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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS<br />

212<br />

En 1533, l’histoire fait mention <strong>de</strong> <strong>la</strong> première épidémie <strong>de</strong> variole en Équateur 2 .<br />

Quelques années plus tard, en 1536, Atahualpa fut assassiné à coups <strong>de</strong> gourdin à Cajamarca<br />

5 .<br />

La <strong>de</strong>rmatologie à l´époque hispanique et prérépublicaine<br />

Afin <strong>de</strong> traiter l’époque hispanique et pré républicaine, il faut réviser certains aspects<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rmatologie dans <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine traditionnelle. À partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête du Nouveau<br />

Mon<strong>de</strong>, l’Espagne s’émerveil<strong>la</strong> pour les p<strong>la</strong>ntes curatives référencées qui enthousiasmèrent<br />

les mé<strong>de</strong>cins et <strong>la</strong> société du XVI e siècle. Même Philippe ll ordonna <strong>la</strong> récolte <strong>de</strong>s espèces<br />

les plus fameuses du Mexique pour les apporter sur <strong>la</strong> péninsule.<br />

De historia p<strong>la</strong>ntarum novae hispanie est un ouvrage révolutionnaire du mé<strong>de</strong>cin Francisco<br />

Hernán<strong>de</strong>z 6 qui énumère toutes les p<strong>la</strong>ntes connues <strong>de</strong>s Indiens, servant à guérir les<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s abandonnés par les mé<strong>de</strong>cins. Des explorateurs et <strong>de</strong>s aventuriers plus ou moins<br />

chanceux parcoururent <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Colomb avec <strong>de</strong>s cargaisons <strong>de</strong> végétaux prodigieux.<br />

Nous sommes ainsi face à <strong>la</strong> « mé<strong>de</strong>cine alternative », marginalisée avec un certain<br />

dédain et considérée comme étant <strong>la</strong> science <strong>de</strong>s « guérisseurs ». L’existence <strong>de</strong> cette mé<strong>de</strong>cine,<br />

qui remonte à l’origine <strong>de</strong>s peuples, fut reconnue par l’OMS 7 ; d’origine popu<strong>la</strong>ire,<br />

elle fut jugée empirique, basée sur certaines expériences ou connaissances, explicables<br />

ou non, ce qui ne l’empêcha pas <strong>de</strong> franchir les limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine orthodoxe et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>meurer une activité parfois complémentaire, comme une réponse aux convictions profondément<br />

ancrées dans un peuple qui est le produit d’un métissage culturel. Le territoire<br />

entre ces <strong>de</strong>ux « écoles » fut délimité par <strong>la</strong> conception aborigène <strong>de</strong> <strong>la</strong> nosologie<br />

<strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies.<br />

En effet, on par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, et <strong>de</strong> « ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> Dieu » 8 .<br />

Les premières avaient une origine surnaturelle; <strong>la</strong> tradition magico-religieuse en fit<br />

l’apanage <strong>de</strong>s guérisseurs, tandis que les <strong>de</strong>uxièmes appartenaient au domaine du mé<strong>de</strong>cin.<br />

Un certain critère fondamentaliste prétendait qu’un mé<strong>de</strong>cin ne guérissait pas une<br />

ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue; <strong>de</strong> même, si le guérisseur n’arrivait pas à l’améliorer, elle était du ressort<br />

du mé<strong>de</strong>cin.<br />

Les connaissances plus ou moins éc<strong>la</strong>irées en herboristerie, ajoutées à <strong>la</strong> conception<br />

que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die était liée à <strong>de</strong>s phénomènes cosmiques et <strong>de</strong>s convictions magico-religieuses,<br />

favorisèrent l’apparition d’une thérapeutique basée sur ces mêmes facteurs.<br />

L’utilisation <strong>de</strong> certains végétaux comme <strong>la</strong> rue (Ruta graveolens), l’herbe <strong>de</strong> Sainte-<br />

Marie (Pyrethrum parthenium), <strong>la</strong> figue (Ficus carica) et l’ail, employés pour les « nettoyages<br />

» et autres soins, provoquèrent quelques <strong>de</strong>rmatites sur le front, le nombril et<br />

sur le reste du corps, là où étaient appliquées les herbes sensibilisatrices. On procédait<br />

à cette pratique pour conjurer le mauvais œil, le « mal <strong>de</strong> l’air et l’épouvante » (ces maux<br />

faisaient partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pathologie cosmique et surnaturelle, avec <strong>de</strong>s tableaux cliniques<br />

définis selon l’expérience).<br />

Le vitiligo était perçu comme un mal causé par l’homme; l’iguane joua ici un rôle majeur<br />

dans <strong>la</strong> croyance d’une punition, d’un stigmate contre les voleurs. Vega G. 6 écrivait :<br />

« Une personne a le mauvail oeil quand le jeteur <strong>de</strong> sort s’en prend à elle: ses cheveux<br />

tombent alors... » Pour cette pathologie, l’alopécie areata enigmatique et le vitiligo<br />

concor<strong>de</strong>nt avec certains arguments interprétatifs.<br />

En 1526, sous le règne <strong>de</strong> Charles Quint (1520-1556) — vingt-quatre ans après <strong>la</strong> découverte<br />

<strong>de</strong> l’Amérique et treize ans après celle <strong>de</strong> l’océan Pacifique —, les Espagnols<br />

débarquèrent à Esmeraldas, sur <strong>la</strong> côte équatorienne, commandés par le pilote Bartolomé<br />

Ruiz 2 . Entre 1531 et 1532, les troupes espagnoles provenant du Panama, commandées<br />

par Francisco Pizarro, firent leur incursion sur le territoire actuellement occupé par<br />

l’Équateur; ils arrivèrent par les côtes <strong>de</strong> Manabí, secteur <strong>de</strong> Coaque. Ce fut là qu’ils découvrirent<br />

pour <strong>la</strong> première fois <strong>la</strong> pathologie régionale: <strong>la</strong> verrue péruvienne que les

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