l'album d'un nouvel artiste,<br />

Life in A Box intitulé<br />

“Primitive Form of Confort”<br />

ainsi qu'une compilation de<br />

morceaux d'Altaï remixés<br />

par différents artistes :<br />

And if God, King Kong Was A<br />

Cat, Volfoniq, Tosaka et Skyp.<br />

En libre téléchargement sur<br />

www.concretecurving.com<br />

Du bon, du gros pour<br />

Nouvel R qui, après avoir<br />

terminé l’enregistrement de<br />

leur prochain album (sortie<br />

février 2010), d’un clip avec<br />

Kourtrajmé et en pleine<br />

résidence de création au<br />

Fuzz’Yon, viennent d’apprendre<br />

leur sélection au Fair, cette<br />

année, aux côtés d’autres<br />

groupes régionaux : Sexy<br />

Sushi et Pony Pony Run Run.<br />

À découvrir en avant-première<br />

au Fuzz le 13 novembre.<br />

www.nouvelr.fr<br />

Au Foin De La Rue a franchi<br />

une belle marche pour ses<br />

10 ans, en faisant le pari<br />

d’une prog revue à la hausse<br />

(IAM, Herman Düne, General<br />

Elektriks, Montgomery,<br />

Groundation…). Le résultat :<br />

une prog homogène, une<br />

jauge multipliée par deux<br />

et une édition jouée à<br />

guichets fermés avec 17 000<br />

spectateurs… Pour 2010,<br />

l’association travaille à<br />

améliorer la qualité d’accueil,<br />

qui, avec la scénographie<br />

complète du site et la<br />

découverte musicale<br />

forment le leitmotiv<br />

d’Au Foin De La Rue.<br />

www.aufoindelarue.com<br />

1 er tremplin dédié aux artistes<br />

hip hop issus des Pays de la<br />

Loire, Buzzbooster (membre<br />

de Flow, réseau national des<br />

festivals hip hop) proposera<br />

aux groupes retenus un


accompagnement et un<br />

passage au festival Hip<br />

OPsession (février 2010).<br />

La finale régionale aura lieu<br />

le 13 novembre au Chabada<br />

à Angers.<br />

www.pickup-prod.com<br />

Cholet et Chemillé accueillent<br />

trois soirs durant une nouvelle<br />

édition du festival<br />

Les Z'Eclectiques - fall winter.<br />

Chanson, pop, dub, musique<br />

des Balkans, reggae roots et<br />

électro avec Goran Bregovic,<br />

Zenzile, Wax Taylor,<br />

X-Makeena...<br />

Ah, le chaudron des Mauges !<br />

www.leszeclectiques.com<br />

Pour ses 10 ans d'existence,<br />

le groupe StrikeDown propose<br />

un hommage à la scène<br />

nantaise. Le 7 novembre,<br />

rendez-vous à la salle Nantes<br />

Nord pour y voir Hell Nino,<br />

Aéris, Jumping Jack...<br />

www.strikedown10ans<br />

En attendant la mise en ligne du site Tohu<br />

Bohu (www.tohubohu.trempo.com) prévue<br />

pour décembre 2009, retrouvez les news<br />

musiques actuelles de la région sur notre<br />

page Twitter :<br />

www.twitter.com/reseautohubohu<br />

La Mayenne a vu naître ces<br />

dernières années la création<br />

de plusieurs studios de<br />

répétition (Le département<br />

musiques actuelles de la mairie<br />

de Laval, le Cube à Saint-<br />

Denis-de-Gastines et la MJC<br />

la Boule d'Or à Evron).<br />

Associés à la salle de<br />

concerts du 6PAR4 à Laval,<br />

ils se mobilisent aujourd'hui<br />

autour du Réseau 333, et<br />

mettent en place une série de<br />

concerts dans 3 lieux différents,<br />

qui seront suivis par des<br />

modules de formation (gestion<br />

du son, administration...).<br />

23 e édition pour le Bebop !<br />

Festival incontournable<br />

des nouvelles tendances<br />

musicales, il brasse les<br />

courants musicaux et prend<br />

le pari d’une programmation<br />

audacieuse, qui fait la part<br />

belle aux groupes dont la<br />

renommée n'est plus à faire<br />

mais aussi aux découvertes<br />

artistiques...<br />

www.bebop-festival.com<br />

Les groupes Idem et Gong<br />

Gong, après s'être rencontrés<br />

lors de l'édition 2008 de<br />

Nantes au Zenith, poursuivent<br />

l'aventure. Avec des titres de<br />

chacun des deux groupes<br />

réarrangés, et réinterprétés, les<br />

deux formations ont accentué<br />

leur collaboration sur les<br />

lumières, la scénographie, le<br />

multimédia et la vidéo. Leur<br />

tournée commune démarre en<br />

ce mois de novembre 2009,<br />

surveillez la programmation de<br />

la salle la plus proche de chez<br />

vous. www.idem-kzfp.com/<br />

gongidemgong<br />

En plus des concerts, ça<br />

presse à tour de bras du côté<br />

du Complot Mat’Sa, toujours<br />

en activité. Les dernières<br />

sorties de Stubborn (HxC), de<br />

Hell’s Crack, de New Assholes<br />

(side-projet de Mat, chanteur<br />

des Viktims qui se retrouve<br />

derrière les fûts), et pas mal<br />

d’autres galettes,<br />

disponibles dans toutes les<br />

bonnes crêperies.<br />

www.myspace.com/<br />

lecomplotmatsa<br />

Le magazine Tohu Bohu va connaître son<br />

premier hors-série. Traitant des risques<br />

auditifs, et destiné aux musiciens et<br />

techniciens, le magazine donnera la parole<br />

aux artistes, aux sociologues, à des<br />

spécialistes de la technique, avec bien<br />

entendu des éclairages médicaux... Avec<br />

en filigrane la musique comme plaisir.<br />

Sortie prévue début janvier 2010.<br />

5


6<br />

SHANKY<br />

SHEWBA.K<br />

PAR EMMANUEL BOIS<br />

PHOTO : DR<br />

Quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a<br />

amené au rap ?<br />

Originaire de Martinique, je suis arrivé en<br />

Métropole en 1994. J’y faisais un peu de dancehall<br />

et je commençais tout juste à écouter du rap<br />

américain. Une fois arrivé, je me suis mis au rap.<br />

C’est avant tout l’écoute de Busta Rhyms qui m’y<br />

a amené. Son style faisait la synthèse de ma<br />

culture musicale. Et c’est la rencontre avec San qui<br />

venait de monter le groupe Boo Graz qui m’a mis<br />

le pied à l’étrier. Nous faisions beaucoup de scènes<br />

avec la Baraka Possa (Maleko…), puis avec le<br />

collectif Bastion du grand ouest (Soul Choc,<br />

S.A.T., Dimension Ouest Cartel…).<br />

Qu’as-tu fait après ta période Boo Graz ?<br />

Après différentes productions et des dates aux<br />

côtés d’artistes de référence (NTM…), nous<br />

arrivions à un stade où il y avait des choix à faire.<br />

Soit nous passions le cap de la professionnalisation,<br />

soit nous nous arrêtions-là. Chacun a choisi une<br />

voie autre que musicale. J’ai tenté de continuer<br />

ZULU STYLE !<br />

Issu du groupe Boo Graz, co-fondateur du festival hip hop Arena, coordinateur d’ateliers d’écriture,<br />

animateur socio-éducatif… SH 2 K le cérébral revient avec un projet solo, pour sortir un disque qui<br />

précédera une tournée prévue pour l’an prochain.<br />

l’histoire en solo, du côté de la production d’artistes<br />

avec ma structure : Big Flash.<br />

Qu’est-ce qui t’a marqué dans la culture<br />

hip hop et t’a inspiré une marque de fabrique ?<br />

J’ai trouvé mon feeling dans le rap US. Je le<br />

trouvais plus intéressant et en décalage avec le rap<br />

français. J’ai donc forgé ma technique et mon<br />

phrasé sur la base de ce style. Ma force a été<br />

d’avoir commencé quand tout explosait en<br />

France, à partir de 1995. À ce moment-là, le rap<br />

était pur. Si tu étais bon, tu étais facilement<br />

remarqué. Le rap n’était pas encore utilisé comme<br />

le produit d’un commerce lucratif.<br />

Mon écriture déjà bien assumée, s’est renforcée<br />

par la dynamique de cette époque. Une écriture<br />

spatiale, cérébrale, basée sur l’humain, les<br />

métaphores, les ressentis. Mon phrasé est rap, ma<br />

technique est rap, mon écriture n’est pas “cliché”.<br />

Chaque morceau décrit des faits en les dénonçant<br />

par l’image. J’y décris mon amertume du système<br />

d’une manière utopique, basée sur des rêves.


Parfois je suis même pessimiste, parce que d’une<br />

certaine manière je cautionne ce système dans<br />

lequel on vit, basé sur la hiérarchisation des<br />

rapports, du pouvoir… Je suis toujours dans l’ironie<br />

sur un son assez balourd, inspiré des dessins<br />

animés, pour appuyer la métaphore.<br />

On te surnomme le “cérébral”. Ça vient de là ?<br />

Oui, car je pense tout le temps. On m’a souvent<br />

fait le reproche d’être trop profond. On m’a même<br />

conseillé de faire moins compliqué si je voulais me<br />

vendre… J’ai une réflexion peut-être trop dans<br />

l’espace, trop poussée, tout en restant conscient<br />

du monde dans lequel je vis. C’est ma manière de<br />

le dénoncer.<br />

Plus de 10 ans que tu es dans le rap. Que<br />

recherches-tu après quelques productions,<br />

Boo Graz… Et pourquoi un projet solo ?<br />

Simplement parce que je suis tout seul (rire) ! Au<br />

fur et mesure, je me suis retrouvé seul et j’arrivais<br />

à un stade de ma vie où je m’accomplissais<br />

personnellement et professionnellement. Ce projet<br />

solo s’est donc fait naturellement et s’est nourri de<br />

ces étapes de ma vie.<br />

L’intérêt est de continuer à dénoncer et de faire<br />

partager l’humain, ma culture hip hop et cela<br />

prouve que j’ai toujours ce côté zoulou à extérioriser<br />

(issu de la culture du mouvement Zulu Nation).<br />

Le but est de le faire avec mes propres moyens et<br />

d’aller le plus loin possible en prenant mon temps<br />

et de monter une équipe prête à le défendre<br />

(éditeur, label, distribution). Je ne tiens pas à<br />

en faire un produit commercial. Ma conception de<br />

l’artistique reste ancrée autour de l’humain tout<br />

comme ma manière de conduire mon projet.<br />

Même si je n’en vends pas énormément, le CD<br />

restera un moyen de diffusion de ma réflexion,<br />

construite avec ma vie personnelle et professionnelle.<br />

L’important est de développer le projet et de<br />

le faire vivre au maximum.<br />

Comment articules-tu cette idéologie pour<br />

mener ton projet face aux gens qui parient<br />

sur toi ?<br />

S’ils me suivent, c’est qu’ils y croient et qu’ils<br />

acceptent ma manière de manager. La vente de<br />

disques est une chose, le projet n’existe pas<br />

essentiellement par elle. La scène est ma force. Je<br />

cherche à la travailler à fond, à lui donner une<br />

éthique à développer la mise en scène.<br />

Comment conçois-tu la scène ?<br />

Mon projet y prend tout son sens. L’objectif est d’y<br />

inclure et de travailler la mise en scène autour du<br />

jeu de lumière, de la vidéo, de la danse et du graff,<br />

qui viendront plus tard. La 1 ère étape étant de<br />

formaliser les choses sur la lumière. Il est important<br />

de réaliser une mise scène peu rigide pour pouvoir<br />

laisser libre cours au live, de pouvoir orienter et<br />

jouer mon show en fonction de comment je sens le<br />

live et de réagir en fonction du public.<br />

Fin octobre, nous sortirons tout juste de résidence<br />

pour concrétiser cette étape. La vidéo permettra<br />

de retranscrire et de donner plus de sens au<br />

message, de le souligner. Pour ce qui est du<br />

décor, il correspond à mon chez moi, mais je vais<br />

m’arrêter là, je commence à t’en dire trop (sourire) !<br />

Qui enverra les instrus sur scène ?<br />

C’est un peu compliqué, le but est de rester<br />

flexible sur la participation du DJ. Je suis surtout<br />

entouré de DJ Netik et de DJ Phantom. Chacun<br />

ayant ses propres projets, l’un ne pourra pas me<br />

suivre plus que l’autre. D’où l’importance de rester<br />

flexible et de simplifier sa participation, sans pour<br />

autant dénigrer la place du DJ dans le sens global<br />

du projet scénique.<br />

<strong>Shanky</strong> <strong>Shewba</strong>.K<br />

Illuminaty<br />

Yotanka / Discograph 2009<br />

1 er album solo pour le cérébral<br />

<strong>Shanky</strong> <strong>Shewba</strong>.K. D’où vient-il ?<br />

On se demande parfois. De l’espace<br />

peut-être, de la Lune c’est plus<br />

certain. Le Monsieur a besoin de<br />

prendre de la distance pour dépeindre le monde<br />

dans lequel on vit pour, au final, avoir les pieds bien<br />

sur terre. Entre slam et rap hors norme, on a droit à<br />

une belle performance dans l’écriture. M. <strong>Shanky</strong><br />

est poète, philosophe, un peu trop parfois ? Nourri<br />

par des productions minimales et épurées, il smurfe<br />

sur des notes dancehall, soul, jazzy, électro…<br />

donant du relief à l’ensemble, laissant ainsi toute la<br />

place à l’imagination. Son savoir-faire ? L’ironie et<br />

la dérision ! Photographie de ses états d’âmes, son<br />

opus dénonce son combat du système, vain parfois,<br />

conquérant et rêveur plus souvent. Hâte de voir ce<br />

que ça donne en live !<br />

Emmanuel Bois<br />

Infos<br />

www.myspace.com/shankyshewbak<br />

7


8<br />

gokan MAGIC<br />

PAR CÉCILE ARNOUX<br />

PHOTO : CLÉMENT THIERY<br />

Qu'est-ce-que le metal pour vous ?<br />

Seb : Une musique qui me donne le sourire le<br />

matin, une musique dynamique, qui a des codes<br />

et trop d'a priori.<br />

Damien : Il y en a encore des codes, mais le metal<br />

a beaucoup évolué ces dix dernières années. Il y a<br />

beaucoup de fusion, et les musiciens ne sont plus<br />

forcément habillés en noir avec des cheveux longs.<br />

C'est une musique avant tout dynamique, une<br />

musique collective et de live. C'est aussi, tout<br />

comme le jazz, une musique technique.<br />

Vous êtes sensible au hardcore, à l'émocore,<br />

à d'autres musiques ?<br />

D : Bien sûr. Nous composons un peu au feeling,<br />

uniquement dans le local de répé, tous les cinq<br />

ensemble. Nous apportons des choses très<br />

différentes. Seb est amateur de trip hop, Florent le<br />

batteur aime beaucoup Barry White. Tout cela<br />

nous inspire. Mais globalement, nous aimons<br />

vraiment les trucs puissants et énergiques.<br />

METAL<br />

2005 : naissance de Gokan. Ces cinq enfants et fans absolus de Pantera vivront un rêve de gosse en<br />

partagant la scène du Hellfest avec un certain Phil Anselmo (ex-chanteur des mêmes Pantera) un<br />

certain 19 juin 2009. Un autre rêve, la sortie de “Mode de pensée”, premier pavé dans la marre pour<br />

un groupe lucide, sans prétention, appliqué et qui joue sérieusement pour le fun.<br />

Quelles sont les choses dont vous parlez ?<br />

S : C'est Laurent qui écrit tous les textes. Il parle<br />

de la vie de tous les jours, de serial killers. Il a<br />

vraiment carte blanche.<br />

D : Ses textes sont parfois un peu durs, assez<br />

urbains, et réalistes. Il écrit bien, il est super ouvert.<br />

Le disque bénéficie d'une bonne production.<br />

C'est une priorité pour vous ?<br />

D : Pour moi, le metal impose une bonne<br />

production, mais nous avons laissé vivre les<br />

morceaux. Maintenant, toutes les prods en metal,<br />

et dans tous les styles, sont recalées dans tous les<br />

sens, et ça devient de l'esbroufe. Il n'y a pas de<br />

clics, pas de coupures. Nous avons enregistré les<br />

morceaux quatre fois avec guitare-batterie car<br />

nous n’avions pas de bande témoin. Ensuite, nous<br />

n'avons gardé que la batterie et ré-enregistré<br />

dessus les autres instruments. Il y a quelques<br />

défauts, nous les avons laissés volontairement.


