Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
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ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN<br />
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<strong>de</strong>stiné à « guérir les misérables Indiens qui mouraient comme <strong>de</strong>s bêtes dans les<br />
champs et dans les rues », selon Córdova y Urrutia, commença à être édifié vers 1549 ;<br />
ils mouraient surtout à cause <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies infectieuses. L’hôpital <strong>de</strong> San Andrés fut<br />
fondé en 1556 pour soigner les Espagnols 3 .<br />
La lèpre infecta le sol américain ; en conséquence, et suivant l’initiative d’Antón Sánchez,<br />
il fallut fon<strong>de</strong>r en 1546 un hôpital appelé hôpital <strong>de</strong> San Lázaro, qui accueillit bientôt<br />
plusieurs patients ; les esc<strong>la</strong>ves africains étaient très sujets à <strong>la</strong> lèpre et à <strong>la</strong> variole.<br />
Peu après <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conquête, d’autres hôpitaux furent fondés à Lima et dans diverses<br />
villes du Pérou comme Cuzco, Trujillo, Huamanga et Arequipa. Dans ces cas-ci,<br />
l’initiative provenait <strong>de</strong>s religieux et <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité.<br />
Le Real Tribunal <strong>de</strong>l Protomedicato fut créé au Pérou par le roi Philippe II pour contrôler<br />
<strong>la</strong> profession médicale; il fut inauguré en 1570 à l’époque du vice-roi Toledo. Une décision<br />
royale datée <strong>de</strong> 1501 permit l’introduction <strong>de</strong>s esc<strong>la</strong>ves africains en Amérique;<br />
ceux qui venaient <strong>de</strong> Panamá apportaient beaucoup <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies, comme <strong>la</strong> variole, <strong>la</strong><br />
lèpre, <strong>la</strong> rougeole et le typhus; ils vivaient au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> corruption et <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies 3 .<br />
Plusieurs épidémies se produisirent pendant <strong>la</strong> vice-royauté, notamment <strong>de</strong>s épidémies<br />
virales. L’art popu<strong>la</strong>ire remarquait <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> ces hôtes indésirables :<br />
Rougeole frappe à <strong>la</strong> porte<br />
Variole <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : « Qui va là ? »<br />
et Scar<strong>la</strong>tine riposte :<br />
« Nous voilà toutes trois. »<br />
Les épidémies <strong>de</strong> variole, <strong>de</strong> rougeole, <strong>de</strong> verrue, <strong>de</strong> typhus exanthématique et <strong>de</strong><br />
grippe étaient très fréquentes, attaquant <strong>de</strong> préférence <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion indigène.<br />
La tuberculose fut une ma<strong>la</strong>die très répandue pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> coloniale et <strong>la</strong> République.<br />
Santa Rosa <strong>de</strong> Lima, patronne <strong>de</strong> l’Amérique hispanique et <strong>de</strong>s Philippines,<br />
mourut <strong>de</strong> tuberculose le 24 août 1617 à l’âge <strong>de</strong> 31 ans. Simón Bolívar, après sa campagne<br />
libératrice du Pérou, partit sur l’île Santa Marta où il mourut du même mal.<br />
La variole produisit encore <strong>de</strong>s épidémies pendant toute l’époque coloniale et les premières<br />
années <strong>de</strong> <strong>la</strong> République. L’une <strong>de</strong>s pires épidémies a<strong>la</strong>rma tout le Pérou en<br />
avril 1584 ; elle commença à Cuzco comme une souffrance que certains appe<strong>la</strong>ient rougeole,<br />
d’autres typhus ou oreillons. Il était difficile <strong>de</strong> préciser le type <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die en raison<br />
« du retard <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine, mais plus tard les symptômes montrèrent qu’il s’agissait<br />
probablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> variole ». Cette ma<strong>la</strong>die attaquait « presque exclusivement les Indiens,<br />
qui mouraient par milliers, surtout les jeunes 7 .»<br />
Cette épidémie dura jusqu’en 1590. D’après les histoires qui provenaient <strong>de</strong>s différentes<br />
provinces du Pérou, on l’assimi<strong>la</strong>it à <strong>la</strong> peste <strong>de</strong> Florence — à cause <strong>de</strong>s ravages —<br />
décrite par Alejandro Manzoni. Les cadavres restaient parfois sans sépulture, ou bien on<br />
creusait <strong>de</strong>s tranchées à même les rues pour éviter <strong>de</strong> les dép<strong>la</strong>cer.<br />
La popu<strong>la</strong>tion péruvienne, qui comptait 10 millions d’habitants d’après ce que l’on<br />
sait <strong>de</strong> l’empire inca au moment <strong>de</strong> sa conquête, diminua considérablement. Le recensement<br />
réalisé par le vice-roi Gil <strong>de</strong> Taboada y Lemos entre 1792 et 1795 révé<strong>la</strong> une popu<strong>la</strong>tion<br />
<strong>de</strong> 1,4 million d’habitants dans <strong>la</strong> circonscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> vice-royauté péruvienne.<br />
La cause <strong>de</strong> ce terrible dépeuplement s’explique non seulement par les gran<strong>de</strong>s pertes<br />
produites par les ma<strong>la</strong>dies virales que les conquistadors apportèrent, mais aussi par les<br />
mauvaises conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s Indiens 7 .<br />
Pendant toute l’époque coloniale et les premières années <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, il n’y eut<br />
aucune tentative <strong>de</strong> représenter graphiquement les différentes ma<strong>la</strong>dies présentant <strong>de</strong>s<br />
lésions visibles <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau, comme l’avaient fait les anciens Péruviens. Les travaux<br />
médicaux furent rares ; ils étaient tous triés par le Tribunal <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sainte Inquisition qui<br />
s’était installé à Lima sous le gouvernement du vice-roi Toledo en 1570 et qui dura