Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

Histoire de la
dermatologie
latino-américaine
Sous la direction de
Ricardo Galimberti
Adrián Martín Pierini
Andrea Bettina Cervini

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
LATINO-AMÉRICAINE

Histoire de la dermatologie latino-américaine, sous la direction de Ricardo Galimberti,
Adrián Martín Pierini et Andrea Bettina Cervini.
Ce livre a été réalisé à l’initiative du comité d’organisation du XXI e Congrès mondial
de dermatologie.
Rédigé par 73 auteurs représentant la communauté dermatologique latino-américaine,
il constitue le cadeau officiel du XXI e Congrès mondial de dermatologie, organisé
à Buenos Aires du 1 er au 5 octobre 2007.
L’Histoire de la dermatologie latino-américaine est publiée grâce à un fonds éducatif
sans restriction des Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique.
Coordination éditoriale : Andrea Bettina Cervini
Révision des contenus : Andrea Bettina Cervini, Amelia Marta Laterza, Adrián Martín Pierini
Édition technique : Margarita Pierini
Conception des intérieurs : Petits Papiers, Toulouse (France)
Composition typographique, mise en pages et correction : Rafael Centeno
Couverture : Mariana Nemitz
Traduction française : Thierry Boulenger
© 2007, Éditions Privat
10, rue des Arts
BP 38028
31080 Toulouse Cedex 6
ISBN : 978-2-7089-5866-1
Dépôt légal : avril 2007
Couverture : statuettes préhispaniques présentant des lésions cutanées.

Sous la direction de
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
LATINO-AMÉRICAINE
LABORATOIRES PIERRE FABRE

AUTEURS DU LIVRE HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE LATINO-AMÉRICAINE AYANT ASSISTÉ À LA SOIRÉE DU 17 NOVEMBRE 2005
À CARTHAGÈNE, COLOMBIE, DANS LE CADRE DU XIV E CONGRÈS IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)
Alfredo Abreu Daniel (Cuba) ; Gilberto Adame Miranda (Mexique) ; Danielle Alencar-Ponte (Colombie) ; Claudio Arias Argudo (Équateur) ;
M. Isabel Arias Gómez (Mexique) ; Eduardo Baños (El Salvador) ; Antonio Barrera Arenales (Colombie) ; Zuño Burstein Alva (Pérou) ;
Andrea Bettina Cervini (Argentine) ; Mauricio Coello Uriguen (Équateur) ; Paulo R. Cunha (Brésil) ; Luis Flores-Cevallos (Pérou) ; Elbio
Flores-Cevallos (Pérou) ; Ricardo Galimberti (Argentine) ; Pedro García Zubillaga (Argentine) ; Jaime Gil Jaramillo (Colombie) ; Flavio
Gómez Vargas (Colombie) ; Rubén Guarda Tatín (Chili) ; Enrique Hernández Pérez (El Salvador) ; Alfredo Lander Marcano (Venezuela) ;
Franklin Madero Izaguirre (Équateur) ; Fernando Magill (Pérou) ; Graciela Manzur (Argentine) ; Aldo Edgar Martínez Campos (Nicaragua) ;
José A. Mássimo (Argentine) ; Jairo Mesa Cock (Colombie) ; Martha Miniño (République dominicaine) ; Isaac Neira Cuadra (Nicaragua) ;
León Neumann Scheffer (Mexique) ; Yolanda Ortiz (Mexique) ; Adrián Martín Pierini (Argentine) ; Jaime Piquero Martín (Venezuela) ;
Leana Quintanilla (El Salvador) ; Roberto Rampoldi (Uruguay) ; Antonio Rondón Lugo (Venezuela) ; Amado Saúl (Mexique) ; Eduardo
Silva-Lizama (Guatemala) ; César Iván Varela Hernández (Colombie) ; Mirta Vázquez (Argentine) ; Alberto Woscoff (Argentine).

LISTE DES AUTEURS
ABREU DANIEL, ALFREDO (Cuba). Professeur consultant. Président de la Société cubaine de
dermatologie. Chef du groupe national de dermatologie du ministère de la Santé
publique de Cuba.
ADAME MIRANDA, GILBERTO (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.
Président de l’Académie mexicaine de dermatologie (2006-2007).
ALENCAR-PONTE, DANIELLE (Colombie). Spécialiste en dermatologie et clinique médicale.
Diplômée en programmation neurolinguistique. Dermatologue. Service médical de
l’université del Valle.
ALMODÓVAR, PABLO I. (Porto Rico). Professeur associé du département de dermatologie de
l’école de médecine, université de Porto Rico.
AMOR GARCÍA, FRANCISCO (Uruguay). Chef du service de dermatologie. Ministère de la Santé
publique. Montevideo.
ARENAS, ROBERTO (Mexique). Président du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
(2003-2007).
ARIAS ARGUDO, CLAUDIO (Équateur). Président de l’Académie équatorienne de médecine.
Ancien professeur des chaires de médecine interne et de dermatologie de l’université
de Cuenca et de l’université catholique.
ARIAS GÓMEZ, M. ISABEL (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.
BAÑOS, JULIO EDUARDO (El Salvador). Président de l’Association dermatologique du Salvador.
BARRERA ARENALES, ANTONIO (Colombie). Président de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermato-pathologie.
BORES, AMALIA M. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et
formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de la médecine.
BORES, INÉS A. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et
formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de la médecine.
BURSTEIN ALVA, ZUÑO (Pérou). Professeur émérite, Universidad Nacional Mayor de San
Marcos, Lima (dermatologie et médecine tropicale). Membre de l’Académie nationale
de médecine, Pérou. Chercheur permanent de l’Institut de médecine tropicale Daniel
A. Carrión, UNMSM, Lima (dermatologie sanitaire).
CÁCERES, HÉCTOR (Pérou). Médecin dermatologue pédiatre. Institut de la santé de l’enfant,
Lima. Professeur de dermatologie. Université péruvienne Cayetano Heredia.
Président de la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique.
CAMPOS MACÍAS, PABLO (Mexique). Département de dermatologie, hôpital Aranda de la Parra,
León, Gto. Faculté de médecine, université de Guanajuato.
CÁRDENAS UZQUIANO, FERNANDO (Bolivie) (✝). Professeur émérite, Universidad Mayor de San
Andrés.
7

LISTE DES AUTEURS
8
CERVINI, ANDREA BETTINA (Argentine). Médecin dermatologue. Médecin assistante du service de
dermatologie de l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr. Juan P. Garrahan, Buenos Aires, Argentine.
Enseignante rattachée, orientation dermatologie, université de Buenos Aires.
COELLO URIGUEN, MAURICIO (Équateur). Médecin dermatologue. Société équatorienne de
dermatologie, Noyau de l’Azuay.
CORREA, JULIO (Paraguay). Médecin dermatologue. Membre actif de la Société paraguayenne
de dermatologie.
CUNHA, PAULO R. (Brésil). Professeur autonome de la faculté de médecine de l’université de
Sao Paulo. Professeur titulaire de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí.
Post-Doctorat à la New York University.
DE LEÓN G., SUZZETTE (Guatemala). Chef de l’unité d’enseignement de l’Institut de
dermatologie et de chirurgie de la peau.
DÍAZ ALMEIDA, JOSÉ G. (Cuba). Professeur émérite. Docteur ès sciences médicales. Chef de la
chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales General Calixto García.
DIEZ DE MEDINA, JUAN CARLOS (Bolivie). Chef de l’enseignement et de la recherche de la
Fondation « Peau », Bolivie.
FAIZAL GEAGEA, MICHEL (Colombie). Coordinateur. Professeur associé, unité de dermatologie,
université nationale de Colombie. Directeur du département de médecine interne
de l’université nationale de Colombie.
FALABELLA, RAFAEL (Colombie). Professeur émérite. Chef du service de dermatologie,
université del Valle, Cali, Colombie.
FLORES-CEVALLOS, ELBIO (Pérou). Professeur de chirurgie de la tête et du cou de la faculté de
médecine de San Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima.
Fondateur et ancien chef du service d’enseignement et d’assistance de chirurgie de la
tête et du cou de l’hôpital général national Dos de Mayo, Lima.
FLORES-CEVALLOS, LUIS (Pérou). Professeur de dermatologie de la faculté de médecine de San
Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima. Fondateur du service
d’enseignement et d’assistance de dermatologie, hôpital Edgardo Rebagliati Martins,
et ancien directeur.
GALIMBERTI, RICARDO (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Italiano de
Buenos Aires. Professeur régulier adjoint de l’université nationale de Buenos Aires.
Professeur adjoint de l’école de médecine de l’hôpital Italiano de Buenos Aires.
GARCÍA ZUBILLAGA, PEDRO (Argentine). Pédiatre. Dermatologue universitaire. Enseignant
rattaché de dermatologie, faculté de médecine de l’université de Buenos Aires.
Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.
GIL JARAMILLO, JAIME (Colombie). Professeur du service de dermatologie, université libre de
Cali. Dermatologue. Institut des sécurités sociales de Cali.
GÓMEZ VARGAS, FLAVIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien professeur titulaire, service de
dermatologie, université de Antioquia.
GONZÁLEZ ROJAS, CARLOS HORACIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne
de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président du Collège ibéroaméricain
de cryochirurgie.
GREENBERG CORDERO, PETER A. (Guatemala). Directeur médical de l’Institut de dermatologie et
de chirurgie de la peau. Membre de l’académie guatémaltèque de dermatologie.
GUARDA TATÍN, RUBÉN (Chili). Ancien président de la société chilienne de dermatologie et de
vénéréologie (1986-1990). Ancien professeur associé de dermatologie de la faculté de
médecine de l’université du Chili.
GUTIÉRREZ ALDANA, GUILLERMO (Colombie). Ancien chef, professeur titulaire et professeur émérite
du service de dermatologie de l’université nationale de Colombie. Ancien président de
l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique.

Histoire de la dermatologie latino-américaine
HALPERT, EVELYNE (Colombie). Chef de la section de dermatologie pédiatrique de la Fondation
Santa Fe de Bogotá. Médecin dermatologue de l’université de Antioquia et
dermatologue infantile de l’Institut national de pédiatrie DIF du Mexique.
HERNÁNDEZ PÉREZ, ENRIQUE (El Salvador). Directeur du Centre de dermatologie et de chirurgie
cosmétique de San Salvador. Président de la Mesoamerican Academy of Cosmetic
Surgery et membre du Groupe d’actualités thérapeutiques dermatologiques.
ISA ISA, RAFAEL (République dominicaine). Médecin dermatologue, épidémiologiste et
mycologue. Directeur général du IDCP–DHBD. Vice-président du CILAD.
LANDER MARCANO, ALFREDO (Venezuela). Président de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
MADERO IZAGUIRRE, FRANKLIN (Équateur). Médecin dermatologue. Professeur de la
spécialisation en dermatologie à l’université de Guayaquil. Chef du service de
dermatologie pédiatrique de l’hôpital de l’enfant Dr Francisco de Ycaza Bustamante.
Dermatologue pédiatre de l’hôpital pour enfants Dr Roberto Gilbert E.
MADERO IZAGUIRRE, MAURO (Équateur). Professeur principal d’histoire de la médecine,
d’immunologie basique et d’immunologie clinique, université catholique de Santiago
de Guayaquil. Professeur de la spécialisation en dermatologie, université de
Guayaquil. Chef du service d’allergie de l’hôpital Dr Teodoro Maldonado Carbo.
IESS Guayaquil.
MAGILL, FERNANDO (Pérou). Président de la RADLA 2004.
MANZUR, GRACIELA (Argentine). Pédiatre-néonatologue. Dermatologue universitaire.
Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.
MARTÍNEZ CAMPOS, ALDO EDGAR (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur titulaire de la
chaire de dermatologie, faculté de médecine de l’université américaine.
MÁSSIMO, JOSÉ ANTONIO (Argentine). Docteur en médecine. Pédiatre. Dermatologue
universitaire. Directeur du cursus de dermatologie pédiatrique de la faculté de
médecine de l’université de Buenos Aires. Chef du service de dermatologie de
l’hôpital pour enfants Ricardo Gutierrez.
MESA COCK, JAIRO (Colombie). Ancien chef du service et professeur titulaire de dermatologie
de l’université de Caldas. Directeur du site Internet de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
MINIÑO, MARTHA (République dominicaine). Médecin pathologiste, dermatologue et dermatopathologiste.
Éditrice de la Revista Dominicana de Dermatología et au IDCP / DHBD.
MONTENEGRO LÓPEZ, GALO (Équateur). Médecin dermatologue, service de dermatologie,
hôpital Carlos Andrade Marín, Quito.
NEIRA CUADRA, JORGE ISAAC (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur auxiliaire de la
chaire de dermatologie de la faculté de médecine de l’université américaine.
Professeur auxiliaire de la chaire de spécialisation en dermatologie de la faculté de
médecine, université nationale autonome du Nicaragua, Managua.
NEUMANN SCHEFFER, LEÓN (Mexique). Ancien président de la Société mexicaine de chirurgie
dermatologique et oncologique.
ORTIZ, YOLANDA (Mexique). Professeur de dermatologie I.P.N. Chef du service de l’hôpital
Juárez du Mexique.
PIERINI, ADRIÁN MARTÍN (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de pédiatrie
Pr. Dr Juan P. Garrahan. Professeur adjoint de dermatologie. Faculté de médecine,
université de Buenos Aires.
PIERINI, LUIS DAVID (Argentine). Ancien chef du service de neurologie des hôpitaux Torcuato
de Alvear et Ignacio Pirovano, Buenos Aires, Argentine. Ancien enseignant de
neurologie de l’université de Buenos Aires (UBA). Ancien membre titulaire du tribunal
d’honneur du Collège argentin de neurologues cliniques.
PIQUERO MARTÍN, JAIME (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Vargas de
Caracas. Institut de biomédecine.
9

LISTE DES AUTEURS
QUINTANILLA SÁNCHEZ, LEANA (El Salvador). Secrétaire de l’Association dermatologique du
Salvador.
QUIÑONES, CÉSAR (Porto Rico). Professeur associé ad honorem au département de
dermatologie de l’école de médecine de l’université de Porto Rico.
RAMPOLDI BESTARD, ROBERTO (Uruguay). Médecin dermatologue.
REYES FLORES, OSCAR (Venezuela). Membre honoraire de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
RONDÓN LUGO, ANTONIO (Venezuela). Chef de la chaire de dermatologie de l’école de médecine
José M. Vargas, UCV.
RUIZ MALDONADO, RAMÓN (Mexique). Professeur titulaire de dermatologie et de dermatologie
pédiatrique, université nationale autonome du Mexique. Chercheur national niveau
III du système national de chercheurs, chercheur en sciences médicales « F » des
Instituts nationaux de la santé.
SAÚL, AMADO (Mexique). Professeur de dermatologie UNAM et IPN. Consultant technique du
service de dermatologie de l’hôpital général de Mexico.
SILVA-LIZAMA, EDUARDO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, centre médical militaire,
Guatemala. Coordinateur de la chaire de dermatologie de la faculté de médecine de
l’université Mariano Gálvez. Regional editor For Central American Activities,
International Journal of Dermatology. Membre du conseil éditorial de Medicina
Cutánea Ibero Latinoamericana. Membre de l’Association guatémaltèque de
dermatologie, de la Société centre-américaine de dermatologie, du CILAD, de
l’International Society of Dermatology et de l’American Academy of Dermatology.
TRUJILLO REINA, BENJAMÍN (Venezuela). Vice-président de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
URQUIZU DÁVILA, PABLO HUMBERTO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, Département
de médecine interne, hôpital Roosevelt. Ancien président de l’Association
guatémaltèque de dermatologie, membre de la société centre-américaine de
dermatologie, du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie et de l’American
Academy of Dermatology.
VALDIVIA BLONDET, LUIS (Pérou). Professeur principal de dermatologie, Universidad Nacional
Mayor de San Marcos.
VALLE, LIDIA E. (Argentine). Dermatologue universitaire. Enseignante rattachée de
dermatologie (UBA). Professeur universitaire en médecine (UCS).
VARELA HERNÁNDEZ, CÉSAR IVÁN (Colombie). Professeur ad honorem au service de
dermatologie, département de médecine interne, université del Valle. Président
fondateur de l’Association d’histoire de la dermatologie colombienne. Ancien
président de l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie
dermatologique, région Valle del Cauca.
VARGAS MONTIEL, HERNÁN (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de
Maracaibo.
VÁZQUEZ, MIRTA (Argentine). Médecin pédiatre du service de pédiatrie de l’hôpital Pirovano.
VELÁSQUEZ BERRUECOS, JUAN PEDRO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne
de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien chef du service de
dermatologie de l’université de Antioquia. Ancien professeur titulaire du service de
dermatologie de l’université de Antioquia.
VIGLIOGLIA, PABLO A. (Argentine). Professeur émérite, université de Buenos Aires.
VIGNALE, RAÚL (Uruguay). Professeur émérite de la chaire de dermatologie de la faculté de
médecine. Chef du service de dermatologie, ministère de la Santé publique,
Montevideo.
WOSCOFF, ALBERTO (Argentine). Professeur consultant titulaire, université de Buenos Aires.

SOMMAIRE
PROLOGUE : LE DÉBUT D’UN CHEMIN (RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE DANS LES CULTURES INDIGÈNES ARGENTINES
(LUIS DAVID PIERINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Les groupes indigènes : botanique médicale, géographie médicale, pathologies . . . .20
Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
Les groupes du Nord-Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
Le groupe andin et des Sierras centrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Pampas, Querandis et Puelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Patagons ou Tehuelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
Extrême Sud magellanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ARGENTINE (PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO
WOSCOFF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
L’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
Les origines de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
L’époque de Baliña et de Greco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
L’époque de Pierini et de Quiroga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
L’ère actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
La fédéralisation de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40
L’activité internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
Les différentes sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
Revues de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
Livres de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
Maîtres de la dermatologie argentine (SAD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
DERMATOLOGIE : ART ET CULTURE (AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE) 51
La dermatologie dans la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
La médecine populaire. Les guérisseurs et la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
Les moulages en cire. La photographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
11

ÍNDICE
12
HISTOIRE DE L’ASSOCIATION ARGENTINE DE DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE
(JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ) . . . .59
COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA SOCIÉTÉ BOLIVIENNE DE DERMATOLOGIE
(FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Avant sa fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Depuis sa fondation jusqu’à fin 1985 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
Depuis 1986 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70
LA DERMATOLOGIE ET LES DERMATOLOGUES AU BRÉSIL (PAULO R. CUNHA) . . . . .73
Le Brésil et la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
Première étape : les bénédictions des payés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
L’étape préscientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
L´étape scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77
Personnalités historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81
La dermatologie dans les États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
La Société brésilienne de dermatologie (SBD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89
L’histoire de la RADLA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
Quelques maladies et leur traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
Les défis de la dermatologie pour le nouveau millénaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN COLOMBIE (CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ)
(COLLABORATEURS : DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA ARENALES, MICHEL FAIZAL
GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS,
GUILLERMO GUTIÉRREZ ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS) . . . .117
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117
La dermatologie depuis la découverte de l’Amérique jusqu’à l’époque coloniale.
L’influence de la Conquête et les nouvelles maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121
La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122
Histoire de la recherche, l’infectiologie et les sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . .130
Institutions dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137
Publications scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142
Activités scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143
L’enseignement de la spécialité : les écoles-services de dermatologie . . . . . . . . . . . .144
Dermatologie, art et culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .149
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154
COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE À CUBA (JOSÉ G. DÍAZ
ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157
Période coloniale (1509-1902) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157
Période de la république libérale bourgeoise (1902-1958) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .158
Période de la révolution socialiste (de 1959 à nos jours) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167
ESQUISSE HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE CHILIENNE (RUBÉN GUARDA TATÍN) . . .169
La dermatologie comme spécialité au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169
L’enseignement de la dermatologie au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .174
Compte rendu de quelques disciplines dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .181
Histoire de la Société chilienne de dermatologie et vénéréologie . . . . . . . . . . . . . . . .185
Publications dermatologiques au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190
Réunions scientifiques nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190

Histoire de la dermatologie latino-américaine
La dermatologie chilienne sur le plan international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ÉQUATORIENNE (MAURO MADERO IZAGUIRRE,
FRANKLIN MADERO IZAGUIRRE, GALO MONTENEGRO LÓPEZ, MAURICIO COELLO URIGUEN, CLAUDIO
ARIAS ARGUDO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .195
I. La dermatologie dans la région côtière ou littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Aspects historiques : Époque préhispanique. La Conquête. Époque coloniale.
L’indépendance (1820-1830). Époque républicaine (1830-1900). Première partie
du XXe siècle (1900-1950). La dermatologie comme spécialité (1950-2005).
Fondation de la Société équatorienne de dermatologie. La dermatologie équatorienne
actuelle. Grands dermatologues équatoriens. Références bibliographiques
II. La dermatologie à Quito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207
III. La dermatologie de l’Azuay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210
La dermatologie à l’époque préhispanique. La dermatologie à l’époque hispanique
et prérépublicaine. La dermatologie à l’époque républicaine. Fondation
officielle de l’université de Cuenca. Compte rendu historique de la Société équatorienne
de dermatologie-Noyau de l’Azuay. Références bibliographiques
LA DERMATOLOGIE AU SALVADOR (JULIO EDUARDO BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ,
LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .225
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU GUATEMALA (EDUARDO SILVA-LIZAMA, PABLO
HUMBERTO URQUIZU DÁVILA, PETER GREENBERG CORDERO, SUZETTE DE LEÓN G.) . . . . . . . . .231
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231
La dermatologie pendant la Conquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .239
La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .240
Sociétés dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .247
Enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .249
Institut de dermatologie et chirurgie de la peau (INDERMA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .251
La dermatologie dans la littérature. La dermatologie populaire, les guérisseurs,
la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .253
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .263
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU MEXIQUE (GILBERTO ADAME MIRANDA,
MARIA ISABEL ARIAS GÓMEZ, ROBERTO ARENAS, PABLO CAMPOS MACÍAS, LEÓN NEUMANN
SCHEFFER, YOLANDA ORTIZ, RAMÓN RUIZ MALDONADO, AMADO SAÚL) . . . . . . . . . . . . . . . . . .265
Époque préhispanique ou précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .265
Époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .268
Époque de l’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .271
Époque contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .272
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .274
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .275
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE AU MEXIQUE (RAMÓN RUIZ
MALDONADO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .277
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE NICARAGUAYENNE (ALDO EDGAR MARTÍNEZ
CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281
Développement de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281
Personnalités remarquables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .283
13

ÍNDICE
14
L’Association nicaraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .287
Le centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo . . . . . . . . . . . .287
L’enseignement dermatologique au Nicaragua . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .288
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .290
NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PARAGUAY (JULIO CORREA) . .291
À titre de prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .291
La population d’Amérique. L’homme américain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .292
Territoire du Paraguay. Découverte. Colonie. Indépendance. Guerre de la Triple
Alliance (1865-1870) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .294
Les Guaranis : la médecine empirique et son application aux maladies générales
et cutanées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .297
Aspects historiques de la médecine au Paraguay. Relation avec la dermatologie . . .303
Compte rendu de la Société paraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .305
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .308
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PÉROU (ELBIO FLORES-CEVALLOS,
LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309
I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310
La dermatologie à l’époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310
La dermatologie à l’époque de la Conquête et de la vice-royauté . . . . . . . . . . . . .315
La dermatologie pendant les cent premières années de la République . . . . . . . . .318
II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319
Histoire des institutions dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319
Histoire des publications scientifiques dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . .322
Quelques précurseurs de la dermatologie au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .323
L’école dermatologique du Pr. Aizic Cotlear à l’hôpital Dos de Mayo . . . . . . . . . .337
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339
III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339
Histoire de la formalisation légale de la spécialité au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . .339
Premier programme universitaire de spécialisation dermatologique au Pérou . . .341
Aspects historiques des instituts de médecine tropicale et de la recherche
scientifique dermatologique au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .345
Histoire succincte de quelques maladies au Pérou : leishmaniose tégumentaire ;
maladie de Carrión (verrue péruvienne) ; lèpre et son contrôle . . . . . . . . . . . . . .348
Législation péruvienne pour le contrôle des MST. Histoire des dispositions
légales en vigueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .360
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .364
NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉRUVIENNE
(LUIS VALDIVIA BLONDET) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367
Époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367
La Conquête, la vice-royauté et les premières années de la République . . . . . . . . . .368
L’enseignement dermatologique sous la République depuis 1856 jusqu’à nos jours . . .369
Les sociétés scientifiques de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .374
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .378
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .379
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE À PORTO RICO (CÉSAR QUIÑONES, PABLO I.
ALMODÓVAR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381
La médecine précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381

Histoire de la Dermatologie Latino-Américaine
De l’arrivée de Colomb au changement de souveraineté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .382
La dermatologie académique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .383
La recherche scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385
La lèpre à Porto Rico . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385
Associations de dermatologues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386
Communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE (MARTHA MINIÑO,
RAFAEL ISA ISA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387
La dermatologie de l’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .388
La dermatologie au temps de la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .389
La dermatologie au XX e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .390
Développement des sous-spécialités de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .393
Publications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394
L’enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394
Vers la fin du XX e siècle et le début du XXI e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Dermatologie et art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Dermatologie et magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .397
LES INDIGÈNES DE L’URUGUAY ET LEUR RAPPORT À LA DERMATOLOGIE
(ROBERTO RAMPOLDI BESTARD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Les voyages dans le Paranaguazú (Rio de la Plata) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .402
L’Uruguay indigène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .403
Pratiques curatives générales et dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .405
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .410
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN URUGUAY (RAÚL VIGNALE)
(COLLABORATEUR : FRANCISCO AMOR GARCÍA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413
Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413
Le premier soin hospitalier à Montevideo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .414
Portrait des figures les plus importantes de la dermatologie en Uruguay,
XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .415
Hôpitaux possédant des services de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419
Hôpitaux dépendant du ministère de la Santé publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419
Hôpitaux indépendants du ministère de la Santé publique et de la faculté
de médecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .421
Histoire des publications dermatologiques des XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . .422
Congrès, symposiums et journées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .424
La Société de dermatologie de l’Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .425
Histoire et évolution de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles
en Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .426
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .428
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU VENEZUELA (ALFREDO LANDER MARCANO, JAIME
PIQUERO-MARTÍN, ANTONIO RONDÓN LUGO, OSCAR REYES FLORES, BENJAMÍN TRUJILLO
REINA,HERNÁN VARGAS MONTIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429
Conception : de l’époque des indigènes jusqu’à 1904 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429
Naissance : de 1905 à 1946 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .432
Développement : de 1946 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .435
15

ÍNDICE
Sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .436
Histoire de la Société vénézuélienne de dermatologie et de chirurgie
dermatologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .437
Histoire de la dermatologie dans les provinces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .440
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .442
LE COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)
(ROBERTO ARENAS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .443
RÉUNION ANNUELLE DES DERMATOLOGUES LATINO-AMÉRICAINS (RADLA)
(FERNANDO MAGILL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .447
DÉVELOPPEMENT DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE EN AMÉRIQUE LATINE
(EVELYNE HALPERT, RAMÓN RUIZ MALDONADO, HÉCTOR CÁCERES) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .451
L’AVENIR DE LA DERMATOLOGIE EN AMÉRIQUE LATINE (RAFAEL FALABELLA) . . . .453
ÉPILOGUE (LES ÉDITEURS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .459
INDEX DES NOMS PROPRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .461

PROLOGUE
LE DÉBUT D’UN CHEMIN
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI
Nous sommes rentrés de Paris en juillet 2002 et, dans nos valises, dans nos esprits
et dans nos cœurs, nous portions non seulement le souvenir de tout ce que nous avions
appris durant le congrès mais aussi la joie immense et la responsabilité d’être chargés
d’organiser le XXI e Congrès mondial de dermatologie à Buenos Aires.
Pour la première fois un pays d’Amérique du Sud accueillerait l’événement le plus
important de la dermatologie mondiale. Le rêve de nos maîtres devenait réalité.
Cette réussite disposait du soutien des Sociétés dermatologiques latino-américaines,
appui toujours présent et qui s’accroît chaque jour.
Nous avons été saisis par la magnifique Histoire de la dermatologie française et nous
avons aperçu là le début d’un chemin.
Dès le début, Pierre Fabre Dermo-Cosmétique a soutenu la réalisation de ce livre que
nous présentons aujourd’hui : Histoire de la dermatologie latino-américaine.
Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l’aval des Sociétés dermatologiques latinoaméricaines,
et c’est notre devoir de remarquer, par sa valeur sans égale, l’enthousiasme
et la rapidité avec lesquelles les coauteurs ont répondu à notre appel. Sans aucun doute
ils ont facilité notre travail mais ils ont aussi accru notre responsabilité devant une telle
participation.
Si nous parlons de « début d’un chemin », c’est parce que nous croyons que cette
Histoire de la dermatologie latino-américaine est, tant elle fait preuve d’un esprit de collaboration
sans mesquinerie ni préjugés, l’acte inaugural de notre plus précieux objectif
en tant que dermatologues de ce continent : l’union de la dermatologie latino-américaine,
tout en respectant nos différences qui, au lieu de nous éloigner, nous surprennent
et nous unissent, afin d’apprendre les uns des autres.
Pour parvenir à cette union, nous comptons sur :
1. notre passion pour la dermatologie, pour l’étude et le soin de l’organe d’expression par
excellence, non seulement des faits de notre organisme mais surtout de notre qualité de vie;
2. nos origines communes, puisque nous partageons tous des racines latines, ce qui
aide à la compréhension de nos problèmes, à nos recherches, à nos objectifs.
L’Amérique latine possède une histoire très riche depuis l’époque précolombienne,
dans les cultures indigènes dont les traces persistent encore dans les coutumes de nos
peuples. La colonisation a apporté la modernité, pas toujours appropriée au bien-être de
l’homme, mais en définitive enrichissante pour la santé de nos populations.
17

RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI, ANDREA BETTINA CERVINI
Presque toutes les Sociétés latino-américaines de dermatologie s’expriment dans
cette Histoire, à travers le souvenir de leurs racines, leurs chercheurs et leurs maîtres,
moyennant un effort que les générations à venir apprécieront.
Nous vivons ce livre comme le début du chemin de l’unité latino-américaine.
Ne perdons pas le nord.
Unissons nos efforts pour approfondir la connaissance de nos pathologies régionales.
Unissons nos efforts pour effectuer des recherches conjointes.
Unissons nos volontés pour organiser des activités scientifiques partagées stimulant
la participation de tous et rendant plus profitable leur coût de réalisation.
Unissons nos capacités en quête d’objectifs permettant d’améliorer la santé de notre
population et d’optimiser intégralement sa qualité de vie.
Nous voulons remercier tous les collaborateurs directs et indirects, ainsi que les
Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique, notamment M. Jacques Fabre, M me Colette
Arrighi et M. Philippe Constant, pour leur sensibilité et générosité en soutenant ce projet
de la dermatologie latino-américaine. ■

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE DANS
LES CULTURES
INDIGÈNES
ARGENTINES
LUIS DAVID PIERINI
À la mémoire de mon père, Luis E. Pierini, qui fut heureux de
savoir que ma spécialité était en rapport avec l’ectoderme.
■ Introduction
« Les empires de l’avenir se construiront sur la connaissance. » Albert Einstein
« Le livre est le plus surprenant des multiples instruments de l’homme. Les
autres sont des extensions de son corps. Le microscope, le télescope, sont des
extensions de sa vue, le téléphone une extension de sa voix, mais le livre est
une autre chose ; le livre est une extension de la mémoire et de l’imagination.
C’est l’une des possibilités des hommes d’être heureux. » Jorge Luis Borges
La dermatologie argentine débuta avec l’arrivée des conquistadors hispaniques. Ils
transmirent leurs maux, amenèrent des esclaves malades et développèrent à la fois des
maladies cutanées endémiques.
La médecine aborigène, avec ses hauts et ses bas, a su répondre aux besoins de nombreux
groupes de population, qui créèrent des systèmes de soins à partir de la magie, de
la religion et de l’empirisme, guérissant des maladies et des épidémies chroniques.
Les Espagnols exprimèrent leur admiration pour certaines techniques et modalités
des indigènes, profitant souvent des précieuses propriétés thérapeutiques des espèces
végétales qu’ils envoyèrent plus tard en Espagne. Il faut reconnaître le travail de Nicolás
Monardes pour sa classification des plantes à utilisation pharmacologique, employées
avec un grand succès en Europe après l’entreprise de la colonisation.
Nicolás V. Greco et Marcial Ignacio Quiroga sont considérés comme les premiers
historiens de la dermatologie argentine. Tous deux stimulèrent la connaissance de la
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LUIS DAVID PIERINI
spécialité et de ses caractéristiques didactiques et encouragèrent ses adeptes, tout
comme l’étude de la lèpre dans notre pays.
Dans son analyse critique universelle de 1944, Nicolás V. Greco rapporte les avatars
de la dermatologie, qui débuta lorsque Baldomero Sommer présenta sa thèse de doctorat
en 1884. Sommer fut le premier professeur à se consacrer à l’enseignement des maladies
cutanées en Argentine (1892).
Marcial Ignacio Quiroga, une personnalité éclectique, académicien de médecine et
d’histoire, décrivit avec maturité l’évolution de la lèpre en Argentine.
■ Les groupes indigènes : botanique médicale,
géographie médicale, pathologies
Les groupes indigènes: botanique médicale, géographie médicale, pathologies
Le mot aborigène dérive du latin aborigines, formé de ab : « depuis » et origo: «origines
», et celui-ci de oriri : « naître ». Par conséquent, « depuis les origines » on appelle
aborigènes les natifs du territoire que l’on habite.
Le flot migratoire entraîna d’horribles épidémies au sein de ces groupes primitifs.
La variole fut l’une des premières maladies diffusées de façon épidémique. Les indigènes
l’appelèrent mal ou maladie des Espagnols, car selon leur tradition, peut-être bien fondée,
ils ne connurent la variole qu’à partir de l’arrivée des Espagnols en Amérique. « L’horreur
de ces Indiens est indicible, et sans tort, car entrant dans leurs tentes, ils meurent aussi
nombreux que leurs populations deviennent désertées », écrivait un chroniqueur.
Selon les traditions orales, la variole, la lèpre et la tuberculose étaient des maladies
inconnues avant la conquête.
Suivant Fiz Fernández, mais avec de légères modifications de notre part, les paragraphes
suivants détaillent la classification de nos aborigènes:
I. Brasilio-Guaranis et groupe Chaco littoral, membres de l’ensemble guarani. Il comprend,
outre les propres Guaranis, les Guaycurus (Tobas, Mocobis ou Mocovis, Abipons,
Pilagas), Matacos, Wichis et Charruas, ces derniers liés aux Pampas.
II. Groupes du Nord-Ouest: ils comprennent les Omahuacas, les Apatamas de la Puna
et les Diaguitas calchaqui, avec une grande influence inca.
III. Groupe andin et des Sierras centrales: il comprend les Pehuenches, les Huarpes,
les Comechingones de Córdoba, les Sanavirones du Río Dulce ou du Río Negro, les Tonocotés
de Santiago del Estero, les Lules et Vilelas de Tucumán et les péricordillérans,
ayant tous une enculturation inca.
IV. Pampas: le groupe comprend les Querandis, les Pampas et les Puelches.
V. Patagons ou Tehuelches.
VI. Extrême sud magellanique: Onas, Yaganes et Alacalufes.
Grands naturalistes et excellents empiristes, guidés par des herboristes reconnus,
ces aborigènes appliquèrent aux besoins de leur époque la botanique locale. Nous exposerons
ensuite de manière extrêmement succincte les caractéristiques de ces
groupes.
■ Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral et Chaco littoral
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Ils formaient le groupe aborigène le plus nombreux du pays. L’historien Pedro de
Angelis croit que guaraní provient de gua: « peinture », ra: « taché » et ni: signe du
pluriel. C’est-à-dire qu’ils étaient les tachés de peinture, ceux qui se peignent. Il écrit:
« Ils couvrent leur corps avec de la peinture noire, rouge et jaune, pour se protéger de
la rigueur du soleil, en guise de filtres et de protecteurs solaires actuels. »

Au moment de perdre ses colonies, l’Espagne ne connaissait même pas l’existence de
quelques-unes de ces tribus éparpillées dans l’immensité de la forêt vierge en raison de
leur habitat sauvage. De ce fait, l’extermination presque totale d’un bon nombre de ces
tribus n’est pas tellement due à l’action de la conquête mais plutôt aux conséquences désastreuses
des épidémies qu’elles durent subir depuis l’arrivée des Européens.
Rappelons que l’étymologie du mot Chaco indique le grand nombre de nations qui
peuplent cette région.
1. Guaranis
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Ils pratiquaient le tatouage*, non seulement comme ornement mais à des fins curatives
pour des patients souffrant d’affections données, au moyen d’incisions faites sur la
peau de la région dorsale et fessière. Ces tatouages étaient appelés « hygiéniques » lorsqu’ils
servaient à soulager la fatigue après des marches accablantes.
Plusieurs tribus pratiquèrent ce rituel ancestral. Les expressions de l’anthropologue
Rubén Palavecino sont opportunes; il dit à propos des natifs du Chaco: « Le tatouage du
visage est une habitude extrêmement diffusée, commençant chez les pubères et progressant
avec l’âge. L’opération est presque toujours pratiquée par les vieilles de la tribu,
moyennant le tracé d’un dessin qui sert de guide. La ponction de la peau se fait avec des
épines de cactus ou de poisson, ou bien avec des aiguilles d’os, suivie par l’introduction
d’une matière colorante puis d’un frictionnement énergique. »
Cependant, l’ornement masculin par excellence était le tembetá, de formes et substances
diverses, par exemple: du plomb avec des incrustations de turquoise ou de bois
de palo borracho (Chorisia speciosa). Cela représentait le courage, l’agressivité, et c’était
un signe distinctif des jeunes guerriers et des chasseurs.
BOTANIQUE MÉDICALE
Le riche réservoir phytogéographique tropical et subtropical fut employé pour guérir
les affections; son application dépendait des vertus magiques de la flore ou de la conception
théurgique de la maladie.
Copahu (Copaifera officinalis) (bâton à huile): cette plante produit une huile résineuse
employée pour guérir les plaies, les ulcérations et les maladies vénériennes. C’est
l’un des médicaments les plus anciens du Nouveau Continent.
Salsepareille (Zarzaparrilla smilaxsifilítica): en cuisson ou en solution — macération
en vin —, elle jouit d’un prestige thérapeutique pour les affections dermatologiques telles
que la gale et les maladies vénériennes, diffusées par les Espagnols. Elle possédait aussi
une action sudorifique.
Sauge: appliquée sur la superficie cutanée, elle servait à faire fuir les insectes.
Mangle (Conocarpus erecta ou Bucia erecta): sa racine rôtie était employée chez les
personnes qui avaient été piquées par les raies.
Carqueja (Yaguareté Caá) (Baccaris chispa): indiquée même aujourd’hui en infusion
(thé) pour soulager les dyskinésies biliaires, elle était appliquée en ulcérations vénériennes
et chez les lépreux.
Anguay, copal ou benjuí (Styrax leprosus): c’est un arbre d’un bois incorruptible et
imputrescible, utilisé pour construire les églises primitives. On en extrayait un baume
auquel on attribuait des vertus curatives et que l’on appliquait sur des plaies, des ulcérations
et des lésions osseuses.
Les sorciers payés adoptèrent sa résine aromatique pour enfumer, comme avec de
* Le mot tatouage est originaire des îles d’Océanie, des Canacos polynésiens. Tatahu dérive de ta : « dessin » et
désigne d’une manière générale les marques et les signes faits sur le corps.
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LUIS DAVID PIERINI
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l’encens, l’endroit où ils réalisaient leurs rituels; de là le nom iberá payé, mots guaranis
dont le sens littéral est « arbre des sorciers ».
Contrahierba (Dorstenia contra hierba): elle était utilisée dans des bains tièdes et
sous forme d’encens afin de traiter certaines formes de paralysie. On l’employait aussi
contre la rougeole et la variole. Ses feuilles et ses racines pilées étaient appliquées pour
soigner des ulcères torpides et des piqûres de serpents.
Arbre corail, « chop » (Erythinia cristagalli): très abondant sur les côtes du Paraná
et ses affluents, les indigènes se servirent de son écorce et de ses bourgeons pour préparer
des cuissons et des baumes qu’ils appliquaient sur les plaies provoquées par des
griffures ou des morsures de jaguar.
Rocou (Bixia orellana): arbre de 2 à 5 mètres de haut, qui pousse du Mexique jusqu’à
la province de Chaco, toujours à l’est de la cordillère. C’est une espèce aux fleurs
voyantes, dont les graines contiennent deux substances colorantes: l’une est jaune (orellina)
et l’autre rouge (cinabre). Cette dernière était employée pour protéger la peau car
l’onguent tempérait les rayons ultraviolets. La rocourisation consistait à s’enduire tous
les jours le corps de la première substance pour éviter les piqûres protéiformes
d’insectes. Indissoluble, elle résistait aux bains et à la sueur.
Moisés Bertoni note dans ses Mémoires que tout le corps et le visage des indigènes
présentaient une teinte d’un rouge spécial, pâle brillant, qui leur donnait un aspect
bizarre mais point désagréable à la vue et au toucher car toute trace ou cicatrice s’effaçait,
la peau étant satinée. La couleur rouge qu’ils exhibaient fit naître le concept erroné
qu’il existait une race rouge parmi les aborigènes sud-américains.
Les Indiens Yaguas et les guerriers Xikriu, habitants du grand bassin de l’Amazone et
de l’Orénoque, utilisent toujours le rocou, tout comme leurs ancêtres, pour faire fuir les
insectes et teindre leurs vêtements.
Tabac (Nicotiana tabacum): c’est la première espèce botanique mentionnée dans les
références littéraires européennes immédiatement ultérieures à la Découverte, constituées
à partir des cahiers de bord de Christophe Colomb.
À l’aube du Nouveau Monde, on utilisait le tabac pour le fumer et l’aspirer comme du
tabac à priser. Il était habituel d’en sucer le jus et de boire l’eau de ses feuilles macérées.
Il existait un lien net entre le culte et la médecine, car avant certaines cérémonies — comme
l’initiation des adolescents —, on buvait du jus de tabac et on l’aspirait par voie nasale.
On mentionne également son utilisation en aspersion ou en solution colorante pour décorer
la peau.
Avant l’époque précolombienne, on l’employait aussi comme principe actif pour les
douleurs et les piqûres, la gale et l’érysipèle. Les documents disponibles ne nous permettent
pas d’affirmer que le tabac fût cultivé à cette époque sur le territoire argentin actuel.
Le tabac est la seule plante nocive que nous héritâmes de nos aborigènes.
GÉOGRAPHIE MÉDICALE
Juan Carlos Boudin dirait que l’homme ne naît, ne vit, ne souffre ni ne meurt de la
même manière selon les différents endroits du monde. La conception, la naissance, la
vie, la maladie et la mort varient selon le climat et le sol, selon les saisons et les mois,
selon la race et la nationalité.
Les chroniques enregistrent une incidence manifeste des pathologies tropicales et
subtropicales parmi les Guaranis. Entérite, entérocolite, ankylostomiase, dysenterie,
paludisme, necatorose et autres parasitoses font partie de ces infestations par vers, némathelminthes
et plathelminthes. Des arthropodes venimeux tels que les myriapodes,
les scorpions et les araignées provoquaient beaucoup d’accidents à cause de leur poison.
Les insectes transmetteurs et vecteurs de maladies tels que les mouches, les moustiques,
les puces et les poux contribuèrent également à maintenir un taux de morbidité
significatif.

Nous devons aussi rappeler les maladies importées: la tuberculose, la variole et, selon
certaines théories, la syphilis, entre autres, qui provoquaient d’innombrables décès.
2. Guaycurus
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
D’après Salvador Canals Frau, la grande famille des Guaycurus avait une origine patagonique
et était composée des Tobas, des Mocovis, des Abipons, des Pilagas, des Payaguas
et des Mbayes. Les deux derniers groupes disparurent il y a longtemps.
Comme trait général, il faut remarquer que les hommes peignaient leur corps au lieu
de mettre des vêtements.
A) TOBAS
La médecine native traditionnelle des Tobas possède une pharmacopée éclectique appliquée
aux plaies, aux fractures, aux entorses, aux ulcérations, aux morsures et aux parasitoses.
Des substances diverses appartenant aux deux autres royaumes de la nature
enrichissent la vaste étagère pharmacologique de ces populations primitives, où le rituel,
les cantiques, le son monotone des tambours, la fumée du tabac, les conjurations et les
invocations d’agents surnaturels, dramatisés par le médecin-sorcier, créent le contexte
thérapeutique adéquat aux structures sociales de la communauté.
B) MOCOBIS OU MOCOVIS
Selon un chroniqueur, « ils soignaient les blessures en les attachant à peine, tout
comme les fractures des os, et ils ont une chair si saine qu’en peu de temps elle se soude
et gonfle peu. Et ils ont même vu un Indien, égratigné par un tigre aux griffes vénéneuses,
guérir sans aucune enflure ».
Tatouages, ornements
Tout comme leurs voisins, les Abipons s’exercèrent à l’art du tatouage. Pour les filles,
on réalisait des gravures sur leur buste. Selon la description du Père Manuel Canelas,
cette opération se faisait en utilisant certaines épines enduites de couleurs diverses,
notamment le noir et le bleu. « La douleur et l’enflure qu’elles subissaient, restant
enfermées un mois environ, souffrant jusqu’à paraître monstrueuses, [étaient] pour
devenir belles, [mais] seulement à leur avis. » Les zones lacrymales, les angles externes
de l’œil et la zone située entre les sourcils représentaient les autres endroits privilégiés.
Médecine
Bien que les enfants fussent habitués à la nature hostile car ils déambulaient nus, ils
ne purent pas éviter les piqûres d’insectes, spécialement des moustiques, malgré l’effort
de leurs parents pour les atténuer. Ils utilisaient pour cela de la graisse de nandou ou de
poisson qu’ils mélangeaient à des résines et qu’ils frictionnaient ensuite sur toute la superficie
corporelle.
Ils étaient également torturés par la chique, nom vulgaire de la nigua (Sarcopsylla
penetrans) en Argentine et au Paraguay. Cet agent est une puce de l’Amérique tropicale
et subtropicale qui attaque l’homme en pénétrant sous l’épiderme des pieds, notamment
les ongles. Ses petits œufs ont une couleur jaune, ils n’émergent pas vers l’extérieur et
se développent au niveau des plans sous-tégumentaires. Ils forment de petits abcès exigeant
parfois un drainage chirurgical. Cette affection douloureuse, accompagnée de prurit
et d’autres dermatoses, était traitée avec des préparations à base de graisse et de
poudre de cantharide.
Les mycoses cutanées, la syphilis, les réactions dermatologiques probablement d’origine
allergique et la leishmaniose étaient traitées avec de la graisse phosphorée, comme
le musc de yacaré.
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LUIS DAVID PIERINI
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Les premières descriptions des témoignages historiques correspondant à des périodes
différentes du nomadisme et du sédentarisme des Mocovis coïncident avec leur affirmation
que, grâce à la sélection naturelle propre, les maladies étaient rares, sauf les maladies
épidémiques. Lorsque ces pathologies se diffusaient, tous les indigènes fuyaient. On
ne connaissait pas de pire calamité. En conséquence, la mère ou le père s’éloignaient et
laissaient les enfants affectés dans le plus grand abandon; ils plaçaient une cruche d’eau
juste au chevet du lit, de la viande rôtie et des fruits sauvages.
En 1745, une épidémie dévastatrice attaqua 30 peuplades du Paraguay et ses voisines,
fauchant la vie de 72 000 natifs de toutes âges. En 1760, San Javier, la zone où habitaient
les indiens mocovis convertis au christianisme, dans la province de Santa Fe,
connut une nouvelle recrudescence de l’épidémie, qui tua 800 aborigènes.
Quant aux médicaments — la vaccination antivariolique d’Edward Jenner ne se diffusera
comme prophylaxie qu’à partir de 1796 —, l’eau d’orge et de lin, l’eau sucrée avec
des pépins de pastèque ou de melon comme boisson rafraîchissante, et des calebasses
pilées étaient les ressources pharmacologiques de cette époque.
Herboristerie
Nous mentionnerons quelques spécimens:
Mistol (Ziziphus mistol): connu également des autres ethnies, cet arbre à belle allure est
très répandu dans les bois de Santa Fe et de Santiago del Estero. Il produit un fruit doux,
rouge, avec lequel on fait l’aloja; ses feuilles sont utilisées pour soigner les blessures.
Cebil : plante de la famille des mimosées; ses feuilles et son écorce macérées furent
appliquées comme emplâtre sur les lésions mutilantes de la lèpre.
Guayacán : outre son pouvoir de soulager les maladies rhumatisantes et les algies de
la goutte, sa résine fut employée pour neutraliser les complications de la troisième
période de la syphilis. Nos indigènes buvaient ses feuilles et son écorce en infusion
comme fortifiant général.
Palmier pindo ou palmier grand (Coco Romango flianum): cette espèce très appréciée
pour la construction des toits des habitations était également utilisée pour la fabrication
de plusieurs ustensiles, et ses bourgeons servaient de nourriture.
Cette variété héberge un vers blanc de la taille d’un doigt que les natifs appellent
tombú. Le docteur Esteban Laureano Maradona raconte qu’en mettant ce ver — « ver
à donner la chair de poule » — au feu, il sécrète une huile que les indigènes utilisent
pour soigner les blessures. Ils mangent sa chair cuite comme s’il s’agissait de viande
grillée.
Ortie dioca (Ortie majeure): dans la médecine populaire et aborigène, elle est indiquée
pour quasiment tous les systèmes et les appareils. On en faisait l’éloge pour sa fonction
galactogène et diurétique, et pour son action sur le follicule pileux.
Solimán ou canine de serpent : il fut employé par les aborigènes comme antiophidien.
Les zones fréquentées par les autochtones, où pullulent le serpent de corail (Elaps
corallino), le serpent à sonnette (Crotalus terrificus) et le serpent de la croix ou yarará
(Lachesis alternatus), dont les piqûres peuvent être mortelles, font partie d’un vaste territoire
propice à l’ophidisme.
Capucine: elle fut employée en cuisson pour neutraliser des affections dermatologiques,
le scorbut et diverses formes de tuberculose pulmonaire.
C) ABIPONS
Herboristerie
La variété botanique polychrome permit aux natifs du Grand Chaco de créer une sorte
de pharmacopée où se rassemblaient des connaissances empiriques et de sorcellerie
chamanique. Nous mentionnerons quelques variétés:

Abariguay : on préparait un baume employé pour guérir les blessures. Les indigènes
croyaient que son application buccale arrêtait les hémorragies et les accès de toux.
Ambay (Cecropia adenopus): il fut mentionné comme traitement antivénérien et
comme élément de friction pour obtenir du feu.
Quinoa: plante légumineuse qui servait comme aliment et qui en plus était appliquée
comme cataplasme sur la partie blessée ou traumatisée.
Salsepareille: contre les morsures et les piqûres d’animaux venimeux.
Pathologies
Malgré la constitution privilégié des Abipons, les maladies surgies de l’écologie régionale,
les insectes et les parasites, les guerres internes et externes, ajoutés aux affections
transmises par l’homme blanc, entraînèrent quasiment l’extinction de cette race. Les
épidémies firent également sentir leurs effets; en 1734, la variole tua 30 000 habitants,
adultes et enfants.
Un autre fléau mentionné est le « pique », « bestiole de pied » ou agrani, mot abipon
qui signifie « bâillon ».
Ces groupes reconnurent l’action hématophage du triatome (vinchuca ou Triatoma infestans),
qu’ils appelaient « sangsue ailée », ainsi que les complications produites par les
piqûres de guêpes, d’arachnides et de scorpions.
Symboles de beauté
La perforation des oreilles se faisait avec de petits morceaux d’os, des éclats de bois
ou de petites cornes de cerf; on introduisait ensuite une feuille de palmier enroulée qui
servait à agrandir l’orifice par distension, afin que le lobe puisse tomber jusqu’à l’épaule.
Le tatouage, diffusé entre les cultures américaines, découvrait son expression raffinée
parmi les Abipons, qui scarifiaient la peau du visage, de la poitrine et des bras. Le
ciseau primitif était une épine rigide qui fixait dans le derme des teintures végétales, de
la suie et des cendres. Les filigranes de ce sceau indélébile constituèrent un blason de
différenciation tribale.
Quasiment tous les peuples de Paracuaria * étaient tatoués. Les Abipons reconnurent
cet art sous le nom de likinranala. Consultés sur la signification ou la cause de cette coutume
barbare, les aborigènes répondaient qu’ils l’avaient héritée de leurs ancêtres. Ce
supplice durait cinq jours, pendant lesquels l’adolescente restait enfermée dans sa hutte,
couverte d’une peau, se privant de certains aliments comme la viande et le poisson. Les
séances répétées et rapprochées illuminaient le visage, provoquant œdème et tuméfaction.
Depuis leur plus jeune âge, les filles s’épilaient les sourcils et les cils, et se rasaient
partiellement la chevelure comme élément d’identification tribale.
D) PILAGAS
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Ornement
Pour peigner leurs cheveux, très abondants, ils se servaient de peignes fabriqués avec
des petits bâtons; ils portaient aussi des boucles d’oreilles fabriquées avec ces mêmes
éléments. Nous allons nous attarder sur la perforation des oreilles: ces mutilations
étaient pratiquées chez les deux sexes, en introduisant des boutons de bois ou des
feuilles de palmier enroulées. Le trou se dilatait jusqu’à permettre le passage d’un disque
de 4 à 5 centimètres.
Ils pratiquaient l’épilation et décoraient leur peau avec des peintures diverses. Ils
marchaient habituellement pieds nus.
* Paracuaria : vaste zone d’Amérique du Sud où se sont installées les missions jésuites; sa capitale était Córdoba
del Tucumán.
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LUIS DAVID PIERINI
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Tatouages
Le tatouage se diffusa beaucoup parmi les Pilagas du fleuve Pilcomayo. Cet art magique et
difficile était pratiqué avec des aiguilles de cardon, en frottant sur la peau pointillée diverses substances,
dont la suie. Les tatouages des enfants représentaient des figures géométriques: des
ovales, des cercles et des losanges, divisés par des diamètres, des diagonales et des rectangles.
Les réponses données quant aux motivations de ces tatouages étaient : « c’est la
marque pilaga », « c’est pour qu’ils n’aient pas la peste » ou « pour être immunisé ».
3. Matacos
Botanique médicale
Les naturalistes qui s’enfoncèrent dans l’intimité de l’épaisseur amazonienne ou qui
atteignirent les bords de ses rivières rassemblèrent des observations phytologiques
exceptionnelles. Nous mentionnerons quelques espèces:
Palo santo (ou palo bendito ou guayacán): toutes les tribus du Nord-Est l’employaient
pour des affections diverses. Le frère jésuite Pedro de Montenegro, chirurgien et herboriste
réputé du Paraguay, résuma dans sa Materia médica [Matière médicale], écrite au début du
XVIII e siècle, toutes les applications de cette variété arborescente. Connu en Europe comme
une panacée, il fut utilisé pour traiter la syphilis, les arthropathies et les troubles de la circulation.
La résine de l’écorce servait dans ces préparations et on lui attribuait des propriétés
diurétiques, diaphorétiques et cathartiques. La résine, mélangée à la graisse d’autruche
ou de poisson et appliquée sur la peau, faisait fuir les moustiques. Actuellement le palo santo
entre dans la composition des produits antimoustiques.
Ceibo ou seibo: l’écorce pilée fut utilisée comme cataplasme sur les morsures d’animaux.
Les prescriptions populaires pour le traitement d’ulcères, de rectites, d’hémorroïdes
et de vaginites l’utilisent toujours sous forme de cuisson.
Yetibay ou jalapa: le jus de ses fleurs tout juste pressées fut employé pour les otites
infantiles et les éruptions herpétiques.
Ayuy ou laurier: arbre d’un bois résistant, ses fruits furent employés pour traiter les
troubles digestifs infantiles et la scrofulose; trituré avec du miel, il était appliqué sur des
ulcérations chroniques. Sous forme de liniment il était prescrit pour la phlogose rhumatisante,
les névralgies et le prurit de la gale.
Oruzuz (Phyla scaberrima): en infusion, il était employée pour les rhumes et les aphonies;
on l’utilisait en plus pour traiter les érysipèles comme sinapisme ou en forme de pâte.
Canchalagua (Erythrea chilensis): elle était administrée en infusion, et servait également
pour soulager les douleurs des personnes souffrant de rhumatismes ou de maladies
vénériennes.
Totora (Schoenoplectus californicus): ses fleurs étaient appliquées sur les brûlures
tandis que ses racines cuites étaient employées pour laver les ulcères et les tumeurs.
Tusca (Acacia caven): son fruit était grillé et bouilli et on buvait ensuite la préparation.
Elle était indiquée à jeun et on la conseillait pour les infections gonococciques.
Tabac : le docteur Esteban Maradona, un médecin réputé de Formosa et chercheur
de la flore du Chaco central, raconte dans son livre A través de la selva [À travers la
forêt] qu’en cas de piqûres de serpent, les indigènes suçaient la partie affectée comme
une ventouse, après avoir mâché des feuilles de tabac. D’autres parties de la plante sont
également employées, telles les racines et les graines, avec de la graisse ou sans, avec
des résines ou pas et avec de la poudre de valve.
4. Wichis ou Wichís et Charruas
Le mot wichi signifie « hommes véritables » ou « hommes à vie pleine », c’est-à-dire
qui participent des plantes, des arbres, des poissons et des oiseaux.

Les Espagnols les appelèrent de façon erronée Matacos, terme qui voulait dire en
ancien castillan « animal sans envergure » ou « animal sans importance ». Ils nommèrent
Mataguayos les premiers indigènes qu’ils connurent (1623).
Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une des communautés les plus anciennes au monde.
Même aujourd’hui, isolée au nord de la République argentine, elle lutte pour subsister
dans le monde moderne.
La tuberculose, la malnutrition, la maladie de Chagas, les maladies vénériennes, le
choléra et la brucellose décimèrent ces communautés, renforcées par un régime non
équilibré, basé essentiellement sur le maïs, le potiron, la viande de chèvre, le poisson et
les fruits mais qui manquait de légumes.
Groupes du Nord-ouest
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
■ Les groupes du Nord-Ouest
Ce groupe connaissait les eaux thermales. Les miroirs d’eau, les températures propices,
le tapis de vegas et mallines et la prolifération d’exemplaires arborescents comme
le faux poivrier créèrent un paysage bucolique où la vie des familles natives s’écoula sans
les angoisses ni les sursauts des autres ethnies.
L’Amérique indigène prit en compte le mythe universel de la source de Jouvence; les
habitants protohistoriques de différentes époques incorporèrent la connaissance et la valorisation
des effets thérapeutiques des eaux que Pachamama (Terre Mère) fournissait
généreusement à ses enfants. Ils fréquentèrent les eaux thermales, avec des fumerolles
bouillantes, des sources chaudes, des effluves soufrés qui formaient des miroirs d’eau
chaude et vivifiante.
Depuis la période pré-inca, la région de Cuyo connaissait le bain d’Uyurmire et celui
de l’Inca, dans le temple de Wiracocha (ou Viracocha).
Une autre source liée à la dévotion indigène, à cause de sa richesse légendaire et la
vertu de ses versants, est celle qui jaillit à l’endroit appelé La Laja. C’est ici que l’amoureux
huarpe Yahue, après avoir tué la douce Tahue et l’homme qui l’avait séduite,
mourut sur les terrains rocailleux de San Juan en rédemption de cette tragédie; après
sa mort, trois sources miraculeuses jaillirent telle une source d’espoir.
D’autres natifs de notre territoire se rendirent aussi à un bon nombre de bains et de
sources. Les Araucans visitaient Copahue et Futalauquen et ils connurent également Cullu-co
(eaux acides) et Laguen-co (eaux chaudes). Les Indiens qui traversaient la province de Buenos
Aires connurent le lagon d’Epecuén. Selon Tomás Falkner, les chefs indiens et leurs familles
venaient à ces eaux tonifiantes depuis des temps immémoriaux. Les traditions vernaculaires
racontent que le cacique puelche Carhué (« cœur pur »), passionné d’Epecuén, guérit d’une
étrange paralysie en se plongeant dans l’étang formé par les larmes d’amour de sa bien-aimée.
Les Diaguitas de Talacasto laissèrent aussi leur peine indienne à travers les terres
calcinées de leurs aïeux, dans une source d’eau potable surgie des pleurs incessants d’un
beau jeune homme qui vit périr sa bien-aimée à cause de la haine atavique envers les
envahisseurs incas. Les natifs méditerranéens appelèrent Inti-Yacu (« eau du soleil ») la
zone actuelle de Río Hondo (Santiago del Estero), dont les cours d’eau surgissaient des
déversoirs comme des vivifiants. Les habitants associaient les bontés de Yacuru-pay (« eau
chaude ») aux rayons flamboyants de l’astre soleil, qu’ils adoraient.
Alonso Ovalle fait référence dans un livre publié à Rome, en 1646, à la chaleur, au goût
saumâtre et à la minéralisation des eaux de Puente del Inca, sans nous en révéler l’explication
scientifique. Son compte rendu est une description picturale de ce monument
enclavé dans la précordillère, où l’auteur exalte cette curieuse expression de la nature.
Selon Michel Horst von Brand, la première analyse des eaux thermales argentines fut
effectuée par le physicien et chimiste Michel Faraday en 1827, à partir d’échantillons
pris à cet endroit.
27

LUIS DAVID PIERINI
Selon le témoignage de voyageurs, Villavicencio fut visitée par le célèbre naturaliste
Charles Darwin en 1839. Déjà depuis 1800, les villageois et les voisins de Mendoza s’y
rendaient en quête de ses qualités bénéfiques.
■ Le Le groupe andin andin et des Sierras et des Centrales Sierras centrales
Il est formé des Pehuenches, des Huarpes, des Comechingons de Córdoba, des Sanavirons
du Río Dulce ou de Río Negro, des Tonocotés de Santiago del Estero, des Lules et
Vilelas de Tucumán et des Araucans de la précordillère, ayant tous une enculturation
inca.
Botanique médicale
Cannelier (Drymis winteri): il appartient à la famille des magnoliacées. Il mesure
8 mètres environ et se développe habituellement sur des terres humides. Il fut introduit
en Europe par John Winter, médecin du corsaire anglais Francis Drake, d’où sa dénomination
technique. L’écorce de cet arbre fut employée aussi bien en infusions qu’en applications
externes. Plante sacrée des Mapuches, on l’utilisait pour les altérations de
l’appareil digestif, les parasitoses (gale) et le rhumatisme. La « fleur des cendres » de cet
arbre, mélangée à de la graisse comme excipient, était aussi employée comme dépilatoire;
c’est à cause de cette coutume qu’on attribua de manière erronée aux jeunes
Mapuches l’absence de duvet. Son action par influx sympathique était indispensable
dans toutes les cérémonies magico-évocatrices. Dans le bois, la machi prenait soin d’un
cannelier favori et, selon la croyance araucane rapportée par Ramón Pardal, si quelqu’un
découvrait et coupait cette plante, la machi languissait et mourait.
Lafo (Rumex romasa): plante polygonacée. Très utilisée par les Araucans du Chili, elle
était l’une des herbes les plus précieuses. Étant donné ses qualités pharmacologiques
multiples, elle jouissait d’une grande renommée dans la guérison des blessures, des ulcérations
torpides, des otites et des « lèpres des enfants, qui laissent la tête propre ».
Ñincuil (Heliantus thurífera): selon Martín Gusinde, elle était reconnue comme une
merveille de la campagne et on lui attribuait une action antiluétique.
Jarilla (Larrea nítida cavanilles): parmi ses applications thérapeutiques, cet arbuste
fut employé sous forme de cataplasme pour soigner des abcès et des phlegmons.
Pour terminer cette sélection botanique nous voulons reconnaître les mérites inestimables
du professeur Juan A. Domínguez, qui réalisa d’importantes études analytiques
sur la composition des médicaments végétaux, réussissant à faire la synthèse pharmacodynamique
du vivier araucan.
■ Pampas, Querandis et Puelches et Puelches
28
On appelle Pampas un regroupement humain d’origine mixte, face auxquels se trouva
Sebastián Gaboto à l’embouchure du Carcarañá, leur donnant le nom de Querandis
(« hommes avec graisse »).
Face à la variole, dans les cas d’anthrax ou d’abcès, ces aborigènes provoquaient leur
maturation en appliquant des cataplasmes de fumier très chaud. « À terme, ils extirpent
le germe à l’aide d’un crin plié et il le mangent ensuite entre deux bouchées de viande
crue, prétendant ainsi conjurer toute rechute. »
Les Puelches Guenakén, qui habitaient la partie nord de la Patagonie, étaient, selon
José Sánchez Labrador, « d’une nature très forte et d’une condition telle qu’ils se

établissaient plusieurs fois de maladies et de blessures qui seraient mortelles pour les
autres sans médecine. »
Herboristerie
Du fait d’être de grands naturalistes et d’excellents empiristes, guidés par des herboristes
reconnus, ils appliquèrent la botanique qui faisait partie du paysage aux besoins de leur époque.
On dispose d’informations rares sur les éléments naturels que les aborigènes de cette
ethnie utilisaient pour traiter les problèmes dermatologiques; on sait seulement qu’ils employaient
une variété de yang, qu’ils appliquaient sur les ulcérations et les aphtes buccaux.
Patagons ou Tehuelches
La région au sud du fleuve Colorado, limite naturelle entre les provinces de La Pampa
et Río Negro — la plaine la plus australe d’Amérique —, est mondialement connue sous
le nom de Patagonie, évoquant les mythiques
« géants patagons » décrits par
Antonio Pigafetta en 1520, chroniqueur
du voyage de Fernand de Magellan.
Naissance et éducation
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Peu après la naissance, les nouveaunés
étaient enduits avec du gypse humide.
Selon Ludwig Karsten (1926), cette procédure
visait à protéger l’enfant des mauvais
esprits. Cet auteur mentionne
d’autres pratiques telles que l’application
de peinture rouge, l’onction et les fumigations
de tabac.
Lors de la quatrième année de l’enfant,
on effectuait la cérémonie de perforation
d’une oreille ou des deux selon le
sexe, en introduisant des crins de cheval
dans les incisions afin d’éviter la cicatrisation.
Ils avaient conscience des maladies
épidémiques, sans pouvoir les nommer
pour autant; pour s’en prémunir, ils déplaçaient
régulièrement leurs tentes au
sein du territoire qu’ils occupaient
En général, les Patagons jouissaient
d’une bonne santé, leurs blessures guérissaient
vite ; à travers les cérémonies
décrites, le sorcier indiquait la préparation
de breuvages aux propriétés médicales
et curatives. Ils connaissaient la
saignée et savaient ouvrir une veine avec
un morceau de coquille ou de silex.
■ Patagons ou Tehuelches
29
Distribution de
la population
indigène en
Argentine à la
fin du
XX e siècle
Source :
Instituto de
Cultura
Popular
(Incupo-Endepa).

