GM Moutsopoulos

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Evanghélos A. Moutsopoulos
lange, préconisé dans le Timée? Des deux éléments nommément
cités dans le Protagoras platonicien, l’un se présente comme le
plus palpablement matériel; l’autre, comme le moins corporel:
s’agirait-il des deux termes extrêmes d’une série d’éléments?
Par ailleurs, ne devrait-on pas voir dans l’expression “tout ce
qui est susceptible d’être mélangé à la terre et au feu” une indication
littéraire compréhensive des deux autres éléments, l’air
et l’eau? Cela paraît bien vraisemblable, du fait que nul autre
élément pouvant participer dans ce genre de mélange n’est
mentionné ailleurs par Platon. Le système des cinq corps respectivement
représentés par les cinq solides géométriques réguliers
dans le Timée semble constituer plus qu’un simple élargissement
du système classique des quatre éléments, et procéder d’une
conception cosmologique entièrement différente, influencée par
la spéculation mathématique. En effet, chez Empédocle l’éther
se présente comme une simple variation du feu, alors qu’à l’existence
d’un cinquième solide régulier dans le Timée suppose
l’existence d’un cinquième corps autonome.
Dans la philosophie d’Empédocle toute existence représente,
à des degrés divers, la composante de l’union des quatre éléments.
Dans le même ordre d’idées, toute inexistence résulterait
de leur décomposition. Existence et inexistence ne seraient nullement
des états stables, définitifs et inaltérables, mais de simples
éventualités qui passeraient sans cesse d’un état de latence à un
état de réalisation, et vice-versa 2 . Il va sans dire que chacun des
quatre éléments (dont le système est d’ailleurs fortement hiérarchisé,
puisque le feu, par exemple, est considéré comme étant
supérieur aux trois autres éléments qui, par conséquent, présentent
des caractères communs, malgré les différences essentielles
qui les séparent) ne s’unit aux autres que selon une faible partie
de sa totalité, et qu’en définitive il demeure fondamentalement
pur et homogène. Cette constatation entraîne deux conséquences:
d’une part, le modèle de mélange préconisé par Empédocle
n’est vraisemblablement pas étranger au modèle de base du processus
d’incorporation tel qu’il est défini par les Atomistes;
d’autre part, le modèle de pureté élémentaire appliqué à la
2 ␣ Cf. E. Moutsopoulos, “Kairos et alternance: d’Empédocle à Platon”, in Id.,
Philosophie de la culture grecque, Académie d’Athènes, Athènes 1998, pp. 49-56.