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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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<strong>Histoire</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie au Pérou<br />

étaient restés un temps assez court dans les localités propices à <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> l’uta.<br />

Cet auteur soupçonna le renard d’être un réservoir probable étant donné sa sensibilité à<br />

l’infection expérimentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> leishmaniose, même si l’infection naturelle ne fut pas<br />

prouvée, ni chez les autres animaux examinés à l’époque.<br />

En 1950 32 , Marroquín considéra que l’homme pouvait être un réservoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die<br />

soit dans le cas d’une infection active ou d’une convalescence, soit qu’il s’agisse d’un porteur<br />

sain, en prenant comme base <strong>la</strong> conception <strong>de</strong> Weiss 9 : le germe peut subsister longtemps<br />

dans <strong>la</strong> peau, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die se manifestant à l’occasion d’un traumatisme.<br />

La possibilité que l’homme soit le réceptacle décisif pour expliquer l’endémie est<br />

discutable. La possibilité que le chien qui accompagne toujours l’homme, en soit un<br />

autre l’est tout autant. En étudiant l’épidémiologie <strong>de</strong> l’uta, Herrer dit en 1951 33 : « Il<br />

existe <strong>de</strong>s endroits inhabités et exempts <strong>de</strong> toute culture où <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die peut toutefois<br />

être contractée. Ce phénomène est si fréquent que les éleveurs le connaissent bien ; ils<br />

appellent même ces endroits par <strong>de</strong>s noms très expressifs tels que l<strong>la</strong>gay-puquio, l<strong>la</strong>gay-cueva,<br />

l<strong>la</strong>gay-pampa, c’est-à-dire sources, grottes et p<strong>la</strong>ines où l’on peut attraper<br />

<strong>la</strong> leishmaniose. Cette caractéristique est sans doute liée à <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> quelque animal<br />

sauvage agissant comme réservoir. »<br />

Certains chercheurs <strong>de</strong> divers pays constatèrent <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> Leishmanies chez plusieurs<br />

mammifères sauvages. Au début, on considéra que <strong>la</strong> leishmaniose était une zoonose,<br />

mais ensuite il fut prouvé que dans plusieurs cas les foyers <strong>de</strong> leishmaniose animale<br />

n’avaient aucun rapport avec l’homme si les vecteurs n’étaient pas anthropophiles. La<br />

transmission est souvent occasionnelle si l’homme fait irruption par acci<strong>de</strong>nt dans un foyer<br />

<strong>de</strong> leishmaniose animale; ceci mena Laison et Show 39 à affirmer que « l’homme <strong>de</strong>vrait être<br />

perçu comme un hôte acci<strong>de</strong>ntel qui ne joue aucun rôle important dans le maintien <strong>de</strong>s parasites<br />

dans <strong>la</strong> nature ».<br />

Le bi<strong>la</strong>n du traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion souffrant <strong>de</strong> leishmaniose au Pérou est décourageant,<br />

surtout pour les formes malignes cutanéo-muqueuses ; les agents thérapeutiques<br />

dont on dispose sont insuffisants, et <strong>la</strong> situation sociale et économique <strong>de</strong>s<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s est précaire. Cette pathologie touche les secteurs les plus démunis <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,<br />

et les lésions muti<strong>la</strong>ntes et déformantes provoquent leur marginalisation sociale.<br />

Le tartare émétique, introduit au Brésil par Viana en 1912 et employé par Julián Arce<br />

pour <strong>la</strong> première fois au Pérou en 1915, fut l’un <strong>de</strong>s premiers recours thérapeutiques<br />

pharmacologiques utilisés pour le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> leishmaniose tégumentaire. En 1916,<br />

Escomel 48 publia ses expériences avec ce traitement. Pour les cas cutanés, il avait <strong>de</strong>s résultats<br />

favorables, mais l’action était uniquement palliative ou complètement inefficace<br />

pour les formes cutanéo-muqueuses.<br />

À cause <strong>de</strong> sa forte toxicité, le tartare émétique fut remp<strong>la</strong>cé par d’autres antimoniaux<br />

trivalents à l’origine (intramuscu<strong>la</strong>ires comme le neo-antimosan « Repodral »,<br />

« Fuadina ») et pentavalents par <strong>la</strong> suite (« Neoestibosan » et « Solustibosan », retirés<br />

du marché par les fabricants car ils ne convenaient pas à leurs intérêts) ; il ne resta que<br />

le « Glucantime », utilisé <strong>de</strong> façon intramuscu<strong>la</strong>ire ou endoveineuse avec <strong>de</strong>s résultats<br />

curatifs dans les phases initiales ou dans les formes pures <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, mais dont <strong>la</strong> réponse<br />

était irrégulière pour les formes cutanéo-muqueuses.<br />

L’amphotéricine B (« Fungisone ») endoveineuse, employé à l’origine (1966) au Pérou<br />

par Zegarra Araujo 49 , procura <strong>de</strong>s avantages thérapeutiques pour les formes cutanéomuqueuses<br />

(espundia) <strong>de</strong> leishmaniose péruvienne, malgré sa néphrotoxicité prononcée.<br />

On étudie actuellement les p<strong>la</strong>ntes médicinales dont faisaient usage les Péruviens pour<br />

soigner cette ma<strong>la</strong>die tenter d’en extraire, les principes actifs susceptibles d’être utiles du<br />

point <strong>de</strong> vue thérapeutique. Ces recherches ont lieu <strong>de</strong>puis 2003 grâce à une convention<br />

conclue entre le Pérou et le Japon. Le groupe <strong>de</strong> chercheurs, intégré par <strong>de</strong>s Péruviens et<br />

<strong>de</strong>s Japonais, est dirigé pour <strong>la</strong> partie péruvienne par les Drs Fernando Cabieses (recteur<br />

<strong>de</strong> l’université scientifique du sud, Lima) et Zuño Burstein (UNMSM), et compte sur <strong>la</strong><br />

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