LUIS DAVID PIERINI
Ectoparasitoses
L’utilisation de la laine de guanaco et des plumes d’autruche aussi bien pour s’habiller
que pour la maison étant répandue, les enfants et les adultes étaient exposés aux puces
et aux poux.
■ Extrême Sud Sud Magellanique magellanique
Les maladies vénériennes scellèrent un horizon sans espoir chez les Alacalufes, les
Onas et les Yaganes. On suppose qu’ils ne connurent pas les herbes ni les dérivés animaux
et minéraux pour guérir les maladies.
La transculturation fut un autre mécanisme négatif pour la survie de ces ethnies, tout
comme l’exhibition impitoyable à laquelle ils furent soumis au XIX e siècle dans les différentes
villes européennes.
■ Épilogue
L’auteur rejoint les grands généalogistes Diego Herrera Vegas et Carlos Jáuregui
Rueda sur le fait que le tronc de fondation de notre pays dérive de trois ethnies: l’aborigène,
l’africaine et celle du colonisateur espagnol. Ces ethnies s’unirent tout le long de
deux générations et se complétèrent il y a cent cinquante ans avec l’immigration.
■ Conclusions
30
Les trésors de la nature jaillirent avec générosité de la terre mère, et l’esprit intuitif
des natifs s’en servit pour soulager leurs souffrances. Sans une synthèse condensée, nous
avons choisi pour cette contribution quelques éléments parmi leur arsenal botanique. ■
Septembre 2005

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L’époque coloniale
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
ARGENTINE
En 1780, peu après la création de la vice-royauté du Rio de la Plata, une ordonnance
royale proclama: « Ayant été informé du désordre et des abus dont souffre l’exercice de la
médecine, de la chirurgie, de la pharmacie et de la phlébotomie, surtout dans les provinces
éloignées de cette capitale, je décidai pour l’instant d’établir et de créer dans celle-ci un
tribunal de Porto, tel qu’il y en a dans les villes de Lima et de Mexico, avec les mêmes
facultés, les prérogatives et les exceptions, afin de corriger et d’éradiquer le désordre
par ce moyen si conforme aux lois. Je choisis et nommai le Dr D. Miguel O´ Gorman, qui
possède les qualités nécessaires pour être Protomedico et Maire majeur de tous les professeurs
respectifs… » C’est à ce moment-là qu’apparaît la figure du premier médecin et
doyen de la future Argentine.
En 1803 fut lancé un « arrêt contre les guérisseurs » et, en décembre de la même année,
furent distribués les postes de médecins et de chirurgiens habilités pour exercer la profession.
Les origines de la Dermatologie argentine
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
■ L’époque coloniale
■ Les origines de la dermatologie argentine
Trois décennies plus tard, le Dr Tiburcio Fonseca publia une thèse intitulée Structure,
fonction et lien dans la pathologie et la thérapeutique de l’organe cutané (1835). Tout au
long de ces trente-cinq pages, il aborda de manière scientifique les maladies de la peau;
l’Argentine apparut alors comme la pionnière dans ce domaine parmi les pays latinoaméricains.
En 1874, l’Académie de médecine dirigeant la faculté inclut certaines spécialités dans
son curriculum, par exemple la « clinique des maladies cutanées et de la syphilis », et
désigna en 1875 les Drs Leopoldo Montes de Oca et L. Meléndez respectivement comme
professeur titulaire et professeur adjoint; plus tard, ces professeurs furent assignés à
d’autres matières, la spécialité restant comprise dans la pathologie externe.
L’enseignement était dispensé à l’hôpital des cliniques de Buenos Aires, où fonctionnait
un service de syphiligraphie et de dermatologie. Le 18 mars 1892, le doyen de la
Faculté des sciences médicales, M. González Catán, fonda la chaire de maladies vénériennes
et de peau, enseignée pendant la quatrième année du cursus de médecine. Son
premier professeur fut Baldomero Sommer (figure 1), qui installa sa chaire à l’hôpital
33
Figure 1.
Pr. Baldomero
Sommer

Figure 2.
Pr. Maximiliano
Aberastury
Figure 3.
Pr. Enrique Fidanza
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía) et poursuivit l’enseignement
jusqu’à sa mort, en 1918. Inspiré de l’école de Vienne de Von
Hebra (1816-1880) et influencé par des dermatologues français de
l’envergure de Gaucher, Fournier, Darier, Gougerot et Civatte, Baldomero
Sommer enseignait en faisant venir à l’hôpital les patients souffrant
d’affections cutanées et en se servant des moulages de cire, fait
unique en son genre en Amérique Latine à l’époque. Les brillants
médecins Aberastury (figure 2), Greco, Baliña, Ragusin, Jonquières,
Uriburu et Fidanza (figure 3) furent ses disciples.
Nous rappelons comme fait anecdotique la présence d’une vieille
dame se rendant chaque semaine à l’hôpital des cliniques et qui restait quelques minutes
face au tableau de Sommer. En 2000, quelqu’un lui demanda son identité, et tout l’auditoire
fut ému à sa réponse: « Je suis la petite-fille de Sommer. Avant, je venais avec ma mère. »
Ce fut une époque dorée pour la dermatologie argentine, consacrée à la syphilis, à
d’autres maladies vénériennes et à la lèpre. La fondation de la Société dermatologique
argentine (ainsi nommée en 1907), dont le siège était à l’hôpital San Roque, fut très profitable.
Les membres fondateurs furent Baldomero Sommer (premier président), M. Aberastury,
P. Díaz, P. Baliña, Cisneros, Greco, Seminario, J. Uriburu, A. Giménez, Loche, E.
Polito, M. Moyano, J. Farini, F. Mario, J. Arce y Almanza et N. Ragusin.
En 1908 fut lancée la publication de l’organe de diffusion de la société, la Revista Dermatológica
Argentina, appelée ensuite Revista de la Asociación Argentina de Dermatología
y Sifililogía, première publication dermatologique éditée en Amérique Latine.
Baldomero Sommer fut remplacé au sein de la chaire par Pacífico Díaz et Maximiliano
Aberastury, ce dernier étant l’auteur de la loi argentine contre la lèpre qui porte son nom
(1926).
En 1927, la société changea sa dénomination, devenant l’Association argentine de
dermatologie et syphiligraphie; son président était le Pr. Pedro Baliña, remplacé plus
tard par Neocle Ragusin.
En 1934, un groupe de dermatologues conduits par Nicolás Greco, disciple de Sommer,
décida de fonder une nouvelle entité sous le nom de Société de dermatologie, de
Syphiligraphie et de vénéréologie, et qui fit partie de l’Association médicale argentine
(AMA). L’association n’est pas prolixe sur les causes de cette scission — elle se révèle
même contradictoire — mais, eu égard à l’envergure morale et scientifique des dirigeants
et des membres des deux groupes dermatologiques, les principes et les conceptions
primèrent sans aucun doute sur les intérêts personnels.
Les membres fondateurs de cette nouvelle société furent C. Orol Arias, M. A. Mazzini
(secrétaire), A.A. Fernández, A. Bigatti, S. Rosner, D. Biagini, L. Trepat, A. Muschietti, R.
Wernicke, E. Otahz, C. Bancalari, J. R. Houler, A.Schneidewind, S. Sovin, O. Camaño, J.
Capurro, E. Cortelezzi, F. de Biase, E. Solari, S. Ponce de León et E. del Vecchio. Elle devint
plus tard la Société argentine de dermatologie.
En Argentine, deux sociétés de dermatologie existent depuis 1934: l’Association
argentine de dermatologie, dont l’organe officiel, la Revista Argentina de Dermatología,
fut fondé en 1908; et la Société argentine de dermatologie (détachée de l’AMA en 2001),
dont l’organe officiel est la revue Dermatología Argentina (fondée en 1995). Les deux sociétés
comptent des filiales, des sections et des associés dans toutes les provinces du pays.
■ L’époque de Baliña et de et Greco de Greco
34
La scission des groupes dermatologiques provoqua une rivalité scientifique. Toutefois,
des dermatologues brillants surgirent de chacune d’elles et laissèrent leur empreinte à
des époques remarquables de la dermatologie argentine.

L’Association argentine de dermatologie, basée au sein de la chaire de dermato-syphiligraphie
de l’université de Buenos Aires, dont le siège était l’hôpital Ramos Mejía, fut
dirigée par le Pr. Pedro Baliña (titulaire entre 1925 et 1946). Plusieurs dermatologues s’y
formèrent, devenant par la suite professeurs titulaires: Luis Pierini (figure 4), Marcial
Quiroga (figure 5), Enrique Fidanza, Miguel A. Mazzini (figure 6), José M. Puente, Juan
Pessano, Ceferino Orol Arias, Emilio Fernández Blanco, José L. Carrera, Ludovico Facio,
Guillermo Basombrío, Fernando Noussitou et Aarón Kaminsky (figure 7). Ils furent pour
la plupart les chefs des services de dermatologie les plus reconnus.
L’Association créa une filiale à Rosario en 1934, une autre à Córdoba en 1938, et finalement
la filiale de Mendoza en 1952.
Pour sa part, la Société argentine de dermatologie, dont le siège se trouvait à l’Association
médicale argentine, était dirigée par Nicolás Greco, professeur titulaire de dermatologie
à l’université de La Plata et professeur adjoint de l’université de Buenos Aires. En
1943, il fut nommé professeur honoraire de cette dernière.
Cette époque fut caractérisée par la centralisation de la ville de Buenos Aires et par
une différence numérique importante des membres des deux sociétés.
L’époque de Pierini et de Quiroga
Histoire de la dermatologie argentine
■ L’époque de Pierini et de Quiroga
À la mort de Baliña et de Greco, deux disciples du premier marquèrent trois
décennies de la dermatologie argentine en la projetant sur le plan international :
Marcial I. Quiroga et Luis E. Pierini. En 1946, ils avaient publié leur livre Introducción
al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie],
dont la sémiologie et la description des lésions élémentaires sont toujours en vigueur.
L’ouvrage mit en évidence la grande influence des écoles européennes, notamment
de l’école française, où se rendaient les dermatologues voulant se perfectionner à
l’étranger.
Marcial I. Quiroga était doté d’une personnalité aristocratique et charismatique. Originaire
d’une famille aisée de la société argentine, il s’exprimait de façon fluide et plaisante.
Il parlait couramment français et voyageait presque tous les ans en Europe,
notamment en France. Il obtint les principales distinctions. Sur le plan international, il
fut le premier membre argentin du Comité international de dermatologie; il fut également
membre honoraire de plusieurs sociétés dermatologiques. Sur le plan national, il
fut membre, président et président d’honneur de l’Académie nationale de médecine.
Quant à la dermatologie, il fut professeur titulaire de la première chaire de la spécialité
et chef du service de dermatologie de l’hôpital Ramos Mejía, où se trouvait le siège
de ladite chaire. Participer à sa chaire était très intéressant, aussi bien pour les dermatologues
des provinces que pour les visiteurs étrangers. Sa qualité académique est reflétée
dans plusieurs livres et travaux scientifiques.
35
Figure 4.
Pr. Luis E. Pierini
Figure 5.
Pr. Marcial Quiroga
Figure 6.
Pr. Miguel A. Mazzini
Figure 7.
Pr. Aarón Kaminsky

Figure 8.
Pr. Alejandro Cordero
Figure 9.
Pr. Pedro H. Magnin
Figure 10.
Pr. J.E. Cardama
Figure 11.
Pr. Julio Martín Borda
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
36
Les disciples de Quiroga furent les maîtres de la génération ultérieure: Alejandro A.
Cordero (figure 8) et Pedro H. Magnin (figure 9). D’autres professeurs remarquables furent
Luis Ambrosetti, Enrique Jonquières, Arturo Mom, Rodolfo Corti, E. Molina Leguizamón,
Narciso Vivot, Gisella Dhum, Carlos F. Guillot, H. J. Sánchez Caballero, Manuel
Seoane, Luis Curia, Oscar Bonafina, Nélida Franco, Antonio Raimondo, E. Blasi, Hans
Botrich, Manuel Olchansky et Natan Gotlib, entre autres. La plupart d’entre eux dirigèrent
de prestigieux services de dermatologie à Buenos Aires.
L’Association argentine de dermatologie s’occupait simultanément de la publication
de la Revista Argentina de Dermatología, de l’organisation de congrès nationaux annuels
et de l’entretien de sa bibliothèque dermatologique, la plus ancienne du pays. L’association
fut présidée par M.A. Mazzini, G. Basombrio, F. Noussitou, R. Garzón (Córdoba), A.
A. Cordero, A. Kaminsky, J.L. Carrera, F. Ambrosetti, E. Jonquières, R.N. Corti, P. Viglioglia,
M. Seoane, P. Magnin, J.E. Cardama (figure 10), N. Sánchez Caballero, L.M. Baliña
et C. Parra (Mendoza), M. Marini, L. Valle et J.L. lribas.
Luis E. Pierini fut le maître par excellence. Simple, humble, respectueux, il possédait
une personnalité éblouissante due à ses connaissances dermatologiques et à sa culture
générale. Son origine italienne l’empêcha d’obtenir une place de professeur titulaire
de la première chaire. Sa pensée fut pertinemment exprimée dans son article
« Cinquante ans de dermatologie » (Arch. Argent. Dermatol. 1973; 23: 1-9), où se trouve
la réponse au dilemme des nouvelles générations: pourquoi choisit-on la dermatologie?
Pierini exerça ses fonctions au sein des hôpitaux Fernández, Muñiz (c’est là qu’il élabora
sa thèse de doctorat sur le « traitement de la lèpre » et décrivit l’épreuve classique
avec histamine qui porte son nom) et Casa Cuna (actuellement Pedro de Elizalde). Il fut
chef de service dans les hôpitaux Fiorito, Italiano et Rawson (à partir de 1949), où il
obtint le degré de professeur titulaire de la deuxième chaire. Signalons que Luis E. Pierini
travailla pendant vingt ans avec le Pr. Pedro Baliña, qui le désigna chef des travaux
pratiques à l’hôpital Ramos Mejía. Sa chaire hébergea d’importants spécialistes, tous
fiers d’être des disciples du maître Pierini. Parmi eux, Julio Martín Borda (figure 11), un
homme d’une valeur scientifique, morale et humaine extraordinaire, qui se joignait à
Luis Pierini pour étudier plusieurs dermopathies. Dans son hôpital privé de la peau il
organisait des conférences mensuelles auxquelles assistaient de jeunes dermatologues,
notamment des provinces. Cette institution forma un bon nombre de spécialistes latinoaméricains,
tout comme l’hôpital Rawson. Sur le plan national, nous distinguerons Abraham
Man, José Casas, Raúl Rodeiro, Augusto Casalá, Santiago Mosto, Alberto Carvalho,
Raúl Mazzini, lsmael Pomposiello, Gregorio Álvarez, Luis Trepat, Pacífico Díaz, Eduardo
Lacentre, dont certains sont actuellement disparus, et d’autres méritent une mention à
part.
La sagacité de Borda lui permit d’établir des hypothèses et de mettre en relation des
tableaux cliniques actuellement acceptés dans le monde entier.

David Grinspan sortit également du lot. Sémiologue exceptionnel et possédant de vastes
connaissances en dermatologie, il se pencha vers la stomatologie, une spécialité faiblement
étudiée jusque-là. Il fonda et dirigea le Centre de tumeurs de la peau et de stomatologie de
l’hôpital Rawson, pionnier en Amérique Latine. Il nous légua ses enseignements à travers
son Traité de stomatologie, un classique dans l’enseignement de la matière en six tomes.
Pour sa part, Jorge Abulafia se consacra à la dermo-pathologie. Il participa aux principaux
travaux publiés de la spécialité et prouva des connaissances approfondies sur la
clinique de l’histopathologie qu’il décrivait. Son laboratoire réunit des dermatologues latino-américains
et argentins qui, avec une curiosité et un intérêt révérencieux, s’introduisirent
dans le monde de la microscopie. Il est habituel d’entendre, lors de la clôture
d’une discussion dermatologique: « … et c’est Abulafia qui le dit. »
L’année 1943 fut caractérisée par une succession d’avatars politiques et institutionnels
qui paralysèrent les concours pendant plusieurs décennies; des personnalités
brillantes, pouvant atteindre dans d’autres circonstances des postes académiques importants,
furent rejetées.
En 1978, l’hôpital Rawson ferma ses portes et la pléiade de ses remarquables dermatologues
se distribua dans les services des différents hôpitaux de la ville de Buenos Aires.
L’ère actuelle
D’autres personnalités qui constituèrent des jalons de cette histoire surgirent parallèlement
aux membres des chaires.
Aarón Kaminsky est le père de la cosmétologie argentine. Étonnant, singulier, d’une
personnalité écrasante, il jouit d’un extraordinaire prestige populaire. Chef des services
de dermatologie des hôpitaux Israelita et Alvear, il réunit autour de lui un grand nombre
de médecins et une légion de patients. Il se pencha notamment sur l’aspect thérapeutique,
dominant l’art de la formule magistrale. Il forma des disciples de l’envergure de
son fils Carlos, ainsi qu’Ana Kaminsky et León Jaimovich. Tous les trois occupèrent des
postes de professeurs titulaires, tout comme J. Kriner, P. Bumaschny, S. Braunstein, H.A.
Kaplan, B. Sevinsky et A. Aufgang.
De son côté, Alfredo Chouela fit un parcours remarquable dans la Société de dermatologie.
Nous citerons aussi A. Segers, qui se consacra à la chirurgie dermatologique, et
M. Asrilant à l’allergie dermatologique.
Pablo Viglioglia, formé à cette école, fut chef de l’hôpital Álvarez et grimpa dans la
hiérarchie en étant nommé professeur titulaire. Fort du privilège de conjuguer une vaste
connaissance clinique avec le pouvoir de lire et de diagnostiquer des préparations histopathologiques,
son savoir se traduit dans plusieurs livres et articles. Il dispensait ses
cours avec simplicité et autorité scientifique, en leur accordant un caractère cordial et
affectueux et en s’adaptant facilement à son auditoire*.
Enrique Jonquières, très doué en léprologie, travaillait à ses côtés.
Miguel A. Mazzini est un autre dermatologue important de l’époque. Il fut professeur
titulaire, se distinguant par ses connaissances. Élégant, galant, modeste et affable, il fut chef
de l’hôpital Fernández avant d’occuper la chaire à l’hôpital Ramos Mejía. Son ouvrage Dermatología
Clínica [Dermatologie clinique] (dont la première version fut rédigée avec Fernández
Blanco), fut le livre de consultation et d’étude de tous les dermatologues de l’époque.
Des circonstances qui allaient signer l’avenir de la dermatologie argentine se produisirent
à cette époque-là.
* Ce paragraphe fut rédigé par le Dr A. Woscoff.
Histoire de la dermatologie argentine
■ L’ère actuelle
37

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
38
Le Dr Raúl Fleischmajer, disciple de Kaminsky, s’installa aux États-Unis et s’engagea dans
un parcours exceptionnel: il fut nommé professeur et chef de dermatologie à l’hôpital Mount
Sinai de New York. Ses contributions à la physiopathologie du collagène et notamment à la
sclérodermie sont très importantes dans le monde entier. Il voyageait annuellement en
Argentine, où il diffusait ses connaissances. Aux États-Unis, il partagea ses activités avec le
Dr León Jaimovich — disciple de Kaminsky et plus tard de Pierini —, qui une fois de retour
en Argentine débuta un brillant parcours et fut nommé professeur titulaire.
Arturo Mom voyagea également aux États-Unis où il débuta la recherche dermatologique;
le Pr. Alejandro Cordero suivit lui aussi des formations dans ce pays. Ainsi débuta
l’étape nord-américaine de la dermatologie argentine qui, sans manquer l’influence
française, prit des directions plus vastes, notamment en physiopathologie et en thérapeutique.
Pedro Horacio Magnin passa un temps aux États-Unis pour collaborer avec le pionnier
Stephen Rothman dans ses recherches. De retour en Argentine, il s’engagea dans
une carrière remarquable: il devint le successeur de Quiroga et de Mazzini en tant que
professeur titulaire, présida l’Association argentine de dermatologie pendant plusieurs
périodes et dirigea la Revista Argentina de Dermatología des décennies durant. Il était
passionné par la spécialité, et n’arrêta pas de l’étudier. Ses journées commençaient très
tôt, consacrées à écrire des livres et des articles et à effectuer des recherches sur des sujets
divers, comme les porphyries et le cancer de la peau. Il organisa des ateliers, des
journées et des congrès, et s’occupa de la formation d’un cercle de disciples qui le suivirent
dans son travail. Chef des hôpitaux Británico et Ramos Mejía — ce dernier reste le
siège de la chaire —, il possédait une personnalité particulière, sévère et exigeante. Sa
mémoire exceptionnelle l’aida à diffuser ses connaissances, en même temps qu’il exigeait
un dévouement presque total de ceux qui partageaient son travail. Il succéda à
Marcial Quiroga au sein de l’Académie nationale de médecine.
Alejandro A. Cordero perpétua la série de maîtres brillants. Il travailla avec Quiroga:
il occupa le poste de professeur adjoint de sa chaire et fut ensuite nommé chef des services
des hôpitaux Tornú, Rawson et des cliniques; il fut professeur titulaire dans ces
deux derniers hôpitaux. Cordero était une personne exceptionnelle et un scientifique
remarquable. Modeste, affable, protecteur, il forma plusieurs dermatologues*. Il voyageait
continuellement avec son épouse: le matin, il visitait les centres hospitaliers;
l’après-midi, il se promenait dans les villes et les musées et le soir il partageait des
dîners avec les principaux dermatologues du pays… tout en parlant de dermatologie. Au
cours des congrès, tel un élève appliqué, il notait sur un petit cahier tout ce qu’il voyait
et entendait, pour le communiquer ensuite à son retour dans le cadre des cours.
Les principales sociétés dermatologiques mondiales le désignèrent membre honoraire.
Tout comme Quiroga, il fut membre de la Ligue dermatologique internationale.
Nous tous qui l’avons connu le gardons dans notre mémoire.
Les chaires. Pendant les années qui séparèrent l’époque de Pierini de celle de Quiroga,
il n’y eut pas de concours: les professeurs adjoints déjà désignés occupèrent de façon
intérimaire le poste de titulaire pendant un an. En conséquence, des dermatologues
notables n’eurent pas l’occasion de passer le concours pour devenir professeurs titulaires.
La situation redevint normale une décennie plus tard; les Drs Cordero et Magnin
furent alors nommés professeurs titulaires. Lors de leur retraite (la faculté de médecine
de l’université de Buenos Aires pose comme limite d’âge 65 ans), Viglioglia et Jaimovich
leur succédèrent pour une courte période. Le nombre de chaires fut porté à quatre, les
Drs Alberto Woscoff, Ana Kaminsky, Hugo Cabrera et Carlos Kaminsky (mort précocement)
étant nommés pour les diriger.
* Parmi lesquels je me compte (A. W.).

Ana Kaminsky, dont le parcours est mondialement reconnu, fut désignée membre de la
Ligue internationale des sociétés dermatologiques (tout comme Quiroga et Cordero quelques
années auparavant), ce qui permit à l’Argentine d’y avoir son représentant. Elle fut invitée
à donner des conférences dans plusieurs pays, où elle fut désignée membre d’honneur.
Hugo Cabrera, formé avec Gatti et Cardama, exerça la fonction de chef dans la polyclinique
Posadas et plus tard à l’hôpital des cliniques, où il établit sa chaire. Ses vastes
connaissances dermatologiques lui permirent de publier de nombreux travaux dans lesquels
il décrivit des pathologies inédites dans le pays. Son livre Nevos [Nævi], rédigé
conjointement avec Sandra García et formant un ouvrage de consultation obligatoire sur
le sujet, est remarquable.
Alberto Woscoff fut professeur titulaire et chef à l’hôpital des cliniques, ainsi que professeur
consultant de l’Armée argentine et chef du service de l’hôpital naval Pedro Mallo.
Il fut auparavant chef à l’hôpital Durand. Sa production scientifique est très abondante,
et compte des titres tels que Orientación dermatológica en medicina interna [Orientation
dermatologique en médecine interne] — un texte de consultation et d’étude pour
les études supérieures et la spécialisation, auquel collaborèrent les Drs A. Kaminsky,
M. Marini et M. Allevato — et Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]
(écrit avec les Drs P. Troielli et M. Label), des ouvrages complets du genre
en espagnol. Il fonda Dermatología Argentina — organe officiel de la SAD —, dont il fut
le directeur pendant une décennie.
Au moment de sa retraite, Alberto Woscoff fut désigné professeur consultant titulaire,
tout comme Ana Kaminsky, de l’université de Buenos Aires; les Drs Viglioglia et Cordero
en furent désignés professeurs émérites.
Actuellement (2005), le docteur Cabrera est le professeur titulaire de la chaire; les
autres chaires, dont le professeur titulaire est désigné par concours, sont actuellement
occupées par Mercedes Hassan (hôpital Ramos Mejía), Edgardo Chouela (hôpital Argerich)
et Mario Marini (hôpital Británico). Tous trois possèdent des antécédents remarquables,
et leur travail et leur intelligence augurent un prestige croissant de la
dermatologie argentine.
Association argentine de dermatologie (AAD)
Elle rassemble la plupart des membres des services hospitaliers de la ville de Buenos
Aires, avec une activité scientifique et sociétaire soutenue, qui se reflète dans la Revista
Argentina de Dermatología. L’institution organise des réunions auxquelles assistent de
nombreux spécialistes argentins et étrangers; elle organise aussi annuellement le
Congrès argentin de dermatologie, qui a lieu dans les provinces du pays. Sous la présidence
de Magnin, l’AAD déplaça son siège traditionnel de l’hôpital Ramos Mejía vers un
siège propre, disposant d’une bibliothèque et d’une salle de conférences.
Les présidents de l’institution furent M.A. Mazzini (1950), G. Basombrio (1952), F.
Noussittou (1953), R. Garzón (p) (1955), A. Cordero (1957-1958), A. Kaminsky (1959-
1960), J.L. Carrera (1961-1962), F. Ambrosetti (1963-1964), E. Jonquières (1965-1966),
M.I. Quiroga (1967-1968), R.N. Corti (1968-1971) M.A. Mazzini (1972-1975), P. Viglioglia
(1976-1977), M. Seoane (1978-1979), P. Magnin (1980-1981), J.E. Cardama (1982-1983),
N. Sánchez Caballero (1984-1985), L.M. Baliña (1986-1987) (figure 12), P. Magnin (1988-
1989), C. Parra (1989-1991), M. Marini (1992), P. Magnin (1993-1995), Lidia Valle (1995-
2004) et J.L. Iribas (depuis 2004).
Société argentine de dermatologie (SAD)
Histoire de la dermatologie argentine
Jusqu’en 1973, l’institution organisait des séances théoriques mensuelles pour les
diplômés au siège de l’Association médicale argentine (AMA). Ses adhérents n’étaient
39
Figure 12.
Pr. L.M. Baliña
Figure 13.
Pr. D. Grinspan
Figure 14.
Pr. J.C. Gatti

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
pas nombreux et quelques professionnels se relayaient à la présidence. La SAD regroupait
la plupart des disciples de Kaminsky et de Pierini.
Sous la présidence d’Abulafia (1973-1974) la société subit une modification substantielle.
Une nouvelle organisation moderne, accompagnée d’une succession de réunions et de
congrès, motiva l’incorporation de nombreux dermatologues. Désormais, les présidents de
la SAD furent A. Casalá (1975-1976), O. Mángano (1977-1978), D. Grinspan (1979-1980) (figure
13), A. Cordero (1981-1982), J.C. Gatti (1983-1984) (figure 14), S. Stringa (1985-1986),
J.E. Cardama (1987-1988), A. Woscoff (1989-1990), H.N. Cabrera (1991-1992), H.G. Crespi
(1993-1994), A. Kaminsky (1995-1996), A. Cordero (1997-1998), C.F. Gatti (1999-2000),
M. Larralde (2001-2002), H. Cabo (2003-2004 ) et E. Saraceno (depuis 2005).
Les congrès ont lieu tous les deux ans dans différentes villes des provinces argentines
et à Buenos Aires. Durant la présidence d’Ana Kaminsky, la SAD se détacha de l’Association
médicale argentine; elle possède actuellement son propre siège.
La publication de la revue Dermatología Argentina, l’organe officiel de la SAD, débuta
en 1995, dirigée dans ses premiers temps par Alberto Woscoff (devenu directeur honoraire)
et ensuite par Liliana Olivares (à partir de 2004).
Pendant quelques années, l’AAD et la SAD travaillèrent ensemble, en organisant des
réunions communes. L’exemple le plus significatif d’intégration fut la Commission mixte
d’enseignement dermatologique (COMEDE).
Quatre cours de spécialisation en dermatologie existaient simultanément à une
époque donnée, mais leurs contenus et leurs exigences étaient divergents; León Jaimovich
(SAD), Pedro Magnin (AAD), Fernando Stengel et Hugo Cabrera étaient chargés de
ces cours. Ces quatre professionnels cédèrent leurs cours respectifs à la COMEDE, qui
mit en place un seul cours présidé par Mario Marini (AAD), Alberto Woscoff (SAD) et avec
la collaboration de Luis Ferreira comme doyen de la Faculté de médecine. Ce cours,
reconnu par l’université de Buenos Aires, avait une durée de trois ans et délivrait le
diplôme de spécialiste universitaire en dermatologie. Il était dirigé par un représentant
de l’AAD et un représentant SAD se succédant tous les ans. Au bout de dix ans, l’Association
argentine de dermatologie quitta la COMEDE et créa un cours propre. Cependant,
l’expérience du travail conjoint des deux groupes éveilla le désir de création d’un groupe
unique, surtout parmi les dermatologues plus jeunes.
■ La La fédéralisation de la de Dermatologie la dermatologie argentine argentine
40
À l’origine, l’activité dermatologique était concentrée à Buenos Aires, où la plupart
des dermatologues exerçaient leur profession. Avec le temps, une intense et fructueuse
activité scientifique se développa dans les provinces: les centres importants sont généralement
installés dans les chaires de la spécialité.
La dermatologie à Córdoba
Ses origines remontent au XIX e siècle. La première chaire de la spécialité en Argentine
y fut créée en 1889 (bien avant celle de Buenos Aires), ayant son siège à l’hôpital des
cliniques. Le premier professeur fut Hugo Stemphelman, à qui succédèrent Manuel
Freyre, Tomás Garzón, Rafael Garzón (père), Ramón Argüello (intérimaire), Luis
Argüello Pitt, Enrique Tello et Rafael Garzón (fils).
Le travail du Dr Garzón (fils), désigné en 1983, a une immense valeur, tout comme ses
publications et ses contributions scientifiques aux congrès et aux cours, dans lesquels il
donna une grande projection à la chirurgie dermatologique. Il édita plusieurs textes pour
les études supérieures, écrivit des articles et des livres d’une grande importance pour
l’histoire de la dermatologie argentine.

La deuxième chaire fut créée en 1975, le siège se trouvant à l’hôpital Córdoba; Ignacio
Segundo Toledo et Augusto Magnani furent les professeurs chargés de l’enseignement.
La troisième chaire, créée au cours de la même année à l’hôpital San Roque,
compta sur la participation de professeurs comme Pedro Guillot et Belia de Oviedo.
L’université catholique de Córdoba, dirigée tout d’abord par Ignacio Toledo et ensuite
par Carlos Consigli, constitue l’un des centres privés les plus prestigieux du pays. Carlos
Consigli et son frère Javier furent également de remarquables dermatologues et léprologues,
dont les apports à la spécialité furent importants.
Córdoba se distingue notamment dans deux sujets: la lèpre et l’hydroarsenicisme
chronique régional endémique (HACRE). Pour ce qui est de la lèpre, il faut mentionner
l’existence d’un lazaret déjà en 1621 et de la fondation d’une deuxième léproserie en
1884; la clinique J.J. Puente et le dispensaire Pr. Guillermo Basombrio, des modèles dans
leur genre, furent inaugurés à San Francisco del Chañar en 1939. Luis Argüello Pitt et
Carlos Consigli se distinguèrent dans ce domaine.
Quant à l’HACRE, il fut méticuleusement décrit par Ramón Argüello et Enrique Tello.
Ce dernier est l’auteur du livre HACRE, référence obligée sur le sujet. Les études de
l’HACRE se poursuivirent dans la province de Salta, sous la responsabilité de Roberto
Biagini, qui en précisa l’épidémiologie et le lien avec le carcinome viscéral.
La Réunion dermatologique de Córdoba compte plus d’un demi-siècle d’existence et
les plus grands dermatologues de la province la présidèrent.
Actuellement se distinguent Miguel A. Orozco, Luis Flores González et Alejandro Ruiz
Lascano.
La dermatologie à Rosario (province de Santa Fe)
Histoire de la dermatologie argentine
L’université nationale du Littoral créa en 1922 la chaire de dermatologie, dont le
premier professeur fut Enrique Fidanza, âgé de 38 ans à peine mais qui bénéficiait
d’une vaste expérience acquise à Buenos Aires et en Europe. Il débuta l’enseignement
à l’hôpital Italiano et transféra ensuite la chaire au sein du traditionnel hôpital du
Centenaire de l’université nationale du Littoral. Il forma, entre autres, les Drs José
María Fernández, Salomón Schujman, Alberto Nudenberg, Francisco Carrillo et
Amadeo Campos ; J.M. Fernández, E. Carboni, V. Pecoraro et B. Nudenberg lui succédèrent
à la chaire.
Le monde connut d’importants professionnels en dermatologie originaires de Rosario;
José María Fernández par exemple, auteur de la réaction en lèpre qui porte son nom. Il
participa également de façon décisive à la classification sud-américaine de la lèpre (La
Havane, 1948) et à l’utilisation du vaccin BCG dans la prophylaxie de la maladie.
Salomón Schujman suivit J.M. Fernández dans ses recherches sur la lèpre. Il établit
la forme polaire tuberculoïde et devint, selon le Brésilien Rabello, « le premier à avoir
caractérisé la physiopathogénie de la maladie ». Sa réputation dépasse les frontières; il
suffirait de dire qu’il se rendit en Chine en 1957, où il resta un an, pour dispenser des
cours de léprologie; il y forma des disciples qui suivent ses conceptions.
Alberto Nudenberg se perfectionna en France et en Allemagne et se consacra avec
acharnement à la vénéréologie. Après sa formation à l’étranger, il organisa et dirigea
cette spécialité, travail qu’il effectua de façon inébranlable malgré les intérêts puissants
qui se mouvaient derrière la prostitution. La loi nationale de prophylaxie antivénérienne
étant promulguée, on établit que « Rosario était la ville la mieux préparée du pays grâce
à sa connaissance de ces plaies sociales ».
Vicente Pecoraro, J.M. Barman et L. Astore se distinguèrent dans l’étude du cheveu,
domaine peu étudié jusque-là. Le premier inventa un microscope original et développa
la technique du trichogramme, actuellement employée dans le monde entier. Ses observations
minutieuses restent incontestées.
41

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
42
Bernardo Nudenberg, professeur titulaire depuis 1983, imprima à la chaire une nouvelle
orientation, destinée à intégrer la dermatologie en tant que chapitre important de
la clinique médicale. Il publia des études sur la sclérodermie et la mucinose. Il est l’invité
obligé de tous les congrès nationaux, et assiste également aux principales réunions
internationales, auxquelles il participe activement. Doté d’une fine sensibilité, il écrit des
récits et de la poésie dont la critique littéraire fait l’éloge.
Ramón Fernández Bussy, qui suivit son perfectionnement en Europe, est réputé par
ses études en immunologie. Il gravite autour des sociétés dermatologiques de Buenos
Aires et de Rosario; il organise des cours et écrit plusieurs ouvrages. Il dirige le cours de
spécialisation en dermatologie à l’université nationale de Rosario.
Parmi les figures célèbres, nous pouvons citer Augusto Mercau, Fernando Feijóo, Sebastián
González del Cerro, Carlos Lurati et Ricardo Arpini; dans le domaine de la
dermo-pathologie, Augusto Serial et Juan Monti.
L’Association dermatologique, filiale de l’AAD, fut créée en 1935 et présidée par
Edgard Romano Boix, entre autres. De nos jours, elle constitue une section de la Société
argentine de dermatologie.
La dermatologie à Mendoza
Les premiers dermatologues qui exercèrent leur profession à Mendoza dans les années
30 furent Everardo Godoy et León Boaknin, à qui s’ajouta le Pr. Gerónimo López
González en 1939. Les soins avaient lieu dans les hôpitaux Central et Luis Lagomaggiore.
La Faculté des sciences médicales de Mendoza fut fondée en 1950, dépendant de l’université
nationale de Cuyo; le Portugais Joao Ferreyra Márquez fut embauché comme professeur
titulaire de dermatologie. En 1965, Gerónimo López González lui succéda, et plus tard
Sebastián Pons, Alberto Torres Cortijo (intérimaire) et Cristóbal Parra (1987). L’école de
Mendoza est réputée pour l’importance de ses contributions et ses membres prestigieux.
Gerónimo López González identifia le prurigo solaire.
Outre sa fonction de professeur titulaire, Sebastián Pons fut doyen de la Faculté des
sciences médicales de l’université nationale de Cuyo; parmi sa production prolifique,
nous citerons son travail « Manifestations cutanées de la maladie de Chagas ».
Alberto Torres Cortijo, qui se forma en Espagne avec Gómez Orbaneja et à Buenos
Aires avec Pierini et Borda, se consacra avec acharnement à la cryochirurgie. Son travail
« Acropathie ulcéromutilante de Bureau et Barrière. Étude de 150 cas. Son association
avec la pellagre » est remarquable.
En 1986, le Dr Cristóbal Parra fut désigné professeur titulaire. Son parcours se distingua
par la quantité et la qualité de travaux originaux, publiés dans les plus importantes
revues nord-américaines et européennes. Il se rendit en Allemagne pour perfectionner
ses études, où il introduisit la connaissance de la dermatologie argentine. Un certain
nombre de ses travaux furent publiés en allemand, une langue qu’il maîtrisait.
Elías Bittar, Olga Bocanegra, José F. Leonforte, Emilce Rivarola et Narciso Driban furent
des membres remarquables de cette école, tout comme les dermatologues brillantes
qui font partie de la famille Parra: Nélida Parra (née Pizzi), célèbre en dermatologie pédiatrique,
et Viviana Cantú (née Parra).
Aníbal Ortiz Medina, disciple d’Abulafia et coauteur de plusieurs publications nationales
et internationales, prit en charge l’histopathologie.
L’enseignement à Mendoza est partagé entre la Faculté nationale de Cuyo, fondée en
1950, et deux facultés privées: la Faculté des sciences de la santé de l’université de Mendoza
(fondée en 1998) et la Faculté des sciences médicales de l’Aconcagua (1997).
Les associations dermatologiques locales sont la filiale Cuyo de l’Association argentine
de dermatologie (1958), la première section de la Société argentine de dermatologie
et le Cercle de dermatologie Pr. Joao Ferreira-Marques (1966).

La dermatologie à La Plata (province de Buenos Aires)
La spécialité débuta dans cette ville en 1918, grâce au Dr Emilio Cortelezzi, le premier
professeur titulaire de la chaire de dermatologie créée en 1930. Nicolás Greco, Ernesto
L. Othaz et Alcides Conti lui succédèrent, signant l’époque la plus importante de la
dermatologie de La Plata. Les professeurs titulaires ultérieurs furent Jorge Cueto, Juan
Fuertes (intérimaire), Flora Stoichevich et Raúl E. Balsa, qui possédait une connaissance
encyclopédique et laissa pour la postérité un volumineux Manual de Dermatología Clínica
[Manuel de dermatologie clinique] (1998). Pour sa part, Roberto Castelleto est un
anatomo-pathologiste d’une activité remarquable.
La Société de dermatologie de La Plata — devenue filiale de la Société argentine de
dermatologie plus tard — entama ses activités en 1973, présidée par L.T. Mirande, Stella
Maris Ingrata et Luis H. Pedemonte.
La dermatologie à Tucumán
Norberto Olmos Castro et Pascual B. Arcuri, enrichirent la léprologie de la léprominoréaction
qui porte leur nom. Luis Vallejo y Vallejo fut professeur titulaire à la faculté
de médecine, suivi par Eudoro H. de los Ríos — la plupart des dermatologues de Tucumán
font partie de son école —, qui apporta des connaissances intéressantes sur les
mycoses profondes.
En ce qui concerne l’étude des pathologies régionales, nous pouvons citer Ana María
Lorenz, N. Cartagena, L. Aguirre (née Iturre) et Ben Ami Alperovich. Le Groupe dermatologique
de Tucumán — filiale de l’Association argentine de dermatologie — existe depuis
1970, ainsi qu’une filiale de la SAD.
La dermatologie dans le Nord-Est
Manuel Giménez (père) se consacra à la lèpre dans la province de Chaco de manière
ardue et ininterrompue. Sa lutte passionnée contre cette épidémie se traduit par les institutions
et les dispensaires créés à son initiative.
Manuel Iglesias et Félix Scappini furent professeurs titulaires. Lors de la création de
l’université nationale du Nord-Est, Manuel Giménez (fils) devint professeur titulaire à son
tour, et il apporta à sa chaire une activité incessante de recherche et d’étude qui le distingua
parmi les professeurs des générations récentes.
D’autres centres dermatologiques importants
Histoire de la dermatologie argentine
Andrés Cornejo fut un célèbre dermatologue de la province de Salta, suivi par Roberto
Biagini, qui apporta des connaissances épidémiologiques et cliniques très importantes
sur l’étude et la diffusion de l’HACRE et de la tuberculose cutanée.
Dans la province d’Entre Ríos, le premier dermatologue fut José María Roque D´Angelo
(1943). En 1985, Abraham Man devint la figure la plus remarquable de la dermatologie
du Littoral et prit en charge la formation des spécialistes des provinces d’Entre Ríos
— siège de l’hôpital où il est chef —, de Corrientes et de Misiones. C’est l’un des représentants
les plus importants de l’école de Borda. Il exerça d’importantes fonctions au sein
de la Société argentine de dermatologie de Buenos Aires pendant plusieurs époques.
L’unité d’enseignement de la ville de Paraná, qui dépendait de l’université nationale
de Rosario, fonctionna à partir de 1991. Le Dr Man fut désigné enseignant responsable,
tandis que les Drs Rubén Ruberto et Diana Mauro étaient les chefs des travaux pratiques.
L’Association de dermatologie du centre du Littoral fut fondée en décembre 1978,
présidée par Ricardo Cusanelli et comptant sur la participation des professionnels de
43

Figure 15.
Ve Congrès ibérolatino-américain
de
dermatologie.
Buenos Aires.
Novembre 1963.
Cérémonie
d’ouverture
Figure 16.
Assemblée ordinaire
du CILAD
Figure 17.
Présentation des
malades à l’hôpital
Rawson
Figure 18.
Thème officiel
« Cancer cutané ».
Conférenciers:
Pr. Jorge Abulafia
(2e à droite) et
David Grinspan
(3e à droite)
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
Santa Fe, de l’est de Córdoba et d’Entre Ríos. Cette association rejoignit la SAD pendant
la présidence du Dr Alejandro Campos Carlés.
Parmi les nombreuses rencontres scientifiques qui eurent lieu dans cette région,
notons la réunion annuelle « Pr. Dr José M. Fernández », avec la participation d’Entre
Ríos, Rosario et Córdoba. Les IV es Journées internationales de dermatologie pédiatrique,
dont le siège se trouve à Paraná, furent dirigées par Susana Block, Diana Mauro, Analía
Svartz et Carlos Cargniel.
À Mar del Plata, où la spécialité est étroitement liée à la dermatologie de Buenos
Aires, les figures remarquables furent Raúl Rodeiro, Juan F. Caino, Carlos Cancio, Carlos
de Natale. De nos jours, Carlota Jaimovich, Jorge Brusco, Alfredo Amdur et Jorge
Clara sont les référents de la ville.
L’hôpital régional de Mar del Plata possède un haut niveau d’académiciens, et la ville
est fréquemment le siège de congrès nationaux et internationaux.
■ L’activité internationale
44
Des années durant, les Journées de dermatologie du Rio de la Plata constituèrent
un classique de la spécialité ; elles rassemblaient annuellement les dermatologues
d’Argentine et d’Uruguay, les deux pays en étant alternativement le siège. Bartolomé
Vignale stimula leur réalisation en Uruguay, accompagné de Quiroga, Mazzini, Pierini
et Grinspan en Argentine.
Le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) organisa en 1963 le
V e Congrès international, dont le président fut Luis Pierini; David Grinspan en fut le
secrétaire général. L’événement réunit toute la dermatologie argentine et ibéro-américaine
(figures 15, 16, 17, 18).
Buenos Aires fut le siège du XV e Congrès du CILAD en 2003, présidé par Ana Kaminsky,
tandis que Miguel A. Allevato faisait office de secrétaire général. Plus de

3 000 dermatologues y assistèrent et jugèrent que ce congrès fut l’événement le plus
brillant et le plus fructueux parmi ceux organisés jusqu’à présent.
En 1973, Sebastiao Sampaio, Pablo Viglioglia, Juan Carlos Gatti et Osvaldo Mángano
conçurent la Réunion annuelle des dermatologues latino-américains du Cône Sud
(RADLA) ; à ses débuts et jusqu’au VIII e Congrès, l’Argentine et le Brésil organisait tour
à tour cette réunion annuelle. Désormais, les autres pays d’Amérique latine l’accueillirent
également, faisant de la RADLA le congrès le plus significatif de la région, aussi bien
pour la qualité du travail scientifique que pour la quantité d’assistants. La
réunion qui eut lieu à Buenos Aires en 2005 fut présidée par le Dr Edgardo Chouela; il
travailla de manière ardue et décidée pour que le nombre de pays intervenants soit
augmenté, la Colombie, le Venezuela, l’Équateur et le Mexique s’étant alors ajoutés,
suivis prochainement de la communauté hispanophone des États-Unis.
D’autres activités furent organisées, comme des réunions internationales de léprologie,
sous la direction des Drs Gatti et Cardama, ou le Congrès mondial de cancer cutané,
présidé par León Jaimovich, avec Fernando Stengel comme secrétaire. Des réunions internationales
de dermatologie pédiatrique se réalisent périodiquement.
Ces antécédents significatifs justifient et anticipent l’éclat du prochain Congrès mondial
de dermatologie, qui aura lieu à Buenos Aires en 2007, dont le président sera Ricardo
Galimberti et le secrétaire général Adrián M. Pierini.
L’Association argentine de dermatologie et la Société argentine de dermatologie sont
les institutions qui représentent toute la République argentine. Au début, l’activité dermatologique
était centralisée autour de Buenos Aires; plus tard, des filiales et des sections
furent établies, reconnaissant la capacité et le prestige des dermatologues des
provinces argentines. Les sections de la Société argentine de dermatologie, qui regroupe
plus de 2500 dermatologues, se trouvent à Bahía Blanca (province de Buenos Aires),
Comahue, Córdoba, Corrientes, Chaco, Chubut, Jujuy, La Plata, Littoral, Mar del Plata,
Mendoza, Misiones, Rosario, Salta, San Juan, Santiago del Estero et Tucumán; les délégations
sont situées à Catamarca, San Luis, Santa Cruz et sur la Terre de Feu. La Société
argentine de léprologie fait également partie de la SAD.
Les différentes sous-spécialités
Histoire de la dermatologie argentine
■ Les différentes sous-spécialités
Dermato-pathologie: à l’origine, Pablo Box et Eugenio Forman étaient les seuls à
l’exercer; suite à l’action du Dr Jorge Abulafia, maître des générations futures, le
nombre de professionnels intéressés par la spécialité augmenta. José G. Casas, spécialiste
de renommée internationale, est professeur titulaire de pathologie à la faculté de
médecine de Buenos Aires et préside la filiale régionale américaine de l’International
Academy of Pathology. Parmi les pathologistes réputés, nous citerons Roberto G. Schroh,
Oscar Bianchi, Ignacio Calb, María Cristina Kien, Gabriel Magariños, Graciela Sánchez,
Eduardo Lacentre, Alicia Kowalczuk, Javier Anaya, Alberto Carril et Oscar Sanguinetti.
Jorge Monti et Adriana Bergero développent leur activité à Rosario; Roberto Castelleto
et Jorge Cueto (fils), à La Plata. Aníbal Ortiz Medina travaille à Mendoza et Susana Romero
dans la ville de Salta.
La Société argentine de dermato-pathologie (SADEPA) organise régulièrement des
cours et des réunions, invitant des dermo-pathologistes étrangers. Elle réalise également
le cours bisannuel de dermatologie optique basique, sous la direction des Drs Oscar
Bianchi et Roberto Schroh.
Dermatologie pédiatrique : parmi les figures remarquables, citons le Pr. Héctor
Crespi, homme sérieux qui jouit d’un grand prestige ; Dagoberto Pierini (figure 19),
maître de la spécialité ; Adrián M. Pierini, président du Vll e Congrès international de
dermatologie pédiatrique ; Margarita Luna (née Larralde), présidente du Congrès
45
Figure 19.
Pr. Dagoberto Pierini

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
46
latino-américain de dermatologie pédiatrique (2006); Rita García Díaz, José A. Mássimo,
Silvia Pueyo, Zulema Piccone, Nélida Parra (née Pizzi) et Jorge Laffargue, entre autres.
La Société argentine de dermatologie pédiatrique fut fondée en décembre 1989,
devenant plus tard l’Association argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE). De
nos jours un cours universitaire de dermato-pédiatrie est à la charge de J.A. Mássimo,
M. Larralde, A.M. Pierini et L. Valle, octroyant le diplôme correspondant.
Chirurgie dermatologique: elle prit un élan décisif grâce au Pr. Norberto Grinspan
Bozza, fondateur de la Société de chirurgie dermatologique. La spécialité rassemble des
chirurgiens dermatologues très compétents tels qu’Abel González (expert en chirurgie de
Mohs), Rafael Garzón, Horacio Costa Córdova, Daniel Ballesteros et Gilberto González
Rescigno. Le cours annuel de chirurgie dermatologique et d’esthétique de la Société
argentine de dermatologie est dirigé par Horacio Costa Córdoba, Eduardo De Carli et
Lidia Inés Villalba.
Stomatologie: comme nous l’avons déjà signalé, la stomatologie doit ses origines à
David Grinspan, dont le monumental traité recouvre toutes les facettes de la spécialité.
José Kriner, Samuel Blaustein, Julio Díaz, S. Belin, E. Mc Adden, Graciela Fernández
Blanco et Silvina González poursuivirent le travail du Dr Grinspan.
Cosmétologie: stimulée en Argentine par le Pr. Aarón Kaminsky, la spécialité prit une
importance internationale. Des cours, auxquels assistent plusieurs dermatologues latinoaméricains,
ont fréquemment lieu dans le pays. Les figures remarquables en Argentine
sont Alejandro Cordero (fils), Ana Kaminsky, Graciela Cuomo, Rosa Flom. Chaque service
de dermatologie comporte une section de dermato-cosmétologie, à la charge d’un chef
dermatologue accompagné du personnel technique de cosmétologie (auparavant, des
cosmétologues). Il existe également des sociétés de la spécialité consacrées au soin et à
l’amélioration des aspects éthiques de cette pratique. Cosmetología Dermatológica Práctica
[Cosmétologie Dermatologique Pratique], de M.I. Quiroga et C.F. Guillot (1973), et
Cosmiatría [Cosmétologie], de P. Viglioglia et J. Rubin devinrent les ouvrages classiques
de la spécialité.
Léprologie: son histoire va de pair avec celle de la dermatologie. Suivant certaines
théories, la lèpre fut introduite en Amérique par les découvreurs et les premiers conquérants,
qui engagèrent probablement des personnes malades comme soldats et marins; le
commerce d’esclaves africains du début du XVI e siècle fut un facteur qui contribua également
à étendre la maladie sur le continent. L’arrivée des esclaves étant plus limitée en
Argentine, il est probable que la maladie soit passée dans le pays en provenance des régions
voisines telles que le Paraguay, le Brésil et le Pérou.
Ce fut en 1760 que l’on prit connaissance de l’existence des premiers cas de la maladie
à Buenos Aires, les patients étant éloignés de la ville et envoyés à Lima. En 1792, le
protomedico Manuel Rodríguez isola le premier noyau de lèpre à Santa Fe (4 patients).
Les guerres d’indépendance disséminèrent ces noyaux vers le Nord-Est, le Nord-Ouest et
la région de La Pampa. La Maison d’isolement (actuellement hôpital Muñiz) fut fondée en
1883 et reçut la même année le premier malade atteint de la lèpre. Le Pr. Aberastury et
le Dr Farini prirent en charge ces patients. La première conférence nationale de la lèpre
eut lieu en 1903, et en 1926 l’assemblée législative vota la loi de prophylaxie antilépreuse,
rédigée par le Pr. Aberastury et soutenue avec persévérance par le Pr. P. Baliña.
Le premier recensement de malades de la lèpre se réalisa entre 1927 et 1929; il révéla
un total de 2300 malades. En 1930 naquit à l’hôpital Muñiz la Fondation du malade
lépreux de la République argentine. Au cours des années suivantes une série de cliniquescolonies
furent inaugurées à Posadas (province de Misiones), Isla del Cerrito (Corrientes),
San Francisco del Chañar (Córdoba), General Rodríguez (province de Buenos Aires, en
1941) et Diamante (Entre Ríos, en 1948). En 1929, le Pr. Fidanza et ses disciples
J. Fernández et S. Schujman organisèrent le service de léprologie à Rosario, qui s’occupa
de préparer la lépromine standard en 1946, lors de la II e Conférence panaméricaine de

Histoire de la dermatologie argentine
léprologie à Rio de Janeiro. Plus tard, Eduardo Carboni et Augusto Mercau se distinguèrent
dans la spécialité.
Société argentine de léprologie (SAL): elle fut fondée en août 1954 par un groupe de
41 médecins intéressés par la léprologie et réunis en assemblée au siège de l’Association
médicale argentine de la ville de Buenos Aires. La première commission directive, présidée
par J.M. Fernández, était intégrée par les Drs L. Llano, E. Capurro, G. Basombrío,
F. Wilkinson, S. Schujman et L. Argüello Pitt. Parmi les fondateurs de cette nouvelle société,
des léprologues illustres tels que P. Arcuri, L.M. Baliña, E. Carboni, J.E. Cardama,
C. Consigli, J.C. Gatti, M. Giménez, E. Jonquières, R. Manzi, A. Mercau, H. Sánchez
Caballero, J. Scappini, A. Serial et E. Tello, entre autres.
R. Valdez, G. Pizzariello, L. Olivares, A.M. San Martín et N. Vaquero sont les figures
argentines qui se distinguent actuellement en léprologie.
L’organe officiel de la société fut la revue Leprología, fondée en janvier 1956 et éditée
pendant 20 ans. Sa publication fut interrompue pour des raisons d’ordre économique.
Parmi d’autres publications de la spécialité, nous citerons les ouvrages des
professeurs J.C. Gatti et J.E. Cardama: Tratado de leprología [Traité de léprologie] et
Temas de Leprología [Sujets de léprologie], du Dr L.M. Baliña.
Une assemblée extraordinaire décida en mai 1988 que la SAL deviendrait une section
de la Société argentine de dermatologie.
Mycologie: Pablo Negroni étudia cette spécialité, publia de nombreux ouvrages sur le
sujet. Ricardo Negroni, référence mondiale dans le domaine, poursuivit brillamment les
recherches. Ricardo Galimberti — dont les apports sont publiés par des revues étrangères
—, Vicente Madeo, Susana Carabelli et Leonardo Amante intègrent la liste des mycologues
argentins dotés d’une solide formation.
Cryochirurgie: ses figures de renommée furent E. Turjansky et G. Stolar (auteurs
d’un livre de consultation obligatoire), des pionniers comme Alberto Torres Cortijo et
Carlos Kaminsky, ainsi que Luis Sevinsky et Eduardo Rodríguez (de nos jours). La Société
argentine de cryochirurgie organise périodiquement des réunions au siège de l’Association
médicale argentine.
Infections de transmission sexuelle (ITS): pendant plus de 20 ans, les pays latino-américains
firent partie de l’Union latino-américaine des maladies sexuellement transmissibles
(ULACETS en espagnol), créée au Brésil et en Argentine et qui travailla intensément au
contrôle des différentes dermatoses entremêlées. Ses présidents furent, entre autres, les
Argentins Alberto Woscoff, Juan Carlos Flichman et Mario Ambrona. Actuellement, l’Union
argentine contre les maladies de transmission sexuelle (UACETS) est intégrée par Ricardo
Casco, Alcira Bermejo, Mario Oxilia et Luis Belli. L’UACETS joua un rôle important dans la
reconnaissance, de la part de l’Organisation sanitaire panaméricaine, de la syphilis congénitale
comme une des pathologies prioritaires du continent américain.
Les livres de référence sur le sujet sont le Tratado de Venereología [Traité de Vénéréologie],
écrit par le Dr Viglioglia et coll.; ETS y SIDA [MST et SIDA], de P. Viglioglia et
A. Woscoff ainsi que Las ETS en tiempos del SIDA [Les MST à l’époque du SIDA], dont les
auteurs sont M. Marini et M. Oxilia.
Actuellement, les IST représentent toujours un grave problème sanitaire dans les provinces,
qui reçoivent le soutien des professionnels et des services consacrés au sujet.
Photothérapie: plusieurs services hospitaliers possèdent des appareils PUVA et UVB.
Les pionniers dans la technique sont Edgardo Chouela, Fernando Stengel, J. Ubogui et
Luis Sevinsky, qui se consacrent également à son enseignement.
Il est impossible de mentionner tous les professionnels qui se distinguent dans l’étude
des différentes pathologies sans s’exposer à des oublis impardonnables. Nous en citerons
quelques-uns: Horacio Cabo (diabètes et peau), Esteban Saraceno (médecine interne et
peau), Sergio et Osvaldo Stringa, Patricia Troielli, María Bibiana Leroux et Cristina Pascutto
(collagénopathies).
47

Figure 20. Revista
Argentina de
Dermatología
Figure 21. Archivos
Argentinos de
Dermatología
Figure 22.
Dermatología
Argentina
Figure 23.
Actualizaciones
Terapéuticas
Dermatológicas
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
La Société argentine de dermatologie et la Fondation du cancer de la peau — présidée
par Fernando Stengel — organisent ensemble des campagnes annuelles nationales
pour contrôler la maladie; les résultats sont analysés et constituent des guides pour les
pays qui entreprennent le même travail.
■ Revues Revues sur de la spécialité
Quatre revues sont publiées périodiquement en Argentine (figures 20-23):
• Revista Argentina de Dermatología, organe officiel de l’Association argentine de
dermatologie, créée en 1908 et dernièrement dirigée par P. Magnin, J. Abulafia, L. Valle,
N. Gottlib et A. Palacios.
• Archivos Argentinos de Dermatología, dont la publication fut lancée en 1951 et dirigée
successivement par Luis Pierini, Dagoberto Pierini, Santiago Mosto, Adrián Pierini,
Fernando Stengel et Andrés Politi.
• Dermatología Argentina, organe officiel de la Société argentine de dermatologie,
fondée en 1994 et dirigée par Alberto Woscoff (directeur honoraire) et Liliana Olivares.
• Actualizaciones terapéuticas dermatológicas, dirigée et éditée par León Jaimovich
et Miguel Allevato; elle est reconnue en Amérique latine et aborde l’aspect thérapeutique
contemporain de la spécialité.
■ Livres de la la spécialité
48
• Dermatomicosis [Dermatomycoses]. P. Negroni, 1942.
• Micosis cutáneas y viscerales [Mycoses cutanées et viscérales]. P. Negroni, 1944,
1961.
• Dermatología y sifilología [Dermatologie et syphilologie]. M. Fernández Blanco et
M.A. Mazzini, 1945.
• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. J.M. Borda, 1946.
• Introducción al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie].
L.E. Pierini et M. Quiroga, 1946.
• PH cutáneo [PH cutané]. C.F. Guillot, 1949.
• Eczema [Eczéma]. M. Quiroga et coll. 1949.
• Compendio de Dermatosifilografía [Précis de dermato-syphiligraphie]. F. Noussitou,
A. Cordero et A.M. Mom, 1949.
• Tuberculosis de piel [Tuberculose de la peau]. R. Garzón, 1950.
• Sarcomatosis de Kaposi [Sarcomatose de Kaposi]. D. Grinspan, 1950.
• Rosácea [Rosacée]. P.H. Magnin, 1953.
• Dermatomiositis [Dermatomyosite]. J.M. Borda et S. Stringa, 1955.

