Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
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plusieurs siècles pratiquement le seul traitement contre le paludisme 2 . Plusieurs épidémies
se répandirent à Quito ultérieurement: la variole, l’alfombrilla, le garrotillo (diphtérie)
en 1645, et la dysenterie en 1672 et 1679. (Nous faisons allusion au monastère del
Carmen, fondé en 1682, figure 13.)
L’université Santo Tomás de Aquino fut fondée à Quito en 1688 et placée sous la direction
des religieux dominicains; cependant, la médecine n’y était pas non plus enseignée.
La première chaire de médecine fut ouverte à Quito, dans le couvent dominicain
de San Fernando, en 1693, coïncidant avec une nouvelle épidémie de variole et de rougeole
en Équateur. En 1694 arrivèrent les premiers médecins diplômés à Quito: le Dr
Diego de Herrera, protomedico, qui combattit une nouvelle épidémie de variole avec la
« casse », et le Dr Diego Cevallos.
Une grande épidémie de variole, de rougeole et d’alfombrilla eut lieu à Cuenca vers la
fin de 1692, se prolongeant jusqu’à octobre 1693, avec des pertes de plus de 10 % de la
moyenne (deux par mois); cinquante-neuf personnes moururent pendant le mois de mai
1693 11 .
En 1706, l’ordre des bethléemites prit en charge l’administration de l’hôpital de
Quito, qu’on appela hôpital de la Santa Misericordia de Nuestro Señor Jesucristo ; Luis
Espejo, chirurgien, père du célèbre Eugenio Espejo, fut un de ses premiers administrateurs
5 . Mentionnons comme un fait lié à notre spécialité l’arrivée au pays en 1709
du médecin anglais C. Dover (1660-1741), grand connaisseur de la pathologie tropicale
et promoteur des poudres pour la dysenterie qui portent le nom de C. Dover (ipéca,
opium, nitrate de potassium). Il faut aussi signaler qu’en 1730 le Dr Pablo Petit introduisit
à Lima le traitement mercuriel contre la syphilis. Pour les Équatoriens et les habitants
de l’Azuay, 1747 marqua, d’un côté, la naissance à Quito du célèbre Eugenio de
Santa Cruz y Espejo et, de l’autre, le début de la véritable médecine à Cuenca à travers
l’administration de son hôpital par les bethléemites ; ils firent construire l’hôpital Real,
qui fonctionna dans la ville jusqu’en 1868, date de son transfert face à l’« ermitage de
Todos Santos 5 .»
La ville de Cuenca subit deux nouvelles épidémies de grande ampleur: la première en
mars 1748, présentant des signes de fièvre, de diarrhée et de dysenterie; ensuite, entre
octobre de la même année et novembre 1749, des épidémies de variole, de rougeole et
d’alfombrilla. Le taux de mortalité le plus important fut constaté en avril et en mai 1749:
quarante-quatre personnes moururent par mois 11 . Lors des épidémies ou des phénomènes
telluriques, face à l’impuissance humaine (des médecins, des guérisseurs, des
yuyeros et des sorciers) pour contrôler les épidémies, le peuple croyant de Cuenca voyait
dans celles-ci le châtiment divin des mœurs supposées licencieuses, et invoquait le secours
de la Divine Providence à travers des intercesseurs afin de « calmer la colère de
Dieu », demander le pardon des péchés et obtenir la Divine Pitié 11 .
Lors du processus de béatification de Mariana de Jesús (sainte équatorienne) en
1749, le Dr Pedro Pazmiño, médecin né à Quito, déclara avoir soigné des cas de lues venerea
(en utilisant des pilules de mercure doux jusqu’à la salivation), de blennorragie,
de goitre, etc., dont quelques-uns furent guéris avec des reliques (revue Museo Histórico,
organe du musée d’histoire de la ville de Quito, nº 2, 11 juillet 1949). L’an 1750 marqua
l’arrivée des bethléemites à l’hôpital de Guayaquil 2 .
En 1765, Guayaquil subit une épidémie d’affections vénériennes « à cause de l’arrivée
en ville des troupes étrangères, très nombreuses: des hommes et des femmes de mauvaise
réputation, attaqués du mal vénérien… », selon la description du jésuite de Guayaquil
Dom Juan Arteta 5 . Eugenio Espejo obtint son diplôme de médecin en 1777 (à l’âge de
20 ans) 5 ; il reçut le titre de docteur en médecine des mains du recteur de l’université
Santo Tomás de Aquino, le père Nicolás García, qui en lui remettant la bague symbolisant
sa réussite, prononça les mots consacrés: « Voici le symbole de ton mariage avec la
sagesse, qui sera désormais ta très chère épouse 26 . » Espejo, bibliothécaire public,