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« Ce chien ! » se dit-il, en suivant des yeux <strong>le</strong> pont de<br />

l'Algérien. Il sentit <strong>le</strong> début de la vague montante du roulis sous<br />

la proue de la Sophie, claqua la mèche contre la lumière,<br />

entendit <strong>le</strong> siff<strong>le</strong>ment et l'explosion, puis <strong>le</strong> hur<strong>le</strong>ment des<br />

essieux lorsque la pièce recula.<br />

« Hourrah ! » s'exclamèrent <strong>le</strong>s hommes du gaillard<br />

d'avant. Rien qu'une brèche à mi-hauteur, dans la grand-voi<strong>le</strong><br />

de la galère... Mais c'était la première fois qu'un de <strong>le</strong>urs tirs<br />

touchait au but. Trois autres coups. Ils entendirent <strong>le</strong> bruit : Un<br />

d'eux avait touché du métal, dans la poupe de la galère.<br />

Jack se redressa. « Continuez, monsieur Dillon, dit-il.<br />

Donnez-moi ma lunette, là. »<br />

Le so<strong>le</strong>il était si bas, maintenant, qu'il lui était diffici<strong>le</strong> de<br />

voir — il était en équilibre face à la mer, protégeant des ref<strong>le</strong>ts<br />

l'objectif de sa longue-vue, et il concentrait toute son énergie<br />

sur <strong>le</strong>s deux silhouettes à turban rouge qui se tenaient derrière<br />

<strong>le</strong> chasseur de poupe de la galère. Une bal<strong>le</strong> de mousquet<br />

frappa l'apôtre de tribord de la Sophie, et un marin lança un<br />

chape<strong>le</strong>t de furieuses obscénités. « John Lakey a écopé... C'est<br />

assez cruel... dit quelqu'un à voix basse, près de Jack. Dans <strong>le</strong>s<br />

bourses... » A côté de lui, <strong>le</strong> canon tonna. Mais avant même<br />

que la fumée atteigne la galère, il prit sa décision. L'Algérien<br />

gaspillait son vent — il choquait ses écoutes pour que ses<br />

voi<strong>le</strong>s (qui semblaient pourtant gonflées) ne tirent pas au<br />

maximum de <strong>le</strong>urs capacités. C'était pour cela que la pauvre<br />

vieil<strong>le</strong> et lourde Sophie, s'épuisant furieusement, toujours à la<br />

limite de la rupture, gagnait légèrement sur cette galère<br />

implacab<strong>le</strong>, fine et bien coupée. L'Algérien <strong>le</strong> faisait courir en<br />

pure perte... Car il pouvait <strong>le</strong> distancer à tout moment. Mais<br />

pourquoi ? Pour l'éloigner du chat, voilà pourquoi ! Et se<br />

garder la possibilité de démâter la Sophie, de la balayer à loisir<br />

(car la galère ne dépendait pas du vent) et de s'en emparer,

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