• Dermatología Geriátrica [Dermatologie gériatrique]. M. Quiroga, C.F. Guillot et
A. Woscoff, 1963.
• Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie]. J.C. Gatti et J.E. Cardama (plusieurs
éditions de 1963 à 1989).
• Historia de la lepra en la Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine]. M.I. Quiroga,
1964.
• Porfirias [Porphyries]. P.A. Viglioglia et E.F. Saraceno, 1968.
• Sífilis: clínica y laboratorio [Syphilis: clinique et laboratoire]. P.A. Viglioglia et
E. Gaya Noya, 1968.
• Dermatología infantil [Dermatologie infantile]. A.M. Mom et A. Chouela, 1968.
• Úlceras de pierna [Ulcères des jambes]. R. Garzón (fils), 1969.
• Las hipodermitis [Les hypodermites]. L.E. Pierini, J. Abulafia et S. Wainfeld, 1969.
• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. Tomes I à V. P.H. Magnin et coll.
• La lepra: pasado y presente [La lèpre: passé et présent]. M. Quiroga, 1974.
• Polidisplasia con hipoplasia dérmica focal [Polydysplasie avec hypoplasie dermique
focale]. P. Magnin, J.G. Casas, M. Marini et E. Garrido, 1974.
• Dermatología pediátrica en la práctica clínica [Dermatologie pédiatrique dans la
pratique clinique]. H.G. Crespi, 1978.
• Tumores de piel [Tumeurs cutanées]. P. Magnin et J.G. Casas, 1978.
• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. A. Batlle, P. Magnin et E. Wider, 1981.
• Urticaria [Urticaire]. A. Cordero et A. Woscoff, 1981.
• Las disproteinemias en dermatología [Les disprotéinémies en dermatologie]. B. Nudenberg,
1982.
• Manifestaciones dermatológicas de enfermedades internas [Manifestations dermatologiques
de maladies internes]. P. Viglioglia, 1982.
• Terapéutica dermatológica en la infancia [Thérapeutique dermatologique chez les
enfants]. N.A. Vivot et coll., l983.
• Dermatología elemental [Dermatologie élémentaire]. P. Viglioglia, 1985.
• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1985.
• Conceptos prácticos de farmacología dermatológica externa [Concepts pratiques de
pharmacologie dermatologique externe]. J.C. Gatti, J.E. Cardama, J.G. Machargo et
L. Olivares, 1986.
• Terapéutica dermatológica actualizada [Thérapeutique dermatologique mise à
jour]. L. Jaimovich, 1986.
• Mucinosis. Nuevas aproximaciones a la clínica [Mucinose. Nouvelles approches à la
clinique]. B. Nudenberg, 1986.
• Dermatología médicoquirúrgica [Dermatologie médicochirurgicale]. R. Garzón (fils), 1987.
• Dermatología pediátrica [Dermatologie pédiatrique]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1987.
• Tumores cutáneos de los tejidos blandos [Tumeurs cutanées des tissus mous]. P. Magnin
et R. Schroh, 1989.
Quelques livres de la dernière décennie
Histoire de la dermatologie argentine
• Introducción a la inmunodermatología [Introduction à l’immunodermatologie].
A. Woscoff et P. Troielli, 1994.
• Dermatología neonatal y pediátrica [Dermatologie néonatale et pédiatrique].
M. Larralde de Luna, 1995.
• Citogenética en el pregrado [Cytogénétique dans les études supérieures]. R. Garzón
(fils), Savia, Bornetto, Garzón, 1996.
• Manifestaciones cutáneas de la diabetes [Manifestations cutanées du diabète].
H. Cabo, 1996.
• Ictiosis. Estados ictiosiformes [Ichtyose. États ichtyosiformes]. A. Cordero, 1997.
49

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
• Manifestaciones cutáneas de las enfermedades sistémicas [Manifestations cutanées
des maladies systémiques]. A. Cordero, M. Cobreros, M. Allevato et L. Donati, 1997.
• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H. Crespi, 1998.
• Nevos [Nævi]. H. Cabrera et S. García, 1998.
• Manual de Dermatología Clínica [Manuel de dermatologie clinique]. R.E. Balsa,
1998.
• Dermatología infantil en la clínica pediátrica [Dermatologie infantile dans la clinique
pédiatrique]. S. Pueyo et J.A. Mássimo, 1999.
• Urticaria [Urticaire]. A. Woscoff et P. Troielli, 1999.
• Atlas Fotográfico de Dermatología [Atlas photographique de dermatologie]. A. Kaminsky
et G. Fernández Blanco.
• Dermatoscopía [Dermatoscopie]. H.A. Cabo.
• Dermatopatología [Dermatopathologie]. J.G. Casas, G. Magariños et G. Casas.
• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. P. et M. Viglioglia.
• Orientación dermatológica en Medicina Interna [Orientation dermatologique en médecine
interne]. A. Woscoff et A. Kaminsky, 2002.
• Dermatología de Gatti Cardama [Dermatologie de Gatti Cardama]. H. Cabrera et
F. Gatti, 2003.
• Dermatología en Medicina Interna [Dermatologie en médecine interne]. A. Woscoff,
A. Kaminsky, M. Marini et M. Allevato, 2003.
• Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]. A. Woscoff,
P. Troielli et M. Label, 2004.
• Dermatología en el pregrado [La dermatologie dans les études supérieures]. P. Magnin
et coll. (plusieurs éditions).
• Manual básico de Dermatología [Manuel basique de dermatologie]. R. Garzón
(4 tomes).
■ Maîtres de la la Dermatologie dermatologie Argentine argentine (SAD) (SAD)
La Société argentine de dermatologie octroya le titre de « maître de la dermatologie
argentine » aux professionnels suivants: Alejandro A. Cordero, Miguel Ángel Mazzini,
David Grinspan, Pablo A. Viglioglia, Enrique D. Jonquières, Enrique E. Tello, León Jaimovich,
Jorge Abulafia, Vicente Pecoraro, Sergio Stringa, Carlos Consigli, Augusto Casalá,
Gerónimo López González, Osvaldo Mangano, Bernardo Nudemberg, Roberto
Biagini, Alberto Carvalho, Alberto Woscoff. ■
■ Références
bibliographiques
Grinspan D. Sinopsis histórica de
la Dermatología argentina.
Editado con motivo del 10º
Congreso Argentino de
Dermatología. Buenos Aires;
1990.
Man A. Referencias
dermatológicas en el Litoral
[communication personnelle].
Nudenberg B. Tres héroes de la
lucha contra la lepra y las
enfermedades venéreas en
Septembre 2005.
Rosario. Edición del autor;
1985.
Olivares L. Historia de la lepra
[communication personnelle].
Parra C, Pizzi de Parra N.
Referencias dermatológicas
en Mendoza [communication
personnelle].

DERMATOLOGIE:
ART ET CULTURE
Nous remercions le Pr. Dr Federico Pérgola, directeur de ce
travail.
Le concept de culture est très vaste et permet des interprétations différentes.
Si nous adhérons à la définition de Gordon Childe 1 , il s’agit de l’ensemble des
éléments matériels et immatériels dont l’homme se sert pour se débrouiller dans
la société 2 . Chaque groupe humain possède des règles propres et uniques qui le
caractérisent 3 .
Dans la formation du médecin, la culture de la liberté spirituelle est indispensable:
elle privilégie la valeur éthique anthropologique et la priorité de l’être. Les humanités
médicales (l’histoire de la médecine, la linguistique, l’anthropologie, la sociologie,
l’éthique, l’épistémologie, la communication et l’esthétique médicales) permettent d’encadrer
la conception de l’homme dans le schéma socioculturel. On réussit à créer à travers
elles l’esprit critique, l’attitude du doute méthodique et rationnel. Cet
antidogmatisme va nous libérer des traits négatifs tels que la déshumanisation de la médecine
et le réductionnisme biologique 4 .
Dans son ouvrage Filosofía y Medicina [Philosophie et médecine] Loudet affirme: « Il
n’est pas inapproprié de parler de médecine et de philosophie. Les grands médecins de
tous les temps et de toutes les écoles furent médecins et philosophes de leur science. Ils
ne contemplèrent pas seulement les effets, mais ils en cherchèrent la cause; ils ne s’égarèrent
pas dans la mer mouvante des symptômes et ils en cherchèrent une explication
intime; ils ne furent pas des prescripteurs impressionnistes, mais des praticiens expérimentés;
ils respectèrent toujours l’action curative de la propre nature et ils ne la perturbèrent
pas avec des impertinences thérapeutiques ; ils furent des médecins prudents
avant d’être des innovateurs audacieux. » 5
La Dermatologie dans la littérature
AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
■ La dermatologie dans la littérature
On peut entendre par « art » l’œuvre humaine exprimant de manière symbolique, à
travers des matériaux divers, un aspect de la réalité comprise esthétiquement.
Plusieurs médecins dermatologues possèdent une sensibilité qui les pousse à cultiver
les arts (musique, peinture, littérature, sculpture). Ils ne se limitent pas à la pratique
quotidienne de leur profession mais encore, pour essayer de comprendre entièrement la
condition humaine, ils veulent parvenir à un savoir intégral. Nous distinguerons parmi
eux Carlos Federico Guillot et Marcial Quiroga.
51

AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
Carlos Federico Guillot (1917-1984), brillant dermatologue, fut membre fondateur
du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie ainsi que des Sociétés argentines de
gérontologie et gériatrie, d’anthropologie et d’histoire.
On trouve chez Marcial Quiroga (1899-1993) un autre exemple de personnalité éclectique.
Dermatologue remarquable, il fut professeur titulaire de la chaire de clinique dermato-syphiligraphique
à l’hôpital Ramos Mejía (1947-1965). Il fut désigné membre des Académies nationales
de médecine et d’histoire et on lui octroya les doctorats honoris causa des universités de
Madrid et Complutense. En 1965, la municipalité de Buenos Aires le nomma maître extraordinaire
de dermatologie et en 1977 il devint professeur émérite à l’université de Buenos Aires.
En tant qu’historien médical, nous distinguerons parmi ses ouvrages: Historia de la
lepra en Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine] ; La lepra. Pasado, Presente [La
lèpre. Passé, présent] ; Manuel Moreno, biografía [Manuel Moreno, biographie] et La
Academia Nacional de Medicina de Buenos Aires [L’Académie nationale de médecine de
Buenos Aires]. Nous citerons également son livre Paremiología Médica y otros refranes
en la Argentina [Parémiologie médicale et autres dictons en Argentine] et le vaste mélange
Un libro y seis lectores [Un livre et six lecteurs] 6, 7, 8 .
Au cours des dernières décennies, l’utilisation de l’informatique s’amplifia dans la vie
de tous les jours, permettant un échange interactif mondial et sans limites qui favorise la
maîtrise du temps et de l’espace. Marcelo Sosa Ludicissa 9 affirme que dans le monde virtuel
de l’Internet, il est possible d’accéder à l’information de façon concourante par différents
moyens. Ainsi par exemple, à partir d’un article écrit par un certain auteur, on peut
connaître d’autres données supplémentaires. Cette interaction produit une capacité plus
grande d’association des idées, ce qui permet de multiplier la capacité d’apprentissage.
Selon Berlim, actuellement, « l’information est sphérique, dynamique, avec de multiples
points d’accès et de liaison; chacun construit essentiellement son information. Le papier
est remplacé par des images électroniques transmises par télécommunication ».
Le développement d’une société informatisée va permettre de construire de nouveaux
archétypes culturels.
■ La La médecine populaire. Les guérisseurs Les guérisseurs et la magie et la magie
52
Pérgola s’exprime comme suit : « On ignore si le mot magie doit son origine au nom d’une
des tribus medas nommée mages ou bien s’il provient d’anciennes voix latines dont la signification
est liée à la supériorité spirituelle – du point de vue étymologique cela semble
bien être vrai. » L’auteur signale trois types de magie: la théurgie, secrète et religieuse;
la magie blanche, appliquée au bien; et la magie noire, qui reçoit l’aide du démon 10 .
La magie est interprétée comme la croyance que tout phénomène naturel, par
exemple la maladie, est déterminé par des entités ou des forces invisibles et supérieures,
qui peuvent être dominées d’une certaine manière à travers des cérémonies ou des rituels
exécutés par le sorcier, magicien ou chaman (magie blanche).
Le chaman est un homme qui possède la capacité d’entrer en transe extatique (vol
magique ou voyage de l’âme). C’est un voyant, un guérisseur et un maître de vie.
La formalité du rite comprend des incantations, des conjurations, des enchantements*,
des gestes et des danses. Les rites sont pratiqués à des endroits spéciaux dont l’accès est
difficile, tels que des fontaines, des îles, le sommet des montagnes ou des abîmes.
Pour la conception magique, le médicament est efficace grâce au rite par lequel il est
administré, au pouvoir personnel du sorcier et à l’endroit où il est appliqué 11 . Cette idée
* Incantations : moyen superstitieux de guérir avec des mots magiques et des médicaments empiriques ; conjurations : imprécations
ou sortilèges des sorciers ; enchantement : action d’enchanter, de faire des merveilles de façon surnaturelle.

Dermatologie : art et culture
de la médecine est caractéristique des peuples naturels, c’est-à-dire ces unités sociales
ou tribus qui possèdent des ressources techniques limitées 12 . Suivant l’interprétation de
la réalité, il existe cinq mécanismes de la nosogénèse: l’envoûtement nocif, l’infraction
d’un tabou, la pénétration magique d’un objet dans le corps, la possession par un esprit
malveillant et la perte de l’âme.
Bon nombre de peuples naturels disparurent à cause des épidémies provoquées par
le choc avec d’autres civilisations, les famines, l’émigration et la transculturation*.
En Argentine, les Matacos habitèrent le territoire de la province du Chaco; quelques
groupes y subsistent encore. Leurs sorciers pratiquaient la succion de la zone malade et
simulaient l’extraction du mal par des vomissements de pierres, d’insectes ou de bouts
de flèches qu’ils cachaient dans leur bouche. Pour cela, ils accompagnaient leurs pratiques
de chants et de danses. En herboristerie, ils utilisèrent le yetabay ou jalapa; le jus
obtenu de ses fleurs était indiqué dans les affections herpétiques et autres dermatoses.
Les Guaranis appartenant au groupe Tupi Guarani habitèrent les îles du fleuve Paraná;
leur habitat s’étendait jusqu’à l’Amazone. Ils se servirent de l’huître, ita, coquille
bivalve pulvérisée ou moulue avec laquelle ils saupoudraient les plaies ou les abcès pour
accélérer leur guérison. La peau du corbeau (urubu) s’appliquait également sur les
plaies. Pour les maladies vénériennes, ils utilisaient de la résine de copaïba (Copaifera
officinalis ou bâton à huile) ; la salsepareille (Smilax aspera), cuite et macérée dans du
vin, ayant la propriété de stimuler la sueur, était également préconisée pour le traitement
de la gale.
Ils utilisaient dans le même but la ronce blanche (Bytneria ou Punttneria cartagenesis),
tandis que la sauge (Salvia officinalis) était indiquée pour l’épithélialisation des ulcères.
L’utilisation du rocou (Bixa orellana) fut très importante; les graines de cet arbre
contiennent deux colorants: l’un est jaune – orellina ; l‘autre est rouge cinabre, appelé
bixina. Les aborigènes appliquaient sur la peau la bixina, insoluble dans l’eau, combinée
à des graisses, des résines et des cires afin de repousser les insectes et d’atténuer l’action
des rayons ultraviolets. Cette « rocourisation » résistait aux bains et à la sueur.
À l’époque précolombienne le tabac (Nicotiana tabacum) était utilisé pour soigner la
gale, l’érysipèle et les piqûres.
Les Mocovis habitèrent la région s’étendant depuis le fleuve Bermejo et les frontières
de la province de Tucumán jusqu’à la province de Santa Fe. Ils utilisèrent le cébil — de la
famille des mimosacées — sous forme de plombage pour les lésions mutilantes de la lèpre.
Les tribus pampas s’établirent dans le sud de Mendoza, Santa Fe, San Luis, Córdoba
et le nord-ouest de Buenos Aires; elles utilisèrent le yang dans la thérapeutique des
aphtes buccaux 13 .
Les formes prétechniques de la médecine nous léguèrent certaines pratiques qui
s’ajoutèrent à la médecine populaire (folk Medecine).
L’empirisme (c’est-à-dire le fait d’avoir recours à un remède ou à une pratique parce
que bénéfiques dans des cas similaires) et la magie fusionnèrent en utilisant quelque
drogue qu’ils firent passer du monde primitif ou naturel au monde « civilisé ». Ce sont
par exemple la quinquina, l’opium et la belladone, entre autres 11 .
La suggestion est la méthode employée par les sorciers pour induire la guérison 14 . Le
chaman occupe une position privilégiée dans la sphère sociale; son ethnie le respecte
parce qu’elle pense qu’il connaît le mystère de la vie et de la mort, et qu’il possède la faculté
de guérir et de produire, à sa guise, la maladie.
La médecine est art (tekne) lorsque celui qui l’exerce connaît de façon rationnelle la
définition de la maladie et le remède qui convient pour chaque cas. Ce double savoir est
* Transculturation : processus de diffusion ou d’influence des traits culturels d’une société, lorsqu’elle entre en contact avec une
autre société moins évoluée.
53

AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
54
en rapport avec la connaissance, également rationnelle, de la « nature » de la maladie
et de sa guérison.
Le changement de paradigme est dû au génie des médecins grecs, exprimé dans un
texte d’Alcméon de Crotone vers l’an 500 av. J.-C. 11 .
À partir de la découverte de l’Amérique, des médecins européens s’installèrent dans
les régions les plus peuplées, mais ils se révélèrent insuffisants pour répondre aux
besoins de la population, qui avait en général recours aux guérisseurs.
Cela amena le protomédico Miguel O´Gorman à demander au vice-roi Vértiz la création
du Protomedicato du Rio de la Plata (1777). Le Protomedicato était une institution
créée en Espagne et à la charge de médecins désignés par le roi. L’autorisation, octroyée
en 1780, posa les bases de l’enseignement de la science médicale et pharmacologique
sur ces terres.
Yankilevich écrit à propos de ces fonctionnaires: « Ils avaient la triple fonction de la
direction, de l’enseignement et des problèmes du gouvernement en ce qui concernait la
médecine, la chirurgie et la pharmacie; ils administraient la justice, en constituant un
tribunal spécial pour châtier les fautes et les excès commis par les médecins; ils poursuivaient
les guérisseurs; enfin, ils fixaient les tarifs pour les examens et la visite chez
l’apothicaire. » 15
Plus tard, le 9 avril 1822, la loi d’arrangement de la médecine fut promulguée sous le
gouvernement du général Martín Rodríguez (1820-1824). Elle contenait 98 articles et, inspirée
par Rivadavia, elle encadrait les attributions du nouveau tribunal de médecine, qui
allait remplacer le Protomedicato. Cette loi établissait la forme et les conditions de l’assistance
médicale et de la pharmacie, et en créait les écoles respectives; elle stipulait dans de
brefs articles les procédures judiciaires de prophylaxie ainsi que les inspections sanitaires
afin de prévenir la transmission des maladies infectieuses. Elle établissait les attributions
des médecins de police, du port et de la campagne. Le titre IX traitait de l’administration
du vaccin, tandis que l’Académie de médecine fut créée à travers le titre X.
Le danger du guérisseur réside dans le fait que, comme il méconnaît la médecine, il
a recours à des actes arbitraires afin de convaincre son client qu’il peut le guérir, et son
action est souvent liée à son appât du gain et à une forme de messianisme. Les médecins
sont actuellement insuffisants par rapport à la densité démographique, rendant l’éradication
de ce genre de pratiques difficile.
Quant aux charlatans, Nerio Rojas les définit comme « tout professionnel diplômé
(médecin, dentiste ou sage-femme) qui, autorisé à exercer l’art de guérir, promet une
guérison dans un délai fixe ou par des moyens secrets ou infaillibles ».
La diffusion actuelle de publicités dans les médias favorise l’action de guérisseurs
et charlatans 16 . Magrassi et Radovich pensent que dans la réussite des guérisseurs le
« rapport personnalisé avec leur patient » est très important. « Cette personnalisation de
l’interaction est due au fait que le savoir et le langage du guérisseur coïncident avec ceux
du malade. » Les facteurs culturels trouvent leur correspondance dans la maladie aussi
bien que dans son traitement 14 . En même temps, la clandestinité leur accorde un facteur
de suggestion qui favorise leur attraction auprès des clients, et la persécution dont ils
font l’objet engendre un courant de sympathie parmi ceux qui les consultent.
Certaines conditions déterminent le caractère idéal du guérisseur, par exemple le jour
et le lieu de sa naissance, l’héritage familial ainsi que l’ordre de naissance au sein de sa
famille. Le fait d’être né le Jeudi saint, le réveillon de Noël ou le jour de la Saint-Judas,
parmi les jours du martyrologe chrétien, est une marque favorable.
Baudouin fut intrigué par les résultats positifs qu’obtenaient parfois les guérisseurs et
il conclut qu’ils étaient dus à leur réputation et aux « braves pratiques dont la bravoure et
le manque de logique frappent par émerveillement et mettent le malade dans un tel état
d’émotion qu’il favorise l’autosuggestion spontanée; dans ces conditions, la foi guérit ».
L’auteur analysa les effets de l’autosuggestion dans la guérison des verrues vulgaires 17 .

Dermatologie : art et culture
À partir d’un travail réalisé dans l’état du Nouveau-Mexique avec les indigènes
Apaches, les chercheurs L.M. Boyer et R.M. Boyer conclurent que cette ethnie conciliait
chez les adultes un côté hystérique et un côté compulsif. Le sorcier aurait donc des
résultats positifs sur ce type de personnalité, notamment dans le traitement des maladies
psychogènes 18 .
En 1838, un nouveau concept prend force avec la publication de l’article de Max
Jacobi, « Nouvel examen sur les fondements de la médecine psychosomatique ». L’ouvrage
Psicología Médica [Psychologie médicale], du baron Ernest Von Feuchtersleben
paraît au cours de la même année, dans lequel il s’exprime comme suit: « La peur
produit énurésie, diarrhée, pollutions, érysipèle et des éruptions sur les lèvres; elle
favorise la réception de la contagion et les miasmes; elle perturbe les crises et aggrave
les troubles. » Voici donc une incursion dans la névroimmunologie 14 .
Selon Guerra, la suggestion intervient dans l’action du médecin pour guérir la maladie
19 ; il s’agit là du processus le plus important, par la propre action. Pour sa part, Laín
Entralgo 11 considère que la suggestion constitue en soi tout un système thérapeutique;
elle a une valeur en tant que véhicule de la catharsis. Dans plusieurs cas l’amélioration
du patient fut observée immédiatement après l’interrogatoire ou les techniques sémiologiques.
De son côté, Pérgola affirme que « l’acte médical renferme tout un contenu rituel qui
mit sur le même plan, depuis l’Antiquité, le médecin et les dieux, les saints, les rois légendaires
capables de guérir avec une simple imposition de mains. » 14
Dans un texte ultérieur, ce même auteur énonce que « la présence du médecin est médecine.
Elle met en marche la pensée magique de l’autoguérison, aspect inhérent au
rapport entre le médecin et le patient. La clef ? Dans son rapport d’entretien – suivant la
classification de P. Schneider –, le médecin généraliste se rapproche de son patient, il
risque autant que lui, il se ‘‘fond’’ avec lui dans les manœuvres sémiologiques classiques:
observation, palpation, percussion, auscultation. Il établit un contact, et ce contact
engendre la plus grande solidarité. Lorsqu’un patient distingue une déshumanisation
dans le traitement, il la perçoit comme un manque de rapprochement sémiologique. » 3
Cet auteur signale également qu’il ne faut pas avoir peur de comparer le médecin au
sorcier et, en citant Sigerist, il ajoute que le guérisseur primitif est bien plus que l’ancêtre
du médecin moderne: il est l’ancêtre de la plupart de nos professions. « Il en sait plus sur
le monde transcendantal que la plupart des gens, au point d’en avoir la maîtrise. » 20
Robinson dit que le candidat pour devenir sorcier devait posséder une caractéristique
peu commune: avoir une force extraordinaire; être sage ou difforme; souffrir d’attaques
épileptiques; avoir une prédisposition pour entrer en transe; être maladroit avec les
armes; être ventriloque; avoir été l’objet des rêves des aînés ou sentir une attirance manifeste
par la méditation et les promenades solitaires dans les bois. Il arrivait parfois
qu’un jeune ayant des aptitudes naturelles préfère la science à la chasse, et il choisissait
alors de devenir élève d’un guérisseur réputé. Les études étaient longues, difficiles et
coûteuses; il fallait apprendre beaucoup de ruses, connaître plusieurs herbes, infinité de
rites et une méthode de base précise. Le guérisseur ne pouvait pas être comme les
autres, il devait être un homme à part. Ses vêtements, ses habitudes et ses pensées devaient
être différents. Il ne pouvait pas partager la routine de la vie de ses semblables, il
devait toujours être un homme mystérieux. Au fur et à mesure que les cérémonies devenaient
plus compliquées et se consacraient à la tradition, le sorcier devenait le prophète
et le prêtre de son peuple 21 .
55

AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
■ Les Les moulages en cire. en cire. La photographie La photographie
56
La chaire de maladies vénériennes fut créée le 18 mars 1892. Le Dr Baldomero Sommer,
formée à l’école de Vienne où il étudia avec Kaposi, en fut le premier professeur
titulaire ; il reçut plus tard l’influence de l’école française (Gaucher, Fournier, Darier) 6 . Il
travailla à l’hôpital San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía).
Sommer créa le musée des moulages en cire, confectionnés par Walter S., représentant
la morphologie des maladies cutanées afin de faciliter leur apprentissage. Lors de
l’inventaire de 1915, 116 pièces, dont celles représentant la sporotrichose, la blastomycose,
la piqûre d’araignée, la sclérodermie, la syphilis, la pityriasis lichénoïde chronique,
la lèpre, le lichen, le sarcome de Kaposi, le psoriasis et le granulome vénérien, furent
dénombrées.
Sommer utilisait des illustrations d’atlas dermatologiques 22, 23 à des fins pédagogiques;
il rassembla également des photographies qui révélaient les maladies de ses
patients 6 . Plus tard, le Pr. Pedro Baliña vint enrichir le matériel iconographique de la
première chaire de dermatologie 24 .
La technique photographique permit la reconnaissance objective des dermatoses.
Dans les premiers temps, les photographies étaient colorées à la main. Cependant, la
photographie en noir et blanc, qui fut tirée en sépia au début, constitua un grand recours
dans le manuel d’étude dermatologique.
Squire, un chirurgien du Dispensaire libre de l’ouest de Londres, publia en 1865 un
atlas de dermatologie et vénéréologie entièrement illustré de photographies. Parmi
celles-ci, douze étaient colorées à la main: elles occupaient toute la page et comportaient
un résumé succinct du cas clinique.
Il est essentiel en dermatologie d’identifier les maladies à partir de l’aspect extérieur
de la zone affectée, voilà pourquoi les illustrations des manuels d’étude nécessitent une
grande fidélité. Toutes les méthodes novatrices à une époque donnée furent utilisées
pour l’enseignement de la dermatologie, depuis le « dessin à l’aquarelle jusqu’à la photographie
en couleur, et depuis les premières xylographies jusqu’à la technique moderne
d’impression offset couleur. » 25 ■
■ Références
bibliographiques
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Historia? Buenos Aires:
Crítica; 1965.
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Ediciones; 2002.
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Aires: Facultad de Medicina;
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Buenos Aires: Emecé; 1977.
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Editado con motivo del 10º
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Dermatología. Buenos Aires;
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« Curriculum Vítae
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resumido ». La Prensa Médica
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8. « Murió ayer en ésta el Dr.
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23 oct 1993; p.15.
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Medicina. Barcelona: Salvat;
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13. Depalma D. La Pediatría en
las culturas aborígenes
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charlatanismo. Médicos y
Medicina en la Historia.
Buenos Aires. 2003; II(7).
15. Yankilevich A. Hospital y
Comunidad. De la colonia a la
independencia y de la
constitución a la república
corporativa. Buenos Aires:
edición del autor; 1999.
16. García Puga A. « Venturas y
desventuras de los médicos
en la Historia ». Historia.
Buenos Aires. 2002; (88):
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17. Baudouin C. Sugestión y
autosugestión. Madrid:
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18. Boyer L.M., Boyer R.M. « Un
aporte mixto antropológico y
psicoanalítico al folklore ».
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Nacional de Antropología.
Buenos Aires. 1968-1971;
(7): 68-71.
19. Guerra F. Las medicinas
marginales. Madrid: Alianza;
1976.
20. Pérgola F. Brujos y cuasi
médicos en los inicios
argentinos. Buenos Aires:
Edimed; 1986.
21. Robinson V. La Medicina en la
Dermatologie : art et culture
historia. Buenos Aires:
Editorial Del Tridente; 1947.
22. Greco N. « Baldomero
Sommer y su obra ». Sem
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(21): 3-55.
23. Mazzini M.A. « Pasado y
presente de la primera
cátedra de Dermatología. 75
aniversario de su fundación
1892–1967 ». Rev Argent
Dermatol. 1967; (3-4);146-
147.
24. Mazzini M.A. « Clase
inaugural del Profesor Miguel
Ángel Mazzini ». Rev Argent
Dermatol. 1965; 49: 138.
25. Ehring F. Ilustración científica
en Dermatología, cinco siglos
de historia. Barcelona: Edika
Med; 1997.

HISTOIRE DE L’ASSOCIATION
ARGENTINE DE
DERMATOLOGIE
PÉDIATRIQUE
Un poco de nuestra historia
JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA,
GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
■ Quelques mots sur notre histoire
La dermatologie pédiatrique est une spécialité qui existe depuis longtemps en Argentine,
étant donné que dans les principaux hôpitaux pédiatriques du pays, les services de
dermatologie répondirent toujours aux besoins des jeunes patients souffrant de maladies
de la peau. C’est dans ce milieu que des dermatologues argentins réputés comme Pacífico
Díaz, Luis Trépat et Dagoberto Pierini développèrent leur spécialité; ils diffusèrent
également leurs connaissances en Argentine et à l’étranger.
Malgré leur remarquable activité, autant quantitative que qualitative, les dermatologues
dédiés aux enfants n’avaient aucun endroit commun où partager leurs expériences
et échanger leurs problèmes; ils exprimaient leurs inquiétudes et enseignaient
au sein des deux groupes dermatologiques consacrés à la dermatologie générale qui
existaient à l’époque. Dans ce contexte, il n’y avait aucune possibilité d’organiser des
congrès ou d’autres activités académiques de portée nationale, encore moins internationale,
avec un programme spécifique traitant des maladies cutanées des enfants.
D’ailleurs, cela ne différait pas beaucoup de ce qui se passait dans le monde.
Cependant, à partir des années 70 un mouvement pour rassembler les dermatologues
pédiatres prit de l’ampleur, donnant naissance à la Société internationale de dermatologie
pédiatrique qui allait encourager les premiers congrès de la spécialité.
Suivant ce mouvement, l’idée germa de fonder un groupe national en Argentine pour
réunir les spécialistes dans le domaine de la pédiatrie; le 29 décembre 1989 quelquesuns
parmi eux, stimulés par le Dr Adrián Martín Pierini, décidèrent d’entreprendre les
activités qui mèneraient plus tard à la constitution de la Société argentine de dermatologie
pédiatrique (SADEPE).
Dans les premiers temps, la nouvelle institution organisa des réunions scientifiques
deux ou trois fois par an dans différents hôpitaux. Ensuite, elle travailla pour que l’Argentine
devienne le siège d’un congrès mondial de la spécialité. Finalement, en 1994, après
des démarches difficiles, la SADEPE décrocha sa première responsabilité: organiser le
7 e Congrès mondial de dermatologie pédiatrique, présidé par le Dr Adrián M. Pierini.
59

JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
60
La SADEPE offrit au congrès un encadrement institutionnel adéquat. Un autre objectif
apparut alors, plus ambitieux: réunir au sein de cette société tous les médecins attirés
par la dermatologie pédiatrique.
La réussite de l’événement, qui accueillit plus de 900 assistants du monde entier et eut un
rayonnement national et international, aida à la consolidation de la société ; il était temps de
penser à son officialisation. Les préparatifs eurent lieu au cours d’une assemblée qui se tint
à l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr Juan P. Garrahan, où les autorités provisoires furent priées d’entamer
les démarches pour la création d’une entité officielle indépendante de celles existantes.
Les démarches auprès de l’organisme du gouvernement qui contrôle l’existence et le
développement des associations civiles eurent une fin heureuse le 14 août 1995, lorsqu’un
groupe de dermatologues pédiatres se réunit en assemblée à l’hôpital Garrahan, marquant
le début des activités scientifiques de la Société argentine de dermatologie pédiatrique.
Cette assemblée approuva le projet de statut de la nouvelle institution et désigna la
première commission directive, intégrée comme suit: Adrián Martín Pierini (président),
Eva Golberger de Mora (vice-présidente), Silvia Anselmi (secrétaire générale), Rita
García Díaz (secrétaire scientifique), Rebeca Rubinson (trésorière), Alicia Rositto et Zulema
Piccone (membres titulaires), Silvia Pueyo et Alejandro Campos Carlés (membres
suppléants). Le contrôle fiscal fut confié à Amalia Campo et Jorge Savoia (contrôleurs
titulaires des comptes) et à Lidia Valle (contrôleur suppléante des comptes).
La reconnaissance juridique de l’institution fut obtenue par la résolution 00191 du 17
novembre 1995.
Les membres de la SADEPE, réunis en assemblée le 27 avril 1996 à l’hôpital
Pr. Dr Juan P. Garrahan, décidèrent de rénover la commission directive, les nouvelles
autorités étant organisées comme suit: président, Jorge Savoia; vice-président, Silvia
Pueyo; secrétaire général, Alberto Lavieri; secrétaire scientifique, María Rosa Cordisco;
trésorière, Viviana Kislansky; membres titulaires, José Antonio Mássimo et Adrián
Martín Pierini; membres suppléants, Zulema Piccone et María Ranalletta. Quant à la fiscalisation,
María del Carmen Boente et Nélida Pizzi de Parra furent désignées contrôleurs
titulaires des comptes et Gisella Delfino contrôleur suppléante.
La nouvelle commission directive proposa comme tâche majeure l’organisation et la
réalisation d’un congrès argentin de la spécialité.
Deux ans après, la SADEPE organisait le 1 er Congrès argentin de dermatologie pédiatrique
(du 13 au 16 août 1997) dans la ville de Buenos Aires. Ce congrès proposa un important
programme scientifique et accueillit une assistance composée de nombreux
pédiatres et dermatologues. Il fut présidé par le Dr Jorge Savoia et compta parmi les invités
spéciaux de prestige international John Harper, du Royaume-Uni; Moise Levy, Neil
Prose et Gerald Goldberg, des États-Unis; Ramón Ruiz Maldonado, du Mexique. Cet événement
marqua le début d’un chemin fécond en activités scientifiques de très haut niveau.
Le 16 août, à la fin du congrès, une assemblée extraordinaire désigna la nouvelle commission
directive: Silvia Pueyo (présidente), Nélida Pizzi de Parra (vice-présidente), José Antonio
Mássimo (secrétaire général), María Rosa Cordisco (secrétaire scientifique), Viviana Kislansky
(trésorière), Zulema Piccone et Alberto Lavieri (membres titulaires), María Amelia García et
María del Carmen Boente (membres suppléantes), María Teresa González et Carmen Margulis
(contrôleurs titulaires des comptes) et María Elsa Giovo (contrôleur suppléante des comptes).
Le renouvellement de la commission directive se vit accompagné de nouveaux projets tels
que la mise en place d’une activité scientifique annuelle plus régulière dans les différents
services de dermatologie pédiatrique, l’élargissement du registre des associés et l’achat d’un
siège propre. Trois réunions scientifiques eurent alors lieu en 1998 dans les hôpitaux Juan
P. Garrahan, Pedro de Elizalde (Buenos Aires) et Sor María Ludovica (La Plata).
Par ailleurs, la souscription de nouveaux associés fut importante et immédiate, entraînant
le changement de nom de l’institution qui, en pleine croissance, devint l’Association
argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE), association civile.

Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
Finalement, l’accord conclu en juin 1998 entre l’ASADEPE et Procter & Gamble (firme
productrice de couches) aura permis plus tard à l’institution d’acheter la propriété qui
deviendra son siège social.
En avril de cette même année, le Dr José Antonio Mássimo, toujours en quête du
développement de l’institution, créa la revue Dermatología Pediátrica Argentina (DPA),
organe officiel de l’ASADEPE. Cette publication trimestrielle éditée à 8000 exemplaires
fut la première de la spécialité en langue espagnole.
Par la suite, l’institution soutint et donna son aval pour créer le diplôme de spécialiste
en dermatologie pédiatrique de la Faculté de médecine de l’université de Buenos Aires, à
l’initiative des Drs José Antonio Mássimo et Silvia Teresita Pueyo qui en deviendront
respectivement le directeur et la sous-directrice. Cette discipline, nouvelle et prépondérante,
se vit donc consolidée dans un domaine très vaste en Argentine, où l’importante
population enfantine nécessite beaucoup de soins pour les maladies de la peau.
Trois réunions scientifiques furent organisées en 1999: la première, le 27 mars, à
Mar del Plata (Hospital Privado de la Comunidad) ; la deuxième, le 7 août, dans le Círculo
Militar de Olivos ; la troisième, le 20 novembre, à l’hôpital Houssay de Vicente
López, dans la province de Buenos Aires.
Entre le 23 et le 25 août de la même année se déroula le 2 e Congrès argentin de dermatologie
pédiatrique, présidé par Silvia Pueyo; les invités étrangers Joseph Morelli et
Amy Nopper (États-Unis) enrichirent la liste des prestigieux invités nationaux. L’assistance
dépassa largement les 600 personnes.
Un autre pas important pour l’institution fut fait le 18 septembre 1999 avec l’achat
d’une maison située au numéro 5770 de la rue Honduras, dans le quartier de Palermo,
où fut installé le siège social de l’ASADEPE (figures 1 et 2). Destinés aux associés, plusieurs
cours sur la spécialité furent dispensés depuis son inauguration officielle (figures
3 et 4).
Le 25 septembre 1999 eut lieu le renouvellement des autorités de la commission
directive pour la période 1999-2001, intégrée désormais par Silvia T. Pueyo (présidente),
José Antonio Mássimo (vice-président), María Amelia García (secrétaire générale), Pedro
García Zubillaga (secrétaire scientifique), Antonio Pignataro (trésorier), Ricardo Kohan
et Pedro Rovere (membres titulaires), Anita Rossi et Araceli Rodríguez (membres suppléantes);
et pour la fiscalisation: Guillermo Ilho et Carlos Lorenzano (contrôleurs titulaires
des comptes) et Jorge Díaz Saubidet (contrôleur suppléant des comptes) (figure 5).
Cette nouvelle commission donna une forte impulsion à l’activité académique, mettant
en place un programme scientifique annuel régulier: trois réunions scientifiques et
un événement de plus grande ampleur, successivement consacré à la dermatologie du
nouveau-né, à la dermatologie pédiatrique et à la dermatologie de l’adolescent.
Les réunions scientifiques annuelles quittèrent l’enceinte des hôpitaux pour être
organisées dans des salles de convention ayant une plus grande capacité, accueillant des
médecins désireux d’échanger leurs expériences. En 2000, la première réunion eut lieu
au Palais rouge (Buenos Aires, 29 avril), la deuxième, le 24 juin, au même endroit et la
troisième, le 9 décembre, à La Falda, dans la province de Córdoba.
La sous-commission de diffusion dirigée par le Dr Mirta Vázquez collabora à la mise
en place d’un programme destiné à faire connaître l’institution dans les hôpitaux de la
ville de Buenos Aires et de ses alentours. Entre avril et novembre 2000, des cours et des
ateliers de la spécialité furent organisés, rassemblant plus de 1300 médecins au total.
En août 2000 (25 et 26) eut lieu avec succès le 1 er Congrès argentin de dermatologie
du nouveau-né, présidé par Silvia T. Pueyo et José A. Mássimo, en présence du Dr
Lawrence Schachner des États-Unis (figure 6), de spécialistes réputés de notre entourage
et de plus de 500 pédiatres, dermatologues et néonatologues.
En 2001 fut mis en route un programme permettant à l’ASADEPE de se rapprocher
de la communauté, par le biais de conventions avec des entreprises commerciales lui
61

Figures 1 et 2.
Siège social de
l’ASADEPE.
Vue intérieure
(1) et vue
extérieure (2)
Figures 3 et 4.
Inauguration officielle
du siège social
JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
62
ayant demandé son aval sur des produits pour enfants. Ces conventions permirent d’organiser
des réunions visant à diffuser les connaissances sur le soin de la peau, aussi bien
auprès des médecins qu’auprès du public en général.
La première réunion scientifique de l’année 2001 eut lieu le 31 mars dans le musée
Reconquista (ville de Tigre, province de Buenos Aires); le 23 juin se tint la deuxième
réunion dans les salles du Palais rouge de la ville de Buenos Aires.
Entre les mois de mars et juillet 2001 – suivant le programme de la sous-commission
de diffusion – le deuxième cycle d’ateliers de dermatologie pédiatrique eut lieu dans différents
hôpitaux, qui accueillit plusieurs pédiatres et dermatologues.
Le 1 er Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent eut lieu les 7 et 8 septembre,
présidé par le Dr José A. Mássimo et en présence des Drs Anne Lucky et Elaine Siegfried
(États-Unis) comme invitées internationales. Les inscriptions dépassèrent les 600 personnes,
dont plusieurs spécialistes argentins.
Le 25 septembre, une fois le congrès fini, la commission directive fut renouvelée pour
la période 2001-2003 et intégrée comme suit: président, José A. Mássimo ; vice-présidente,
María Teresa Zabala ; secrétaire général, Pedro García Zubillaga ; secrétaire scientifique,
Pedro Rovere ; trésorier, Carlos Lorenzano ; membres titulaires, Graciela Manzur
et Grete Bloch; membres suppléants, Nancy Leston et Jorge Verges ; Anita Rossi et Ana
María Lorenz comme contrôleurs titulaires des comptes et María A. García comme
contrôleur suppléante des comptes.

Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
Cette nouvelle commission décida d’équiper le
siège social d’outils et d’éléments pour que l’activité
scientifique et sociale puisse se dérouler de manière
optimale. Une bibliothèque, équipée de deux ordinateurs
pour rédiger les travaux, fut inaugurée et une
secrétaire permanente fut sélectionnée.
L’activité croissante de l’ASADEPE entraîna l’augmentation
des associés, pédiatres et dermatologues,
tous intéressés par ce nouveau mouvement de la dermatologie
pédiatrique. Il fut alors décidé que sur les
trois réunions scientifiques annuelles, deux seraient
organisées à Buenos Aires et la troisième dans
d’autres régions de l’Argentine, afin de diffuser la spécialité
dans des endroits plus éloignés.
Au cours du mois d’octobre, l’ASADEPE participa au 9 e Congrès mondial de dermatologie
pédiatrique à Cancun en mobilisant 12 spécialistes.
L’activité scientifique de l’année a été close le 1 er décembre dans le grand amphithéâtre
de l’hôpital Privado de la Comunidad, à Mar del Plata, avec le lancement d’une
campagne de photo-éducation sur les plages.
En 2002 la sous-commission de diffusion et événements, toujours dirigée par Mirta
Vázquez, organisa un réseau pour faire connaître les activités de l’institution et la revue
DPA dans les zones les plus éloignées du pays.
L’activité scientifique de l’année 2002 débuta au mois d’avril par la première des
réunions annuelles (Palais rouge, Buenos Aires). Un programme visant à développer la
dermatologie pédiatrique dans les provinces argentines fut mis en route au mois de juin:
les 1 res Journées de dermatologie pédiatrique du Nord-Ouest (15-16 juin), réalisées à
Tucumán, accueillirent les spécialistes argentins les plus réputés ainsi qu’un vaste auditoire.
Les salles du Palais rouge hébergèrent avec succès le 3 e Congrès argentin de dermatologie
pédiatrique (du 29 au 31 août 2002), présidé par le Dr J.A. Mássimo
et en présence d’invités étrangers – le Dr Ernesto Bonifazzi (Italie)
et Amy Nopper (États-Unis) – et d’une nombreuse assistance.
À cette époque-là fut construit le deuxième étage du siège social: les
invités étrangers du congrès et d’autres autorités académiques locales
furent présents pour son inauguration le 30 août.
La dernière réunion scientifique de l’année se réalisa à Luján (province
de Buenos Aires), avec un programme scientifique substantiel et la
présence de nombreux médecins.
L’activité de l’année 2003 débuta le 12 avril, avec la première réunion
annuelle (Palais rouge, Buenos Aires). Le 28 juin, afin de déplacer la
spécialité hors de l’enceinte de la ville de Buenos Aires, la deuxième
réunion fut organisée à l’hôpital pour enfants de La Plata, à laquelle
de nombreux médecins de la capitale, de La Plata et de ses environs,
assistèrent.
Le 2 e Congrès argentin de dermatologie du nouveau-né fut organisé du 11 au 13 septembre
2003, sous la présidence du Dr J.A. Mássimo, avec des invités étrangers aussi
réputés que Carlo Gelmetti (Italie), Joseph Morelli (États-Unis) et Marcelo Ruvertoni
(Uruguay) et une assistance dépassant les 800 personnes (figure 7).
L’assemblée des associés décida à la fin du congrès de ratifier la commission directive
pour une nouvelle période de 2 ans: J.A. Mássimo (président), María Teresa Zabala
(vice-présidente), Pedro García Zubillaga (secrétaire général), Graciela Manzur (secrétaire
scientifique), Carlos Lorenzano (trésorier), Grete Bloch et Nancy Leston (membres
63
Figure 5.
Commission directive
(période 1999-2001):
Silvia Teresita Pueyo,
José Antonio
Mássimo, María
Amelia García, Pedro
García Zubillaga,
Antonio Pignataro,
Ricardo Kohan, Pedro
Rovere, Anita Rossi,
Araceli Rodríguez,
Guillermo Ilho, Carlos
Lorenzano et Jorge
Díaz Saubidet
Figure 6.
1 er Congrès argentin
de dermatologie du
nouveau-né (2000):
José Antonio Mássimo
et Lawrence
Schachner

Figure 7.
2 e Congrès argentin
de dermatologie du
nouveau-né (2003)
JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
64
titulaires), Susana Grees et Silvina Bruey
(membres suppléantes), et pour la fiscalisation
Ricardo Kohan et Guillermo Ilho (contrôleurs
titulaires des comptes) et Pedro Rovere (contrôleur
suppléant des comptes).
Les 1 res Journées de dermatologie pédiatriques
du Centre argentin conclurent l’activité scientifique
de 2003 les 6 et 7 décembre dans la ville de
La Falda (province de Córdoba). Parmi les conférenciers
invités, les Drs Ricardo Negroni et Héctor
Lanfranchi de la ville de Buenos Aires,
Eudoro de los Ríos de San Miguel de Tucumán, et
Miguel Tregnaghi de Córdoba.
La première réunion scientifique de l’année
2004 fut organisée une nouvelle fois dans le
musée Reconquista de Tigre, avec un programme
attrayant que les nombreux assistants apprécièrent beaucoup.
Dès le début 2004, le comité scientifique de l’ASADEPE, dirigé par le Dr Graciela Manzur,
stimula l’enseignement au siège social par des cours (d’esthétique, d’immunologie, de
thérapeutique, de génétique, sur les maladies exanthématiques), l’instauration d’un cercle
mensuel d’enseignement, qui accueille spécialistes et médecins en formation de l’internat,
et un diplôme de dermatologie pédiatrique de la Faculté de médecine.
Au mois de mai, l’ASADEPE conclut une convention scientifique avec l’Association
argentine d’allergie et d’immunologie clinique afin de travailler ensemble sur l’étude des
maladies allergiques.
Ce même mois (20, 21 et 22 mai), l’ASADEPE décida d’entrer dans le domaine de la
télémédecine, en soutenant une initiative du Dr J.A. Mássimo et de l’hôpital de pédiatrie
Ricardo Gutiérrez et en offrant le cadre institutionnel au premier COVIDEP (Congrès virtuel
de dermatologie pédiatrique), organisé par les services de dermatologie pédiatrique
des hôpitaux Ricardo Gutiérrez et Juan P. Garrahan, respectivement dirigés par les
Drs J.A. Mássimo et Rita García Díaz. Cette initiative, qui compta également sur la
remarquable collaboration du Dr Moise Levy depuis la ville de Houston, au Texas, aura
permis aux médecins de partager leurs connaissances et leurs expériences avec les
patients d’un bout à l’autre du pays.
En juillet 2004 l’ASADEPE envoya une délégation de cinq membres au 10 e Congrès
mondial de dermatologie pédiatrique (Rome), qui participa activement au programme
scientifique.
Le 2 e Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent, présidé par le Dr J.A. Mássimo,
fut organisé du 26 au 28 août, avec la participation d’invités étrangers tels que Antonio
Torrelo (Espagne), Roberto Arenas (Mexique), Jairo Victoria (Colombie), María
Isabel Herane (Chili) et Griselda de Anda (Uruguay) (figure 8).
La troisième réunion scientifique de l’année coïncida avec les 1 res Journées de photoéducation,
réalisées les 11 et 12 décembre à Mar del Plata et ayant reçu le soutien du
groupe de photo-éducation de la ville de Bahía Blanca, dirigé par le Dr María Isabel Caferri.
Grâce au système de visioconférence, plusieurs spécialistes des provinces argentines
purent y participer simultanément.
Une assemblée extraordinaire eut lieu afin d’aboutir à une vieille aspiration de la commission
directive: élargir le nombre de ses membres en incorporant d’autres représentants.
Sept nouveaux membres furent ainsi choisis pour permettre aux provinces argentines ayant
un nombre important d’habitants et d’associés d’être représentées. Cet élargissement
contribua à donner à la commission directive un caractère national ; on compte parmi ses
nouveaux membres: J.A. Mássimo (président) ; María Teresa Zabala, de Córdoba (première

Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
vice-présidente) ; Rita García Díaz (seconde vice-présidente) ; Pedro García Zubillaga
(secrétaire général) ; Graciela Manzur (secrétaire scientifique) ; Carlos Hugo Escudero (secrétaire
légal et technique) ; Carlos Lorenzano (trésorier) ; Jorge Laffargue (trésorier adjoint)
; Grete Bloch, Nancy Leston et Alicia Carrillo (Jujuy) ; Antonio Castillo (Salta), Cecilia
Farrero (San Luis) (membres titulaires) ; Susana Grees et María Elsa Giovo (Córdoba), Luis
Pedemonte (La Plata) (membres suppléants) ; Ricardo Kohan et Gabriel Magariños (contrôleurs
titulaires des comptes) ; Pedro Rovere (contrôleur suppléant des comptes).
Ce compte rendu succinct témoigne de la manière dont la dermatologie pédiatrique s’imposa
progressivement dans le monde entier, constituant aujourd’hui une spécialité de poids.
Les dermatologues pédiatres argentins ressentirent le besoin de bénéficier d’une
association qui les rassemblerait et leur permettrait de développer une activité scientifique
et sociale en accord avec leurs nécessités. C’est dans ce but que naquit l’ASADEPE.
Ses principaux objectifs visèrent et visent toujours à intensifier le travail scientifique
et pédagogique et à stimuler les rapports entre les dermatologues, les dermatologues
pédiatres, les immunologues, les allergologues et les pédiatres, en vue d’améliorer et
d’augmenter la qualité du soin de nos patients.
Pour aboutir à ces objectifs et concrétiser plusieurs projets, l’ASADEPE prit toujours de nouvelles
responsabilités et accepta de nouveaux défis, en offrant à ses associés des formations, des
cours, un support bibliographique et l’accès à un réseau informatique sur la spécialité.
Jusqu’ici, une part de l’histoire de notre institution est aussi une part de l’histoire de
tous ceux qui ont contribué à son développement.
Tout au long de ses dix ans de vie, l’ASADEPE sut créer, grâce au travail de tous ceux
qui ont cru au chemin qu’elle traçait, son propre espace bien mérité. L’ASADEPE continuera
de chercher ardemment l’expansion de la dermatologie pédiatrique afin de pérenniser son
histoire qui, encore aujourd’hui, se confond avec une partie de l’histoire de notre pays.
Nos dix ans d’histoire sont le meilleur aval de nos efforts, notre éthique professionnelle,
notre passion pour notre travail et notre engagement envers la société étant nos
valeurs essentielles. ■
Septembre 2005
Figure 8.
2 e Congrès argentin
de dermatologie de
l’adolescent (2004)

COMPTE RENDU
HISTORIQUE DE LA
SOCIÉTÉ BOLIVIENNE
DE DERMATOLOGIE
L’histoire de la Société bolivienne de dermatologie comporte trois étapes : avant sa
fondation, depuis sa fondation jusqu’à fin 1985, depuis 1986 jusqu’à nos jours.
Avant sa fondation
FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
■ Avant sa fondation
Pour évoquer les origines de l’histoire de la dermatologie bolivienne, il faut chercher
des antécédents dans l’histoire même de la médecine en Bolivie. C’est pour cette raison
que nous avons fait appel au conseil de la Société bolivienne de l’histoire de la médecine.
Ce compte rendu tient compte de certains traits inévitablement incomplets et comporte
vraisemblablement des omissions involontaires.
Rien ne se crée spontanément mais il est vrai aussi que les progrès font parfois des
« bonds » : c’est ce qui se passa avec la dermatologie dans notre pays.
La dermatologie fut traditionnellement enseignée au sein des chaires spécialisées des
trois facultés de médecine du pays : celles de Sucre, La Paz et Cochabamba. Il existe depuis
longtemps des services d’hospitalisation destinés aux maladies de la peau ; dans la
ville de La Paz, 40 lits réservés à cet usage (30 pour les hommes et 10 pour les femmes)
étaient disponibles. Chacun de ces services accueillait des internes (rémunérés), qui y
travaillaient lorsqu’ils n’étaient pas admis dans les autres salles.
Dernièrement, ces services furent dirigés par les Drs Jorge Suárez et Enrique Vergara.
Le Dr Suárez eut le mérite de rendre possible la publication d’une Revista Médica
pendant plus de 10 ans, qui contenait des articles liés à la mycologie, à la léprologie et à
d’autres sujets.
Avant la création de la Société bolivienne de dermatologie, plusieurs médecins exercèrent
la dermatologie, tels Jorge Suárez, Alexandrowich Ferdin Humboldt, Enrique Vergara,
Apolinar Caro, Luis Nava, L. Piérola, Hartmann, ou encore L. López Ballesteros,
Norah Siles, Jaime Brian, Fernando Cárdenas, Omar Villagomez et peu après le Dr Fabio
Prado.
Les activités scientifiques débutèrent individuellement, à travers la participation
aux événements nationaux d’autres sociétés (de pédiatrie, de chirurgie, les cercles de
67

FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
médecine, entre autres). Le Dr P. Sangüeza joua un rôle capital à l’époque : il innova et
enrichit les conférences de ses connaissances en histopathologie cutanée, complétant la
présentation des cas cliniques grâce à d’excellentes diapositives de photomicrographies.
Les écoles dermatologiques argentines, brésiliennes et colombiennes jouèrent un rôle
important dans la formation des spécialistes. La première favorisa notamment les liens
affectifs à l’étranger et posa les fondements de notre société. Trois figures sont à souligner
: les Prs Julio Martín Borda et Jorge Abulafia et le Dr Jaime Rubin, qui contribuèrent
à la formation de nouveaux spécialistes. Leur soutien est encore manifeste de nos
jours ; il faut aussi mentionner l’appui du Pr. Juan Carlos Gatti.
Le besoin pressant de créer une organisation scientifique dermatologique visant à
rassembler un nombre croissant de spécialistes se fit sentir : c’est ainsi que naquit l’idée
de fonder la Société bolivienne de dermatologie.
■ Depuis sa fondation sa fondation jusqu’à fin 1985jusqu’à
fin 1985
68
La Société bolivienne de dermatologie fut fondée le 20 avril 1968 au matin, au cours
d’une réunion qui rassembla les Drs Jorge Suárez, Enrique Vergara, Fernando Cárdenas,
Ferdin Humboldt, Pastor Sangüeza, Apolinar Caro et Fabio Prado Barrientos ; celleci
eut lieu au service de dermatologie (section hommes) de l’hôpital des cliniques de La
Paz. Les Drs Omar Villagomez, Luis F. Piérola, Luis Nava, Eduardo Saracho, Jaime Brianson
et Norah Siles furent considérés comme les cofondateurs de ladite société.
La commission directive fut intégrée comme suit : président : Dr Jorge Suárez ; viceprésident
: Dr Enrique Vergara ; secrétaire : Dr Fernando Cárdenas.
Une semaine plus tard, le 27 avril, une réunion eut lieu afin d’entreprendre la rédaction
du règlement de la nouvelle société ; celui de la Fédération bolivienne de dermatologie
fut adopté en attendant. On suggéra de former une commission qui serait chargée
d’élaborer un projet de statut.
Pendant environ trois ans la société ne fonctionna pas de manière active. Cependant,
en 1969, une nouvelle réunion qui comptait la présence du Dr Norah Siles servit d’encadrement
à la fondation de la Société bolivienne de léprologie, dont la première commission
directive fut constituée comme suit : président : Dr Norah Siles ; vice-président :
Dr Fernando Cárdenas ; secrétaire: Dr Omar Villagómez ; conseiller : Dr Jorge Suárez.
Même si cette Société de léprologie n’organisa pas de réunions officielles, ses
membres jouèrent un rôle éminent dans la léprologie bolivienne, initialement pilotée par
le Dr Suárez. La tâche des Drs N. Siles et R. Amonzabel fut notable : ils participèrent activement
à maints congrès, présentèrent de nombreux travaux et dirigèrent les léproseries
et les Instituts des Noirs à Jorochito et à Candúa.
Vers 1971, la Société bolivienne de dermatologie fut réorganisée et la commission
directive rénovée : le Dr Fernando Cárdenas devint président et le Dr Ferdin Humboldt
fut élu vice-président. Quelques jours plus tard, ces autorités reçurent une lettre du
Dr J. Brianson communiquant son intention de créer une Association bolivienne de dermatologie
; apprenant la réorganisation de la société, il leur offrit son soutien. Un projet
surgit alors et deviendrait plus tard une réalité : organiser un congrès et des rencontres
dermatologiques.
En 1973, la Société bolivienne de dermatologie projeta la réalisation d’un congrès
international ; étant donné les difficultés économiques liées à sa réalisation, la société dut
s’associer à d’autres organisations scientifiques, telles que la Société de biochimie
clinique et l’Association d’étude et de recherche odontologique ; le Collège ibéro-latinoaméricain
de dermatologie (CILAD) apporta à cette occasion son soutien financier.
Le congrès eut lieu du 13 au 17 juillet 1974, à la Universidad Mayor de San Andrés
de La Paz, les autorités universitaires et d’autres institutions participèrent à l’organisation

Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie
de cet événement. L’événement, appelé 1 er Symposium international de pathologie médicale,
odontologique et de biochimie clinique, fut présidé par F. Cárdenas et C. Borja, en
étroite collaboration avec le Dr Juan Guerra Mercado. Parmi les grandes personnalités invitées
se trouvaient Julio Martín Borda, Jorge Abulafia, Sergio Stringa, Luis Belli, Gilberto
González Resigno, Juan Carlos Flichman, Leopoldo Eguren, Ramón Baros et Jaime Rubin.
Le Pr. David Grinspan (qui nous rendit visite ultérieurement) et le Dr Pablo Viglioglia n’assistèrent
pas au congrès pour des raisons de force majeure.
Le moment fut propice à la création du symbole ou logotype de la Société bolivienne
de dermatologie (ce logo, qui existe toujours, fut imprimé pour la première fois sur un
programme luxueux). Les Prs Luis F. Piérola, Luis Nava et Jorge Suárez furent nommés
membres d’honneur de la société. Les séances eurent lieu dans quatre salles et un
espace fut réservé à l’exposition de médicaments et de cosmétiques. Il y eut aussi des
conférences sur la cosmétologie scientifique.
Une fois le symposium fini, il fut convenu d’organiser la 1 re Rencontre nationale de dermatologie
à Cochabamba (1975). Presque tous les dermatologues du pays y présentèrent
leurs travaux. Cette réunion, présidée par F. Cárdenas et J. Brianson, accueillit le Dr Philippe
Desjeux (inlassable collaborateur, encore de nos jours) qui fut nommé membre de
l’institution. Le Dr F. Echeverria conduisit la délégation de Sucre. Le fait le plus notable
fut la décision de rédiger les statuts de la société; cette tâche fut unanimement confiée à
la délégation de Cochabamba, placée sous la direction du Dr J. Brianson et en étroite collaboration
avec les Drs Q. Amaya, N. Trigo et H. Maldonado.
La 2 e Rencontre de dermatologie, organisée l’année suivante (1976) à Trinidad, eut
pour siège l’université Beniana et bénéficia de la coopération de tous les médecins de la
ville et du soutien du Dr J. Hurtado, à qui nous exprimons toute notre reconnaissance.
La délégation de Cochabamba remit le projet de statut au cours de cette rencontre.
Désormais des réunions anatomo-cliniques furent organisées de façon plus ou moins
régulière au service de dermatologie de l’hôpital des cliniques. Un bureau puis une
petite salle de cours furent aménagés à cet égard. Ils seront par la suite adaptés à la projection
de diapositives grâce aux contributions des associés.
La 3 e Rencontre nationale de dermatologie eut lieu à Tarija (1978), avec la collaboration
du Dr Luis Michel et de tous les médecins de la ville. Les affiches, les écriteaux et les
classeurs imprimés pour l’occasion annonçaient la « 3 e Rencontre », mais l’ampleur de
l’événement fut telle qu’il fut renommé 1 er Congrès bolivien de dermatologie placé sous
la direction des Drs F. Cárdenas et L. Michel.
Étant donné le changement de caractère de la réunion et eu égard à l’orientation des
statuts en cours, la commission directive fut rénovée, les autorités étant les suivantes :
président : Dr P. Sangüeza ; vice-président : Dr F. Humboldt ; secrétaire: Dr F. Cárdenas ;
trésorier : Dr L. Valda.
Les principales conclusions de cette nouvelle formation tenaient compte de la réalisation
des réunions anatomo-cliniques à Cochabamba deux fois par an, de la création
des filiales de la Société bolivienne de dermatologie, de la pérennité des bulletins mensuels
(seuls deux bulletins et une circulaire avaient été émis jusqu’alors) et d’un projet
très ambitieux, la création d’une revue dermatologique.
La ville de Sucre fut choisie comme siège du 2 e Congrès, mais des différends impondérables
occasionnèrent ultérieurement le changement de siège, la ville de Santa Cruz
de la Sierra étant finalement élue. Le 2 e Congrès bolivien de dermatologie (1979),
présidé par P. Sangüeza et O. Villagomez, fut une grande réussite et accueillit des délégations
boliviennes et étrangères.
Le siège du 3 e Congrès bolivien de dermatologie en 1980 et du 4 e Congrès en 1981 fut
La Paz. En 1981, la réalisation du congrès national coïncida avec celle du 5 e Congrès
bolivien de dermatologie ; ces deux réunions eurent lieu à l’hôtel Plaza et accueillirent
des représentants de la Bolivie, de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et des États-Unis.
69

FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
À partir de ce congrès, la société acquit le système de thérapeutique PUVA, loua un
bureau pour y installer son siège et se procura quelques meubles (bureau,
étagères, etc.). La bibliothèque régionale du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
(CILAD), dont la Société bolivienne de dermatologie est chargée d’assurer l’entretien,
fut installée à cet endroit. Jorge Abulafia et Pastor Sangüeza furent les principaux
garants de l’acquisition et du fonctionnement de cette bibliothèque. Tous ces événements
furent présidés par le Dr Sangüeza.
À partir de 1978, trois réunions anatomo-cliniques eurent lieu à Cochabamba, au
cours desquelles des travaux furent présentés et les statuts révisés pour aboutir à leur
rédaction finale. Deux cours d’actualisation dermatologique eurent également lieu. La
dernière réunion anatomo-clinique à Cochabamba se tint en 1983 dans le but de présenter
un rapport et de fixer le siège du 5 e Congrès, au cours duquel la commission
directive serait renouvelée. Rappelons qu’entre 1981 et 1985, le pays subit une inflation
galopante permettant à peine la poursuite d’activités scientifiques et écartant toute possibilité
de réalisation de congrès. Malgré la situation difficile, la délégation de Santa Cruz
prit la responsabilité d’organiser le 5 e Congrès bolivien de dermatologie : grâce à l’effort
digne d’éloges de nos collègues de cette région, la réunion scientifique put avoir lieu en
octobre 1984 tel que prévu. La commission directive fut donc rénovée, les nouvelles
autorités étant le Dr Luis Valda (président), le Dr Guido Monasterios (vice-président), le
Dr Alfredo Zeballos (secrétaire) et le Dr Raúl Lara (membre).
Cette jeune commission donna de l’énergie à la société: conformément aux gestions précédentes,
elle accomplit en peu de temps plusieurs actions et travaux; les liens à l’étranger
sont actuellement plus vastes et plus intenses; beaucoup de cours sont organisés; les
membres de la société participent activement au Collège médical national et départemental;
il existe un rapport constant et permanent entre la plupart des dermatologues dans les
provinces; cette commission suscite également l’essor de valeurs juvéniles et la diffusion
des informations vers la communauté scientifique par le biais des médias. Le siège de la
société regroupe des ateliers hebdomadaires réguliers, alternant des présentations de cas,
des séances administratives et la mise à jour de sujets divers. En ce qui concerne l’équipement,
la société acquit plusieurs biens (une machine à écrire, un projecteur) et créa une
adresse électronique pour son secrétariat.
Le rassemblement effectif de tous les collègues du pays et l’obtention de la personnalité
juridique furent une réussite remarquable. Cette administration, en collaboration
avec celle de la filiale Sucre, fut chargée d’organiser le 6 e Congrès bolivien de dermatologie.
■ Depuis 1986 1986 jusqu’ à nos jusqu’à jours nos jours
70
Eu égard aux antécédents qui viennent d’être exposés, nous pouvons affirmer que la
société atteignit sa majorité en moins de vingt ans d’existence. La création de la spécialisation
en est le point culminant.
En 1985, la Commission nationale de spécialisation approuva, après quasiment deux
ans de gestion, les cours de spécialisation qui devaient respecter ces conditions requises:
une infrastructure adéquate, une bibliothèque, un groupe permanent d’enseignants et
des programmes favorables au pays. Finalement, le 3 février 1986, nous avons accueilli
les trois premiers résidents en dermatologie : W. Magariños, S. Calderón et M. Loredo.
En ce qui concerne l’infrastructure hospitalière, l’agrandissement et la rénovation de
l’aire de l’hôpital des cliniques furent possibles grâce aux démarches du Dr Ana G. Miranda,
une jeune dermatologue bolivienne installée à Caracas.
Le résidanat est actuellement à la charge de Fernando Cárdenas et de Luis Valda ;
tous les membres de la Société bolivienne de dermatologie sont escomptés pour rejoindre

Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie
le groupe d’enseignants l’an prochain. Dans l’ensemble, trois années sont nécessaires à
la spécialisation, la première année étant consacrée à la médecine interne.
Signalons qu’une formation en dermatologie tropicale, unique modalité de ce cours
de spécialisation, est exigée. Pour ce faire, nous comptons encore une fois sur le soutien
de la ville de Santa Cruz, siège de deux centres d’assistance et de recherche qui jouissent
d’un prestige international : Jorochito et CENOTROP, le Centre national des maladies
tropicales, qui regroupent une équipe d’excellents professionnels et qui disposent d’un
organe de publication régulièrement édité.
Pour finir, nous voulons insister sur le fait que ce compte rendu donne un aperçu très
succinct de ce que fut et de ce qu’est actuellement la Société bolivienne de dermatologie.
Nous avons certainement omis de nombreux détails ainsi que les noms de personnes qui
travaillent dans l’institution pour le pays.
Plusieurs projections existent pour l’avenir ; elles ne se concrétiseront que si nous
continuons à être un groupe uni encourageant le travail en équipe et ouvrant les portes,
d’une motivation et d’une incitation constantes, à la jeunesse. ■
Novembre 2004

LA DERMATOLOGIE
ET LES DERMATOLOGUES
AU BRÉSIL
El Brasil y la dermatología
Plusieurs spécialistes considèrent que la dermatologie brésilienne — en ce qui se rapporte
à la théorie et à la pratique conçues pour la spécialisation — apparut au début du
XX e siècle, coïncidant avec une phase plus dynamique voyant aboutir les recherches qui
précédèrent et accompagnèrent la fondation de la Société brésilienne de dermatologie en
1912.
Nous pourrions dire que les étapes délimitant notre histoire dermatologique sont au
nombre de trois : 1. l’étape des bénédictions des payés, précédant la mise en place de
l’enseignement secondaire dans le pays ; 2. l’étape préscientifique, qui débuta avec la
fondation des écoles de médecine de Bahia et de Rio de Janeiro; 3. l’étape scientifique,
commençant à partir des recherches du XX e siècle et du développement de la spécialité.
Première étape : les bénédictions des payés
Cette période, dominée par l’intuition et l’empirisme pur, dura plus de deux cents ans.
Le traitement des maladies consistait à utiliser des potions préparées avec des feuilles,
des fruits, des graines et des racines, des essences, des baumes et des résines dissolues,
macérées ou cuites, pour que les malades les boivent, les aspirent, s’en frictionnent ou
les appliquent en cataplasmes.
Certaines substances de la phytothérapie aborigène furent incorporées plus tard à la
pharmacopée mondiale : ipéca, jaborandi, épazote, copaïba et ratanhia, ipecacuana,
quinquina, coca, jalap du Mexique, pomme de mai américaine.
Ce n’est qu’à partir du Gouvernement général que quelques médecins venus d’Europe
commencèrent à s’installer dans le pays, comme Jorge Valadares et Jorge Fernandes.
L’étape pré-scientifique
PAULO R. CUNHA
■ Le Brésil et la dermatologie
■ P remière étape : les bénédictions des payés
■ L’étape préscientifique
Cette étape couvre presque tout le XIX e siècle, trois siècles après la découverte du
Brésil. Un événement fortuit en fut à la base : les avantages collatéraux provoqués par
73

Figure 1. Dr Adolfo
Lutz (1855-1940)
PAULO R. CUNHA
74
l’expulsion du sol portugais de la maison royale de Braganza, causée par l’invasion de
Napoléon. L’arrivée en 1808 de la famille royale au Brésil eut quelques bénéfices, comme
la création des deux premières écoles de chirurgie du pays, à Salvador et à Rio de
Janeiro, appelées académies médico-chirurgicales (1815).
Même si dans les premiers temps la qualité pédagogique fut discutable, les élèves qui
y obtinrent leur diplôme occupèrent progressivement les postes détenus jusque-là par
des professionnels étrangers, donnant à l’enseignement médical de base lusitanienne
une certaine empreinte tropicale. À partir de 1822, indépendamment de la situation
politique, le modèle français fut le modèle pédagogique adopté.
Le 3 octobre 1832, ces établissements élargirent leur structure, conservant le cours
de médecine, celui de pharmacie et celui sur les accouchements.
Les premières recherches
La plupart des premiers travaux scientifiques entrepris en dermatologie n’ont pas été
réalisés dans ces facultés, mais résultèrent du climat propice à la recherche que promouvaient
ces institutions. Le Dr Meirelles de Pernambuco, promoteur et fondateur de
l’Académie nationale de médecine actuelle, écrivit en 1827 sur l’Elephantiasis graecorum,
actuellement connu sous le nom de maladie de Hansen. Le traitement de la lèpre à
l’aide des eaux thermales de Goiás préconisé par João Maurício Faivre fut récusé par De
Simoni après des examens minutieux. Les deux médecins fondèrent l’Académie nationale
de médecine.
Malgré les remises en question, l’empereur Pierre II désigna Faivre pour traiter les
lépreux à l’hôpital des Lazares, à São Cristóvão, Rio de Janeiro. En 1838, Abreu e Lima
constata que la lèpre n’était pas héréditaire mais contagieuse, et qu’elle pouvait affecter
toutes les classes sociales.
Entre 1861 et 1869, le naturaliste et chimiste T. Pecolt introduisit l’huile de sapucaína
(Carpotroche brasiliensis) pour le traitement de plusieurs dermatoses; un constat ultérieur
prouva que cette huile contient aussi du soufre. On décida alors d’élaborer une émulsion
pour le traitement des malades atteints de gale et de dermatophytose.
Plusieurs thèses de doctorat sur la médecine de la peau, dont la plupart n’étaient que
de simples dissertations n’apportant aucune contribution scientifique, furent présentées
pendant cette période. Plus de vingt travaux furent également consacrés à la lèpre, à la
syphilis, aux tuméfactions et aux dermatoses ; parmi eux, plusieurs études sur la bouba
— considérée comme la maladie la plus redoutable de l’époque coloniale et impériale —,
telles Bouba, de Bernardo Clemente Pinto (1835), F.B. Fiúza (1856) et Gama Lobo (1858) ;
Mémoire sur la maladie appelée vulgairement bouba, de Joaquim Jerônimo Serpa (1842-
44) ; L’origine du nom bouba, variété, traitement, extirpation, de João Alves de Moura
(1849) ; Considérations brèves sur la bouba et son diagnostic différentiel, de Gregorio
Pereira de Miranda Pinto (1866) ; Les boubas, leurs nature et traitement, de Eusébio
de Martins Costa (1884).
Quant à la maladie d’origine africaine appelée ainhum ou dactylite amputante, il
existe d’autres thèses de doctorat telles que Un cas de ainhum, de Carlos Moncorvo de
Figueiredo (1875); Ainhum. Étude sur la maladie connue sous ce nom, de Domingos de
Almeida Martins Costa (1875); Un cas de ainhum, de José Pereira Guimarães (1877) et
Du ainhum, de Antônio Pacheco Mendes (1880).
Le Pr Luiz Chaves de Faria publia deux travaux méritoires : Précis des maladies
cutanées (1887) et Maladies vénériennes (1904).
Les notables contributions d’Adolfo Lutz (1855-1940) dans le domaine de la nosologie
tropicale (figure 1) parurent entre 1888 et 1899. Lors de son résidanat au sein
du fameux Dermatologium de Hambourg, sous l’égide du Dr Unna, il décrivit avec le
maître allemand les formes cocoïdes du bacille de Hansen (1886).

