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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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<strong>Histoire</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie au Guatema<strong>la</strong><br />

soignant. Il répéta plusieurs fois cet acte héroïque dans les hôpitaux où il se rendait quotidiennement.<br />

Il y avait à l’hôpital <strong>de</strong> San Alejo un Indien dont <strong>la</strong> jambe était pourrie, et<br />

le chirurgien qui le soignait, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> le toucher, <strong>de</strong>manda à ce qu’on apporte un petit<br />

chien pour nettoyer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie pestilente. Le frère Pedro était présent et, écoutant le chirurgien,<br />

il se mit à genoux et commença à lécher <strong>la</strong> pourriture, <strong>la</strong>issant <strong>la</strong> jambe ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

propre et décharnée. Lors <strong>de</strong> ses visites quotidiennes à l’hôpital Real <strong>de</strong> Santiago, il répétait<br />

souvent cette guérison héroïque, acte que Don Melchor <strong>de</strong> Mencos et Dom Joseph<br />

<strong>de</strong> Estrada se p<strong>la</strong>isaient à raconter avec stupéfaction. Une atmosphère <strong>de</strong> miracle auréo<strong>la</strong><br />

Pedro <strong>de</strong> Bethencourt pendant les quinze années qu’il vécut à Goathema<strong>la</strong>, et personne<br />

ne mit en doute sa sainteté. Le 25 avril 1667, à <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> l’après-midi, le<br />

frère Pedro mourut à l’âge <strong>de</strong> 48 ans pour les misères <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre et naquit pour <strong>la</strong> gloire<br />

éternelle <strong>de</strong> Dieu.<br />

En 2002, Sa Sainteté Jean-Paul II visita le Guatema<strong>la</strong> à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> canonisation<br />

du saint frère Pedro <strong>de</strong> Bethencourt, actuellement vénéré sur les autels <strong>de</strong>s églises guatémaltèques<br />

31, 32, 33 .<br />

LA CURIEUSE MALADIE DU MINISTRE DOYEN<br />

La ma<strong>la</strong>die chirurgicale dont souffrit le ministre Dom Tomás <strong>de</strong> Arana, un homme<br />

couvert <strong>de</strong> plusieurs titres et <strong>de</strong> bontés, constitua un fait très intéressant <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />

coloniale <strong>de</strong> <strong>la</strong> première moitié du XVIII e siècle. La ma<strong>la</strong>die dura longtemps, entre 1729<br />

et 1744. Il fut soumis durant cette pério<strong>de</strong> aux soins les plus divers et tous les bacheliers<br />

en mé<strong>de</strong>cine participèrent aux traitements. Comme il s’agissait d’un homme aimé et respecté,<br />

les rapports abondèrent, nous permettant <strong>de</strong> connaître plusieurs détails sur les<br />

connaissances, les diagnostics, les pronostics et les soins thérapeutiques <strong>de</strong> nos mé<strong>de</strong>cins<br />

coloniaux.<br />

Dom Tomás <strong>de</strong> Arana conquit le peuple grâce à son attitu<strong>de</strong> bonne et conso<strong>la</strong>trice lors<br />

<strong>de</strong>s tremblements <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> 1717.<br />

Dom Cristóbal <strong>de</strong> Hincapié vanta dans ses vers <strong>la</strong> conduite altruiste du ministre, qui<br />

visitait chaque jour les foyers détruits et accomplissait toutes sortes <strong>de</strong> charités.<br />

En 1729, le ministre commença à souffrir d’un grave mal <strong>de</strong> bouche, modifiant complètement<br />

sa vie et son caractère. L’homme affable, à l’esprit ouvert et généreux, fut<br />

transformé ; plusieurs formes d’aigreur et <strong>de</strong> susceptibilité dérivèrent <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die douloureuse<br />

et maligne.<br />

La paix intérieure du ministre était malheureusement brisée ; les fistules buccales lui<br />

faisaient plus mal que toutes les querelles <strong>de</strong>s affaires publiques.<br />

Dom Manuel <strong>de</strong> Arteaga y Carranza, protochirurgien <strong>de</strong>s hôpitaux et disséqueur à <strong>la</strong><br />

Real Université <strong>de</strong> San Carlos, était alors le chirurgien le plus notable <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

Santiago; en conséquence, il fut le premier à intervenir auprès du ministre doyen.<br />

L’observation minutieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die apparaît dans un rapport que ce chirurgien<br />

<strong>de</strong>stina à l’audience royale :<br />

Depuis 1729, je soignais le ministre D. Tomás Ignacio <strong>de</strong> Arana d’un lupus chancreux<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> lèvre inférieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche, du côté gauche, avec une grave douleur et érysipèle<br />

sur toute <strong>la</strong> circonférence. Je ne pus éviter l’ulcération et aucun médicament ne<br />

permit <strong>de</strong> le guérir. C’est pourquoi le Dr José Medina fut appelé : il prescrivit <strong>de</strong>s<br />

purges et <strong>de</strong>s saignées qui ne l’améliorèrent point. Les soins durèrent jusqu’en 1732,<br />

année pendant <strong>la</strong>quelle il contracta un tabardillo qui faillit le tuer, et duquel le guérit<br />

le Dr Medina. Les évacuations et <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> chaleur <strong>de</strong>s fièvres disséquèrent l’ulcère<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche et il resta à sa merci souffrant d’autres ma<strong>la</strong>dies guéries par le Dr<br />

Ávalos y Porres. Ce fut ainsi jusqu’en 1738. Vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> cette année, il souffrit d’une<br />

distil<strong>la</strong>tion rhumatisante qui formait plusieurs petites tumeurs cirrhosées et dégénérèrent<br />

en ulcères si malins qu’ils le mortifièrent beaucoup : l’un lui perfora <strong>la</strong> lèvre<br />

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