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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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Notes sur l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie au Paraguay<br />

jusqu’à présent. La décoction <strong>de</strong> Paraih, dite aussi « bois amer » (Picrasma paloamargo),<br />

et d’autres espèces simarubacées (Simaruba, Quassia, Simaba) était très utilisée<br />

pour désinfecter <strong>la</strong> peau et <strong>la</strong> protéger contre les piqûres <strong>de</strong>s insectes et <strong>de</strong>s<br />

moustiques. L’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> première est encore fréquent, elle semble être <strong>la</strong> plus active et<br />

elle s’étend jusqu’au sud-est du Paraguay. Les Guaranis considéraient l’eau bouillie également<br />

appropriée pour favoriser l’asepsie et désinfecter les zones ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ; le baron<br />

Nor<strong>de</strong>nskiold louait beaucoup son utilisation parmi les Guaranis.<br />

Signalons que l’art <strong>de</strong> guérir était pratiqué parmi les Guaranis par le payé, un indigène<br />

reconnu dans <strong>la</strong> communauté, observateur, intelligent, qui disposait d’un arsenal<br />

thérapeutique formé d’innombrables p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> <strong>la</strong> jungle, dont les vertus étaient bien<br />

connues.<br />

D’après Moisés Bertoni, le mot payé fit p<strong>la</strong>ce à une certaine confusion. Son acception<br />

n’est pas i<strong>de</strong>ntique dans tous les pays, et elle ne semble pas l’avoir été non plus autrefois.<br />

Il ne peut pas être considéré comme synonyme d’« enchanteur », parce qu’aucun<br />

peuple guarani ne fut fétichiste ni n’utilisa <strong>de</strong> fétiches. Le payé est toujours un mé<strong>de</strong>cin,<br />

mais pas essentiellement ; il se sert surtout <strong>de</strong> <strong>la</strong> suggestion et du magnétisme (qui ne signifie<br />

pas « guérir par <strong>la</strong> parole » comme quelques-uns le croient, et qui est une coutume<br />

superstitieuse d’origine européenne). « Le tuvichava, dit erronément « cacique »,<br />

est aussi mé<strong>de</strong>cin en général ; le kurupaih-voñanga l’est aussi, mais il est plutôt penché<br />

vers le spiritisme et l’évocation <strong>de</strong>s esprits 6 .»<br />

En ce qui concerne les ma<strong>la</strong>dies, certains abcès méritent notre attention. En particulier,<br />

le furoncle ou miã a parfois un caractère épidémique et il atteint tout le mon<strong>de</strong>, tandis<br />

que les nacidos ordinaires poursuivent davantage les B<strong>la</strong>ncs et les gens non<br />

acclimatés. Personne ne constata un seul cas <strong>de</strong> scrofule, que je sache, parmi les Indiens<br />

<strong>de</strong> race guarani, vivant sans être en contact avec <strong>de</strong>s chrétiens (tekokatu).<br />

Il est étonnant que les anciens écrivains se soient si peu occupés <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies<br />

parasitaires. La leishmaniose était mal interprétée, et elle était appelée syphilis en<br />

Espagne, c’est-à-dire bouba, et comme quelques nations guaranis l’appe<strong>la</strong>ient piã (nom<br />

que d’autres donnaient à une ma<strong>la</strong>die qui fut confondue avec <strong>la</strong> syphilis), <strong>la</strong> confusion fut<br />

générale.<br />

Ils connaissaient parfaitement le paludisme, avec ses manifestations générales et <strong>la</strong><br />

périodicité <strong>de</strong>s crises, selon <strong>la</strong> variété <strong>de</strong>s parasites.<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> lèpre, Bertoni parle en détail <strong>de</strong> son traitement empirique, mais<br />

il ne décrit pas les lésions c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> ces ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Les Guaranis combattaient cette affection,<br />

introduite par les Européens en Amérique, par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> transpiration à jets.<br />

La procédure paraguayenne pour soigner <strong>la</strong> lèpre semble être i<strong>de</strong>ntique à ce que Rochefort<br />

vit aux Antilles. Il faut construire un four d’une capacité telle que <strong>la</strong> personne<br />

puisse tenir <strong>de</strong>dans confortablement assise. Le four est fabriqué en boue ordinaire.<br />

Immédiatement après l’avoir construit et pendant que <strong>la</strong> boue est mouillée (il ne faut<br />

pas <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser sécher), on y fait un feu léger, non pas pour le brûler mais pour le<br />

chauffer ; ce<strong>la</strong> peut se faire avec du feuil<strong>la</strong>ge mort ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> paille. Une fois le feu opportunément<br />

éteint et <strong>la</strong> chaleur intérieure vérifiée, le patient est totalement enfermé<br />

dans le four pour voir s’il pourra supporter <strong>la</strong> chaleur ; le four est recouvert avec <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> boue pétrie, <strong>la</strong>issant <strong>de</strong>ux trous ou une ouverture, pour que le patient puisse regar<strong>de</strong>r<br />

et respirer. L’énorme tension <strong>de</strong> <strong>la</strong> vapeur, déterminée par <strong>la</strong> saturation d’humidité<br />

et <strong>la</strong> haute température, ne tar<strong>de</strong> pas à produire une transpiration si<br />

abondante qu’elle ne peut pas être réitérée. La sueur coule partout sur le corps et<br />

ensuite par le fond du four. Je crois que l’opération ne dépasse pas trente minutes ou<br />

une heure maximum. À ce moment-là, le four est ouvert et le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> en ressort. C’est<br />

un moment critique et dangereux. Les infirmiers doivent recouvrir aussitôt le ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

avec <strong>de</strong>s ponchos et <strong>de</strong>s couvertures en <strong>la</strong>ine et essuyer en même temps tout son<br />

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