Bruno Chaves
En 1887, le Dr Bruno Chaves, diplômé de Bahia, prépara une thèse de doctorat sur « Le
mercure et ses composés », en le prescrivant pour traiter la syphilis. Ce travail fut
publié dans le Medical and Surgical Reporter de Philadelphie, et dans les Annales de
dermatologie et de syphilographie. Ces études lui permirent d’être désigné membre
étranger de la Société française de dermatologie et de syphiligraphie, qui servit de
modèle à la fondation de la Société brésilienne de dermatologie.
Il n’est pas étonnant que Bruno Chaves, déjà installé à Pelotas, Rio Grande do Sul,
devînt l’un des cinq dermatologues brésiliens invités à participer au 1 er Congrès mondial
de dermatologie et syphiligraphie, organisé en 1889 à Paris, à l’hôpital Saint-Louis.
Le premier service
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Peu à peu, le pays perfectionna sa médecine grâce aux deux facultés et aux travaux
isolés des médecins. Ce processus s’accéléra entre 1882 et 1884 en raison des réformes
de Leôncio de Carvalho et du vicomte de Sabóia, qui modernisèrent l’enseignement en
l’adaptant aux dernières tendances dictées par l’Europe.
Le nouveau programme introduisit de manière surprenante une matière qui reflétait
l’importance croissante acquise par les maladies de la peau dans le pays et dans le reste
du monde. Le cours « clinique des maladies cutanées et syphilitiques », développé à
Bahia par Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira, et à Rio de Janeiro par João
Pizarro Gabizo, fut alors créé.
À Rio de Janeiro le cours fut créé en 1883, un an après la fondation du premier grand
service clinique des maladies de la peau au Brésil, à la polyclinique générale de Rio de
Janeiro. Son directeur et promoteur, Antônio Pereira da Silva Araújo, originaire de
l’École tropicaliste de Bahia et installé à ce moment-là dans la capitale du pays, fut le
premier à décrire une maladie dermatologique et à participer à la chirurgie pionnière de
la spécialité au Brésil.
« Silva Araújo fut le premier professeur libre qui enseigna la dermatologie au Brésil,
offrant au sein de son service de dermatologie et de syphiligraphie un apprentissage
imprégné d’idées pastoriennes. » 2
Selon Joaquim Mota, « les expositions du Dr José Antônio Pereira da Silva Araújo au
cours des célèbres Conférences de Glória qui débutèrent dès 1875 étaient très intéressantes;
il dissertait remarquablement sur des sujets de parasitologie et de microbiologie. Une fois le
service des maladies de la peau de la polyclinique créé, le Dr Silva Araújo y entreprit l’enseignement
de la spécialité, en promouvant avec succès des cours très fréquentés. » 2
Silva Araújo était un médecin brillant, chercheur et auteur d’importants travaux —
publiés les années suivantes par l’Atlas des maladies de la peau, avec des dessins en
couleur et des textes en langue française (1883) — ainsi que des conférences sur la
Réglementation sanitaire de la prostitution (1883) et la prophylaxie publique de la
syphilis (1891).
L’Académie de médecine existait déjà depuis cinquante-trois ans lorsque fut créée la
chaire de dermatologie en 1882, constituant ainsi le premier service de dermatologie du
pays. D’après les informations de Rubem David Azulay, Silva Araújo fut nommé la même
année 127 e membre titulaire de l’entité. « De cette façon la nouvelle spécialité apparue
dans le pays intégrait l’académie. Son intense activité l’amena à occuper en 1889 le premier
secrétariat, la présidence en 1897 et plus tard le poste de président perpétuel. Il fut
également chargé de créer le musée de l’Académie nationale de médecine. » 2
Vers la moitié du XX e siècle, cette académie compterait deux autres présidents de la
spécialité : Rubem David Azulay et Jarbas Porto, qui dirigeaient aussi la Société brésilienne
de dermatologie.
75

PAULO R. CUNHA
76
L’école tropicaliste de Bahia
La spécialité « dermatologie » fut créée à la faculté de médecine de Bahia à une
époque où cette école disputait la première place dans l’étude des maladies de la peau
avec celle de Rio de Janeiro.
Alexandre Cerqueira, son titulaire, qui avait été professeur de l’école supérieure et
secondaire en 1865 et professeur universitaire un an plus tard, identifia la Tinea Nigra
en 1891. Ses observations sur le sujet ne furent pas publiées, mais son fils, Antônio Gentil
de Castro Cerqueira Pinto, les utilisa en 1916 dans sa thèse appelée Kératomycose
Nigra Palmaris. Il y décrivit la manière dont son père avait réussi la reproduction expérimentale
de la maladie à travers l’inoculation des squames extraites d’une lésion d’un
volontaire.
Les deux dermatologues, le père et le fils, étaient liés à une fameuse école qui introduisit
l’étude de la pathologie tropicale dans le pays. Selon F.E. Rabello, « J. Adeodato en
1888 et Juliano Moreira en 1896 furent justement les premiers à identifier cliniquement
le bouton de Bahia de la leishmaniose tégumentaire, appelée sous différents noms au
Moyen-Orient. » 2
Nous rendons justice en disant que l’école bahienne de médecine fut à l’origine de
l’intérêt croissant pour nos problèmes de nosologie tropicale. Ce fut aussi un citoyen de
Bahia, Silva Lima (1826-1910), qui réalisa pour la première fois une description classique
de la curieuse affection appelée ainhum. Silva Lima occupait une position privilégiée
pour cela car Bahia fut pendant un certain temps la capitale du pays, et par
conséquent le point d’arrivée des esclaves africains. Il s’agit d’une des rares maladies
vraiment raciales, propres au noir ou full-blood, généralement associée à un certain
degré d’hyperkératose plantaire.
L’école tropicaliste de Bahia se développa malgré les relatives difficultés de l’enseignement
officiel, dispensé à l’époque par l’université de Salvador. Quoi qu’il en soit,
Bahia enthousiasmait le milieu spécialisé en raison de son intérêt pour la médecine
cutanée. C’est pourquoi les professionnels venus de l’étranger et les médecins liés à la
faculté conformèrent des groupes d’étude, devenant ainsi les authentiques prédécesseurs,
nationaux et étrangers, de la phase scientifique de la médecine brésilienne. Nous
citerons le Portugais Silva Lima, l’Anglais John Patterson, l’Allemand Otto Wucherer et
plusieurs Brésiliens tels que Maria Pires Caldas, Ludgero Ferreira, Antônio José Alves et
Antônio Januário de Faria.
João Francisco da Silva Lima, diplômé de la faculté de médecine de Salvador — où il
fut un chercheur inlassable pendant toute sa vie —, enrichit le patrimoine scientifique
brésilien avec de précieuses contributions sur des sujets de pathologie tropicale, notamment
ses travaux sur la bouba et l’ainhum.
Otto Wucherer s’établit comme généraliste à Bahia en 1843 et commença à étudier
systématiquement les selles des opilés, y trouvant les œufs du Ancylostomum duodenale
et déterminant ainsi l’étiologie de la maladie causée par ce parasite. Plus tard il identifia
les microfilaires responsables de l’éléphantiasis, dont l’agent fut baptisé sous le nom
de Wuchereria en son honneur.
John Patterson, originaire d’Édimbourg, arrivé à Salvador en 1842, se distingua tout
de suite par ses travaux sur la fièvre jaune et le Cholera morbus qui se propageaient à
l’époque de manière épidémique.
Grâce à son travail Étude du Demodex folliculorum, Silva Araújo — un autre membre
de l’école de Bahia — eut l’occasion d’intégrer l’Académie impériale de médecine. Pour
cette raison il déménagea à Rio de Janeiro, où il serait désigné plus tard directeur du
premier service des maladies de la peau de la polyclinique générale récemment créée.
Ultérieurement d’autres maîtres s’y distinguèrent, tels Parreiras Horta et Ramos e Silva.

La Gazeta Médica et son exhortation à la science
En 1866 le groupe de Salvador créa la première publication scientifique brésilienne,
la Gazeta Médica de Bahía, sous la direction de Virgílio Clímaco Damazio; elle incluait la
présentation de discussions et des conclusions sur les cas médicaux traités par ces pionniers
de la science brésilienne, « avec la présentation des patients et les données fournies
par le microscope et l’anatomie pathologique. » 2 Pendant sa première année de parution,
la publication incluait déjà d’importantes études dans le domaine de la dermatologie.
Dans l’édition du 10 novembre 1866, son directeur signalait l’absence de médecins brésiliens
à un congrès médical à Paris, témoignant de la volonté de la Gazeta et de ses
membres de mettre en place dans le pays une science médicale du plus haut niveau.
Ce ne fut que vingt-trois ans plus tard (en août 1889) que l’exhortation de la Gazeta
fut véritablement prise en compte, lors des commémorations du centenaire de la Révolution
française et à la veille de la proclamation de la République dans notre pays. À ce
moment-là, une délégation de cinq spécialistes brésiliens, constituée par Silva Araújo,
João Pizarro Gabizo, Adolfo Lutz, Oscar de Bulhões et Bruno Chaves, participa activement
à Paris au 1 er Congrès mondial de dermatologie et syphiligraphie.
João Pizarro Gabizo
La chaire de dermatologie fut institutionnalisée au Brésil en 1883 au moment où
J.P. Gabizo (1845-1904) fut nommé pour donner des cours à la clinique des maladies
cutanées et syphilitiques de la faculté de médecine de Rio de Janeiro. Pendant presque
cent ans, jusqu’en 1978, cette clinique dispenserait ses cours pratiques dans la multiséculière
Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, qui fut aussi le premier siège de la
Société brésilienne de dermatologie (SBD) entre 1912 et 1988. Au cours de cette période,
ces locaux, où furent établies les bases pour la modernisation de la spécialité dans le
pays, abritèrent les réunions mensuelles de la SBD qui rassemblaient et formaient plusieurs
générations de médecins de toutes les régions.
Francisco Eduardo Rabello raconte que Gabizo suivit sa formation à Vienne, dans la
fameuse école de Ferdinand Hebra et M. Kaposi. Seul candidat dans la lutte pour le titre
de professeur de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, Gabizo fut nommé par l’institution
et chargé d’enseigner par le gouvernement impérial après avoir passé des examens
brillants ; il exerça sa charge avec beaucoup de talent, puisqu’il connaissait
profondément la spécialité, dont il parlait avec une grande éloquence.
Joaquim Mota ajoute : « Gabizo n’écrivit pas beaucoup de publications scientifiques,
nous laissa à peine un travail sur la réglementation de la prostitution, une conférence
sur la lèpre et d’autres écrits sur des maladies vénériennes. » 2
À partir de cette époque, deux écoles dermatologiques aux philosophies opposées
s’affrontèrent dans la capitale de la République : la chaire officielle de J.P. Gabizo, qui
soutenait les idées de l’école de Vienne, et la chaire de Silva Araújo, non reconnue officiellement,
centrée sur l’éclectisme rationnel et prudent soutenu par l’école française.
Vingt ans plus tard, l’influence des deux écoles sur la spécialité naissante se traduirait
par la présence de leurs disciples dans la liste des fondateurs de la Société brésilienne
de dermatologie qui est, comme nous allons le voir, le produit direct de la
troisième et dernière étape de l’histoire de la dermatologie brésilienne.
L´étape cientifique
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ L’étape scientifique
La troisième étape de la dermatologie brésilienne commença officiellement en 1883,
avec la création de la chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques dans les
77

PAULO R. CUNHA
78
facultés de médecine de Rio de Janeiro et de Salvador. En réalité, le Dr Antônio José
Pereira da Silva Araújo, originaire de l’école bahianne de tropicologie, avait déjà institutionnalisé
en 1882 l’enseignement libre de la dermatologie à travers un cours particulier
donné à la première clinique de maladies de la peau (créée la même année à la
polyclinique générale de Rio de Janeiro), avant que João Pizarro Gabizo (Rio de Janeiro)
et Alexandre de Castro Cerqueira (Salvador) prennent possession de la chaire obtenue
par concours public.
Joaquim Mota dit : « On pourrait affirmer que la dermatologie était complètement
ignorée au Brésil, sauf par certains écrits, de telle sorte que la création d’une chaire
officielle marqua en réalité le début de ces études dans le pays. » 2
Les concours publics pour choisir des professeurs adjoints (postes créés par la
réforme Sabóia) eurent lieu en 1883. Le Dr Luiz da Costa Chaves Faria fut nommé à Rio
de Janeiro, dans la 11 e section correspondant à la chaire de maladies cutanées ; en 1904,
suite à la mort de Gabizo, il fut nommé professeur de la clinique dermatologique et
syphiligraphique, nom donné à la discipline à partir de 1892.
Produit de la dynamique induite par l’enseignement de la nouvelle spécialité dans le
pays, la décennie 1880 se distingua par l’essor de la recherche microbiologique à l’Institut
Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie apparut au début du XX e siècle
pour soutenir et élargir le processus de formation, de cohésion et de valorisation de cette
catégorie de médecins. Elle accorda une priorité à la stimulation de la recherche scientifique
et favorisa la mise en place d’une école nationale créative et influente dans le
pays, liée en même temps à l’étranger et respectée dans ce milieu.
Les Drs Fernando Terra et Eduardo Rabello
Le concours pour occuper le poste de professeur remplaçant à la clinique dermatologique
eut lieu en 1906 ; Fernando Terra et Eduardo Rabello, qui avaient obtenu la même
quantité de points, partagèrent la première place. Cependant, le gouvernement d’Alfonso
Pena choisit le Dr Terra, car il était le plus âgé et avait été assistant de la chaire depuis
1891. En 1910, la mort de Chaves Faria le conduisit à occuper le poste de titulaire de la
chaire, qu’il exerça encore quinze ans.
L’avènement de la SBD s’explique aussi par le début de la recherche scientifique qui
caractérisa — principalement dans les premières années du XX e siècle — le panorama de
la dermatologie naissante; ce processus fut stimulé par le développement des chaires et
par le rôle de l’Institut Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie assuma énergiquement,
l’organisation et la divulgation de la nouvelle spécialité.
La scène d’inspiration
L’étude et la pratique de la dermatologie avaient atteint, à la fin du XIX e siècle, un tel
degré de développement en Europe qu’un débat eut lieu sur les grands problèmes de la
pathologie et de la clinique entre les maîtres des différentes écoles. Ferdinand Hebra,
chef de l’école de Vienne, posa les bases définitives de la spécialité, en lui fournissant la
systématisation et le corps doctrinal qui inspireraient les continuateurs de son œuvre:
Kaposi, Auspitz et Neuman.
La dermatologie arriva au Brésil avec une certaine difficulté, car les études et les travaux
n’augmentèrent que progressivement à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle.
Certains auteurs ne reconnaissent même pas de contribution avant l’an 1900.
Nous pouvons donc commencer à parler aussi bien d’une médecine que d’une
dermatologie brésiliennes à partir des débuts du XX e siècle. Le travail des deux écoles
(Salvador et Rio de Janeiro) fut la graine qui fit germer l’esprit scientifique chez les
premières générations de médecins diplômés du pays. Beaucoup d’entre eux se

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
rendirent en Europe en quête de perfectionnement ; en même temps qu’ils se formaient,
ils essayaient d’appliquer leur apprentissage à la réalité du Brésil.
Certains auteurs relèvent le rôle d’Oswaldo Cruz et de l’institut Manguinhos sur cette
scène, notamment dans le développement de la nouvelle spécialité médicale liée aux maladies
cutanées. La production académique ne fut plus seulement une simple reproduction
de bibliographies — caractéristique fondamentale de la phase préscientifique —,
mais se tourna plutôt vers la recherche et l’étude de laboratoire, contribuant de manière
décisive à identifier des maladies auparavant inconnues, et à déterminer leurs diagnostics
et leurs traitements.
L’institut Manguinhos, institut sérothérapique fédéral, fut créé pour préparer
des sérums et des vaccins contre la peste. Transformé ensuite par
Oswaldo Cruz (figure 2) et devenu l’institut de médecine expérimentale, il
reçut son nom actuel en 1908. La recherche en dermatologie y fut privilégiée,
en raison de l’influence sur O. Cruz de Raymond Sabouraud, le véritable
fondateur de la mycologie médicale (ils avaient travaillé ensemble à
Paris).
Oswaldo Cruz ainsi qu’un groupe de maîtres éminents et de jeunes scientifiques
qui étaient passés à Manguinhos intégrèrent la première génération
de dermatologues brésiliens. Ce fut une période effervescente d’études et de
recherches scientifiques dans ce domaine. Nous citerons parmi les figures
notables Adolfo Lutz, Adolpho Lindemberg (figure 3), Parreiras Horta, Gaspar
Viana, Rocha Lima, Henrique de Beaurepaire Aragão, Arêa Leão, Armínio
Fraga, Eduardo Rabello, Fernando Terra (figure 4) et Olympio da
Fonseca Filho.
Adolfo Lutz (1855-1940), chercheur brésilien génial, découvrit en 1908 à
Sao Paulo une nouvelle maladie, actuellement appelée paracoccidioïdomycose
ou maladie de Lutz-Splendore-Almeida.
La clinique de dermatologie et syphiligraphie de la faculté nationale de médecine (où
convergèrent l’intérêt de Fernando Terra et la participation d’Eduardo Rabello, invité
par un geste noble de son titulaire à intégrer la chaire) fut indubitablement le haut lieu
de cette activité parallèle et simultanée. Terra et Rabello créèrent alors un grand centre
de recherche dermatologique, attirant d’autres spécialistes en parasites et des pathologistes
de l’Institut Oswaldo Cruz. Tous furent à l’origine de l’époque dorée de la spécialité
naissante.
Il y eut une production de travaux fondamentaux pendant quatre ans. Comme nous
l’avons déjà signalé, Adolfo Lutz découvrit à Sao Paulo en 1908 la paracoccidioïdomycose.
Adolpho Lindemberg (1872-1944) exposa en 1909 la découverte de l’agent étiologique
de la leishmaniose, appelée ultérieurement Leishmania brasiliensis. La même
année, il décrivit un nouveau type de mycétome et son agent étiologique sous le nom de
Dyscomices brasiliensis (actuellement Nocardia brasiliensis).
Eduardo Rabello publia en 1910 une petite monographie historique sur les Dermatomycoses,
dans laquelle il reproduisit dans le cas pratique du Brésil et grâce aux techniques
de Sabouraud ce que le génial Français avait confirmé en la matière. En 1911,
Paulo Parreiras Horta (1884-1961) publia un travail sur la « pierre noire » qui deviendrait
un classique, donnant au parasite de la maladie le nom de l’éminent spécialiste
(Piedraia hortai).
L’an 1912 fut notable pour plusieurs raisons :
– Eduardo Rabello entama des recherches à l’origine de la découverte, pour la première
fois au Brésil, des « corpuscules de Donovan », l’agent provoquant la donovanose
(qui était à l’époque un granulome ulcéreux ou vénérien) ; cette étude fut poursuivie en
1917 à travers une thèse classique de Souza Aranha consolidant ce qu’on savait à
l’époque sur le sujet.
79
Figure 2.
Dr Oswaldo Cruz

Figure 3.
Dr Adolpho
Lindemberg (centre)
dans sa clinique de
dermatologie de la
Santa Casa de Sao
Paulo
Figure 4.
Dr Fernando Terra
(1865-1947)
PAULO R. CUNHA
80
– Gaspar Viana (1885-1914) découvrit le traitement et la
guérison de la leishmaniose tégumentaire à l’aide de l’antimoine,
sous la forme de l’ancien tartare émétique, utilisé en
injections intraveineuses à 1 %. Plus tard, il découvrirait la
guérison des lésions de la donovanose en appliquant le même
composé.
Francisco Eduardo Rabello signale à propos de ces travaux :
« Il n’est pas surprenant qu’au milieu de cette fébrile et si
fertile activité de recherche apparaît, à la même époque (1912),
la Société brésilienne de dermatologie. » 2
L’idéal de Fernando Terra
Fernando Terra (1865-1947), originaire de Rio de Janeiro,
troisième professeur de la faculté de médecine de cette ville, fut
l’auteur du projet et le premier président de la Société brésilienne
de dermatologie, exerçant son mandat de 1912 à 1925.
En consultant les documents de ladite société, on peut affirmer
qu’il fut véritablement l’âme, l’inspiration et la force qui
précédèrent la fondation de la SBD. C’est lui qui articula les efforts, invita à la participation
et rédigea l’ébauche des statuts. D’aucuns le considèrent comme une force omniprésente
dans la fondation de l’entité et les travaux qui y ont été entrepris pendant les
treize premières années. Lors de sa retraite, en 1925, il quitta son poste à la SBD et à la
chaire de dermatologie et syphiligraphie de la faculté de médecine de l’université du Brésil,
pour l’unique raison qu’il préféra maintenir la tradition : son successeur à la chaire
devait être aussi le président de la société. Terra naquit le 25 décembre 1865 à Niterói
et il mourut à Juiz de Fora en 1947. Diplômé en 1887 de la faculté nationale de médecine,
il se consacra tout de suite à la dermatologie, et fit son résidanat aux côtés du
Pr. João Pizarro Gabizo dans la 19 e infirmerie de la Santa Casa. Les archives révèlent
qu’il travailla également à Manguinhos. En 1891, il devint assistant de la clinique de dermatologie
et syphiligraphie, et en 1906, il se présenta à un concours public pour aspirer
au poste de professeur assistant, qu’il obtint pour les raisons préalablement exposées.
Quand il assuma la fonction de titulaire en 1910, succédant à Chaves de Faria, il
appela généreusement le Dr Eduardo Rabello pour travailler ensemble à la clinique ; ce
dernier vint accompagné du groupe de l’institut Oswaldo Cruz et ils rejoignirent les dermatologues
classiques, donnant lieu à une interaction efficace pour les deux secteurs.
Non satisfait de son activité de direction de l’institut, Fernando Terra posa les principes
d’une entité capable de rassembler les dermatologues et les diriger progressivement
vers l’activité scientifique.
Le modèle français
Le modèle français de la Société de dermatologie et de syphiligraphie, fonctionnant
depuis 1889 à l’hôpital Saint-Louis à Paris avec la clinique du même nom, fut choisi pour
régir l’entité brésilienne ; curieusement, Terra et le groupe fondateur de la SBD n’inclurent
pas au départ l’étude de la syphilis dans le nom de la nouvelle institution. Pendant
treize ans, soit au cours de la gestion de Fernando Terra, l’entité reçut le nom de Société
brésilienne de dermatologie. Ce ne fut qu’en 1925, lorsque Eduardo Rabello assuma la
présidence, que le statut changea pour devenir Société brésilienne de dermatologie et
syphilographie, à l’instar de l’entité française, avec une légère mais significative différence
: la SBDS adopta le terme employé par les Anglo-Saxons syphilographie au lieu du
mot français syphiligraphie. Quelques années après la Deuxième Guerre mondiale, avec

l’introduction de la pénicilline, l’entité reprendrait son nom d’origine (1962), après
trente-sept ans d’activité sous le nom de Société brésilienne de dermatologie et syphilographie.
Le changement de nom ne sera établi qu’en 1965, quarante ans après la
deuxième raison sociale et le sigle SBDS.
Personnalités historiques
Sebastião de Almeida Prado Sampaio
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ Personnalités historiques
Lorsqu’on demande à une figure notable de la spécialité tel que le Pauliste Luiz Henrique
Camargo Paschoal de dire qui devrait figurer au panthéon de la dermatologie, la
réponse est la suivante : « Moi, je mettrais Sebastião Sampaio sur le piédestal. Vous qui
allez écrire sur l’histoire de la dermatologie brésilienne devez considérer deux époques :
avant et après Sampaio. Il fut une référence, et il en est toujours une. Prodigieusement
intelligent et très compétent, il importa des États-Unis l’école thérapeutique pour soulager
et guérir les maladies, contrastant avec la posture de l’école française, qui dominait
au Brésil, beaucoup plus encline à décrire les maladies de la peau. Sampaio, un homme
qui travaillait beaucoup, avait une connaissance médicale spectaculaire et une position
humaniste hors du commun. Sampaio était un homme d’une grande culture. Je fus son
premier disciple, imaginez ma chance. » 2
Sebastião Sampaio (figure 5) naquit dans l’État de Sao Paulo et fit ses études dans
la capitale de cet État. Il se pencha à l’origine vers l’ingénierie, car il était excellent
en mathématiques. Mais sa mère, qui avait toujours voulu avoir un fils médecin,
exerça son influence pour qu’il commençât des études de médecine à l’USP (1938),
où il obtint son diplôme en 1943.
Même étudiant, Sampaio travailla à la Ligue de lutte contre la syphilis, à une
époque particulièrement difficile eu égard à la situation financière précaire de sa
famille. Il se présenta au concours du département de prophylaxie de la lèpre et il y
fut embauché comme auxiliaire académicien. « Quand j’ai fini la faculté de médecine,
je travaillais depuis deux ans avec les malades atteints de lèpre et de syphilis, alors
la dermatologie est devenue le chemin naturel à suivre. »
Ce chemin s’élargit progressivement au point que Sebastião Sampaio devint la
troisième grande référence en matière de dermatologie à Sao Paulo (les deux autres
étaient Adolpho Lindemberg et Aguiar Pupo). « La chaire s’appelait dermatologie et
syphiligraphie. Le Pr. Pupo aimait beaucoup travailler avec des lépreux également.
Lorsque j’ai eu fini mes études en médecine, et comme la pratique obligatoire n’existait
pas encore, le professeur a décidé que je devais fréquenter l’unité ambulatoire de dermatologie
: c’est comme ça que j’appris la spécialité. »
Grâce à une expérience en dermatologie qui dura cinq ans, Sampaio devint enseignant
et obtint une bourse pour devenir assistant à la Mayo Clinic, aux États-Unis, le plus
grand centre médical du pays à l’époque ; il y fit son résidanat entre 1951 et 1952, et
poursuivit ensuite des études en Europe.
À la Mayo Clinic, Sampaio vit que les malades recevaient des visites tous les jours et
qu’ils bénéficiaient d’une assistance médicale efficace ; à son retour à Sao Paulo, il
appliqua cette pratique, influençant plusieurs générations de dermatologues brésiliens.
« J’ai formé des disciples, et mes disciples ont formé d’autres disciples », disait-il.
Il fut président de l’Association médicale brésilienne, du Collège ibéro-latino-américain
de dermatologie et du Conseil régional de médecine, et membre de l’International
Committee of Dermatology.
Depuis sa chaire à l’USP, Sebastião Sampaio forma des disciples répartis dans tout
l’État de Sao Paulo, dans plusieurs États brésiliens et à l’étranger. La plupart de ses
81
Figure 5.
Dr Sebastião Sampaio

PAULO R. CUNHA
82
disciples conservèrent un lien avec le maître, l’invitant pendant plusieurs décennies
comme conférencier à des rencontres et à des journées ; sa seule présence donna du
prestige aux réunions qu’il avait créées.
Bernardino Antônio Gomes
Auteur du premier livre de dermatologie en portugais, il visita deux fois le Brésil, en
1797 et en 1817.
José Francisco da Silva Lima
José Francisco da Silva Lima, portugais de Vilarinho, arriva à Salvador en 1840 et obtint
son doctorat à la faculté de médecine de Bahia. Aux côtés de Wucherer et Paterson,
ils mirent en place à Bahia les premières études sur les maladies tropicales.
Adolpho Lindemberg
Originaire de Cabo Frío, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Rio de
Janeiro en 1896 et poursuivit sa spécialisation en dermatologie à Paris. Il fut l’un des
pionniers de la spécialité, créant le premier service dermatologique de Sao Paulo à la
Santa Casa de Misericordia.
Paulo Parreiras Horta
Le Carioca Paulo de Figueiredo Parreiras Horta naquit en 1884 ; il fut pharmacien
avant de suivre des études de médecine au Brésil et de microbiologie à Paris. Il fut l’un
des plus grands mycologues brésiliens.
João de Aguiar Pupo
Pauliste d’Itatiba, diplômé en 1912 de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, il
encouragea la création de l’institut de médecine tropicale de Sao Paulo.
João Ramos e Silva
Diplômé en 1918 de la faculté de médecine de la Praia Vermelha, à Rio de
Janeiro, Ramos e Silva fut réputé pour ses études sur les maladies vénériennes et la
maladie de Hansen. Il promut la première réunion de dermatologues syphiligraphes
au Brésil.
Joaquim Mota
Il fut l’un des plus grands syphiligraphes brésiliens. Il obtint son diplôme à l’université
du Brésil en 1916 et travailla à l’institut Oswaldo Cruz, au service médical de
l’armée, au Département national de la santé publique et à l’Inspection de prophylaxie
de la lèpre et des maladies vénériennes.
Oswaldo Costa
Dermatologue de Minas Gerais, il consacra sa thèse (1962) à l’étude des kératoses
palmoplantaires ; il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis, à Paris.

Domingos Barbosa da Silva
En 1955, il fut désigné professeur titulaire de la chaire de dermatologie de la faculté
de médecine et chirurgie de Pará. Ses études en dermatologie tropicale furent déterminantes
et il forma plusieurs générations de spécialistes.
Eduardo Rabello
Né à Barra Mansa (R.J.) en 1876, le deuxième président de la SBD eut son doctorat
en 1903 à la Faculté de médecine de Rio de Janeiro. Disciple de l’école française, Rabello
fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la direction de Degrais,
acquérant une expérience en la matière. De retour au Brésil, il fonda en 1919 l’Institut
d’électroradiologie de la Faculté de Rio de Janeiro avec Fernando Terra, qui intégra plus
tard la clinique dermatologique. Il mourut le 8 août 1940.
Francisco Eduardo Rabello
Il succéda à son père, Eduardo Rabello, au sein de la chaire de dermatologie et
syphiligraphie de la faculté nationale de médecine. Ses contributions dans les
domaines de la leishmaniose tégumentaire, la maladie de Hansen et la sarcoïdose
furent originales (figure 6).
Hildebrando Portugal
Diplômé de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, sa grande œuvre fut la
création du laboratoire d’histopathologie de la clinique, en 1926.
Jorge de Oliveira Lobo
Né à Recife en 1889, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Rio de Janeiro. Il
travailla avec Olympio da Fonseca Filho et Arêa Leão à Manguinhos, et fut l’assistant
d’Eduardo Rabello. De retour sur sa terre natale, il travailla à la clinique dermatologique de
l’hôpital de Santo Amaro, marquant le début de la dermatologie à Pernambuco.
Jorge de Oliveira Lobo utilisa son propre nom pour identifier une maladie provoquée par
le champignon appelé Paracoccidioides loboi. Il décrivit aussi une nouvelle forme de blastomycose,
dont les lésions fongoïdes particulières ont leur niche écologique en Amazonie.
Glynne Leite Rocha
Originaire d’Alagoas, à Maceió, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Pernambuco
en 1930. Il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital de IASERJ pendant
des décennies.
Demétrio Peryassú
Né à Belém do Pará, diplômé de la faculté nationale de médecine en 1937, il étudia
plusieurs syndromes dermatologiques. Il possédait aussi de vastes connaissances en
radiothérapie et en léprologie.
Anuar Auad
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Le Pauliste Anuar Auad obtint son diplôme à la faculté des sciences médicales de Rio de
83
Figure 6.
Dr Francisco Eduardo
Rabello

Figure 7.
Dr Carlos
da Silva Lacaz
PAULO R. CUNHA
84
Janeiro en 1951. Il étudia longuement le pemphigus foliacé. En 1954, il assuma la direction
de l’hôpital de Pemphigus à Goiânia.
Antônio Carlos Pereira Júnior
Natif de Minas Gerais, de Juiz de Fora, diplômé en 1963 de la faculté nationale de médecine
de l’université du Brésil, il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis (Paris). Il est coauteur d’un
livre sur l’herpès ainsi que de la classification des MST adoptée dans le pays et à l’étranger.
Norberto Belliboni
Originaire de Camposapiero (Italie), il débarqua au Brésil en 1934. Il obtint son
diplôme de médecin en 1949 à l’université de Sao Paulo. Il coordonna pendant dix ans la
dermatologie au cours expérimental de médecine de l’université de Sao Paulo.
Raymundo Martins Castro
Diplômé de la faculté de médecine de l’USP, il y fut également enseignant libre. Il suivit
un cours de spécialisation en médecine tropicale en Allemagne et fonda en 1986 le
centre d’études Nicolau Maria Rossetti.
Guilherme V. Curban
Professeur libre à la FMUSP, il est l’auteur, avec Luiz M. Bechelli, du Compendio de
Dermatología [Précis de dermatologie], livre de consultation de la spécialité.
Carlos da Silva Lacaz
Historien de la dermatologie brésilienne, Lacaz fut professeur de
mycologie et de microbiologie à l’USP et fut à deux reprises directeur de
sa faculté de médecine. En 1959 il fonda l’institut de médecine tropicale.
Il est considéré comme l’un des plus grands mycologues au monde
(figure 7).
Clóvis Bopp
Antar Padilha-Gonçalves
Il naquit à Santa Maria (RS) le 17 octobre 1913. Il fut chef du service
de dermatologie de l’université fédérale de Rio Grande jusqu’en 1984.
Diplômé en 1937 de la faculté nationale de médecine, il approfondit les études sur la
leishmaniose et en mycologie. Il travailla au service de dermatologie de l’hôpital Gaffrée
Guinle et au laboratoire de Raimundo Aragão par la suite.
Abrahão Rotberg
Mondialement reconnu grâce à la doctrine de la marge Hansen sous sa forme anergique
et du facteur N dans la maladie de Hansen, Rotberg étudia à Rio de Janeiro et
obtint son diplôme en 1933 à la faculté de médecine de Sao Paulo. Il apporta ses
connaissances sur la léprologie.

Alexandre Mello Filho
Diplômé de l’école pauliste de médecine, il fut admis à la clinique dermatologique de
l’hôpital del Servidor Público Municipal en 1948. Il enseigna à la Faculté des sciences
médicales de la Santa Casa de Misericordia pendant vingt ans.
Antonio Delfina
Diplômé en 1942 de l’école pauliste de médecine, il se consacra pendant quarantecinq
ans à l’institution ; il est l’auteur de plusieurs travaux scientifiques sur la spécialité.
Antônio Souza Marques
Né à Rio de Janeiro, il obtint son diplôme en 1960 à la faculté nationale de médecine
et fit ses études de spécialisation au Cancer Hospital de Philadelphie, aux États-Unis.
Aurélio Ancona López
Diplômé en 1937 de la faculté nationale de médecine de Rio de Janeiro, il créa en
1945 le service dermatologique de l’hôpital del Servidor Público Municipal. Dans le cadre
de la Croisade Pro-Enfance, il fonda un centre d’éducation en dermatologie.
Jarbas Porto
Originaire de Pernambuco de Caruaru, il obtint son diplôme à la faculté nationale de médecine.
Assistant de Rabello et de Rubem David Azulay, Porto fut admis à l’hôpital de los Servidores del Estado
et réalisa sa spécialisation au Michigan. Il fut président de l’Académie nationale de médecine.
Luiz Henrique Camargo Paschoal
Diplômé à l’USP en 1960, il est actuellement titulaire de la chaire de dermatologie et
de la faculté de médecine de l’ABC.
Luiz Marino Bechelli
Diplômé de la faculté de médecine de l’USP en 1933, il fut désigné médecin spécialiste
du département de prophylaxie de la lèpre. Il fut directeur de la clinique Cocais et
enseignant libre à la faculté de médecine de l’USP. Il fut secrétaire du secteur de la lèpre
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en Suisse, pendant dix ans.
Márcio Lobo
Il créa la spécialisation en dermatologie à l’université fédérale de Pernambuco. La
donovanose fut une de ses lignes de recherche.
Nelson Guimarães Proença
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
En 1970, le Pr. Nelson Proença fonda l’Anuario Dermatológico Brasileño dans le but d’y
rassembler des travaux publiés dans des revues appartenant à d’autres domaines. Il fut
directeur de l’APM et l’AMB (Association pauliste de médecine et Association médicale brésilienne)
et titulaire de la clinique de dermatologie de la Santa Casa de Sao Paulo.
85

PAULO R. CUNHA
86
Neuza Dillon
Diplômée de la faculté de médecine et chirurgie de Belém do Pará, elle se spécialisa
en dermatologie à l’USP. En 1966, elle fut désignée professeur à la faculté des sciences
médicales et biologiques de Botucatu, récemment créée. Elle y exerça brillamment la
charge de professeur titulaire de dermatologie jusqu’à sa retraite.
Ney Romitti
Diplômé en 1958 de la faculté nationale de médecine, il fit un résidanat en Allemagne,
où il publia 20 travaux scientifiques. Il fut professeur titulaire de la Faculté de médecine
de Santos. Il possède une culture générale et dermatologique notable.
René Garrido Neves
Diplômé en 1953 de la Faculté Fluminense de médecine, il fut l’assistant volontaire
de João Ramos e Silva pendant treize ans. Il travailla au service de léprologie. Participant
assidu des réunions de la SBD, il fut responsable de l’achat du siège de l’entité.
Maurício et Alice Casal Alchorne
Né à Pesqueira (PE), Maurício se rendit à Recife afin de poursuivre ses études secondaires
et celles de médecine à la faculté des sciences médicales de Pernambuco. Il effectua
sa formation dermatologique et le début de son parcours académique au HC/FMUSP.
Depuis 1994, il est professeur titulaire de l’UNIFESP/école pauliste de médecine. C’est au
HC qu’il fit connaissance d’Alice, originaire de Sao Paulo, une élève avec laquelle il se
maria ; ils ont deux enfants et quatre petits-enfants.
Alice effectua son résidanat au HC/FMUSP ; elle est actuellement professeur adjoint et
enseignante libre à l’UNIFESP/école pauliste de médecine (depuis 1997).
Tous deux occupèrent différents postes au sein de la SBD, comme la présidence de la
section régionale de Sao Paulo (Alice et Maurício) et de la SBD (Maurício).
Rubem David Azulay
Né à Belém do Pará en 1917, il obtint son diplôme de médecine à la faculté Fluminense
de médecine et au service de dermatologie du Pr. Parreiras Horta. Différents concours
publics lui permirent d’occuper les postes de titulaire de la chaire de dermatologie de plusieurs
universités, telles que celles de Pará, UFF, UERJ et UFRJ. Il fut aussi chargé de poursuivre
les activités du pavillon historique Sao Miguel, lors du déménagement de la chaire et
du service de dermatologie de l’UFRJ vers l’hôpital universitaire, à Ilha do Fundão.
Il travailla au début de son parcours avec Eduardo Rabello. Lié à la SBD depuis qu’il
était étudiant, il fréquenta le pavillon Sao Miguel (financé au début des années 30 par
l’Organisation mondiale de la santé pour des cours internationaux sur la lèpre, mais
transféré immédiatement vers la clinique dermatologique de l’université du Brésil). Il
était président de la SBD lors du 50 e anniversaire de sa création ; il décida alors d’opérer
quelques changements : « Les réunions existaient déjà, mais toutes se réalisaient à Rio
de Janeiro. La plupart des associés étaient natifs de Rio. Lorsque j’ai assumé la présidence,
j’ai fait modifier les statuts et commencé à promouvoir les réunions dans d’autres
États, puisque j’envisageais la dermatologie sur le plan national et pas seulement dans
la ville de Rio de Janeiro. »
Il fut à deux reprises l’éditeur en chef des Anais Brasileiros de Dermatologia, où il
introduisit plusieurs innovations. Il fut président de l’Association brésilienne de léprologie,

du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie, de l’International Society of Dermatology
et de l’Académie nationale de médecine. On lui octroya 13 prix pour ses mérites personnels
et la qualité de ses travaux scientifiques: les médailles d’or Oswaldo Cruz,
Antonio Pedro (trois fois) et Gaspar Viana, le prix Jorge Lobo, plusieurs plaquettes — trois
nationales et une de la North American Clinical Dermatological Society. Azulay est un des
auteurs les plus remarquables de l’histoire de la Dermatologie Brésilienne.
Rui Miranda
Pilier de la dermatologie à Paraná, il fonda en 1960 le centre d’études de la lèpre
Souza Araújo à l’université fédérale de Paraná, et la fondation Pro-Hansen en 1990.
Dans le domaine de la dermatologie, il décrivit 5 nouvelles pathologies ; pour ce qui est
de la maladie de Hansen, il contribua à en améliorer la connaissance.
Lucio Bakos
Né en 1942 à Zadar — actuellement la Croatie mais territoire italien à l’époque —, il
obtint son diplôme en 1966 à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (UFRGS). Il fut
Visiting Scholar de la Cambridge University en 1972-1973, travaillant au Addenbrooke’s
Hospital de Cambridge, dirigé par le Dr Arthur Rook. Il est professeur titulaire de dermatologie
de l’UFRGS depuis 1991.
Sylvio Fraga
Il reçut son diplôme à la faculté de médecine de l’ancienne université du Brésil en
1953. Entre 1955 et 1956, il effectua son résidanat à Philadelphie (U.S.A.). Il suivit le
cours de spécialisation en dermatologie et pathologie au Armed Forces Institute of
Pathology, à Washington. Il fut le cofondateur de l’institut de dermatologie de la Santa
Casa.
João et Bernardo Gontijo
Originaire de Minas Gerais, la famille Gontijo (le père, João B. Gontijo Assunção, et le
fils, Bernardo Gontijo) regroupe des personnalités de la dermatologie remarquables.
João obtint son diplôme en 1947 à l’UFMG et réalisa son résidanat à l’hôpital Saint-Louis
de Paris en 1948 et 1949. Grâce à un concours public, il fut nommé professeur adjoint
et enseignant libre à l’UFMG. Il publia individuellement ou conjointement 24 travaux, et
présenta près de 200 communications lors de congrès et de réunions au Brésil et à
l’étranger. Bernardo, son fils, obtint son diplôme à l’UFMG et compléta son résidanat en
dermatologie à l’hôpital des cliniques de l’USP ; il est actuellement professeur de la
faculté de médecine de l’UFMG. Tous deux furent membres et présidents de la SBD.
Mário et Márcio Rutowitsch
Márcio Rutowitsch est le fils du dermatologue Mário Rutowitsch, qui fut président de
la SBD en 1960. Márcio obtint son diplôme à l’université fédérale Fluminense et il est
actuellement premier chef du service de dermatologie de l’HSE.
Jorge José de Souza Filho
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Né à Florianópolis en 1937, il obtint son diplôme à l’université fédérale de Paraná en
1964 et fut admis comme résident en 1965 grâce à une bourse de l’hôpital des cliniques
87

PAULO R. CUNHA
de Sao Paulo. En 1967, il retourna sur sa terre natale et se présenta au concours pour
être maître auxiliaire à l’UFSC, où il devint professeur titulaire en 1990. Il fut l’un des
fondateurs de la régionale SC de la SBD et le premier président de la Réunion sudbrésilienne
de dermatologie, qui eut lieu à Florianópolis en 1981.
■ La La dermatologie Dermatologie dans les états dans les États
88
Ces générations vigoureuses, avec leur volonté de tracer des nouveaux chemins,
furent le résultat de la stimulation de la recherche scientifique que favorisèrent l’éducation
dermatologique renouvelée, l’arrivée de nouvelles spécialités dans d’autres régions
du pays et l’action synergique de la SBD.
En effet, la dermatologie s’élargissait. Dans les années 20 et 30, d’après Rabello
Junior, « la chaire d’Antonio Aleixo (1884-1943) située à Belo Horizonte allait marquer
l’arrivée d’un nouveau centre d’études dans le pays, avec des travaux et des nouvelles
publications dans les secteurs jumeaux de la vénéréologie et de la léprologie, dans
lesquels se distinguaient Orsini de Castro (1892-1970) en dermatologie et O. Diniz (1902-
1966) en léprologie. Des travaux originaux de grande envergure furent réalisés par Cl.
de Castro, Oswaldo Costa (chaire de l’université fédérale) et Tancredo Furtado (chaire de
l’UFMG). » 3 Costa fut l’auteur d’une thèse réputée sur les acrokératoses (1960), tandis
que Furtado en écrivit une sur la framboesia en 1955.
Un grand centre dermatologique s’installa aussi à Juiz de Fora, avec Antônio Carlos
Pereira et Carlos Adolfo Pereira. Entre 1922 et 1940, d’importants travaux brésiliens sur
le pemphigus foliacé furent publiés, dont ceux de J.P. Vieira (1927) et Orsini de Castro
(1940).
Fondée en 1916, la faculté de médecine de Sao Paulo compta tout de suite une chaire
de dermatologie, dont le titulaire fut Adolpho Lindemberg (1872-1944), auteur de travaux
pionniers sur la leishmaniose tégumentaire et le pemphigus foliacé. Son disciple,
Nicolau Rossetti (1894-1956), fut plus tard le titulaire de la chaire de dermatologie à
l’école pauliste de médecine, où il fut remplacé par le léprologue et dermatologue
Abrahão Rotberg, auteur de célèbres travaux sur la réaction de Mitsuda, la réaction de
Montenegro et les angiites nécrotisantes. Rabello signale :
Dans les années 30, J. Aguiar Pupo, disciple préféré d’Eduardo Rabello, allait assumer
la chaire de dermatologie de l’université de Sao Paulo, où se forma immédiatement
une grande école. Dans la voie de la tradition brésilienne, Aguiar Pupo a
dominé, grâce à des travaux pionniers, la léprologie avec la même supériorité. En
1957, Sebastião Sampaio, un jeune professeur de bonne formation histologique qui
allait stimuler les travaux dans le domaine de la structure et des fonctions de la peau,
de la génétique et de la pathologie immune, le remplaça. À Sao Paulo se distingueraient
d’autres éléments de grande valeur comme H. Cerruti à Sorocaba, L.M. Bechelli
et W. Pimenta à Ribeirão Preto, tous trois issus de l’école d’Aguiar Pupo.
J’accorde une mention spéciale aux jeunes, parmi lesquels Ney Romiti, disciple de
Ramos e Silva, Marchionini et Raimundo Martins de Castro, initialement professeur
à Campinas, où il fut l’élève de son célèbre père, le maître A. Martins de Castro
(1885-1968), spécialiste en mycologie, en histopathologie et en roentgenthérapie 2 .
Nous ne citons ici que quelques-uns des dermatologues nationaux qui étudièrent avec
les grands maîtres de l’étranger :
1. Olympio da Fonseca Filho, Nicolau Rossetti et Abílio Martins de Castro travaillèrent
avec Raymond Sabouraud à l’hôpital Saint-Louis de Paris.
2. J. Luiz Miranda fut résident à la Duke University, avec N.F. Conant.
3. Eduardo Rabello fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la

direction de Degrais ; de retour au Brésil, il fonda avec Fernando Terra l’Institut d’électroradiologie,
qui intégrerait plus tard la clinique dermatologique de la faculté nationale
de médecine.
4. Adolfo Lutz fit son résidanat en Suisse avec Paul Gerson Unna (1850-1929), le fondateur
de la dermatologie moderne.
5. Ney Romitti travailla à Munich avec Alfred Marchionini.
6. Sebastião de Almeida Sampaio effectua son résidanat à la Mayo Clinic, à Rochester
(USA).
7. Newton Guimarães travailla à Barcelone avec Xavier Vilanova.
8. Joaquim Pereira da Mota (1894-1952) travailla à Paris avec Pautrier.
9. Valdir Bandeira (Recife) et René Garrido Neves (Niterói) firent leur résidanat à
Buenos Aires, dans les services des Prs Julio Borda et Jorge Abulafia.
La Société Brésilienne de Dermatologie (SBD)
La séance de fondation de la Société brésilienne de dermatologie commença le
dimanche 4 février 1912 à 10 heures du matin, dans le pavillon Miguel Couto de la Santa
Casa de Misericordia de Rio de Janeiro. 18 médecins, dont seulement 10 dermatologues,
y étaient présents ; 3 d’entre eux faisaient partie de la commission organisatrice : Fernando
Terra, Eduardo Rabello et Werneck Machado. Les Drs Moncorvo Filho, Alfredo
Porto, Eduardo Magalhães, Adolfo Lutz, Víctor de Teive, Caetano de Menezes, Gaspar
Viana, Leal Júnior, Oscar da Silva Araújo, Juliano Moreira, Paulo Parreiras Horta,
Zopyro Goulart, Miguel Salles, Eduardo Jorge et Franco de Carvalho furent les autres
fondateurs.
La SBD est la deuxième entité au monde en nombre d’associés de la spécialité. La
fête du Dermatologue fut instaurée en 2000 (5 février), visant à sa commémoration
annuelle.
Un débat scientifique très sérieux, la stimulation de la recherche (élargie par la suite
aux nouvelles générations qui étudiaient la médecine), la connaissance et la vulgarisation
des activités dermatologiques dans les autres régions du pays, l’esprit accueillant et
attentif des dirigeants et le souci de poser les bases définitives de cette activité caractérisèrent
les treize premières années d’intervention de la SBD.
La SBD connut deux longues gestions au cours de son histoire: celle de Fernando
Terra, qui dura treize ans, et celle d’Eduardo Rabello, qui la présida pendant quinze ans
sans interruption.
Les présidents de la SDB
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ La Société brésilienne de dermatologie (SBD)
Les dermatologues qui exercèrent la charge de président de la SBD furent les suivants:
Fernando Terra (1912) ; Eduardo Rabello (1925) ; Oscar Silva Araújo (1941) ; Joaquim
Mota (1942) ; João Ramos e Silva (1944) ; A.F. Da Costa Jr. (1946) ; Hildebrando Portugal
(1948) ; Francisco Eduardo Rabello (1950) ; Demétrio Peryassu (1951) ; Edgard Drolhe da
Costa (1953) ; Luis Campos Mello (1955) ; Antar Padilha-Gonçalves (1957) ; Mário Rutowitsch
(1959) ; Rubem David Azulay (1961) ; Glynne Leite Rocha (1963) ; J. Aguiar Pupo
(1964) ; João Ramos e Silva (1965) ; Domingos Barbosa da Silva (1966) ; Antônio Carlos
Pereira (1967) ; Rui Noronha Miranda (1968) ; Jorge Lobo (1969) ; Anuar Auad (1970);
Clóvis Bopp (1971); Rubem David Azulay (1972); Tancredo Furtado (1973); Sebastião de
Almeida Prado Sampaio (1974) ; Jarbas Anacleto Porto (1975) ; José Pessoa Mendes
(1976) ; Walter Moura Cantídio (1977) ; João Batista Gontijo (1978) ; Newton Guimarães
(1980) ; Raymundo Martins Castro (1981) ; Márcio Lobo Jardim (1982) ; José Serrya
(1983) ; Jorge José de Souza Filho (1984) ; Luiz Carlos Cucé (1985) ; Divino Rassi (1986);
89

Figure 8.
Commission directive
de la SBD (2000-
2001). De gauche à
droite (assis): María
Lourdes Viegas,
secrétaire générale ;
Fernando Augusto de
Almeida, président ;
Márcio Santos
Rutowitsch, viceprésident
; (debout) :
Macedo Paschoal,
deuxième secrétaire ;
Beatriz Moritz Trope,
trésorière ; Paulo
Rowilson, secrétaire
PAULO R. CUNHA
90
René Garrido Neves (1987); César Bernardi (1988); Luiz Henrique
C. Paschoal (1989) ; Orcanda Andrade Patrus (1990) ; Antonio
Carlos Pereira Junior (1991) ; Jesús Rodrígues Santamaría
(1992) ; José Eduardo Costa Martins (1993) ; Arival Cardoso de
Brito (1994) ; Sarita Martins (1995) ; Iphis Campbell (1996) ; Clarisse
Zaitz (1997) ; Alberto Eduardo Cox Cardoso (1998) ; Maurício
Mota de Avelar Alchorne (1999) ; Bernardo Gontijo (2000) ;
Fernando Augusto de Almeida (2001) (figure 8) ; Márcio Rutowitsch
(2003) et Sinésio Talhari (2005).
Dans les années 90, trois femmes présidèrent la Société brésilienne
de dermatologie : Orcanda Andrade Patrus (1990-1991),
Sarita Martins (1995-1996) et Clarisse Zaitz (1997-1998).
Le siège de la SDB. Les Anais Brasileiros de Dermatologia.
La bibliothèque. Le premier congrès
La SDB et plusieurs secteurs de la clinique dermatologique et syphiligraphique furent
transférés en 1932 au pavillon Sao Miguel, où fut inaugurée la bibliothèque de la clinique
(20 octobre 1933). Vers la moitié du XX e siècle, cette bibliothèque possédait déjà le plus
grand patrimoine de la spécialité en Amérique Latine. En 1987, René Garrido Neves
obtint la présidence de la SBD en poursuivant une mission: doter l’entité d’un siège
propre, acheté avenue Nilo Peçanha, abandonnant l’ancien siège du pavillon Sao Miguel.
Eduardo Rabello fut l’éditeur en chef de la première édition de la revue bimestrielle
Anais Brasileiros de Dermatologia en 1925 (figure 9).
En 1985 réapparaît le bulletin de Nouvelles SBD, remplacé en 1996 par le Diario de
la Dermatología Actual, de meilleure allure, et finalement par le Diario de la SBD.
Du 26 au 28 septembre 1944, la première réunion des spécialistes brésiliens en dermatoses
syphiligraphiques eut lieu dans le pavillon Sao Miguel de la Santa Casa de Misericordia
de Rio de Janeiro; à partir de 1969, ces réunions devinrent congrès (figure 10).
Le cinquantenaire de la SDB
La SBD commémora ses 50 ans en 1962, sous la présidence de Rubem David Azulay.
Une déclaration publique, dans laquelle on reconnaissait l’expansion de la dermatologie
dans tout le Brésil, fut alors présentée. Cette expansion ouvrit le chemin aux professionnels
des autres États, leur permettant ainsi d’occuper la présidence de la societé. La désignation
de Ramos e Silva comme membre du CID (Comité international de
dermatologie) marqua également la décennie. Ultérieurement, Antar Padilha-Gonçalves,
Sebastião Sampaio et Márcia Ramos e Silva furent également désignés membres du CID.
En 1971, le rayon d’action de la SBD fut élargi au cours du Congrès brésilien de dermatologie
de Porto Alegre présidé par Clóvis Bopp, en tenant compte des intérêts
éthiques, sociaux et économiques des dermatologues brésiliens. Bopp fut aussi le principal
organisateur des réunions régionales appelées Lignes Sud de la dermatologie brésilienne,
actuellement Journées sud-brésiliennes, qui rassemblent les spécialistes de Rio
Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná.
Le 90 e anniversaire de la SDB
La commémoration du 90 e anniversaire de la fondation de la SBD revint au Pr.
Fernando Augusto de Almeida, président élu de l’époque. Ce remarquable spécialiste,
dont la thèse de doctorat à la USP traitait du prurigo d’Hebra, est un des plus grands
connaisseurs des tumeurs cutanées, notamment le mélanome. Il est également l’un des

fondateurs et le premier président du Groupe brésilien d’étude du mélanome (GBM). Le
projet Pro-Mémoire, coordonné par le Pr. Dr Paulo Cunha (figure 11) et dont le but est
de protéger l’histoire de la dermatologie au Brésil à travers des livres, des documents et
des images, fut encouragé sous sa direction. L’édition de la Historia de la Dermatología
en Brasil [Histoire de la dermatologie au Brésil], une compilation agréable de photos et
de textes de la spécialité au Brésil depuis les origines, fut le premier travail accompli.
Son passage fut également remarqué en raison de sa gestion professionnelle de la
SBD et de l’élan financier qu’elle reçut.
La SBD 2003-2004
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Au cours des deux dernières années, la Société brésilienne de dermatologie centralisa
les actions institutionnelles et politiques visant à la valorisation de la spécialité. Avec
l’Association médicale brésilienne, elle participa activement au mouvement national destiné
à mettre en place une nouvelle liste plus juste d’honoraires médicaux, employée
dans tout le pays. Elle participa également aux rencontres pour repousser la création de
nouvelles écoles de médecine et les réunions sur le projet de loi sur la pratique médicale ;
elle demanda aux spécialistes d’intégrer la chambre des produits et des procédures
esthétiques du Conseil fédéral de médecine.
Par le biais de ses départements spécialisés, elle travailla intensément à la création
de manuels de conduite orientant les médecins sur les techniques et les procédures utilisées
dans la spécialité. Les commissions spécialisées inspectent toujours les services de
résidanat accrédités, garantissant ainsi la qualité de l’enseignement de la dermatologie
dans le pays. Un groupe de travail, formé par les directions de services accrédités et les
commissions d’enseignement, accomplit un travail important : leurs scientifiques et leurs
spécialistes redéfinirent le programme minimal d’enseignement de la dermatologie brésilienne,
énoncèrent les nouvelles normes pour l’accréditation des services spécialisés
(en leur proposant ledit programme) et formulèrent des propositions visant au perfectionnement
des critères d’évaluation pour obtenir le titre de spécialiste.
Pour connaître le cadre où travaillent les dermatologues brésiliens, et la situation
réelle des spécialistes dans les différentes régions du pays, la Société brésilienne de dermatologie
réalisa une enquête qui traça le profil des dermatologues du Brésil. Sur la base
des données collectées, le président de la SBD, le Dr Marcio Rutowitsh, rencontra des
91
Figure 9.
Anais Brasileiros de
Dermatologia.
Année 1940
Figure 10.
IIe Réunion annuelle
de dermatosyphiligraphes
brésiliens à Belo
Horizonte (1945)