Il y a quelques invités : les rappeurs d’Akalmy,<br />

et les “remixeurs” de Beat Torrent. Qu'ont-ils<br />

apporté aux compositions ?<br />

D : Qu'Akalmy soit sur le disque est un pur hasard.<br />

Pendant l'enregistrement, Flo nous a fait écouter une<br />

petite instru qu'il avait composée pour JM d'Akalmy.<br />

Tout le groupe l'a trouvée super bien, on l'a réarrangée<br />

pour la jouer et finalement l'enregistrer. JM était<br />

super d'accord et il a invité Trez à nous rejoindre.<br />

Le mélange rap/metal vous plaît bien ?<br />

D : Nous adorons tous Cypress Hill, la B.O. de<br />

Judgment Night avec Slayer, Biohazard. Ce sont<br />

des références pour nous. Aux Etats-Unis, les rappeurs<br />

et les metaleux travaillent ensemble, portent<br />

les mêmes vêtements, ont les mêmes tatouages,<br />

50Cent et Biohazard est bien le plus bel exemple.<br />

S : Pour nous, le morceau avec Akalmy fut un<br />

challenge. Il a été enregistré sans l'idée de le<br />

mettre sur le disque. Il y aura sans doute d'autres<br />

collaborations, et ce morceau sera sur le disque<br />

d'Akalmy.<br />

D : Pour Beat Torrent, vu que je fais leur son, ce fut<br />

assez simple. J'ai pu écouter ce qu'ils écoutent en<br />

tournée, notamment Sebastian, un DJ qui remixe<br />

des groupes de metal comme Walls of Jericho. Je<br />

me suis dit que je pouvais leur proposer de nous<br />

remixer tout simplement, et ils ont carrément été<br />

emballés.<br />

S : Et puis, ces deux bonus tracks sont aussi bien<br />

dans le sens où nous ne sommes pas que des<br />

métaleux, nous sommes capables de faire autre<br />

chose avec d'autres. C'est un plaisir d'avoir ces<br />

deux titres sur notre disque.<br />

La pochette est à la fois très artistique dans<br />

sa forme, plus trash dans son contenu. C'est<br />

quoi le message s'il y en a un ?<br />

S : J'ai accroché dès le début sur le visuel, à la<br />

différence des autres du groupe qui y trouvaient un<br />

côté Mass Hystéria, un côté trop trash. Les gens<br />

auxquels j'avais montré l'image la trouvèrent<br />

choquante mais intéressante ; elle donnait envie<br />

d'écouter. Elle est accrocheuse.<br />

D : Les autres propositions étaient moins brillantes.<br />

Cette pochette est percutante, et il n'y a pas à<br />

proprement parler de message de violence. Elle<br />

fait référence à de la violence sans doute, mais<br />

c'est avant tout l'artwork qui nous a conquis.<br />

Une tournée est prévue ?<br />

D : Il y a une date de sortie du disque à la<br />

BaraKaSon. C'est compliqué, nos emplois du<br />

temps ne nous permettent pas d'être disponibles<br />

tout le temps. Nous préparons un mois de tournée<br />

en support d'un groupe américain, suédois ou<br />

allemand courant 2010. C'est une alternative à la<br />

difficulté de jouer dans les salles type Fédurok.<br />

Cette tournée en support peut nous permettre de<br />

jouer ensuite dans les grosses salles. Il n’y a tellement<br />

plus de lieux pour jouer cette musique qu'on<br />

en arrive à ne plus côtoyer de musiciens metal à<br />

Nantes, à ne plus les voir jouer. On les voit ou on<br />

communique via Myspace, en virtuel. C'est dingue.<br />

La date au Hellfest vous a aidé ?<br />

D : Après le Hellfest, on a eu des reports sur les<br />

gros webzines. Notre nom était là. Le concert a été<br />

plutôt bien perçu, disons que les chroniques ont<br />

pointé le fait qu'on ne s'est pas débiné sur scène.<br />

C'est un super festival, quoi qu'en disent certains...<br />

En terme de promo, ça devrait porter ses fruits ;<br />

nous sommes déjà sur des samplers, il y a des<br />

chroniques à venir. On verra bien. Gokan est un<br />

projet à long terme, il y aura un deuxième disque,<br />

s'il y a une tournée l'an prochain, ce sera super.<br />

Pour nous, le plus important c'est de faire de la<br />

bonne musique, de se faire plaisir. De nos jours,<br />

c'est tellement compliqué d'en vivre...<br />

Gokan<br />

Mode de pensée<br />

M&O / Mosaïc Music 2009<br />

Soyez bien accrochés ! Ce disque<br />

de Gokan déboîte ! “Un immense<br />

pouvoir”, titre qui ouvre l'album,<br />

donne le ton. Des textes lourds de<br />

sens, une musique tendue, les<br />

compères de Gokan expriment<br />

non pas une violence mais bien<br />

une urgence. Une rythmique<br />

tonitruante, une basse brillante, deux guitares qui<br />

se complètent bien, un chant hurlé et varié, des<br />

techniques de jeu avancées, les fondamentaux du<br />

metal sont là. Mais là où Gokan se distingue, c'est<br />

bien dans une approche finalement assez rock. Des<br />

passages presque progressifs font redescendre la<br />

tension. L'écriture est soignée, pas de langue de<br />

bois, les messages sont directs et engagés, les<br />

valeurs valeureuses. Et pour boucler la boucle,<br />

l'avant-dernier titre “Délétère” voit les rappeurs<br />

d'Akalmy déclamer leurs “Modes de pensée”, tout<br />

comme le duo Beat Torrent qui propose un beau<br />

point d’exclamation à l’album. Respect !<br />

Cécile Arnoux<br />

Infos<br />

www.gokan.fr<br />

www.myspace.com/gokanmusic<br />

www.m-o-music.com<br />

9


10<br />

SOULSHINE<br />

LUCIE BRUNET<br />

PHOTO : DR<br />

Nouveau collectif nantais, Soulshine a été initié par un groupe d’amis musiciens nantais. Tous<br />

passionnés de “black music” (soul, funk, reggae, ragga…), ils jouent ensemble dans différents<br />

groupes depuis des années. Ils ont décidé de monter ce collectif afin de promouvoir ces musiques et<br />

d’en faire profiter le plus grand nombre. Entretien avec Magali Lorre, secrétaire de l’association.<br />

L’objectif principal de l’association est de promouvoir les musiques métissées notamment en organisant<br />

des soirées (les Soulshine Partys) avec les artistes membres.<br />

“Hormis le succès de quelques groupes, ces musiques ne sont pas les plus visibles. La part belle sur la<br />

scène des musiques actuelles étant souvent réservée à des projets pop/rock ou électro. Le hip hop à<br />

Nantes a son festival, on a bien envie de promouvoir à notre tour les musiques qu’on défend ainsi que<br />

leurs valeurs. D’autant qu’il y a un public demandeur !”, explique Magali.<br />

L’ objectif premier est bien de répondre à la demande d’un public, mais Soulshine ne s’arrête pas là ! Tout<br />

en laissant chaque groupe indépendant, le collectif développera des outils promotionnels communs<br />

(compilations, t-shirts, plaquettes…), démarchera des fournisseurs (imprimerie, pressage…) et des annonceurs<br />

afin d’obtenir des tarifs préférentiels. Une compilation réunissant les groupes membres sortira au<br />

printemps 2010. Mutualiser ces outils permettra de mieux relayer l’actualité des groupes et d’avoir une<br />

plus grande visibilité auprès des médias et des organisateurs. “Grâce à cette compilation, nous pourrons<br />

proposer des plateaux artistiques à des lieux qui seraient plus difficiles d’accès pour un groupe seul”,<br />

développe Magali. Notons que lorsque le collectif parle de label, il entend un “label de qualité et de<br />

professionnalisme”.<br />

Soulshine, c’est 5 groupes de musique :<br />

LA JAM (reggae-ragga) - www.myspace.com/lajamsession<br />

NYKO (urban funk) - www.myspace.com/lefnaq<br />

WALKO (afrobeat) - www.myspace.com/walkoafrobeat<br />

BI.BA (Bingy Band) (roots grooving reggae) - www.myspace.com/bibabingyband<br />

KOFFEE (Soulfunk 70’s) - www.myspace.com/koffeeband<br />

SOUL IS SHINING…<br />

THE MUSIC IS SWEET<br />

YEAH !<br />

L’association compte également des vidéastes, DJ’s, graphistes… ainsi que des membres aux compétences<br />

diverses (chargés de production, communication, techniciens…).<br />

Infos et contact<br />

www.myspace.com/soulshinenantes<br />

soulshine44@gmail.com


A l'heure où les sites sociaux trustent une grande partie des usages du web, on pensait avoir fait le<br />

tour de la question sur le phénomène. Parfois discutable quand à leur intérêt réel, la découverte d'un<br />

projet comme Hobnox prouve que le concept n'a probablement pas dévoilé l'intégralité de ses<br />

possibilités. L'innovation d'Hobnox 1 consiste en effet à associer plusieurs technologies phares du web<br />

participatif version 2.0 aux applications en ligne à des fins créatrices façon web 2.5. Constitué d'une<br />

suite de logiciels comprenant des outils d'échange communautaire et d'applications de création<br />

multimédia, le site offre ainsi toute une palette de moyens, pour favoriser les rencontres artistiques. Rien<br />

d'étonnant que l'idée d'une plateforme faite par les artistes pour les artistes, ait germé à Berlin. Car à<br />

l'instar de la capitale allemande, Hobnox tente de reproduire la richesse collaboratrice propre aux squats<br />

d'artistes underground.<br />

L'intérêt d'Hobnox n'est pas uniquement lié à son architecture, mais à la qualité des applis online<br />

nommées Noxtools, qui provoquent l'admiration. En effet, il s'agit bien ici de solutions capables de<br />

prouesses, jusqu'alors uniquement possibles avec des logiciels installés directement sur un disque<br />

dur. S'ils ne rivalisent pas encore avec les ténors du marché, nul doute qu'ils remplaceront, dans un<br />

avenir pas si lointain, certains d'entre eux.<br />

L'appli la plus bluffante des Noxtools, est sans conteste Audiotool. Comparable dans son principe à<br />

la référence professionnelle Reason (ex-Rebirth), ce soft MAO affiche un studio de création musicale où,<br />

à votre guise, vous triturerez le son en connectant différents modules entre eux. Pour ça, vous<br />

disposez des boites à rythme TR-909 et la classique TR-808, de 2 synthés avec le TB-303 et l'étonnant<br />

ToneMatrix, d'une table de mixage, d'un merger et d'un splitter de signal, puis d'une flopée de pédales<br />

d'effets, 12 au total. L'interface est des plus accessible. Par simple cliquer/glisser, vous pouvez<br />

positionner, câbler et paramétrer votre installation sans limite de combinaison. Conçu pour jouer en<br />

live, on peut tout de même déplorer qu'actuellement la sauvegarde de la configuration de votre<br />

montage est impossible. Audiotool permet cependant l'enregistrement audio direct de 5 minutes<br />

maximum, pour enrichir ainsi votre librairie personnelle. C'est à partir de celle-ci que vous pourrez<br />

partager vos œuvres ou les télécharger pour les mixer dans votre propre séquenceur, outil malheureusement<br />

pas encore disponible dans les Noxtools. Toujours par le biais de votre librairie, vous pourrez<br />

charger vos sons, images et vidéos perso puis avec Livetool, le logiciel de montage vidéo maison,<br />

vous vous essayerez alors à l'élaboration d'un clip vidéo appelé webshow, qui s'ajoutera ensuite aux<br />

médias partageables avec la communauté.<br />

Hobnox addict PAR DENIS DRÉAN<br />

Si la démarche d'Hobnox n'a pas atteint encore sa maturité, elle esquisse cependant le potentiel du<br />

web de demain. D'ailleurs, le laboratoire expérimental d'André Michelle 2 , l'inventeur du ToneMatrix<br />

d'Hobnox, foisonne d'idées pas encore exploitées. Il est également encourageant de voir que de<br />

multiples projets concurrents, comme Soundjunction 3 , ou complémentaires aspirent eux aussi à<br />

transposer la création musicale sur internet. Parmi les plus évolués citons, Chordbook 4 pour sa<br />

guitare virtuelle pleine de promesses, Looplabs 5 le séquenceur qui ne dépareillerait pas dans les<br />

Noxtools et JamStudio 6 pour l'orchestration facile online.<br />

Ha, j'oubliais, tout ça est bien évidemment gratuit et très très addictif !<br />

