Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

Figure 5.
Façade de l’église
annexée au deuxième
hôpital de San Lázaro
Figure 6.
État des patients
lépreux à l’hôpital de
San Lázaro
Figure 7.
Dr Ladislao de la
Pascua (1815-1891)
ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
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Quint) ni Bernal Díaz del Castillo n’en parlent, même s’il s’agissait d’une maladie
connue de beaucoup d’Espagnols venant d’Andalousie, où elle était très endémique ;
en revanche, on parle effectivement de l’existence de la pinta et de l’albinisme. Reconnaissant
la maladie parmi ses propres soldats, Cortés établit la première léproserie
d’Amérique (hôpital de San Lázaro), dans une zone appelée Tlaxpana. Bien que
petit, le bâtiment reçut un bon nombre de malades espagnols ; cependant, la léproserie
dura peu (de 1521 à 1528), étant donné qu’elle fut fermée à la demande de Nuño
de Guzmán, qui allégua que l’eau venant de l’aqueduc de Chapultepec passait par là,
risquant de contaminer la population. Notons que Guzmán s’appropria ces terrains
magnifiques16 .
Les premiers hôpitaux créés par les Espagnols accueillirent certainement des patients
présentant des affections cutanées : les boubas, la gale, la lèpre, le « feu sacré » (zoster),
le psoriasis, la teigne, la tuberculose, la pinta, étaient des maladies qui frappaient la population
indigène. Il est évident que la dermatologie en tant que telle n’existait pas, car
on sait bien qu’elle naquit en Angleterre et en France vers la fin du XVIIIe siècle15 .
Deux protomedicos arrivèrent avec
Cortés : Pedro López (1527-1597), dit « le
Vieux », et Cristóbal de Ojeda, qui soignèrent
les nombreuses victimes des épidémies
de variole et de typhus. Le premier
était né à Duelas, en Castille, et il arriva
dans la très noble et loyale cité de Mexico
à l’âge de 30 ans. Il fut un des premiers
médecins à obtenir le doctorat à la Real y
Pontificia Universidad de México ; il fut un
grand bienfaiteur et fonda deux hôpitaux,
celui des désemparés — qui deviendrait avec le temps l’hôpital de la femme — et
le deuxième hôpital de San Lázaro pour les malades atteints de la lèpre. López
entretint de ses propres deniers ces hôpitaux et après sa mort, en 1597, ses descendants
poursuivirent son œuvre.
Ce deuxième hôpital de San Lázaro dura trois siècles (1572-1862). Il fut construit au
bord du lac de Texcoco, à un endroit connu sous le nom de Las Atarazanas, l’arsenal où
Cortés garda ses treize brigantins après avoir conquis la ville. On ne sait pas exactement
si cet endroit se trouvait rue de Ixtapalapa — aujourd’hui Pino Suárez — ou bien en direction
de la Merced, à l’est de la ville, dans le quartier baptisé alors San Lázaro. Cet
hôpital dura longtemps et fut démoli alors qu’il tombait déjà en ruines ; seule son église,
15, 16
dédiée à San Roque et démolie plus tard au nom de la modernité, resta debout
(figure 5). Les malades furent transférés à l’hôpital de San Pablo, appelé hôpital Juárez
depuis 1872. Cette institution connut une existence hasardeuse ; gérée par l’ordre des
juaninos, elle manqua toujours de médicaments et de matériel pour les guérisons, et les
malades qui y étaient envoyés végétaient dans des conditions déplorables (figure 6). Les
autorités ne s’intéressèrent jamais à cet hôpital, qui périclita lentement, tout comme les
malades qui y séjournaient. Ses directeurs furent des médecins importants comme le Dr
Ladislao de la Pascua (figure 7) (1833 - 1842) ; au cours de sa gestion, 205 malades furent
admis. De la Pascua fut le premier à attirer l’attention sur la maladie appelée
« forme tachée », connue aujourd’hui sous le nom de lèpre lépromateuse diffuse de
Lucio et Latapí ; il publia également le premier article sur la lèpre dans le journal de la
Sociedad Filoiátrica. De 1843 et jusqu’à sa démolition en 1862, l’hôpital fut dirigé par
le Dr Rafael Lucio, qui compléta les observations du Dr de la Pascua sur la forme
tachée.