Figure 11.
Pr. Dr Paulo Cunha
Figure 12. Première
commission
d’accréditation du TSD
(28 octobre 1967) à
Juiz de Fora. De
gauche à droite :
Pr. Rubem D. Azulay,
Rui Miranda,
Sebastiao Sampaio,
Tancredo Furtado et
Clóvis Bopp
PAULO R. CUNHA
92
jeunes possédant moins de dix ans de formation pour discuter des perspectives de la profession,
favorisant de cette manière l’intervention de la SBD dans la défense du marché
du travail.
En même temps, la SBD promut une révision de la revue Anais Brasileiros de Dermatologia
dans le but de réorganiser sa base de données, Índex Medicus/Medline.
Le titre de spécialiste en dermatologie
La SBD est considérée comme une entité d’utilité publique depuis la loi n o 1.270 de
1950. Vingt-trois ans passèrent entre la 1 re Réunion des spécialistes en dermatologiesyphiligraphie
brésiliens (1944) et un autre grand événement de l’histoire de l’entité
(1967) : l’examen des premiers professionnels pour obtenir le titre de spécialiste en dermatologie,
à Juiz de Fora. Les Prs Tancredo Furtado, Clóvis Bopp, Rubem David Azulay,
Rui Noronha de Miranda et Sebastião Sampaio (délégué auprès de l’AMB) passèrent ce
premier examen (figure 12).
Le 39 e examen pour devenir spécialiste de la SBD eut lieu en 2005 sous la présidence
du Pr. Dr Paulo R. Cunha.
Services accrédités par la SDB
Les services accrédités par la Société brésilienne de dermatologie sont au nombre de
soixante dans tout le pays, prouvant le bon niveau de la spécialité au Brésil: outre des soins
étendus prodigués à des millions des patients souffrant de maladies cutanées, ils offrent
204 postes vacants annuels pour le résidanat, la spécialisation, la maîtrise et le doctorat.
Unités régionales
NORD-NORD-EST
Bahia
Bahia, berceau de la dermatologie dans le pays, possède actuellement deux services
habilités par la SBD : celui de l’hôpital des cliniques (UFBA) et celui de l’hôpital Santa
Isabel de l’école de Bahia de médecine et santé publique.
La chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques fut fondée en 1884,
Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira en étant le titulaire; elle devint la clinique

dermatologique en 1893. À partir de 1915, Artur da Silva Leitão, Flaviano da Silva, Otávio
Garcez de Aguiar, Newton Alves Guimarães, Neide Ferraz et Ênio Ribeiro Maynard
Barreto la dirigèrent successivement.
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques comporte trois salles pour le
public et une salle de chirurgie ambulatoire. L’infirmerie dispose de quatre lits et d’une
salle annexe pour les réunions. Malgré l’espace réduit, le cabinet externe de la spécialité
est le deuxième espace de l’hôpital en quantité de patients; cette situation changera certainement
avec le déménagement de la dermatologie vers le pavillon Pr. Magalhães Neto.
Au cours des trois dernières années, les résidents réussirent leurs études à quasiment
100 %. Les maladies tropicales constituent le domaine de recherche principal du service.
Amazonas
Installé dans l’État d’Amazonas, l’institut de dermatologie tropicale et vénéréologie
Alfredo da Matta, consacré depuis 1955 à l’enseignement, la recherche, la prévention et
le traitement des maladies dermatologiques, est le centre de référence en maladies
sexuellement transmissibles (MST) et en maladie de Hansen. Son chef est le Pr. Sinésio
Talhari (président de la SBD en 2005-2006).
Initialement destiné à soigner les patients atteints de la lèpre, l’institut Alfredo da
Matta élargit son action vers la fin des années 70 à d’autres dermatoses. Depuis 1981,
son propre laboratoire effectue la sérologie pour détecter le virus HIV.
L’hôpital universitaire Getúlio Vargas, de l’université d’Amazonas, est un autre hôpital
de référence, sous la coordination du Dr Jonas Ribas.
Pará
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
L’institut Evandro Chagas et la dermatologie
L’institut Evandro Chagas (IEC) fut créé le 11 novembre 1936, par le décret 2346 du
gouvernement de l’État de Pará. En 1942, il rejoignit le service spécial de la santé
publique de l’époque, la fondation Oswaldo Cruz, la Fondation nationale de la santé, le
secrétariat de vigilance de la santé et le ministère de la Santé.
Les objectifs basiques du IEC sont : a) des recherches en sciences biologiques, médecine
tropicale et environnement ; b) des actions de vigilance dans la santé.
Les recherches en cours sur des agents étiologiques de certaines maladies présentant
des manifestations cutanées se rapportent à :
- Virologie : rubéole, rougeole, parvovirus B19, herpes simples (1 et 2), herpes virus
6, 7 et 8, virus de Epstein Barr, HTLV et les entérovirus proprement dits (coxsackie et
echo).
- Arbovirologie: fièvres hémorragiques, dengue, oropouche, mayaro et le syndrome hémorragique
de Altamira; les trois premiers agents associés aux tableaux exanthématiques.
- Bactériologie et mycologie : Mycobacterium leprae et les recherches comprenant
les dermatophytes (à moindre échelle).
- Parasitologie : leishmaniose et agents déterminants de « pathologies exotiques »
(voir description plus loin).
Une nouvelle maladie fut décrite dans les années 70 : le syndrome hémorragique de
Altamira, essentiellement le purpura thrombocytopénique associé à la piqûre du moustique
Simulium amazonicum ou pium. Cette étude, réalisée par l’équipe du Dr Francisco
Pinheiro, fut publiée dans The Lancet, un journal de grande notoriété.
Dans les premières années de la décennie 2000, des études de laboratoire et épidémiologiques
furent mises en place : elles comprenaient les herpes virus humains de type
7 et 8, respectivement exanthème critique et sarcome de Kaposi. Ces initiatives furent
coordonnées par le Dr Ronaldo Barros de Freitas.
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PAULO R. CUNHA
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La chaire de la clinique dermatologique et syphiligraphique fut créée en 1922 pour la
4 e année du cours médical de l’ancienne faculté de médecine et de chirurgie de Pará,
dont la spécialité était dirigée par le Pr. Manuel Ferreira dos Santos Bastos. En 1951, le
Pr. Domingos Barbosa da Silva fut nommé titulaire de la chaire, et il reprit cette fonction
en 1955 ; il fut également chargé pendant plusieurs années de la direction du département
de dermatologie, où de nombreuses générations de spécialistes reçurent leur
formation.
Le département de pathologie tropicale, service de dermatologie de l’université
fédérale de Pará — dont le chef est le Dr Arival Cardoso de Brito, ancien président de
la SBD —, propose deux cours, dans des immeubles situés dans les dépendances de la
fondation Santa Casa de Misericordia de Pará. Les salles ambulatoires sont au nombre
de huit, et il dispose également d’un auditorium, d’un mini-auditorium pour la spécialisation,
d’un laboratoire de dermo-pathologie, d’un laboratoire de mycologie, de deux
salles chirurgicales, d’une salle de premiers secours, d’une salle d’infirmerie, d’une
pharmacie, d’une bibliothèque, d’un secrétariat et de deux grandes salles d’attente
pour les patients.
Le groupe de professeurs de dermatologie à l’UFPA est actuellement constitué de
13 enseignants travaillant dans divers domaines de la recherche : les nouveaux traitements
chimiothérapiques de la maladie de Jorge Lobo, la léprologie et la leishmaniose,
les mycoses superficielles et profondes avec imidazolés et l’utilisation de nouveaux composés
en ectoparasitose.
Pernambuco
À Pernambuco, les services habilités par la SBD sont l’hôpital des cliniques de l’université
fédérale — dont le chef de service est le Pr. Josemir Belo dos Santos —, l’hôpital Santo
Amaro — le chef de service étant le Pr. Itamar Belo dos Santos — et l’hôpital universitaire
Oswaldo Cruz (le Pr. Dr Emmanuel Rodrigues de França en est le chef de service).
Ceará
Fondé en 1975, l’actuel centre de dermatologie Dona Libânia, du secrétariat de la
Santé de l’État de Ceará, est le centre de référence étatique et macro-régional en léprologie.
Il se consacra pendant vingt ans au contrôle de la léprologie et de la tuberculose ;
de nos jours, il inclut également le soin, la recherche et l’enseignement. Il comprend les
services de léprologie, de leishmaniose, du cancer de la peau, des MST, d’allergies cutanées,
de dermatologie pédiatrique, de chirurgie dermatologique, de tuberculose et
d’autres dermatoses. Le Dr Heitor de Sá Gonçalves, deuxième secrétaire de la SBD pour
la gestion 2005-2006, en est le directeur général ; le Dr Maria Araci Pontes Aires est le
chef du service.
En 2003, la SDB octroya une nouvelle certification à l’hôpital universitaire Walter
Cantídio, dont le chef de service est le Dr José Wilson Acioly Filho.
Rio Grande do Norte
Le service de dermatologie de la faculté de médecine, situé à l’hôpital Onofre Lopes
de l’université fédérale de Rio Grande do Norte, sous la coordination du Dr Pedro
Bezerra da Trindade Neto, dispose d’un espace propre à l’intérieur de l’hôpital : six
cabinets pour des soins ambulatoires, deux salles équipées pour la chirurgie et la cryochirurgie,
une salle de cosmétologie, un laboratoire de mycologie, une salle de réunions,
une unité de photothérapie, une salle de premiers secours et une infirmerie comportant
six lits. Habilité en 1999 par la SBD, on y donne des cours de dermatologie, des cours
pratiques et théoriques pour les élèves de médecine de septième année ; on y forme aussi
dans la théorie et dans la pratique les médecins qui soignent dans la clinique et les élèves
du doctorat en médecine. Pour les stages autorisés par le ministère de l’Éducation

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
et de la Culture (MEC), le service propose deux postes vacants par an. Au cours des cinq
dernières années, 91 % des résidents réussirent l’examen pour obtenir le titre de spécialiste
de la SBD.
On réalise dans ce service des projets de recherche et des travaux scientifiques dans
le domaine de la génodermatose bulleuse, spécifiquement le pemphigus chronique familier
bénin, sujet de la thèse de doctorat du Pr. Pedro Bezerra da Trindade Neto. On y réalise
également des études liées à l’épidémiologie du mélanome à Rio Grande do Norte et
à la cytologie appliquée au diagnostic des maladies cutanées, sujet de la thèse du Pr. Thomas
de Aquino Paulo Filho.
Sergipe
À Sergipe, l’hôpital universitaire est le seul habilité par la SBD ; son chef de service
est le Pr. Pedro Menezes Portugal.
Alagoas
La dermatologie fut pratiquée dans la clinique privée à partir de 1940, depuis l’intervention
pionnière des jeunes médecins Aldo de Sá Cardoso (élève de Jorge Lobo à
Recife, diplômé en 1938) et Aderbal Loureiro Jatobá.
Quelques années plus tard, Jorge Duarte Quintela Cavalcanti commença lui aussi à
exercer à Maceió. L’enseignement médical dans cet État fut établi le 5 mars 1951, et le
Dr Aldo Cardoso fut élu professeur de la chaire de dermatologie et syphiligraphie. Une
fois la faculté créée, d’autres médecins y obtinrent leur diplôme, tels que Zirelli Valença
— qui décrivit le signal de Zirelli — et Nehemias de Alencar.
Suite à la création de l’école des sciences médicales d’Alagoas (le 15 mars 1970), la
chaire de dermatologie fut mise en place par le Pr. Aldo Cardoso ; son assistant, le Dr
Alberto Eduardo Cox Cardoso, fut élu titulaire de ladite chaire ultérieurement.
Brasilia
L’actuel service de dermatologie de l’hôpital universitaire de Brasilia (HUB) naquit en
1980 de la fusion entre le service de dermatologie de l’hôpital de los Servidores de la
Unión (HSU), de l’IPASE (passé plus tard dans l’INAMPS) et du service de dermatologie
de l’hôpital école de l’unité intégrée de la santé de Sobradinho (UISS), de l’université de
Brasilia.
Au sein des deux institutions, dans les services d’origine, nous distinguons les
Drs Iphis Campbell et Gladys Campbell (initiateurs), Roberto Doglia Azambuja, Rosicler
Álvares et Carmélia Matos Reis (HSU) et le Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio (initiatrice),
ainsi que Rosicler Aíza Álvares (UISS). Dans le cas de l’HUB, on peut citer les
Drs Antônio de Pádua, Ana Maria Costa Pinheiro, Ribeiro de Paula et Gerson Pena — ce
dernier associé au noyau de recherche de l’UNB et président du 60 e Congrès de Dermatologie
de la SBD (Brasilia 2005). Il y a actuellement dix dermatologues de l’HUB.
L’unité ambulatoire de recherche en leishmaniose tégumentaire américaine, créée
par le Pr. Raimunda (également chef de service), encouragée par le Pr. Philip Davis
Marsden (in memoriam) et qui fonctionnait depuis 1975 à l’UISS-UNB, fut transférée à
l’HUB, tout en conservant la même ligne de recherche. Peu après, le Pr. Rosicler et le
Dr Iphis créèrent l’unité ambulatoire de pemphigus, tandis que celles de léprologie, de
cryochirurgie, de mycose, de psoriasis, de vieillissement cutané, de dermatologie pédiatrique
et de tumeurs cutanées furent établies et/ou coordonnées par les Drs Rosicler
Álvares, Carmélia, Gladyz, Izelda et Ana. En février 1999 fut créée l’unité de maladies
sexuellement transmissibles (à l’initiative du Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio), à
caractère multidisciplinaire et avec sur la participation des services de gynécologie, de
proctologie et d’urologie. Au total, 14 400 patients atteints de maladies de la peau sont
soignés par an.
95

PAULO R. CUNHA
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La dermatologie en tant que spécialité fut officiellement créée en 1971 par l’UNB, mais
ce ne fut qu’à partir de 1974 qu’elle fonctionna indépendamment de la clinique médicale.
Son enseignement comprend un nombre d’heures total qui correspond à quatre crédits. Le
résidanat, créé sur le modèle du HSE de Rio, débuta en 1974, le Dr Izelda Costa en étant
le premier résident. Jusqu’à présent, trente-quatre résidents et dix-neuf stagiaires ont obtenu
leur diplôme dans ce service. Le résidanat de l’actuel HUB est également orienté vers
la recherche, et la présentation d’une monographie à la fin du cours est une condition requise
pour obtenir le diplôme. Tous les résidents présentent leurs travaux aux annales des
congrès; 90 % d’entre eux publient un ou plusieurs travaux scientifiques pendant le résidanat.
Dans les années 90, grâce à la création du diplôme de spécialiste en sciences de la
santé, les étudiants en maîtrise et en doctorat commencèrent à s’intéresser à la dermatologie
: huit élèves ont obtenu leur maîtrise, huit la préparent actuellement et un prépare
son doctorat. Des projets en cours visent à améliorer l’enseignement de la dermatologie,
le résidanat et la spécialisation stricto sensu.
Goiás
La chaire de dermatologie fut ouverte à l’université fédérale de Goiás grâce aux
Prs Anuar Auad, Rodovalho Mendes Domenici et Vanderli Dutra aujourd’hui défunts.
Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges furent admis en 1967 et prirent leur retraite
au cours des années 90. Aiçar Chaul, Lia Cândida Miranda de Castro et Hugo Junqueira
les rejoignirent dans les années 1970.
Le résidanat en dermatologie fut créé en 1978 et immédiatement admis par la SBD;
les Drs Anuar Auad, Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges et Aiçar Chaul (dès 1997)
dirigèrent l’institution. Jusqu’en 2002, 80 médecins, dont la plupart obtinrent le diplôme
de spécialiste en dermatologie de la SBD, suivirent les deux années de résidanat.
Trois présidents des congrès de la Société brésilienne de dermatologie sortirent du
service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’université fédérale de Goiás :
Anuar Auad (1970), Divino Miguel Rassi (1987) et Lia Cândida Miranda de Castro, les
deux premiers étant aussi présidents nationaux de l’entité, selon les normes de l’époque
qui ne séparaient pas les attributions de la SBD et celles du congrès.
Minas Gerais
La Santa Casa de Misericordia de Belo Horizonte fournit les services dont avait besoin
la faculté de médecine de l’université fédérale de Minas Gerais, fondée en 1914. La clinique
de dermatologie était alors dirigée par Antônio Aleixo, qui fonda en 1917 l’infirmerie
et la clinique pour hommes, tandis qu’Olyntho Orsini était le chef de la clinique
pour femmes.
À partir du transfert de l’unité ambulatoire vers un immeuble propre en 1944, la clinique
dermatologique fut dirigée par Josefino Aleixo, assisté par Oswaldo Costa et José
Mariano.
La clinique dermatologique de la Santa Casa compte actuellement quinze assistants
— dont neuf obtinrent le diplôme dans le service — et douze collaborateurs, possédant
tous le titre de spécialiste en dermatologie. La direction du service est à la charge du Dr
Jackson Machado Pinto. Deux membres de la clinique font actuellement leur résidanat à
l’University of Colorado, d’autres en Argentine et en Autriche.
L’aire propre à la dermatologie à l’hôpital dispose de douze lits, cinq unités ambulatoires,
deux salles pour la chirurgie légère, une salle de classe, une salle de réunion avec
une bibliothèque et un équipement moderne. Le service reçoit une moyenne annuelle de
200 patients hospitalisés et près de 16 000 patients externes en dermatologie générale,
sanitaire, pédiatrique et chirurgie dermatologique. En décembre 2001, il s’est doté d’une
unité de photothérapie avec UVA et d’une autre avec UVB 311 NM.

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Plusieurs travaux scientifiques, parmi lesquels se distinguèrent les mémoires de
maîtrise et les thèses de doctorat en leishmaniose tégumentaire américaine et maladies
bulleuses, notamment le pemphigus foliacé endémique, furent réalisés à la clinique dermatologique
depuis sa fondation.
Service de dermatologie de l’UFMG
C’est au Pr. Antonio Aleixo (1884-1943), l’un des fondateurs de la faculté de médecine
de Belo Horizonte (1911) et premier professeur de dermatologie, que revient le mérite
d’être considéré comme le créateur de l’école dermatologique de Minas Gerais. Son intérêt
scientifique était centré sur la léprologie, le pemphigus, les maladies sexuellement
transmissibles et les mycoses. Il fut le premier chef de l’infirmerie de dermatologie de la
Santa Casa de Belo Horizonte, une référence pour les dermatologues jusqu’à nos jours.
À la mort d’Aleixio en 1943, Olyntho Orsini — originaire de Minas Gerais (Sabará) — assuma
de façon intérimaire la chaire comme enseignant libre. Ce médecin, diplômé de la faculté
de médecine en 1917, avait passé son concours en 1927 avec la thèse Contribution à
l’étude du pemphigus foliacé, dans laquelle il analysa les lésions en vespertilion, sans connaître
pour autant le travail de Senear et Usher présenté antérieurement sur le sujet (1926).
En 1945, un autre enseignant libre, Oswaldo Costa, reçu au concours public en 1944
grâce à sa thèse sur les Dermatofibromes progressifs et récidivants de Darier-Ferrand,
occupa de façon intérimaire le poste de titulaire de la chaire.
À la fin de 1945, le Pr. Olyntho Orsini (1891-1970) devint professeur de la chaire; le
sujet de sa thèse fut Aspects épidémiologiques et cliniques du pemphigus foliacé à Minas
Gerais. Il remplit rigoureusement ses devoirs en dirigeant la chaire et l’infirmerie pour
femmes de la Santa Casa de façon compétente, dévouée et responsable ; il s’attira ainsi
la sympathie de la communauté dermatologique. Il fut un spécialiste notable du pemphigus,
et il encouragea toujours la collaboration entre son service et le département de
la lèpre de l’État de Minas Gerais, dirigé à l’époque par le Dr Orestes Diniz.
Les Prs Oswaldo Costa, José Mariano (léprologue compétent et ancien chef du Service
national de lèpre) et Josephino Aleixo comptèrent parmi ses assistants ; ce dernier fut,
outre son statut d’enseignant libre en 1946 (le sujet de sa thèse fut Subvention à l’étude
de la chromomycose), professeur adjoint à l’UFMG et professeur à la faculté de médecine
d’Uberaba, M.G.
En 1962, le Pr. Oswaldo Costa (1905-1996), né à São João del-Rei, M. G. occupa la
chaire suite à un concours mémorable où il présenta sa thèse monumentale sur Acrokératose,
une véritable bible de 577 pages montrant des détails complets sur le sujet. Sa
véritable passion pour la spécialité et son enseignement firent que ce spécialiste émérite
en diagnostics, très studieux — il avait l’habitude d’étudier jusqu’à l’aube —, séduisit
beaucoup de patients dans sa clinique particulière. Il fut un excellent professeur ; il fréquenta
les congrès et publia inlassablement et de façon perspicace des centaines de travaux
scientifiques. Il eut également le mérite de décrire en 1954 une nouvelle entité,
l’acrokératoélastoïdose, reconnue de nos jours dans le monde entier. Dans le domaine de
l’enseignement, il fonda la chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales
de Minas Gerais, dont il fut le premier professeur.
Il conserva l’équipe d’assistants du Pr. Orsini, qu’il renforça avec l’admission de Tancredo
Furtado, du professeur adjoint Cid Ferreira Lopes — également chef de l’infirmerie
de dermatologie de la Santa Casa, organisateur et premier directeur de l’école de
santé publique de Minas Gerais, membre titulaire de l’Académie de médecine de Minas
Gerais et membre correspondant de l’Académie nationale de médecine —, et du Dr João
Gontijo, chef de la clinique dermatologique de l’hôpital municipal.
Oswaldo Costa prit sa retraite en 1975. Son fils, Paulo Uchôa Costa, suivit l’exemple
de son père de façon brillante, devenant un dermatologue réputé et professeur adjoint
de la faculté de médecine de l’UFMG.
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PAULO R. CUNHA
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Le Pr. Tancredo Furtado (1923), natif de Carmo do Paranaíba, M.G., fut le successeur
d’Oswaldo Costa; son discours de 1975, lors de l’exposition de sa thèse Tumeur granulocellulaire
d’Abrikossoff (Schwannome granulo-cellulaire), fut remarqué. Il avait défendu
l’enseignement libre dans sa thèse Manifestations tardives de la framboesia. En 1963, il
s’était présenté au concours public pour la chaire de la faculté de sciences médicales de
Minas Gerais, en soutenant la thèse sur Kératoacanthome et processus similaires.
De 1975 à 1993, année de sa retraite contrainte, Tancredo Furtado éleva la dermatologie
de l’UFMG à un haut degré de prestige avec ses innombrables publications, sa
participation aux congrès, aux commissions d’examens, sa direction de thèses, etc. À
partir de 1975, le service de dermatologie de la faculté de médecine devint plus dynamique,
étant transféré de la Santa Casa à l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques.
Le Pr. Furtado inaugura le stage de médecine en 1976 et le mastère en 1977 ; il
fut directeur de la faculté entre 1982 et 1986.
Pendant sa gestion, le professeur adjoint João Gontijo Assunção devint enseignant libre
(mars 1978) avec la thèse Pemphigus foliacé dans l’enfance. Quelques aspects épidémiologiques
et cliniques et occupa le poste de chef du service de dermatologie entre 1982 et 1986.
Tancredo Furtado fut l’un des créateurs de la Réunion triangulaire de dermatologie,
président de la section de Minas Gerais de la SBD et président de la section nationale en
1973. Il fut également membre émérite de l’Académie mineira de médecine, membre
honoraire de l’Académie nationale de médecine et associé correspondant ou honoraire
de plusieurs sociétés étrangères de dermatologie.
Ce parcours professionnel et universitaire fulgurant se basa sur une formation
humaniste solide, et un cursus médical appliqué (il fut l’un des deux meilleurs élèves de
sa promotion de l’an 1946), comportant des spécialisations aux États-Unis : des pratiques,
des cours, le résidanat dans les universités de Kansas City, Chicago, New York,
Washington et Los Angeles.
Le Pr. Orcanda Andrade Patrus (1941), native de Juiz de Fora, fut professeur assistante
depuis l’époque du Pr. Oswaldo Costa ; elle passa son doctorat en soutenant sa thèse
(1980) Antigènes d’histocompatibilité, immunocomplexes et complément dans le pemphigus
foliacé, qui lui permit d’obtenir le poste de professeur adjointe. Elle fut nommée
professeur titulaire lors d’un concours public en 1991 ; visionnaire, elle dirigea le service
de dermatologie avec compétence et générosité, en apportant des améliorations, en mettant
en place l’informatisation et en maintenant le haut niveau de travail de l’équipe et
le modèle reconnu d’apprentissage en collectif.
Après sa retraite, le Dr Antonio Carlos Martins Guedes, professeur adjoint, assuma la
direction du service ; on lui reconnut une très bonne administration : il réforma et modifia
l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques tout en continuant de s’impliquer
de manière compétente et dévouée dans la section d’histopathologie.
Une fois son mandat achevé, il fut remplacé par le professeur adjoint Bernardo Gontijo,
auparavant directeur de la spécialisation en dermatologie et président de la section
de Minas Gerais. Entre 2000 et 2001 il dirigea la SBD (nationale) avec courage, dévouement,
générosité et compétence.
L’université fédérale de Juiz de Fora (dirigée par le Pr. Aloísio Gamonal) et l’université
fédérale de Uberlândia (dont le chef de service est le Dr Sônia Antunes de Oliveira)
sont d’autres services habilités à Minas.
Espírito Santo
Le service de dermatologie de l’hôpital Cassiano Antônio Moraes (de l’hôpital des cliniques
de la faculté de médecine de l’université fédérale de Espírito Santo) aurait pu être
habilité bien avant par la SBD, mais il voulut de lui-même repousser l’habilitation :
« Il fallait que le service soit convaincu qu’il recevrait la note maximale pour son approbation,
tel que l’exige le respect pour l’exercice de la médecine. » 2

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
La revue de la SBD signale: « Certains aspects frappent dans ce service: la simplicité
et l’harmonie qui règnent partout et entre tous, le caractère informel des rapports entre
les personnes et de l’exécution des tâches; l’esprit de sacerdoce qui se traduit dans les
projets et la capacité à être audacieux. Les Prs Carlos Cley Coelho et Délio Del Maestre (le
chef du service) intègrent le magistère d’un programme choisi d’un commun accord. » 2
Même si le service n’est pas très grand, les 7 cabinets impressionnent par leur luminosité,
de même dans la salle des réunions et dans une autre salle consacrée aux chirurgies
légères, ainsi que dans le magasin. Habilité en 1999 — au cours de la réunion du
conseil délibérant qui eut lieu pendant le 54 e Congrès brésilien de dermatologie à Belo
Horizonte —, le service médical, approuvé avec la note maximale, est la référence étatique
en léprologie, en tuberculose extra-pulmonaire et en leishmaniose ; il soigne 150
personnes par jour (en moyenne), élargissant son champ d’action jusqu’aux limites de
Bahia, Minas Gerais et Rio de Janeiro.
Des études statistiques et nosologiques des maladies dermatologiques, des études sur
des patients greffés, des psychodermatoses, des affections cutanées dues aux paracoccidioïdomycoses,
à la tuberculose extra-pulmonaire, à la lèpre et à la leishmaniose, furent
effectuées dans ce service.
La Santa Casa de Misericordia de Vitória fut également habilitée par la SBD ; le
Pr. João Basílio de Souza Filho en fut le chef de service.
Services de Rio de Janeiro
Siège du royaume et de l’empire du Brésil dans les premiers temps, et de la République
jusqu’en 1960, Rio de Janeiro fut toujours l’un des principaux noyaux de développement
médical du pays, de la dermatologie et de ses entités médicales, parmi
lesquelles se distingue la SBD.
« Seule faculté brésilienne à obtenir la qualification 4 de l’évaluation du ministère de
l’éducation, la faculté de médecine de l’université fédérale de Rio de Janeiro propose un
cours de spécialisation, une maîtrise et un doctorat en dermatologie, qui garde depuis
1986 la classification A selon l’évaluation du CAPES. » 2
Créés en 1970 par Sylvio Fraga, la maîtrise et le doctorat en dermatologie de l’UFRJ
sont les plus anciens du pays. Le Pr. Carlos Cley fut le premier diplômé de maîtrise en
1974 ; la même année, le MEC reconnut et valida la spécialisation.
À Niterói, Sinésio Talhari, actuellement chef du service de dermatologie de l’institut
de dermatologie Alfredo da Mata, fut le premier à obtenir le titre de maître à l’université
fédérale Fluminense.
Le docteur coordinateur Absalom Lima Filgueira signale que la spécialisation en dermatologie
fut créée au début des années 70, quasiment en même temps que la fermeture
de la chaire: « Nous avions besoin de former des professeurs pour l’enseignement supérieur,
et le chemin devait passer par la maîtrise et le doctorat. La spécialisation brésilienne,
et c’est là sa caractéristique principale, doit être effectuée dans chaque spécialité.
Il n’existe pas, ou du moins il n’existait pas à l’époque, un autre cours identique au
monde ; dans les autres pays, on enseignait seulement les matières de base : la physique,
la biologie, la biologie moléculaire, la chimie. »
Deux aspects contribuèrent au succès de la spécialisation en dermatologie de l’UFRJ :
le transfert à l’hôpital universitaire (1978), abandonnant les installations séculaires de la
Santa Casa de Misericordia, et la proximité avec le Centre de sciences de la santé, siège
du fameux Institut de biophysique, un organisme de recherche fondamentale célèbre à
l’étranger. L’intégration entre les deux milieux fut graduelle et totale. La biophysique et
la biochimie devinrent des matières qui traitent des organes. Celles-ci furent à l’origine
des laboratoires de tissu conjonctif, d’hormones, d’endocrinologie et de photobiologie.
João Pizarro Gabizo fut le premier professeur de la chaire de dermatologie de Rio de
Janeiro, à l’académie médico-chirurgicale qui n’allait recevoir le nom de faculté de
99

Figure 13.
Clinique de la faculté
de médecine de la
Santa Casa, Rio de
Janeiro, pavillon Sao
Miguel
PAULO R. CUNHA
100
médecine de l’université du Brésil qu’en 1932. Luiz da Costa Chaves Faria, Fernando
Terra, Eduardo Rabello et Francisco Eduardo Rabello (exerçant la charge jusqu’à son
départ en retraite, en 1975, par application du principe du devoir acquis) succédèrent
à Gabizo.
Les Prs Sylvio Fraga et Antônio de Souza Marques
(figure 13) occupèrent la direction de la dermatologie
lorsqu’elle était encore située à la Santa Casa. À Ilha do
Governador, après le transfert à l’hôpital universitaire, le
Pr. Absalom Figueira (1978-1980) fut chargé de l’organisation
et de la gestion du service de dermatologie ; les
Prs Rubem David Azulay (1980-1985), Antônio Carlos
Pereira Junior (1986-1997), Celso Tavares Sodré lui succédèrent.
Doté d’une infirmerie propre disposant de quatorze
lits, le soin ambulatoire du service est intégré aux autres
secteurs de l’hôpital universitaire ; de cette façon, les
élèves des études supérieures et ceux de la spécialité ont
une vision d’ensemble de tous les aspects médicaux.
Au niveau de la spécialisation, le cours est dispensé lato ou stricto sensu. Du point de
vue lato sensu, il existe deux niveaux : cours de perfectionnement I et cours de perfectionnement
II, chacun proposant six postes vacants. La quantité d’heures de cours est
compatible avec la spécialisation et le programme est associé au résidanat. L’intérêt pour
les cours est si vif que plus de 100 candidats se présentent chaque année pour obtenir
un des huit postes vacants proposés.
IASERJ (Institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio de Janeiro)
Le service de dermatologie de l’institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio
de Janeiro est l’un des organes les plus respectés de la spécialité dans le pays. Il fut
conçu et organisé par son fondateur, Glynne Leite Rocha, auquel succédèrent Manoel
Sternick et Arlindo Ferraro. Le résidanat fut mis en place en 1970 ; habilité par la SBD,
il comptait jusqu’à 2001 soixante-dix médecins spécialistes diplômés de tout le pays,
sept élèves ayant passé leur maîtrise et deux élèves leur doctorat en dermatologie.
Deux médecins obtiennent chaque année leur diplôme au service de I’ASERJ, service qui
n’est pas lié au système universitaire. Sa production scientifique est identifiée à celle du
Pr. Glynne Rocha, « l’un des piliers de l’histoire de la dermatologie brésilienne les plus forts
et les plus efficaces »; il faut distinguer la publication dans les Annales brésiliennes de dermatologie
des deux revues consacrées exclusivement aux travaux du service.
Au cours de la première année du résidanat, les élèves s’occupent de l’unité ambulatoire
et de l’infirmerie. Pendant la deuxième année, les résidents soignent les patients du
service dans leur propre clinique et suivent des apprentissages dans des unités spécialisées
à l’extérieur de l’hôpital : la dermatologie pédiatrique à l’hôpital Jesús par exemple,
la léprologie et les maladies infectieuses à l’hôpital Fiocruz et l’oncologie cutanée à
l’INCA.
Les résidents préparent en permanence des cas cliniques qu’ils présentent au cours
des réunions mensuelles de la SBD-RJ, lors de congrès ou dans diverses publications.
Des cours de dermo-pathologie et de mycologie médicale ont lieu tous les ans. Selon le
Pr. Sérgio Quinete, chef du service, les activités comprennent le club de la revue le
mardi, la séance de diapositives le mercredi, la réunion clinico-pathologique (présentation
de patients avec discussion et projection d’images histopathologiques) le jeudi et
la discussion autour de sujets dermatologiques et les tests d’évaluation mensuelle le
vendredi.

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Gaffrée-Guinle
Le Pr. Ramos e Silva fut le premier titulaire en dermatologie au service de dermatologie
de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle, de l’école de médecine et de chirurgie,
tandis que les Prs Demétrio Peryassu et Antar Padilha-Gonçalves y étaient assistants.
Son siège se trouvait à la polyclinique générale de Rio de Janeiro. D’après Gabriela Lowy,
dans les années 60 « on a remporté une grande victoire lorsque la faculté a acquis l’hôpital
Gafrée-Guinle, lieu d’enseignement de la spécialité depuis lors ».
Peryassu et Gonçalves furent chargés de la direction des cours de dermatologie
jusque fin 1972, après avoir passé tous deux le concours public qui leur permit de devenir
professeurs titulaires. Les Drs Aldy Barbosa Lima, Gabriela Lowy et Danilo Vicente
Filgueiras comptèrent parmi leurs collaborateurs. Le Pr. Demétrio Peryassu décéda peu
après, victime d’une maladie.
Deux grands progrès furent réalisés sous la direction d’Antar Padilha Gonçalves : la
mise en place de l’infirmerie de dermatologie et la création du cours de spécialisation en
dermatologie, qui avait reçu l’autorisation, le soutien et l’approbation de la SBD. À cette
même époque, le service s’étendit avec la création de nouvelles salles de classe et un
meilleur confort pour le soin ambulatoire.
Son successeur, le Pr. Aldy Barbosa Lima, créa ultérieurement le service de chirurgie
dermatologique. En 1998, le deuxième titulaire prit sa retraite, et le Pr. Gabriela Lowy
lui succéda. Le groupe d’enseignants s’agrandit avec l’intégration de José Alvimar Ferreira,
Carlos José Martins, Coaracy Mello et Ricardo Barbosa Lima.
Le service de dermatologie de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle sponsorisa plusieurs
événements scientifiques, parmi lesquels nous distinguerons les Réunions triangulaires,
avec des présentations innovantes par vidéo de cas cliniques. Ses spécialistes
sont toujours présents lors des réunions, des journées, des congrès nationaux et internationaux,
et leur contribution scientifique est abondante.
Hôpital Antônio Pedro
L’histoire du service de dermatologie de l’hôpital universitaire Antônio Pedro (Niterói,
université fédérale Fluminense) fut toujours liée à l’enseignement. Le Pr. Paulo de
Figueiredo Parreiras Horta, professeur à la clinique dermatologique et syphiligraphique
de la faculté Fluminense de médecine, créa le service dans les années 1930 ; il était situé
à l’origine dans l’hôpital São João Batista, dans la localité de Valonguinho. Il fut transféré
en 1953 à l’hôpital Antônio Pedro par le Pr. Rubem David Azulay, le successeur de
Horta. Malgré les difficultés auxquelles il se heurta, Azulay se consacra à l’enseignement
de la dermatologie, aboutissant à la création du cours de spécialisation stricto sensu.
L’exemple du nordiste Rubem David Azulay est intéressant : quand la faculté de
médecine de Pará fut transférée à Niterói, il suivait encore son cursus universitaire, et
prit la question que lui avait posée la secrétaire de la faculté Fluminense comme un défi:
réussirait-il à maintenir les excellentes notes qu’il apportait de sa terre natale ? « Le premier
examen se passait face au Pr. Pedro da Cunha, que l’on jugeait très exigeant ; le 10
obtenu par Azulay fut encore augmenté par la lecture de son examen face aux autres
élèves et aux médecins de l’hôpital São João Batista. » 2
Le mastère débuta au Brésil en 1971 ; le Dr Sinésio Talhari, professeur titulaire de
l’université fédérale de Amazonas fut son premier élève. Ayant suivi les cours de maîtrise
et effectuant des travaux de recherche scientifique, quatre-vingts élèves obtinrent le diplôme
correspondant, dont cinquante-huit enseignent dans différentes écoles de médecine
du pays ; cinq se consacrent à la recherche scientifique, tandis que dix-neuf
poursuivent des activités liées au doctorat. Après avoir passé des concours publics, trois
anciens élèves devinrent professeurs titulaires : René Garrido Neves, Sinésio Talhari et
Neide Kalil Gaspar.
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Le résidanat fut créé en 1967, le Pr. Antônio Pedro Gaspar étant son premier élève. Il
fut recruté l’année suivante pour enseigner cette discipline. Le résidanat, réglementé par
décret (septembre 1977) et par loi (1981), fut régi par le ministère de l’Éducation et de
la Culture. Quatre-vingts dermatologues firent leurs années de résidanat à l’UFF jusqu’en
2002, et beaucoup d’entre eux occupent aujourd’hui des postes dans les universités
brésiliennes publiques et privées.
Après la retraite du Pr. Rubem Azulay dans les années 70, la direction du service et
la coordination de la spécialité furent assurées — jusqu’en 1992 — par son ancien élève,
le Pr. René Garrido Neves, une autorité aussi bien en léprologie qu’en oncologie. Son
parcours remarquable l’amena à faire des recherches, des directions de thèses et à
publier de nombreux articules dans des revues et des livres, et à occuper des postes importants
au sein de l’UFF et de l’UFRJ, ainsi que la présidence de la Société brésilienne
de dermatologie (il en acheta le premier siège). Le cours de spécialisation lato sensu
(décembre 1989), qui octroya le diplôme à 172 élèves jusqu’en 2002, fut créé durant son
mandat.
À partir de 1992 la direction du service fut occupée par le Pr. Neide Kalil Gaspar, qui
nous fournit l’information suivante :
Au cours de la troisième année du cursus, devant réaliser un travail sur des médicaments
cosmétiques, nous avons cherché celui qui serait pour nous à l’avenir un modèle
et un motif de fierté professionnelle : le Pr. Rubem David Azulay. Orientés de
manière enthousiaste, profitable et compétente par cette personne qui répondait à
nos attentes d’ordre scientifique, nous allions travailler davantage pendant vingt ans.
Notre service occupait la moitié d’un étage de l’ancienne polyclinique de Valonguinho
et nous avions été transférés au début à l’hôpital Antônio Pedro dans un espace de
trois mètres carrés... Nous gardons beaucoup de souvenirs de la polyclinique ; cela a
été un milieu simple et tranquille où nous avons appris à enseigner et à faire de la
recherche. De là nous sommes allés au Fiocruz, où nous avons effectué des recherches
sur des aspects essentiels de la fibre élastique chez une patiente de 6 ans
avec des tissus de soixante. Nous appartenions déjà au groupe d’enseignants de la
matière; comme il était habituel à l’époque, nous travaillions pour le plaisir d’apprendre,
sans aucune rémunération, mais honorés par notre tâche. Je crois que ce
qui manque de nos jours dans notre pays, c’est la valorisation de l’individu par le travail
qu’il exécute. Celui qui reçoit une telle rétribution sait ce qu’il est capable de
faire pour surmonter les difficultés.
Du service de dermatologie de l’hôpital Antônio Pedro a surgi l’initiative d’unifier
la nomenclature dermatologique, sur la base du travail du Pr. Francisco Eduardo Rabello.
Le Pr. Antônio Pedro de Andrade Gaspar fut chargé, avec la collaboration du
Pr. Neide Kalil Gaspar, de réunir et d’identifier les différents et nombreux synonymes
qui rendaient la compréhension de la dermatologie difficile. Cela représentait près de
10 000 termes. Ces auteurs ont regroupé 7 000 termes dans la Nómina Dermatológica,
tout en mentionnant la nomenclature suggérée par le Pr. Rabello. Ce livre fut
un événement marquant pour la dermatologie brésilienne, et il est utilisé dans toutes
les universités et les services du pays. Les Prs Antônio Pedro et Neide ont également
fourni 5 autres livres d’actualisation thérapeutique de la spécialité, en rassemblant
les termes codifiés par l’Organisation mondiale de la santé au CID de la dermatologie,
afin de rendre plus facile son utilisation dans le pays. Ils ont aussi orienté 28 travaux
de recherche scientifique employés pour des thèses soutenues et approuvées au
niveau de la maîtrise et du doctorat 2 .
Actuellement, le service de dermatologie reste le siège des activités didactiques des
études supérieures et de la spécialisation de l’université fédérale Fluminense. C’est pour

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
cette raison qu’il est également lié au département de médecine clinique, composé de
122 professeurs. Le service accueille 13 professeurs et 2 médecins responsables des
activités du cursus, y compris les aspects théoriques et pratiques, l’internat, le résidanat,
la spécialisation et le soin médical. L’intervention dans le domaine de la recherche se fait
à travers les projets d’initiation scientifique, coordonnés par les Prs Neide Kalil Gaspar
et Jane Marcy Neffá Pinto. À partir de 1995, le Dr Neide Kalil Gaspar occupa le poste de
professeur titulaire de dermatologie. La gestion administrative du service, ainsi que la
coordination de la chaire sont à nouveau, depuis 2001, exercées annuellement par les
différents professeurs ; le Pr. Jane Marcy Neffá Pinto fut élue pour prendre en charge la
gestion actuelle.
Les autres services habilités à Rio de Janeiro sont : la Santa Casa de Misericordia (chef
de service : Rubem David Azulay), le service de dermatologie et de syphiligraphie du HSE
(chef de service : Márcio Rutowitsch), l’hôpital universitaire Pedro Ernesto (chef de service
: Isabel Succi), l’université fédérale de Rio de Janeiro (chef de service : Márcia Ramos
e Silva), l’hôpital de la Lagoa-institut de spécialisation médicale Carlos Chagas (chef de
service : Andrea Gurfinkel), la polyclinique générale de Rio de Janeiro (chef de service :
Marcius Peryassú), l’hôpital général de Bonsucesso (chef de service : José Anselmo
Lofêgo Filho) et l’hôpital naval Marcílio Días (chef de service : Cláudio Lerer).
LA DERMATOLOGIE PAULISTE
La dermatologie pauliste débuta le 3 mai 1907, lors de la création d’un service des
maladies de la peau à la Santa Casa de Misericordia de la capitale, dirigé par Adolpho
Lindemberg, l’un des pionniers de la spécialité.
Le 29 février 1916, Lindemberg dispensa son premier cours comme professeur de
dermatologie à la faculté de médecine et de chirurgie de Sao Paulo. Il prit sa retraite en
1929 et fut remplacé par le Pr. João de Aguiar Pupo ; celui-ci occupa le poste jusqu’en
1960, et il fut remplacé lors de sa retraite par le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio,
à son tour retraité en 1989 et auquel succéda le Pr. Evandro Rivitti, titulaire actuel de la
chaire.
Le service de dermatologie de la faculté de médecine fonctionnait à la Santa Casa.
Étant donné le nombre élevé de patients, il entretenait une excellente unité ambulatoire
qui occupait tout un étage du pavillon de Lara et deux infirmeries, masculine et féminine,
chacune ayant une capacité de quarante lits. Lorsque ce service fut installé en 1945 à
l’hôpital des cliniques, la chaire se déplaça aussi à cet endroit. Une série de difficultés
détacha pratiquement la dermatologie de l’institution multiséculaire. En 1975, le Pr. Nélson
Proença succéda au Pr. Humberto Cerruti comme titulaire de dermatologie de la
faculté des sciences médicales : un important noyau de la spécialité venait de se créer à
Sao Paulo.
Santa Casa
Selon un ancien chef de service, le fondement de l’action de la clinique de dermatologie
de la Santa Casa de Misericordia de Sao Paulo « repose sur l’assistance au malade,
de manière efficace et qualifiée, la formation de nouveaux professionnels et la recherche
scientifique. » 2 L’unité ambulatoire reçoit 200 personnes par jour, dont cinquante sont de
nouveaux patients, soit un total de 4 000 patients par mois et 40 000 par an, sans qu’il y
ait des files d’attente. « L’inauguration récente du centre chirurgical lié à la clinique,
avec tout l’équipement nécessaire, aussi bien pour dispenser des cours que pour les soins
ambulatoires et le développement des études et des recherches, constitue une innovation
au Brésil. » 2 La production scientifique suit la tradition établie par Lindemberg et Pupo.
Les travaux de l’équipe actuelle furent reconnus au niveau national, et plusieurs d’entre
eux constituent une référence dans le milieu international.
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Les origines de la structure de base de la clinique de dermatologie de la Santa Casa
de Sao Paulo datent des années 70, lorsque le Pr. Nelson Proença en assuma la direction.
Les dermatologues Fausto Alonso et Marcus Maia faisaient partie de l’équipe initiale ;
avec le temps, Humberto Frucchi, Clarisse Zaitz, Ida Duarte, Sylvia Souto Mayor, Rosana
Lazzarini, Thais Proença et Valéria Souza les rejoignirent. Outre les professeurs recrutés,
le service médical compte plusieurs volontaires.
La clinique est divisée en plusieurs secteurs de sous-spécialités comme celles d’oncologie,
de chirurgie dermatologique, de médecine interne, de photothérapie, de mycologie,
de dermatologie et de pédiatrie. Le Pr. Ida Duarte, ancienne résidente de la clinique,
la dirige actuellement et son objectif principal est le soin, l’enseignement et la recherche
en dermatologie.
Hôpital des cliniques
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’USP fut le noyau de l’expansion
de la spécialité pauliste. Le décret n° 5837 du 12 mars 1975 permit la création
de l’institut de dermatologie de l’hôpital des cliniques, tandis que le 24 juin 1986 fut créé
le département de dermatologie de la faculté de médecine de l’université de Sao Paulo.
Le département dispose d’une équipe de soixante-dix professionnels ; vingt-trois fonctionnaires
techniques, biologiques et administratifs, quatorze médecins assistants, trois
médecins mandataires, sept enseignants, deux psychologues, deux infirmières et dixneuf
auxiliaires.
Il y a trente salles destinées au soin des patients et aux services auxiliaires dans l’immeuble
de l’unité ambulatoire inauguré en 1979. Outre les consultations dermatologiques
générales — on reçoit des patients du Brésil et de toute l’Amérique Latine —, il y
a aussi des groupes qui se consacrent à des pathologies spécifiques sous la responsabilité
des professeurs du groupe d’enseignants.
300 dermatologues ont déjà obtenu leur diplôme dans cette unité, qui compte actuellement
26 résidents. Quant à la spécialisation, trente élèves passèrent la maîtrise jusqu’en
1999, quarante-cinq obtinrent le doctorat et dix-sept devinrent des enseignants
libres. Les cours de perfectionnement accueillent des candidats pour être médecins-observateurs,
médecins-collaborateurs et médecins-chercheurs. Le département reçoit
aussi des médecins en roulement et organise un cours de spécialisation pour étrangers.
Entre 1991 et 1998, les professionnels du département présentèrent environ
soixante-seize articles scientifiques, dans des publications nationales et quarante-deux
pour l’international, et éditèrent cinq livres : Terapéutica dermatológica [Thérapeutique
dermatologique], de José Eduardo Costa Martins et Luiz Camargo Paschoal ; Clasificación
general de hongos y sistemática [Classification générale des champignons et systématique],
de Carlos da Silva Lacaz ; Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie],
de Luís Carlos Cucé et Cyro Festa Neto ; et Dermatología [Dermatologie], de Sebastião
Sampaio et Evandro Rivitti. Six équipes permanentes mènent une recherche systématique
dans les domaines de l’immuno-dermatologie, de l’oncologie cutanée, des dermatoses
infectieuses et parasitaires, de la dermatologie pédiatrique, de la chirurgie
dermatologique, de l’immuno-déficience et l’immuno-modulation, de l’histopathologie,
du psoriasis et de la photobiologie. Depuis 1989, la direction du service médical est exercée
par le professeur titulaire Evandro Rivitti, qui obtint son diplôme en médecine à
l’USO en 1965 et le titre de docteur en dermatologie et d’enseignant libre à la FMUSP ; il
s’intéresse notamment à l’immunité en dermatologie.
École pauliste de médecine
Nicolau Rossetti commença la dermatologie à l’école pauliste de médecine de l’université
fédérale de Sao Paulo en 1936, tout en en étant le premier titulaire, charge qu’il
exerça pendant vingt ans. Lui succédèrent les Prs Newton Alves Guimarães, Abrahão

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Rotberg, Antônio Francisco Defina, Raymundo Martins Castro et Maurício Mota de Avelar
Alchorne ; de nos jours, la direction est confiée au Pr. Jane Tomimori Yamashita.
Pendant la gestion du Pr. Raymundo Martins Castro, en 1990, la dermatologie se
dédoubla en dermatologie générale et dermatologie infectieuse et parasitaire. L’école
pauliste de médecine compte 9 professeurs pour l’enseignement de la spécialité. La
population ayant un pouvoir d’achat minimal, dont la plupart souffrent de maladies
infectieuses, de dermatites eczémateuses et éritémato-squameuses, représente l’essentiel
de la demande en soins médicaux. Le soin ambulatoire est dispensé quotidiennement
dans deux services de l’hôpital Sao Paulo. Il existe aussi un laboratoire pour effectuer
des examens mycologiques et bactériologiques, un secteur chirurgical dermatologique et
un secteur des allergies.
Les nouveaux groupes de recherche se consacrent à la léprologie, la mycose et la
leishmaniose, la collagénose, la dermatologie pédiatrique, les maladies bulleuses, les
tumeurs, la cosmétologie, l’allergie dermatologique et la dermatologie professionnelle.
La supervision et l’orientation de l’enseignement est à la charge d’un service de MST,
comptant sur la participation de professeurs de médecine.
Ce service est caractérisé par la recherche de la qualité dans la formation des spécialistes.
Outre les cours (diplôme pour les élèves de 3 e et 4 e années) et la spécialisation
par le résidanat — qui propose six postes vacants par an et dont la durée est de trois ans
(une année de clinique médicale et deux de la spécialité) —, le département de l’école
pauliste de médecine offre un cours de spécialisation stricto sensu et trois spécialisations
: dermatologie pour étrangers, dermatologie avancée et dermatologie des zones
sélectives.
Facultés
Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio affirme que la faculté de médecine de
Ribeirão Preto fut fondée dans les années 50 ; la faculté de médecine de Botucatu de
l’UNESP, dont la matière « dermatologie » fut dirigée par le Pr. Neuza Dillon à partir de
1967, fut fondée en 1963. Elle est actuellement dirigée par le Pr. Silvio Marques.
Plusieurs écoles de médecine furent créées dans d’autres villes paulistes entre les années
60 et 80, dont les facultés de médecine de Rio Preto, Unicamp, Santos, ABC, Santo
Amaro, Jundiaí, PUCs de Campinas et Sorocaba, Taubaté, Bragança, Marília et Catanduva.
De nos jours, il existe 19 écoles médicales dans l’État de Sao Paulo; les titulaires
de dermatologie sont pour la plupart originaires de l’USP, comme les Prs Luís Carlos
Cucé, Luiz Henrique Camargo Paschoal, Alice Avelar Alchorne, Neuza Dillon, Nelson
Proença, Maurício Alchorne, entre autres ; parmi les professeurs originaires d’autres
États, il faut distinguer João Roberto Antônio (Rio Preto) et Nei Romitti (Santos).
L’hôpital del Servidor Municipal et l’hôpital del Servidor Público Estatal sont les
noyaux les plus importants pour la formation de dermatologues. Le premier, dirigé par
le Dr Aurélio Ancona López et ensuite par le Dr Alexandre de Mello, est actuellement à
la charge du Dr Ival Peres Rosa ; le deuxième, dirigé à l’origine par le Dr J. Pessoa
Mendes, est actuellement sous la direction du Dr J. Alexandre Sittart.
Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio se distingue parmi les dermatologues qui
contribuèrent le plus à la formation des nouveaux spécialistes. Nous pouvons aussi mentionner
João Bicudo Junior, Argemiro Rodrigues de Souza, Vinicio Arruda Zamith,
Estevão Almeida Neto, Norberto Beliboni, Guilherme V. Curban, ainsi que la section
régionale de la Société brésilienne de dermatologie, créée en 1970.
Hôpital del Servidor Público Estatal
Dans l’univers des utilisateurs de l’hôpital del Servidor Público Estatal de Sao Paulo,
qui comprend 3 millions de personnes, le service de dermatologie reçoit une moyenne
mensuelle de 2500 patients. Il propose, grâce à des conventions conclues avec les facultés
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PAULO R. CUNHA
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de médecine, un internat et accueille trois médecins résidents tous les ans. Le processus
de formation nécessite l’élaboration obligatoire d’une monographie réalisée sous l’orientation
des précepteurs.
Parmi les réussites du service notons : d’importants travaux publiés dans le pays et à
l’étranger, la participation à des rencontres et l’édition d’un livre dont le titre est Dermatología
para el Clínico [Dermatologie pour le généraliste], qui en est déjà à sa 3 e édition.
Le centre d’études dermatologiques Dr José Pessoa Mendes (qui fut directeur du
service médical jusqu’en 1987 et président de la SBD nationale et régionale) contribue
activement à encourager la recherche scientifique dans cette unité autorisée par la
Société brésilienne de dermatologie. Le Pr. Alexandre Sittart est chargé de diriger ce service
; il fait également partie de la direction de l’AMB.
Hôpital Heliópolis
Le service de dermatologie de l’hôpital Heliópolis (Sao Paulo), créé il y a environ
trente ans, devint un centre de référence dans le traitement des mycoses profondes, des
vascularites, des maladies bulleuses et des maladies cutanées graves, dont le diagnostic
et le traitement s’avèrent difficiles.
Le Dr Alice Alchorne fut à l’origine de sa création ; elle en assuma la direction pendant
vingt-deux années consécutives. Actuellement, le Pr. Jacob Levites est le chef du
service de dermatologie. Depuis 1984, le résidanat en dermatologie y est autorisé par le
MEC et la SBD.
Ce service dispose d’une infirmerie spécialisée avec dix lits et il offre un soin continu à la
communauté locale, et même à la région d’Ipiranga et de l’ABC Pauliste. Il a formé jusqu’à
présent de nombreux spécialistes et participé à tous les événements liés à la spécialité.
Hôpital del Servidor Público Municipal
La clinique dermatologique de l’HSPM fut inaugurée en 1945. Tout au long de ses
soixante ans d’existence, la direction fut exercée par les Drs Aurélio Ancona López,
Alexandre Mello Filho, Ival Peres Rosa, Yassubonu Utiyama et Bogdana Victoria Kadunc.
En 1972, encore sous la direction d’Alexandre Filho, le Dr Ival Peres Rosa introduisit
la chirurgie dermatologique, qu’il pratiqua, diffusa et enseigna ; c’est ainsi que la clinique
devint la première au Brésil à effectuer des actes chirurgicaux sans l’intervention
des chirurgiens esthétiques ou généraux. Les assistants de l’hôpital municipal se distinguèrent
aussi bien dans le pays qu’à l’étranger, en publiant des livres et des articles sur
le sujet. La clinique dispose de cinq salles chirurgicales — dont une destinée à la chirurgie
de Mohs —, un laboratoire de mycologie, des centres d’études et dix cabinets ; on
y reçoit 200 patients par jour et près de 1 000 interventions chirurgicales y sont effectuées
chaque mois.
Le service de Jundiaí
Le Pr. Paulo Rowilson Cunha, son chef actuel, raconte: « Les premières années du service
de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí ont été merveilleuses et difficiles
à la fois; elles ont été propices au développement d’actions et d’axes de travail (pour les
résidents, les laboratoires, les cliniques, chez les patients et auprès de la communauté).
Un projet pilote parfait, dont les objectifs étaient clairement l’enseignement, la
recherche et le soin médical, fut entamé sous la direction du Pr. Fernando Augusto de
Almeida. Celui-ci demanda à des personnalités brillantes telles que Carlos Machado,
Vítor Reis, Célia Riscalla, Agenor Silveira, tous de l’université de Sao Paulo, Benedito
Corrêa (mycologie) et Câmara Lopes (pathologiste) de travailler avec lui.
Le service de dermatologie de la FMJ grandit progressivement selon ces objectifs et
quelques-uns des premiers résidents devinrent des professeurs compétents : Célia Antonia
Xavier, Iza Maria Bottene, Jacqueline Calvo, Mônica Bulizani, Otávio Moraes, et les

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
nouveaux membres qui rejoignirent l’équipe, comme les Prs Lucía Helena Arruda et
Dense Steiner. Lors de son 25 e anniversaire en 2002, le service célébra la formation de
50 résidents, dont la plupart furent approuvés au TED et certains incorporés au magistère
de l’unité propre.
Le Pr. Dr Paulo R. Cunha est professeur titulaire de dermatologie de la faculté de
médecine de Jundiaí. En 1997, il obtint le titre d’enseignant libre de la faculté de médecine
de l’USP avec la thèse « Étude comparative sur la sensibilité des tests d’immunofluorescence
indirecte et Immunoblotting ou Western Blotting pour la détection
d’anticorps intercellulaires dans les différentes formes et phases évolutives de la maladie
du pemphigus foliacé ou Fogo Selvagem ». En 1988, il obtint le doctorat en dermatologie
de la FMUSP, en présentant la thèse « Étude du sérum épidémiologique dans le
foyer du pemphigus foliacé endémique (Fogo Selvagem) dans l’État de Sao Paulo ». Il
effectua un post-doctorat à la New York University. Il fut directeur de la faculté de
médecine de Jundiaí pendant la période 1996-2000.
Le service de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí se distingue dans le
domaine de la recherche, principalement sur le Fogo Selvagem. Ses membres sont fiers
d’avoir participé au progrès et au prestige national qu’acquit le service.
L’exemple de Rio Preto
Combien de médecins pourront dire, comme le Pr. Dr João Roberto Antônio, que tous
les spécialistes en dermatologie formés entre 1971 et 2004 furent leurs élèves?
Le service de dermatologie de Sao José do Rio Preto (État de Sao Paulo) débuta
lorsqu’il fut nommé professeur directeur de la faculté de médecine. Né à Catanduva
et installé à Rio Preto dès l’âge de 2 ans, le Pr. João Roberto Antônio obtint son diplôme
à la faculté nationale de médecine en 1964 ; il prépara le résidanat en dermatologie
à la Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, au sein du service du Pr.
Sylvio Fraga, et suivit ultérieurement plusieurs cours de perfectionnement au Brésil
et à l’étranger.
Une fois qu’il eut reçu le titre de spécialiste en dermatologie (SBD, 1967), il retourna
à Rio Preto pour se consacrer à l’enseignement de cette spécialité à la faculté ; en 1971,
il dispensa le premier cours de dermatologie en 4 e année du cursus. Les cours pratiques
se faisaient initialement dans l’unité ambulatoire de la Santa Casa locale, mais ils furent
ensuite transférés à l’hôpital de base. Plusieurs élèves suivirent l’enseignement en dermatologie
(intégrant par la suite le groupe d’enseignants), qui jouit actuellement d’un
certain prestige.
Nous citerons parmi ses membres les Drs João Roberto Antonio, Eurides Pozetti,
Vânia Rodrigues, Ana Maria Nogueira, Tânia Regina Barbon, Margareth Lima, Rosa
Maria Soubhia et Carlos Alberto Antonio. Ils rédigèrent — individuellement ou en
groupe — plusieurs articles scientifiques pour des revues médicales nationales et internationales
; ils reçurent des prix pour leurs travaux présentés aux congrès ; ils collaborèrent
à la rédaction de chapitres pour des livres de dermatologie brésiliens et étrangers
et ils sont invités en tant que conférenciers à des congrès, des journées et des cours,
aussi bien au Brésil qu’à l’étranger.
Le Pr. Joao Roberto Antonio signale que depuis 1974, le service de dermatologie de
l’hôpital de base et la matière de dermatologie de la FAMERP organisent les cours du
résidanat et d’apprentissage pour la formation de spécialistes en dermatologie.
Complexe hospitalier Padre Bento de Guarulhos
À l’institution initiale, inaugurée le 5 juillet 1931 pour soigner les patients lépreux,
s’adjoignit en 1972 l’hôpital Adhemar de Barros, donnant ainsi naissance au complexe
hospitalier.
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PAULO R. CUNHA
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La Société pauliste de léprologie fut fondée le 23 août 1933 ; son siège se trouvait à la
clinique Padre Bento ; la Revista de Leprología de São Paulo, qui deviendrait plus tard la
Revista Brasileña de Leprología, fut créée peu de temps après.
L’hôpital Adhemar de Barros, qui soignait les malades atteints de Fogo Selvagem, fut
transféré en 1972 dans les locaux de l’hôpital Padre Bento.
Le Dr Mário Luís Macca fut le premier chef du service de dermatologie, suivi du
Dr Thais Romero Gatti et du Dr Vitor Manoel Silva dos Reis (1989). En 1991, la SBD
donna son autorisation. En 1996, suite à la création du poste, le Dr Vitor fut désigné
titulaire de dermatologie jusqu’au mois de septembre 2000.
Le service de dermatologie, inauguré en 1998, porte le nom du Pr. Sebastião de
Almeida Prado Sampaio et possède sept salles pour le soin du public général, 62 lits
exclusifs pour la dermatologie, un centre chirurgical, une salle pour les premiers
secours, une salle pour les prélèvements de sang, un laboratoire de mycologie, une mycothèque,
des laboratoires de dermo-pathologie, une salle d’archives pour les illustrations
et un auditorium. Son directeur est le Pr. Dr Mario Cezar Pires.
L’unité ambulatoire reçoit 2 500 consultations et réalise 150 interventions chirurgicales
par mois ; elle inclut des sous-spécialités telles que les maladies bulleuses, la cosmétologie,
la cryothérapie, l’allergie dermatologique, la dermatologie pédiatrique et la
mycologie.
Hôpital Lauro Souza Lima
En 1989, l’institut Lauro Souza Lima (Bauru, SEP) fut officiellement reconnu comme
étant un centre de recherche, en reconnaissance des travaux de recherche et des soins liés
à la dermatologie qui y étaient effectués, ainsi que de l’entraînement du personnel spécialisé.
Son service de dermatologie, créé en 1977, eut comme fondateur et premier chef le
Pr. Milton Wladimir Araújo Opromolla. Comme ses études portaient spécialement sur la
maladie de Hansen, l’institut devint pour tous les pays de langue portugaise le centre de
référence du secrétariat de la Santé de l’État de Sao Paulo et de l’OMS dans l’analyse de
cette maladie. 82 dermatologues y ont obtenu leur diplôme depuis sa création; actuellement,
12 professionnels par an sont diplômés en tant que spécialistes. Le résidanat a une
durée de trois ans. L’hôpital a signé une convention avec la faculté de médecine de Botucatu,
et abrite deux titulaires en spécialisation de l’USP et de l’école pauliste de médecine.
Travail pionnier à Botucatu
Créée en juillet 1962 sous le nom de faculté des sciences médicales et biologiques de
Botucatu, la faculté de médecine locale, qui a débuté ses activités en avril 1963 et qui est
actuellement rattachée à l’université Estadual Pauliste (UNESP), dut faire face à des difficultés
originales : elles ont, d’après les propos du chef de service le Pr. Sílvio Alencar
Marques, « forgé l’esprit guerrier et persévérant de l’école dans cette tradition, s’adaptant
à la personnalité de celle qui fut la pionnière du service de dermatologie, le
Dr Neuza Lima Dillon ».
En 1966, le Dr Dillon intégrait le groupe d’enseignants et de médecins de l’USP qui arriva
à Botucatu pour dispenser le premier cours pionnier de sémiologie dermatologique
dans la première classe de la faculté. Installée dans la ville, elle devint responsable de la
dermatologie au département de clinique médicale. « Tout était insuffisant et difficile,
mais le Dr Neuza a reçu l’aide inestimable des Prs Sebastião Sampaio, Norberto Belliboni,
Raymundo Martins Castro et Dilton Opromolla pour consolider le cours. Elle n’hésitait pas
à mettre de l’argent de sa poche pour fournir de façon permanente le matériel et les articles
nécessaires à la discipline. Elle a tout de suite perçu que le fait de mettre les lits de
l’infirmerie à la disposition de la dermatologie, d’être présente lors de la remise de diplômes
et de vouloir créer avec une audace suprême le résidanat en dermatologie représentait
un bon moyen de s’affirmer et de grandir. »

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
De nouveaux enseignants furent embauchés entre 1971 et les années 1980 : Marta
Cassoni Habermann, Sílvio Alencar Marques, Joel Carlos Lastória, Hamílton Ometto
Stoff, Sílvia Regina Barraviera, Vidal Haddad Júnior et Maria Regina Silvares (rappelons
qu’à Botucatu, les enseignants sont sous le régime du temps complet et du dévouement
exclusif). La création de l’UNESP en 1976 entraîna la construction de nouveaux départements,
la dermatologie se liant à la radiologie et aux maladies infectieuses et parasitaires
; en 1994 surgit le département de dermatologie et de radiothérapie. Cela
représentait la meilleure solution, bien que les possibilités de nouvelles embauches fussent
toujours limitées.
Le résidanat débuta en 1970, comptant quatre lits et une grande demande de soins
ambulatoires ; il traversa un processus de consolidation lent et difficile jusqu’en 1978,
début de sa croissance. Quatre-vingt-deux résidents obtinrent leur diplôme entre 1970
et 2001. Depuis 1994 jusqu’à nos jours, six postes vacants sont offerts. Quant au service
proprement dit, il disposait de deux lits en 1968, tandis qu’actuellement il en possède
seize. L’unité ambulatoire générale et spéciale fonctionne quotidiennement en deux services,
disposant de sept salles de consultations, deux salles de chirurgie et une salle de
premiers secours. Elle dispose également de services de mycologie, de documents photographiques,
d’immunologie allergique, de photobiologie et de télémédecine.
Hôpital et maternité Celso Piero (PUC Campinas)
Le service de dermatologie de la PUC Campinas fut mis en place en 1979 par le
Pr. Dr Walter Belda, son directeur jusqu’à la fin des années 80. Les premiers assistants embauchés
furent le Dr Antônio Francisco Bastos, Maria Elizabeth Nanni et ultérieurement le
Dr João Roberto Pupo Neto. Le résidanat fut approuvé par le MEC en 1987, instituant deux
postes vacants pour la 1 re ou la 2 e année en dermatologie; cette situation se maintient jusqu’à
nos jours, et une expérience de deux ans dans la clinique médicale est exigée.
Après quelques difficultés, le Dr Lúcia Arruda assuma la direction du service de dermatologie
en 2002 et se fixa l’objectif de lui fournir une nouvelle structure. Actuellement
les Drs Mariana Zaniboni, Sylvia Ipiranga, Márcia Mayko Kobayashi, Cláudia Valéria
Braz et Valéria Pereira Santos sont embauchées pour travailler à l’hôpital Celso Piero;
les Drs Rilde Veríssimo (Service d’anatomie pathologique), Glória Sasseron et Antonio
Bastos Filho (unité ambulatoire de dermatologie) et le Pr. Magali Soares (enseignement
de la mycologie) collaborent en tant que médecins volontaires. Les réunions du service
ont lieu le mardi, un professeur invité y participant tous les premiers mardis du mois.
Service de dermatologie de l’ABC
Le service de dermatologie de l’ABC doit ses débuts au Pr. Luis Henrique Camargo Paschoal,
pionnier en chirurgie dermatologique; aujourd’hui c’est le Dr Carlos Machado Filho
qui en a la responsabilité. Le centre de chirurgie dermatologique est actuellement considéré
comme étant l’un des meilleurs d’Amérique latine. Le Dr Luis Henrique Camargo Paschoal
et ses disciples Carlos Machado, Mário Marques, Eliandre Palermo et Francisco Levocci se
distinguent dans la sous-spécialité au Brésil. Le Pr. Francisco Macedo Paschoal fut également
l’un des pionniers de la dermatoscopie classique et numérique.
Outre les services mentionnés ci-dessus, Sao Paulo possède d’autres services habilités
tels que l’hôpital universitaire Wladimir Arruda (chef de service : Dr Luiz Cucé), l’hôpital
Guilherme Álvaro, la fondation Lusíadas (chef de service : Pr. Dr Ney Romitti),
l’université de Sao Paulo, la faculté de médecine de Ribeirão Preto (chef de service :
Pr. Norma Foss), Unicamp (chef de service : Dr Elemir Macedo de Souza), la faculté de
médecine de Marília (chef de service : Dr Spencer Sornas) et l’hôpital universitaire de
Taubaté–UNITAU (chef de service : Dr Samuel Mandelbaum) 3 .
109

PAULO R. CUNHA
110
DERMATOLOGIE DU PARANÁ
Curitiba
Le majestueux hôpital des cliniques de l’université fédérale du Paraná possède
49196m 2 de constructions, 191 cabinets, 374 unités ambulatoires et 635 lits distribués en
quarante-cinq spécialités; il abrite l’un des plus prestigieux services habilités par la SBD,
à la charge du Pr. Jesús Rodrigues Santamaría, qui fut président de l’entité nationale.
Fondé en 1961, lorsque le Pr. Rui Miranda était encore professeur, le service dermatologique
du HC compte déjà quatre décennies. Il fonctionne dans deux immeubles : l’un
pour les services administratifs et l’autre pour les services ambulatoires et le centre chirurgical
ambulatoire pour toutes les spécialités. Ce centre fournit également au service
sept salles pour le soin du public général, sept cabinets, une salle pour des soins mineurs
et une salle pour l’équipe. En moyenne, soixante-dix patients y sont soignés par jour, originaires
du Paraná, du Mato Grosso et de Santa Catarina. À Curitiba prédominent les
maladies de type européen propres à l’ethnie de la plupart de la population, telles que le
cancer de la peau, le lupus, le collagénose, le psoriasis, le diabète, l’artériosclérose et
l’insuffisance vasculaire.
En dehors des murs du HC, le service de dermatologie finance le centre Souza Araújo
(créé par Rui Noronha de Miranda), qui reçoit entre quarante et cinquante personnes par
jour, et se consacre principalement à la dermatologie sanitaire et à l’onco-dermatologie.
Le service, une référence pour tout le système SUS, reçoit, outre les étudiants de l’internat,
les résidents de la clinique médicale qui passent un mois en dermatologie, et les
élèves de l’internat qui choisirent la spécialité pour y passer les quatre-vingts derniers
jours d’entraînement à l’institution, 100 élèves du cursus de médecine par semestre.
Quant à la production scientifique, le service du HC de Curitiba laissa son empreinte
dans les Annales brésiliennes de dermatologie ainsi que dans des publications étrangères,
grâce à des travaux sur la maladie de Hansen et le pemphigus.
Dermatologie de Londrina
La faculté de médecine du nord du Paraná, située à Londrina, fut fondée en 1967,
mais ce ne fut que trois ans plus tard qu’elle commença l’enseignement de la dermatologie,
grâce aux Prs Drs José Schweinden (titulaire) et Lorivaldo Minelli (assistant), suivis
par leurs collègues Roberto Piraino et Roberto Schnitzler.
À la fin de 1979, la faculté de médecine s’unit à d’autres facultés pour former l’université
étatique de Londrina. À cette occasion, le titulaire fut obligé de retourner à Curitiba,
et le Dr Minelli prit alors en charge la discipline ; il conserve de nos jours le poste.
Trois ans auparavant, en 1976, les Drs Minelli et Piraino avaient soutenu leurs thèses de
doctorat et obtinrent les postes de professeur assistant. La thèse du Dr Minelli, Géographie
médicale du pemphigus foliacé sud-américain dans l’État du Paraná, fut dirigée par
le Pr. Raymundo Martins Castro, tandis que celle du Dr Piraino, Porokératose de Mibelli,
le fut par le Pr. Dr José Kriner, originaire d’Argentine.
En 1998, le Dr Minelli fut promu au grade de professeur associé par concours public
présidé par le Pr. Dr Sebastião de Almeida Prado Sampaio.
Dans les années 70 et 80, plusieurs résidents firent leur spécialité à la clinique de dermatologie
de l’université ; à partir des années 90, le résidanat fut officialisé par la Société
brésilienne de dermatologie, offrant la possibilité à plusieurs anciens élèves d’obtenir
leurs diplômes de spécialiste.
Hôpital universitaire évangélique de Curitiba
Le service de dermatologie naquit en 1974, lors de la création de la faculté évangélique
de médecine. Son premier professeur titulaire, le Dr Fernando Laynes de Andrade,
intégra la chaire de dermatologie jusqu’en 1989, accompagné des Drs Álvaro Schiavi Jr.