1 http://www.hobnox.com<br />

2 http://lab.andre-michelle.com/tag/audio/<br />

3 http://www.soundjunction.org<br />

4 http://www.chordbook.com<br />

5 http://www.looplabs.com/<br />

6 http://www.jamstudio.com<br />

11


12<br />

SWEETBACK<br />

PAR KALCHA<br />

PHOTO : PIER KOLKO/A&K MIXMEDIA<br />

Motörhead<br />

Le trio inaltérable, indestructible, rugueux. Les<br />

premiers albums sont carrément cultes et Lemmy,<br />

leur chanteur-bassiste, est immortel !!! Motörhead<br />

est la preuve vivante que le hard rock peut être<br />

intelligent. Ce type est loin d’être con. Y a qu’à lire<br />

ses interviews, il est super cultivé, et a une vision<br />

très pertinente de ce qu’il fait.<br />

The Jimi Hendrix Experience<br />

La formation crossover batterie jazz, basse mélodique<br />

et guitare hallucinée. L’un des plus beaux<br />

sons de trio qui existe. Hendrix faisait littéralement<br />

corps avec son instrument. Les saturations y sont<br />

extrêmes et inimitables, l’harmonisation, les<br />

structures et surtout la connivence entre les parties<br />

de guitare et le chant (il n’y a qu’à réécouter “Little<br />

Wing” par exemple) font que l’écoute des albums<br />

du Jimi Hendrix Experience reste une perpétuelle<br />

découverte. Une expérience… Finalement le nom<br />

du trio était super bien trouvé.<br />

LES SAINTES<br />

TRINITÉS<br />

On n’osait plus y croire et pourtant Raggy (sax), Kham (contrebasse) et Mehdi (batterie) ont enfin<br />

trouvé un créneau – entre les emplois du temps bien remplis de Zenzile, Lo’Jo et KilØ - pour enregistrer<br />

une suite au premier album de leur trio Sweetback sorti il y a presque dix ans. Ce retour fracassant<br />

sur le devant de la scène méritait bien une interview spéciale Power Trios. Réponses collégiales sur<br />

les trios qui les ont marqués…<br />

The Police<br />

Les lignes de basses y sont entêtantes et là aussi<br />

les correspondances chant et basse sont fabuleuses.<br />

Le batteur drive monstrueux. Le morceau “The<br />

Bed’s Too Big Without you”, par exemple, est<br />

phénoménal... Tout l’album “Reggatta De Blanc”<br />

sonne comme s’il avait été enregistré live. Pourtant<br />

Sting a enregistré ses basses et voix, seul de son<br />

côté. Et les prises grattes et batterie ont été faites<br />

après. C’est impressionnant. Un trio dont la qualité<br />

et à l’égal de la mésentente entre les membres du<br />

groupe… C’est dingue qu’ils aient réussi à faire sonner<br />

leur musique comme ça sans pouvoir se blairer.<br />

The Beastie Boys<br />

Une approche de blancs-becs du hip hop, punkrock<br />

à mort, reconnus par les plus grands. Des<br />

instrus funky dignes de Huggy Les Bons Tuyaux. On<br />

aime tout particulièrement l’album “Check Your<br />

Head” mais toute leur carrière est assez exemplaire.<br />

On peut préférer un disque plutôt qu’un autre mais<br />

ils ont finalement fait peu de faux pas. La preuve


c’est que personne s’entend trop sur quel disque<br />

doit être consacré comme leur meilleur. Et ils ont<br />

surtout le mérite d’avoir toujours fait ce qu’ils avaient<br />

envie de faire, c’est très rare. Et qu’ils fassent du<br />

punk, du hip hop, du funk, de la bossa, tu les<br />

reconnais immédiatement, c’est la grande classe.<br />

On verra ce que nous réserve le prochain…<br />

Melvins<br />

Le groupe préféré de Mehdi, ses deux plus grosses<br />

claques sur scène aussi, sur deux concerts différents.<br />

Formation largement sous-estimée et pourtant<br />

culte de leur vivant. L’hyper-puissance personnifiée.<br />

Et ils sont beaucoup plus fins qu’ils n’en ont l’air,<br />

avec l’intégrité en prime. Bon, leur musique est bien<br />

plus expérimentale que la nôtre, mais ça reste une<br />

influence tout de même. Ceci dit, c’est un peu un<br />

faux trio. Les Melvins, c’est plutôt le duo Buzz<br />

Osborne à la guitare et au chant et Dale Crover à la<br />

batterie. L’un des batteurs préférés de Mehdi, là<br />

encore, tous styles confondus. Une bonne dizaine<br />

de bassistes sont passés dans le groupe. Kurt<br />

Cobain disait à qui voulait l’entendre que les Melvins<br />

étaient son groupe préféré.<br />

John Spencer Blues Explosion<br />

Eux, ils sont déjà plus proches de nous. Ils vont<br />

chercher chez Elvis et le rock’n’roll des 50’s ce que<br />

Sweetback trouve dans la musique black. Leur<br />

musique est cadrée et codifiée, et pourtant ils arrivent<br />

à y insuffler une immense inventivité.<br />

Sweetback en ouverture du JSBE serait un très<br />

beau cadeau pour nous. C’est peut-être le power<br />

trio par excellence, qui réussit à développer sur<br />

scène le genre de groove que nous recherchons !<br />

Dansant et possédé à la fois.<br />

Sloy<br />

On garde un énorme souvenir d’un concert de<br />

Sloy à Angers. C’était sur la tournée “Electrelite”,<br />

un concert à la MJC de la Place Ney, avec KYU en<br />

première partie, un autre trio, mais d’Angers celui-ci.<br />

Sloy, c’était la transe tribale. Un des rares groupes<br />

français à avoir enregistré avec Steve Albini et<br />

peut-être le meilleur groupe français toutes<br />

catégories confondues.<br />

Suprême NTM<br />

NTM, c’est tout à la fois, le hip-hop, le rock, le hardcore…<br />

et nique la police ! Les deux MC pouvaient en<br />

remontrer à pas mal de rockeurs niveau énergie et<br />

présence scéniques. Sincères et sans concession.<br />

Leurs premiers albums, c’était vraiment la révolution.<br />

Medeski, Martin & Wood<br />

Là aussi, énorme souvenir d’un concert au<br />

Trabendo à Paris. Trois énormes musiciens au<br />

service du public pendant 2 heures… Une claque<br />

terrible ! On est cependant beaucoup plus fans<br />

des premiers albums où la fraîcheur et l’envie de<br />

jouer ensemble s’ajoutent à des riffs imparables.<br />

Trio Texier, Romano, Sclavis<br />

L’album “Carnets De Route” a beaucoup tourné<br />

sur nos platines. C’est un disque qui a sans doute<br />

pas mal influencé les toutes premières heures de<br />

Sweetback. Ces trois musiciens affirment l’identité<br />

d’un jazz très européen. Ils ont aussi su concrétiser<br />

quelques influences africaines dans lesquelles<br />

nous nous reconnaissons bien évidemment. On<br />

rêverait de pouvoir faire une tournée en Afrique<br />

pour défendre cette musique.<br />

Led Zeppelin<br />

Bon on triche un peu, on dira que c’est un trio +<br />

un chanteur. Led Zep, c’était la dream team par<br />

excellence. Le groupe rêvé. La puissance et la<br />

maîtrise. John Bonham est le meilleur batteur<br />

rock de tout les temps. INVAINCU !!! On voit un<br />

parallèle plus qu’évident avec un groupe comme<br />

Rage Against The Machine. Le riff du morceau<br />

“Freedom” de RATM lorgnait d’ailleurs sacrément<br />

sur le “Kashmir” de Led Zep…<br />

Sweetback<br />

The Lost and Found Republic<br />

Yotanka / Discograph 2009<br />

Dix ans que l’on attendait avec<br />

impatience le retour du power trio<br />

angevin dont le premier opus<br />

“Amok” marquait de façon indélébile<br />

les esprits de ceux, notamment,<br />

qui ont eu la chance de les<br />

voir sur scène. Emmené par Raggy<br />

le saxophoniste de Zenzile, Kham<br />

contrebassiste de Lo’jo et Medhi<br />

batteur de la Boutique Du Tao, le side-project s’est<br />

offert une longue pause pour mieux se retrouver<br />

dans ce second album aussi envoutant que le<br />

premier. “The Lost and Found Republic” est une<br />

exploration musicale, dans laquelle le trio exprime<br />

avec brio une large palette de ses influences<br />

musicales. Gorgée de jazz et de soul music, la musique<br />

inclassable de Sweetback vous irradie dès la<br />

première écoute. Des arrangements divins (cordes,<br />

cuivres, percussions) subliment un groove lumineux<br />

et sensuel, omniprésent tout au long des 13 titres.<br />

Sweetback signe un retour convaincant avec cet<br />

album en tout point réussi.<br />

Éric Fagnot<br />

Infos<br />

www.myspace.com/sweetbackpowertrio<br />

13


14<br />

PAR PASCAL MASSIOT<br />

ILLUSTRATIONS :<br />

NICOLAS DE LA CASINIÈRE<br />

Il fut un temps - pas si lointain - pour les artistes<br />

musicaux 1 , une période que l'on peut situer entre<br />

les années 70 et la fin des années 80, où un article<br />

paru dans la presse 2 nationale voire régionale,<br />

spécialisée ou non, avait un impact important sur<br />

leur devenir. À titre d'exemple, un bon papier<br />

dans Best 3 était souvent synonyme de notoriété,<br />

de ventes d'albums et d'ouverture des portes de<br />

salles de concerts.<br />

Cette époque semble bien révolue. En effet, de<br />

nos jours, il n'est pas rare de voir des artistes<br />

encensés dans des parutions, parfois (souvent ?)<br />

à diffusion nationale, mais qui n'en demeurent pas<br />

moins perclus dans une extrême confidentialité,<br />

laquelle rime souvent avec précarité. On peut se<br />

demander alors ce qui a changé : est-ce la qualité<br />

de la presse et des journalistes qui ne mettraient<br />

plus en appétit pour la musique comme<br />

auparavant ? L'apparition de nouveaux médias<br />

telles les radios libres en 1981, attentives à<br />

l'émergence, ou plus largement une information<br />

devenue surabondante, avec l'omniprésence<br />

d'Internet et l'avènement du numérique en ce<br />

LA PRESSE EST-ELLE<br />

ENCORE UTILE AUX ARTISTES ?<br />

début de 21 e siècle ? Ou encore le fait d'une<br />

production musicale devenue pléthorique, rendant<br />

sensiblement moins repérables les talents ? Et tout<br />

cela dans un contexte de baisse patente des ventes.<br />

Dès lors, comment faire parler de soi ? Comment<br />

s'y prendre pour toucher les journalistes et obtenir<br />

une chronique, des dates ? Et au-delà, quelles<br />

nouvelles pratiques et approches de la sphère<br />

musicale, tant au niveau des créateurs, de leur<br />

entourage, que des publics de réception, peuvent<br />

être repérées ?<br />

Trois artistes, deux albums, une même<br />

histoire<br />

“Un splendide recueil de folk songs […] un premier<br />

album à tomber par terre […] la grâce des meilleurs<br />

albums d'Andrew Bird […] un songwriting d'un<br />

raffinement et d'une galanterie rares”, voici la façon<br />

dont le magazine Les Inrocks, en mars 2009,<br />

saluait la sortie de Udolpho 4 , opus signé du duo<br />

Nantais Ben Jarry et Marc Morvan, respectivement<br />

violoncelliste et guitariste. Les mêmes Inrocks,<br />

1 On considérera ici sous ce vocable les groupes, chanteurs, auteurs-compositeurs œuvrant dans le champ des musiques actuelles.<br />

2 On considérera ici principalement le terme “presse” en tant que parution papier (tout en le connectant aux autres médias d'information : web, radio, télé).<br />

3 Magazine rock (mensuel) créé en 1968 et disparu fin 1994.<br />

4 “Udolpho” Artisan/La Baleine - 2009.


parlant de Le Coq, auteur-compositeur-interprète<br />

(nantais lui aussi) et de l'album D'Arradon 5 , ne<br />

faisaient pas non plus qu'à moitié dans la<br />

dithyrambe : “Il fait désormais résolument partie<br />

de cette haute cour [de] Bashung à Dominique A<br />

[…] pour qui la chanson n'est pas une langue<br />

morte”. Sur la toile, s'agissant du même Le Coq,<br />

le site Popnews 6 , un webzine, n'est pas moins<br />

élogieux : “Un talent exceptionnel […] achetez ce<br />

disque… D'Arradon est de ces disques évidents<br />

de bout en bout”. Alors on se dit que ces trois-là<br />

ont fait le plus dur :<br />

reconnaissance d'un média<br />

national et de bonnes critiques<br />

sur la toile, le reste va<br />

suivre et demain il fera<br />

beau. Mais la réalité est<br />

moins exaltée. Malgré ce<br />

succès d'estime, Le Coq a peu vendu son<br />

dernier-né et donc la vie n'a pas changé pour lui.<br />

“La presse n'a plus trop d'influence”, constate t-il,<br />

“sauf si t'es signé chez une major qui pourra<br />

imposer ses artistes et seules les majors en ont<br />

les moyens, lesquelles demanderont un jour ou<br />

l'autre aux artistes de faire des concessions”.<br />

Même analyse du côté de Ben Jarry : “Un bon<br />

article au national ou un live sur France Culture<br />

comme en juin dernier, ça ne suffit pas. Au total,<br />

on doit en être en tout et pour tout à 800 albums<br />

vendus”, et de compléter : “50% du succès c'est<br />

de l'artistique et 50% c'est le réseau”.<br />

Vous avez dit “presse” ?<br />

Même si le réseau (et au premier chef le réseau<br />

des réseaux) est au cœur des nouvelles stratégies<br />

parfois développées par les artistes et les labels,<br />

cette nouvelle donne est à corréler avec l'évolution<br />

de la presse musicale. “J'ai la nostalgie d'une<br />

époque où la presse avait d'autres rapports avec<br />

la musique, une presse qui avait un rôle de<br />

prescripteur”, confie Philippe Teillet 7 , Maître de<br />

conférences à Sciences-Po Grenoble, et Président<br />

du Chabada : “des années 70 au milieu des<br />

années 80, des journalistes comme Grover Lewis<br />

aux États-Unis ou Philippe Garnier 8 en France,<br />

permettaient que l'on accède à un univers<br />

culturel, à une contre-culture, leurs écrits étaient<br />

souvent plus passionnants que la musique dont<br />

ils parlaient […] Ils n'étaient pas dans la<br />

célébration, la promo ou l'emballement médiatique<br />

“J'ai la nostalgie d'une époque où<br />

la presse avait d'autres rapports<br />

avec la musique, une presse qui<br />

avait un rôle de prescripteur”<br />

comme maintenant, ils nous donnaient envie”. La<br />

revue Magic 9 (qui est également déclinée en site<br />

web) constituant à ses yeux un rare contre-exemple<br />

du modèle dominant : “Ils ont encore une fonction<br />

critique et parviennent à rester à distance, loin des<br />

effets de mode”.<br />

Rapport à la musique et rapport à l'argent<br />

La figure du journaliste semble avoir pâli et les<br />

pratiques du métier ont changé : faire l'objet d'un<br />

article, d'accord, mais en<br />

échange de l'achat<br />

d'un espace de pub dans<br />

la revue sur le refrain :<br />

“Tu fais vivre mon journal,<br />

je parle de toi !”. Pour Jean<br />

Théfaine, ex-Chorus 10 ,<br />

l'existence de telles relations est avérée et très<br />

répandue, liaisons dangereuses au regard de<br />

l'indépendance du propos quelque peu malmenée :<br />

“Même si en 17 ans, je n'ai vu de telles pratiques<br />

avoir cours chez nous à Chorus”, tient-il à préciser.<br />

Biographe de son presque homonyme Hubert-<br />

Félix Thiéfaine 11 et évoquant celui-ci, il précise :<br />

“Qu'on ne se leurre pas, la presse écrite a surtout<br />

amplifié et accompagné des phénomènes de<br />

bouche-à-oreille, le cas Thiéfaine est éloquent :<br />

il remplit les salles sans les médias ou presque et<br />

depuis longtemps !”.<br />

5 “D'Arradon” Arbouse Recordings / Anti-Craft - 2009.<br />

6 www.popnews.com<br />

7 Les travaux de Philippe Teillet s’articulent autour de la question des politiques culturelles dans le champ des musiques actuelles (cf. www.irma.asso.fr/Philippe-Teillet)<br />

