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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN<br />

256<br />

vertus et <strong>de</strong> ses sacrifices. Ce nom signifia à l’instant même magie et secret, et sa décision<br />

immédiate amena Pedro sur le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Santiago <strong>de</strong> Goathema<strong>la</strong>, où il<br />

entra le 18 février 1651, heureux et animé par <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s cieux. Ce jour fut heureux<br />

et funeste à <strong>la</strong> fois. La terre tremb<strong>la</strong> violemment au milieu d’une kyrielle <strong>de</strong> dégâts et <strong>de</strong><br />

châtiments, et tandis que les habitants revenaient apeurés et contrits, ils virent Pedro <strong>de</strong><br />

Bethencourt embrasser cette terre qui l’avait accueilli le jour même, entonnant les mots<br />

prophétiques : « C’est là que je vivrai et mourrai. » Sur <strong>la</strong> terre trépidante s’éleva <strong>la</strong> douceur<br />

d’une prière formée <strong>de</strong> vers emplis d’Amour et <strong>de</strong> Dieu, et <strong>la</strong> minute tragique <strong>de</strong>vint<br />

une heure spirituelle. L’étranger <strong>de</strong>s îles Fortunées fut désormais le frère Pedro, qui,<br />

au moment d’entrer dans <strong>la</strong> ville, portait dans ses mains immortelles un faisceau <strong>de</strong> miracles<br />

et une cloche sonore les invitant tous à <strong>la</strong> perfection spirituelle. Les vigiles <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> commencèrent à le tourmenter. La mémoire est dure et résistante. Toute <strong>la</strong><br />

constance et <strong>la</strong> patience <strong>de</strong> l’élève exemp<strong>la</strong>ire sont inutiles. Les moqueries <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse triomphent, et quand il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> monter en chaire, sûr <strong>de</strong> ce qu’il apprit,<br />

le silence scelle ses lèvres, tandis que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse entière déchaîne injures et satires.<br />

Pedro <strong>de</strong> Bethencourt subit <strong>la</strong> première épreuve et, lorsque <strong>la</strong> voix matérielle est muette,<br />

une voix très pure parle à son âme et lui indique le miracle <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin. Le professeur<br />

ne comprend pas, l’école ne sait rien, mais Pedro, illuminé par une lumière céleste, est<br />

déjà « professeur <strong>de</strong> renom dans les universités <strong>de</strong>s vertus », maître inimitable à l’école<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> charité, élève <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s disciplines matérielles et spirituelles les plus sévères, bachelier<br />

nemine discrepante dans les sciences difficiles <strong>de</strong> l’humilité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, génial<br />

docteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> rare et très spéciale science <strong>de</strong> l’amour envers autrui. Pedro <strong>de</strong><br />

Bethencourt quitta le costume sombre d’étudiant et revêtit <strong>la</strong> tunique bénie <strong>de</strong> tertiaire,<br />

dont lui fit don le pieux Esteban <strong>de</strong> Sa<strong>la</strong>zar, une journée inoubliable <strong>de</strong> 1655. Portant<br />

déjà l’habit <strong>de</strong> troisième, Pedro débuta sa vie merveilleuse et exemp<strong>la</strong>ire. De son vêtement<br />

grossier sail<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>s fils d’or, et les roses poussaient là où il marchait. Sur sa tête<br />

découverte le ciel écrivait son meilleur poème ; mille pardons et d’innombrables indulgences<br />

glissaient <strong>de</strong>s grains <strong>de</strong> son grossier chapelet. La main gauche était un verre <strong>de</strong><br />

conso<strong>la</strong>tion et une caresse toute-puissante, et <strong>de</strong> sa main droite pendait <strong>la</strong> clochette immortelle,<br />

dont les touches argentées annonçaient le ciel pour les hommes pacifiques et<br />

bons et le salut pour tous ceux qui chercheraient les chemins du repentir. Lorsque <strong>la</strong> pénombre<br />

estompe les contours dans <strong>la</strong> ville aux roses perpétuelles, on entend quotidiennement<br />

<strong>la</strong> voix du saint frère Pedro qui dit à tous : « Rappelez-vous, mes frères, que nous<br />

n’avons qu’une âme, et que si nous <strong>la</strong> perdons, nous ne <strong>la</strong> récupérerons pas. » Pedro <strong>de</strong><br />

Bethencourt commença déjà ses miracles, et le printemps éternel couvrit <strong>la</strong> très noble et<br />

loyale ville <strong>de</strong> Santiago <strong>de</strong> los Caballeros <strong>de</strong> Goathema<strong>la</strong>, et toute <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong>vint une roseraie<br />

d’amour. Dans l’échelle <strong>de</strong>s vertus, le saint frère Pedro fit son premier pas en imitant<br />

le Christ et, suivant les enseignements <strong>de</strong> François d’Assise, il dit avec eux: « Laissez<br />

approcher les enfants. » Un matin il parcourut vingt-sept églises accompagné du pauvre<br />

invali<strong>de</strong> Marquitos et, arrivé finalement à l’église <strong>de</strong> Santa Cruz, il contemp<strong>la</strong> l’endroit<br />

qu’occuperaient désormais l’hôpital, l’église et l’école. Dans une petite maison pauvre<br />

entourée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s orties et p<strong>la</strong>cée à mi-chemin entre le calvaire et l’église <strong>de</strong> Santa<br />

Cruz, frère Pedro réunit les enfants nécessiteux qui avaient besoin <strong>de</strong> conso<strong>la</strong>tion et<br />

d’enseignement chrétien. La beauté <strong>de</strong> ses leçons et <strong>la</strong> tendresse avec <strong>la</strong>quelle il traitait<br />

ces enfants se propagèrent au-<strong>de</strong>là du voisinage, et c’est ainsi qu’affluaient <strong>de</strong>s endroits<br />

plus lointains <strong>de</strong>s milliers d’enfants attirés par l’amour du disciple du Christ, du frère<br />

François d’Assise. L’humble petite maison <strong>de</strong>vint école et se réjouit <strong>de</strong>s rires enfantins.<br />

Une vieille ma<strong>la</strong><strong>de</strong> appelée María Esquivel l’habitait, « vénérable par <strong>la</strong> vertu, exemp<strong>la</strong>ire<br />

par <strong>la</strong> pénitence, prodigieuse par <strong>la</strong> souffrance ». La longue et pénible ma<strong>la</strong>die<br />

avait atteint tout son corps et tout mouvement était un martyre. Une fois l’enseignement<br />

fini, le frère Pedro venait <strong>la</strong> consoler <strong>de</strong> sa conversation très pieuse, et il léchait soigneusement<br />

ses p<strong>la</strong>ies pour en enlever toute <strong>la</strong> pourriture et ne pas lui faire mal en les

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