La dermatologie et les dermatologues au Brésil
et Clarisse Furtado. Actuellement, la direction du service repose sur le Dr Anelise
Roskamp Budel.
Le réseau d’assistance de l’intendance est lié à celui de l’État, se répartissant près de
1000 patients par mois.
La Santa Casa de Misericordia, PUC, dont le chef de service est le Dr Luiz Carlos
Pereira, est un autre service habilité à Paraná.
Gaúchos et la dermatologie
Le Dr Ernst von Bassewitz, un Allemand diplômé à Berlin en 1890, exerça pour la
première fois la dermatologie à Rio Grande do Sul. Après être passé par Sao Paulo, il arriva
à la pampa gaúcha de Rio Grande do Sul en 1894, travaillant dans des localités lointaines
du littoral et de la campagne. En 1927 il publia dans les Annales de médecine de
Rio Grande do Sul un rapport sur l’incidence de la lèpre sur la colonie germanique.
Le Dr Modesto José de Souza fut le premier professeur de dermatologie et de syphiligraphie
de la faculté de médecine de Porto Alegre, créée en 1898 ; il fut suivi par le Dr
Rodolfo Masson et ensuite, par concours public, par le Dr Ulisses de Nonohay ; ce dernier
intégra aussi la colonne révolutionnaire qui partit vers Rio de Janeiro en suivant Getúlio
Vargas.
Le cours comparé de clinique dermatologique et syphiligraphique fut créé en 1942 à
la faculté de médecine de Porto Alegre, dirigé par José Gerbase, originaire d’Alagoas,
disciple de Ramos e Silva. En 1946 vint s’y joindre le Pr. Clóvis Bopp, professeur depuis
1959 grâce à la thèse Chromoblastomycose : contribution à son étude. En 1992 et suite à
un concours public, le Pr. Lúcio Bakos fut nommé professeur titulaire de dermatologie à
l’université fédérale de Rio Grande do Sul.
Sciences médicales
La fondation de la faculté fédérale des sciences médicales de Porto Alegre fut créée
en 1960 sous le nom de faculté catholique de médecine, avec la Fraternité de la Santa
Casa de Misericordia. Quatre ans plus tard, le Pr. Enio Candiota de Campos, scientifique
réputé, fut désigné premier titulaire de la chaire de dermatologie, aux côtés des Prs
Achyles Hemb, Gisela Del Pino et Aída Schafranski. Après la mort du premier,
le Pr. Dr Armin Bernhard prit le relais comme titulaire, remplacé par le Pr. Cláudio
Bartelle.
Le service de dermatologie de la FFFCMPA est situé dans le complexe hospitalier de
la Santa Casa de Porto Alegre, où sont dispensés les cours d’études supérieures et de spécialisation.
Érika Geier, Walmor Bonatto, Renan Bonamigo, Irene Menezes, Aída Schafranski,
Carolina Feijó, Raquel García comptent parmi les professeurs, accompagnés
d’autres collaborateurs.
Le service de la UFRGS
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de Porto Alegre compte trois professeurs
de la UFRGS : un titulaire, Lúcio Bakos, et deux adjoints, Tânia Cestari et Luiz
Fernando Bopp Muller. Il compte également cinq médecins dermatologues — Ane K.
Simões Pires, Isabel C. P. Kuhl, Márcia S. Zampese, Marlene L. Weissbluth et Mirian Pargendler
—, deux résidents et trois élèves, en plus des élèves de maîtrise, et un élève de
doctorat par an. Outre ces activités d’enseignement, les membres du service se consacrent
à l’assistance et à la recherche (celle-ci est très stimulée à tous les niveaux).
Considéré comme le centre de référence du sida à Rio Grande do Sul, le service de
dermatologie de l’HC de Porto Alegre dispose d’un secteur de dermatoscopie numérique,
avec vidéo-dermatoscopie et analyse des images ; un secteur de photothérapie et de photobiologie,
pour soigner les patients photosensibles ; un secteur de santé publique, car il
reçoit les médecins qui se consacrent au sida, aux MTS et à la maladie de Hansen
111

PAULO R. CUNHA
envoyés par le secrétariat de la Santé. L’activité se fait en deux services, les jours
ouvrables, avec une garde les jours fériés et les fins de semaine. Comme c’est un hôpital
de référence, le service reçoit de nombreux patients pour les soins de niveau tertiaire,
présentant des pathologies systémiques et plus difficiles à traiter.
Unité ambulatoire de dermatologie sanitaire
Elle fut créée en 1975 par le Dr César Duílio Varejão Bernardi, disciple du Pr. Clóvis
Bopp et professeur de dermatologie à l’université fédérale de RS. Sous la direction du
secrétariat de la Santé de l’État, il fonda ce service qui visait à la formation de nouveaux
dermatologues et avait pour priorité les maladies dermatologiques d’intérêt sanitaire,
notamment les maladies sexuellement transmissibles et la maladie de Hansen. Une disposition
gouvernementale de 1987 céda l’aire utilisée pour l’hospitalisation des patients
au secteur MST/sida : elle fut utilisée pour le soin des porteurs du virus HIV ; ceci provoqua
l’interruption provisoire des activités du résidanat. Toutefois, le programme de résident
fut repris en 1997 et approuvé par la SBD un an plus tard. Actuellement, le service
reçoit le soutien de l’État comme centre de formation en dermatologie, avec une capacité
de deux postes vacants par an. Le Dr Cecilia Cassal Corrêa est la dermatologue qui
coordonne le service.
Rio Grande do Sul possède un autre service habilité, celui de la polyclinique Santa
Clara ; le chef du service en est le Pr. Cláudio José Bartelle.
Santa Catarina
Santa Catarina possède l’habilitation de l’hôpital de l’université fédérale (chef de service
: Pr. Jorge José de Souza Filho).
■ L’histoire de la RADLA (Réunion annuelle des
dermatologues latino-américains du cône sud)
L’histoire de la RADLA (Réunion Annuelle des Dermatologues Latino-Américains du Cône Sud)
L’idée de la première réunion de dermatologues latino-américains du cône sud
(Argentine, 1973) vint d’une discussion entre les Drs J. Gatti, P. Viglioglia, O. Mangano et
S. Sampaio, pendant laquelle il fut également résolu que la réunion aurait un caractère
annuel, sauf si elle coïncidait avec le Congrès ibéro-latino-américain de dermatologie
(CILAD).
Le Pr. Júlio César Empinotti présida la XXI ème RADLA, qui eut lieu à Foz do Iguaçu
(Brésil) en 2001, et qui compta le plus grand nombre de médecins réunis dans l’histoire
de cet événement. (Note de l´éditeur: voir dans ce livre le chapitre « Réunion annuelle
des dermatologues latino-américains-RADL », p. 447).
■ Quelques maladies maladies et leur traitement et leur traitement
112
Lèpre et maladies vénériennes
Ancien camarade de Carlos Chagas à l’institut Oswaldo Cruz, Eduardo Rabello reçut
vers 1920, en qualité d’inspecteur général de la lèpre, la mission d’élaborer la première
législation brésilienne de prophylaxie des maladies vénériennes, affections qui faisaient
souffrir les patients, mis à part les conséquences de la maladie, les effets négatifs du
manque d’information publique et du retard de la mentalité prédominante.
On accusa les Noirs immigrés d’avoir introduit la lèpre, comme le signale Manoel Santos
en parlant des calamités de Pernambuco entre 1707 et 1715. Selon cet auteur, les Noirs
attrapèrent la lèpre au Brésil, probablement apportée par les Portugais qui l’auraient

contractée dans les lieux d’incidence de la maladie au XVI e siècle: l’île de Madère, les
Açores, les possessions marocaines et les Indes lusitaniennes. Un médecin portugais, Aleixo
Guerra, écrivit dans son Historia de la Lepra en Portugal [Histoire de la lèpre au Portugal]:
« Il ne fait aucun doute que les Portugais ont introduit la lèpre au Brésil en l’an 1500, tel
qu’ils l’avaient introduite à Madère, où elle était inconnue avant leur arrivée. »
Au début du XX e siècle, cette maladie représentait toujours un très grave problème de
santé publique. « Vers 1920 cependant prédominaient encore les préconcepts millénaires
qui faisaient du pauvre ladre une victime effrayante d’un mal qui ne pardonne pas, un paria
de la société, sans patrie ni famille, méprisé et condamné sans pitié à un exil perpétuel afin
de garantir la sécurité de ses semblables qui, pour compenser le sacrifice imposé, le traitaient
avec mépris et parfois lui donnaient même une aumône humilante et rabaissante. »
Eduardo Rabello conclut en 1933 la thèse de l’isolement de la lèpre, prévoyant qu’il
serait facile dans l’avenir de contenir la maladie dans sa phase maculaire.
À peu près vers la même époque, Rio de Janeiro et Sao Paulo (avec Emilio Ribas,
Aguiar Pupo et Salles Gomes) se rassemblèrent pour entreprendre des campagnes sur le
problème, cherchant non seulement à humaniser le traitement mais aussi à établir des
éléments de prévention pour les enfants des malades hanseniens. Nelson Souza Campos
réussit à montrer en 1937 le cas curieux d’infiltrés tuberculoïdes précoces qu’il appela
lèpre nodulaire infantile et qui fut traduite par lepra-infeckt dans la thèse de Rabello (Jr.)
(1941). Abrahão Rotberg démontra à son tour en 1934 la valeur du pronostic de la
réaction de Mitsuda, et en 1937 la notion du facteur N comme responsable des formes
de résistance de la maladie de Hansen.
En 1940, Aguiar Pupo fut le premier à montrer l’importance épidémiologique des
formes non caractéristiques de la maladie. Ces idées obtiendraient leur consécration à
Rio de Janeiro lors de la Conférence panaméricaine de 1946 ; peu après, la notion de
polarité, postulée par Rabello (Jr.) depuis 1938, obtint la reconnaissance du milieu
international en 1948 à La Havane.
Le Fogo Selvagem
Le Fogo Selvagem (FS) est une maladie endémique de certaines régions du Brésil, qui
touche environ 15 000 personnes et dont la prévalence se situe chez des individus jeunes
qui habitent les zones rurales du pays. À Sao Paulo, la croissance du nombre de cas dans
les années 30 poussa le gouvernement à créer un hôpital exclusif pour ces malades ; plus
tard, d’autres hôpitaux furent inaugurés à Goiânia et à Campo Grande. En 1970, on
estimait à 10 000 au moins le nombre de cas connus de FS dans les États endémiques du
Brésil. Le Pr. Sebastião Sampaio (Sao Paulo) et le Pr. Luiz Díaz (USA) encouragèrent en
1983 la création du Groupe coopératif Brésil-USA, consacré à la recherche sur le Fogo
Selvagem; cette entreprise produisit des dizaines de travaux scientifiques et contribua
grandement à faire progresser la connaissance de la pathogenèse de la maladie et le
développement des techniques de diagnostic.
Entre les années 50 et 90, l’incidence du FS diminua à Sao Paulo ; la thèse de doctorat
du Pr. Paulo R. Cunha à l’USP informait du dernier foyer dans l’État, situé dans les
communes de Franco da Rocha et Mairiporã. Les caractéristiques épidémiologiques de
la maladie révèlent fortement que le FS est influencé par des facteurs environnementaux
; les efforts des chercheurs visent à déterminer l’agent étiologique environnemental
qui déclenche cette maladie au Brésil.
Campagne de prévention du cancer de la peau
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
L’épidémie silencieuse, c’est-à-dire l’incidence croissante du cancer de la peau
dans le monde entier, constitue aussi au Brésil l’un des plus graves problèmes de santé
113

Figures 14 et 15.
Campagne de
prévention du cancer de
la peau (24 novembre
2001)
PAULO R. CUNHA
publique. C’est pour cette raison que la campagne menée par la SBD fut élargie en
1999 du domaine régional au domaine national, afin que la population prenne
conscience des conséquences terribles de la maladie, dont 100 000 nouveaux cas sont
répertoriés chaque année. Cette campagne accueille plus de 30 000 personnes par an
(figures 14, 15).
Le programme national de contrôle du cancer de la peau, coordonné par le Pr.
Marcus Maia, fut créé dans le but d’informer et de faire prendre conscience du besoin
de changer les attitudes, les croyances et les conduites liées aux risques encourus par la
population.
Ce programme se compose de cinq modules: 1. centre de diagnostic et de traitement;
2. programme d’éducation des professionnels de la santé ; 3. programme d’éducation
pour la protection solaire; 4. programme d’éducation à travers les médias ; 5. campagne
annuelle pour l’examen de la population.
En 2000, la SBD et l’université fédérale de Rio de Janeiro s’unirent pour inaugurer un
service permanent de prévision quotidienne du taux de risque par brûlures solaires. Le
taux ultraviolet (TUV) est fourni sur Internet ou par téléphone; il est également fourni aux
capitales des États par le biais des journaux, de la radio ou de la télévision nationale.
■ Les défis de la Dermatologie de la dermatologie pour le nouveau millénaire pour le nouveau millé-
114
La régionalisation de la SBD débuta après la commémoration de ses cinquante ans
d’existence, lorsque la participation fut ouverte à tous les États brésiliens. Actuellement
les sections régionales exercent une influence extraordinaire dans les entreprises de la
SBD, renforçant ainsi la nationalisation de l’entité. Tout en garantissant l’intégration,
elles agissent au sein des unités comme de véritables délégations de l’entité majeure,
sans perdre pour autant les caractéristiques des organisations locales.
Dans le domaine scientifique, la dermatologie n’est plus une spécialité purement clinique
: elle a évolué en tant que spécialité clinico-chirurgicale. Tout comme la notion de
« santé » se vit élargie — la santé n’étant plus l’« absence de maladies » mais plutôt un
synonyme de bien-être physique, moral, social et mental —, la dermatologie inclut des
nouveautés qui attirent actuellement de nombreux professionnels et patients, dont
l’attention se tourne spécialement vers la cosmétologie.
Au-delà de la révolution vécue avec l’arrivée des antibiotiques, des corticostéroïdes et
des rétinoïdes, les défis de la dermatologie résident encore dans les maladies infectieuses

comme le sida, la leishmaniose et les MST. De nouveaux concepts vont surgir grâce à la
biologie moléculaire, et ces études vont sans doute apporter des bénéfices extraordinaires
pour la dermatologie brésilienne et mondiale. ■
■ Références
bibliographiques
1. Campbell I. Zaitz C., Teixeira
J.E., editores. História da
Dermatología Brasileira. Uma
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Visão Panorâmica. Rio de
Janeiro : Medsi Editora
Medica e Cientifica ; 1999.
2. Carneiro G. História da
Dermatología no Brasil. Rio de
Janeiro: Ed. Sociedade Brasileira
de Dermatología; 2002.
Octobre 2005
3. Forgerini E. Rossini C. editores.
Mestres da Dermatología
Paulista, Sao Paulo : Editora
JSN ; 2002.

La dermatologie précolombienne
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
EN COLOMBIE
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
COLLABORATEURS: DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA
ARENALES, MICHEL FAIZAL GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ
VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS, GUILLERMO GUTIÉRREZ
ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS
■ La dermatologie précolombienne
Jaime Gil Jaramillo-César Iván Varela Hernández
Certains auteurs estiment que les premiers habitants de la Colombie arrivèrent au
pays en quête de nouvelles terres et de meilleures conditions de vie au cours d’une étape
paléo-indigène (15 000 à 10 000 av. J.-C.). Profitant des glaciations, ils passèrent par le
détroit de Behring en provenance d’Océanie et d’Asie ; d’après Méndez Correa, il est également
possible qu’ils soient arrivés par l’Antarctique et l’océan Pacifique 1 .
La faible densité démographique, la dispersion des colonies et l’absence d’animaux
domestiques favorisèrent la dissémination moindre des maladies ; des évidences anthropologiques
prouvent une croissance importante de la population parmi les Chibchas 2 .
Nonobstant, ils souffrirent d’affections génétiques, auto-immunes, traumatiques, dégénératives
et infectieuses, qui entraînèrent la mise en place de mesures de prévention et
de traitements ; ils découvrirent aussi certains médicaments.
Les habitants préhispaniques du continent américain considérèrent sagement que
l’être humain était un élément de plus dans le cosmos, et qu’ils ne pouvaient pas rompre
l’équilibre de la nature sans recevoir un châtiment visant leur santé. Nos indigènes classifièrent
les maladies en plusieurs groupes. Les Nukaks du sud-est du pays les divisaient
en : 1) poussées et boutons associés à des « fléchettes magiques » lancées par des « êtres
ennemis » et/ou faisant partie d’un châtiment, soit que la chasse et la pêche avaient été
infructueuses, soit qu’elles avaient été excessives ; 2) associées aux esprits de la forêt
(EbEp) et à la piqûre des tonnerres (takuEji), très dangereuses, qui pouvaient entraîner
la mort; 3) associées au manque de respect des normes ; 4) maladies mineures qui n’impliquaient
pas la mort, telles les piqûres et les petites blessures 3 . Les Huitotos du Putumayo
croyaient que la maladie était le produit d’attaques « chamanistes » (sorciers)
d’autres tribus. Les Paeces les classifiaient en visions du « lutin », du « cacique » et de
117

Figure 1.
Céramique jamacoaque.
Bartonellose.
Collection privée de
Hugo A. Sotomayor T.
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
118
l’« arc » ; cette dernière catégorie incluait les enfants portant des traits physiques d’animaux
et qui présentaient des boutons sur la peau. D’autres tribus les classifièrent en
maladies « chaudes » — comme la fièvre — et en maladies « froides » — comme le rhumatisme
— ou simplement en accidents (fractures). Parmi les Emberas, la maladie était
produite et guérie par les jais, qui étaient « l’essence des choses, considérée comme une
énergie, quelque chose de vital. » 4 Les Motilons tinrent compte de certaines notions de
contagion et donnèrent une valeur mineure à la sorcellerie. Les Chibchas définirent les
mots liés aux maladies, par exemple sojusua (acné et furoncle), sinua (pellicules), gacha,
bimi (ulcère), iza (ulcère, gale et variole) 5 .
Maladies dermatologiques autochtones
L’époque préhispanique connut certainement bien des maladies ; cependant, la perte
des tissus mous des dépouilles humaines conservées en empêche le constat. Néanmoins,
certaines maladies furent catégoriquement définies. C’est le cas du carate, causé par le
Treponema caratenum, appelé puru-pururú dans la région Guainía, qui était fréquent
dans le Chocó 6 ; d’après le père Rivero, « ils souffraient de carate, qui affectait les mains
et le visage avec des taches bleues et blanches, dont ils étaient fiers au point que les
jeunes femmes ne souffrant pas de carate n’étaient pas demandées en mariage
». Les boubas, frambesía ou pian, causés par le Treponema pertenue, furent
bien documentées par les études paléontologiques de José Vicente
Rodríguez Cuenca et Carlos Armando Rodríguez, réalisées sur des dépouilles
de la vallée du Cauca 6 . Des trouvailles archéologiques 7 (figure 1) prouvent la
présence de la bartonellose (verrue péruvienne) — dont le vecteur est le Phlebotomus,
Lutzomía colombiana —. Le charbon bactérien, appelé maraña, était
fréquent dans la péninsule de la Guajira; selon Pineda Giraldo, « l’homme est
contaminé lorsqu’une goutte de sang tombe sur sa peau quand il ouvre un animal,
ou lorsqu’il se blesse en l’ouvrant, ou lorsqu’il mange la viande mal cuite
de l’animal mort de cette maladie ». Le tokelao (Tinea imbricata), touchait les
Indiens du Chocó, de la côte du Pacifique. Les fièvres pétéchiales et les boubas
causèrent des dégâts parmi les conquistadors lorsqu’ils arrivèrent par la région de
Patía depuis le Pérou. La gale, les piqûres de moustiques, d’abeilles, de guêpes, de
tiques, de puces, d’arachnides étaient fréquents; ainsi que les morsures de grands
lézards (comme les caïmans), de serpents des genres Bothrops, Lechesis mulamuta
(putréfactrice) et Crotalus dirussus terrificus (serpent à sonnette), tout comme les morsures
de chauve-souris, notamment de Desmodus rotundos, qui transmirent arbovirus et
causèrent des anémies 6 . La nigua (Tunga penetrans) et le gusano de monte (nuche,
myiase) étaient complètement inconnus des Européens ; d’après Safari, « on estime que
les insectes des régions tempérées provoquèrent davantage de victimes parmi les Espagnols
durant la conquête que toutes les flèches empoisonnées des Indiens. Ils ne connaissaient
pas de remède pour la nigua, et pour se débarrasser des moustiques ils étaient
souvent obligés de s’enterrer dans le sable ». La filariose par Manzonella ozardi, existe
toujours dans nos forêts du Vaupés 2, 6 . La leishmaniose, dont José del Carmen Rodríguez
Bermúdez déduit la présence à partir d’une sculpture préhispanique trouvée à Cundinamarca,
est également examinée. Les traces des excréments fossiles prouvent la présence
de plusieurs parasites intestinaux comme Strongiloides, ascaris et trichocéphales 6 .
Quant à la syphilis vénérienne, son origine américaine ou européenne fut largement
discutée, mais d’anciens témoignages écrits laissent supposer son existence dans nos
terres à l’époque préhispanique. Des études paléontologiques récentes remontant à
3000 ans av. J.-C. — comme celles du Pr. José Vicente Rodríguez Cuenca (université nationale
de Colombie) et de Gonzalo Correal Urrego, qui en trouva des traces dans le tissu
osseux des dépouilles d’Aguazuque (Cundinamarca) — semblent le confirmer 6, 10 . Dans

son ouvrage Tratado llamado fruto de todos los santos contra el mal serpentino venido
de la isla Española [Traité appelé fruit de tous les saints contre le mal serpentin venu de
l’île Española] (1509), le médecin espagnol Rodrigo Ruiz de Isla affirme qu’elle « fut apportée
d’Haïti dans les nefs de Christophe Colomb, les premiers cas ayant existé à Barcelone
en 1493 ». La même idée est exprimée dans Historia general y natural de las Indias
[Histoire générale et naturelle des Indes] du chroniqueur Gonzalo Fernández de Oviedo
(1535): « Ainsi, le ‘mal français’, ‘mal napolitain’, ‘mal serpentin’, ‘mal lazarin’ ou ‘maladie
des courtisanes’ était en réalité une maladie d’origine américaine »; et il note aussi
dans une communication sur l’expansion de la syphilis dans les nouvelles terres et sur son
arrivée dans la péninsule Ibérique, adressée au roi d’Espagne: « Aux Indes... il existe le
palo santo, que les indigènes appellent guayacán... La vertu principale de ce bois est de
guérir le mal des boubas... il recueillent de fins éclats à partir de son bois … qu’ils font
cuire dans une certaine quantité d’eau… et lorsque l’eau a disparu avec la cuisson… les
malades la boivent certains jours, le matin, à jeun… et plusieurs malades guérissent sans
aucun doute de ce mal. Votre Majesté peut bien croire que cette maladie est venue en
Espagne en provenance des Indes. » Il est possible que le Treponema ait subi des mutations
lors de son arrivée massive en Europe, sa pathogénicité grandissant dans un milieu
et une population vierges jusqu’en 1493 2 .
La présence de la tuberculose en Amérique préhispanique est aujourd’hui largement
documentée par les techniques d’ADN ; des dépouilles de la culture muisca présentent
des lésions osseuses en un nombre relativement important de cas, ce qui laisse supposer
que la maladie affecta beaucoup les communautés 6 .
La maladie de Chagas, produite par le Tripanosoma cruzi et transmise par des triatomides,
ne se trouve qu’en Amérique.
Outre ces maladies, la santé de la population native fut affectée par les blessures des
flèches empoisonnées soit par des herbes (Ogendeia terstroeniflora, Moracea et Strychnos
toxicaria), soit par des venins d’animaux tels que les crapauds (Dendrobates), les
araignées (mygale) et les serpents. D’autres maladies non infectieuses furent l’hypothyroïdisme
congénital, le goitre, le bec de lièvre, l’albinisme, le nanisme et la pilimiction
(kyste dermoïde de la vessie) observée à Popayán.
Plantes médicinales et méthodes thérapeutiques
Histoire de la dermatologie en Colombie
Les indigènes classifièrent les plantes de diverses façons, résumées comme suit :
plantes de la connaissance (psychotropiques), amères (énergétiques), purgatives, stimulantes,
préventives et médicinales au sens strict 11 . L’herboristerie indigène contribua
beaucoup au développement de la thérapeutique ; parmi les plantes considérées sacrées
et médicinales notons : l’achiote (Bixa orellana), utilisé pour prévenir les brûlures du soleil
; la chica (Bignonia chica), pour faire fuir les insectes et prévenir les morsures de serpents
et de chauves-souris ; l’otoba (Miristicacea), pour la gale et le soin des cheveux,
utilisation inaltérée ; chez les Cubeo et les Macuna, le piment (Capsicum) fut employé
pour traiter l’acné « pour maintenir le visage libre de points noirs et de taches ; le jus du
piment, absorbé par le nez au moyen d’un tuyau de feuilles, exsude la graisse naturelle
» ; pour guérir le nuche, ils mettaient un cataplasme en diachylon grâce à quoi la
larve mourait et qu’ils pressaient ensuite ; la coca (Erythroxylon coca), qu’ils mâchaient
(mambeo) pour obtenir un « organisme plus résistant » ; le palo santo et le guayacán, utilisés
pour les boubas ; le coralito, dont le fruit « mouillé et frotté détruit les lèpres ou les
taches qui surgissent sur le corps, que certains appellent dartres, d’autres carates et
d’autres par des noms semblables, immondes et répugnantes, et qui laisse la chair et la
peau propres, sans aucun signe de maladie 12 »… ; le tabac, utilisé comme cicatrisant, hémostatique
et cautérisant pour les morsures ou les blessures causées par les flèches empoisonnées,
fut peut-être l’herbe qui jouit le plus d’influence pendant la Colonisation 3,13 ;
119

Figure 2.
Temple solaire. Saint-
Augustin,
300 après J.-C.
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
120
la caraña (résine de palmier), pour les plaies purulentes ou les blessures récentes ; les
herbes des boubas, dont on fabriquait une poudre pour l’épithélialisation des blessures ;
l’acedera pour le tabardillo et la quinquina pour les hématomes 9 .
Outre les plantes, les indigènes employèrent des substances et des éléments animaux
dans leurs traitements, par exemple un mélange de pâte de sébum, de vert-de-gris et de
farine de maïs grillée ou des poudres d’écorce de crabe et de corail rouge pour soigner les
plaies; les os de lamantin furent utilisés comme hémostatiques et le miel d’abeille comme
antiseptique local. Les dents, crocs et griffes d’animaux étaient des amulettes qui prévenaient
les maladies. Pour les piqûres de vers et de certains scorpions, Aguado dit qu’ils
« extraient les tripes et ils enduisent la piqûre avec des herbes ramassées ». S’ils ne trouvaient
pas l’animal qui les avait piqués et que l’endroit affecté était « le doigt ou une partie
semblable, ils l’enfoncent dans le sexe de la femme pour stopper la fureur du poison 9 ».
Quelques-uns des remèdes actuellement employés étaient déjà utilisés par nos indigènes,
qui avaient atteint un certain degré de développement en médecine et en thérapeutique.
Des traces, même fragmentaires, de l’apport important de la pharmacopée des
nouvelles terres sont contenues dans de précieuses descriptions de l’époque de la
Conquête et la Colonisation. Notons les ouvrages de Nicolás Monardes, qui publia en 1574
son traité Primera, segunda y tercera parte de la historia medicinal de las cosas que se
traen de nuestras Indias y que sirven de medicina [Première, deuxième et troisième parties
de l’histoire médicinale des choses apportées depuis nos Indes et qui servent de médecine],
ainsi que le Tratado de las drogas y medicina de las Indias [Traité sur les drogues
et la médecine des Indes], de Cristóbal de Acosta. Les autres types de traitement incluaient
l’hydrothérapie, la thermothérapie et la balnéothérapie dans des puits d’eau thermale,
ainsi que les régimes, les purges et les bains d’encens. Quant à la chirurgie, les indigènes
effectuaient le drainage des abcès et l’extraction de niguas avec des épines ou des fibules,
tout comme des trépanations crâniennes et des craniotomies obturées avec de l’argile.
Fondements de la médecine indigène
La médecine indigène avait deux fondements. Le premier, du genre préventif, aussi
bien individuel que collectif, qui se manifestait de diverses façons: les malades graves
étaient abandonnés dans le but de protéger la survie du groupe; les colonies se déplaçaient
en fonction du cumul de grandes quantités d’ordures et de déchets, comme une prévention
envers les facteurs déclencheurs de
maladies; les femmes ayant leur menstruation
étaient isolées ; les maisons
étaient construites dans les arbres, et ils
dormaient dans des hamacs et sous de
petites tentes. Le deuxième, du genre
symptomatique, faisait appel à l’ingestion,
l’inhalation, la mastication ou l’onction de
plantes diverses (au cours de régimes ou
de saignées), destinées à soulager les
affections orales, épidermiques ou traumatiques.
Cas extrême: la coutume de l’infanticide,
pratiquée chez les nouveau-nés qui
présentaient des défauts physiques et dans
le cas de certaines génodermatoses telles
que l’albinisme 14 .
Pendant la Découverte et la Conquête,
nos indigènes subirent une grave détérioration
organique, la diminution ou la

perte de leurs valeurs spirituelles ancestrales, un sentiment d’infériorité et la disparition
presque totale de leur conception du monde ; ceci fut la conséquence de l’imposition des
changements culturels — drastiques, rapides et forcés —, qui les amena à disparaître
presque complètement 15 . Ces lignes, brèves mais sincères, constituent un hommage et un
tribut pérenne d’admiration et de respect envers nos indigènes ; hier comme aujourd’hui,
ils nous offrirent des leçons de bonhomie, de vie commune harmonieuse et amoureuse
avec les êtres animés ou inanimés que mère nature nous fournit (figure 2).
César Iván Varela Hernández-Jaime Gil Jaramillo
Alonso de Ojeda, Amerigo Vespucci et Juan de la Cosa débarquèrent sur les terres
colombiennes à Coquibacoa — de nos jours Cabo de la Vela, péninsule de la Guajira — en
1499, ouvrant ainsi la période de conquête de notre territoire qui s’étendit jusqu’à 1550 1 .
Santa Fe de Bogotá (aujourd’hui Bogotá) fut fondée au cours de cette période, le 6 août
1538, par Don Gonzalo Jiménez de Quesada. L’arrivée des colonisateurs espagnols
entraîna un changement radical chez les populations indigènes, par rapport à leur façon
de vivre, à leur alimentation, à leurs coutumes et à leurs croyances, également menacées
par l’imposition d’une nouvelle religion. La vulnérabilité organique de nos aborigènes était
déterminée par la malnutrition — leur alimentation était basée sur les hydrates de carbone
et la consommation de protéines était rare —, par les maladies propres à l’Amérique
et par l’absence d’immunité contre les maladies importées d’Europe. Ces facteurs, ajoutés
à la domination des colonisateurs, provoquèrent un immense désastre démographique
parmi les communautés aborigènes. On estime qu’au XVII e siècle, 90 % de la population
native avait disparu. Toutefois la rencontre des deux mondes fut bénéfique en raison du
métissage entre les apports de nos indigènes à l’humanité, de par leurs vastes connaissances
en herboristerie, et l’apport scientifique provenant de l’autre côté de l’océan.
Les premiers protomedicos et médecins
Álvarez Chanca fut le premier médecin européen arrivé en Amérique au cours du
deuxième voyage de Colomb; en 1514, il arriva sur les terres du Darién. Les conquistadors
amenèrent aussi des charlatans, des empiristes et quelques protomedicos militaires comme
le capitaine Antonio Díaz Cardozo en 1538 et le soldat Martín Sánchez Ropero 9, 16 . Comptons
parmi ces personnages Pedro Fernández de Valenzuela, personnage populaire et
controversé qui écrivit le Tratado de medicina y modelo de curar en estas partes de Indias
[Traité de médecine et modèle pour guérir dans ces parties des Indes] ; Mendo López
del Campo, Lope Sanjuán de los Ríos et Esteban González (chirurgien) ; on mentionne la
présence de Luis de Soria et de quatre barbiers (chirurgiens) à Santa Marta en 1528 ;
Martín Rodríguez exerçait la médecine à Carthagène en 1547.
La médecine ne fut pas enseignée en Colombie pendant la Conquête.
Les premiers hôpitaux
Histoire de la dermatologie en Colombie
■ La dermatologie La dermatologie depuis la découverte la découverte de l’Amérique de jusqu’à l’Amérique la Colonie. jusqu’à L’influence l’époque
de la
Conquête coloniale. et les nouvelles L’influence maladies de la Conquête et les nouvelles maladies
La Découverte et la colonisation eurent lieu du côté de l’Atlantique ; par conséquent,
les colonies de cette région furent les premières à être peuplées et ce fut donc à cet
endroit que débuta le soin hospitalier. D’après Andrés Soriano Lleras, le roi Ferdinand le
Catholique ordonna en 1513 la création d’un hôpital au Darién — l’hôpital de Santa
María la Antigua del Darién —, transféré en 1524 sur le territoire du Panamá actuel. La
121

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
construction de l’hôpital San Sebastián, appelé aussi Santa Clara (ou de La Caridad), fut
entreprise à Carthagène en 1535 ; cet hôpital était destiné au soin de tout type de
malades. L’hôpital de San Lázaro (le premier lazaret) commença à être construit au
cours de la même année, suivi de la fondation de l’hôpital del Espíritu Santo pour les
malades incurables et de l’hôpital de Santa Marta (en 1528) 2, 16 .
Les nouvelles maladies importées d’Europe
Les conquistadors espagnols véhiculèrent plusieurs maladies dermatologiques, parmi
lesquelles il faut remarquer la lèpre et les maladies exanthématiques, notamment la
variole et la rougeole. Pour leur part, les esclaves africains arrivaient décimés par le
scorbut, la gangrène, la variole, le typhus et surtout la lèpre; le marché et la traite des
esclaves furent donc autant de facteurs déterminants dans la propagation de plusieurs
maladies.
Selon Soriano Lleras, le moustique Aedes aegyptii fut le vecteur de la fièvre jaune
dans les centres urbains. L’Aedes voyagea sur les bateaux avec les esclaves africains, débarqua
sur les côtes de l’Atlantique et s’enfonça dans les terres, suivant la rivière Magdalena,
provoquant plusieurs épidémies dès 1509 8 . Le tabardillo (typhus
exanthématique) causa de multiples épidémies depuis le XVII e siècle ; cette Rikettsiosis
provoquant une mortalité élevée obligea les Espagnols à interdire aux Indiens de se laver
tous les jours 6 . D’après Pedro de Aguado, la première des multiples épidémies de variole
se produisit en 1558 ; le virus arriva sur le littoral caribéen par l’île Española et se propagea
sur la terre ferme via la rivière Magdalena : « Ainsi, une Noire attaquée de ce mal
contagieux qui venait de la côte maritime,… selon les dires des gens, fut la cause de cette
calamité et de ce malheur 16 … ». Les épidémies ultérieures de variole, tout comme celles
de rougeole, causèrent beaucoup de morts parmi les indigènes, les esclaves noirs et
même les Espagnols. Citons d’autres maladies dermatologiques ou analogues : la brucellose,
la blennorrhagie, les mycobactérioses, le choléra, la diphtérie, la peste noire ou bubonique
et les tréponématoses, la rubéole, la grippe et le dengue, la malaria, les
schistosomiases, l’éléphantiasis arabe, causée par la filaire Wuchereria bancrofti, et la
cécité des fleuves par l’Onchocerca volvulos 6 . La pédiculose et des nouveaux vecteurs
comme le moustique (Aedes aegypti), la puce (Xenophylla cheopis) et des hôtes de zoonoses
tels les équins, les caprins, les bovins, les porcs, le chat domestique et les souris
furent d’autres maux importés 2, 6 .
■ La dermatologie La dermatologie depuis depuis l’époque la Colonie jusqu’à coloniale nos jours jusqu’à nos jours
122
César Iván Varela Hernández
La médecine de la période coloniale fut le produit des connaissances européennes et
de la sagesse et la magie des Indigènes, le métissage entre des substances et des pratiques
thérapeutiques et des doctrines et des ingrédients psychoreligieux. La « médecine
spirituelle » joua un rôle important, caractérisée par la construction de cathédrales et
d’ermitages et par l’arrivée des images de la Vierge (comme celle de Chiquinquirá en
1598), considérées comme des médiatrices du médecin suprême. Tout cela vint s’ajouter
à l’assistance spirituelle offerte aux Indiens et aux esclaves de la part de prêtres miséricordieux
comme saint Pedro Claver, l’apôtre des Noirs, qui mourut de la fièvre jaune en
1650 2, 3 .
Les maladies caractéristiques de l’époque coloniale furent la variole, le tabardillo (typhus
exanthématique), la rougeole, la lèpre, les boubas et le scorbut. Des épidémies multiples
eurent lieu sur tout le territoire, dont les plus graves furent celles de variole,

affectant plusieurs villes. À Tunja, « les citoyens et les Espagnols décédèrent comme des
rats traqués par la flûte de Hamelin » en 1587. Il n’y avait point d’apothicaireries ni de
cimetières civils ; entre 400 et 1 000 habitants seraient morts (sur un total de 3 000). L’hôpital
couvent de San Juan de Dios ne possédait que deux lits pour les riches et deux lits
pour les pauvres ; le médecin empiriste Pedro Juan Ruiz Delgado y travailla à partir de
1586. Deux décennies plus tard, l’épidémie s’étendit à tout le royaume de la Nouvelle-
Grenade; « les Indiens, effrayés par la grande mortalité, fuirent dans les bois et les montagnes,
abandonnant les peuplements ».
La promiscuité des colonisateurs entraîna la présence de la syphilis dans la région ;
c’est ce qui peut être déduit de l’ouvrage de Juan Rodríguez Freyle El Carnero [Le Mouflon]
à propos du ministre Don Luis Tello de Erazo, habitant de Santa Fe et fonctionnaire
du président du Nouveau Royaume, Diego Gómez de Mena. Le ministre serait parti à
Séville pour y mourir du « mal français » après avoir « échangé la toge par les aventures
avec des donzelles dissolues ».
Une épidémie de tabardillo se déclencha à Santa Fe en 1630, s’étant diffusée dans
tout le pays au bout de quatre ans. Outre la variole, aucune autre épidémie ne fut aussi
dévastatrice ni ne se propagea autant ; selon l’historien Groot, « elle tua les quatre cinquièmes
des Indiens de la savane » ; des archevêques moururent également, tout comme
des prêtres, des religieux, des maires, des nobles, des gens du peuple et des esclaves.
Cette épidémie fut connue sous le nom de peste de Santos Gil, car ce notaire prépara la
plupart des testaments des nobles moribonds, qui lui faisaient don de leurs biens après
la mort de tous leurs descendants, tués par la même peste 2 .
Médecins, hôpitaux et chaires de médecine
Histoire de la dermatologie en Colombie
Dom Álvaro de Aunón fut le premier médecin titré arrivé à Santa Fe (1579), tandis
que Dom Juan López fut le premier médecin créole diplômé en Espagne (1584).
L’hôpital de San Pedro, à Santa Fe, ouvrit ses portes en 1569 grâce au don en 1564
de l’évêque frère Juan de los Barrios y Toledo, qui offrit l’une de ses maisons dans le but
de fonder « un hôpital où vivront, seront recueillis et soignés les pauvres venant dans
cette ville, dans laquelle il y aurait des Espagnols aussi bien que des natifs ». En 1635,
l’ordre des Hospitaliers de San Juan de Dios fut chargé de diriger l’hôpital ; on l’appela
hôpital de Jesús, María y José, mais on le connaît désormais sous le nom d’hôpital San
Juan de Dios 16 . Vingt-cinq hôpitaux furent créés durant la colonisation, tels
celui de San Sebastián à Carthagène, celui de Popayán (1577), celui de Honda
(1600) et celui de San Gil (léproserie), en 1789 ; la première apothicairerie de
Santa Fe fut celle de Pedro López de Buiza (1630).
Au cours des XVI e et XVII e siècles, la médecine ne fut pratiquement pas enseignée
; les rares médecins servaient exclusivement la royauté et les autorités
de la colonisation. Les premières chaires de médecine — au collège Mayor de
San Bartolomé en 1641 et au collège Mayor del Rosario, à Santa Fe — furent
closes faute d’élèves, car « le diplôme de médecin était considéré indigne et
seulement propre aux personnes d’une condition sociale inférieure 9 », outre
l’interdiction pour les Espagnols d’étudier hors de leur pays.
L’arrivée des Bourbons à la tête de l’Espagne au début du XVIII e siècle marqua
la renaissance des études de médecine en Espagne et, par conséquent,
dans ses colonies ; c’est ainsi que la chaire de médecine fut consolidée en 1753
avec José Vicente Román Cancino, à l’université de Santo Tomás, où le premier
médecin, Juan Bautista de Vargas Uribe, obtint son diplôme en 1764. José Celestino
Mutis revint d’Espagne en 1760, apportant les idées de l’Illustration, en fonction desquelles
il diffusa le vaccin contre la variole et encouragea la construction de cimetières
dans les environs des villes ; telles furent les premières mesures de santé publique dans
123
Figure 3.
Miguel de la
Isla

Figure 4.
Antonio Vargas
Reyes
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
124
le pays. Il « découvrit » la quinquina, utilisée de manière ancestrale par les indigènes, et
en tant qu’éducateur médical, il fit de Miguel de la Isla son disciple, futur fondateur de
la première école de médecine à Santa Fe (1802) (figure 3).
Juan Gualberto Gutiérrez, médecin et avocat, travailla en 1810 à l’asile où l’on enfermait
les malades de la variole de Santa Fe et soigna les soldats malades le 5 août
1819, deux jours avant la bataille du pont de Boyacá, libératrice de la Colombie ; il fut au
chevet du grand homme Antonio Nariño lors de son agonie, annotant le moment de sa
mort dans un journal conservé à la maison musée de Nariño à Villa de Leyva 12 .
Les difficultés provoquées par les guerres d’indépendance durant les premières décennies
du XIX e siècle firent disparaître presque totalement l’enseignement de la médecine
dans le pays. La malnutrition, le manque de services basiques et de mesures
d’assainissement, déterminèrent une importante morbi-mortalité durant ce siècle 16 . Plusieurs
épidémies se produisirent : de fièvre jaune, de variole, de syphilis, de tuberculose,
de rougeole, de bartonellose, de parasitoses, de fièvre typhoïde et de typhus exanthématique
; on conseillait d’« être en contact avec le peuple et se vacciner lentement avec les
eaux infectées, avec les écorces sales des fruits 17 »… La lèpre et le paludisme furent
parmi les principaux fléaux du siècle.
La médecine moderne arriva en Colombie avec la République de 1810.
L’histoire des facultés de médecine débuta avec celle de l’université nationale
de Colombie, en mars 1826 ; à cette date, le général Francisco de Paula
Santander promulgua la loi organisant l’université centrale de la République,
première manifestation gouvernementale de l’université publique. En 1864, Antonio
Vargas Reyes fonda à Bogotá une faculté de médecine à caractère privé,
tandis que José María Samper présenta au Congrès de la République un projet
sur l’université nationale des États-Unis de Colombie — inspirée de celle de Santander
— qui serait créée trois ans après (1867), sous le gouvernement de Santos
Acosta. S’y ajoutèrent la faculté de médecine de Vargas Reyes et l’hôpital
San Juan de Dios 18 . À l’époque, quelques médecins étudiaient sous la tutelle de
leurs maîtres, tandis que d’autres partaient à l’étranger, surtout à Paris. La loi
de 1850 permettant l’exercice de la médecine sans licence ouvrit la voie à l’empirisme
et au charlatanisme. Un des grands hommes de la médecine de l’époque
fut Antonio Vargas Reyes (figure 4), qui décrivit magistralement la fièvre jaune
et qui est considéré comme le père de la chirurgie en Colombie 16, 19 .
À propos de la médecine de l’époque, la grande figure de Medellin, Manuel
Uribe Ángel, écrivit en 1881 : « Je crois que nous tuons pas mal de malheureux avec cette
médecine précaire et déplorable. Dieu nous pardonne le mal causé par ces essais. »
Désormais, la médecine hospitalière de l’école française commença à se développer.
La chaire de bactériologie fut florissante à la fin du XIX e siècle grâce à Epifanio Combarías
; elle fut à l’origine de la dermatologie, tout comme les chaires de médecine de laboratoire,
de micrographie et de syphiligraphie. L’enseignement de la spécialité débuta
à l’université nationale en 1886 ; Gabriel José Castañeda en fut le premier professeur.
Le développement général des USA au XX e siècle, qui intègre les grandes disciplines
médicales modernes (la physiopathologie, l’étiopathologie et l’anatomie clinique) à la recherche
et à la technologie, diminua l’influence française sur la médecine colombienne 16 .
La médecine de laboratoire fut renforcée, de nouvelles techniques chirurgicales arrivèrent,
tout comme la pharmacologie, et c’est ainsi que la dermatologie acquit le caractère
d’une véritable spécialité à partir de 1910 à l’université nationale de Colombie, à travers
José Ignacio Uribe 18 .
Le ministère du Travail, de l’Hygiène et de la Prévention fut créé en 1930, comptant
un département pour la lutte contre la lèpre, les maladies vénériennes et la tuberculose.
Le ministère de l’Hygiène fut créé en 1946 ; suivraient la fondation des facultés de
médecine à Cali, Popayán et Manizales, la mise en place des spécialisations et des

Histoire de la dermatologie en Colombie
résidanats médicaux ainsi que la création des associations de médecins spécialistes. Pendant
les dernières décennies du XX e siècle, le développement rapide de la génétique, de
la biologie moléculaire, de l’immunologie, de la pharmacologie et de la technologie systématisée
menèrent à l’ouverture et à l’évolution de tous les domaines de la recherche
en dermatologie, avec des progrès extraordinaires.
Précurseurs et pionniers de la dermatologie jusqu’en 1970
La connaissance de l’histoire nous permet d’exercer avec enthousiasme
et dignité l’héritage de nos précurseurs et pionniers.
Au cours du XIX e siècle, nous reçûmes l’héritage de Ricardo de la Parra, auteur de La
Elefantiasis de los griegos y su verdadera naturaleza [L’éléphantiasis des Grecs et sa nature
véritable] (1838) ; Juan de Dios Tavera, conseillant dans son Estudio sobre la lepra
[Étude sur la lèpre], un traitement avec de l’huile de chaulmoogra (leprol); José Joaquín
García, qui décrivit les altérations sensitives et motrices de la lèpre (1842) ; Marcelino
S. Vargas, convaincu que la lèpre, mal dont il souffrait, pouvait être guérie ; Federico
Rivas Mejía, dont les services furent précieux lors de l’épidémie de variole de 1840 ;
Librado Riva, auteur d’un travail sur La Pelagra [La pellagre] ; Abraham Aparicio, et son
ouvrage Baños fríos en el tratamiento de la fiebre tifoidea [Bains froids pour le traitement
de la fièvre typhoïde] ; Evaristo García, qui écrivit Acción de la Otoba en las enfermedades
de la piel [Action de l’Otoba sur les maladies de la peau] et Variedad de lepra
llamada Mal de San Antón [Variété de lèpre appelée mal de San Anton] ; Policarpo Pizarro,
vénéréologue ; Juan de Dios Carrasquilla, chercheur sur la lèpre et le pemphigus ;
Andrés Posada Arango, pour son ouvrage La Rana venenosa del Chocó [La grenouille vénéneuse
du Chocó], et Ignacio Pereira, dont on se souvient à cause de ses publications
sur des maladies parasitaires. Gabriel José Castañeda fut le premier professeur de dermatologie
à l’université nationale de Colombie (1886-1898) à se pencher sur les maladies
tropicales.
Le début du XX e siècle fut encore marqué par une attention spéciale accordée à la
lèpre et la syphilis. L’ère des laboratoires débuta, qui permit la mise en place de recherches
originales et le développement intellectuel de médecins illustres 17 .
Pablo García Medina, le père de l’hygiène en Colombie,
né à Tunja en 1857, médecin diplômé de l’université
nationale en 1880, exerça à Bogotá ; il fut à l’origine des
lois pour que les léproseries deviennent des colonies de
malades ; il fut le premier président honoraire du Bureau
sanitaire panaméricain et le secrétaire perpétuel
de l’Académie nationale de médecine. Pour sa part, Eliseo
Montaña Granados (figure 5), le père de l’histologie
en Colombie, fut professeur de la chaire en 1904 et
transforma la théorie en pratique au moyen de l’introduction
de nouveaux microscopes et de la microphotographie.
Roberto Franco (figure 6) créa la chaire des
maladies tropicales en 1905 et invita Federico Lleras
Acosta à travailler dans son laboratoire. Ce professionnel, né à Bogotá — où il étudia la
médecine vétérinaire et la bactériologie — , se distinguerait pour ses recherches sur le
charbon bactérien et son vaccin, et plus tard sur la lèpre; il décrivit la « réaction de Lleras
» et fonda l’Institut de recherche sur la lèpre.
La dermatologie devint une spécialité à part entière en 1910, avec la présence de José
Ignacio Uribe à l’université nationale. Manuel José Silva (1892-1980), dermatologue diplômé
de l’université de Paris, fut le professeur titulaire de la chaire de ladite université;
125
Figure 5. Eliseo
Montaña
Figure 6. Roberto
Franco

Figure 7.
Guillermo Pardo
Figure 8.
José Posada
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
126
il fut un maître par excellence, et fonda le musée de cire de dermatologie de cette université.
Gonzalo Reyes García étudia à Paris et à Vienne ; il fut un grand professeur de
l’université nationale — où il avait obtenu son diplôme — entre 1930 et 1962, ainsi que
le fondateur de la Société colombienne de dermatologie et de l’Académie nationale de
médecine. Parmi les professionnels remarquables notons Miguel Serrano Camargo, Carlos
Cortés Enciso et Ignacio Chala Hidalgo.
En 1936, Alfonso Gamboa Amador entreprit le cours de syphiligraphie ; furent également
remarquables à l’époque Alfredo Laverde Laverde, Tomás Henao Blanco et
Guillermo Pardo Villalba (figure 7), qui présida le 1 er Congrès national (1960) à Bogotá
en qualité de président de la Société de dermatologie.
Vers 1957, Fabio Londoño González devint la référence
obligée dans l’étude de la lèpre, de l’immunologie
cutanée et des maladies associées au soleil. Ses apports
à la connaissance et au traitement du prurigo actinique
sont considérables. Sa culture générale, son amabilité
et ses qualités humaines et didactiques furent inégalables.
Il eut des disciples brillants, comme Guillermo
Gutiérrez Aldana, dermatologue et oncologue, professeur
émérite de l’université nationale, un homme éminemment
vertueux, doté d’une aptitude incomparable
pour l’enseignement et l’organisation, qui récupéra et
restaura le musée de cire de l’université — son encouragement
pour celui qui écrit ces lignes fut incomparable;
Víctor Manuel Zambrano et Mariano López
López, une autre lumière de notre histoire, le premier dermatologue diplômé à l’institut
Federico Lleras Acosta. Luis Alfredo Rueda Plata étudia à Barcelone et suivit la spécialisation
en dermato-pathologie avec Degos et Civatte à l’hôpital Saint-Louis de Paris; il fut
l’un des pionniers dans le domaine à son retour en Colombie en 1963; ses apports dans
l’étude des papovavirus furent importants 15, 20 .
Gustavo Uribe Escobar fut le premier dermatologue à Medellin (Antioquia) ; il étudia
à Paris, à Barcelone et à Bruxelles. En 1920, il installa la chaire à l’université d’Antioquia,
dont il fut le recteur ; il fut le fondateur de l’Institut prophylactique pour les maladies
vénériennes, ainsi que de la Croix-Rouge colombienne. José Posada Trujillo
(figure 8) fut formé par lui et lui succéda à la chaire en 1936, comptant sur la collaboration
de Carlos Enrique Tobón. La même école forma aussi Juvenal Gaviria (il exerça à
l’époque dans le domaine privé) et Fabio Uribe Jaramillo, décédé lors de la rédaction de
ce chapitre. En me communiquant la regrettable nouvelle, Flavio Gómez écrivit : « Il était
le dermatologue le plus âgé en Colombie, bon comme l’eau, simple comme le pain, doux
et délicat comme les cannes à sucre de la Vallée, humble, galant, sincère, bon ami, studieux,
il ne connut jamais l’orgueil ni l’arrogance. »
Jorge López de Mesa et Iván Rendón Pizano se formèrent à l’école argentine, tandis
qu’Aníbal Zapata Gutiérrez étudia en Espagne. Les diplômés de l’université de Michigan
revinrent ultérieurement : Gonzalo Calle Vélez en 1955, chef du service de dermatologie
de l’université d’Antioquia jusqu’à sa mort, promoteur de la mycologie dans le pays ;
Alonso Cortés en 1959, bible vivante, maître éminent, polyglotte, historien, doté d’une
mémoire surprenante et d’une très grande bonté ; Mario Robledo Villegas, le premier
dermato-pathologiste du pays, qui approfondit l’étude des mycoses.
La mycologue Ángela Restrepo Moreno mérite une reconnaissance spéciale en tant
que pionnière de la spécialité dans les années 60 et figure distinguée de la recherche mycologique
jusqu’à nos jours.
Les spécialistes suivants proviennent de l’école mexicaine : Hugo Espinal Múnera
et Libardo Agudelo Alzate, suivis des diplômés de l’université d’Antioquia : Enrique

Histoire de la dermatologie en Colombie
Saldarriaga Arango et Víctor Cárdenas Jaramillo (1964) ; Flavio Gómez Vargas (1965),
qui étudia aussi la chirurgie dermatologique à l’université de Rio de Janeiro, un pionnier
de cette sous-spécialité ; en 1967, Juan Pedro Velásquez Berruecos. Ces deux derniers,
professeurs éminents, galants et grands amis, à l’égard desquels j’exprime publiquement
ma profonde admiration et ma gratitude pour leur collaboration désintéressée à la rédaction
de ce travail ; Jorge Mesa Restrepo 15 ; Myriam Sanclemente (née Mesa) et Stella
Castañeda (née Prada) (1969), les pionnières de l’immuno-dermato-pathologie.
À Pasto (Nariño), les médecins Efraín Solare Alava et Jorge García travaillèrent dans
les années 20 et 30 pour contrôler les foyers de lèpre et l’épidémie de bartonellose; José
María Delgado Riascos, qui avait étudié à la Sorbonne, travailla quelques années dans
cette ville vers 1950, s’installant ensuite à Cali 15, 21 .
À Carthagène (Bolívar), la dermatologie eut comme
représentants les personnes suivantes : Rubén Marrugo
Ramírez, le premier directeur de la léproserie de Caño
del Oro (Tierra Bomba, baie de Carthagène); Moisés
Pianeta Muñoz, qui étudia à l’université de Carthagène,
dont il fut le doyen en 1946, « le responsable de la modernisation
de la faculté de médecine », un « multi-spécialiste
et un pédagogue dans l’âme 22 »; Carlos Alberto
Garzón Fortich, qui étudia la dermatologie et la léprologie
au Brésil et aux États-Unis et s’installa définitivement
à Carthagène en 1953. Il fut le premier
dermatologue titré de la ville, ainsi que professeur de
l’université, directeur des lazarets de Caño del Oro et
Agua de Dios, chef de la campagne nationale antilépreuse du ministère de la Santé, détenteur
de la grande croix de Damian (Brésil) et de la grande croix Jorge Bejarano (Colombie)
; Nayib Ambrad Domínguez, formé en Argentine (1950) où il suivit des cours
d’endocrinologie avec Carlos Galli Mainini, E.B. Del Castillo et Guillermo Di Paola ; il fut
collaborateur et disciple du prix Nobel Bernardo Alberto Houssay dans le domaine de la
recherche endocrinienne ; en dermatologie, il fut le disciple du professeur Cordiviola et
auteur de la Coloration contrastée pour les réactions de Galli Mainini; Enrique Alonso
Osorio Camacho (figure 9) étudia à l’université nationale autonome du Mexique, il fut
professeur de l’université de Carthagène (1972-1992) et président de l’Association colombienne
de dermatologie, dont il est actuellement
président émérite et membre honoraire; il exerce avec
excellence la profession à Carthagène. Finalement, citons
Diego Fernando Gómez Pérez, qui obtint son diplôme
de dermatologue en Argentine en 1960 ; il est
enseignant et dirigeant politique 15 .
La ville de Cali (vallée du Cauca) accueillit Julio
César Barreneche Mesa en 1939, qui avait étudié la
dermatologie et l’anesthésiologie en Suisse. D’autres
médecins exerçaient déjà la profession de dermatologue
dans cette ville, sans être pour autant spécialistes,
tels Carlos Salcedo Cabal et Jaime Kelber.
Hernán Tobón Pizarro — du Skin & Cancer de New
York et ayant fait des études à Buenos Aires avec le
professeur Luis Pierini — fut un pilier de la spécialité
depuis 1954 jusqu’à sa mort en 1985. Jaime Betancourt Osorio (figure 10), gloire vivante
de la spécialité, arriva dans cette ville en 1956 après avoir étudié à Madrid (1955) et perfectionné
son savoir aux côtés du Pr. Pierini à Buenos Aires. Lui et le Dr Tobón furent les
premiers professeurs de dermatologie de l’université del Valle. Jaime Betancourt cultiva
127
Figure 9.
Enrique A.
Osorio
Figura 10. Jaime
Betancourt
Figure 11.
Antonio Torres
Figure 12.
Cecilia
Moncaleano

