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Jack s'interrompit. Il avait vu beaucoup d'ivrognerie, dans la<br />

Navy. Il avait vu se saou<strong>le</strong>r des amiraux, des lieutenants de<br />

vaisseaux, des commandants, des mousses de dix ans. Il était<br />

même arrivé, jadis, d'être ramené à bord sur une brouette. Mais<br />

il détestait qu'on soit saoul durant <strong>le</strong> service. De fait, il avait<br />

cela en horreur, surtout à une heure aussi matina<strong>le</strong>. « Peut-être<br />

ferais-je mieux d'y envoyer M. Marshall, dit-il froidement.<br />

Qu'on appel<strong>le</strong> M. Marshall !<br />

— Oh, non, monsieur ! cria Dillon, reprenant ses esprits.<br />

Pardonnez-moi... Ce n'était qu'un malaise passager... Je vais<br />

parfaitement bien. » Sur <strong>le</strong> visage du lieutenant, en effet, une<br />

rougeur malsaine avait remplacé la pâ<strong>le</strong>ur, la suée et l'air<br />

hagard.<br />

« Parfait ! » dit Jack d'un air pensif. Quelques secondes<br />

plus tard, Dillon rassemblait l'équipage du cotre avec une<br />

énergie retrouvée, courait de bas en haut, vérifiait <strong>le</strong>s armes de<br />

ses hommes et faisait claquer <strong>le</strong>s chiens de ses propres pisto<strong>le</strong>ts<br />

— aussi maître de lui que possib<strong>le</strong>. Quand <strong>le</strong> cotre fut à flanc,<br />

prêt au départ, il déclara : « Fina<strong>le</strong>ment, je vais peut-être me<br />

munir de ces signa<strong>le</strong>ments, monsieur. Je me rafraîchirai la<br />

mémoire en traversant. »<br />

La Sophie manœuvra doucement pour venir au flanc<br />

bâbord du John B. Christopher, prête à <strong>le</strong> mitrail<strong>le</strong>r et à couper<br />

sa poupe au premier mouvement suspect. Mais il n'y en eut<br />

point. Quelques cris plus ou moins ironiques — « Paul Jones !<br />

», « Comment va <strong>le</strong> roi George ?» — parvinrent du gaillard<br />

d'avant de l'Américain. Les canonniers de la Sophie, qui étaient<br />

prêts à envoyer <strong>le</strong>urs « cousins » ad patres sans la moindre<br />

hésitation (ni la moindre rancune personnel<strong>le</strong>), grimacèrent. Ils<br />

auraient volontiers réagi avec des slogans de <strong>le</strong>ur cru. Mais <strong>le</strong>ur<br />

capitaine ne l'aurait pas permis. Il n'y avait pas, dans cette<br />

mission odieuse, de place pour l'amusement. Au premier «

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