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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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Figure 1.<br />

Céramique jamacoaque.<br />

Bartonellose.<br />

Collection privée <strong>de</strong><br />

Hugo A. Sotomayor T.<br />

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ<br />

118<br />

l’« arc » ; cette <strong>de</strong>rnière catégorie incluait les enfants portant <strong>de</strong>s traits physiques d’animaux<br />

et qui présentaient <strong>de</strong>s boutons sur <strong>la</strong> peau. D’autres tribus les c<strong>la</strong>ssifièrent en<br />

ma<strong>la</strong>dies « chau<strong>de</strong>s » — comme <strong>la</strong> fièvre — et en ma<strong>la</strong>dies « froi<strong>de</strong>s » — comme le rhumatisme<br />

— ou simplement en acci<strong>de</strong>nts (fractures). Parmi les Emberas, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die était<br />

produite et guérie par les jais, qui étaient « l’essence <strong>de</strong>s choses, considérée comme une<br />

énergie, quelque chose <strong>de</strong> vital. » 4 Les Motilons tinrent compte <strong>de</strong> certaines notions <strong>de</strong><br />

contagion et donnèrent une valeur mineure à <strong>la</strong> sorcellerie. Les Chibchas définirent les<br />

mots liés aux ma<strong>la</strong>dies, par exemple sojusua (acné et furoncle), sinua (pellicules), gacha,<br />

bimi (ulcère), iza (ulcère, gale et variole) 5 .<br />

Ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>rmatologiques autochtones<br />

L’époque préhispanique connut certainement bien <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies ; cependant, <strong>la</strong> perte<br />

<strong>de</strong>s tissus mous <strong>de</strong>s dépouilles humaines conservées en empêche le constat. Néanmoins,<br />

certaines ma<strong>la</strong>dies furent catégoriquement définies. C’est le cas du carate, causé par le<br />

Treponema caratenum, appelé puru-pururú dans <strong>la</strong> région Guainía, qui était fréquent<br />

dans le Chocó 6 ; d’après le père Rivero, « ils souffraient <strong>de</strong> carate, qui affectait les mains<br />

et le visage avec <strong>de</strong>s taches bleues et b<strong>la</strong>nches, dont ils étaient fiers au point que les<br />

jeunes femmes ne souffrant pas <strong>de</strong> carate n’étaient pas <strong>de</strong>mandées en mariage<br />

». Les boubas, frambesía ou pian, causés par le Treponema pertenue, furent<br />

bien documentées par les étu<strong>de</strong>s paléontologiques <strong>de</strong> José Vicente<br />

Rodríguez Cuenca et Carlos Armando Rodríguez, réalisées sur <strong>de</strong>s dépouilles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée du Cauca 6 . Des trouvailles archéologiques 7 (figure 1) prouvent <strong>la</strong><br />

présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> bartonellose (verrue péruvienne) — dont le vecteur est le Phlebotomus,<br />

Lutzomía colombiana —. Le charbon bactérien, appelé maraña, était<br />

fréquent dans <strong>la</strong> péninsule <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guajira; selon Pineda Giraldo, « l’homme est<br />

contaminé lorsqu’une goutte <strong>de</strong> sang tombe sur sa peau quand il ouvre un animal,<br />

ou lorsqu’il se blesse en l’ouvrant, ou lorsqu’il mange <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> mal cuite<br />

<strong>de</strong> l’animal mort <strong>de</strong> cette ma<strong>la</strong>die ». Le toke<strong>la</strong>o (Tinea imbricata), touchait les<br />

Indiens du Chocó, <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte du Pacifique. Les fièvres pétéchiales et les boubas<br />

causèrent <strong>de</strong>s dégâts parmi les conquistadors lorsqu’ils arrivèrent par <strong>la</strong> région <strong>de</strong><br />

Patía <strong>de</strong>puis le Pérou. La gale, les piqûres <strong>de</strong> moustiques, d’abeilles, <strong>de</strong> guêpes, <strong>de</strong><br />

tiques, <strong>de</strong> puces, d’arachni<strong>de</strong>s étaient fréquents; ainsi que les morsures <strong>de</strong> grands<br />

lézards (comme les caïmans), <strong>de</strong> serpents <strong>de</strong>s genres Bothrops, Lechesis mu<strong>la</strong>muta<br />

(putréfactrice) et Crotalus dirussus terrificus (serpent à sonnette), tout comme les morsures<br />

<strong>de</strong> chauve-souris, notamment <strong>de</strong> Desmodus rotundos, qui transmirent arbovirus et<br />

causèrent <strong>de</strong>s anémies 6 . La nigua (Tunga penetrans) et le gusano <strong>de</strong> monte (nuche,<br />

myiase) étaient complètement inconnus <strong>de</strong>s Européens ; d’après Safari, « on estime que<br />

les insectes <strong>de</strong>s régions tempérées provoquèrent davantage <strong>de</strong> victimes parmi les Espagnols<br />

durant <strong>la</strong> conquête que toutes les flèches empoisonnées <strong>de</strong>s Indiens. Ils ne connaissaient<br />

pas <strong>de</strong> remè<strong>de</strong> pour <strong>la</strong> nigua, et pour se débarrasser <strong>de</strong>s moustiques ils étaient<br />

souvent obligés <strong>de</strong> s’enterrer dans le sable ». La fi<strong>la</strong>riose par Manzonel<strong>la</strong> ozardi, existe<br />

toujours dans nos forêts du Vaupés 2, 6 . La leishmaniose, dont José <strong>de</strong>l Carmen Rodríguez<br />

Bermú<strong>de</strong>z déduit <strong>la</strong> présence à partir d’une sculpture préhispanique trouvée à Cundinamarca,<br />

est également examinée. Les traces <strong>de</strong>s excréments fossiles prouvent <strong>la</strong> présence<br />

<strong>de</strong> plusieurs parasites intestinaux comme Strongiloi<strong>de</strong>s, ascaris et trichocéphales 6 .<br />

Quant à <strong>la</strong> syphilis vénérienne, son origine <strong>américaine</strong> ou européenne fut <strong>la</strong>rgement<br />

discutée, mais d’anciens témoignages écrits <strong>la</strong>issent supposer son existence dans nos<br />

terres à l’époque préhispanique. Des étu<strong>de</strong>s paléontologiques récentes remontant à<br />

3000 ans av. J.-C. — comme celles du Pr. José Vicente Rodríguez Cuenca (université nationale<br />

<strong>de</strong> Colombie) et <strong>de</strong> Gonzalo Correal Urrego, qui en trouva <strong>de</strong>s traces dans le tissu<br />

osseux <strong>de</strong>s dépouilles d’Aguazuque (Cundinamarca) — semblent le confirmer 6, 10 . Dans

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