8 Il rejoint Rock&Folk au début des années 70, auteur de “Freelance – Grover Lewis à Rolling Stone” Grasset 2009.<br />

9 www.magicrpm.com<br />

10 Revue trimestrielle (diffusion nationale) mise en liquidation en juillet dernier après 17 ans d’existence<br />

11 “Hubert-Félix Thiéfaine – Jours d’Orage” – Fayard 2005.<br />

15


16<br />

Sorte de bouche-à-oreille des temps modernes et<br />

phénomène lié à Internet, le buzz peut booster la<br />

vie des artistes à l'instar de La Chanson du<br />

dimanche, duo parisien<br />

qui s'est fait connaître en<br />

mettant en ligne une<br />

chanson chaque dimanche.<br />

On pourrait donc se<br />

passer des journalistes ?<br />

C'est plus ou moins l'avis de Christophe Taupin,<br />

disquaire à la Fnac de Nantes, producteuranimateur<br />

de radio sur Jet FM 12 et rédacteur pour<br />

les revues : Mouvement 13 , Vibrations 14 ou encore<br />

pour Octopus 15 , un webzine. Pour lui, la presse<br />

est dépassée sur la rapidité de l'information et<br />

sa précision. Pour être crédible et<br />

servir et les artistes et le public,<br />

“elle doit jouer la carte de la<br />

transversalité, c'est-à-dire<br />

remonter le débat en qualité<br />

et apporter une vision critique<br />

et, au final, une plus-value”.<br />

Des propos qui rejoignent<br />

ceux de Philippe Teillet. “Il<br />

semble qu'en face d'une<br />

musique dématérialisée,<br />

remarque Christophe<br />

Taupin, un journalisme<br />

dématérialisé s'est bâti<br />

sur le net, prenant<br />

notamment la forme de<br />

webzines, très souvent<br />

animés par des non-professionnels, ça rappelle<br />

les fanzines [publiant à moindre coût et de façon<br />

totalement désintéressée - ndlr]”.<br />

Plus inattendu, l'effet d'une presse absolument<br />

pas musicale, sur les ventes de disques de<br />

certains artistes. Presque un gag : “Il y a quelques<br />

mois, se souvient Christophe, est paru un article<br />

dans Nantes Passion 16 concernant Lena and<br />

the Floating Roots Orchestra [un des projets du<br />

musicien nantais Mathias Delplanque - ndlr] […] à<br />

la Fnac, on ne nous a jamais autant demandé<br />

d'albums de Mathias, les gens venaient simplement<br />

acheter ses disques parce que cet article était<br />

paru et que comme eux, il habitait Nantes !” Une<br />

sorte de patriotisme ou de chauvinisme décliné<br />

au local sans doute, mais dont la vertu a été de<br />

“Il semble qu'en face d'une<br />

musique dématérialisée, un<br />

journalisme dématérialisé s'est<br />

bâti sur le net”<br />

faire découvrir une œuvre à un public qui ne s'en<br />

serait sans doute pas emparé.<br />

Moins littéraire, plus communicante, la presse<br />

actuelle n'en est pas pour<br />

autant inefficiente. “Il n'y a<br />

pas de relations de cause à<br />

effet entre un article et la<br />

courbe des ventes, poursuit<br />

Christophe Taupin, mais si<br />

un artiste ou un groupe est<br />

encensé à la fois dans Télérama, Libé ou Les<br />

Inrocks, il y des chances que ça marche. Un seul<br />

article peut avoir des répercussions en termes de<br />

concerts”. Avis partagé par Ben Jarry : “L'article<br />

de mai dernier dans Les Inrocks<br />

nous a permis d'être programmés<br />

dans le cadre de Scopitone 17<br />

2009. Sans lui je ne pense pas<br />

qu'on nous l'aurait proposé”.<br />

Programmations sous<br />

influence ?<br />

La presse influenceraitelle<br />

alors les programmateurs<br />

de salles et de<br />

festivals ? Une question<br />

posée à Jean-Michel<br />

Dupas qui porte<br />

les deux casquettes :<br />

programmateur de<br />

Scopitone et de<br />

L'Olympic, salle de<br />

concerts nantaise.<br />

“Non, je ne calque pas<br />

ma programmation sur la<br />

presse, c'est un outil parmi<br />

d'autres […] Je consulte une<br />

quinzaine de parutions, ça va des<br />

Inrocks à Magic en passant par des<br />

fanzines et la presse spécialisée, Noise,<br />

Vibrations, etc. Je suis également réceptif aux<br />

chroniques et aux brèves sur Myspace. En fait<br />

c'est un travail de recoupement que j'effectue.<br />

Quand il y a convergence sur un groupe ou un<br />

artiste, on peut devenir plus attentif”.<br />

Une convergence médiatique qui éclaire les choix<br />

de programmation, étayés par les échanges<br />

entre collègues. “Nous sommes plus sensibles à<br />

un réseau de programmateurs où on se parle<br />

beaucoup”.<br />

12 Radio Jet FM, 91.2 à Nantes et agglo. Prog musicale axée sur la découverte de musiques actuelles émergentes et de courants musicaux peu médiatisés. www.jetfm.asso.fr<br />

13 www.mouvement.fr<br />

14 www.vibrationmusic.com<br />

15 www.octopus-en ligne.com<br />

16 Magazine municipal mensuel tirant à 140 000 exemplaires.<br />

17 Festival de musiques électroniques et des arts numériques – Nantes.


Côté labels, les attitudes retenues pour s'attirer<br />

les faveurs de la presse sont diverses, parfois<br />

diversifiées et peuvent se révéler aux antipodes<br />

les unes des autres. Même constat du point de<br />

vue des moyens mis en œuvre. Concernant les<br />

majors, la stratégie est simple : communication et<br />

marketing. Même dans un contexte de<br />

crise du disque, elles<br />

occupent l'espace<br />

médiatique et marchand,<br />

garnissant les têtes de<br />

gondoles des grands<br />

distributeurs, version<br />

espace culturels Leclerc<br />

et/ou des distributeurs<br />

plus spécialisés du type<br />

Fnac. Petit problème :<br />

seuls les artistes qui<br />

vendent, c'est la tendance<br />

lourde, sont prisés par<br />

ces Majors (qui d'ailleurs<br />

n'hésiteront pas à virer<br />

les mauvais élèves en<br />

cas de baisses de performance<br />

commerciale).<br />

Small is beautiful<br />

Et pour les autres, le très<br />

gros de la troupe : artistes<br />

et labels aux moyens<br />

bien plus modestes,<br />

comment communiquer<br />

pour exister ? Comment<br />

paraître pour être et si possible sans se<br />

compromettre ?<br />

Pour Henri-Pierre Mousset, musicien et gérantfondateur<br />

du label Yotanka 18 : “C'est pas parce<br />

qu'on a des chroniques qu'on va vendre, par<br />

contre c'est indispensable”. D'où le recours à<br />

des attachés de presse<br />

externes pour toucher les<br />

médias. “Un article, une<br />

chronique, un émission de<br />

télé ou de radio, ça peut<br />

donner confiance aux<br />

programmateurs et aux chefs de rayons en<br />

magasin […] disons que la presse demeure le<br />

maillon indispensable pour donner de la<br />

visibilité aux professionnels.” Et si l'on considère<br />

plus précisément la presse sur support papier :<br />

“C'est pas parce qu'on a des<br />

chroniques qu'on va vendre, par<br />

contre c'est indispensable”<br />

“Elle a un rôle prépondérant à jouer puisqu'elle est<br />

diffusée”, affirme pour sa part Gérôme Guibert 19 ,<br />

sociologue dans le champ des musiques actuelles,<br />

pour qui “un groupe doit à la fois apparaître à la<br />

radio, dans les journaux et sur des affiches pour<br />

qu'on le retienne”. Toutefois, le contre-pied est<br />

possible comme l'indique Henri-Pierre Mousset :<br />

“Parfois, on fonctionne en<br />

marge des médias, on sort<br />

un album uniquement que<br />

pour les fans. On dispose<br />

pour cela de liste<br />

d'e-mails, de réseaux<br />

sociaux de type<br />

Facebook ou Myspace<br />

et du site de l'artiste”.<br />

Une façon de contourner<br />

les médias mainstream<br />

dont l'accès, souvent peu<br />

aisé pour les artistes<br />

en devenir, est souvent<br />

difficile et épuisant.<br />

Côtés médias, les plus<br />

“petits” ne sont pas les<br />

moins intéressants “les<br />

radios associatives, leur<br />

organisation en réseau<br />

(Férarock 20 , Yastar 21 , FRAP 22 ],<br />

leur maillage du territoire et<br />

donc leur proximité géographique<br />

et leur accessibilité,<br />

en font des alliés objectifs des<br />

artistes et de leurs représentants”, rappelle<br />

Henri-Pierre Mousset.<br />

Plan média en ordre de bataille pour Vicious<br />

Circle, label indépendant créé en 1993 par les<br />

fondateurs du magazine Abus Dangereux qui fut<br />

auparavant un fanzine.<br />

“La presse fait-elle vendre ?<br />

Difficile de répondre…”,<br />

reconnait Guillaume Le<br />

Collen, chargé de communication,<br />

responsable<br />

promotion et attaché de presse pour le label<br />

bordelais. “Il existe des exemples et des contreexemples,<br />

mais autant on n'est pas sûr que ça va<br />

faire vendre, qu'on est certain que ne rien faire<br />

sera voué à l'échec”. Les journalistes et chroniqueurs<br />

18 Le label des groupes Nouvel R, Zenzile, Electrod, Mei Tei Sho…<br />

19 Gérôme Guibert contribue par ailleurs aux revues Magic !, Abus Dangereux, Les Hommes du président (fanzine papier), Kérosène.<br />

Auteur d’ouvrages de références dont “La production de la culture. Le cas des musiques amplifiées en France” (Paris, Irma, 2006) ayant trait aux musiques actuelles.<br />

Musicien, il fut aussi membre du groupe métal Crash.<br />

20 Fédération des radios associatives rock (www.ferarock.com)<br />

21 Réseau national des radio campus.<br />

22 Fédération des Radios des Pays de la Loire (www.lafrap.fr)<br />

17


18<br />

de Chronicart, Magic, Rock&Folk, Les Inrocks<br />

mais aussi Libé et Le Monde, sans oublier la<br />

presse quotidienne régionale (Ouest-France par<br />

exemple), sont donc ainsi parmi les destinataires<br />

habituels d'infos, CD promo ou encore photos de<br />

presse envoyés par Vicious Circle. Le but : donner<br />

envie d'écouter dans un contexte défavorable de<br />

sorties d'albums toujours plus nombreuses face à<br />

un marché en déclin. “Avant, on sortait un disque :<br />

un peu de presse, un peu de radio et ça suffisait.<br />

Maintenant il faut travailler, passer des accords<br />

d'échanges de visibilité et dépenser dix fois plus<br />

pour des résultats finalement bien minces”.<br />

Chez Effervescence 23 , collectif et label nantais aux<br />

tonalités pop-folk-rock, le recours à un attaché de<br />

presse est possible. “Pour le dernier album de My<br />

Name Is Nobody : ‘Mentor’ (2009), on a mis des<br />

moyens sur la pré-prod et la post-prod [album<br />

enregistré au studio ‘Cocoon’<br />

de Rennes - ndlr]… Pour le<br />

faire connaître, il s'agissait<br />

d'investir à la hauteur”, assure<br />

Julien Courquin, directeur<br />

artistique. “On a donc eu<br />

recours à un attaché de<br />

presse”, et sa mission était<br />

claire : “Partant du constat qu'il<br />

y a une hiérarchie dans les<br />

médias, il devait travailler<br />

d'emblée en direction des plus gros : d'abord les<br />

télés, puis les radios genre Radio France ou Fip,<br />

ensuite la presse écrite : Libération, Télérama,<br />

Chronic'art, Ouest-France…” Un choix qui peut<br />

s'avérer onéreux : plusieurs milliers d'euros, dont<br />

une partie non négligeable dépensée à l'achat de<br />

bandeaux de pub contre des articles. Un investissement<br />

destiné à sensibiliser les professionnels,<br />

programmateurs de salles et de festivals plutôt<br />

que le public. Mais le label nantais peut parfois<br />

changer son fusil d'épaule. “On fait souvent les<br />

choses nous-mêmes, même avec un objectif de<br />

forte promo. Par exemple, pour le dernier album<br />

de La Terre Tremble !!! 24 , je me suis occupé de<br />

la promo et là je suis allé beaucoup sur les<br />

webzines, les blogs…”.<br />

Signe de nos temps technologiques, la téléphonie<br />

mobile devient un moyen de promouvoir les artistes.<br />

“Nokia Store vient de nous faire une proposition<br />

concernant ‘Characters’ le dernier album de<br />

“Maintenant, les choix<br />

éditoriaux sont largement<br />

liés à l'argent, pour qu'on<br />

parle de toi, si tu veux un<br />

papier un peu important, il<br />

faut payer… Et pourquoi je<br />

paierais ?”<br />

The Patriotic Sunday. Une semaine de visibilité<br />

sur l'écran du portable, ça ne coûte rien, l'artiste<br />

n'est pas rémunéré mais ça peut rapporter”.<br />

Contre-pied<br />

Adhérer à “la philosophie du mouvement des<br />

clandestins”, c'est ce que prône la charte de<br />

Arbouse Recordings 25 , label de Le Coq, Astrid,<br />

Charles C. Oldman (tous trois nantais), Acetate<br />

Zero, Thousand and Bramier… Laquelle s'adresse<br />

à tout artiste rejoignant le label de Cyril Caucat<br />

situé à Montrozier, près de Rodez. Un contre-pied<br />

un brin provocateur qui ne promet pas la lune à<br />

ses protégés : “Ne pas espérer d'Arbouse<br />

Recordings une simple diffusion, une simple<br />

visibilité médiatique car vous n'en aurez pas de<br />

toute manière, si c'est le but recherché, Arbouse<br />

Recordings ne vous conviendra pas”, prévient<br />

encore le 3 e alinéa de cette charte. Dont acte.<br />

Mais si la plupart des artistes<br />

du label aveyronnais ont un job<br />

en dehors de leur pratique<br />

musicale (c'est le cas de Cyril<br />

également), quid des autres ?<br />

Les accueillir n'est-ce pas à<br />

terme les décevoir, les tromper ?<br />

“D'abord, la charte 26 annonce la<br />

couleur, ici point d'enrichissement,<br />

point de contrat, on part<br />

quand on veut… Mais au-delà,<br />

pour Le Coq ou C. Oldman par exemple, dont<br />

c'est l'unique activité, je suis attentif à leurs<br />

souhaits de promo et de relance. On essaie de<br />

travailler ensemble sur ce terrain et par la recherche<br />

de subventions, le cas échéant. La mise en place<br />

de partenariats (institutionnels ou autres) lors<br />

d'évènements culturels comme celui qu'organise<br />

le label autour d'Erik Satie 27 est également une<br />

façon de répondre à cette attente… Tout ça dans<br />

la limite de ma disponibilité et de mes moyens”.<br />

Côté presse et médias, là aussi les choses sont<br />

claires pour Cyril Caucat : “Maintenant, les choix<br />

éditoriaux sont largement liés à l'argent, pour<br />

qu'on parle de toi, si tu veux un papier un peu<br />

important, il faut payer… Et pourquoi je paierais ?<br />

Je l'ai fait une fois, les retombées ont été nulles et<br />

j'ai eu du mal à m'en remettre !”.<br />

Du coup, une fois pour toutes, Arbouse Recordings<br />

a tourné le dos à ce système. “Je ne fais plus du<br />

23 Le label de Papier Tigre, My Name Is Nobody, Faustine Seilman, The Patriotic Sunday, etc.<br />

24 La Terre Tremble !!! “Travail” - label Effervescence – septembre 2009.<br />

25 www.arbouserecordings.com<br />

26 Charte consultable sur www.arbouserecordings.com/charter.php<br />

27 Erik Satie et “les nouveaux jeunes”, Rodez 2009-2010. http://autresdirections.net/IMG/pdf/satieetles nouveauxjeunes.pdf


