GM Moutsopoulos

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Evanghélos A. Moutsopoulos
hypothèses gratuites relatives à des considérations d’ordre historique
n’ont certes pas manqué. Ainsi, un jeune penseur grec,
disparu prématurément, et qui, il y a quelques années encore,
enseignait dans une université de province, avait-il tenté, avec
beaucoup d’imprudence, de compléter la série d’apparition des
trois principes: eau, air, feu, moyennant la série d’apparition des
cosmologies ioniennes, en interpolant, entre l’eau et l’air, l’apeiron
d’Anaximandre. Il accomplissait ainsi un travail de réduction
semblable à celui auquel Empédocle s’était livré, mais poussait,
de la sorte, l’analogie jusqu’à identifier un principe à un élément:
notamment, afin de justifier sa position plus que téméraire,
il en était arrivé à une interprétation plus que fantaisiste,
du genre de celles dont Platon se sert dans le Cratyle, du terme
d’apeiron, qu’il envisageait comme la forme dorienne du terme
d’épeiros (continent, terre ferme, par opposition à océan. Or, dans
son enthousiasme, il avait oublié de noter, en l’occurrence, ce
que, naguère encore, tout élève de troisième à l’école élémentaire
était censé connaître, c’est-à-dire que l’alpha privatif
d’apeiron est bref, et que, de ce seul fait, il ne saurait correspondre
à l’éta long d’épeiros. Du coup, toute cette théorie, pour
le moins séduisante, mais formaliste à l’extrême, et manifestement
arbitraire, s’effondre, nous épargnant ainsi la peine de
procéder à une critique plus substantielle de ses fondements.
Tant qu’une interprétation définitivement satisfaisante de l’apeiron
d’Anaximandre n’aura pas été avancée, on devra s’interdire
tout rapprochement abusif de ce terme, d’un autre terme quelconque:
l’apeiron demeure un principe irréductible à tout élément
que ce soit.
Pour en revenir à notre problématique initiale, signalons que,
d’après Empédocle, les quatre éléments se combinent selon des
rapports variées, sous le signe de l’activité attractive de la philotès,
en un nombre illimité de corps, alors que ceux-ci se désagrègent
en leurs éléments constitutifs sous le signe de l’activité répulsive
du neikos. C’est notamment la variété des rapports de combinaison
qui est, dans ce cas, responsable de la variété des corps obtenus.
Dans cette fonction ils sont supplantés par les principes
d’attraction et de répulsion, de composition et de désagrégation.
D’où l’importance de l’existence des deux domaines distincts, signalée
au début, à savoir d’un domaine d’équilibres, statique; et