Figure 13.
Pedro M.
Román
Figure 14.
José M. Delgado
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
128
également les arts de la peinture, la sculpture et la poésie ; je professe une très grande
affection et un très grand respect envers lui. Ernesto Correa Galindo, dermato-pathologiste
pionnier formé en Argentine sous la tutelle de Pierini, Borda et Abulafia, installa la
chaire à l’hôpital San Juan de Dios en 1960. Cinq ans plus tard, Antonio José Torres
Muñoz (figure 11), disciple du Dr Correa, perfectionna ses études à Buenos Aires avec
Aarón Kamisnky ; il fut un professeur ad honorem exemplaire à l’université del Valle,
ainsi qu’un parfait lecteur, doué d’une mémoire incomparable et d’une culture générale
très vaste. L’année 1966 marqua l’arrivée de Rafael Falabella Falabella, diplômé de
l’université de l’Iowa, qui créa le service de dermatologie de l’université del Valle en
1970 et le dirigea. Il fut assisté par Jaime Betancourt et Nelson Giraldo ; ses recherches
aidèrent au progrès de l’étude et du traitement du vitiligo.
Cecilia Lasprilla (née Moncaleano) (figure 12), la dame de la dermatologie de la vallée
du Cauca, fut en 1967 la première femme à exercer la dermatologie en Colombie. Elle
avait obtenu son diplôme de médecin à l’université nationale et celui de dermatologue à
l’université de Sao Paulo. Elle joua un rôle majeur à l’hôpital San Juan de Dios, au dispensaire
de lèpre et aux Ferrocarriles Nacionales (Chemins de fer nationaux) jusqu’à sa
retraite en 1991. La même année Nelson Giraldo Restrepo retourna au pays ; il avait fait
des études de dermato-pathologie à Buenos Aires avec le professeur Abulafia et fut un
excellent professeur à l’université del Valle 15, 21 .
L’histoire de la dermatologie à Santander commença avec Álvaro Sabogal Rey, arrivé
à Bucaramanga en 1958 après avoir été nommé par le ministère de la Santé pour diriger
les programmes sur la lèpre, assisté par Virgilio Rodríguez. Alejandro Villalobos
Fernández arriva dans la ville en 1960, après avoir obtenu son diplôme à Buenos Aires ;
il exerça la profession pendant quelques années et se rendit ensuite aux États-Unis. Luis
Felipe Moreno arriva en 1961 après des études en Espagne et il se consacra au traitement
des ulcères des membres inférieurs. En 1964, ce fut le tour de Jaime Acevedo Ballesteros
; ces deux médecins exercent toujours.
Heriberto Gómez Sierra arriva à Manizales (Caldas, la route du café) en 1965 après des
études à l’université d’Antioquia; il fut le fondateur et le titulaire de la chaire à l’université
de Caldas; nous regrettons très profondément sa mort, survenue pendant la préparation
de cet ouvrage. Jairo Mesa Cock, son premier disciple en 1968, fut enseignant pendant
plusieurs décennies et chef de service (1980-1985); il représente actuellement le pilier de
la communication et de l’enseignement dermatologique dans tout le pays à travers Internet.
Bernardo Giraldo Neira étudia la dermatologie aux États-Unis, se spécialisant dans les
allergies et exerçant la profession à Pereira et à Manizales
depuis 1967. Adolfo Ormaza Hinestrosa arriva à Pereira
(Risaralda) vers la même époque, après ses études en Argentine.
Fabio Rivera fut le pionnier de la spécialité à
Armenia (Quindío).
À Cúcuta (nord de Santander) et à Arauca, le maître
Pedro Miguel Román Suárez (figure 13), formé en léprologie
à l’institut Federico Lleras en 1966, fut chargé d’initier
la spécialité. Il apporta pendant quasiment quatre
décennies le bien-être nécessaire à ses patients. À Barranquilla
(Atlantique), les premiers spécialistes furent
Blas Retamoso (ayant étudié la médecine à Carthagène, il
se consacra à la dermatologie), Luis López et Carmelo
Castillo Porto (décédés) et Alí Tajan Calvo (grand homme,
autodidacte et poète, actuellement en exercice). Dans le
département du Cauca, les pionniers furent José María Delgado Paredes (figure 14), dermatologue
de l’université de South Carolina et médecin sanitaire de l’université de Harvard,
responsable du cours de morphologie et professeur de dermatologie de l’université

del Cauca; Mario Ernesto González, dermatologue à l’université de Buenos Aires, professeur
de dermatologie à l’Université del Cauca pendant plus de trente ans; et José Félix
Zambrano Payán, formé à l’hôpital Federico Lleras, professeur collaborateur de l’université
del Valle sur la lèpre et la leishmaniose 15 . Hugo Corrales Lugo arriva le premier à Córdoba
(Montería) dans les années soixante; il fut formé à l’institut Federico Lleras et géra
les programmes sur la lèpre, suivi d’Albio Puche. À Sincelejo (Sucre), Hugo Corrales Medrano
(il est en plus un spécialiste en médecine interne) fut le premier. À Boyacá, Antonio
Morales débuta l’exercice de la spécialité à partir de 1968, lorsqu’il arriva de l’université
de Salamanque (Espagne); il exerce toujours la spécialité avec réussite et compétence 15 .
MARÍA MÉLIDA DURÁN MERCHÁN
Je considère comme pionniers les médecins qui commencèrent à exercer la profession
avant 1970. Même si María Mélida Durán Merchán (figure 15) obtint son diplôme en
1976 à l’université Javeriana, je veux lui rendre hommage pour le rayonnement qu’elle
offrit à la dermatologie colombienne. Adriana Arrunátegui Ramírez dit :
(C’était) une très belle femme, un modèle et une inlassable voyageuse, le glamour
était son signe distinctif ; elle se déplaçait avec élégance et délicatesse dans
tous les domaines. La dermatologie colombienne trouvait en elle son ambassadrice
la plus importante, car elle était un membre notable […] de l’Organisation
mondiale de la santé, de la Ligue internationale des sociétés de dermatologie
[…], de la Société internationale de dermatologie pédiatrique […], de la Société
ibéro-latino-américaine […] ; elle fut vice-présidente et secrétaire exécutif de
l’International Society of Dermatology, ainsi que coéditrice de sa revue. […] Elle
organisa des congrès en Colombie, en Inde, en Australie et en Égypte… Sa vie
fut une recherche constante, l’excellence était son objectif et elle l’atteignit en
étant exigeante envers elle-même. Elle pensa toujours à ses engagements jusqu’à
la dernière minute de son existence ; c’est ainsi que nous la vîmes inaugurer
et clore le XVIII e Cours d’actualisation de dermatologues de l’International
Society à Bogotá sans penser que le lendemain — le 26 juin 2000 — elle partirait
pour toujours. Elle souriait délicatement et chaleureusement, elle était très calme.
Rien ne laissait présager un dénouement aussi rapide.
Descriptions cliniques originales
Histoire de la dermatologie en Colombie
La Colombie a suscité nombre de témoignages sur les maladies dermatologiques depuis
l’époque de la Conquête, tout comme des techniques diagnostiques et chirurgicales,
que nous détaillons ci-dessous :
Piqûres : « Certaines araignées ou moustiques… qui soulèvent, suite à leur piqûre, la
chair avec une grande douleur et une brûlure persistant pendant trois ou quatre heures »
(Père Aguado, Sabandija, près de Neiva) 9 .
Nuche (myiase) : « Un cataplasme en diachylon appliqué sur l’enflure et la chair
molle force la chair et enlève le ver : la bosse dure se défait, la peine et la douleur sont
soulagées » (Juan de Castellanos) 9 .
Altérations sensitives et motrices de la lèpre: « L’absence de sensibilité chez le Lazare
est le véritable symptôme de la maladie et ce qui détermine son existence. » ;
« L’examen des patients doit se faire sans que le malade s’en rende compte, en le blessant
avec un instrument aigu sans qu’il le voie ni ne sente la blessure; en lui demandant
de prendre une pièce de monnaie avec ses doigts dépourvus de cors et apparemment
sains, il ne peut pas la prendre, car n’ayant plus la faculté de toucher, il ne perçoit pas
le corps de la pièce. Si en marchant ils s’arrachent un doigt du pied, ils ne le reconnaissent
pas quand ils ne le voient pas… » (José Joaquín García, 1842) 23 .
129
Figure 15.
María Mélida
Durán Merchán

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
Fièvre jaune : « La maladie frappait brusquement... Les yeux s’injectaient et larmoyaient…
Une profonde anxiété, une prostration extrême des forces, des taches sur la
peau, de l’épistaxis, des gencives qui saignent, une sueur froide, une lenteur extrême du
pouls, le hoquet et finalement la mort… » (Antonio Vargas Reyes) 19 .
Démonstration du pou comme agent étiologique du typhus et différenciation de la
fièvre typhoïde : Luis Patiño Camargo (1922) 17 .
Réaction de Lleras (lèpre) : réaction de la fixation du complément : Federico Lleras
Acosta 24 .
Vaccin pour le charbon bactérien : Federico Lleras Acosta.
Positivité sérologique du carate : décrite par Gustavo Uribe Escobar, Alfredo Correa
Henao, José J. Escobar et Jesús Peláez Botero à Medellin.
Greffes épidermiques et leur application sur les zones achromiques et de granulation
: Rafael Falabella (1971) 25 .
Coloration contrastée pour la réaction Galli Mainini et Ambrad Domínguez : Nayib
Ambrad Domínguez.
Phytophotodermatite des pieds et des jambes par la rue après l’accouchement :
Fabio Londoño González.
Contribution à la description des caractéristiques cliniques et dénomination du
prurigo actinique : Fabio Londoño González.
Traitement du prurigo actinique avec thalidomide : Fabio Londoño González 26, 27 .
Description des effets cytopatiques du virus papova dans l’épydermodisplasie verruciforme
: Luis Alfredo Rueda Plata.
Repigmentation du vitiligo segmentaire par des mini-greffres autologues : Rafael
Falabella (1983) 28 .
Hipomelanose idiopathique en gouttes : Rafael Falabella (1983) 29 .
Leukoderma punctata (achromie lenticulaire) : Rafael Falabella (1984) 30 .
Paramètres cliniques d’anesthésie tumescente dans la chirurgie reconstructive du
cancer de la peau : Álvaro Acosta de Hart (1997) 31 .
Éruption éosinophilique, polymorphe et prurigineuse associée à radiothérapie :
Ricardo Augusto Rueda Plata (1999) 32 .
■ Histoire de Histoire la recherche, de la recherche, l’infectiologie et les sous-spécialités et les sous-spécialités
130
Histoire de la lèpre
On dit que la maladie débarqua en Colombie au XVI e siècle avec les conquistadors et
les esclaves africains, et qu’elle trouva les conditions propices pour s’installer, se propager
et se maintenir dans les milieux ayant des difficultés sociales et sanitaires. Désormais,
une série de pratiques se développa dans différents domaines, comme la création
du premier laboratoire, les mesures sanitaires gouvernementales, la recherche et la statistique,
tout comme la reconnaissance du droit du malade face au préjugé.
C’est à Carthagène des Indes que fut créé en 1610 le premier lazaret, l’hôpital de San
Lázaro, qui subit plusieurs déplacements à cause des plaintes des voisins et dut être clôturé
par des murs en pierre. Les léproseries Caño del Oro (1808), Contratación et Agua
de Dios, dont une partie de l’entretien économique dépendait des impôts sur les liqueurs,
les tissus et la viande, furent créées ultérieurement. Le premier patient lépreux fut inscrit
à Santa Fe en 1646 : il s’agissait de Santibáñez Brochero, le prêtre de la cathédrale.
Au XVII e siècle, la lèpre abondait sur la côte caribéenne et le lépreux était considéré
comme un paria que l’on séparait de sa famille saine et de la société jusqu’à la fin de ses
jours ; il était envoyé avec son mobilier — en prenant toutes les précautions de rigueur
— au lazaret de Carthagène, qui était devenu un cimetière de vivants.

Histoire de la dermatologie en Colombie
José Celestino Mutis eut une idée claire de la maladie au XVII e siècle, faisant la différence
entre les malades peu contagieux ou très contagieux. Au XVIII e siècle, la lèpre attaqua
les départements d’Antioquia et des Santanderes. Le peuplement du Socorro fut si
ravagé en 1775 que les habitants fuirent l’endroit et les maisons des malades furent lapidées
9 . Vers la fin du siècle, le vice-roi Caballero y Góngora écrivit : « À l’instant où un
patient est déclaré lépreux, il est conduit à l’hôpital de Carthagène, on lui indique sa petite
part de terrain et on lui remet sa maison ou habitation où il passera le reste de sa
vie… comme quoi, ces malheureux sont condamnés à une prison perpétuelle 2 …» Au
XIX e siècle, José Joaquín García décrivit les manifestations sensitives et motrices de la
maladie ; Ricardo de la Parra affirma que la lèpre était contagieuse, héréditaire et
curable. Lors de la présentation de sa pièce représentant le « mal de San Antón » au
musée Dupuytren, Evaristo García lança à Paris la polémique sur l’arthropathie et la
lésion osseuse causées par une anomalie du tube neural. Au cours de ce siècle, les
traitements utilisés étaient la strychnine, les arsenicaux, l’aspirine, les venins de serpents
et l’huile de chaulmoogra (leprol).
Grâce à son ouvrage intitulé La Lepra en Colombia. Etiología, nosología, profilaxis
y tratamiento [La lèpre en Colombie. Étiologie, nosologie, prophylaxie et traitement],
Gabriel José Castañeda favorisa la promulgation de la loi des Lazarets. Lorsqu’il cherchait
les premières manifestations de la maladie, Juan de Dios Carrasquilla (figure 16)
décrivit le « chancre lépreux »; il mena des recherches et produisit une antitoxine qui
parcourut le monde en 1890. Il considéra que la puce pouvait être un vecteur de la
maladie; il conçut sa propre méthode pour trouver le bacille chez la lymphe 33, 34 ; il soutint
l’origine infectieuse de la lèpre causée par un microbe, même contre les théories
héréditaires 35 . Pablo García Medina aboutit pour sa part à la promulgation des lois de
la fin du XIX e siècle pour convertir les léproseries en colonies de malades 2 .
Federico Lleras Acosta (figure 17) effectua plusieurs recherches bactériologiques
dans les années 20 et 30, notamment sur la lèpre; il décrivit la réaction de Lleras — un
test de fixation du complément à 97 % de sensibilité et à 99,7 % de spécificité — qui fut
employé sur plus de 7 000 patients mais qui fut abandonné, sa spécificité ne pouvant
pas être prouvée 24 . Le traitement de la lèpre avec des sulfones fut initié au cours des
années 50, mais à partir de 1981 on passa à la polychimiothérapie à cause de la résistance
de la maladie.
D’importantes institutions et des dermatologues prestigieux participèrent, dans
un passé récent et encore de nos jours, à l’histoire de la lèpre, parmi lesquels nous
citons : Fabio Londoño, Luis Alfredo Rueda, Mariano López, Gerzaín Rodríguez, Antonio
Torres, Luis Hernando Moreno, Adriana Arrunátegui, Gustavo Corredor, Efraín
Solares Alava, Jorge García, Rubén Marrugo, Carlos Garzón Fortich, Álvaro Sabogal,
Pedro Miguel Román, José Félix Zambrano et Antonio Morales, entre autres.
En 1998, le pays recensait 2 933 malades.
Malgré les innombrables recherches, les mesures d’assainissement de l’environnement
et le développement technologique, la lèpre est toujours un fléau pour l’humanité.
Il reviendra aux nouvelles générations de mener les recherches génétiques et de
biologie moléculaire pour parvenir à l’éradication du mal des siècles.
HISTOIRE DE LA SYPHILIS ET AUTRES TRÉPONÉMATOSES
Les infections par tréponèmes apparurent probablement en Afrique équatoriale sous
la forme du pian. Les migrations vers les zones sèches du tropique africain entraînèrent
un changement dans l’emplacement des lésions, qui se situèrent dans les parties plus humides
du corps (autour de la bouche) et devinrent des formes de syphilis non vénérienne ;
elles voyagèrent peut-être ainsi avec les premiers migrants du Nouveau Monde, pour
réintroduire le pian sur le tropique américain. On trouva davantage en Amérique qu’en
Europe des restes osseux présentant des séquelles de tréponématoses, qui furent
131
Figure 16.
Juan de Dios
Carrasquilla
Figure 17.
Federico Lleras

Figure 18.
Liborio Zerda
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
132
interprétées comme pian et syphilis vénérienne; on attribua exclusivement à cette dernière
les lésions de Caries sicca du crâne, qui sont remarquables. Ceux qui partagent la
théorie de l’origine unitaire des tréponématoses considèrent qu’elles se développèrent simultanément
au sein de plusieurs populations sur le vieux et le nouveau continent. La
syphilis vénérienne, la syphilis endémique non vénérienne, le pian et le carate « seraient
quatre syndromes à l’intérieur d’un gradient biologique causé par le Treponema pallidum
6 . » La syphilis endémique apportée en Europe par les Espagnols suite à leur contact
avec les indigènes fut sans doute favorisée par les différences du style de vie (par
exemple, le port d’habits), ce qui entraîna une modification dans la transmission du Treponema
pallidum vers une forme sexuelle ; c’est ainsi que le pian devint la syphilis vénérienne,
qui revint plus tard en Amérique avec ces mêmes Espagnols. José Vicente
Rodríguez, Carlos Armando Rodríguez, Gonzalo Correal Urrego et Hugo Armando Sotomayor
Tribín à Bogotá contribuèrent grandemment à l’étude de l’origine des tréponématoses,
à partir de l’analyse de restes osseux découverts au département de
Cundinamarca et dans la vallée du Cauca.
La présence des tréponématoses depuis les premières années de la Conquête apparaît
dans maints récits des chroniqueurs de l’époque, et fut désormais étudiée. La syphilis
vénérienne devint un problème sanitaire depuis l’irruption des colonisateurs
espagnols ; la pauvreté et la prostitution jouèrent un rôle important dans sa dissémination.
L’incidence élevée de la syphilis à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle obligea
le gouvernement à réformer les programmes de médecine et à établir des chaires de
syphiligraphie dans les universités 17 . Le carate, qui fut même un élément d’identité ethnique
parmi les natifs, devint après un problème de santé publique, tout comme le pian
depuis le XVI e siècle et jusqu’à la moitié du XX e siècle. L’arrivée de la pénicilline constitua,
pour le bien commun, un événement marquant dans l’histoire des tréponématoses,
et c’est grâce à elle que Gerardo López Narváez traita les malades sur la côte occidentale
du pays pendant quatorze ans jusqu’à l’éradication du pian.
HISTOIRE DE LA RECHERCHE, LA BACTÉRIOLOGIE ET L’IMMUNOLOGIE CUTANÉE
José Celestino Mutis importa d’Espagne en 1760 les idées des Lumières et la
science européenne de l’époque; en 1842, José Joaquín García mena les premières
études de recherche sur la lèpre basées sur l’observation; en 1865, la chaire de pharmacie
fit ses premiers pas dans la recherche grâce au médecin Osorio, à la faculté de
médecine de Bogotá 36 , mais ce ne fut qu’à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle
que débuta la tradition d’une recherche expérimentale et que la bactériologie devint
un moyen de diffusion de la pensée scientifique.
Entre 1880 et 1904 (période des gouvernements de Rafael Núñez et de Rafael Reyes),
les bases pour le développement scientifique colombien furent établies. On créa les
chaires de bactériologie, d’histologie, de microbiologie, de micrographie et de syphiligraphie;
Epifanio Combariza et Liborio Zerda (figure 18) jouèrent un rôle important,
marquant l’époque de la bactériologie et la micrographie. En 1900, Francisco Tapia créa
un laboratoire à l’université nationale (Bogotá), qui fut plus tard transféré à l’hôpital San
Juan de Dios 17 . Juan de Dios Carrasquilla chercha dans la sérologie la possibilité d’un traitement
de la lèpre, transfusant à des chevaux le sang des patients; son sérum parcourut le
monde en 1896, entraînant la création de l’institut de sérothérapie 35 . Roberto Franco fonda
la chaire des maladies tropicales et, aidé par le philanthrope Santiago Samper, il mit en place
le laboratoire de l’hôpital San Juan de Dios, où Jorge Martínez Santamaría et Gabriel Toro
Villa menèrent d’importantes études sur la fièvre jaune et les maladies tropicales. L’ère de
l’histologie débuta en 1904 grâce à Eliseo Montaña Granados; Laurentino Muñoz le définit
comme « un des créateurs de la médecine scientifique en Colombie 2 .»
Le laboratoire bactériologique et celui de l’hôpital San Vicente de Paúl à Medellin
furent créés en 1913. Quelques années plus tard (1917) fut créé à Bogotá le laboratoire

Histoire de la dermatologie en Colombie
privé Samper Martínez, dont la production de sérums immunes et de vaccins constitua
un événement marquant qui entraîna son changement de statut en 1946, devenant l’Institut
national de la santé 17 . Dans les années 20, certaines universités des États-Unis mirent
en place des chaires de dermatologie tropicale et des laboratoires privés ; des
médecins colombiens s’y rendirent pour se former et ils renforcèrent la recherche à leur
retour au pays.
La création de la chaire de pharmacie de l’université nationale (Andrés Bermúdez,
1927) joua également un rôle important. Gustavo Uribe Escobar mena vers la même
époque d’importantes études à Medellin sur la positivité sérologique dans le carate.
En 1922 et suite à une recherche exhaustive, Luis Patiño Camargo prouva à Bogotá
que le typhus et la fièvre typhoïde étaient deux maladies différentes, isolant le pou
en tant que vecteur de la première 17 . Federico Lleras Acosta fonda à Bogotá son
propre laboratoire et commença à participer aux études sur le vaccin du charbon
bactérien, et aux tentatives de culture du bacille de Hansen. Il tenta des traitements
pour la lèpre à l’aide de différentes préparations immunologiques et décrivit la
réaction qui porte son nom en cherchant le diagnostic précoce au moyen d’une méthode
spécifique 35 . Son laboratoire devint le centre dermatologique qui porte son
nom 37 ; il compta des représentants brillants comme Fabio Londoño González, qui fut
pendant plus de trois décennies le moteur d’importantes recherches sur plusieurs
maladies, accompagné de Luis Alfredo Rueda Plata 26, 27, 38, 39 .
Une nouvelle ère de la recherche se développa en Colombie à partir des années 50,
grâce à des figures telles que Alonso Cortés (figure 19) et Gonzalo Calle Vélez à l’université
d’Antioquia, qui entamèrent des recherches basées sur des études prospectives de
patients et menèrent des études clinico-épidémiologiques, thérapeutiques, diagnostiques
et histopathologiques. Un peu plus tard, la mycologue Ángela Restrepo Moreno (toujours
en exercice) se distingua. Heriberto Gómez Sierra commença l’application des techniques
d’immunofluorescence à Manizales dans les années 60. En 1969, Gonzalo Calle Vélez créa
à l’université d’Antioquia le laboratoire d’immunodermatologie et appela à son aide
Myriam Sanclemente (née Mesa) et Stella Castañeda (née Prada) (figure 20), qui menèrent
des études et des recherches sur les techniques d’immunofluorescence pour le
traitement des maladies bulleuses; elles enchaînèrent ensuite sur l’immunothérapie
topique, l’immuno-histochimie, la biologie moléculaire et l’immuno-intervention. Les
Drs Mary Ann Robledo Prada, Ana María Abreu, Margarita Velásquez et Juan Carlos
Wolf méritent aussi une reconnaissance pour leur travail dans la culture de tissus,
qu’ils mènent au laboratoire depuis 1999.
Rafael Falabella entreprit à Cali dans les années 70, aidé par Nelson Giraldo et
Carlos Escobar, des études sur les altérations pigmentaires, notamment le vitiligo, en
concevant des méthodes chirurgicales de repigmentation de la peau, des cultures et
l’implant de mélanocytes. Luis Hernando Moreno, Adriana Arrunátegui, María Isabel
Barona, Claudia Covelli et Lucy García intégrèrent l’équipe dans la décennie 80 21 .
Le laboratoire de dermato-pathologie Gustavo Uribe Escobar, dirigé par le dermatopathologiste
Walter León Hernández, fut créé à l’université d’Antioquia (sous la direction
d’Alonso Cortés) en 1975. L’année suivante, le Dr María Mélida Durán, cette éminente et
inoubliable grande dame à l’allure élégante, qui emporta avec elle notre amour et nous
laissa en héritage plusieurs études sur le prurigo actinique chez les communautés indigènes,
fit son incursion dans la recherche 15, 40, 41 .
Guillermo Gutiérrez Aldana commença à se consacrer à la recherche de la dermatologie
oncologique 42 dans les années 80, consolidée en 1992 par la création de la sous-spécialité
à l’Institut national de cancérologie (Bogotá). C’est là qu’Álvaro Acosta de Hart
mena ses recherches sur la chirurgie du cancer et la technique tumescente 31 . Vers la
même date, Felipe Jaramillo Ayerbe mena à Manizales des études sur les tumeurs cutanées,
qu’il réalise toujours. Les recherches en photochimiothérapie, développées à partir
133
Figure 19.
Alonso Cortés
Figure 20.
Stella Prada

Figure 21.
Gonzalo Calle
Vélez
Figure 22.
Nelson Giraldo
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
134
de 1980 dans les universités d’Antioquia et de Nueva Granada, furent également notables,
tout comme les recherches de Blanca Lilia E. Lesmes Rodríguez à Bogotá sur l’étiopathogénie
de l’acné. Jaime Soto Mancipe réalisa aussi à Bogotá (années 90) d’importantes
études sur des médicaments, des maladies tropicales et l’évolution du cancer cutané 43, 44 .
En 1993, Michel Faizal et ses résidents César Burgos et Guillermo Jiménez, en association
avec l’institut d’immunologie dirigé par Manuel Elkin Patarroyo, développèrent une
méthode de diagnostic de la tuberculose cutanée basée sur des techniques de biologie moléculaire
45 . Ultérieurement, Evelyne Halpert et Elizabeth García développèrent une ligne
de recherche sur l’immunopathogénèse du prurigo scrofuleux causé par la piqûre de
puce. Le groupe de chercheurs de l’Institut de sciences de la santé de Medellin reçut, à
travers la distinction octroyée à Ángela Zuluaga, la reconnaissance des institutions gouvernementales.
Des nouvelles figures brillantes firent leurs apports à la recherche vers la fin du
XX e siècle, telles Rodolfo Augusto Trujillo Méndez à Cali et Gloria Sanclemente Mesa à
Medellin, entre autres. De nos jours, les différentes écoles de dermatologie du pays développent
plusieurs lignes de recherche.
HISTOIRE DE LA MYCOLOGIE
Les premières études sur la mycologie furent effectuées par José Posada Trujillo à
l’université d’Antioquia dans les années 30. La même université reçut en 1954 le
Dr Gonzalo Calle Vélez (figure 21), le premier promoteur de la mycologie, qui s’était
entraîné à Ann Arbor (Michigan); il apporta au pays la première collection mycologique,
qui servit de base pour l’étude et la recherche. Le domaine se vit renforcé par
la présence d’Ángela Restrepo Moreno, qui débuta comme technologiste médicale et
devint la mycologue la plus remarquable grâce à ses recherches mémorables sur
l’histoplasmose et la paracoccidioïdomycose, qui entraînèrent des innovations en
techniques diagnostiques, en études cliniques épidémiologiques et thérapeutiques.
L’apport précieux du médecin Julio Sánchez Arbeláez fut remarquable (1956).
Le Dr Calle aboutit à inclure l’étude des mycoses dans le programme de médecine.
À partir de 1960, la recherche se pencha sur l’histoplasmose et la paracoccidioïdomycose,
à l’aide d’études prospectives de patients ; le pathologiste Mario
Robledo Villegas joua un rôle prépondérant dans cette tâche. Les départements de
dermatologie, de pathologie et de mycologie fusionnèrent à l’époque avec l’université ; la
mycologie est désormais incluse dans l’étude et la recherche des différentes écoles de
dermatologie du pays.
HISTOIRE DE LA DERMATO-PATHOLOGIE
Alfredo Correa Henao, le premier pathologiste colombien, spécialisé aux États-Unis,
ouvrit la chaire à l’université d’Antioquia et travailla à l’institut prophylactique,
fondé en 1924 à Medellin par Gustavo Uribe Escobar. Cette ville reçut vers 1950 le
premier dermato-pathologiste, Mario Robledo Villegas (depuis le Michigan), qui
contribua beaucoup à l’étude des dermatomycoses ; c’est un homme plein de sagesse
dans sa noble simplicité.
Ernesto Correa Galindo arriva à Cali en 1960 après sa formation de dermatopathologie
en Argentine; cet homme dont l’héritage et l’humanité furent incomparables,
créa la chaire à l’hôpital San Juan de Dios. Antonio José Torres Muñoz se
forma à ses côtés, et se rendit ensuite à Buenos Aires afin de perfectionner ses études.
Accompagné de Nelson Giraldo Restrepo (figure 22) (formé aux côtés du Pr. Abulafia
à Buenos Aires), il fonda la chaire à l’université del Valle dans les années 70 21 . Luis
Alfredo Rueda Plata, qui avait étudié la dermato-pathologie en France avec les Prs
Degos et Civatte, entreprit à Bogotá en 1963 sa contribution universelle, notamment
sur l’étude des virus papota 15, 20 . En 1975, Alonso Cortés créa à l’université

d’Antioquia le laboratoire de dermato-pathologie Gustavo Uribe Escobar, sous la direction
de Walter León Hernández, un éminent dermato-pathologiste et un excellent
pédagogue. Les apports du pathologiste Aníbal Mesa Cock sont également remarquables.
À Bogotá, Fernando García Jiménez, chef du service de dermatologie de l’université
nationale, imprima à son service une approche dermato-pathologique dans les
années 70 et 80 ; il entama une importante collaboration depuis l’Institut national de
la santé qui se prolonge encore aujourd’hui en la personne du pathologiste Gerzaín Rodríguez
Toro. L’admission de Luis Fernando Palma — reconnu pour l’acuité de ses observations,
son humanisme et son envie d’enseigner — dans cette école (1989) donna
à la sous-spécialité encore plus de prestige. À la fin des années 80, Felipe Jaramillo
Ayerbe arriva à Manizales après avoir suivi des études à l’université de Nueva York et
devint la référence de la sous-spécialité dans la région
du café. Pendant les années 90, d’autres dermato-pathologistes
s’installèrent dans différentes villes pour
développer cette sous-spécialité, dont Mabel Yaneth
Ávila Camacho à Bucaramanga et Ricardo Augusto
Rueda Plata à Cali, qui décrivit l’éruption polymorphe
et éosinophilique associée à radiothérapie 21, 32 . Antonio
Barrera, Patricia De Castro, Felipe Jaramillo, Leonor
Molina, Luis Fernando Palma, Gerzaín Rodríguez, Luis
Alfredo Rueda et Ricardo Rueda fondèrent à Bogotá, le
22 juin 1996, la Délégation colombienne de dermatopathologie,
choisissant Antonio Barrera Arenales
comme premier président (figure 23).
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ONCOLOGIQUE
Dès 1934, les patients atteints du cancer de la peau étaient soignés à l’Institut national
de radium à Bogotá. Cependant, en 1978 Guillermo Gutiérrez Aldana (figure 24) diffusa
ses connaissances depuis l’université nationale (Bogotá) vers l’Institut national de
cancérologie, en dessinant l’histoire clinique onco-dermatologique et en commençant sa
pratique et son enseignement, qui se consolidèrent sous sa direction grâce à la création
de la spécialisation en dermatologie oncologique en 1992, dont la conception revient à
Michel Faizal Geagea et ensuite à Álvaro Acosta de Hart. Dans les années 90, Claudia
Marcela Covelli Mora et Carmen Helena de la Hoz Ulloa commencèrent à prodiguer des
soins à l’université del Valle à Cali. Plusieurs collègues formés à l’étranger et diplômés à
l’Institut national de cancérologie diffusèrent la sous-spécialité dans d’autres villes du
pays.
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE
COLLABORATEUR: Antonio Barrera Arenales
Histoire de la dermatologie en Colombie
La dermatologie pédiatrique fit ses premiers pas dans les décennies 70 et 80, suivant
l’intérêt mondial naissant et croissant pour approfondir l’étude de la dermatologie
infantile, grâce à des dermatologues associés à l’enseignement. Les médecins
remarquables dans le domaine furent : à Bogotá, Mariano López et Manuel Forero
(hôpital pédiatrique La Misericordia), Enrique Suárez Peláez et Jaime Soto Mancipe
(clinique infantile Colsubsidio) et Antonio Barrera Arenales (hôpital infantile universitaire
Lorencita Villegas de Santos) ; à Medellin, Evelyne Halpert Ziskiend (figure
25), dermatologue de l’université d’Antioquia et la première dermatologue
infantile colombienne, diplômée à l’Institut national de pédiatrie à Mexico en 1981,
créatrice du service à l’hôpital universitaire San Vicente de Paúl, qui serait plus tard
à la charge d’Amparo Ochoa, Martha Sierra et Gabriel Ceballos ; à Cali, Guillermo
135
Figure 23.
Antonio Barrera
Figure 24.
Guillermo
Gutiérrez
Figure 25.
Evelyne Halpert

Figure 26.
Fondation du
Collège ibéroaméricain
de
cryochirurgie
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
136
González Rodríguez, Rafael Isaza Zapata et Jairo Victoria Chaparro, tandis qu’à Manizales
se distingua Josefina Danies à l’hôpital infantile. Les Séminaires internationaux
de dermatologie pédiatrique débutèrent à Cali ; le premier (1989) fut coordonné
par Guillermo González et Rafael Isaza.
Après la clôture du XIX e Congrès colombien de dermatologie à San Andrés (1992), présidé
par Flavio Gómez Vargas, un symposium sur L’enseignement de la dermatologie en
Colombie eut lieu, pendant lequel Antonio Barrera dit : « La dimension insoupçonnée et
la complexité de la dermatologie, ainsi que la diversité des faits pathologiques nous poussent
à considérer qu’il est urgent d’augmenter, d’élargir et d’approfondir l’étude et la recherche
de la spécialité dans ses différents sujets, sans favoriser une fragmentation
inutile et sans rien proposer de nouveau… La création et l’impulsion de programmes et
de services sous-spécialisés dans certains domaines de la dermatologie sont des tâches à
accomplir dans un futur proche [ainsi que] les considérations sur la dermatologie pédiatrique,
la dermato-pathologie, la chirurgie dermatologique, la dermatologie oncologique,
entre autres… et des programmes sous-spécialisés pouvant être développés dans
quelques écoles de dermatologie du pays. »
Antonio Barrera, Josefina Danies, Manuel Forero, Guillermo González, Evelyne Halpert,
Mariano López, Amparo Ochoa, Enrique Suárez Peláez, Jaime Soto et Jairo Victoria
fondèrent l’Association de dermatologie pédiatrique en 1992 à Bogotá, dont le
premier président fut le Dr Suárez tandis que le Dr Barrera était chargé du secrétariat.
La sous-spécialité continue de se développer et elle se répand dans les différents services
grâce à l’admission de nouveaux spécialistes.
HISTOIRE DE LA CRYOCHIRURGIE
COLLABORATEUR: Carlos Horacio González Rojas
Gilberto Castro Ron, président de l’American College of Cryosurgery, organisa un cours
de cryochirurgie pour dermatologues à l’institut d’oncologie Luis Razetti à Caracas. En
1988, Carlos Horacio González Rojas et Sergio Cáceres Orozco se trouvaient parmi les assistants,
et introduisirent ensuite la cryochirurgie moderne en Colombie. Le Dr González
fonda l’unité de cryochirurgie à Armenia, consacrée à l’enseignement et à la pratique de
la technique, assistant les malades sans moyens économiques, sans but lucratif. Luis Hernando
Moreno, Ángela Seidel Arango, Rafael Isaza et Danilo Álvarez Villegas (dermatologues),
ainsi que le chirurgien maxillo-facial Carlos Enrique Mora Bajo se formèrent sous
sa direction. Plus tard, ce fut le tour des dermatologues María Bernarda Gáfaro Barrera,
Yamil Alberto Duque Ossman, Joaquín Eliécer Berrio Muñoz, Gema Esther Revelo
Hernández, et des odontologues Diego Arango et Julio César Torres. L’équipe reçut ultérieurement
l’apport de collègues d’autres villes, comme Fabio Londoño, Juan Pedro
Velásquez, Gustavo Acevedo Merino et María Mélida
Durán, et la collaboration de Gerzaín Rodríguez pour la
lecture des biopsies. À l’initiative de six dermatologues, le
Collège ibéro-américain de cryochirurgie (figure 26) fut
fondé le 3 décembre 1991 à Guadalajara (Mexique) au
cours du congrès du CILAD; le Dr Castro Ron fut élu président,
auquel succéda le Dr González. Ce dernier donna
une plus grande impulsion à la technique lors de la
deuxième réunion du Collège à Carthagène (1999), qui
compta 270 dermatologues nationaux et 70 participants
venus de l’étranger.
Bien d’autres collègues notables contribuèrent à l’histoire
de la sous-spécialité, tels que Virginia Palacios Bernal
et Luis Fernando Balcázar Romero.

Le 25 janvier 1999 fut une journée noire pour la Colombie et pour la cryochirurgie :
un tremblement de terre dévasta 60 % d’Armenia ainsi que son unité de Cryochirurgie,
à l’époque où César Iván Varela s’y rendait tous les vendredis. Un an plus tard, l’unité
fut reconstruite, dirigée par Ángela Seidel Arango, qui reçut la collaboration de tous
les collègues de la ville ; ceci entraîna l’élargissement de son champ d’action tout en
conservant la philosophie de son fondateur sur l’enseignement et le soin des plus nécessiteux.
Note : nous sommes profondément peinés de la mort du Dr Castro Ron quelques jours
après la rédaction de ce chapitre.
HISTOIRE DE LA CHIRURGIE DERMATOLOGIQUE
Les premiers pas associés aux drainages et aux extractions reviennent à nos indigènes,
qui connaissaient déjà des procédures pour soigner les blessures. Les protomedicos
et les barbiers s’exercèrent pendant la Conquête, suivis ultérieurement des médecins
et des chirurgiens. Flavio Gómez Vargas étudia la chirurgie dermatologique à l’université
de Rio de Janeiro en 1965; à son retour à Medellin, il introduisit les techniques chirurgicales.
Un peu plus tard (1967), Juan Pedro Velásquez Berruecos devint un expert des nouvelles
techniques et de l’utilisation des équipements avant-gardistes. Pionnier en
radio-chirurgie, il conçut et enseigna de multiples techniques simples et efficaces pour les
procédures de cabinet. À Cali, Rafael Falabella conçut dans les années 70 de nouvelles
techniques pour le traitement chirurgical du vitiligo en utilisant des mini-greffes 25, 28 ;
Carlos Escobar fonda plus tard la chaire à l’université del Valle. À Montería, la chirurgie
dermatologique débuta en 1983 avec Adolfo Gómez Agámez, formé au Mexique et en Argentine
en dermo-cosmétologie avec le Dr Cordero; Rómulo Vitar Zapa et Víctor Otero
Marrugo le secondèrent dans son travail. Une nouvelle ère de la chirurgie dermatologique
commença à Bogotá en 1992 avec Guillermo Gutiérrez Aldana, à travers la création de la
spécialisation en dermatologie oncologique à l’Institut national de cancérologie. Les premiers
chirurgiens dermatologues — Michel Faizal Geagea, qui avait étudié au Brésil, et
Álvaro Enrique Acosta Madiedo de Hart, en Espagne — furent chargés d’organiser et de
mettre en route les programmes et l’application de la chirurgie de Mohs 31 , une technique
chirurgicale introduite à Cali par Claudia Marcela Covelli Mora et Carmen Helena de La
Hoz Ulloa. Le Dr Covelli introduisit la liposuccion, suivi de Pablo Alonso Tróchez Rodríguez.
L’Institut des sciences de la santé créa à Medellin le premier programme de supraspécialité
en chirurgie dermatologique. Actuellement, la plupart des dermatologues en
exercice effectuent des chirurgies dermatologiques habituelles, et la discipline est régulièrement
enseignée dans les différentes écoles.
Institutions dermatologiques
Histoire de la dermatologie en Colombie
■ Institutions dermatologiques
HISTOIRE DE L’ASSOCIATION COLOMBIENNE DE DERMATOLOGIE ET DE CHIRURGIE
DERMATOLOGIQUE; SES DÉLÉGATIONS, SES FILIALES ET SES RÉGIONS
César Iván Varela Hernández
L’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique
Les Drs Manuel José Silva, Gonzalo Reyes García, Carlos Cortés Enciso, Miguel Serrano
Camargo, Guillermo Pardo Villalba, Alcibíades Correal, Álvaro Medina, Tomás
Henao Blanco, Gustavo Castellano M, Alberto Medina Pinzón, Alberto Caballero, Rafael
López Ruiz, Luis A. Díaz et Alfredo Laverde se réunirent au Club médical de Bogotá le
27 juin 1948 (à 18 heures), dans le but de créer la Société colombienne de dermatologie
et de syphiligraphie. Ils désignèrent les autorités de ladite société : Gonzalo Reyes García
137

Figure 27.
Flavio Gómez
Vargas et Gonzalo
Reyes García
Figure 28.
Jaime Betancourt,
Fabio Londoño,
Miguel Serrano
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
138
(figure 27) (président), Carlos Cortés Enciso (vice-président)
et Guillermo Pardo Villalba (secrétaire). La société fut
créée dans le but de favoriser le développement de la spécialité,
l’enseignement et la recherche, la prophylaxie de la
syphilis et des maladies tropicales, et pour veiller aux intérêts
des associés, entre autres. Afin de respecter son véritable
caractère national, Gonzalo Calle Vélez, Fabio
Londoño González (figure 28) et Hernán Tobón Pizarro demandèrent
le 27 juin 1959 aux fondateurs de supprimer
l’obligation de vivre à Bogotá pour pouvoir appartenir à la
société, ce qui fut approuvé. Un an plus tard, la société organisa
à Bogotá son premier congrès national (8-10 décembre
1960), Guillermo Pardo Villalba étant président du
conseil et Carlos E. Cortés vice-président ; le statut juridique
fut obtenu en 1961 ; en 1998, sous la présidence de Mercedes Flórez, la société
changea sa raison sociale, devenant l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie
dermatologique. En 2002, Arturo C. Argote Ruiz encouragea l’achat de son siège
actuel.
L’association fut présidée par Gonzalo Reyes García, Guillermo Pardo Villaba, José
Posada Trujillo, Hernán Tobón Pizarro, Álvaro Sabogal Rey, Fabio Londoño González,
Gonzalo Calle Vélez, Heriberto Gómez Sierra, Luis Alfredo Rueda Plata, Fuad Muvdi
Chaín, Rafael Falabella, Adolfo Ormaza Hinestrosa, Guillermo Gutiérrez Aldana, Alfonso
Rebolledo Muñoz, Enrique Alonso Osorio Camacho,
Juan Guillermo Chalela Mantilla, María
Mélida Durán Merchán, Mariano López López,
Flavio Gómez Vargas, Juan Pedro Velásquez
Berruecos, Mercedes Flórez Díaz Granados,
Carlos Horacio González Rojas, Ángela Zuluaga
de Cadena et Evelyne Halpert Ziskiend.
À la date d’aujourd’hui l’association rassemble
448 membres actifs, 20 membres honoraires,
25 membres correspondants, 34
membres internationaux et 54 résidents en dermatologie,
ce qui fait un total de 581 membres
associés. Elle organisa 24 congrès nationaux,
plusieurs symposiums et des cours nationaux et
internationaux. Elle regroupe dix délégations régionales et compte cinq filiales. La Revista
de la Asociación Colombiana de Dermatología y Cirugía Dermatológica est son organe
de diffusion. Carlos Horacio González, Ángela Zuluaga et Evelyne Halpert
consolidèrent les délégations régionales et renforcèrent la participation syndicale à travers
la coordination nationale de César Iván Varela et de César Burgos, visant aux changements
des politiques de la santé imposés par la loi 100 de 1993.
Les délégations régionales
a) Délégation du Centre, de Bogotá et de la capitale, Cundinamarca. La fondation de la
Société colombienne de dermatologie et de syphiligraphie fut le premier événement que
la délégation organisa. Cependant, le développement des écoles et même celui de la Société
nationale empêchèrent pendant plusieurs années sa visibilité. La délégation naquit
à nouveau en 1990, et son président fut Antonio Barrera Arenales, suivi de Juan
Guillermo Chalela Mantilla. L’étape actuelle commença en novembre 2002, suite à une
initiative d’Evelyne Halpert intégrant les collègues de Cundinamarca et Boyacá et

choisissant Héctor José
Castellanos Lorduy comme
président. Elle regroupe
144 dermatologues.
Histoire de la dermatologie en Colombie
b) Délégation de la vallée
du Cauca. Elle fut créée à
Cali en 1963 par Hernán
Tobón Pizarro, Jaime Betancourt
Osorio — premier
président — et Ernesto
Correa Galindo. Elle regroupe
66 membres actifs,
5 membres honoraires et 8 aspirants. Parmi ses présidents nous citerons Rafael Falabella,
Martha Helena Campo, Jairo Victoria, Luis Hernando Moreno, Myriam Jazmín Vargas,
César Iván Varela Hernández (figure 29) et Rodolfo Augusto Trujillo. Sous sa présidence
(1996-2004), le Dr Varela mena une importante gestion administrative et obtint d’excellentes
réussites syndicales; son vice-président, Jaime Gil Jaramillo (figure 30), réalisa un
travail pionnier dans la diffusion de thèmes dermatologiques dans les médias. Lors du 40 e
anniversaire de sa fondation, en 2003, on rendit hommage aux membres honoraires
Jaime Betancourt, Antonio Torres, Rafael Falabella, Daniel González Bermúdez et Cecilia
Moncaleano; le Dr Varela présenta son livre Historia de la Dermatología Vallecaucana
1939-2003 [Histoire de la dermatologie de la vallée du Cauca 1939-2003]. L’ordre du mérite
Vallecaucano fut octroyé par le gouvernement départemental à la délégation et au
Dr Torres, en reconnaissance de leur travail 21 .
c) Délégation d’Antioquia.
La Société antioqueña
de dermatologie
fut créée à Medellin en
1977, inspirée par son
premier président Flavio
Gómez Vargas, accompagné
de Fabio
Uribe, Juan Pedro
Velásquez, Diego Jaramillo,
Myriam Mesa,
Beatriz Sierra, Gonzalo
Gómez, Stella Prada,
José Ignacio Gómez et
des collègues déjà décédés Iván Rendón, Jorge López, Jorge Mesa, Aníbal Zapata, Enrique
Saldarriaga et Libardo Agudelo. Elle fut également présidée par Jorge Mesa, Juan
Pedro Velásquez, Diego Jaramillo et actuellement par José Ignacio Gómez (figure 31).
Elle compte 80 membres actifs, 8 membres honoraires, 19 membres adhérents et
3 membres adjoints. Lors du 25 e anniversaire de sa fondation (2002), le Pr. Alonso Cortés
reçut une reconnaissance officielle, tandis que la mémoire de José Posada, Carlos
E. Tobón et Gonzalo Calle fut honorée.
d) Délégation de l’Atlantique. Elle fut fondée à Barranquilla en 1987 par Antonio Jaller, Álvaro
Correa, Bernardo Huyke (figure 32), Jairo Fuentes, Lesbia De León Ternera, Dubys
Charris et Amín Ariza. En 1993, elle affilia des dermatologues appartenant à d’autres départements
du Caraïbe colombien; elle se caractérisa par son organisation excellente et sa
139
Figure 29.
César I. Varela
Figure 30.
Jaime Gil
Figure 31.
J. Ignacio Gómez
Figure 32.
Bernardo Huyke
Figure 33.
Alfonso Rebolledo
Figure 34.
Gonzalo Marrugo

Figure 35.
Álvaro Sabogal
Figure 36.
Adolfo Ormaza
Figure 37.
Adolfo Gómez
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
140
lutte permanente pour le
bien-être de ses membres
dans les domaines professionnel
et social. À l’initiative
d’Álvaro Correa,
Esperanza Meléndez et
Bernardo Huyke, elle organisa
quatre symposiums
du Caraïbe avec succès.
e) Délégation de Nariño.
Alfonso Rebolledo Muñoz
(figure 33) créa en 1977
le service de dermatologie de l’hôpital départemental de Nariño, à Pasto, s’occupant de
l’enseignement supérieur de médecine de l’université. En 1990, il fonda avec César
Gregorio Arroyo Eraso la délégation qui rassemble les dermatologues de la région que
préside toujours son fondateur.
f) Délégation de Bolívar. Cette délégation fut fondée le 3 mars 1993 par Erick Álvarez,
Nayib Ambrad, Francisco M. Camacho, Miguel Camacho Sánchez, Germán Enrique Covo,
Carlos Alberto Garzón, Víctor Isaza, Gonzalo Marrugo Guardo (figure 34), Luz Marina
Lara, Guillermo Alejandro Mundi, Julio César Naar et José Pretelt ; Alfonso Navarro Céar
fut désigné président, poste qu’occupe actuellement Luis Miguel Covo Segrera.
g) Délégation de Santander. Álvaro Sabogal Rey (figure 35) fut le pionnier et le doyen de
la dermatologie régionale, suivi de Virgilio Rodríguez, Alejandro Villalobos, Luis Moreno,
Jaime Acevedo, Andrés Torres, Juan F. Hernández, Hernando Mosquera, Evencio Saza,
Miguel Zárate, Zulma Plata, Pablo Rey, Donaldo Ortiz, Miguel F. Duarte, Luz Stella Montoya,
Armando Vásquez, Jairo Sabogal, Alfinger Celi et son épouse Lourdes Eid, Ricardo
Flaminio Rojas, Edgar Moreno, Mabel Ávila, Carolina Chávez, Sandra O. Martínez, Martha
S. Ramírez et Luisa H. Díaz.
La délégation fut fondée en juin 1994, brillamment présidée par Luz Stella Bayona
(née Montoya) jusqu’en 2002, remplacée par Armando Vásquez Lobo.
h) Axe Cafetero-Caldas, Quindío et Risaralda. Heriberto Gómez Sierra fut le premier
à exercer la spécialité à Manizales (1965), secondé par son disciple Jairo Mesa et par
Bernardo Giraldo ; plus tard ce fut le tour de Felipe Jaramillo, Lucía Van den Enden
et John Harvey Gaviria. À Pereira, le pionnier fut Adolfo Ormaza, tandis qu’à Armenia
ce furent Fabio Rivera, María Bernarda Gáfaro, Julio César Vélez, Silvia Ferrer,
Rafael Isaza et Carlos Horacio González. La délégation constituée le 4 octobre 2003
est actuellement présidée par Germán Santacoloma Osorio. Elle rassemble 32 dermatologues
et 2 membres honoraires : Adolfo Ormaza Hinestrosa (figure 36) et Jairo
Mesa Cock, principale figure contemporaine dans le domaine de la télé-éducation
continue.
i) Délégation Centre-Orient. Elle fut fondée en septembre 2003 à Bogotá par Michel Faizal
Gragea ; elle est intégrée par les collègues des départements de Boyacá, Meta, Tolima,
Huila et Caquetá et les communes de Cundinamarca autres que Bogotá.
j) Délégation Morrosquillo-Córdoba et Sucre. Hugo Corrales Lugo fut le premier à exercer
à Córdoba, suivi d’Albio Puche. En 1983 commença une nouvelle ère pour la spécialité
grâce à l’arrivée du premier dermatologue diplômé, Adolfo del Cristo Gómez Agámez

(figure 37), qui avait étudié au Mexique et en Argentine et fut professeur à la faculté de
médecine de la corporation universitaire du Sinú (CUS). Plus tard arrivèrent Rómulo
Bitar, Víctor Otero, José Joaquín Meza, Catalina Zárate et Samira Acosta. À Sucre, Hugo
Corrales Medrano fut le pionnier, tandis qu’actuellement Mufith Salaiman, Jorge Vargas
et Gabriel Rey exercent la spécialité. La délégation fut formée en 2004 et elle est présidée
de nos jours par Catalina Zárate.
k) Délégation nord-santandérienne. Pedro Miguel Román Suárez en fut le pionnier et impulsa
la dermatologie dans la région jusqu’à sa mort en 2003. La délégation fut officialisée
à Cúcuta en avril 2004 par Matilde Llanos Campo, Pablo Colmenares Porras, Emiro
Andrade Chaparro et Sergio Cáceres Orozco ; elle est présidée par Álvaro Arévalo Durán.
l) Le département du Cauca. José M. Delgado, Mario E. González et José F. Zambrano en
furent les pionniers. À partir de 1983, la spécialité fut exercée à Popayán par Edgar Ricardo
Altuzarra Galindo (figure 38), dermatologue et épidémiologiste, professeur et chef
de la dermatologie sanitaire du département ; Germán Velasco Cárdenas (figure 39), diplômé
de l’université de Barcelone (depuis 1992) et José F. Ospina Alzate à partir de
1999, diplômé de l’université de Caldas et professeur universitaire. Les dermatologues
intégrèrent la délégation del Valle en 2002.
m) Département de Boyacá. Le pionnier fut Antonio José Morales Segura (figure 40) qui
exerça à son retour d’Espagne en 1968 ses activités avec dévouement et compétence,
jusqu’à nos jours. Doris Stella León Romero (figure 41), de l’université nationale, exerce
depuis 1986 ; tout comme son époux, le médecin historien José Miguel Gaona, elle fut une
importante collaboratrice. Pour sa part, Aldo Fajardo Palencia, de l’université del Valle,
exerce la dermatologie depuis 1990.
Faute de place, je ne peux distinguer tous les collègues qui exercèrent et qui exercent
toujours la dermatologie dans les différentes villes du pays, contribuant à la grandeur de
notre spécialité.
Les filiales
Histoire de la dermatologie en Colombie
a) Association colombienne de dermatologie pédiatrique. Elle fut créée le 12 décembre
1992 à Bogotá par Antonio Barrera, Josefina Danies, Manuel Forero, Guillermo González,
Evelyne Halpert, Mariano López, Amparo Ochoa, Jaime Soto, Enrique Suárez et Jairo
Victoria. Enrique Suárez Peláez (figure 42) fut élu président et Antonio Barrera Arenales
secrétaire. Les objectifs de l’association sont l’étude, l’enseignement, la recherche et la
141
Figure 38.
Edgar Altuzarra
Figure 39.
Germán Velasco
Figure 40.
Antonio J. Morales
Figure 41.
Doris S. León

Figure 42.
Enrique Suárez
Figure 43.
Luis A. Rueda
Figure 44.
Assis (de gauche
à droite) : Jairo
Mesa, César
I. Varela, Danielle
Alencar-Ponte.
Debout : D. Jaime
Soto, Juan P.
Velásquez, Jaime
Gil, Antonio Torres
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
promotion de nouveaux services. Mariela Tavera
est sa présidente actuelle. Le 1 er Congrès national
eut lieu à Bogotá en 1994, sous la présidence du
Dr Suárez ; six congrès nationaux furent organisés
jusqu’à présent, dont trois furent présidés par le
Dr Halpert.
b) Délégation colombienne de dermato-pathologie.
Elle fut fondée à Bogotá le 22 juin 1996 par Antonio
Barrera — qui fut élu président — , Patricia De
Castro, Felipe Jaramillo, Leonor Molina, Luis Fernando
Palma, Gerzaín Rodríguez, Luis Alfredo
Rueda Plata (figure 43) et Ricardo Rueda. Elle vise,
entre autres, à promouvoir et à stimuler l’étude, l’enseignement, la recherche et à encourager
la formation de dermato-pathologistes.
c) Association colombienne de dermatologie oncologique. Elle fut fondée à Bogotá en
août 2002 par Álvaro Acosta, Guillermo Gutiérrez, Xavier Rueda, Elkin Peñaranda et
Guillermo Jiménez; les trois premiers furent respectivement
élus président, vice-président et secrétaire.
Malgré sa création récente, ses
gestionnaires développèrent un important travail
d’éducation et de service envers la communauté.
■ Publications scientifiques scientifiques
142
d) Association d’histoire de la dermatologie
colombienne. Elle fut fondée le 12 juin 2004, à
l’initiative de César Iván Varela Hernández (président)
et Michel Faizal Geagea (vice-président), accompagnés
d’Antonio Torres, de Jaime Gil, de
Danielle Alencar-Ponte (secrétaire), de Jairo Mesa,
de Juan de Pedro Velásquez, d’Evelyne Halpert, de
Flavio Gómez et de Jaime Soto. Les principaux objectifs
de l’institution sont de veiller à ce que les
événements et les grands noms de la spécialité demeurent
dans la mémoire collective et soient diffusés
à travers l’enseignement (figure 44).
De nombreuses publications traitant de sujets médicaux existent en Colombie depuis
le XVII e siècle. Nous allons ici nous limiter à en énumérer quelques-unes liées à la dermatologie
à partir des années 40.
La Revista Colombiana de Dermatología
COLLABORATEUR: Flavio Gómez Vargas
La Revista Colombiana de Dermatología (La Revista) est l’organe d’expression de l’Association
colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique, ses filiales et ses
délégations régionales. Son contenu est essentiellement scientifique, bien que soient éventuellement
publiées des informations à caractère syndical ou informatif. Sa mission principale
est d’assurer la pérennité de la formation des médecins. La Revista naquit grâce à

l’initiative de Flavio Gómez Vargas (figure 45) lorsqu’il
présidait l’association (1990-1992); il reçut la
collaboration de M. William Sánchez, dirigeant du laboratoire
Essex Farmacéutica, division de Schering
Plough S.A. Le docteur Gómez offrit l’édition de la
revue à Carlos Enrique Escobar Restrepo (figure 46),
à qui succédèrent Diego E. Jaramillo, Jaime Soto et
Juan Jaime Atuesta. Carlos Escobar reprit l’édition
en 1998; il fut remplacé par María Isabel Barona et
Lucy García à sa mort en 1999; depuis 2002, Luis
Fernando Balcázar Romero est chargé de l’édition.
Le premier numéro parut le 1 er juillet 1999. La revue
paraît de façon trimestrielle, avec un tirage à 1000
exemplaires.
Le site Internet de l’association
COLLABORATEUR: Jairo Mesa Cock
Jairo Mesa Cock (figure 47) consacra sa vie à l’enseignement au sein de l’université
de Caldas, à Manizales. Lors de sa retraite en 1994, il pensa que « la technologie
des ordinateurs et Internet seraient des outils pouvant être utilisés pour
atteindre divers objectifs, et chez les dermatologues… à des fins éducatives ». Il
organisa progressivement à partir de 1998 une base d’adresses électroniques de
dermatologues à qui il envoyait périodiquement des résumés et des commentaires
sur des articles de publications diverses, ce qui fit place au Club de Revistas. Mario
Linares Barrios — qui dirige le Foro Dermatológico à Cádiz, Espagne — entreprit
en 2000 la diffusion du Club de Revistas; en 2002, un autre collègue espagnol
brillant, Paco Russo, mit en place sur Internet un espace analogue, le Foro Bibliográfico,
et invita le Dr Mesa à y participer.
Le site Internet de l’association fut créé en septembre 2001, sous la présidence d’Ángela
Zuluaga de Cadena; elle obtint en 2002 le sponsoring des laboratoires Aldoquín, grâce
à son gérant Gabriel Peña. En octobre 2002, Jairo Mesa Cock exprima à la nouvelle présidente,
Evelyne Halpert, son désir de créer un site Internet destiné aux dermatologues à des
fins éducatives, ce qu’il fit le 1 er janvier 2003. Désormais, il dirige sous le signe de l’excellence
ce site marqué de sa personnalité, un site innovant, pédagogique et qui favorise le
sentiment d’appartenance au sein de la communauté scientifique; le site comporte actuellement
des espaces pour l’information générale, les communiqués, les événements académico-scientifiques,
les membres associés, la liste des courriers, les résidents, l’histoire, les
délégations régionales, le club de revues, les mini-cas hebdomadaires, les perles dermatologiques,
le forum syndical, la revue électronique et la communication avec la communauté,
entre autres, avec des liens multiples. Ce site, la référence en termes d’unité,
d’information et d’enseignement, est visité par des collègues ibéro-américains.
Activités scientifiques
Histoire de la dermatologie en Colombie
■ Activités scientifiques
Collaboratrice : Danielle Alencar-Ponte
L’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique organisa,
tout comme ses filiales, ses délégations régionales, ses services et ses écoles de dermatologie,
plusieurs événements académiques. Pour des raisons de place, nous ne détaillerons
que ceux à caractère national et international.
143
Figure 45.
Flavio Gómez
Figure 46.
Carlos E. Escobar
Figure 47.
Jairo Mesa

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
L’association effectua vingt-quatre congrès nationaux, le premier à Bogotá (8-10 décembre
1960), le deuxième à Medellin (1961), le troisième à Cali (1963), présidés respectivement
par Guillermo Pardo Villalba, José Posada Trujillo et Hernán Tobón Pizarro.
Les congrès suivants eurent lieu à Bucaramanga, Bogotá, Barranquilla, Manizales, Pereira,
Paipa, Pasto, Cartagena, San Andrés, Santa Marta et Bogotá (2004).
Six congrès nationaux de dermatologie pédiatrique eurent également lieu (depuis
1994, tous les deux ans) et trois congrès nationaux de chirurgie dermatologique (depuis
1999, tous les deux ans).
Le IX e Congrès ibéro-latino-américain eut lieu à Medellin en 1979, présidé par Alonso
Cortés.
D’autres événements furent organisés par les écoles et les délégations :
— 10 symposiums internationaux de dermatologie, Institut de sciences de la santé (CES).
— 1 symposium international de dermatite de contact (Pontificia U. Bolivariana) et 2 symposiums
internationaux (université d’Antioquia, CES et U. Pontificia Bolivariana, à Medellin).
— 4 séminaires internationaux de dermatologie pédiatrique.
— 7 symposiums de thérapie dermatologique.
— 2 cours de l’International Society of Dermatology, université del Valle.
— 18 cours de l’International Society of Dermatology, organisés par María Mélida
Durán, Bogotá.
— Plusieurs journées dermatologiques de la Côte, Société bolivarense.
— 2 séminaires et 1 cours de dermatologie oncologique, École de dermatologie oncologique,
Institut national de cancérologie.
— 4 symposiums dermatologiques du Caraïbe, Association de dermatologues de
l’Atlantique.
— le XV e Congrès bolivarien 2000 et la IV e Rencontre colombo-vénézuélienne, Pereira.
Cercle dermatologique Pedro Miguel Román Suárez, délégation nord-santandérienne.
— 1 cours de progrès en dermatologie, 1 cours de médecine tropicale et des Journées
de prévention du cancer de la peau, hôpital militaire central, université de Nueva Granada.
— 4 cours d’actualisation et ateliers, Association santandérienne.
■ Enseignement Enseignement de la de spécialité la specialité : les écoles-servic : les écoles-services e dermatologie de dermatologie
144
En Colombie, l’enseignement de la spécialité, dans le cadre académique et de recherche
et basant son action sur les hôpitaux universitaires, dont l’apport fut fondamental pour le
soin dermatologique, se fit au sein des différents services de dermatologie. Neuf services
proposent des programmes de spécialisation en dermatologie dans les universités de Bogotá,
Medellin, Manizales et Cali; il existe également un programme en dermatologie oncologique
à Bogotá et un programme en chirurgie dermatologique à Medellin. Plusieurs
villes abritent d’ailleurs des services de dermatologie qui proposent des études supérieures
de médecine.
Dès leurs débuts au XIX e siècle, les services constituèrent de véritables écoles de dermatologie
qui accompagnèrent le développement de la spécialité; dans les premières années,
elles suivirent les principes des écoles européennes, notamment française, qui
dogmatisa le monde médical, tandis qu’au début du XX e siècle, elles furent sous l’influence
de l’école américaine, toujours en vigueur. Depuis la moitié du XX e siècle, elles reçurent
aussi l’apport des écoles latino-américaines, notamment argentine, brésilienne et mexicaine,
car beaucoup de dermatologues voyagèrent dans ces pays pour leur formation.
Cette influence variée, ajoutée à l’empreinte personnelle des illustres médecins qui dirigèrent
les différentes écoles, conférèrent à chacune d’elles une identité propre.

