Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
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ROBERTO RAMPOLDI BESTARD<br />
L’histoire officielle nous dit qu’il s’agissait <strong>de</strong>s quatre <strong>de</strong>rniers Charruas, mais il n’en<br />
fut pas ainsi : après <strong>la</strong> tuerie, <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s femmes furent répartis entre les familles<br />
<strong>de</strong> Montevi<strong>de</strong>o; plusieurs hommes fuirent, d’autres se réfugièrent là où il fut impossible<br />
<strong>de</strong> les retrouver, même <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière.<br />
L’entrepreneur François <strong>de</strong> Curel les amena en France dans le but <strong>de</strong> les présenter<br />
au roi et aux sociétés scientifiques. Ils furent exhibés dans un cirque inhumain; le célèbre<br />
Chopin se trouvait parmi les spectateurs.<br />
Quelques mois plus tard, Senaqué mourut, ensuite Vaimaca et finalement Guyunusa,<br />
atteinte <strong>de</strong> tuberculose. Cependant, avant <strong>de</strong> mourir, elle mit au mon<strong>de</strong> un fils <strong>de</strong> Tacuabé,<br />
qui fuit avec l’enfant et se perdit en France sans <strong>la</strong>isser aucune trace. On n’en sut<br />
pas davantage 11, 12, 13, 14, 15 .<br />
Contrairement au reste <strong>de</strong> l’Amérique, il n’existe actuellement pas <strong>de</strong> communautés<br />
indigènes en Uruguay. Depuis plus <strong>de</strong> cent ans, il n’y a pas d’Indiens autochtones<br />
sur notre territoire mais uniquement leurs <strong>de</strong>scendants, qui sont actuellement regroupés<br />
en diverses institutions dont les objectifs sont très variés. Depuis presque<br />
vingt ans, ils mènent <strong>de</strong>s recherches sur leurs ancêtres, organisent <strong>de</strong>s conférences et<br />
<strong>de</strong>s événements culturels, récupèrent <strong>de</strong>s symboles et <strong>de</strong>s mots longtemps gardés,<br />
qu’ils chantent même. Jusqu’en 1991, les premiers recensements comptaient 120 familles<br />
(360 individus) <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendants. Des données plus récentes font état <strong>de</strong> 500 000<br />
individus 16 .<br />
Les étu<strong>de</strong>s d’anthropologie biologique, entreprises par les Drs Mañe Garzón et Nora<br />
Sans en 1985, se poursuivent aujourd’hui sur le territoire. Les recherches menées par le<br />
Dr Sans à Tacuarembó montrent que plus <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion possè<strong>de</strong><br />
une origine indigène. Parmi cette popu<strong>la</strong>tion, 59 % <strong>de</strong>scend <strong>de</strong>s indigènes par <strong>la</strong> voie maternelle,<br />
ce qui montre qu’en Uruguay, tout comme en Amérique Latine, il y eut <strong>de</strong>s<br />
unions entre les femmes natives et les Européens. Les chiffres se répètent dans d’autres<br />
points du territoire, mais ils sont moindres 11 . Ces étu<strong>de</strong>s certifient qu’une part importante<br />
<strong>de</strong> sang américain est conservée chez nos habitants : nous, membres <strong>de</strong> cette nation,<br />
ne sommes pas alors seulement <strong>de</strong>s immigrants européens ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong><br />
ces immigrants 17 .<br />
■ Les voyages dans le Paranaguazú dans le (Rio Paranaguazú <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ta) (Rio <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ta)<br />
402<br />
Tous les documents écrits sur l’Uruguay indigène proviennent <strong>de</strong> l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Conquête et <strong>de</strong>s siècles ultérieurs. Du fait que les peuples aborigènes ne connaissaient<br />
pas l’écriture, il fallut avoir recours aux chroniques <strong>de</strong>s voyageurs et aux recherches archéologiques,<br />
anthropologiques et philologiques pour les étudier. Parfois les récits sont<br />
le fait <strong>de</strong> personnes peu informées qui ne s’intéressent point à l’ethnographie, mais ils<br />
sont quand même très précieux.<br />
Paranaguazú (fleuve <strong>la</strong>rge comme <strong>la</strong> mer) était le nom que les indigènes donnaient<br />
au Rio <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ta; ce <strong>de</strong>rnier nom provient d’une interprétation erronée car on pensait<br />
que nos territoires étaient riches en métaux; <strong>la</strong> dénomination se perpétue cependant.<br />
Avant d’être l’effrayante « tombe <strong>de</strong>s navigants », comme le prouvent les multiples<br />
naufrages causés par les redoutables vents pamperos et par les bancs <strong>de</strong> sable <strong>de</strong> son lit,<br />
le Rio <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ta fut le sépulcre <strong>de</strong>s illusions. Son entrée <strong>la</strong>rge empêcha l’arrivée dans<br />
les entrailles argentifères d’Amérique où se trouvait <strong>la</strong> légendaire Sierra <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ta, l’actuel<br />
Potosí 18 .<br />
À son arrivée au Paranaguazú en 1502, Amerigo Vespucci l’appe<strong>la</strong> Rio Jordán 19 . En<br />
1516, l’expédition <strong>de</strong> Juan Díaz <strong>de</strong> Solís entama une série <strong>de</strong> navigations telle une compétition<br />
entre l’Espagne et le Portugal pour chercher le passage vers le Pacifique et découvrir<br />
les chemins vers les terres <strong>de</strong>s trésors. Avant Solís, d’autres navigants y étaient passés,