Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Figure 1. Dr Adolfo<br />
Lutz (1855-1940)<br />
PAULO R. CUNHA<br />
74<br />
l’expulsion du sol portugais <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison royale <strong>de</strong> Braganza, causée par l’invasion <strong>de</strong><br />
Napoléon. L’arrivée en 1808 <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille royale au Brésil eut quelques bénéfices, comme<br />
<strong>la</strong> création <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières écoles <strong>de</strong> chirurgie du pays, à Salvador et à Rio <strong>de</strong><br />
Janeiro, appelées académies médico-chirurgicales (1815).<br />
Même si dans les premiers temps <strong>la</strong> qualité pédagogique fut discutable, les élèves qui<br />
y obtinrent leur diplôme occupèrent progressivement les postes détenus jusque-là par<br />
<strong>de</strong>s professionnels étrangers, donnant à l’enseignement médical <strong>de</strong> base lusitanienne<br />
une certaine empreinte tropicale. À partir <strong>de</strong> 1822, indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation<br />
politique, le modèle français fut le modèle pédagogique adopté.<br />
Le 3 octobre 1832, ces établissements é<strong>la</strong>rgirent leur structure, conservant le cours<br />
<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, celui <strong>de</strong> pharmacie et celui sur les accouchements.<br />
Les premières recherches<br />
La plupart <strong>de</strong>s premiers travaux scientifiques entrepris en <strong>de</strong>rmatologie n’ont pas été<br />
réalisés dans ces facultés, mais résultèrent du climat propice à <strong>la</strong> recherche que promouvaient<br />
ces institutions. Le Dr Meirelles <strong>de</strong> Pernambuco, promoteur et fondateur <strong>de</strong><br />
l’Académie nationale <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine actuelle, écrivit en 1827 sur l’Elephantiasis graecorum,<br />
actuellement connu sous le nom <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Hansen. Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre à<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s eaux thermales <strong>de</strong> Goiás préconisé par João Maurício Faivre fut récusé par De<br />
Simoni après <strong>de</strong>s examens minutieux. Les <strong>de</strong>ux mé<strong>de</strong>cins fondèrent l’Académie nationale<br />
<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine.<br />
Malgré les remises en question, l’empereur Pierre II désigna Faivre pour traiter les<br />
lépreux à l’hôpital <strong>de</strong>s Lazares, à São Cristóvão, Rio <strong>de</strong> Janeiro. En 1838, Abreu e Lima<br />
constata que <strong>la</strong> lèpre n’était pas héréditaire mais contagieuse, et qu’elle pouvait affecter<br />
toutes les c<strong>la</strong>sses sociales.<br />
Entre 1861 et 1869, le naturaliste et chimiste T. Pecolt introduisit l’huile <strong>de</strong> sapucaína<br />
(Carpotroche brasiliensis) pour le traitement <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong>rmatoses; un constat ultérieur<br />
prouva que cette huile contient aussi du soufre. On décida alors d’é<strong>la</strong>borer une émulsion<br />
pour le traitement <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s atteints <strong>de</strong> gale et <strong>de</strong> <strong>de</strong>rmatophytose.<br />
Plusieurs thèses <strong>de</strong> doctorat sur <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau, dont <strong>la</strong> plupart n’étaient que<br />
<strong>de</strong> simples dissertations n’apportant aucune contribution scientifique, furent présentées<br />
pendant cette pério<strong>de</strong>. Plus <strong>de</strong> vingt travaux furent également consacrés à <strong>la</strong> lèpre, à <strong>la</strong><br />
syphilis, aux tuméfactions et aux <strong>de</strong>rmatoses ; parmi eux, plusieurs étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> bouba<br />
— considérée comme <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>la</strong> plus redoutable <strong>de</strong> l’époque coloniale et impériale —,<br />
telles Bouba, <strong>de</strong> Bernardo Clemente Pinto (1835), F.B. Fiúza (1856) et Gama Lobo (1858) ;<br />
Mémoire sur <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die appelée vulgairement bouba, <strong>de</strong> Joaquim Jerônimo Serpa (1842-<br />
44) ; L’origine du nom bouba, variété, traitement, extirpation, <strong>de</strong> João Alves <strong>de</strong> Moura<br />
(1849) ; Considérations brèves sur <strong>la</strong> bouba et son diagnostic différentiel, <strong>de</strong> Gregorio<br />
Pereira <strong>de</strong> Miranda Pinto (1866) ; Les boubas, leurs nature et traitement, <strong>de</strong> Eusébio<br />
<strong>de</strong> Martins Costa (1884).<br />
Quant à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die d’origine africaine appelée ainhum ou dactylite amputante, il<br />
existe d’autres thèses <strong>de</strong> doctorat telles que Un cas <strong>de</strong> ainhum, <strong>de</strong> Carlos Moncorvo <strong>de</strong><br />
Figueiredo (1875); Ainhum. Étu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die connue sous ce nom, <strong>de</strong> Domingos <strong>de</strong><br />
Almeida Martins Costa (1875); Un cas <strong>de</strong> ainhum, <strong>de</strong> José Pereira Guimarães (1877) et<br />
Du ainhum, <strong>de</strong> Antônio Pacheco Men<strong>de</strong>s (1880).<br />
Le Pr Luiz Chaves <strong>de</strong> Faria publia <strong>de</strong>ux travaux méritoires : Précis <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies<br />
cutanées (1887) et Ma<strong>la</strong>dies vénériennes (1904).<br />
Les notables contributions d’Adolfo Lutz (1855-1940) dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> nosologie<br />
tropicale (figure 1) parurent entre 1888 et 1899. Lors <strong>de</strong> son résidanat au sein<br />
du fameux Dermatologium <strong>de</strong> Hambourg, sous l’égi<strong>de</strong> du Dr Unna, il décrivit avec le<br />
maître allemand les formes cocoï<strong>de</strong>s du bacille <strong>de</strong> Hansen (1886).