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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS<br />

196<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> peau, <strong>de</strong>s piqûres d’insectes et <strong>de</strong>s manifestations cutanées d’intoxications provoquées<br />

par l’ingestion <strong>de</strong> boissons fermentées ou d’empoisonnements causés par <strong>de</strong>s substances<br />

qu’ils avaient ingérées ou utilisées dans leurs <strong>la</strong>nces.<br />

Selon <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s historiens, <strong>la</strong> syphilis exista dans cette zone avant <strong>la</strong> venue <strong>de</strong>s<br />

Espagnols. Ses manifestations externes étaient signalées sous les noms <strong>de</strong> boubas ou<br />

verrues, fréquemment observées non seulement parmi les habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone mais<br />

aussi les nombreuses personnes « venues d’ailleurs » qui s’y rendaient car <strong>la</strong> région<br />

était considérée « <strong>de</strong> bon tempérament » pour <strong>la</strong> guérison <strong>de</strong> plusieurs ma<strong>la</strong>dies ; ce<strong>la</strong><br />

était dû aussi bien à son climat tempéré qu’à <strong>la</strong> notoriété <strong>de</strong> ses herboristeries, notamment<br />

parce que les Guayas faisaient pousser <strong>la</strong> salsepareille au bord <strong>de</strong>s rivières, p<strong>la</strong>nte<br />

à <strong>la</strong>quelle on attribuait d’importants bienfaits thérapeutiques, même pour traiter <strong>la</strong> syphilis.<br />

Cieza <strong>de</strong> León dit à ce propos : « Et nombre <strong>de</strong> ceux qui arrivaient, les abats endommagés<br />

et le corps pourri, en buvant simplement l’eau <strong>de</strong> ces racines étaient guéris<br />

[...] et d’autres qui venaient l’état aggravé par <strong>de</strong>s boubas et qui les portaient à l’intérieur<br />

<strong>de</strong> leur corps, en buvant <strong>de</strong> cette eau les jours convenables, guérissaient aussi.<br />

Enfin, plusieurs étaient gonflés et d’autres avaient <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ies et ils sont rentrés chez eux<br />

guéris. »<br />

Parmi les parasites <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau, il y avait <strong>la</strong> nigua (chique), qui fut par <strong>la</strong> suite l’un <strong>de</strong>s<br />

fléaux les plus cruels pour les Espagnols, provoquant <strong>de</strong>s ulcérations; existait aussi le<br />

pou du corps et <strong>de</strong>s cheveux.<br />

Cette mé<strong>de</strong>cine aborigène est essentiellement connue à travers les récits <strong>de</strong>s premiers<br />

Espagnols; les chroniqueurs <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s nous décrivent une mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pré-Conquête instinctive, démoniaque, magique et sacerdotale; selon González Suárez,<br />

« tout le système thérapeutique se réduisait à <strong>de</strong>s bains, à <strong>de</strong>s boissons et à <strong>de</strong>s frictions;<br />

l’expérience leur en avait appris l’efficacité ».<br />

La Conquête<br />

Depuis l’arrivée <strong>de</strong> Bartolomé Ruiz — pilote espagnol habile et premier Européen à<br />

mettre le pied sur le territoire équatorien, suivi par le grand conquistador Francisco Pizarro<br />

—, les Espagnols rencontrèrent sur ces terres <strong>de</strong>s pathologies conditionnées par le<br />

milieu tropical.<br />

Le paludisme fut peut-être <strong>la</strong> pathologie <strong>la</strong> plus grave et <strong>la</strong> plus fréquente qu’ils durent<br />

affronter. Cette ma<strong>la</strong>die était endémique parmi les tribus <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte équatorienne;<br />

les Espagnols souffraient encore plus durement <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong>s piqûres <strong>de</strong>s moustiques<br />

infectés par l’hématozoaire à tel point que, selon les chroniqueurs, ces piqûres<br />

« en conduisirent plus d’un dans <strong>la</strong> tombe et <strong>la</strong> plupart d’entre eux tombèrent ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ».<br />

Lors <strong>de</strong> son troisième voyage sur les côtes du sud, Francisco Pizarro débarqua dans<br />

<strong>la</strong> baie <strong>de</strong> San Mateo au début <strong>de</strong> 1531 et continua vers les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> Coaque et<br />

Puerto Viejo, dans l’actuelle province <strong>de</strong> Manabí, où les Espagnols subirent une peste<br />

terrible et inconnue, qu’ils appelèrent « peste <strong>de</strong> verrues ». Cette épidémie — selon<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s réalisées au XX e siècle par certains chercheurs — semble avoir correspondu<br />

au pian, bien que certains pensent encore que ce<strong>la</strong> aurait pu être <strong>la</strong> verrue<br />

péruvienne.<br />

La variole était une autre ma<strong>la</strong>die courante à l’époque. Le Frère Pedro Ruiz Naharro,<br />

religieux <strong>de</strong> l’Ordre Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Merci, dit, en évoquant au mois <strong>de</strong> mars 1531:<br />

« Dans <strong>la</strong> baie <strong>de</strong> Quaque, quelques-uns <strong>de</strong> nos Espagnols tombèrent ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s à cause <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> variole et <strong>de</strong>s boubas ; certains en moururent et d’autres restèrent le visage troué et<br />

extrêmement <strong>la</strong>ids. »<br />

Peu après avoir été fondée, <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Guayaquil, principal port équatorien, comptait<br />

un hôpital fréquenté par beaucoup <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong> différents endroits du littoral, attirés<br />

par <strong>la</strong> réputation curative <strong>de</strong> <strong>la</strong> salsepareille fraîche. Cet hôpital disposait d’une

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