Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

créées au cours des XV e et XVI e siècles — les siècles dorés de la médecine espagnole
—, sous l’influence arabe d’Avicenne. Ce fut à la même époque que naquit l’université
de la Nouvelle Espagne.
En 1535, les franciscains fondèrent à Tlatelolco le couvent de Santiago Apóstol
et le collège de Santa Cruz de Tlatelolco ; le codex de la Cruz-Badiano, le code médical
le plus ancien d’Amérique, qui reprend les principaux schémas thérapeutiques
de l’herboristerie indigène (figure 4), fut écrit à cet endroit vers 1552. Le
savant indien Martín de la Cruz, originaire de Xochimilco, composa le Libellus de
Medicinalibus Indorum Herbis, un traité très vaste sur les herbes médicinales employées
par les Indiens au XVI e siècle, avec la collaboration de Juan Badiano qui le
traduisit en latin. La transmission de ses connaissances thérapeutiques fut très importante
quatre siècles plus tard. Son livre, probablement rédigé en nahuatl, fut le
premier écrit connu sur la médecine indigène mexicaine ; le manuscrit contient des informations
sur 215 plantes, dont 185 sont illustrées.
En 1558, frère Bernardino de Sahagún rédigea son Historia General de las cosas de
la Nueva España [Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne], où il décrivait
les us et coutumes des peuples mésoaméricains avant la Conquête, et même certaines
formes de leur pratique médicale 14 .
Le premier livre de médecine édité en Amérique fut publié en 1570 : Opera Medicinales,
du Dr Francisco Bravo. En 1577 furent publiés les volumes de l’ouvrage de Francisco
Hernández De Historia Plantorum Novae Hispania.
L’enseignement de la médecine, commencé à la Real y Pontificia Universidad de México,
connut beaucoup d’avatars et fut pratiqué dans plusieurs sièges jusqu’à ce qu’il soit finalement
pratiqué dans l’ancien bâtiment de l’Inquisition pendant cent ans (depuis 1854).
La première académie de médecine fut établie en 1825, tandis qu’en 1862, naquit
celle qui existe actuellement. Son organe de diffusion, La Gaceta Médica, publia de nombreux
articles sur la peau : « Étude sur la lèpre », de Reyes ; « Psoriasis guéri par le vaccin
», de Bandera ; « Niguas, de Andrade ; « Leucopatie achronique », de Gayón ; « Corne
de la peau », de Ortega, entre autres.
Dermatologie
Histoire de la dermatologie au Mexique
Dans le codex Badiano sont mentionnés des mots comme xiotl (urticaire), cou-de pied
et autres. On y parle de l’achiote, ou piment de Tabasco ou bixa orellana pour traiter la
lèpre 12 . Cet ouvrage, comme nous l’avons déjà signalé, est considéré comme le premier
livre de médecine de la colonie consacré à la thérapeutique herboriste ; le texte fait référence
à plusieurs maladies cutanées et à leurs remèdes, présentant de magnifiques
illustrations couleur.
Après la Conquête, les codex citent la variole ou hueyzahuatl, la rougeole (tepitonzahuatl)
et le typhus ou tabardillo (matlatzahuatl). Ils mentionnent aussi le nævus ou grain
de beauté (tlaciuztli) et le prurit (cuecuetzoquiliztli), les papules prurigineuses (tatapaliuiztli),
les taches de rousseur (ixticeuac) et la pityriasis (quatequizquitl), tout comme la
tunga ou nigua (qualocatl), la gale (ezcazahuatl), la teigne (quiayincayotl) et la pédiculose
(ixocuili).
Les Mexicas connaissaient la pinta. Hernán Cortés écrivit à Charles Quint dans une de ses
lettres, avec une grande admiration: « Dans ce pays surprenant, il y a des raretés dans la
couleur des habitants, un même individu pouvant présenter des différences 4, 13 .»
On débat du fait de savoir si la lèpre existait en Amérique avant l’arrivée des Espagnols
; la présence de petites figures qui semblent représenter un faciès léonin et de
quelques chroniques parlant d’un hôpital où les Aztèques enfermaient les patients atteints
de la lèpre semblent soutenir l’hypothèse de l’existence de la maladie aux temps
préhispaniques 16 . Cependant, d’un autre côté, ni Cortés (dans ses lettres à Charles
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Figure 4.
Codex de la Cruz-
Badiano.
Tlalquequetzal, plante
utilisée pour la
« démangeaison ou
tache du visage »