24.06.2013 Views

Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Les indigènes <strong>de</strong> l’Uruguay et leur rapport à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie<br />

Selon une légen<strong>de</strong> indigène, <strong>la</strong> première jeune fille charrua morte en défendant son<br />

peuple <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>iras fut enterrée dans le versant d’une colline; son compagnon, <strong>de</strong>meuré<br />

à côté <strong>de</strong> sa tombe pendant plusieurs jours, mourut au cours d’un combat ultérieur<br />

et fut enterré à côté <strong>de</strong> sa bien-aimée.<br />

Quelque temps après, le corps <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune fille surgit <strong>de</strong> terre sous <strong>la</strong> forme d’un ceibo<br />

aux fleurs rouges; un oiseau à plumage rouge qui surveil<strong>la</strong>it l’horizon s’était posé sur ses<br />

branches : c’était le cœur du Charrua. Le moucherolle vermillon épris <strong>de</strong> liberté rappelle<br />

au peuple charrua qu’il ne doit jamais accepter l’esc<strong>la</strong>vage; <strong>la</strong> fleur rouge du ceibo<br />

constitue aujourd’hui notre fleur nationale 8 .<br />

Les ban<strong>de</strong>irantes étaient <strong>de</strong>s groupes armés créés à Sao Paulo qui fonctionnaient<br />

comme une entreprise très bien organisée, recrutant <strong>de</strong>s Indiens pour les vendre aux<br />

p<strong>la</strong>ntations <strong>de</strong> sucre et aux haciendas <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. Sao Paulo avait été fondée en 1543<br />

sur le bord même <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> démarcation du traité <strong>de</strong> Tor<strong>de</strong>sil<strong>la</strong>s, signé entre l’Espagne<br />

et le Portugal pour délimiter l’étendue territoriale portugaise en Amérique 9 .<br />

Les tueries et les persécutions contre les Charruas se poursuivirent pendant plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux siècles. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille du Yí (1703) les forces alliées entre les Tapes et les Espagnols<br />

décimèrent 300 Charruas. En 1751, le gouverneur Joaquín <strong>de</strong> Viana donna l’ordre<br />

<strong>de</strong> les « égorger ». Le « corps <strong>de</strong> B<strong>la</strong>n<strong>de</strong>ngues » fut créé en 1797 pour mener une « lutte<br />

sans merci contre les infidèles »; on pourrait citer davantage d’épiso<strong>de</strong>s du genre 10 .<br />

Le 18 avril 1831, le général Rivera, premier prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, tua sauvagement<br />

les membres <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières tribus charruas au cours d’une embusca<strong>de</strong> au niveau<br />

du ruisseau Salsipue<strong>de</strong>s. Ses fidèles soldats d’antan y furent réunis sous prétexte <strong>de</strong> promouvoir<br />

un traité <strong>de</strong> paix qui finit en trahison.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt Rivera écrivit au général Laguna, à qui on avait <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> rassembler<br />

les Charruas : « lnsufflez-leur <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> confiance et assurez-les <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne disposition<br />

et <strong>de</strong> l’amitié du prési<strong>de</strong>nt envers eux… » La raison invoquée par le gouvernement<br />

était que les Charruas occupaient <strong>de</strong>s terres qui étaient adjugées (alors qu’ils y habitaient<br />

<strong>de</strong>puis trois mille cinq cents ans) et que Rivera vou<strong>la</strong>it « pacifier <strong>la</strong> campagne ».<br />

Le groupe armé <strong>de</strong> Salsipue<strong>de</strong>s était formé par <strong>de</strong>s Guaranis originaires du Paraguay, par<br />

<strong>de</strong>s bataillons d’Argentins et <strong>de</strong> Brésiliens sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s propriétaires <strong>de</strong>s haciendas<br />

et par l’armée nationale, commandée par le prési<strong>de</strong>nt Rivera et son neveu Bernabé Rivera;<br />

celui-ci fut exécuté quelque temps après par un groupe <strong>de</strong> Charruas sous les ordres du chef<br />

cacique Sepé, qui avait promis <strong>de</strong> se venger du « traître Dom Frutos Rivera » 11, 12, 13 .<br />

Lorsque nous parlons <strong>de</strong> l’ethnoci<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Charruas, il ne faut pas oublier qu’il fut longuement<br />

analysé et p<strong>la</strong>nifié. Avant <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r l’« opération Salsipue<strong>de</strong>s », on avait pensé<br />

à les envoyer en Patagonie ou à les expulser vers le Brésil.<br />

En 1831, José El<strong>la</strong>uri, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guerre, signait un décret permettant aux Charruas<br />

d’être embarqués « sans leur permettre <strong>de</strong> débarquer au port ». Le Charrua Ramón<br />

Mataojo fut envoyé en France, les archives indiquant une hospitalisation à Toulon du 22<br />

au 29 avril 1832; il mourut sur le bateau du retour le 21 septembre 11 .<br />

Vers <strong>la</strong> même époque plusieurs Charruas étaient exilés dans les îles Malouines. Commandés<br />

par Antonio Rivero, <strong>de</strong> <strong>la</strong> province argentine d’Entre Ríos, ils attaquèrent l’établissement<br />

<strong>de</strong> Luis Vernet, à Puerto Soledad (26 août 1833). Quelques-uns d’entre eux furent<br />

emprisonnés et exilés ensuite à Valparaíso, tandis que d’autres moururent au combat.<br />

Les Malouines abritent les tombes <strong>de</strong>s Charruas qui luttèrent en 1833 pour défendre<br />

<strong>la</strong> souveraineté argentine et <strong>américaine</strong> <strong>de</strong>s îles. En 1982, lorsque celles-ci furent occupées<br />

par l’armée argentine, l’endroit prit le nom <strong>de</strong> Capitán Rivero, en souvenir <strong>de</strong>s actions<br />

<strong>de</strong> cet indigène d’Entre Ríos; il <strong>de</strong>vint ensuite Puerto Argentino et il porte<br />

actuellement le nom <strong>de</strong> Port Stanley 11, 13 .<br />

Quatre survivants <strong>de</strong> Salsipue<strong>de</strong>s furent conduits en France le 25 février 1833 : Vaimaca<br />

Pirú et Tacuabé — qui avaient lutté pour l’indépendance avec Artigas et Rivera —,<br />

Guyunusa et Senaqué (mé<strong>de</strong>cin-chaman).<br />

401

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!