Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
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lèvres et le nez, renferme des objections assez sérieuses. » Parmi ces objections, on ne
peut pas affirmer que les huacos proviennent d’endroits proches des foyers d’uta; certains
d’entre eux présentent des mutilations des extrémités sous une forme et un aspect
différents des lésions provoquées par l’uta; les figures montrent une cloison nasale entière
et parfois augmentée, contrairement à ce qui arrive dans les cas de leishmaniose ;
les figures ne représentent pas de lésions sur les pavillons auriculaires, plaie propre à la
maladie qui ne serait pas passée inaperçue aux yeux des potiers précolombiens. Au
contraire, ce chercheur fournit des considérations basées sur la répartition géographique
de l’uta, qui pourraient indiquer son ancienneté notable.
Comme nous le voyons, les arguments utilisés peuvent être discutables, mais il est évident
que tout le monde est d’accord pour admettre l’ancienneté de la leishmaniose au
Pérou.
Histoire de l’identification étiologique de la leishmaniose tégumentaire au Pérou
Le Dr José Julián Bravo peut être mentionné comme précurseur de l’identification
étiologique de la leishmaniose tégumentaire dans notre milieu ; cité par Weiss 9 , il identifia
en 1852 l’uta au bouton d’Alep. Toutefois, en accord avec Urcia 20 , ces lésions furent
cataloguées comme étant des formes de tuberculose cutanée en raison de l’influence de
Smith Archibald. Cette théorie sur l’origine lupique, Palma 22 démontrant que la tuberculose
n’intervenait pas dans sa détermination, fut en vigueur jusqu’en 1908. Cependant,
Escomel 23 communiqua en 1911 la découverte de la forme flagellée de Leishmanies dans
un cas d’espundia. Laveran et Nattan Larrere trouvèrent des Leishmanies se rapportant
à des cas d’espundia dans du matériel fourni par Escomel. En 1912, Wenyon 24 fit des découvertes
similaires qui l’amenèrent à penser que l’espundia était une leishmaniose. En
1913, Vélez et Monge 25 prouvèrent l’étiologie leishmaniosique de processus ulcéreux
dans la vallée de Convención (Cuzco). Simultanément Gastiaburú et Rebagliati 26 trouvèrent
des Leishmanies dans des cas d’uta. Finalement, suite à l’obtention de la forme flagellée
et aux résultats positifs constatés après des inoculations chez des animaux, la
commission de l’université de Harvard conclut dans un rapport publié par Strong en
1914 que l’uta était une leishmaniose 27 .
Le problème de l’identification étiologique des leishmanioses tégumentaires au Pérou
fut ainsi résolu, aussi bien pour sa variété cutanée pure (uta) que pour la forme cutanéomuqueuse
(espundia).
Quelques considérations autour de l’écologie, l’épidémiologie et l’histoire de l’étude des
vecteurs, des réservoirs et du traitement de la leishmaniose tégumentaire au Pérou
Plusieurs chercheurs contribuèrent à la connaissance de la répartition géographique
de cette affection au Pérou ; nous distinguerons parmi eux, par ordre chronologique : Raimondi
en 1885 28 , Pagaza en 1904 29 , Escomel en 1911 30 , Urcia en 1913 20 , Weiss, Rojas et
Guzmán-Barrón en 1924 31 , Kuczynski-Godard en 1945 34 , Marroquín en 1950 32 , Cornejo
Ubillus en 1951 10 , plusieurs communications de Herrer, de l’Institut national de la santé,
depuis 1951 33 , Acurio et Valdieso en 1964 35 , Burstein en 1964 13 , plusieurs travaux de Tejada
publiés à partir de 1970 36 et bien d’autres études plus récentes de divers chercheurs.
Quant aux espèces vecteurs de la leishmaniose tégumentaire au Pérou, les études ne
furent pas encore complétées de preuves expérimentales décisives permettant d’affirmer
quelles espèces de Phlebotomus (Lutzomyias) servaient de vecteurs à la Leishmanie. En
1943, Pesce et Pardo 37 trouvèrent dans la province d’Andahuaylas (la zone endémique de
l’uta) deux espèces de Plebotomus classifiés par Hertig comme Ph. battistini (Hertig, 1943).
Étudiant le rapport entre la leishmaniose tégumentaire et le Phlebotomus, Herrer 38
considéra en 1951 que, sur le versant occidental des Andes, le Ph. verrucorum et le Ph.
peruensis avaient un lien très étroit avec la répartition géographique de l’uta. Ce