Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
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là où, selon les chamans, il est habituel de voir la mort et Satan. L’existence de chamans,
de sorciers, de zajorines et de guérisseurs fait partie de l’histoire et de la culture du Guatemala.
Certains pensent que ces personnages ne sont que des charlatans qui profitent
des crédules, tandis que d’autres croient qu’ils représentent une chance de trouver une
solution à leurs problèmes quotidiens. Les religieux sont les plus radicaux : ils condamnent
ces pratiques qu’ils considèrent sataniques. Les sorciers ou chamans sont sept au
total, répartis dans tout le pays à Samayac, San Lucas Toliman, Zunil, Quetzaltenango,
San Jorge, La Laguna et San Andrés Itzapa.
Il était possible d’affronter la maladie de diverses manières. Voici les particularités
des principaux acteurs :
• Naturopathes. Appelés N.D., ils possèdent un niveau intermédiaire, technique ou
supérieur, trois années d’études systématisées ou plus.
• Allopathes empiriques. Ayant fait des études académiques systématisées mais
n’ayant pas obtenu un diplôme.
• Naturalistes. Sans niveau académique, avec un degré d’études primaires.
• Guérisseurs de famille. Parfois sans niveau de scolarité ; apprentissage obtenu simplement
par communication traditionnelle.
• Guérisseurs ambulants sporadiques, avec ou sans études. Ils vont et ils viennent
dans les rues, les parcs et les autobus, annonçant des miracles et des onguents magiques.
• Médecins traditionnels communautaires. Médiums, sorciers, chamans, sans niveau
académique. Leur formation est le résultat d’une transmission orale. Malgré le
grand nombre de charlatans, il existe des personnages dont les aptitudes sont exceptionnelles.
• Autopopulation. Études variables avec formes d’automédication multiples.
Les « actions occultes » sont variées et dépendent de la demande du patient. Premièrement,
il faut choisir l’endroit où la cérémonie aura lieu ; on cherche ensuite les instruments
utilisés pendant le rituel : des herbes, des chandelles, de l’encens ou des animaux
(crapauds, couleuvres, poules et chats).
Si une personne fait par exemple du mal à quelqu’un par une action occulte, il faut
alors trouver dans la boule de cristal ou dans les cartes de tarot ce qui fut entrepris afin
de pouvoir accomplir un travail supérieur et parvenir à la guérison. Si le mal fut commis
avec un crapaud, il faut se servir d’un animal supérieur, comme le serpent, car celui-ci
mange le crapaud. Selon le chaman, les crapauds servent à guérir ou à faire du mal. On
raconte que plusieurs personnes dont le visage, les paupières et la bouche gonflaient,
souffraient d’une action occulte commise avec un crapaud. On coud pour cela à l’aide
d’un fil certaines parties de l’animal, comme la bouche, les mains, le foie ou les pattes ;
on appelle cela amarres. Chaque animal a une fonction spécifique, et il faut d’abord demander
la permission à son esprit pour les utiliser.
Le chaman, ou sorcier, est très respecté dans les communautés indigènes car on
considère qu’il a le pouvoir non seulement de guérir les maladies mais aussi de les provoquer
; on appelle cela vulgairement ensorceler, chimancar ou faire du mal. Lorsqu’une
personne est malade, on appelle le chaman pour qu’il examine un patient et pratique la
première opération, appelée copaleada. La copaleada se développe comme suit : le chaman
jette dans un pot un peu de capatl (gomme-résine extraite d’un arbre, de couleur
noire et à l’odeur agréable) ; il choisit au préalable le paon le plus gros qui appartient au
malade et lui perce ensuite une veine située sous les ailes ; il recueille le sang et le verse
dans le pot, en le mélangeant au capatl; lorsque celui-ci est bien mélangé au sang, le
chaman le jette au feu, ce qui provoque une colonne de fumée s’élevant jusqu’au plafond
de l’habitation, avec une grande régularité, et produisant un remarquable effet visuel.
Selon les croyances, cette colonne de fumée est une forme de correspondance privée
entre le chaman et le ciel : elle atteint le ciel pour demander à Dieu de rendre la santé
au malade. Mais comme saint Pierre n’a pas le temps de s’en occuper, voyons comment