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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS<br />

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personnes physiquement fortes et saines, avec <strong>de</strong> bonnes <strong>de</strong>nts et une gran<strong>de</strong> résistance<br />

pour les travaux physiques. Les ma<strong>la</strong>dies cutanées étaient rares, peut-être en raison <strong>de</strong>s<br />

bains qu’ils prenaient assidûment et <strong>de</strong> <strong>la</strong> teinture <strong>de</strong> rocou qu’ils appliquaient sur leur<br />

peau, dans un but esthétique et comme signe d’i<strong>de</strong>ntité. Actuellement, on reconnaît à<br />

cette teinture une certaine vertu contre les piqûres d’insectes.<br />

Les aborigènes et les peuples primitifs ne considéraient pas les ma<strong>la</strong>dies comme le produit<br />

<strong>de</strong> l’action d’un agent invisible et intangible; soit elles étaient dues à l’influence exercée<br />

par un ennemi, soit elles constituaient le résultat <strong>de</strong> l’emprise d’un esprit malin ou <strong>de</strong><br />

quelque chose <strong>de</strong> surnaturel lié à <strong>de</strong>s croyances religieuses. Ce<strong>la</strong> justifie l’existence parmi<br />

ces peuples <strong>de</strong> personnages capables <strong>de</strong> les délivrer <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies avec <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s curieuses<br />

et primitives telles que l’exorcisme, les enchantements, les prières, les émanations<br />

<strong>de</strong> fumée, l’ingestion <strong>de</strong> breuvages, les danses, les gestes, <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> mains et <strong>de</strong>s tours<br />

<strong>de</strong> magie; tout ceci visait à invoquer l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s esprits, les effrayer ou réussir à les expulser<br />

du corps du ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Ces métho<strong>de</strong>s étaient appliquées aux ma<strong>la</strong>dies en général, et les<br />

pathologies <strong>de</strong>rmatologiques n’étaient sûrement pas une exception 1 .<br />

Les peuples natifs souffrirent <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies cutanées; parmi celles-ci, le carate (carare,<br />

pinta), l’impétigo et d’autres infections telles que <strong>la</strong> tungose (nigua ou pique), <strong>la</strong> pédiculose<br />

(poux), <strong>la</strong> gale (Sarcoptes scabiei), les myiases, <strong>la</strong> leishmaniose (mal <strong>de</strong>s An<strong>de</strong>s ou uta), les intoxications<br />

et piqûres d’insectes et les morsures <strong>de</strong> reptiles étaient les plus courantes. En ce<br />

qui concerne <strong>la</strong> syphilis, certains auteurs affirment que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die fut importée en Europe<br />

lors du retour <strong>de</strong>s découvreurs et <strong>de</strong>s conquistadors, tandis que d’autres croient le contraire.<br />

Les indigènes utilisaient beaucoup <strong>de</strong> préparations d’origine animale, végétale et minérale<br />

pour traiter les affections cutanées. Ils employaient <strong>de</strong>s racines, <strong>de</strong>s tiges, <strong>de</strong>s<br />

fleurs, <strong>de</strong>s résines, <strong>de</strong>s extraits et <strong>de</strong>s poudres <strong>de</strong> diverses p<strong>la</strong>ntes, y compris l’anaco ou<br />

guayacán, utilisé plus tard comme traitement spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> syphilis par <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine espagnole<br />

et d’autres pays du mon<strong>de</strong>. Ils employaient aussi différents baumes pour guérir<br />

les blessures, ainsi que plusieurs herbes et p<strong>la</strong>ntes : barro macho, mangle rouge, agave,<br />

anacardier, pois gratté (p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong>s Caraïbes), salsepareille, vera, entre<br />

autres; le figuier était employé comme kératolytique et <strong>la</strong> canthari<strong>de</strong> comme caustique.<br />

Le rocou, connu sous d’autres noms selon les tribus et les régions (achote, bija ou bijo,<br />

écorce <strong>de</strong> bijo, urucú, roucou, achioti, safran), était fréquemment utilisé pour se protéger<br />

du soleil et <strong>de</strong>s piqûres <strong>de</strong>s insectes. Les tribus <strong>de</strong> l’ouest utilisaient <strong>la</strong> coca (Erythroxylon<br />

coca ou peruvianum), elles en mâchaient les feuilles mé<strong>la</strong>ngées à <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaux.<br />

Elles employaient aussi <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes du genre Datura (so<strong>la</strong>nacées), riches en<br />

alcaloï<strong>de</strong>s, atropine, hyoscyamine et hyocine ou scopo<strong>la</strong>mine, afin <strong>de</strong> se saouler, en les<br />

mé<strong>la</strong>ngeant avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> chicha ou d’autres boissons qui favorisaient leur effet.<br />

La morelle noire ou yocoyoco (So<strong>la</strong>num niarum) était fréquemment utilisée pour guérir<br />

les affections <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau présentant <strong>de</strong> « petites bombes » (vésicules), les infections<br />

herpétiques, l’impétigo, <strong>la</strong> gale et les ulcères (p<strong>la</strong>ies). Son emploi est toujours en vigueur.<br />

La camomille (Rhus striata, Hippomane mancine<strong>la</strong>) fut aussi employée pour <strong>de</strong>s affections<br />

cutanées semb<strong>la</strong>bles à celles traitées avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> morelle noire. On sait actuellement<br />

que les effets bénéfiques <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ntes sont dus à l’aci<strong>de</strong> tannique qu’elles<br />

contiennent et qui leur confère un effet astringent.<br />

La tusil<strong>la</strong> (Dorstenia contrahierba) était employée sur les affections prurigineuses<br />

comme l’urticaire et sur les affections <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone génitale.<br />

Le curare — extrait végétal obtenu <strong>de</strong> différentes espèces du genre Strychnos, qui<br />

pousse en abondance aux bords <strong>de</strong> l’Orénoque — est un puissant paralysant du muscle<br />

strié. Les indigènes l’utilisaient possiblement pour traiter les contractures muscu<strong>la</strong>ires et<br />

le tétanos, bien qu’il fût principalement employé contre les conquistadors : il était appliqué<br />

sur <strong>la</strong> pointe <strong>de</strong>s flèches afin <strong>de</strong> causer <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> l’ennemi par paralysie respiratoire.<br />

Ils connaissaient aussi certaines herbes qui empêchaient l’action du venin lorsque, une fois<br />

pilées, elles étaient appliquées sur les blessures produites par <strong>de</strong>s flèches empoisonnées 1, 3, 4 .

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