tout de promo, parce que je n'en ai pas les<br />

moyens, par ce que je ne suis pas sûr que ça<br />

serve à grand chose et aussi par choix […]<br />

Je crois qu'on peut contourner le système, je<br />

crois au buzz sur un<br />

artiste qui subjugue<br />

un rédac-chef,<br />

lequel donne l'idée<br />

à d'autres journalistes<br />

d'en parler<br />

également”.<br />

Au final, le paradoxe<br />

est que, dans un<br />

monde globalisé<br />

où les outils de<br />

communication<br />

n'ont jamais été<br />

aussi nombreux et<br />

perfectionnés, les<br />

artistes ont bien<br />

du mal à se faire<br />

entendre et à se faire voir. La figure du journalisteécrivain<br />

à la Lester Bangs 28 a définitivement<br />

disparu, délaissant son rôle de prescripteur au<br />

profit des labels. Le tout dans un<br />

rapport presse-artistes où l'indépendance<br />

des uns et des<br />

autres est mise par des relations<br />

d'argent, les plus pudiques préférant parler<br />

“d'échanges de visibilité”. Il faut bien vivre.<br />

Toutefois, des contre-exemples et des alternatives<br />

existent, nous l'avons vu, la musique ayant toujours<br />

été un art de la résistance.<br />

Au final, la situation n'est pas facile aujourd'hui.<br />

Mais qu'en sera-t-il demain ? Seules les grosses<br />

machines s'en tireront ? Pas si sûr…<br />

Pour Gérôme Guibert : “L'avenir est aux niches,<br />

c'est ce que prédisait Bourdieu. Il faut identifier sa<br />

niche pour être visible et résister […] fini le temps<br />

de Rock&Folk qui tirait à 200 000 exemplaires<br />

dans les années 70, on est au siècle d'Internet et<br />

pour être visible dans le réel, il faut d'abord l'être<br />

dans le virtuel”. De ce point de vue, les Myspace<br />

sont de bons outils. “Un article dans Télérama,<br />

Les Inrocks, ça peut servir, ok, mais dans la<br />

mesure où tu extrais une phrase ou deux, que tu<br />

les cites sur ton Myspace, ça te rend crédible,<br />

c'est une posture dans la mesure où si tu es<br />

chroniqué dans tel journal, ça te positionne dans<br />

tel courant musical”.<br />

“Musique ET réseau,<br />

c'est la bonne formule !”<br />

De plus, selon Gérôme Guibert, ces réseaux<br />

communautaires 29 sont des éléments constitutifs<br />

d'une stratégie technologique pour les formations<br />

émergentes, du moins certaines d'entre elles,<br />

mais pas que : “Les<br />

nouveaux groupes<br />

cherchent, pour être<br />

visibles, à se<br />

placer sur la toile<br />

via ces réseaux et<br />

à trouver de<br />

‘nouveaux amis’,<br />

ça participe d'un<br />

phénomène<br />

d'agrégation ou<br />

de capillarité,<br />

d'ailleurs ça ne<br />

concerne pas<br />

que des jeunes<br />

groupes, des très<br />

connus comme Ed<br />

Banger ou Justice ont<br />

des potes partout dans le monde”.<br />

D'ailleurs cette histoire de réseaux n'est pas<br />

nouvelle. “Ça a toujours été un<br />

paramètre déterminant la mise en<br />

réseau, même avant l'apparition<br />

d'Internet, même pour l'autoprod<br />

[…] Musique ET réseau, c'est la bonne formule !”.<br />

Et pour ce qui est de la presse et des médias,<br />

Gérôme Guibert n'a pas d'hésitation.<br />

Pour la presse papier, spécialisée en l'occurrence,<br />

sa disparition n'est pas à l'ordre du jour. “L'âge ou<br />

la génération ne font rien à l'affaire […] Les<br />

médias n'ont jamais été si nombreux, les jeunes<br />

vont sur le web, mais ils sont aussi attachés à de<br />

la belle documentation, à l'objet docu avec de<br />

vraies chroniques dedans, des chroniques qui ont<br />

de la culture [et pas des panneaux publicitaires à<br />

peine déguisés ? - ndlr]”.<br />

La presse pourrait donc servir les artistes et leurs<br />

publics ? Une vision d'espoir et d'optimisme à<br />

laquelle n'est pas insensible l'équipe du Tohu<br />

Bohu et ses lecteurs. Non ?<br />

En prolongement de ce dossier, la conférencedébat<br />

Tohu Bohu sur les Ondes se<br />

tiendra le mercredi 18 novembre de 18h30<br />

à 20h au Préfa de <strong>Trempolino</strong> (entrée libre) et<br />

en direct sur Jet FM (www.jetfm.asso.fr).<br />

28 Journaliste et critique musical américain (1948-1982), considéré comme l’un des plus grands rock critics de l’histoire.<br />

À collaboré au magazine Rolling Stone et inventé le mot “punk”.<br />

29 Outre Myspace, on pourra citer Facebook ou Twitter pour les plus connus.<br />

19


20<br />

VOLUME !, VOL. 6<br />

GÉOGRAPHIE, MUSIQUE ET POST-COLONIALISME<br />

Éd. Mélanie Seteun, 2007.<br />

Le texte aborde la musique à partir de deux entrées originales : géographie et post-colonialisme.<br />

Comment, à la fin de la colonisation, les musiques accompagnent-elles l’émergence d’états<br />

souverains ? Quel est le rôle de la musique dans des périphéries urbaines où des communautés<br />

diasporiques se sont installées, tout en restant branchées avec les territoires des<br />

anciennes colonies dont elles sont issues ? Comment l’imaginaire et l’exotisme musical<br />

constituent-ils les vecteurs de nouvelles pratiques musicales pour des individus postmodernes<br />

reliés en réseaux ? Onze articles s’emparent de ces questions en analysant avec finesse les<br />

contextes de production des musiques, les catégories sociales qui les sustentent et les processus<br />

d’identification qu’elles génèrent. “La culture peut être considérée comme une arène<br />

où se négocient des choix, où se forgent des consensus et apparaissent des dissensions”,<br />

souligne É. Da Lage. Les auteurs dégagent, à partir du prisme musical, une véritable<br />

géographie des circulations, des systèmes migratoires complexes et des jeux de pouvoir.<br />

“Authenticité”, “hybridation”, “musique noire”, sont des notions aux enjeux forts, que les<br />

chercheurs pèsent, discutent, décortiquent. Soulignons d’ailleurs l’intérêt de la publication<br />

de la lettre ouverte sur les musiques noires de P. Tagg. Un beau travail collectif, qui<br />

approfondit l’approche géographique des musiques.<br />

Claire Guiu<br />

GAINSBOURG EN DIX LEÇONS<br />

Bertrand Dicale, Éd. Fayard / Chorus, 2009.<br />

Des livres sur Gainsbourg, il en est sorti des pelletées entières… Pourtant, celui de Bertrand<br />

Dicale ne se contente pas d’alimenter les sempiternelles clichés sur le beau Serge. Le livre se<br />

défend d’ailleurs d’être une biographie. Il s’agit en fait d’un prolongement par écrit des<br />

conférences tenues à la Cité de la Musique pendant l’exposition “Gainsbourg 2008”. Dicale<br />

y développe plusieurs axes de compréhension de la carrière de l’Homme à Tête de Chou.<br />

Pour cela, il passe outre la mythologie du personnage et entreprend au contraire de tout<br />

remettre dans son contexte d’époque (chiffres de vente, nombres de passages radio, TV, etc.)<br />

pour mieux montrer à quel point Gainsbourg a bien failli passer littéralement à côté de sa<br />

carrière. Ce dernier aura en effet connu le succès sous son nom propre avec son premier<br />

album reggae, c’est-à-dire à 50 ans passés. Par ailleurs, l’auteur démontre que le rapport de<br />

Gainsbourg et son public continue d’évoluer près de vingt ans après sa mort. Du vilain petit<br />

canard incompris à ses débuts, Serge Gainsbourg est en train de devenir une icône<br />

internationale citée en influence et reprise par des dizaines de groupes étrangers qui ne l’ont<br />

jamais connu de son vivant. Classieux, qu’il aurait dit…<br />

Kalcha<br />

LA RADIO ET SES PUBLICS<br />

SOCIOLOGIE D'UNE FRAGMENTATION<br />

Hervé Glevanec et Michel Pinet, Éd. Musique et Société - Seteun - IRMA, 2009.<br />

Le titre annonce la couleur, Hervé Glevarec et Michel Pinet, chercheurs en sociologie, nous<br />

livrent avec cet ouvrage un examen approfondi des publics de la radio. Les auteurs ont<br />

bénéficié ici de la mise à disposition de l'enquête Panel de Médiamétrie sur 21 jours en<br />

2000-2001, qui leur a fourni les données statistiques à la base de l'enquête. La radio, objet<br />

peu étudié par la sociologie, est abordée ici selon la perspective de l'auditoire. Dans quelle<br />

mesure y a-t-il des auditoires spécifiques ? Les auditeurs sont-ils “monogames” ou “polygames”<br />

avec leur radio ? Quelles sont les caractéristiques des publics réguliers et de ceux<br />

évanescents ? Comment écoute-t-on la radio ? Voilà les questions clés que se posent les<br />

auteurs et qui leur permettent de déconstruire l'idée de radios “grand public”, pour faire le<br />

constat d'une fragmentation des publics radiophoniques et aboutir à des portraits “types”<br />

d'auditeurs. Ces résultats propres à la radio sont, selon les auteurs, également intéressants<br />

pour comprendre les publics des industries culturelles.<br />

Isabelle Kauffmann


Ego<br />

Twister<br />

PAR CÉCILE<br />

ARNOUX<br />

FAIRE DÉCOUVRIR<br />

AVANT DE VENDRE<br />

Yan Lemonnier mène sa barque ! Ayant grandi en achetant des disques, il aime le disque, et décide,<br />

en grand passionné qu'il est, de monter son label en 2004. Ego Twister is born. Pensant naïvement que<br />

les gens achètent les disques comme lui les achète, c'est-à-dire aux coups de cœur, il se rendra vite<br />

compte de la réalité de ce commerce. Mais sans amertume aucune, le plaisir est toujours là.<br />

Yan avoue que la rencontre avec l'asso nantaise The Brain 1 et son pilier Puyo Puyo a influé la ligne directrice<br />

d’Ego Twister. “Le côté décalé et ludique de The Brain m'a plu. Je n'aime pas les puristes d'un genre. Ego<br />

Twister, c'est de la musique électronique, du second degré aussi. C'est parfois dansant, ça doit autant aux<br />

Monty Python’s qu'à la dance music. Mon objectif est bien de sortir des trucs assez spéciaux pour<br />

susciter l'étonnement. En même temps, je tiens au côté pop, que cela ne tombe pas dans l'expérimental pur<br />

et dur. C'est une forme de cross-over entre la pop, la musique dansante et les musiques expérimentales”.<br />

Dans le fonctionnement, Yan prend quasi toutes les décisions, en laissant évidemment la liberté aux<br />

musiciens dans le fond. “Je m'investis beaucoup sur le disque, je l’élabore autant que possible avec<br />

l’artiste. Les artistes du label ne cherchent pas à vivre de la musique. La plupart sont salariés, je ne peux<br />

pas non plus leur demander de s'investir sur le label, ils n'ont pas le temps. L'électro présente quand<br />

même l'avantage pour le(s) musicien(s) de pouvoir faire quasi tout tout seul(s), et avec des coûts<br />

moindres. Je n'aurai pas les fonds pour payer les enregistrements à des groupes plus live”.<br />

Ego Twister se sent proche de certains autres labels, plutôt de netlabels comme Da! Heard It Records, membre<br />

de la même “communauté artistique sur internet” : www.musiques-incongrues.net. Ce forum présente des<br />

labels, des émissions de net-radios. “On partage tous cette passion pour les musiques non puristes, un peu<br />

décalées et ouvertes. Ce forum me fait découvrir des artistes, des groupes avec lesquels je peux ensuite<br />

collaborer. On retrouve des artistes de l'un des labels sur la compil de l'autre et vice-versa”.<br />

La pratique du net est bel et bien à part. Pour Yan : “sur le net, les gens consomment différemment la<br />

musique ; ils considèrent plutôt les morceaux, ne téléchargent pas la totalité. C’est à partir de ce constat que<br />

j’ai élaboré la dernière compil”. Mais Yan reste bien décidé à sortir des albums à part entière. “Pour moi, la<br />

musique ne prend du sens que lorsqu'il y a de l'interaction sociale autour. J'aime la faire écouter, la faire<br />

partager, je trouve des moments d'expression dans le fait de faire écouter un truc que j'aime aux autres”.<br />

Et au-delà du net, le disque ne doit pas être seulement perçu comme “produit culturel” ; c'est aussi un travail<br />

de passionnés. Ego Twister est une petite niche, les disques se vendent peu et les artistes du label ne peuvent<br />

pas vivre de leur musique. “La mort du support physique est annoncée et nous, nous allons continuer à<br />

en faire. Il faut réfléchir aux modes de diffusion, de distribution, c'est l'enjeu de ces prochaines années”.<br />

1 association qui organise des soirées et produit une émission détonnante sur Jet FM et autres radios via le web (http://thebrain.lautre.net)<br />

Actus du label :<br />

- compilation Ego Twister, “Movie Ruiners” en téléchargement libre<br />

- 45 tours de Niwouinwouin à paraître fin 2009<br />

Infos<br />

www.egotwister.com<br />

21


22<br />

cabadzi DE<br />

PAR BENOÎT DEVILLERS<br />

PHOTO : TONY DREUX<br />

Dites-nous qui fait quoi dans ce groupe à la<br />

formation assez atypique.<br />

Lulu : Alors, il y a Lucie au chant et aux mélodies,<br />

Victorien en tant que human beat box qui compose<br />

la section rythmique de chaque morceau, Camille<br />

au violoncelle, au chorus de voix ainsi qu'aux<br />

arrangements, Jonathan à la trompette, au tuba et<br />

à la guitare classique, et moi-même Lulu à l'écriture<br />

et au chant. Le groupe existe depuis à peine un an.<br />

On a d'abord enregistré un album tous ensemble<br />

en décembre 2008 pour ensuite commencer à le<br />

jouer sur scène en avril 2009. On se connaissait<br />

tous avant : sur “13 e à Table”, le spectacle qu'on a<br />

tourné en 2007 et 2008, Jo et Caminata, duo de<br />

violoncelles dont fait partie Camille, s'était greffé<br />

sur quelques morceaux.<br />

Vous évoquez le spectacle “13 e à Table”, vous<br />

pouvez peut-être nous resituer l'historique,<br />

Cabadzi n'est pas un groupe musical à la base…<br />

Lulu : En effet, Cabadzi est à la base une compagnie<br />

de théâtre de rue et de cirque itinérant sous<br />

L’ART DE LA RUE<br />

À L’ART DE LA RIME<br />

Après s'être longtemps illustré dans le théâtre de rue et autres frasques sous chapiteau, le cabaret<br />

bizarre de Cabadzi, groupe aux attaches yonnaises, se fait désormais exclusivement musical.<br />

Rencontre avec cette troupe prometteuse via la chanteuse Lucie et son homologue masculin Lulu lors<br />

de leur résidence au Fuzz'Yon.<br />

chapiteau. On a encore notre chapiteau mais on a<br />

abandonné les arts de la rue depuis le départ d'un<br />

de nos acrobates, Thong, en avril 2009 pour se<br />

consacrer à la musique. Mais ce projet nous<br />

trottait en tête depuis un moment.<br />

Il me semble que la musique tenait déjà une<br />

place importante dans ce spectacle ?<br />

Lucie : Oui, comme dans tous nos spectacles.<br />

Dans le dernier, “13 e à Table”, il y avait déjà Victo,<br />

Lulu et moi avec deux acrobates en plus, et on<br />

faisait déjà pas mal de musique tous les 3. C'est<br />

lors de cette tournée que l'on a rencontré Camille<br />

et Jo qui sont venus en invités sur quelques<br />

morceaux. Quand on a fini la tournée en septembre<br />

2008, on avait déjà l'envie d'enregistrer un album<br />

avec les morceaux composés à trois, et d'inviter la<br />

plupart des musiciens qu'on avait pu croiser sur la<br />

route pour ce spectacle ; Camille et Jo ont<br />

répondu à l'appel. Ils sont venus mettre leur grain<br />

de sel une fois les compos créées, poser leurs<br />

arrangements, etc.


