Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
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Notes sur l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie au Paraguay<br />
Ils utilisent aussi le feu comme agent thérapeutique en cas <strong>de</strong> morsures d’animaux<br />
venimeux, comme les vipères ou les raies. Ils ne cautérisent pas les blessures et les<br />
p<strong>la</strong>ies comme nous, mais ils approchent du feu le membre blessé et ils résistent jusqu’à<br />
ce qu’ils ne soient plus capables <strong>de</strong> supporter <strong>la</strong> chaleur ; alors ils l’éloignent et<br />
l’approchent bientôt une autre fois, et ainsi <strong>de</strong> suite jusqu’à ce qu’une sorte <strong>de</strong> torpeur<br />
vienne après <strong>la</strong> chaleur, <strong>la</strong>issant <strong>la</strong> douleur endormie 6 .<br />
Signalons que grâce à l’attention qu’ils portaient à leur toilette et à leur régime alimentaire<br />
strict, les indigènes présentaient très peu <strong>de</strong> <strong>de</strong>rmatoses. Guillermo Piso, cité par<br />
Bertoni, en indique seulement <strong>de</strong>ux: <strong>la</strong> dartre et l’éruption cutanée. Pour <strong>la</strong> dartre (en guarani<br />
uñé, dénomination qui persiste jusqu’à nos jours et qui est utilisée par nos compatriotes<br />
<strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> l’État pour désigner <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatophytie), on se sert d’une herbe à<br />
l’aspect graminacé et mo<strong>de</strong>ste, dite yupikaih, qui est écrasée. On emploie également <strong>la</strong><br />
cosse d’une légumineuse, le Phaseolus caracal<strong>la</strong>, et dans <strong>de</strong>s cas très virulents, l’écorce <strong>de</strong><br />
sevipira, arbre brésilien à l’action très intense.<br />
La sudamine, une éruption cutanée, peut être arrêtée par <strong>la</strong> décoction <strong>de</strong> racines <strong>de</strong><br />
yuripe (luripeva) avec <strong>de</strong>s citrons. Une <strong>de</strong>s espèces très semb<strong>la</strong>ble au So<strong>la</strong>num robustum<br />
(yaguarete-pó), à un effet remarquable sur les p<strong>la</strong>ies et les ulcères en général.<br />
Certains auteurs anciens mentionnent <strong>la</strong> leishmaniose parmi les ulcères et <strong>la</strong> bouba.<br />
Pour soigner les ulcères, on utilisait les ka’ã-tai, Polygonum acre et <strong>de</strong>s espèces semb<strong>la</strong>bles<br />
et le <strong>la</strong>it du guapoih (Picus).<br />
Un <strong>de</strong>s maux les plus fréquents dans les <strong>de</strong>ux Amériques est sans doute l’ura (Dermatobia<br />
hominis) du nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>rve <strong>de</strong> cette mouche, distinguée <strong>de</strong> l’animal adulte par<br />
le nom <strong>de</strong> mberuasó, les <strong>de</strong>ux termes étant guaranis. Pour protéger <strong>de</strong> l’ura, les insectifuges<br />
ne sont pas toujours efficaces ; cependant, connaissant les conditions atmosphériques<br />
et les heures dangereuses, et se parfumant avec certaines p<strong>la</strong>ntes, les Indiens<br />
l’évitaient généralement, en utilisant <strong>de</strong> l’huile <strong>de</strong> chupad et <strong>la</strong> décoction du paraih, et<br />
dans le nord-est, <strong>de</strong>s baumes divers et <strong>la</strong> connaissance du tarokih, une Cassia aux propriétés<br />
remarquables (p<strong>la</strong>ntes <strong>américaine</strong>s). En cas d’attaques (fréquentes), ils ne pratiquaient<br />
jamais d’entaille ; plus <strong>la</strong> <strong>la</strong>rve était petite, plus ils l’extrayaient après une<br />
narcotisation avec du tabac, ou ils l’asphyxiaient au moyen <strong>de</strong> l’écorce contuse d’ihvaika<br />
(Ocotea), ou d’une autre substance à effet analogue, tirant ensuite <strong>la</strong> <strong>la</strong>rve par pression.<br />
Des insectifuges sont mentionnés, comme le paraih (Picrasma palo-amargo), le paraihva<br />
du nord-est (Simaruba versicolor) et ceux du nord (Simaruba, Simaba, Quassia).<br />
Le gwembé, <strong>de</strong>signant par ce nom <strong>de</strong>ux ou trois espèces très semb<strong>la</strong>bles aux grands philo<strong>de</strong>ndrons,<br />
appelées aussi embe, aimbe, guembepi (Ph. bipinnatifidum, Ph. lundii, Ph. lubium<br />
et peut-être une autre), les meilleurs moyens <strong>de</strong> défense contre les chiques ou les<br />
niguas (les puces chiques ou Tunga penetrans), est un autre insectifuge puissant.<br />
Les remè<strong>de</strong>s utilisés par les Guaranis contre les morsures <strong>de</strong>s ophidiens correspondaient<br />
à quatre catégories différentes, bien que quelques-uns puissent entrer dans <strong>de</strong>ux<br />
ou trois catégories en même temps. La première visait à l’élimination du venin, <strong>la</strong><br />
<strong>de</strong>uxième à le neutraliser, <strong>la</strong> troisième à maintenir <strong>la</strong> vitalité et <strong>la</strong> quatrième à prévenir<br />
les effets secondaires et l’infection générale. Sont citées : l’application <strong>de</strong> boue sur les<br />
morsures venimeuses, les ventouses scarifiées, <strong>la</strong> cautérisation, mais pas l’échaudage.<br />
Le processus sudorifique était le plus répandu. La neutralisation était tentée <strong>de</strong> plusieurs<br />
manières, au moyen du yahape (Kullinga adorata), <strong>la</strong> cypéracée qui porte <strong>la</strong> désignation<br />
au Paraguay <strong>de</strong> kaapi-kati-payé; son action était peut-être plus carminative. Le tabac,<br />
le caapiã (Dorstenia), le jus en application externe, ou l’infusion à froid <strong>de</strong> <strong>la</strong> racine<br />
contuse en application interne, les catap<strong>la</strong>smes avec du manioc (<strong>la</strong> racine crue et râpée),<br />
étaient <strong>de</strong>s neutralisants plus efficaces.<br />
Il faut mentionner également <strong>la</strong> salive d’une personne à jeun appliquée sur <strong>la</strong> blessure,<br />
<strong>la</strong> maintenant humi<strong>de</strong>. Comme désinfectant, on utilisait l’essence <strong>de</strong> l’encens<br />
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