Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
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<strong>Histoire</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie au Pérou<br />
1. La tuberculose cutanée est une ma<strong>la</strong>die millénaire au Pérou.<br />
2. Son apparition est liée au sous-développement, à l’environnement, et à <strong>la</strong> paupérisation.<br />
3. Elle fut <strong>la</strong>rgement étudiée à travers <strong>de</strong>s recherches menées au Pérou aussi bien<br />
qu’à l’étranger, et dont <strong>la</strong> première réalisée au Pérou revient au Dr Luis Flores-Cevallos.<br />
4. Il existe <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> prévention (vaccin) et <strong>de</strong> traitement favorable.<br />
La <strong>de</strong>rmatologie à l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conquête et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vice-royauté<br />
Selon Unanue, <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine que les Espagnols introduirent dans le Nouveau Mon<strong>de</strong> fut<br />
dominée par <strong>la</strong> théologie sco<strong>la</strong>stique du Moyen Âge et les concepts philosophiques d’Aristote<br />
4 . Dans l’Espagne du XVI e siècle, les universités étaient soumises à l’intolérance religieuse<br />
<strong>de</strong> l’Inquisition. Les idées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance se heurtèrent en général à une<br />
gran<strong>de</strong> résistance, comme celles <strong>de</strong> Vésale, qui bouleversa l’anatomie avec <strong>la</strong> dissection<br />
<strong>de</strong> cadavres.<br />
La conquête <strong>de</strong> l’empire inca commença aux environs <strong>de</strong> 1526 avec <strong>la</strong> signature du<br />
document entre Francisco Pizarro, Diego <strong>de</strong> Almagro et le prêtre Hernando <strong>de</strong> Luque<br />
pour conquérir un pays fabuleux, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s côtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer du Sud, qu’ils appe<strong>la</strong>ient<br />
« Biru ». En 1531, au cours du troisième et <strong>de</strong>rnier voyage vers le sud, les conquistadors<br />
durent faire halte dans <strong>la</strong> paisible baie <strong>de</strong> Las Esmeraldas, à Coaque (Équateur). « Une<br />
ma<strong>la</strong>die inconnue et redoutable appelée berrues », attaqua un grand nombre d’entre<br />
eux, provoquant détresse et consternation. L’Inca Garci<strong>la</strong>so raconte qu’une ma<strong>la</strong>die<br />
« étrange, abominable » apparut soudain : elle était caractérisée par <strong>de</strong>s verrues multiples<br />
sur toute <strong>la</strong> peau du corps, dont <strong>la</strong> plupart grandissaient démesurément et <strong>de</strong>venaient<br />
comme <strong>de</strong>s « figues », et saignaient beaucoup, affectant le visage, car beaucoup<br />
« pendaient du front, d’autres <strong>de</strong>s sourcils, d’autres <strong>de</strong> <strong>la</strong> pointe du nez, <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbe et<br />
<strong>de</strong>s oreilles ». L’épidémie affecta plusieurs Espagnols, avec <strong>de</strong>s verrues gran<strong>de</strong>s et sang<strong>la</strong>ntes<br />
comme <strong>de</strong>s « œufs », accompagnées d’autres symptômes d’intoxication, <strong>de</strong> délire<br />
et <strong>de</strong> paralysie. Comme il s’agissait d’une ma<strong>la</strong>die nouvelle pour les Espagnols, Gómara<br />
note qu’« ils ne savaient que faire 3-6 .»<br />
Le calvaire <strong>de</strong>s Espagnols dura sept mois. Certains moururent sous l’effet <strong>de</strong> cette<br />
étrange souffrance, qui débutait brusquement « car ils al<strong>la</strong>ient se coucher sains et se réveil<strong>la</strong>ient<br />
très ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ». Il s’agit là d’une <strong>de</strong>s premières ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>rmatologiques systémiques,<br />
dont <strong>la</strong> phase éruptive fut magistralement décrite par le chroniqueur espagnol<br />
Miguel <strong>de</strong> Estete, qui affirme que « le vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Coaque est <strong>la</strong> côte <strong>la</strong> plus ma<strong>la</strong><strong>de</strong> qu’il<br />
y a sous le ciel 3 .»<br />
Les Espagnols n’accordèrent aucune importance aux connaissances médicales <strong>de</strong>s<br />
Incas. Dans son Historia General <strong>de</strong>l Perú [<strong>Histoire</strong> générale du Pérou], Garci<strong>la</strong>so <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Vega raconte que l’Inca Atahualpa tomba ma<strong>la</strong><strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> son emprisonnement; selon<br />
le père B<strong>la</strong>s Valera, « en prison, l’Inca n’eut plus le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et souffrait d’une mé<strong>la</strong>ncolie<br />
si profon<strong>de</strong> d’être enchaîné et seul, qu’on ne <strong>la</strong>issait entrer aucun Indien, sauf un<br />
jeune neveu qui le servait. Alors les Espagnols le libérèrent et appelèrent les principaux<br />
Indiens, qui amenèrent <strong>de</strong> grands herboristes pour le guérir; pour indiquer <strong>la</strong> température,<br />
ils prirent le pouls du nez, entre les sourcils, et lui donnèrent à boire le jus d’herbes<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> vertu. Il en appe<strong>la</strong> quelques-unes payco, et ne nomma pas les autres. Il dit que<br />
<strong>la</strong> boisson lui provoqua une gran<strong>de</strong> sueur et un sommeil profond et long, après quoi <strong>la</strong><br />
température <strong>de</strong>scendit et il se réveil<strong>la</strong> sans fièvre; et qu’on lui fit un autre médicament et<br />
qu’en quelques jours il revint à soi, et qu’on le remit alors en prison 3-6 .»<br />
À peine <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Lima fondée en 1535, on ressentit le besoin <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s centres<br />
hospitaliers pour soigner les nombreux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, espagnols et indiens. Le premier hôpital<br />
fut inauguré le 16 mars 1538 à <strong>la</strong> Rinconada <strong>de</strong> Santo Domingo et naquit le béguinage<br />
<strong>de</strong> Cami<strong>la</strong>s pour les femmes atteintes du « chancre ». L’Hôpital <strong>de</strong> Santa Ana,<br />
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