En parlant du disque, comment a-t-il été<br />

conçu ?<br />

Lulu : On l'a enregistré en 3 semaines à l'Antenne,<br />

le studio associatif géré par Léz'arts Ménestrel à<br />

Saint-Hilaire-de-Riez sur la côte vendéenne. C'est<br />

là qu'on a rencontré Sylvain Péchard, qui nous a<br />

apporté énormément à ce moment-là. En gros, on<br />

est arrivé au studio avec nos JamMans (pédale de<br />

boucles) en lançant les boucles et en chantant<br />

par-dessus à l'arrache pour lui dire : “Bon ben<br />

c'est ça qu'on fait” ! Il nous a donc enregistré,<br />

mixé puis l'album a été masterisé à La Clairière<br />

à Nantes. Pour l'instant, le disque n'est pas<br />

officiellement sorti même si on en a déjà diffusé<br />

pas mal pour la promo… Il y a eu un bon accueil<br />

de la part des radios puisqu'il y en a environ 70<br />

qui ont diffusé ou diffusent encore nos titres,<br />

notamment sur France Inter, Radio Néo, etc.<br />

Et du côté des professionnels du disque, quel<br />

a été l'accueil ?<br />

Lulu : Un bon accueil oral. Irfan (le label des Ogres<br />

de Barback) nous a fait attendre longtemps, la<br />

boîte de Carmen Maria Vega également, nous a<br />

fait miroité pas mal de choses. Même le producteur<br />

de NTM nous a pondu un beau message,<br />

comme quoi c'était pas assez efficace ! Donc oui,<br />

pas mal de gens ont tripé sur le disque, seulement<br />

par souci d'argent, pas au point de mettre des<br />

sous sur le projet.<br />

Donc au final, comment et quand va-t-il sortir<br />

ce bel objet ?<br />

Lucie : Il sort en octobre, en totale auto-prod,<br />

auto-distri... Il est déjà disponible sur internet et on<br />

en vend pas mal aussi à la fin des concerts. En<br />

tout, on en a tiré 2 000 et on en a déjà vendu plus<br />

de 1 100. Mais la porte reste toujours ouverte aux<br />

producteurs et distributeurs !<br />

Venons-en à la scène. On peut dire que vous<br />

tournez déjà de manière conséquente. C'est<br />

aussi un aspect que vous gérez vous-même ?<br />

Lulu : On fait tout en autonomie même si Via<br />

Diffusion, une jeune structure nantaise nous donne<br />

des coups de main sur quelques dates. Depuis<br />

avril, il y en a déjà eu une quarantaine avec les<br />

deux formules, à 3 voix avec Lucie et Victorien ou<br />

à 5 tous ensemble. Désormais on cherche surtout<br />

à tourner avec la formule à 5. Donc oui, pas mal de<br />

scènes et de belles scènes. C'est de là qu'on vient<br />

donc c'est surtout ce qu'on veut continuer à faire.<br />

Les projets à venir…<br />

Lulu : On a un gros projet, Hos Ayas, porté par une<br />

asso Les Champs de l'Homme qui l'année<br />

dernière est allée en Mongolie en emmenant avec<br />

elle Les Ogres de Barback, PHM Crew (Champion<br />

de France de beat box en équipe 2006/2007) et<br />

plusieurs autres artistes afin de bosser avec des<br />

musiciens traditionnels mongols. Ils nous ont<br />

invités à participer au projet en 2010 qui aura lieu<br />

cette fois-ci en France, auquel participeront les<br />

groupes dont on a parlé avant ainsi qu'une dizaine<br />

de musiciens mongols. Au programme : une<br />

résidence de 15 jours à Montpellier, ensuite 3<br />

semaines de tournée partout en France,<br />

notamment sur pas mal d'évènements en rapport<br />

avec la Mongolie, à Lille ou aussi à Docks des<br />

Suds à Marseille, à Lyon, Clermont-Ferrand…<br />

Nous sommes encore à la recherche de dates, à<br />

bon entendeur !<br />

Il y a aussi 123K, une création qui réunit 3 groupes :<br />

Cabadzi, Aka la Troupe du Son (groupe dub rock<br />

de Saint-Hilaire-de-Riez) et Caminata. L'objectif,<br />

c'est une représentation unique qui aura lieu dans<br />

le cadre du festival En Création, un évènement qui<br />

a lieu à La-Roche-sur-Yon dans le but d'exposer<br />

artistes et compagnies yonnaises. On en profite<br />

donc pour présenter ce projet expérimental, où les<br />

groupes viendront réinterpréter ensemble les<br />

morceaux des autres.<br />

À court, moyen et long terme, comment<br />

voyez-vous l'avenir de Cabadzi ?<br />

Lulu : Y'a plein d'envies. On aimerait bien pouvoir<br />

se dégager de ce tout ce qui est juridique ou<br />

administratif. On a toujours été habitué à se<br />

débrouiller tout seul pour quoi que ce soit, et là, on<br />

découvre petit à petit que dans la musique, il y a<br />

beaucoup plus de possibilités et de structures<br />

d'accompagnement que dans les arts de rue.<br />

C'est pour ça qu'on aimerait intégrer une structure<br />

qui se situe vraiment dans ce milieu-là. Et puis<br />

artistiquement, travailler sur de nouvelles compos,<br />

à la fois pour la scène mais aussi pour avoir de<br />

l'actu pour les radios.<br />

Retrouvez la chronique de<br />

l’album “Émeute de Souffles”<br />

dans le précédent Tohu<br />

Bohu (n°14).<br />

Infos<br />

www.cabadzi.com<br />

www.myspace.com/cabadzi<br />

23


24<br />

teriaki<br />

SCÉNOGRAPHIE ET SONS ÉLECTRONIQUES EN TOUT GENRE<br />

PAR EMMANUEL BOIS<br />

PHOTOS : ERIC FERNANDEZ<br />

Festival sarthois qui œuvre depuis près de dix ans dans les musiques amplifiées avec un large spectre<br />

“scénographie” depuis deux ans, Teriaki a revu son projet après une pause en 2006 et 2007.<br />

Tel un parcours sonore proposé sur deux week-end, l’idée est bien de mêler musique et image et de<br />

revendiquer artistiquement ce mélange judicieux. Petit compte-rendu de la nouvelle version du festival.<br />

Du Mans à Allonnes, pendant une semaine, huit lieux sont investis et revisités.<br />

Première étape : les Subsistances, l’antre du collectif Baltringos, fidèle partenaire du Tériaki crew. En<br />

guise d’ouverture, présentation de l’équipe qui a œuvré pendant une semaine le temps d’un workshop<br />

pour réaliser la scénographie du live de Debmaster. S’en suit une rencontre logique et ludique sur le<br />

thème de l’aménagement de lieux et de scènes avec artistes et professionnels du genre. Puis, place aux<br />

concerts sous le signe des artistes du label angevin Ego Twister pour une scène électro “perchée”.<br />

Le lendemain, la performance est à l’honneur : soirée Performers part 1, laboratoire d’expérimentations<br />

sonores et visuelles sous forme d’un atelier, d’une exposition et de concerts dans ce lieu historique de la<br />

culture rock mancelle, la MJC Prévert, investie de la cours au sous-sol par des prestations live des plus<br />

délurées (Computer Truck, Un Poquito Señor…) ! Après s’être fait remuer le cerveau pendant 2 soirs, le<br />

public est convié au repos dominical au parc Monod : séance de siestes électroniques réussie avec NLF3<br />

et Sieur Moujik…<br />

Le temps d’un court début de semaine, on attaque dès le jeudi suivant la version 2 de la soirée Performers<br />

sous les auspices de nouveaux projets manceaux : Substance M, rap lourd et hardcore, et les Frelons<br />

Verts avec leur set electro-rock !<br />

Vendredi, place au ciné-concert avec Vampyr de Dreyer, film atypique, 1 er du genre, mis en musique par<br />

iOlogic. Projet original. On plonge volontiers dans l’intrigue. Mieux vaut ne pas s’y rendre après une<br />

semaine surchargée de travail…<br />

Le 5 septembre, fin du parcours avec une session intemporelle en extérieur sur un lieu atypique : le site<br />

archéologique Mars Mullo à Allonnes, avec Laetitia Sheriff. Pour la suite, en intérieur, nous avons droit au<br />

set remarqué de Marvin qui parviendra même à faire danser les non fans de rock… Jouer au milieu du<br />

public aiderait ? J’attendais avec impatience le set de Debmaster et la scénographie réalisée pour<br />

l’occasion. Je serai déçu par cette réalisation et ses guirlandes de Noël donnant peu de relief à l’ensemble.<br />

L’écran suspendu au-dessus de lui sauve la mise par un jeu de transposition de son ombre donnant<br />

davantage de rythme. MC Insight et Ddamage clôtureront de bien belle façon le festival.<br />

Que peut–on alors retenir de cette “sauce” Tériaki ?<br />

L’itinérance rythme l’événement. Certains permettent de croiser un temps soit peu les publics.<br />

La programmation ? Parfois du déjà vu chez Tériaki. Elle reste relativement nichée, demeurant peu accessible<br />

aux novices, même aux plus curieux… Le public ? Malgré un accès des moins onéreux, les soirées<br />

phares d’ouverture et de clôture ont été peu suivies. Dans l’ensemble, on y retrouvait essentiellement les<br />

