Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
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Figure 18.<br />
Liborio Zerda<br />
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ<br />
132<br />
interprétées comme pian et syphilis vénérienne; on attribua exclusivement à cette <strong>de</strong>rnière<br />
les lésions <strong>de</strong> Caries sicca du crâne, qui sont remarquables. Ceux qui partagent <strong>la</strong><br />
théorie <strong>de</strong> l’origine unitaire <strong>de</strong>s tréponématoses considèrent qu’elles se développèrent simultanément<br />
au sein <strong>de</strong> plusieurs popu<strong>la</strong>tions sur le vieux et le nouveau continent. La<br />
syphilis vénérienne, <strong>la</strong> syphilis endémique non vénérienne, le pian et le carate « seraient<br />
quatre syndromes à l’intérieur d’un gradient biologique causé par le Treponema pallidum<br />
6 . » La syphilis endémique apportée en Europe par les Espagnols suite à leur contact<br />
avec les indigènes fut sans doute favorisée par les différences du style <strong>de</strong> vie (par<br />
exemple, le port d’habits), ce qui entraîna une modification dans <strong>la</strong> transmission du Treponema<br />
pallidum vers une forme sexuelle ; c’est ainsi que le pian <strong>de</strong>vint <strong>la</strong> syphilis vénérienne,<br />
qui revint plus tard en Amérique avec ces mêmes Espagnols. José Vicente<br />
Rodríguez, Carlos Armando Rodríguez, Gonzalo Correal Urrego et Hugo Armando Sotomayor<br />
Tribín à Bogotá contribuèrent gran<strong>de</strong>mment à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong>s tréponématoses,<br />
à partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> restes osseux découverts au département <strong>de</strong><br />
Cundinamarca et dans <strong>la</strong> vallée du Cauca.<br />
La présence <strong>de</strong>s tréponématoses <strong>de</strong>puis les premières années <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conquête apparaît<br />
dans maints récits <strong>de</strong>s chroniqueurs <strong>de</strong> l’époque, et fut désormais étudiée. La syphilis<br />
vénérienne <strong>de</strong>vint un problème sanitaire <strong>de</strong>puis l’irruption <strong>de</strong>s colonisateurs<br />
espagnols ; <strong>la</strong> pauvreté et <strong>la</strong> prostitution jouèrent un rôle important dans sa dissémination.<br />
L’inci<strong>de</strong>nce élevée <strong>de</strong> <strong>la</strong> syphilis à <strong>la</strong> fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle obligea<br />
le gouvernement à réformer les programmes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine et à établir <strong>de</strong>s chaires <strong>de</strong><br />
syphiligraphie dans les universités 17 . Le carate, qui fut même un élément d’i<strong>de</strong>ntité ethnique<br />
parmi les natifs, <strong>de</strong>vint après un problème <strong>de</strong> santé publique, tout comme le pian<br />
<strong>de</strong>puis le XVI e siècle et jusqu’à <strong>la</strong> moitié du XX e siècle. L’arrivée <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénicilline constitua,<br />
pour le bien commun, un événement marquant dans l’histoire <strong>de</strong>s tréponématoses,<br />
et c’est grâce à elle que Gerardo López Narváez traita les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> côte occi<strong>de</strong>ntale<br />
du pays pendant quatorze ans jusqu’à l’éradication du pian.<br />
HISTOIRE DE LA RECHERCHE, LA BACTÉRIOLOGIE ET L’IMMUNOLOGIE CUTANÉE<br />
José Celestino Mutis importa d’Espagne en 1760 les idées <strong>de</strong>s Lumières et <strong>la</strong><br />
science européenne <strong>de</strong> l’époque; en 1842, José Joaquín García mena les premières<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recherche sur <strong>la</strong> lèpre basées sur l’observation; en 1865, <strong>la</strong> chaire <strong>de</strong> pharmacie<br />
fit ses premiers pas dans <strong>la</strong> recherche grâce au mé<strong>de</strong>cin Osorio, à <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Bogotá 36 , mais ce ne fut qu’à <strong>la</strong> fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle<br />
que débuta <strong>la</strong> tradition d’une recherche expérimentale et que <strong>la</strong> bactériologie <strong>de</strong>vint<br />
un moyen <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée scientifique.<br />
Entre 1880 et 1904 (pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gouvernements <strong>de</strong> Rafael Núñez et <strong>de</strong> Rafael Reyes),<br />
les bases pour le développement scientifique colombien furent établies. On créa les<br />
chaires <strong>de</strong> bactériologie, d’histologie, <strong>de</strong> microbiologie, <strong>de</strong> micrographie et <strong>de</strong> syphiligraphie;<br />
Epifanio Combariza et Liborio Zerda (figure 18) jouèrent un rôle important,<br />
marquant l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactériologie et <strong>la</strong> micrographie. En 1900, Francisco Tapia créa<br />
un <strong>la</strong>boratoire à l’université nationale (Bogotá), qui fut plus tard transféré à l’hôpital San<br />
Juan <strong>de</strong> Dios 17 . Juan <strong>de</strong> Dios Carrasquil<strong>la</strong> chercha dans <strong>la</strong> sérologie <strong>la</strong> possibilité d’un traitement<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre, transfusant à <strong>de</strong>s chevaux le sang <strong>de</strong>s patients; son sérum parcourut le<br />
mon<strong>de</strong> en 1896, entraînant <strong>la</strong> création <strong>de</strong> l’institut <strong>de</strong> sérothérapie 35 . Roberto Franco fonda<br />
<strong>la</strong> chaire <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies tropicales et, aidé par le phi<strong>la</strong>nthrope Santiago Samper, il mit en p<strong>la</strong>ce<br />
le <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> l’hôpital San Juan <strong>de</strong> Dios, où Jorge Martínez Santamaría et Gabriel Toro<br />
Vil<strong>la</strong> menèrent d’importantes étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> fièvre jaune et les ma<strong>la</strong>dies tropicales. L’ère <strong>de</strong><br />
l’histologie débuta en 1904 grâce à Eliseo Montaña Granados; Laurentino Muñoz le définit<br />
comme « un <strong>de</strong>s créateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine scientifique en Colombie 2 .»<br />
Le <strong>la</strong>boratoire bactériologique et celui <strong>de</strong> l’hôpital San Vicente <strong>de</strong> Paúl à Me<strong>de</strong>llin<br />
furent créés en 1913. Quelques années plus tard (1917) fut créé à Bogotá le <strong>la</strong>boratoire