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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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Figure 64.<br />

J. Pedro Velásquez<br />

Berruecos<br />

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ<br />

152<br />

génération à travers l’information ancestrale. Les cultures primitives considéraient<br />

que <strong>la</strong> religion, <strong>la</strong> magie et le traitement médical <strong>de</strong>vaient être complètement inséparables.<br />

Le patient et le guérisseur primitifs cherchaient <strong>de</strong>s origines surnaturelles à<br />

un grand nombre <strong>de</strong> succès, même les ma<strong>la</strong>dies, et ils étaient psychologiquement<br />

prêts à accepter l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> magie 47 .<br />

Les chamans <strong>de</strong>vaient être <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins-prêtres privilégiés et respectés, qui suivaient<br />

<strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> conduite <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine chibcha. Le mot tegua apparut au moment<br />

<strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s Espagnols, bien qu’il s’agisse d’un mot indigène muisca. La communauté<br />

<strong>de</strong>s Teguas était installée (et l’est toujours) sur les terres du cacique <strong>de</strong> Quemuenchatocha,<br />

dans <strong>la</strong> commune boyacense <strong>de</strong> Campohermoso ; les Indiens y<br />

entretenaient un centre <strong>de</strong>stiné à l’éducation <strong>de</strong>s futurs zaques, caciques, prêtres et<br />

chamans <strong>de</strong>puis leur adolescence. Les élus se servaient <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore variée <strong>de</strong> <strong>la</strong> région<br />

pour leurs pratiques, et ils étudiaient les propriétés thérapeutiques <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes.<br />

Lorsque les Espagnols apprirent ces pratiques, ils appelèrent teguas les guérisseurs,<br />

les yuyeros, les sorciers et les natifs capables <strong>de</strong> guérir les ma<strong>la</strong>dies 2 .<br />

On par<strong>la</strong> indistinctement <strong>de</strong> guérisseurs, chamans, teguas et « hommes-mé<strong>de</strong>cine »<br />

chez les peuples primitifs, malgré leurs particu<strong>la</strong>rités différentes. Les chamans possédaient<br />

<strong>de</strong>s connaissances millénaires, et utilisaient diverses p<strong>la</strong>ntes psychotropes (dont<br />

quelques stimu<strong>la</strong>nts comme <strong>la</strong> coca ou le tabac, d’autres hallucinogènes comme le yagué,<br />

Banisteropsis caapi, ou le yopo, Viro<strong>la</strong> sp.). Ces p<strong>la</strong>ntes servaient à produire ou à accélérer<br />

<strong>de</strong>s états modifiés <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience à travers lesquels ils pouvaient guérir et établir le<br />

contact avec le mon<strong>de</strong> surnaturel. Certains groupes <strong>de</strong> colons métis admiraient dans leur<br />

tradition religieuse l’emploi <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes pscyhotropes et le chamanisme indigène comme<br />

solution alternative pour guérir. « Les chamans, interprètes <strong>de</strong>s faits naturels, ont une<br />

fonction politique, sociale et religieuse primordiale dans leurs contextes culturels, en<br />

même temps qu’ils protègent leur groupe face aux agressions <strong>de</strong>s êtres et <strong>de</strong>s forces et<br />

même <strong>de</strong>s attaques rituelles et chamanistiques provenant d’autres groupes 3 .» La<br />

connaissance, <strong>la</strong> maîtrise et l’emploi <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes et d’autres éléments d’origine animale et<br />

minérale constituent une partie fondamentale du pouvoir du chaman, et bien évi<strong>de</strong>mment<br />

<strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> ses pratiques pour déterminer les causes <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies.<br />

Aux temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> Découverte et au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> colonisation, l’apparition <strong>de</strong> guérisseurs,<br />

qui agissaient comme <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, et <strong>de</strong> barbiers, en guise <strong>de</strong> chirurgiens, s’expliqua<br />

en raison du besoin urgent <strong>de</strong> soins médicaux que ressentaient les popu<strong>la</strong>tions en<br />

l’absence <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins officiels. Le premier guérisseur dont on connaît l’existence fut<br />

Diego <strong>de</strong> Montes en 1535 9 . Les guérisseurs furent durement critiqués à cause <strong>de</strong> leur<br />

manque <strong>de</strong> connaissances ; cependant ils jouèrent un rôle convenable et/ou nécessaire<br />

dans l’histoire, dans <strong>de</strong>s circonstances données.<br />

Je transcris le paragraphe suivant du livre La Dermatologie en France — que lors du<br />

<strong>de</strong>rnier Congrès mondial <strong>de</strong> <strong>de</strong>rmatologie, nous reçûmes en ca<strong>de</strong>au à Paris (2002) — ,<br />

car il interprète <strong>de</strong> façon adéquate mon opinion sur le sujet traité : « En peu d’années, <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rmatologie a connu une évolution assez extraordinaire pour reléguer dans l’ombre <strong>de</strong>s<br />

siècles <strong>de</strong> croyances au cours <strong>de</strong>squelles <strong>la</strong> pratique médicale ne s’éloignait guère <strong>de</strong>s<br />

pratiques empiriques d’une mé<strong>de</strong>cine popu<strong>la</strong>ire qui ne pouvait se référer qu’à <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s<br />

naturels ou à <strong>de</strong>s conceptions non étayées. Le développement d’une démarche<br />

scientifique et clinique rigoureuse et <strong>la</strong> généralisation d’essais thérapeutiques randomisés<br />

ont bouleversé <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> soins au bénéfice <strong>de</strong> l’efficacité. Mais l’histoire <strong>de</strong><br />

notre pays nous enseigne que l’esprit n’accepte pas toujours <strong>de</strong> s’enfermer dans <strong>la</strong> raison<br />

: chacun s’est toujours réservé le droit <strong>de</strong> croire à l’irrationnel. Devant ce que nous<br />

appelons aujourd’hui l’‘‘effet p<strong>la</strong>cebo’’ et qui pouvait s’appeler autrefois ‘‘mystère’’, chacun<br />

restera libre <strong>de</strong> se référer à ses croyances, sa spiritualité, son imaginaire ou ses<br />

convictions 48 .»

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