fervents “tériakistes”…<br />

Infos<br />

www.teriaki.fr - http://teriaki.free.fr - www.myspace.com/teriakiprod


www.archimedemusic.com<br />

www.myspace.com/boysbook<br />

Mené par un duo de frangins charismatiques,<br />

ARCHIMÈDE n’en finit plus de casser la baraque,<br />

distillant depuis plusieurs mois, sur les ondes,<br />

des petites perles de pop Made in France (“Fear<br />

facteur”, “L’été revient”). Traçant une ligne ténue<br />

entre la quintessence britpop d’Oasis de la<br />

grande époque, pour l’imparable savoir-faire<br />

mélodique, et une chanson française gouailleuse<br />

sous le patronage du dandy Dutronc, les<br />

Lavallois trouvent un équilibre plutôt inédit dans<br />

nos contrées. Au point qu’on oublie les références<br />

pour se concentrer sur les onze chansons, du<br />

genre qui s’imposent à l’oreille à la première<br />

écoute : écriture ciselée pour petites histoires<br />

décalées, mélodies à siffler sous la douche, riffs<br />

sautillants et énergie qui swingue à tous les<br />

étages. De quoi trépigner avant la sortie du<br />

second album !<br />

Yoann Le Blévec<br />

Archimède<br />

Archimède<br />

Jive Epic 2009<br />

Boy & the Echo<br />

Choir<br />

And Night Arrives In<br />

One Gigantic Step<br />

Humpty Dumpty Records / MLCR 2009<br />

Après “Norfolk Motel”, BOY<br />

poursuit son chemin musical,<br />

teinté de folk et de pop. Avec peu, elle fait<br />

beaucoup. Un minimalisme radical qui se conjugue<br />

à une sincère force émotionnelle, souvent<br />

mélancolique, jamais dramatique. Il y a dans Boy<br />

un paradoxe permanent ; l'image obscurcie d'un<br />

ciel gris automnal, dans lequel une lumière perce<br />

et sublime l'instant. Adossée à de subtils arrangements,<br />

laissant un véritable espace créatif aux<br />

fertiles collaborations présentes sur ce disque<br />

(Tazio, Sébastien Müller-Thür, Aurélie Muller,<br />

Thomas Van Cottom, Delphine Coutant...), Boy<br />

délivre un chant brut, direct, bouleversant. Cet<br />

album précieux se trouve (re)visité par la<br />

présence sur scène d'un trio réunissant Boy of<br />

course, Ti Yann Février (PervevalMusic) et Rachel<br />

Langlais.<br />

Un horizon inédit se dessine...<br />

Julien Nicolas<br />

Monsieur ATONE aime la temporalité. Après<br />

“Un an” sorti en 2006, “Un an plus tard” l'année<br />

suivante, voici “Cet après-midi là”, un après-midi<br />

ponctué de 10 chansons, un après-midi qui dure à<br />

peine plus d'une demi-heure. L'Angevin délaisse<br />

ses schémas entièrement électroniques pour des<br />

compositions plus acoustiques, plus alambiquées,<br />

qui font parler moultes instruments aux sonorités si<br />

vaporeuses et clinquantes à la fois. Claviers, mélodica,<br />

orgue, batterie, basse se sourient et s'entendent<br />

sur un parti pris qui rappelle Berg san Nipple,<br />

Crève Cœur ou encore le Boxhead Ensemble. Une<br />

certaine lenteur des notes évoque le temps qui<br />

passe, suscite une certaine quiétude, alors que les<br />

résonances de certains instruments suggèrent<br />

l'espace et parfois une forme d'urgence. Telle une<br />

planche contact, “Cet après-midi là” combine des<br />

images libres à l'interprétation, des histoires qui<br />

devraient vous éloigner de la<br />

réalité, 35 minutes durant ou<br />

peut-être plus...<br />

Cécile Arnoux<br />

Atone<br />

Cet après-midi là<br />

Autres Directions in Music<br />

La Baleine 2009<br />

Buffet Froid<br />

Buffet froid<br />

AP 2009<br />

L’univers textuel des<br />

Nazairiens de BUFFET<br />

FROID est plutôt arnarcoéthylique<br />

avec son bestiaire d’images d’Épinal :<br />

l’âne Archie, le prolo laminé aviné, les intégristes,<br />

le marin saoul, les skins nazis et les patrons<br />

voyous de tout poil. Les provocations borderline<br />

se mêlent à une reprise de “La semaine<br />

sanglante”, chant communard. Pour finir, un<br />

hommage à Raymond la Science. Côté musique,<br />

c’est basique mais efficace, bien qu’on aurait<br />

apprécié une production plus exigeante.<br />

On passe par divers univers, allant du swing<br />

manouche au blues. Ces artistes, pour certains<br />

venus du punk et du hardcore, ont un son sans<br />

séduction, brut de décoffrage : guitare manouche<br />

et voix éraillée sur contrebasse et parfois<br />

accordéon ou violon avec, par-dessus tout, une<br />

flûte mutine. De la chanson poil à gratter, pour le<br />

moins !<br />

Georges Fischer<br />

www.myspace.com/ladyatone<br />

www.myspace.com/buffetfroid44<br />

25


www.myspace.com/dajla<br />

www.myspace.com/moarmusic<br />

26<br />

Quelques années après son premier album “Soul<br />

Poetry”, DAJLA revient avec “The Meaning Of Life”,<br />

opus qui colle à son époque : sa musique a évolué<br />

vers une espèce d’afro beat hybride plus précisément<br />

baptisée “Afrodelik Soul” et l’essai est plus<br />

que réussi. 12 titres, 5 rencontres dont Les<br />

Procussions, Magic Malik ou Dr Mad Vibe (des<br />

mythiques Fishbone) : c’est ainsi que la belle<br />

s’émancipe et nous persuade de l’accompagner<br />

dans son voyage mystique et futuriste, celui du<br />

groove ultime. Si a cela on ajoute sa voix suave,<br />

chaleureuse et un Benjamin B. (à la production) qui<br />

semble lui aussi avoir multiplié son talent, on tient<br />

là un album qui peut sans embarras s’exporter et<br />

s’imposer sur la scène internationale. Une seule<br />

question me taraude : la France est-elle prête à<br />

accueillir le nouveau son Dajla ?<br />

Julien Martineau<br />

Dajla<br />

The meaning of life<br />

Underdogs Records / La Baleine 2009<br />

Dj Goodka<br />

& Dj Moar<br />

Groovology<br />

Trad Vibe Records 2009<br />

Un must have pour tous les<br />

cratediggers avide de gros<br />

samples funk et autres<br />

délices groovy. Le Yonnais DJ MOAR (Trad Vibe<br />

Records) et son acolyte DJ GOODKA, dealer<br />

de vinyles, nous délivrent ici une pépite de prods<br />

bien léchées à mi chemin entre le party-mix et le<br />

push em’up. Assurément imparable sur le dancefloor,<br />

le disque nous fait voyager dans un espace<br />

intemporel entre disco, funk, musiques latines,<br />

sublimé par un savant découpage à l'ancienne<br />

qui ne manquera pas de rappeler Mr Scruff,<br />

Dj Food, Coldcut et consorts. À noter l'effort<br />

considérable - plutôt réjouissant - de la formation<br />

qui nous propose une version orange de son<br />

vinyle ainsi qu'une cover réalisée par le sculpteur<br />

Jean-Yves Blanc. Return to Wax ! Le disque n'est<br />

pas tout à fait mort, le vinyle encore moins, foncez<br />

! Il n'y en aura pas pour tout le monde.<br />

Jonathan Duclaut<br />

Pas de doux ? Non ! Accrochez-vous à l’écoute<br />

de ce disque musclé, ample et inventif. Ça brasse<br />

des rythmes complexes et des architectures évocatrices<br />

des dessins de Eicher, adepte, comme<br />

ALBAN DARCHE, des systèmes mathématiques<br />

en art. Toute résistance est inutile à l’écoute de<br />

cette musique propulsée par la batterie anguleuse<br />

et tendue de Manu Birault et la contrebasse<br />

profonde et souveraine de Fred Chiffoleau qui<br />

ouvrent des champs accidentés mais fertiles aux<br />

saxophones démultipliés d’Alban Darche. Ce<br />

conducteur de Gros Cube a en effet recours au<br />

multipistes pour déployer ses paysages sonores<br />

qu’il confronte aux guitares volubiles d’Alex<br />

Therain. La profusion ne cède pourtant pas au<br />

bavardage. Il y a de l’urgence dans le ton et de la<br />

profondeur dans les intentions. Du jazz sans fard !<br />

Georges Fischer<br />

Alban Darche Trio<br />

Brut ou demi-sec ?<br />

Yolk Records / Anticraft 2009<br />

Matthieu<br />

Donarier Trio<br />

Live Forms<br />

Yolk Records / Anticraft 2009<br />

À l’écoute, je pense à<br />

Nicolas Bouvier, ce voyageur<br />

comme MATTHIEU<br />

DONARIER, qui acceptait la perte pour (se)<br />

découvrir. Ici, la magnifique vitalité du trio prend<br />

le risque de ces live forms captées en quelques<br />

jours sur trois scènes de la région après 10 ans<br />

de partage. Formidable mobilité sonore de la<br />

guitare de Manu Codjia face au son charnu de la<br />

batterie inventive de Joe Quitzke et à l’aplomb<br />

décisif du sax lead. Les trois voltigeurs virtuoses,<br />

pétris de savoir-faire et de culture vivent l’exercice<br />

à la perfection. Les compositions du leader<br />

leur collent à la peau. Quant aux reprises, elles<br />

puisent dans Satie, Trenet ou Brassens qui sont<br />

relus avec malice et générosité. Jamais rien de<br />

convenu, aucune facilité dans ces pérégrinations<br />

musicales. Du jazz actuel et authentique.<br />

Indispensable !<br />

Georges Fischer<br />

www.albandarche.com<br />

www.myspace.com/matthieudonarier


www.egotwister.com<br />

www.alexgrenier.fr<br />

Plonger dans la dernière sortie EGO TWISTER,<br />

c’est embarquer pour 2h07 de divagations<br />

épileptiques, irrévérencieuses, frénétiques,<br />

décalées. Le label angevin n’en est pas à ses<br />

premières expériences insolites. Il invite ici 33<br />

artistes (du cru majoritairement) à poser leur patte<br />

sur des bandes originales de films pour en mouliner<br />

de vraies reprises (entendez qu’il ne s’agit pas de<br />

remixes, mais de re-compositions). Dès lors, on<br />

se prend à un improbable blind test pour deviner<br />

La Famille Adams derrière un vieux son bontempi,<br />

La Soupe au Choux triturée à la sauce dance<br />

party, Top Gun en mega turbo mix ou Mon nom<br />

est Personne en comptine électro kitch. À souligner<br />

que cette improbable galette est aussi en<br />

téléchargement gratuit… Il serait fâcheux de<br />

passer à côté !<br />

Cédric Huchet<br />

Ego Twister<br />

Movie Ruiners<br />

Movie Ruiners<br />

Ego Twister Records 2009<br />

Alex Grenier<br />

Boomerang<br />

AAS Production / RBK Records 2009<br />

Accompagné de sa guitare,<br />

ALEX GRENIER s'entoure de<br />

cuivres, des scratches de DJ<br />

Sharklo et d'une boite à rythme métronomique<br />

pour nous servir en platine neuf titres agités. Agités<br />

de par leur tempo et le doigté du guitariste en<br />

question. Il y a du Nile Rodgers (Chic), des arpèges<br />

qui renvoient à ses propres influences (Albert King,<br />

John Scofield...), une section de cuivres qui<br />

assurent les breaks et pulse la rythmique et une<br />

boîte à rythme au grain vieilli, personnage à part<br />

entière qui mériterait de porter un sobriquet. À<br />

déguster en remuant l'épaule droite, en claquant<br />

l'index contre le pouce pendant que la main<br />

gauche tient une caïpirinha glacée. Un album hors<br />

saison donc où tout se mêle joyeusement sur une<br />

musique sérieuse. Une zone d'ombre : un rythme<br />

binaire obsédant qui peut devenir étourdissant. Il<br />

est fort à parier que le “Boomerang” lancé par Alex<br />

Grenier aura un excellent retour auprès du public.<br />

Mickaël Auffray<br />

Léger comme un nuage où planent les stars de ce<br />

disque : alouette des champs, pic épeiche ou<br />

pouillot véloce sont ici les vrais solistes. Un projet<br />

d'envergure qui aurait pu finir le bec dans l'eau. Il<br />

n'en est rien, Christophe Piot négocie très bien la<br />

rencontre entre les volatiles et son approche<br />

musicale. Si vous hésitez à vous balader en<br />

forêt car le temps est maussade, l'alternative<br />

ELECTROPLUME s'offre à vous comme une promenade<br />

automnale. Le squelette des compositions<br />

se construit autour du batteur Christophe Piot, tour<br />

à tour claviériste et programmateur. L'utilisation du<br />

vocoder tranche de belle manière avec le chant<br />

naturel des oiseaux. Le style quant à lui oscille entre<br />

un jazz classique et une musique plus électronique.<br />

Sa musique est-elle un support pour mettre en<br />

valeur les oiseaux ou les oiseaux desservent-ils sa<br />

musique ? La réponse se trouve peut-être en<br />

ouvrant la volière de sonorités<br />

que contient Electroplume.<br />

Mickaël Auffray<br />

Electroplume<br />

Bird's eye view<br />

Assoplume 2009<br />

Ichabod Crane<br />

A vision of movement<br />

AP 2009<br />

www.myspace.com/electroplume<br />

Ichabod's back. Trois ans<br />

après “Kid Cocotte”, premier<br />

album remarqué, ICHABOD<br />

CRANE est de retour. Si le quatuor se place toujours<br />

sous le patronage de la Sainte Trinité du rock<br />

indé US, Pixies/Pavement/Sonic Youth, on note<br />

quelques évolutions, à commencer par un son plus<br />

p(r)op(re), moins noise. Ichabod a aussi ouvert ses<br />

horizons : ici une charmante ballade à la Lee<br />

Hazlewood en compagnie de la voix féminine d'Am<br />

Lily (“Of Whores And Dogs”), là cet “Intimacy”<br />

joyeusement bancal et cuivré à la Beirut. Mais les<br />

fans de la première heure ne seront pas perdus<br />

puisque l'on retrouve la marque de fabrique du<br />

groupe : voix plus scandée que chantée (en anglais<br />

of course), chœurs efficaces, guitares tranchantes,<br />

fougueuses et joueuses. Et surtout cette maîtrise<br />

enivrante des changements de rythme et d'ambiance,<br />

où l'art d'alterner l'accalmie et la tempête.<br />

Au final Ichabod peut crâner sans problème, cette<br />

“Vision of Movement” est une bien belle réussite.<br />

Damien Leberre<br />

27<br />

www.myspace.com/ichabodcranemusic


www.myspace.com/giraultguillardquartet<br />

www.lemagotdememe.fr<br />

28<br />

Attention, descente aux enfers ! Voilà un quatuor<br />

qui pourrait bien être à l'affiche du Hellfest 2010.<br />

Avec des textes à frémir d'effroi tant les personnages,<br />

tout droit sortis de jeux vidéo, ont de pouvoirs<br />

maléfiques ou bienfaisants, et peuvent se<br />

transformer au gré des couplets. Alors : guitares<br />

explosées, batteries démentielles ? Que nenni !<br />

Rien que des voix aux anges, légères ou profondes,<br />

mais toujours au timbre gai, juste... et juste ce<br />

qu'il faut de naïveté nasillarde pour ces chants<br />

sortis de collectors de notre terroir. Mais ce qui<br />

transcende ces chansons de Haute-Bretagne,<br />

c'est la pureté des instruments, et le soin porté<br />

aux prises de son. Finis les Hells Angels de<br />

l'amplification, écoutez plutôt ce petit envol de<br />

flûte traversière en bois, intersidéral, et la réponse<br />

du oud à l'ampleur désertique. Décapant.<br />

Gilles Lebreton<br />

La Dame Blanche<br />

La Dame Blanche<br />

AP / Coop Breizh 2009<br />

Le Magot de<br />

Mémé<br />

Faits divers<br />

AP 2009<br />

Ne vous fiez pas aux<br />

apparences, LE MAGOT DE<br />

MÉMÉ n’est pas un titre de<br />

polar de série B des années 70 mais un trio<br />

musical qui étrenne depuis pas mal d’années sa<br />

brocante swing de comptoir dans les troquets et<br />

les petites salles de la région nantaise. Leur troisième<br />

album : “Faits divers” abonde de chansons<br />

enragées et de brèves de comptoir mettant à<br />

l’honneur de beaux textes directement hérités de la<br />

chanson réaliste. L’éternel amoureux ou le serial<br />

killer y tiennent les rôles principaux dans un album<br />

condensé de petites histoires, parfois sombres ou<br />

mélancoliques, mais jamais désabusées. Le<br />

mélange guitare/violon imprime une mélodie<br />

swing-jazz, fluide et harmonieuse, magnifiée par<br />

l’interprétation convaincante d’Anthony dont la voix<br />

résonne comme la vraie vie. Un album ensorcelant<br />

qui ne badine pas avec l’ennui.<br />

Eric Fagnot<br />

Pour cette nouvelle réunion, LA JAM a su<br />

s’entourer de beau monde : Sir Jean (du Mei Tei<br />

Sho s’il vous plait monsieur !), David Ledeunff (un<br />

Hocus Pocus, mais oui madame !), Jackson Reed<br />

(un chanteur à suivre) et bien d’autres pointures du<br />

genre. Beaucoup d’invitations pour un album<br />

sonnant comme un retour aux sources et à leurs<br />

premières amours reggae-ragga saupoudrées de<br />

hip hop. Cuivré, cadencé et métissé, “Lévé” est<br />

totalement fait pour la scène. Si les textes<br />

semblent parfois naïfs dans le propos ou dans la<br />

rime, cet opus n’en reste pas moins une galette<br />

pleine d’une énergie communicative qui n’attend<br />

que son public pour brûler le dancefloor et remuer<br />

son corps. Vivement la prochaine tournée, donc.<br />

Juste par curiosité, ne pas rater le clip “Zambé”<br />

