Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Cette situation changea radicalement pour toutes les spécialités — sauf pour la dermatologie
— lors de la mise en place en 1958 du système de médecins de zone: faisant partie
des programmes nationaux de la santé publique, les médecins récemment diplômés allaient
travailler dans les provinces (principalement dans les zones manquant de médecins), pour
une période de trois à cinq ans, avec une rémunération considérable. À la fin de cette période,
ils pouvaient accéder en récompense à une formation dans une spécialité et un centre
hospitalier de leur choix (en percevant toujours un salaire). Nonobstant, les médecins
n’éprouvèrent aucun intérêt à exercer la dermatologie, la considérant peu attirante.
Le manque de dermatologues au Chili fut notoire: en 1970, il y avait environ trente
dermatologues qualifiés et une vingtaine non qualifiés. Le drame des patients était triple :
le groupe communautaire rejetait leurs corps estropiés, une assistance médicale suffisante
et régulière était pénible à trouver et les médicaments efficaces pour le traitement
de leurs pathologies faisaient défaut, du fait du progrès limité de la science dermatologique
de l’époque. Cette situation menait à la chronicité et à l’aggravation des lésions,
entraînant un rejet encore plus important du groupe familial et, plus grave encore, une
réticence des médecins à l’égard de ces patients. Ce n’est qu’après 1980 que les jeunes
médecins éprouvèrent un intérêt consistant pour la spécialité.
Choix de la dermatologie et diminution de la pénurie de spécialistes
Durant les quinze dernières années du XX e siècle et les premières du siècle présent, l’intérêt
des jeunes médecins pour la dermatologie augmenta considérablement. Pendant cette
période, la demande croissante dépassa l’offre de postes vacants des grands centres dermatologiques
pour les résidents en formation. Plusieurs raisons expliquèrent ce changement:
1) la création d’un programme national de spécialisation rigoureusement agencé dans les
domaines théoriques et pratiques, qui reçut le soutien des principaux dermatologues du
pays; 2) l’ascension spectaculaire du statut scientifique de la dermatologie parmi les spécialités
médicales, du fait de la pénétration marquante des sciences basiques (la génétique, la
biochimie, l’immunologie, la physiologie) dans la connaissance de la peau et de ses pathologies;
3) le progrès significatif de traitements efficaces (antibiotiques, corticostéroïdes); 4) la
relative absence d’urgence en dermatologie et la possibilité d’aménager les horaires de
consultation, attrait spécial pour les femmes médecins; 5) un revenu économique stable
grâce aux consultations privées, 6) l’attrait considérable, dans les dernières cinq années, de
la chirurgie dermato-cosmétique. Les conséquences furent les suivantes: la dermatologie fait
partie des cinq spécialités préférées des médecins récemment diplômés possédant les
meilleures qualifications; une nette réduction du manque de dermatologues dans le pays; et
une amélioration nette du soin dermatologique des patients des grandes villes.
Cependant, le grave problème d’une distribution inégale des dermatologues persiste :
notre pays est si vaste que certains endroits manquent toujours de spécialistes. Plusieurs
raisons contribuent à cette inégalité : non seulement la préférence naturelle pour la qualité
de vie des centres urbains (notamment Santiago) et la qualité du progrès professionnel
dans les grands hôpitaux, mais aussi l’insuffisance de moyens du ministère de la
Santé et des services de la santé régionaux. Cette situation les empêche de stimuler économiquement
les diplômés pour leur offrir une formation dans la spécialité ou pour favoriser
leur accès à des ressources matérielles et humaines afin de soigner les patients
et mener des actions de prévention.
La dermatologie chilienne en tant que jeune spécialité,
à prédominance féminine
Un écart considérable entre les générations se produisit au Chili vers 1970: d’un côté, des
dermatologues âgés de plus de 50 ans; de l’autre, un début timide des jeunes de moins de
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