disponible sur leur site, mix vintage et récréatif de<br />

la pub “Super Timor” et d’une bonne vieille série Z<br />

à la Tarantino, tout plein de<br />

références croustillantes.<br />

Marie Hérault<br />

La Jam<br />

Lévé<br />

La Session / Rue Stendhal 2009<br />

Les Fils<br />

Canouche<br />

La Mécaniche<br />

AP 2009<br />

Quand le chroniqueur un<br />

peu blasé se retrouve à<br />

chroniquer un jeune groupe<br />

estampillé jazz manouche, il craint rapidement<br />

de devoir se coltiner une récitation appliquée du<br />

petit Django illustré. Heureusement, LES FILS<br />

CANOUCHE évitent gracieusement ce travers. Le<br />

quatuor mayennais (deux guitares, une contrebasse,<br />

un sax) varie en effet les plaisirs tout au<br />

long de ce second album. Une touche de flamenco-jazz<br />

par ci (“Zorro N'Avait Pas De Solex”),<br />

des réminiscences de Morphine par là (“Ta<br />

Gueule La Vieille”), un soupçon d'introspection ici<br />

(“Interlude”), une pincée de folie slave là<br />

(“Floeshkov”), et on arrive à la fin du disque sans<br />

jamais avoir eu envie de regarder sa montre. Les<br />

Fils Canouche ont donc de quoi faire la différence<br />

sur le plan national, et c'est tout le mal qu'on leur<br />

souhaite. Belle leçon de swing en tout cas!<br />

Kalcha<br />

www.la-jam.com<br />

www.myspace.com/filscanouche


www.myspace.com/lokka<br />

www.myspace.com/ptitfat<br />

Issu d'une combinaison moléculaire (Molécule 5),<br />

LOKKA sort en cette fin de mois d'octobre, son<br />

premier album “Gold & Wax” sur le label John<br />

Venture records. Composé de Frédéric Drouin<br />

(guitare), Denis Richard (computer-band), Samuel<br />

Foucault (basse) et Nicolas Richard (batterie), ce<br />

quatuor nantais érige sur cet album son univers<br />

post rock aux ambiances noisy et métalliques qui<br />

s'éraille entre silences sans un souffle, et une basse<br />

dub. Eh oui, leurs racines musicales ont entre<br />

autres, poussé du côté de la Jamaïque. Cependant,<br />

leurs compositions rappellent parfois les structures<br />

très libres de Tortoise et ne s'attachent à aucun format<br />

avec de longs morceaux, progressifs où les<br />

machines/laptop viennent sublimer l'expérimentation.<br />

À noter aussi, l'effort de production réalisée<br />

par Charles C. Oldman (ex-membre de Man) qui<br />

n'hésite pas à mettre en relief chaque élément de<br />

cet ensemble iconoclaste.<br />

Lokka, un groupe qui prêche<br />

sans paroisse mis à part,<br />

celle de l'expérience.<br />

Yasmine Bentata<br />

Lokka<br />

Gold & Wax<br />

Joint Venture Records 2009<br />

P'tit Fat<br />

Rude Paradis<br />

q.o.d. Label 2009<br />

P’TIT FAT est un artiste<br />

mayennais, saxophoniste de<br />

formation qui, à ses heures,<br />

allume son sampler et rafistole des bouts de<br />

vinyles pour les associer aux enregistrements de<br />

ses guitares et autres ambiances de la rue. Après<br />

quelques années de bidouilles, il se décide à<br />

compiler ses meilleures perspectives : le résultat,<br />

à rapprocher des références Wax Tailor ou Dj<br />

Krush, sonne comme un vaste paysage que l’on<br />

peut contempler de tous les côtés, et sous tous<br />

les temps. On retient notamment “The Way you<br />

do”, et son étonnante mélancolie ou “Soleil por<br />

flavor”, portrait d’un certain matin de printemps.<br />

Même si l’ensemble manque encore un peu de<br />

relief, le spectacle intitulé “Rude Paradis” nous<br />

propose de jolies scénettes inspirées, nostalgiques,<br />

gaies, moroses, joviales : épanouies en<br />

somme.<br />

Julien Martineau<br />

Playlistés et programmés un peu partout, remixés<br />

par Crystal Fighters, les nouveaux pensionnaires<br />

de l’écurie hype Kitsuné, PONY PONY RUN RUN<br />

(PPRR) sont décidément le groupe du moment.<br />

Et cela ne tient pas à leur single “Hey You”. Non,<br />

les Nantais ne peuvent pas être réduits à ce titre<br />

tout en pop nonchalante. À l’instar de Phoenix, le<br />

trio cultive cette même idée d’une musique<br />

immédiate et rythmée par des mélodies accrocheuses.<br />

De celles qui squattent et marquent les<br />

esprits. PPRR semble bercé par une certaine idée<br />

vintage du rêve américain. Ce rêve américain du<br />

summer of love. En ce sens, le premier album très<br />

pop 2.0 de PPRR a le diable au corps. “You need<br />

Pony Pony Run Run” est sexy et vous fera croire<br />

à l’été sans fin.<br />

Arnaud Bénureau<br />

Pony Pony Run<br />

Run<br />

You need Pony Pony<br />

Run Run<br />

3 e Bureau / Wagram 2009<br />

Sexy Sushi<br />

Tu l'as bien mérité<br />

Scandale Records / La Baleine2009<br />

Tu l’as bien mérité ! Tu m’étonnes<br />

! Depuis le temps qu’il<br />

était annoncé, le duo SEXY<br />

SUSHI sort enfin son premier “vrai” album. Pour la<br />

toute petite histoire, Sexy Sushi c’est la rencontre<br />

d’une Mansfield TYA. et du boss du collectif électro<br />

rétro futuriste Valérie. Leur union est explosive. Dopé<br />

à l’électro clash qui tape, l’album révèle le caractère<br />

bien trempé du couple. Régressif, rentre-dedans,<br />

jouissif, Sexy Sushi n’a peur de rien. Il joue sur la<br />

corde raide du politiquement incorrect et, en bon<br />

équilibriste, évite de s’écraser face contre terre. Des<br />

morceaux comme “Rachida”, “Enfant de putain/<br />

Salope ta mère” ou encore “L’idole des connes”<br />

donnent l’impression d’avoir été composés pour les<br />

kids de Larry Clark. Ceux qui préfèrent danser à poil<br />

plutôt que de suer dans des vêtements Cyrillus.<br />

Abé<br />

www.myspace.com/ponyponyrunrun<br />

www.myspace.com/sexysushimusic<br />

29


www.myspace.com/sawfr<br />

www.myspace.com/thepatrioticsunday<br />

30<br />

SAW mérite d’être “vu”, et son patronyme, loin<br />

d’être une torture cinématographique, doit être<br />

reconnu comme le symbole d’un certain<br />

renouveau de la scène metal ligérienne. Le<br />

Poitou-Charentes a Trepalium, le sud ouest<br />

Gojira… Et nous, nous avons Saw. Moins jazzy<br />

que les premiers (quoique) et plus mélodiques<br />

que les seconds (à voir), Saw oscille entre un<br />

death metal puissant et la technicité du metal<br />

moderne. Leur album “Bipolarity” allie ces deux<br />

entités musicales pour un mix parfait entre<br />

violence et moments planants. On sent chaque<br />

morceau travaillé avec la précision et la<br />

délicatesse qui siéent à tout bon groupe de métal<br />

d’aujourd’hui. Maintenant, Saw n’a qu’un<br />

problème : le label. Le groupe a réussi à aligner<br />

pas mal de dates en trois ans d’existence et a<br />

pondu un très bon skeud. Reste à trouver<br />

quelqu’un qui leur fasse<br />

confiance. La confiance,<br />

ça se mérite. Hé bien<br />

franchement, ils le méritent !<br />

Mr Flatulens<br />

Saw<br />

Bipolarity<br />

AP 2009<br />

The Patriotic<br />

Sunday<br />

Characters<br />

Effervescence / Differ-Ant 2009<br />

Lorsque Eric Pasquereau,<br />

aka THE PATRIOTIC SUNDAY,<br />

ne s'adonne pas au rock<br />

déstructuré du groupe nantais Papier Tigre, on le<br />

retrouve à la guitare et au chant dans son projet<br />

solo définitivement pop ! “Characters” et ses onze<br />

titres signent ici l'affirmation d'une écriture talentueuse,<br />

s'arrangeant de complexes constructions<br />

pop avec une efficacité redoutable, profilant des<br />

tubes en puissance (“10 years” ou encore “Jonas”).<br />

Déjà largement repéré avec “Lay your soul bare”,<br />

son premier album, The Patriotic Sunday propose<br />

un univers revu et corrigé, bien plus percutant. Il<br />

s'est largement entouré pour l'occasion de la<br />

scène nantaise folk et rock ; ses comparses de<br />

Papier Tigre bien sûr, Jonathan Kingsley Seilman<br />

aux claviers, ou encore Carla Pallone de<br />

Mansfield TYA. Mention spéciale à Miguel<br />

Constantino pour le son de ce disque ! Une<br />

réussite pop, à découvrir désormais sur scène.<br />

Julien Nicolas<br />

Damned ! Ou plutôt Bless ! Béni soit le temps de<br />

l’avènement du nouvel album de STUBBORN,<br />

Bless This Mess ! Cessons-là toute référence<br />

lexicale totalement déplacée pour évoquer le<br />

dernier opus du plus new-yorkais des groupes de<br />

hardcore de la région. Si l’on devait résumer en<br />

un mot le combo yonnais et sa musique, ce serait<br />

constance. Constance d’esprit, sans concession<br />

aucune ; constance de style, fidèle au sacerdoce<br />

NYHC et à l’énergie du metal, trash ou power bille<br />

en tête. L’arrachage de côtes ne connaît pas de<br />

répit, il n’y a pas de petits bouts ronds aux riffs,<br />

qui piquent et tranchent comme des Ginzu 2000,<br />

les rares pauses rythmiques - qu’on ne peut<br />

décidément pas appeler “moments calmes” - ne<br />

servent qu’à installer la lourdeur imparable du<br />

rouleau compresseur, pour mieux repartir à bloc.<br />

Alors quoi de neuf vous me direz ? Et bien le gros<br />

son qui manquait tant aux<br />

précédents enregistrements<br />

et, putain, c’est bon !<br />

Benoît Devillers<br />

Stubborn<br />

Bless this mess<br />

Complot Mat'sa 2009<br />

Zenzile<br />

Pawn shop<br />

Yotanka / Discograph 2009<br />

Où a décidé de nous emmener<br />

ZENZILE cette fois-ci ?<br />

On ne doute plus de la<br />

réussite des Angevins à s’évader du bac dans<br />

lequel on tente en vain de les maintenir, un nouvel<br />

opus du groupe demeure cependant une surprise.<br />

L’entame laisse volontiers croire à un retour aux<br />

sources du dub, avec la section rythmique<br />

appuyée, les skanks et la réverb qui lui incombent,<br />

mais cela n’est naturellement pas si simple. Par son<br />

accessibilité, une présence accrue et heureuse de<br />

la voix de Jamika (et de David Alderman sur 3<br />

morceaux), Pawn Shop exhale dans l’ensemble<br />

une efficacité toute pop, sans renier l’esprit Zenzile.<br />

La douceur des mélodies ne cache pas la rugosité<br />

d’un groove contagieux, la concision ne bride pas<br />

les débordements, et la chaleur envoûtante que<br />

dégage l’excellente production de l’album<br />

n’empêche pas le son de venir gratter dans des<br />

endroits où l'on n'en a pas l’habitude. Un disque<br />

synthèse qui sonne comme un manifeste.<br />

Benoît Devillers<br />

www.myspace.com/stubbornlrhc<br />

www.zenzile.com


Coup de griffe !<br />

PAR YOANN LE NEVÉ<br />

ET L'ÉQUIPE DU FESTIVAL<br />

PHOTOS : P-MOD<br />

“Si tu veux te débarrasser de ton chien, dis qu’il a la rage”<br />

Autrement dit, pour éliminer ce qui vous gêne, commencez par le diaboliser.<br />

Les associations et groupuscules comme le CNI 1 , UNI 2 , les groupements catholiques traditionalistes l’ont très<br />

bien compris en enclenchant une vaste opération de dénigrement à l’encontre du Hellfest, avec une mauvaise<br />

foi imaginable. Mais n’arrivant pas convaincre les foules et donc en n’obtenant pas l’annulation pure et<br />

simple du festival en juin 2009, ils ont décidé d’affaiblir le festival en s’attaquant à tous les soutiens du<br />

Hellfest, soutiens si précieux pour les éditions à venir.<br />

Nous accusant de tous les maux de la terre, ils tentent et arrivent à faire pression sur nos partenaires. Les<br />

médias qui font simplement leur travail en relayant des informations parfois “trop” favorables au festival… ou<br />

tout au moins qui le présentent comme un événement pacifique, et simplement festif, sont également visés<br />

par ces diffamateurs. Fort heureusement, les conséquences sont minimes... pour l’instant. Nous avons perdu<br />

notre partenaire “limonadier” qui a cédé aux pressions faites sur leur service consommateur… Une perte sans<br />

conséquences, car ils n’étaient pas partenaires financiers du festival ; mis à part des aides techniques et de<br />

la dotation de produits, peu de choses vont changer en 2010, car ce même partenaire maintiendra sa<br />

relation avec le festival. Même s'il ne s'affiche plus en tant que partenaire. Mais nous savons maintenant qu’il<br />

nous sera difficile de trouver des sponsors importants s’ils souhaitent conserver une image lisse et<br />

consensuelle, car nos détracteurs mènent une véritable croisade contre le festival.<br />

Le Pôle a réagi et a mis en ligne une pétition. Elle a été signée par de nombreux acteurs culturels français,<br />

de nombreuses fédérations du secteur culturel, pour soutenir le Hellfest mais aussi tout simplement<br />

pour lutter contre l’obscurantisme et soutenir la diversité culturelle ! Nous profitons de cette “tribune” pour<br />

remercier les nombreux signataires !<br />

De notre côté, nous avons constitué un dossier à l’aide d’un huissier pour les attaquer en diffamation si cela<br />

est nécessaire. Mais les attaques étant diffuses et non collectives, il est difficile de se défendre face à une<br />

mobilisation tentaculaire de détracteurs… Faut-il espérer que ce lobby ne soit pas récupéré politiquement à<br />

l’approche des prochaines élections régionales, car les conséquences pourraient alors être bien plus gênantes…<br />

Quoi qu’il en soit, notre détermination et notre volonté à continuer notre aventure ne sont en rien<br />

entamées ; nous maintiendrons le Hellfest, le plus important festival de musiques actuelles des Pays de<br />

la Loire et probablement le plus international de France ! Le rendez-vous est d'ores et déjà pris pour les<br />

18, 19 et 20 juin 2010.<br />

1<br />

Centre National des Indépendants<br />

2<br />

Union Nationale Interuniversitaire<br />

HELLFEST<br />

The Hellzine, fanzine sur le festival, vient tout juste de sortir (http://hellzine.free.fr)<br />

Infos<br />

www.hellfest.fr<br />

31


32<br />

Playlists<br />

<strong>Shanky</strong> <strong>Shewba</strong>.K, musicien<br />

ZONE LIBRE, L’Angle Mort, T-Rec 2009 (rock rap)<br />

“C'est le premier album fusionnant le rap et le rock en France qui me paraît réussi. Un son énorme,<br />

un rap percutant et précis, des textes qui font mal à la tête. Pour moi, c'est une grosse tuerie et sur<br />

scène, n'en parlons même pas, ça défonce”.<br />

ROOTS MANUVA, Slime and reason, Big Dada/Ninja Tune 2008 (hip hop dub)<br />

“Roots Manuva a son style et je kiffe son son et son délire. Il revient un peu sur sa carrière et ses<br />

racines, ses sons sont toujours aussi forts et faits à son image. Son rap est super fantastique et digne<br />

d'un super héros. Il n'a rien à envier aux Américains.”<br />

ALAKYN, West Impakt, AP 2008 (rap)<br />

“L’un des meilleurs artistes rap des Pays de la Loire. Cet Angevin a un style classique et des<br />

textes pointus sur de bonnes productions.”<br />

Sylvain Girault, musicien, directeur et programmateur du Nouveau Pavillon<br />

BASHUNG, Bleu Pétrole, Barclay 2008 (chanson)<br />

“Lui c'est la classe. Il finit sur un grand disque. Du niveau de “Fantaisie Militaire”.<br />

J'aime son écriture dans l'image plus que dans le récit. Et son timbre, son phrasé...<br />

Une personnalité tellement marquante.”<br />

TIM O'BRIEN, Cornbread Nation, Sugar Hill 2005 (bluegrass)<br />

“Chanteur de bluegrass américain, violoniste, mandoliniste, guitariste, banjoïste. Il est talentueux<br />

et humble. Ça me repose de l'écouter. J'adore son timbre de voix, sa précision rythmique.<br />

Il est virtuose, mais ça ne se voit pas, c'est ça qui est bien.”<br />

FRANÇOIS ROBIN EXPÉRIENCE, Trafic sonore, AP 2009 (trad électro)<br />

“Ce trio a pour moi dix ans d'avance sur ce qui peut se faire à partir des musiques traditionnelles.<br />

Ça cartonnerait aux Trans Musicales ou sur n'importe quelle scène rock ou électro...<br />

C'est excellent et ce n'est que le début.”<br />

Yan Lemonnier, responsable du label Ego Twister<br />

PUYO PUYO, Tanzen demix, The Brain Records 2009 (électro)<br />

“Puyo Puyo invite la crème de l'électro déviante à remixer un de ses classiques, le tout pressé sur<br />

un superbe vinyl collector.”<br />

EAT RABBIT, Kiss the dolphin, Da! Heard It Records 2009 (électro)<br />

(album mp3 gratuit en téléchargement gratuit sur http://www.daheardit-records.net)<br />

“Le seul disque d'Eurobooty à ma connaissance, idéal pour un dancefloor survitaminé.”<br />

TSAR POLOZ, Zizitop - Tribute to DEUCE, AP 2009 (électro)<br />

(album mp3 gratuit en téléchargement gratuit sur http://www.tsarpoloz.com)<br />

“Un album électronique hybride étonnant.”

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