Histoire de la dermatologie en Colombie
Service de dermatologie de l’université nationale de Colombie (Bogotá)
L’enseignement de la dermatologie débuta en 1886. Gabriel José Castañeda, le premier
professeur, orienta la chaire vers l’enseignement de la pathologie tropicale jusqu’en
1898. Julio Escobar dirigea la chaire entre 1901 et 1903. Luis Cuervo Márquez y poursuivit
l’enseignement, désormais sous le nom de clinique de dermatologie et de syphiligraphie
; depuis 1908 y participa Luis J. Uricochea, tout comme José Ignacio Uribe à
partir de 1910, lorsque la dermatologie fut cataloguée en tant que spécialité.
Manuel José Silva, l’une des plus grandes références dans le domaine toutes époques
confondues, permit aux étudiants d’accéder au Lazaret de Agua de Dios pour y prodiguer
des soins (1927) et créa le musée de cire de Dermatologie. L’illustre Pr. Gonzalo
Reyes García enseigna de 1930 jusqu’à sa retraite en 1961 ; pendant ce temps collaborèrent
les Prs Miguel Serrano Camargo, Carlos Cortés Enciso, José Ignacio Chala Hidalgo,
Alfredo Laverde Laverde, Guillermo Pardo Villalba et Tomás Henao Blanco.
Alfonso Gamboa Amador commença à enseigner en 1936 en tant que professeur de syphiligraphie.
À la fin des années 50, ce fut le tour de Fabio Londoño González, qui entreprit le programme
de spécialisation en 1958 dans le cadre des nouvelles tendances américaines; il
occupa le poste de chef de service jusqu’à sa retraite en 1966. Son premier résident, diplômé
en 1961, fut Guillermo Gutiérrez Aldana, un collaborateur enthousiasmé par la rédaction
de cet article, qui fut nommé chef en 1965, à la place de Miguel Serrano Camargo.
Le Dr Gutiérrez renouvela le service aux niveaux géographique, administratif et académique;
il restaura le musée de cire et réforma le programme de spécialisation en 1973.
En 1978, il étendit son champ d’action à l’Institut national de cancérologie, où il créa en
1992 la spécialisation en oncologie dermatologique (conçue par Michel Faizal Gragea et
mise en route par Álvaro Enrique Acosta Madiedo de Hart). C’est ainsi que naquit l’ère de
la chirurgie et de l’oncologie cutanées. Le deuxième diplômé fut Víctor Manuel Zambrano.
Fernando García Jiménez occupa le poste de chef de service entre 1978 et 1984 ; on
se souvient de lui pour son approche diagnostique et pathologique. À l’époque, Gerzaín
Rodríguez Toro s’associa au département de pathologie, à l’Institut national de la santé.
Víctor Manuel fut chef jusqu’en 1990 ; Manuel Forero débuta son travail en dermatologie
pédiatrique vers la même époque. Luis Fernando Palma, pathologiste
de l’université nationale et dermatologue formé au Mexique et aux États-Unis, vint
travailler en 1989 ; sa préparation académique sans égale et ses qualités humanistes
firent de lui un soutien inestimable dans l’histopathologie ; son exercice est
un exemple de savoir académique et de vie. Héctor José Castellanos Lorduy débuta
l’enseignement en 1992 ; il occupa le poste de chef du service entre 1994
et 1998 et réforma le programme académique. Lui succéda José Rómulo Villamizar
Betancourt (1999-2002), doté de grandes qualités humaines et pédagogiques.
Michel Faizal Geagea (figure 48), ancien élève, qui étudia en outre la chirurgie
dermatologique à l’université de Sao Paulo et la dermatologie tropicale à l’université
de Amazonas (Brésil), fut admis comme enseignant en 1991. Il fut chef du
service à partir de 2002 et directeur du département de médecine interne depuis
2004 ; dès le début, il s’occupa de la pratique et de l’enseignement de la chirurgie
dermatologique, oncologique, réparatrice et esthétique, et de la chirurgie de Mohs. En
1999, il remit en place le service de soins au Sanatorio de Agua de Dios ; en 2000, il fut
cofondateur du Centre de télémédecine et créa le service de télédermatologie, centre
pour l’enseignement de la spécialité et qui cherche des solutions aux problèmes dermatologiques
dans la région de l’Amazonie colombienne, brésilienne et péruvienne.
À la fin des années 90, le gouvernement prit la décision regrettable de fermer l’hôpital
San Juan de Dios ; cette crise fut surmontée par les dirigeants, les professeurs et les
résidents. Luis Fernando Palma suggéra de transférer le service dans les hôpitaux La
Victoria et Carlos Lleras ; à la fin de 2002, il développa ses activités à la clinique Santa
145
Figure 48.
Michel Faizal

Figure 49.
Fernando Vallejo
Figure 50.
Myriam Mesa
Figure 51.
Heriberto Gómez
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
146
Rosa de Lima et à l’hôpital La Samaritana à partir de 2003. Le service fut un bastion
dans les domaines académique et de la recherche, et plusieurs de ses diplômés sont
chargés de l’enseignement dans différentes institutions.
Service de dermatologie de l’université d’Antioquia (Medellin)
La chaire de dermatologie et de syphiligraphie démarra en 1920 avec Gustavo Uribe
Escobar. Celui-ci en fut chargé pendant près de vingt ans et fut remplacé par son disciple
José Posada Trujillo (1936-1960) qui contribua beaucoup à l’étude de la sporotrichose, en
collaboration avec Carlos Enrique Tobón. Les années 50 firent place à la médecine américaine,
à l’introduction de l’enseignement des sciences basiques et au développement
technologique. Gonzalo Calle Vélez, le promoteur de la mycologie, rentra au pays en 1955
depuis le Michigan; il apporta la première collection de champignons et entama la
recherche dans cette spécialité. L’année 1959 marqua le retour d’Alonso Cortés
Cortés, homme de cœur et d’une grande intelligence, un maître éminent, dont les
cours de sémiologie captivaient ses disciples; sa soif inlassable de connaissances
lui procura un savoir immense. C’est avec eux que débuta en 1959 le programme
de spécialisation en dermatologie (recevant l’approbation officielle en 1963). Le Pr.
Cortés fut remplacé à la chaire par Juan Pedro Velásquez Berruecos, Diego Elías
Jaramillo et Fernando Vallejo Cadavid (figure 49). En 1959, les services de dermatologie,
de pathologie et de mycologie fusionnèrent; le premier dermato-pathologiste
du pays, Mario Robledo Villegas, y joua un rôle important. Cet homme,
humble et d’une sagesse incomparable, favorisa l’étude des mycoses. La recherche
mycologique se vit alors renforcée, fondamentalement dans les années 60, grâce à
la mycologue et grande chercheuse Ángela Restrepo Moreno. Ses contributions à
la connaissance de cette science, notamment la paracoccidioïdomycose, sont incalculables;
son esprit de recherche la mena à réaliser, jusqu’à aujourd’hui, les études
les plus complexes et les plus spécialisées au niveau national et international. En
1969, Gonzalo Calle, Myriam Sanclemente (née Mesa) et Stella Castañeda (née
Prada), brillants et acharnés, introduisirent dans le pays la technique de l’immunofluorescence.
Le laboratoire de dermato-pathologie Gustavo Uribe Escobar, dirigé
par le grand dermato-pathologiste et pédagogue Walter León Hernández, fut
fondé en 1975.
Soixante-trois dermatologues obtinrent leur diplôme dans cette école, dont les
premiers furent Laureano Guerrero, Enrique Saldarriaga Arango, Mario Henao,
Heriberto Gómez, Víctor Cárdenas, Fabio Rivera, Fernando García, Juan Pedro
Velásquez, Jorge Mesa et Flavio Gómez Vargas (intègre, strict dans l’enseignement,
plein de cordialité, l’un des enseignants les plus remarquables). La première
femme dermatologue du pays, Myriam Sanclemente (née Mesa) (figure 50),
obtint son diplôme en 1971. Plus de la moitié des diplômés de l’école se consacrèrent
à l’enseignement et plusieurs d’entre eux se distinguèrent également dans la
fonction publique (sénateurs, gouverneurs, maires, recteurs, ambassadeurs et ministres).
L’école s’adapta au développement scientifique moderne, consolidant la
recherche, toujours en quête de l’excellence académique et d’un développement
régional et national.
Service de dermatologie de l’université de Caldas (Manizales)
L’école fut fondée en 1965 à l’hôpital universitaire de Caldas par Heriberto
Gómez Sierra (figure 51), dermatologue de l’université d’Antioquia qui se rendit
dans le Michigan pour étudier l’immunofluorescence. Jairo Mesa Cock fut le premier
diplômé de l’école en 1968; il fut un éminent enseignant pendant plusieurs décennies,
chef de service et doyen, précieux collaborateur dans la rédaction de
ce texte. Bernardo Giraldo Neira — dermatologue et allergologue ayant étudié à

Histoire de la dermatologie en Colombie
Cleveland et dans le Minnesota — rejoignit le groupe en 1967. Les chefs de service furent
Heriberto Gómez (1965-1980 et 1986-1994), Jairo Mesa (1980-1985) et Felipe Jaramillo
Eyerbe (depuis 1994), diplômé de l’université nationale et dermato-pathologiste disciple de
Bernard Ackerman; en qualité de professeur titulaire depuis 1988, il s’associa des enseignants
comme Lucía Van den Enden, Ana María Hoyos, Martha Cecilia Bernal et Germán
Santacoloma, de brillants anciens élèves, ainsi que John Harvey Gaviria et Josefina Danies.
Le service, dirigé par les Drs Gómez Sierra et Mesa Cock, impulsa en 1965 la création de
la Fédération bolivarienne de dermatologie. L’école se caractérise par son niveau scientifique,
humaniste et culturel; vingt-deux dermatologues y obtinrent leur diplôme.
Centre dermatologique Federico Lleras Acosta – université Javeriana de Bogotá
Federico Lleras Acosta fonda son laboratoire institut de recherche sur la lèpre à Bogotá
dans les années 20; à partir de 1934, il reçut le nom de Laboratoire central pour les recherches
sur la lèpre. Un décret national changea son nom pour celui d’institut Federico
Lleras Acosta, après sa mort en 1938. Cette institution, pionnière en Colombie dans la recherche
biomédicale, développa la chaire de léprologie. En 1956, elle devint l’Institut de recherches
et d’études spéciales en dermatologie et sur la lèpre. Le brillant disciple Luis
Patiño Camargo prit en charge la direction de l’institut en 1938, succédant à son fondateur.
Dès les années 50, la participation de Fuad Muvdi Chaín fut précieuse. En 1957, lorsque
Jorge Arenas Ramírez était directeur de l’institution, Fabio Londoño se présenta spontanément
pour s’occuper de la consultation dermatologique. L’enseignement de la dermatologie
y débuta en 1967. Elle s’adressait tout d’abord aux étudiants des études supérieures de médecine
de l’université Javeriana et ensuite aux étudiants du collège Mayor de Rosario. Le
1 er août 1968 fut créée la spécialisation en dermatologie, par une convention conclue avec
l’université Javeriana. Le passage de l’institut de recherche au centre d’assistance revint
à son fondateur, Fabio Londoño González (figure 52). Le Dr Londoño en fut le chef
jusqu’en 1989, remplacé pendant huit mois (entre 1984 et 1985) par María Mélida
Durán Merchán. Au cours de ces années, la collaboration pédagogique des Drs Mundi,
Luis Alfredo Rueda, Rafael Uribe, Jorge Humberto Reyes et plus tard Alfonso Quintero
fut fondamentale. L’illustre Pr. Mariano López occupa le poste de chef de service
entre 1989 et 1993, suivi de Luisa Quintana (née Porras).
Le centre dermatologique Federico Lleras Acosta (comme on l’appelle aujourd’hui)
fut un espace d’enseignement pour les étudiants des études supérieures et de
la spécialisation de différentes universités. Il forma 108 dermatologues ; son premier
diplômé fut Mariano López López en 1970. Plusieurs de ses diplômés furent enseignants,
fondateurs et chefs d’écoles de dermatologie. Dès ses débuts, l’école se préoccupa
de favoriser chez les étudiants des habiletés cliniques, thérapeutiques et
pour la recherche ; à partir de 1993, l’accent fut mis sur la formation humaine intégrale,
avec la conscience d’une responsabilité sociale, pour développer des compétences
pédagogiques, communicatives, administratives et en « leadership ».
Service de dermatologie de l’université del Valle (Santiago de Cali)
Hernán Tobón et Jaime Betancourt ouvrirent en 1956 la chaire et l’enseignement
de la dermatologie des études supérieures à l’université del Valle. En 1970, Rafael
Falabella (figure 53) invita Jaime Betancourt Osorio et Nelson Giraldo Restrepo à
fonder le service de dermatologie à l’hôpital universitaire del Valle Evaristo García,
dans lequel la spécialisation fut entreprise en 1971. Hipólito González, originaire du
Panama, fut le premier diplômé en 1973 ; plus tard s’y ajouteraient comme enseignants
Antonio Torres et Carlos Escobar, le génie de la dermatologie et de la vie, troisième
diplômé (1975). On dit qu’il était « simplement un homme hors du commun
pour sa simplicité, sa bonté, son érudition et sa sagesse 21 . » Sans son apport, l’école
ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
147
Figure 52.
Fabio Londoño
Figure 53.
Rafael Falabella

Figure 54.
Luis H. Moreno
Figure 55.
J. Guillermo
Chalela
Figure 56.
Ángela Zuluaga
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
148
Nelson Giraldo, Antonio Torres et Ricardo Rueda furent les piliers de la recherche
et de la dermato-pathologie. Carlos Escobar ouvrit l’ère de la chirurgie
dermatologique, poursuivie dans les années 90 et enrichie par la technique de
Mohs grâce à Claudia Covelli et Carmen De La Hoz, et Pablo Tróchez en chirurgie
dermocosmétique. En 1990, Rafael Falabella créa le Fonds de promotion et de développement
dermatologique (PRODERMA), qui représente un soutien important
pour le développement académique, la recherche et l’assistance aux patients ;
Jairo Victoria s’y associa plus tard. L’école compte vingt-deux professeurs, dont la
plupart travaillent ad honorem, comme Luis Hernando Moreno Macias (figure 54)
— qui est en plus magister en microbiologie et se distingue en tant que pilier de
l’enseignement depuis plus de deux décennies ; Martha Campo et María Isabel Barona
qui soutiennent la recherche ; Adriana Arrunátegui, admirable enseignante ;
Lucy García, chercheur et magister en microbiologie ; Luis Fernando Balcázar, Myriam
Vargas, César Iván Varela et Doralda Castro, entre autres. Le service approfondit la recherche
sur les maladies du pigment, surtout le vitiligo, développant des techniques chirurgicales
pour son traitement. Il compte quarante-six diplômés, et son programme de
spécialisation fut élargi à quatre ans dès 2004. Depuis sa création, Rafael Falabella en
fut le chef, dont le service porte le nom à perpétuité depuis 2000.
Service de dermatologie de l’hôpital militaire central de l’université
militaire Nueva Granada (Bogotá)
Le service commença en 1969, rattaché au département de médecine interne, avec
les Prs Alberto Medina et Luis Alfredo Rueda. Julio César Medellín et María Teresa Palacios
s’y ajoutèrent vers 1975, ainsi que le pathologiste Gerzaín Rodríguez en 1980.
Juan Guillermo Chalela Mantilla (figure 55), un maître brillant et distingué, fonda le
service en 1983, dont il fut le chef jusqu’en 1991 ; un autre génie de la dermatologie
nationale lui succéda : Jaime Soto Mancipe (de 1992 à 1994), puis María Claudia
Torres (entre 1995 et 2003) et Olga Patricia Escobar Gil. Le service organisa des événements
académiques sur la dermatologie et les maladies tropicales, tout comme
d’importantes journées de prévention du cancer. Il fut pionnier dans la recherche de
la thérapie PUVA et le traitement des mycoses fongoïdes. Trente-neuf spécialistes y
obtinrent leur diplôme, dont la première fut Nancy Castro en 1984.
Service de dermatologie de l’institut des sciences de la santé (CES) (Medellin)
La faculté de médecine du CES fut fondée en 1978 ; José Ignacio Gómez, Jorge
Mesa et plus tard Diego Elías Jaramillo furent les premiers professeurs de la chaire
d’études supérieures en dermatologie, dont ils organisèrent le programme et le premier
fonds d’archives photographiques. Ángela Cadena (née Zuluaga) (figure 56) fut
le premier professeur nommé en 1984, suivie d’Amparo Ochoa. Le programme de
spécialisation en dermatologie, approuvé en 1988, fut rédigé par Angela Zuluaga —
désormais chef et professeur titulaire — , Amparo Ochoa et Myriam Mesa. Laureano
Osorio, Olga Lucía Castaño, Claudia Uribe, Sol Beatriz Jiménez, Guillermo Jiménez
et Isabel Cristina Vásquez font également partie de l’équipe pédagogique. Ses résidents
effectuèrent des roulements en Espagne, au Guatemala, aux États-Unis, au Canada,
au Mexique, en Argentine et en France. Depuis le premier diplôme délivré (à
Luz Stella Abisaad, en 1991), vingt-quatre dermatologues y obtinrent leur diplôme.
En 1994, le service fut pionnier grâce à la création du programme de chirurgie
dermatologique, dont le premier diplômé fut Guillermo Jiménez Calfat (1995). Ce
service organisa des événements académiques et scientifiques, possède un espace
d’archives photographiques d’excellence et mena plusieurs recherches reconnues
dans le pays et à l’étranger.

Service de dermatologie de l’université El Bosque
(Bogotá)
Le célèbre Pr. Mariano López López (figure 57), qui
fut le directeur du centre dermatologique Federico Lleras,
entreprit en 1989 le programme de dermatologie à
l’école colombienne de médecine (de nos jours université
El Bosque), qui fut approuvé en 1992. Entre 1994
et 2003, ce service fut à la charge de Juan Guillermo
Chalela Mantilla, remplacé par Adriana Motta Beltrán.
Vingt et un dermatologues, dont les premiers furent
Eduardo Salcedo et Mónica Rivera, y obtinrent leur diplôme
en 1997.
Service de dermatologie de l’université Pontificia
Bolivariana de Medellin
En 1995, Guillermo Jiménez Calfat (dermatologue-oncologue), Rodrigo Restrepo Molina
(pathologiste) et Luz Marina Gómez Vargas (figure 58) (dermatologue de l’université
Javeriana de Bogotá) élaborèrent le projet de spécialisation en dermatologie, approuvé en
1996. Dix dermatologues furent diplômés, dont la première fut Paula Alexandra Mejía
(1999). Ses résidents effectuèrent des roulements à Barcelone, à Londres et à Buenos
Aires. Le service participa à l’organisation d’événements scientifiques et de formation
continue. Ce groupe de jeunes figures fut dirigé dès le départ par Luz Marina Gómez Vargas,
qui lui imprima le dynamisme et la croissance propres à la région.
École de dermatologie oncologique, Institut national de cancérologie de Bogotá
Appelé à l’origine (1934) Institut national de radium, il devint l’Institut national
de cancérologie en 1953. Il fut dirigé par le dermatologue-oncologue Guillermo Gutiérrez
Aldana dès 1979, qui créa en 1992 la sous-spécialité de dermatologie oncologique,
dont la conception fut à la charge de Michel Faizal Geagea. Álvaro Enrique
Acosta Madiedo de Hart (figure 59) prit en charge le poste de chef de l’école la même
année. La première diplômée fut María Bernarda Durango (1993), suivie de
Guillermo Jiménez, Elkin Peñaranda, Gustavo Pérez et Ana Francisca Ramírez. Les
résidents d’autres écoles effectuent leur roulement à l’institut lors de leur dernière
année d’études. L’université Javeriana de Bogotá commença en 1995 à octroyer le
titre de spécialiste en dermatologie oncologique aux diplômés de l’école, qui abrite
avec succès des séminaires et des cours de la sous-spécialité.
Dermatologie, art et culture
Dermatologie, littérature et art
César Iván Varela Hernández
Des écrivains colombiens importants firent référence dans leurs ouvrages aux maladies
de la peau, comme Gabriel García Márquez : « Tandis qu’il tenait le rythme avec ses
grands pieds de marcheur gercés par le salpêtre » (Cent ans de solitude) 46 . D’autres auteurs
s’inspirèrent de la beauté de la peau :
Je cherche une peau de femme :
Blanche ou brune (peu importe la couleur).
Tiède, bien que je la préfère brûlante.
Histoire de la dermatologie en Colombie
■ Dermatologie, art et culture
149
Figure 57.
Mariano López
Figure 58. Luz
Marina Gómez
Figura 59.
Álvaro Acosta

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
150
Qui permette toutes les caresses
Et qu’en la parcourant ne l’assaille la pudeur…
(José Asunción Silva, « Clasificado »)
La médecine, et notamment la dermatologie, a partie liée, dans son essence même,
avec l’art; c’est pourquoi plusieurs dermatologues le cultivent dans ses différents domaines.
Distinguons parmi eux Mary Ann Robledo, Ángela Londoño, Melba Labrada et
Sergio Martínez dans la peinture; Milton Mejía dans le dessin ; Norma González dans le
travail du bois ; Jaime Betancourt dans le vitrail ; Lucía Van den Enden et Claudia Lozada
dans l’artisanat ; Jaime Betancourt et Hugo Espinal dans la sculpture; Jaime Betancourt,
Luis Hernando Moreno, Adriana Arrunátegui, José Librado Vásquez, Martha Valbuena,
Luis Arturo Gamboa, César Iván Varela et Blanca Lilia Lesmes dans la poésie ; César Iván
Varela dans la composition musicale ; Juan Pedro Velásquez, Fernando Botero, Carlos
Escobar, Jaime Gil, Carmen Alicia Martínez, Juan Jaime Atuesta, Xavier Rueda et Mabel
Ávila dans la photographie (figures 60, 61, 62, 63).
Je regardai aujourd’hui une fleur, et sur ses pétales ton visage dessiné
Je sentis aujourd’hui une fleur, et dans son parfum ton souffle reflété
Je touchai aujourd’hui une fleur, et dans sa douceur je sentis ta peau
Je bus aujourd’hui une fleur, et dans son nectar l’arôme de tes lèvres
J’observai aujourd’hui une fleur, et dans son éclat le reflet de ton regard tendre
[et pur
J’entendis aujourd’hui le va-et-vient d’une fleur, et j’y perçus ta douce voix…
(César Iván Varela Hernández, « Pensamientos »)
Aujourd’hui je perdis une larme,
Elle s’échappa sans que je m’en aperçoive
Lorsque je pensais à toi.
C’était une larme furtive
Qui roula agile
Sur ma joue et mit
En évidence ma nostalgie…
(Carlos Aníbal Niño Calero, « À Tania »)
… Et moi aussi je vous dis
les yeux en larmes,
et l’âme endolorie,
qu’il ne se passe rien
qu’il faut suivre son cours
à chercher des petits oiseaux
qui chantent parmi les branches…
(Jaime Betancourt Osorio, « Ilusiones »)
… Violons du crépuscule dans ton parler enivrant
étoiles scintillantes bleutées comme la mer
la nacre de ta peau sculptée dans les nuages
inspirent sans égal mon être, ma lumière, mon amour.
Le gazouillement de tes lèvres est le prélude du laurier
emportant notre voyage au va-et-vient de lilas
mon idylle est paternelle, offrande au grand créateur.
(César Iván Varela H., « Camila »)

… Lorsque ta préoccupation est accablante
pense aux bonnes choses,
aux beaux moments
et aux personnes que tu aimes.
Cherche au fond de ton cœur
et tu trouveras le chemin des étoiles.
Songe, aie de l’espoir et sois patient,
ce sont les trois lunes qui t’éclaireront
la nuit des impossibles...
(Martha Cecilia Valbuena Mesa, « Cuando »)
Chaque peuple eut bien évidemment comme
idéal de beauté un type différent de peau ; la
couleur laiteuse, éburnéenne, argentée lunaire
chez les Européens ; le doré pour les Indo-Américains
; le noir comme « la nuit diamantine », ou d’ébène pour les Africains…
(Jaime Gil Jaramillo, La piel, essai)
La stupéfaction de te regarder même si je ne peux pas te voir. Face à toi la petitesse
de ma propre matière me surprend. Je voudrais bien te connaître, découvrir tous tes
secrets. Mais je crois qu’à cet instant mon rêve enchanté éclaterait en mille morceaux
et perdrait toute sa magie… (Luis Arturo Gamboa Suárez, Al universo)
Telle une étoile qui resplendit en haut du zénith,
tu vins avec ton éclat éclairer mes sentiments,
tes grands yeux telle la savane au printemps,
ta bouche peinte, ta peau telle la cannelle,
ta grâce est un charme, ton parler est un poème.
(César Iván Varela H., « Natalia »)
La médecine populaire. Les guérisseurs. La magie
COLLABORATEUR: Juan Pedro Velásquez Berruecos (figure 64)
Histoire de la dermatologie en Colombie
Notre histoire médicale est basée sur le développement culturel des sociétés aborigènes,
dans lesquelles les mythes et les croyances se transmettaient de génération en
151
Figure 60.
« Hommage à
mon père »
(huile), Mary Ann
Robledo
Figure 61. Détail
de miroir (Mario
Robledo Villegas)
en figure 60
Figure 62.
« Fenêtre sur
l’Afrique »
(huile), Sergio
Martínez
Figure 63.
Vitrail. Jaime
Betancourt

Figure 64.
J. Pedro Velásquez
Berruecos
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
152
génération à travers l’information ancestrale. Les cultures primitives considéraient
que la religion, la magie et le traitement médical devaient être complètement inséparables.
Le patient et le guérisseur primitifs cherchaient des origines surnaturelles à
un grand nombre de succès, même les maladies, et ils étaient psychologiquement
prêts à accepter l’effet de la magie 47 .
Les chamans devaient être des médecins-prêtres privilégiés et respectés, qui suivaient
la ligne de conduite de la médecine chibcha. Le mot tegua apparut au moment
de l’arrivée des Espagnols, bien qu’il s’agisse d’un mot indigène muisca. La communauté
des Teguas était installée (et l’est toujours) sur les terres du cacique de Quemuenchatocha,
dans la commune boyacense de Campohermoso ; les Indiens y
entretenaient un centre destiné à l’éducation des futurs zaques, caciques, prêtres et
chamans depuis leur adolescence. Les élus se servaient de la flore variée de la région
pour leurs pratiques, et ils étudiaient les propriétés thérapeutiques des plantes.
Lorsque les Espagnols apprirent ces pratiques, ils appelèrent teguas les guérisseurs,
les yuyeros, les sorciers et les natifs capables de guérir les maladies 2 .
On parla indistinctement de guérisseurs, chamans, teguas et « hommes-médecine »
chez les peuples primitifs, malgré leurs particularités différentes. Les chamans possédaient
des connaissances millénaires, et utilisaient diverses plantes psychotropes (dont
quelques stimulants comme la coca ou le tabac, d’autres hallucinogènes comme le yagué,
Banisteropsis caapi, ou le yopo, Virola sp.). Ces plantes servaient à produire ou à accélérer
des états modifiés de la conscience à travers lesquels ils pouvaient guérir et établir le
contact avec le monde surnaturel. Certains groupes de colons métis admiraient dans leur
tradition religieuse l’emploi de plantes pscyhotropes et le chamanisme indigène comme
solution alternative pour guérir. « Les chamans, interprètes des faits naturels, ont une
fonction politique, sociale et religieuse primordiale dans leurs contextes culturels, en
même temps qu’ils protègent leur groupe face aux agressions des êtres et des forces et
même des attaques rituelles et chamanistiques provenant d’autres groupes 3 .» La
connaissance, la maîtrise et l’emploi des plantes et d’autres éléments d’origine animale et
minérale constituent une partie fondamentale du pouvoir du chaman, et bien évidemment
de l’efficacité de ses pratiques pour déterminer les causes des maladies.
Aux temps de la Découverte et au début de la colonisation, l’apparition de guérisseurs,
qui agissaient comme des médecins, et de barbiers, en guise de chirurgiens, s’expliqua
en raison du besoin urgent de soins médicaux que ressentaient les populations en
l’absence de médecins officiels. Le premier guérisseur dont on connaît l’existence fut
Diego de Montes en 1535 9 . Les guérisseurs furent durement critiqués à cause de leur
manque de connaissances ; cependant ils jouèrent un rôle convenable et/ou nécessaire
dans l’histoire, dans des circonstances données.
Je transcris le paragraphe suivant du livre La Dermatologie en France — que lors du
dernier Congrès mondial de dermatologie, nous reçûmes en cadeau à Paris (2002) — ,
car il interprète de façon adéquate mon opinion sur le sujet traité : « En peu d’années, la
dermatologie a connu une évolution assez extraordinaire pour reléguer dans l’ombre des
siècles de croyances au cours desquelles la pratique médicale ne s’éloignait guère des
pratiques empiriques d’une médecine populaire qui ne pouvait se référer qu’à des remèdes
naturels ou à des conceptions non étayées. Le développement d’une démarche
scientifique et clinique rigoureuse et la généralisation d’essais thérapeutiques randomisés
ont bouleversé la démarche de soins au bénéfice de l’efficacité. Mais l’histoire de
notre pays nous enseigne que l’esprit n’accepte pas toujours de s’enfermer dans la raison
: chacun s’est toujours réservé le droit de croire à l’irrationnel. Devant ce que nous
appelons aujourd’hui l’‘‘effet placebo’’ et qui pouvait s’appeler autrefois ‘‘mystère’’, chacun
restera libre de se référer à ses croyances, sa spiritualité, son imaginaire ou ses
convictions 48 .»

Les moulages en cire: musée de cire de dermatologie
de l’université nationale de Colombie
COLLABORATEUR: Michel Faizal Geagea
Manuel José Silva créa le musée de cire de dermatologie à l’université nationale
de Bogotá dans les années 30, dans le but de fournir à la faculté de médecine du
matériel pour les études. Lui et d’autres professeurs de l’époque commandèrent
l’élaboration des pièces aux sculpteurs Lisandro Morero Parra et au maître G. Restrepo,
qui s’étaient préalablement formés en France, qui possédait déjà des musées
magnifiques. Les maîtres élaborèrent plus de 300 sculptures de maladies
tropicales, infectieuses et vénériennes, à une échelle 1:1, maintenant la méthode de
travail secrète et parvenant à un réalisme surprenant (figure 65).
Je transcris ensuite une partie de la communication de Guillermo Gutiérrez Aldana
à Michel Faizal Geagea, chef du service de dermatologie et du département
de médecine interne, illustrant la beauté de l’ouvrage: « Le Pr. Guillermo Pardo Villalba,
présent à plusieurs reprises lors de l’élaboration des pièces, me disait que
l’artiste pratiquait un nettoyage strict à l’aide d’antiseptiques de l’époque. Ultérieurement,
il appliquait un mastic en gypse qu’il préparait lui-même secrètement,
le laissait sécher et l’enlevait soigneusement. Il versait dessus la paraffine, dont la couleur
ressemblait à la couleur du patient. Dès qu’il avait obtenu le masque, il le colorait en
présence du patient avec des teintures choisies selon les caractéristiques cliniques de la
lésion sélectionnée, lui donnant un réalisme véritablement surprenant. Les figures ainsi
obtenues étaient placées sur des planchettes, portaient une légende, étaient classifiées et
rangées ensuite dans des vitrines pour leur exhibition et l’enseignement 15 .»
Placées dans les pavillons de l’hôpital San Juan de Dios, ces sculptures furent très
utiles pour les cours de dermatologie pendant plusieurs années, pour le plus grand bonheur
des professeurs et des étudiants. Cependant, le modernisme, la création des albums
photographiques et plus tard les diapositives firent tomber en désuétude les pièces du
musée de cire. En 1960, le Pr. Gutiérrez Aldana se l’appropria et le transféra au pavillon
San Pedro de l’hôpital San Juan de Dios ; lors de sa retraite en 1979, le musée fut encore
abandonné. Après la fermeture de l’hôpital en 1995, le musée fut transféré à son emplacement
actuel : le musée de l’histoire de la médecine de la faculté de médecine de
l’université nationale, aux bons soins de son directeur Emilio Quevedo et de l’étudiant en
médecine Alaín Alexander Camacho. Le Dr Faizal s’occupe actuellement de la restauration
et de la récupération de ce bijou historique si précieux.
Nous espérons que ce compte rendu historique de la dermatologie en Colombie, depuis
la sagesse millénaire des indigènes jusqu’à celle des contemporains, vous aura diverti
et apporté des connaissances sur notre spécialité en Amérique Latine. ■
Remerciements
À nos collègues dermatologues
Histoire de la dermatologie en Colombie
Septembre 2005
Alfonso Rebolledo Muñoz, Álvaro Arévalo Durán, Álvaro Correa Sánchez, Álvaro Enrique
Acosta Madiedo de Hart, Ángela Cadena (née Zuluaga), Armando Vásquez Lobo,
153
Figure 65.
Pièce en cire :
syphilis papulocroûteuse

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
154
Blanca Lilia E. Lesmes Rodríguez, Catalina Zárate Ortiz, Doris Stella León Romero,
Edgar Ricardo Altuzarra Galindo, Felipe Jaramillo Eyerbe, Fernando García Jiménez,
Fernando Vallejo Cadavid, Germán Santacoloma Osorio, Germán Velasco Cárdenas, Gonzalo
Marrugo Guardo, Héctor José Castellanos Lorduy, Jaime Acevedo Ballesteros, Jaime
Betancourt Osorio, Jaime Soto Mancipe, José Ignacio Gómez Uribe, José Rómulo Villamizar,
Luis Arturo Gamboa Suárez, Luis Felipe Moreno, Luis Hernando Moreno Macias,
Luis Miguel Covo Segrera, Luisa Porras de Quintana, Luz Marina Gómez Vargas, Luz
Stella Bayona (née Montoya), Martha Cecilia Valbuena Mesa, Mary Ann Robledo Prada,
Rafael Falabella Falabella, Ricardo Flaminio Rojas López, Sergio Martínez Lecompte,
Stella Castañeda (née Prada), Víctor Otero Marrugo et Ximena Sánchez Angarita.
À nos collaborateurs
Dr Evelyne Halpert Ziskiend, présidente de l’Association colombienne de dermatologie
et chirurgie dermatologique.
Dr Zoilo Cuellar Montoya, président de l’Académie nationale de médecine de la colombie.
Dr Hugo Armando Sotomayor Tribín, secrétaire de l’Association d’histoire de la médecine
colombienne.
Dr Emilio Quevedo, directeur du Centre historique de la médecine, université nationale
de Colombie ; étudiant Alaín Alexander Camacho, moniteur.
Dr Jaime Gómez-González, président du Cercle biographique médico-hispanique.
Mlle Diana María Martínez Renza, communicant social et journaliste, assistante personnelle.
Mlle Dilia Franz Valencia, correctrice grammaticale.
Dr Claudia Juliana Díaz Gómez, résident du service de dermatologie, université del Valle.
Mme Nelly Pinzón, secrétaire de l’Association colombienne de dermatologie et chirurgie
dermatologique.
Dr José Miguel Gaona R, médecin et historien.
M. Fernando Joel Moreno, photographe.
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COMPTE RENDU
HISTORIQUE DE LA
DERMATOLOGIE À CUBA
Le présent travail retrace la chronologie de l’histoire cubaine: la période coloniale
(1509-1902), la période de la république libérale bourgeoise (1902-1958), la période de la
révolution socialiste (depuis 1959 jusqu´à nos jours).
Période coloniale (1509-1902)
JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
■ Période coloniale (1509-1902)
L’histoire des maladies de la peau remonte aux origines de la civilisation. Aux XVI e et
XVII e siècles on connaissait déjà de nombreuses maladies traitées de manière empirique
en utilisant des préparations à partir de substances de natures variées, toutes soutenues
par des prières religieuses et l’invocation des divinités.
Tout comme le reste de l’humanité, les premiers habitants de Cuba (siboneyes, taínos
et guanahatabeyes) souffrirent de maladies cutanées. Selon le frère Bartolomé de Las
Casas et d’autres chroniqueurs, les natifs cubains qui n’avaient pas reçu l’influence de
la culture européenne étaient sains. Cependant, ils firent référence à certaines maladies
de la peau observées chez les habitants, comme la bouba (appelée bipa ou buaynara par
les aborigènes) et des lésions produites par le Pulex penetrans, connu sous le nom de
nigua (chique).
Gonzalo Fernández de Oviedo, cité par Pardo Castelló 1 , rapporta qu’en plus des maux
signalés par le frère de Las Casas, les premiers habitants souffrirent également d’affections
très désagréables, comme la dermatite venenata causée par le latex des arbres
connus sous le nom de guao et manzanillo 2 . Les observations des conquistadors ont une
valeur extraordinaire car elles furent réalisées avant que la culture européenne n’ait une
influence sur les natifs.
Par ailleurs, dans sa monographie Étude médicale de l’Indien cubain S. Picaza exposa
avec une grande clarté les principales affections dont souffraient nos aborigènes, citant
la framboesia ou pian et d’autres avitaminoses 3 . Pour sa part Gordon (1894) mentionna,
parmi les maladies de la peau dont souffraient les siboneyes et les taínos, une affection
appelée caracol, que certains auteurs identifièrent comme étant la pellagre. Les habitants
de notre pays connurent également l’acné, les ulcères, des cas d’albinisme, des lésions
causées par des piqûres d’insectes et d’autres affections.
Le 17 janvier 1613 parut le premier document annonçant le début de l’endémie
lépreuse à Cuba. L’arrêté du conseil municipal tenu ce jour-là à La Havane énonça
157

Figure 1.
Raimundo
G. Menocal
(1856-1917)
JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
littéralement : « MM. les conseillers municipaux ou des voisins de la ville ont dit avoir été
informés que quatre ou six personnes venues d’ailleurs sont atteintes du mal de Saint-
Lazare et se promènent dans les rues pour le grand dommage et préjudice de cette ville
et de ses voisins en raison du caractère contagieux de la maladie 4 .»
L’incidence de la lèpre s’accrut progressivement et de nouveaux cas apparurent chez
les habitants de la ville, chez les Espagnols et chez les esclaves africains qui venaient
d’arriver, inquiétant les autorités d’alors. Les arrêtés du conseil municipal ultérieurs au
10 mars 1662 consignent un accord pour « prévoir une cabane » qui hébergerait tous les
malades atteints du mal de Saint-Lazare.
La première réunion scientifique sur la lèpre à Cuba eut lieu au XVIII e siècle (1793),
au siège de la Société économique d’amis du pays ; le médecin italien Fernando Rivas, le
conférencier invité, exposa sa Dissertation sur le mal de Saint-Lazare 5 .
En 1840 débuta la publication des revues médicales de La Havane, dans lesquelles
parurent de nombreux articles sur la dermatologie.
L’année 1873 vit naître la première initiative officielle qui dévoila la préoccupation
des autorités sanitaires de l’époque envers les maladies vénériennes : l’hôpital d’hygiène
fut fondé pour faire face à l’alarmante quantité de prostituées qui vivaient à La Havane,
et une réglementation sur la prostitution, par un arrêté spécial sur l’hygiène publique,
fut promulguée 6 .
En novembre 1879 le savant cubain Carlos Juan Finlay participa à un important débat
— qui eut lieu à l’Académie des sciences médicales, physiques et naturelles de La Havane —
sur la contagion et l’isolement obligatoire des malades souffrant de la lèpre 7 .
Pendant le XIX e siècle la syphiligraphie fut définitivement associée à la dermatologie
grâce aux travaux irréfutables de Ricard et Fournier, les fondateurs de la syphiligraphie
clinique 8 .
À la fin du siècle (1899), le Dr Raimundo G. Menocal (figure 1) fut nommé professeur
de clinique chirurgicale à l’école de médecine de l’université de La Havane ; cette
matière comportait l’actuelle spécialité de dermatologie, qui comprend la lèpre et la
syphilis 9 .
■ Période de la de République la république libérale bourgeoise libérale (1902-1958) bourgeoise (1902-1958)
158
En 1901, pendant l’intervention des États-Unis, le Pr. Raimundo G. Menocal devint
responsable de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie qui venait d’être créée
suite à la mise en place de la réforme de l’enseignement connue sous le nom de plan
Varona.
Le Pr. Menocal naquit en 1856 à San Felipe, San Antonio de Las Vegas. Il étudia à l’université
de Madrid et obtint sa licence à la faculté de médecine en 1876, réussissant un
doctorat au cours de la même année à l’université de La Havane. Son travail à l’hôpital
Saint-Louis de Paris, entouré des brillants professeurs de la glorieuse époque de la dermatologie
française au XIX e siècle, témoignait de son expérience en dermatologie.
Il contribua à l’indépendance de la patrie en fondant le club révolutionnaire Oscar
Primelles à New York.
Il commença l’enseignement de la dermatologie en 1903, en dispensant des cours
complémentaires d’une durée de trois mois pour les étudiants en médecine. Cette activité
pourrait être considérée comme étant le premier cours de dermatologie connu à
Cuba 10 . Homme d’un grand savoir-faire pédagogique et d’une vaste culture médicale, il
fut parmi les pionniers de la dermatologie latino-américaine.
Il enseigna dans l’ancien hôpital Nuestra Señora de las Mercedes (fondé en 1886), héritier
du Real Hospital de San Felipe et Santiago, également appelé San Juan de Dios
(fondé en 1598) 11 (figure 2).

Compte rendu historique de la dermatologie à Cuba
À l’hôpital Nuestra Señora de las Mercedes, le Pr. G. Menocal créa
le premier laboratoire de mycologie de Cuba et fonda un musée de
moulages de cire où étaient exhibées des reproductions de diverses
maladies dermatologiques d’une très grande fidélité par rapport à
l’original.
La première salle destinée à soigner les malades de la lèpre fut
inaugurée en 1906 à l’hôpital n° 1 (actuellement hôpital universitaire
général Calixto García) et dirigée par le Dr Matías Duque Perdomo,
premier secrétaire de la Santé et de la Bienfaisance, médecin généraliste
et chirurgien, qui étudiait la maladie 11 (figure 3).
Après avoir enseigné aux étudiants en médecine pendant plusieurs
années, le Pr. Menocal ressentit le besoin d’éditer un texte
qui aiderait à comprendre les maladies dermatologiques (1907).
C’est dans ce but qu’il publia le livre Nociones de enfermedades de
la piel y sífilis [Notions sur les maladies de la peau et la syphilis],
suivi du Manual de enfermedades de la piel y sífilis [Manuel des
maladies de la peau et de la syphilis] en 1911.
Entre autres mérites nous pouvons citer celui d’avoir suscité
chez ses élèves de l’intérêt pour les maladies cutanées. Les Drs
Braulio Sáenz et Vicente Pardo Castelló furent ses élèves les plus
remarquables, assurant la pérennité de son œuvre. Ils complétèrent
leur formation dermatologique grâce aux bourses obtenues en tant qu’élèves éminents
de l’université de La Havane.
Le Dr Sáenz obtint son diplôme de médecine en 1909 et se pencha aussitôt vers la dermato-syphiligraphie,
poursuivant ses études à Philadelphie, à Paris, à Vienne et à Berlin.
Il retourna à Cuba en 1914, où il fut nommé aide diplômé au sein du service de dermatologie
et syphiligraphie à la charge du Pr. Menocal 9 (figure 4).
Pour sa part, le Dr Pardo, diplômé en 1914, acquit ses premières connaissances dermatologiques
dans le service dirigé par le Pr. G. Menocal en qualité d’interne. En 1915 il
voyagea aux États-Unis, où il travailla avec d’importants dermatologues (figure 5).
Le Pr Menocal décéda en 1917 ; un an plus tard, le 4 septembre 1918, le Dr Sáenz obtint
par concours le poste de professeur titulaire. Désormais la dermatologie devint une
spécialité à part entière, avec une chaire propre dont le
siège se trouve à l’hôpital Nuestra Señora de las Mercedes.
Le Dr Pardo, pour sa part, fut nommé professeur auxiliaire
en chef à la clinique de dermato-syphiligraphie, suite à la
mise en vigueur de la réforme universitaire.
Le service de dermatologie de l’hôpital Calixto García fut
inauguré en 1925, à la charge du Pr. Pardo. Il comportait les
sections de mycologie, de dermato-pathologie, de laboratoire
clinique, de radiothérapie, de chirurgie, de lèpre et de
syphilis, entre autres services sociaux.
Le doyen de la faculté de médecine décida de diviser le
cours en deux groupes, suivant les critères des Prs Sáenz et
Pardo : le premier groupe à la charge du Pr. Sáenz à l’hôpital
Nuestra Señora de las Mercedes et le deuxième dirigé par
le Pr. Pardo, à l’hôpital Calixto García 10 ; désormais l’enseignement eut lieu dans les deux
centres hospitaliers les plus réputés du pays.
Au cours de la même année (1925), la Ligue d’hygiène sociale fut créée suite à une
entreprise de l’action sociale privée. Son existence fut éphémère et elle fut remplacée en
1928 par la Ligue cubaine de prophylaxie sociale, qui mena des activités d’information
et de vulgarisation.
159
Figure 2.
Hôpital Nuestra
Señora de las
Mercedes (1886)
Figure 3.
Hôpital n° 1,
actuellement hôpital
universitaire général
Calixto García (1896)
Figure 4.
Braulio Sáenz Ricard
(1886-1961)
Figure 5.
Vicente Pardo Castelló
(1892-1967)

JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
160
En 1927 le Pr. Pardo publia son livre Nociones de dermatología y sifilografía [Notions
de dermatologie et de syphiligraphie], réédité en 1941, en 1945 et en 1953 sous le titre
Dermatología y sifilografía [Dermatologie et syphiligraphie]. Des dermatologues réputés
du Brésil, du Mexique, du Pérou et du Salvador et vingt et un auteurs cubains collaborèrent
à ces rééditions.
L’année 1928 témoigna de l’expansion de l’hôpital NS de las Mercedes, avec la
construction d’un pavillon destiné au service de dermatologie baptisé Raimundo Menocal.
Il comportait toutes les sections propres à un service d’enseignement et de soins. En
1934 fut construit le deuxième étage du pavillon grâce à un don du Pr. Sáenz, à la mémoire
de son épouse et de leurs enfants tragiquement disparus lors du désastre maritime
du Morro Castle 12 .
Autres faits remarquables de cette période
L’hôpital San Lázaro, dans la localité de Rincón ou Santiago de las Vegas, fut inauguré
le 26 février 1917, après un long pèlerinage des malades dans divers endroits inhospitaliers
et inhumains. Le Dr José A. Clark en fut le premier directeur, remplacé peu après
par le Dr Benjamín Primelles.
En 1920 fut créé le dispensaire de prophylaxie vénérienne du secrétariat de la Santé,
qui disparut progressivement en raison de problèmes économiques. La Casa de Socorros
del Cerro, dirigée par le Dr Matías Duque, mit en place par la suite un cabinet pour soigner
les maladies vénériennes. Ce service fut à l’origine de l’institut municipal de prophylaxie
vénérienne Joaquín Albarrán tout comme ceux qui fonctionnaient à l’hôpital
des urgences depuis 1921 6 .
La Société cubaine de dermatologie et de syphiligraphie fut fondée le 26 juin 1928
dans le but de favoriser les échanges scientifiques à travers la présentation de cas cliniques
et l’exposition de travaux, aidant ainsi à renforcer les liens entre les dermatologues
du pays et ceux de l’étranger 9 . La première commission directive de la société fut
présidée par les Prs Sáenz et Pardo.
En juin 1929 parut le premier numéro du Bulletin de la société cubaine de dermatologie
et syphiligraphie; la publication dut cesser au cours du troisième trimestre de 1930
à cause de la situation politique dramatique du pays. Elle reprit en 1946 sous la direction
d’Ovidio de Laosa et de J.R. Morales Coello. La même année fut fondé l’institut de
prophylaxie vénérienne Joaquín Albarrán, une institution regroupant des dermatologues
réputés de La Havane et qui fut primordiale pour le soin des patients atteints de maladies
vénériennes.
Avant l’inauguration de cet institut, les seuls services de dermatologie qui existaient
étaient ceux de l’hôpital de las Mercedes, de l’hôpital Calixto García, et les services de
traitement de la peau et de la syphilis du dispensaire Tamayo et de la Croix-Rouge. Les
services de l’État étaient peu nombreux et insuffisants car ils ne se trouvaient qu’à
La Havane et dans les capitales des provinces ayant des ressources très limitées.
La Ligue antilépreuse de Cuba fut fondée en 1936 ; cette institution privée, en partie
subventionnée par le gouvernement de la province de La Havane, menait des campagnes
de vulgarisation à travers la presse écrite et la radio, et publiait aussi le Bulletin de la
Ligue antilépreuse de Cuba.
Le décret présidentiel du 5 décembre 1938 créa le Patronat pour la prophylaxie de la
lèpre, la syphilis et les maladies cutanées (PLESC, en espagnol), dont la direction fut
confiée au Pr. Pardo 13 . Il n’y avait jamais eu auparavant d’organisme officiel pour soigner
et contrôler ces maladies. Dirigée par une confédération de patrons, l’institution ne
dépendait pas de l’administration étatique. Cette dernière fit les démarches pour acheter
à Santiago de Cuba les terrains destinés à la construction d’un hôpital pour les lépreux,
et inaugura des dispensaires dans toutes les provinces du pays. La première

Compte rendu historique de la dermatologie à Cuba
campagne nationale contre la lèpre et la syphilis se mit en route au même moment, ses
résultats ayant été présentés au cours de la 1 re Conférence nationale de léprologie, qui
eut lieu à Santa Clara en 1944 14 .
Le 3 août 1936 se produisit un fait très important pour la science et notamment pour
la dermatologie cubaine : la découverte du tréponème du pian à l’hôpital de las Mercedes,
à partir de la lymphe des lésions cutanées suivant une technique mise au point
par les Drs José Alfonso Armenteros et Juan Grau Triana 15 . L’importance de cette découverte
fut reconnue dès la première communication des institutions dermatologiques
américaines et européennes du plus haut niveau.
Les chercheurs des services de dermatologie des hôpitaux de las Mercedes et Calixto
García identifièrent pour la première fois à Cuba (1941) le champignon à l’origine de la
chromomycose 16 .
Le recensement réalisé en 1942 dénombra un total de 1900 malades atteints de la lèpre.
En 1943 fut fondée la revue du PLESC — Revista de Sifilografía, Leprología y Dermatología
— dont le premier numéro parut un an plus tard. La même année, la lèpre fut
traitée à l’hôpital San Lázaro del Rincón (dirigé par le Dr Fernando Trespalacios) avec la
sulfone, apparue en 1941 pour remplacer l’huile de Chaulmoogra.
Le 24 février 1944 fut inauguré l’hôpital national San Luis de Jagua (à Alto Songo, province
d’Orient), pour héberger les patients souffrant de la lèpre; le Dr Miguel A. González
Prendes en fut le premier directeur. Les 1 er et 2 avril de la même année eut lieu à Santa
Clara la 1 re Conférence cubaine de léprologie, au cours de laquelle le Dr Enrique Ríos
León, célèbre dermatologue de cette localité, inaugura un dispensaire du PLESC.
En 1946, le Dr Victoriano Bermúdez appliqua pour la première fois à Cuba, dans le
service de dermatologie de l’hôpital Calixto García, un traitement par le BAL (antidote
spécifique à l’intoxication par métaux lourds tels que l’arsenic et le mercure, employés
pour traiter la syphilis) 17 .
L’année suivante les Prs Pardo Castelló, Francisco Tiant et Raúl Piñeiro soutinrent
dans plusieurs publications que les lésions des troncs nerveux périphériques sont une
constante dans toute forme clinique de la lèpre, affirmation qui fut acceptée par la plupart
des auteurs 18 .
Le 5 e Congrès international de la lèpre, organisé par la Société cubaine de dermatologie
en collaboration avec l’Association internationale de la lèpre, eut lieu à La Havane
entre le 3 et le 11 avril 1948. La commission nationale organisatrice dudit congrès avait
été créée par un décret présidentiel (n° 4500, du 18 décembre 1947) ; les Drs Alberto
Oteiza et Ismael Ferrer furent nommés respectivement président et secrétaire 18 . L’Association
internationale de la lèpre fut représentée par son président, H. W. Wade, et par
le Dr Ernest Muir, vice-président du congrès 13 . La classification panaméricaine fut adoptée
comme classification internationale au cours de cet événement et l’inclusion du
groupe incaracterístico (appelé aussi « indéterminé »), proposé par le Pd. Latapí fut approuvée.
Cette classification fut d’abord adoptée en Amérique et plus tard dans le monde
entier 19 .
Le gouvernement de la République de Cuba émit un timbre commémoratif en souvenir
de ce congrès majeur. Il fut mis en circulation le 9 avril 1948.
Une fois le congrès terminé, les dermatologues ibéro-latino-américains qui y avaient
participé, réunis autour du Dr Pastor Fariñas (président), de Guillermo González Pérez
et d’Ovidio de la Osa (secrétaires), décidèrent la fondation d’une organisation rassemblant
les spécialistes de tous les pays hispanophones et lusophones, qu’ils appelèrent Collège
ibéro-latino-américain de dermatologie, et dont l’objectif principal était
d’encourager les échanges scientifiques entre les dermatologues des deux continents.
Les statuts de cette institution furent approuvés au moment même de sa constitution. La
première commission fut intégrée par le Dr José Aguiar Pupo (Brésil) en tant que président,
et par trois vice-présidents : Braulio Sáenz Ricard (Cuba), José Gay Prieto (Espagne)
161

Figure 6.
Carlos Castanedo
Pardo (1913-1998)
Figure 7.
Guillermo Fernández
Hernández-Baquero
(1920-1987)
Figure 8.
Serafín Ruiz de Zárate
(1923-1991)
JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
162
et Marcial Quiroga (Argentine) ; le Dr Humberto Cerruti (Brésil) fut élu secrétaire. Le premier
congrès eut lieu à Rio de Janeiro en 1950 20 .
Le 4 mai 1951 fut créée la Société cubaine de léprologie dans la salle de conférences
de l’hôpital de las Mercedes ; elle regroupait les dermatologues consacrés principalement
au traitement des malades lépreux.
En mai 1954 un groupe de dermatologues qui s’étaient lancés dans la cosmétologie
se réunirent à La Havane et créèrent, sous la présidence
du Pr. Carlos Castanedo, la Société cubaine de cosmétologie
(figure 6).
La 2 e Conférence nationale de léprologie, sponsorisée
par la Société cubaine de léprologie et présidée par le
Dr Pastor Fariñas, eut lieu les 26 et 27 mars 1955 à La Havane.
La portée de la classification sud-américaine de la
lèpre, approuvée lors du 5 e Congrès international, fut exposée
en détail au cours de cet événement.
Durant la même année, le Dr Horacio Abascal, directeur
du service de prophylaxie vénérienne, publia un travail
intéressant sur la pellagre et la framboesia, fixant une règle définitive pour la
question philologique qui se posait 21 .
En 1956 le gouvernement de la République de Cuba émit un timbre commémoratif du
centenaire de la naissance du pionnier de la dermatologie latino-américaine, le Pr. Raimundo
G. Menocal.
En juin 1958 les Drs Guillermo Fernández Hernández-Baquero (figure 7) et Fernando
Trespalacios publièrent un écrit sur le premier cas de piedra observé à Cuba et provoqué
par le Trichosporum beigeli 22 . Au mois de décembre, José Alfonso Armenteros et
Oscar Romero présentèrent une nouvelle forme clinique de la chromomycose qu’ils appelèrent
pseudochéloïdienne 23 .
■ Période de la révolution socialiste
(de 1959 jusqu´à nos jours)
Période de la Révolution Socialiste (depuis 1959 jusqu´à nos jours)
Le 1 er janvier 1959 triompha la Révolution, événement historique qui entraînera de
profondes transformations politiques, économiques et sociales dans notre pays.
L’étape précédente avait été caractérisée par un manque de politiques sanitaires, un
développement insuffisant des institutions de la santé publique, l’absence d’assistance
médicale envers la population rurale et l’inexistence d’un programme de formation de
spécialistes. Le pays se trouvait dans une situation précaire où prédominaient la corruption
administrative et l’abandon social, avec des taux élevés de misère, d’analphabétisme,
de chômage et de parasitisme entre autres ; les services de santé étaient rares et
les taux de mortalité infantile élevés, de même que les taux de morbidité et de mortalité
causées par des maladies pouvant être prévenues.
Le fait que la santé fût reconnue comme un droit de l’être humain et une obligation
de l’État contribua à éliminer tous les vices et les facteurs négatifs qui s’opposaient à ce
droit inaliénable.
Les premières mesures révolutionnaires furent orientées vers une assistance médicale
gratuite et accessible dans tout le pays et une organisation des activités curatives et
préventives, afin de réduire et d’éradiquer les maladies grâce au développement d’un
système national de santé. Tout ceci devait compter sur la participation importante des
masses populaires organisées.
Le Dr Serafín Ruiz de Zárate, célèbre dermatologue de la province de Villa Clara, fut
nommé ministre de la Santé publique au mois de juin 1959 24 (figure 8).

Compte rendu historique de la dermatologie à Cuba
Un exode important de médecins vers l’étranger eut lieu pendant les premières années
de cette période. Le nombre de dermatologues qui restèrent dans le pays était alors
limité, mais ceux-ci assurèrent avec honneur leur tâche et contribuèrent à la formation
des nouvelles générations de médecins et de spécialistes, face au besoin impérieux du
développement des programmes sociaux et sanitaires que la direction du pays proposa
dès les premiers temps.
La chaire de dermatologie ayant été supprimée par la réforme universitaire, de nouveaux
enseignants — élus par concours et travaillant déjà comme attachés, instructeurs,
associés ou résidents — arrivèrent au cours du deuxième semestre de 1960. C’est ainsi
que les activités redevinrent peu à peu normales.
Le PLESC disparut en 1960 et fit place à la Section de la lèpre (qui deviendrait plus
tard le Département de dermatologie), sous la direction de l’Assistance hospitalière du
ministère de la Santé publique.
La loi 723 du 22 janvier 1960 créa le Service médical rural, décision d’une grande importance
pour les populations des zones reculées du pays, et surtout des régions montagneuses
auxquelles aucun médecin n’était parvenu jusqu’alors.
Entre 1961 et 1962 le conseil universitaire nomma les Drs Raúl Piñeiro et Guillermo
Fernández Hernández-Baquero comme professeurs titulaires, et les Drs Andrés Valdés
Alvariño, Bartolomé Sagaró (figure 9) et Carlos Castanedo comme professeurs auxiliaires,
promus titulaires un peu plus tard.
Le premier programme de contrôle de la lèpre, mis à jour suivant les nouvelles
connaissances scientifiques et le développement du système national de la santé, fut établi
et dirigé par le Pr. Bartolomé Sagaró.
Durant la première moitié des années 60 furent créés les internats obligatoires pour
tous les élèves, ainsi que le résidanat de dermatologie ; l’internat s’effectuait pendant la
sixième année des études de médecine et le résidanat lors d’une spécialisation d’une
durée de deux ans. Les premiers instructeurs de la chaire de dermatologie furent nommés
en 1966 : José Díaz Almeida, Alfredo Abreu, José Díaz de la Rocha, Fernando
Fernández et Pedro Regalado Ortiz ; en 1969 ils furent promus professeurs auxiliaires et
titularisés en 1977.
L’enseignement de la médecine — et de la dermatologie — s’étendit dans tout le pays au
cours de ce processus. L’activité pédagogique dans la ville de Santiago de Cuba débuta en
1966 avec le prestigieux spécialiste Miguel Ángel D’Alessandro; dans la province de Camagüey,
la nomination revint au Dr Enrique Llanos, célèbre dermatologue de la région; à
Santa Clara, le prestigieux spécialiste Serafín Ruiz de Zárate fut nommé professeur de cette
région centrale du pays. Quant à la province de Matanzas, l’enseignement débuta en 1969:
le Dr Zobeida Lovio, faisant preuve d’éminentes qualités pédagogiques et d’un grand travail
d’assistance, y fut désignée professeur. Enfin, dans la province Pinar del Río, l’enseignement
fut assuré par le Dr Luis Ruqué, qui exerçait la profession de dermatologue jusqu’alors.
La structure administrative du ministère de la Santé publique comportait des groupes
nationaux et provinciaux ; des professionnels prestigieux, de niveau scientifique élevé et
prodiguant des conseils dans les différentes spécialités médicales, en faisaient partie. Le
Dr Bartolomé Sagaró fut nommé chef du groupe national de dermatologie ; il fut remplacé
à partir de 1972 par le Dr Alfredo Abreu, qui occupe toujours le poste.
Plus de vingt livres et monographies furent publiés au cours de cette période, parmi
lesquels on distingue : Propedéutica Dermatológica [Propédeutique dermatologique], du
Pr. Hernández-Baquero; Dermatología para estudiantes y el médico práctico [Dermatologie
pour les étudiants et le praticien], du Pr. Carlos Castanedo ; Historia de la lepra en
Cuba [Histoire de la lèpre à Cuba], du Pr. Miguel A. González Prendes ; Histomorfología
de la piel [Histomorphologie de la peau], du Dr Darío Argüelles ; Micología [Mycologie],
du Dr Alfonso Armenteros, et le premier manuel officiel pour les élèves rédigé par l’ensemble
de la chaire de dermatologie.
163
Figure 9.
Bartolomé Sagaró
Delgado (1919-2001)

Figure 10.
De gauche à droite :
Andrés Valdés Albariño,
José Díaz de la Rocha,
José Díaz Almeida, José
de J. Arvelo, Vicente
Menéndez García,
Alfredo Abreu Daniel
Figure 11.
José G. Díaz Almeida
Figure 12.
Dermatologues
participant à des
activités scientifiques
JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
164
Dès la fin de la première décennie, la spécialité se
vit renforcée, avec un plus grand nombre de spécialistes
diplômés, une meilleure organisation des services
et une assistance qui s’étendit à toutes les
provinces cubaines.
En octobre 1970, le Dr José Arvelo, consultant à
l’Organisation panaméricaine de la santé, vint donner
des conseils sur le thème prévention et rémission des
malformations physiques chez les lépreux. Sa visite intervint
au moment où se réalisait le 1 er Cours international
de prévention et de rémission des malformations
physiques causées par la lèpre (figure 10).
Au cours de la même année, on effectua un audit
et une restructuration de l’hôpital national San Luis de Jagua dans le but de le fermer.
Cela répondait aux critères modernes de l’épidémiologie de la lèpre, selon lesquels les
patients étaient réhabilités et l’hospitalisation obligatoire proscrite.
En 1972, le Pr. Carlos Castanedo publia le livre Alergia, dermatología y fenómenos
asociados [Allergie, dermatologie et phénomènes associés], dans lequel il exposa ses
propres expériences.
En 1973, le Pr. José Díaz Almeida (figure 11) dirigea la première étude de la lèpre en
macrophages péritonéaux du rat réalisée à Cuba par microscopie électronique.
En décembre 1975, la 2 e Journée provinciale de dermatologie eut lieu à Matanzas,
siège de l’annexe de la Société cubaine de dermatologie dans cette province. Cette journée
clotura le 2 e Séminaire provincial d’enquêteurs-chercheurs.
Entre le 14 et le 19 juin 1976, un cours sur « la rémission et la prévention des malformations
physiques chez les lépreux » fut dispensé aux dermatologues à l’hôpital-clinique
chirurgical Ambrosio Grillo (à Santiago de Cuba). Le Dr José M. Pereira coordonna
ce travail.
Vers la fin de l’année 1976 se déroula le 2 e Séminaire
national d’épidémiologie et de contrôle des
maladies vénériennes avec la participation de dermatologues
et d’épidémiologistes de tout le pays. Ce séminaire
fut très important pour la dermatologie en raison
de la thématique des ateliers organisés.
Un nouveau programme de contrôle de la lèpre (qui incluait
l’usage de la rifampicine dans le traitement de la
maladie) fut appliqué en 1977. Le Dr Alfredo Abreu fut désigné
consultant de l’OMS spécialisé dans l’étude et le traitement
de la lèpre au cours de la même année. Il donna
des conseils dans les pays asiatiques et africains sur leurs
programmes de contrôle de la maladie et fut nommé par
la suite membre du panel d’experts de la lèpre à l’OMS.
Au cours du 1 er Congrès national de dermatologie à Cienfuegos (1979), Carlos Miyares
Cao et Manuel Táboas exposèrent leurs travaux sur l’étude expérimentale et clinique de
l’effet de pigmentation épidermique de l’extrait placentaire humain — connu sous le nom
de melagénine — dans le traitement du vitiligo (figure 12).
Le 12 mai 1980 les professeurs de dermatologie Guillermo Fernández Hernández-Baquero,
Bartolomé Sagaró, José Díaz Almeida et Fernando Fernández reçurent une médaille
du 250 e anniversaire de l’université de La Havane. Au mois de juin de la même
année, le Dr Alfredo Abreu fut élu président de la Société cubaine de dermatologie, poste
auquel il fut réélu trois ans plus tard lors du 2 e Congrès national de dermatologie de la
province de Santiago de Cuba.

Compte rendu historique de la dermatologie à Cuba
En 1982 fut inauguré à La Havane l’hôpital-clinique chirurgical Frères Ameijeiras,
son service de dermatologie étant alors dirigé par le Pr. Bartolomé Sagaró.
Un nouveau modèle d’assistance médicale, incluant un médecin et une infirmière de
famille dans tous les cabinets, fut créé en 1984 ; ce modèle modifia de manière bénéfique
la forme, le contenu et la pratique du soin médical. La préparation dermatologique de
ces professionnels eut une grande importance en raison de l’incidence et de la prévalence
des maladies cutanées dans la population.
Le 24 juillet 1984 fut inaugurée la clinique du psoriasis à Santa María del Mar, fondée
par le Pr. Baquero et dont la première directrice fut Marta Cortés.
En 1985, la commission de degrés scientifiques du Ministère de l’Éducation supérieure
octroya le grade de docteur ès sciences à Guillermo Fernández Hernández-Baquero
et à Bartolomé Sagaró. Plus tard, José Díaz Almeida, Pedro Regalado Ortiz, Julián
Manzur et Rafael Grillo reçurent la même distinction.
En 1986 le ministère de la Santé publique mit en place à travers l’Institut Supérieur
des Sciences Médicales de La Havane, un programme national de dermatologie basé sur
une activité (dont la dermatologie pédiatrique) par séjour d’une durée de trois semaines.
Au cours de la même année parut une nouvelle édition du manuel du Pr. Baquero et
de ses collaborateurs. Au mois de juillet, le Pr. Marta Cortés obtint le titre de docteur ès
sciences médicales à l’Institut dermatologique de Moscou, devenant ainsi la première
femme dermatologue ayant acquis un tel grade scientifique à l’étranger.
Le premier cas de sida à Cuba fut diagnostiqué en 1986. Il faut noter que déjà en
1983, le ministère de la Santé publique, ayant connaissance de l’ampleur de la pandémie,
avait créé une commission nationale chargée d’élaborer un programme destiné à
éviter la propagation de la maladie dans le pays.
En 1988, un nouveau programme de contrôle de la lèpre entra en vigueur à Cuba,
consolidant le traitement standardisé de la polichimiothérapie conseillée par l’OMS dans
la prévalence et l’incidence de la maladie.
Par ailleurs, le 3 e Congrès national de dermatologie eut lieu dans la province de Camagüey,
auquel participèrent les professeurs invités Amado Saúl, Roberto Arenas,
Lourdes Tamayo et Juan Manuel Garibay.
En septembre 1989 eut lieu le 7 e Congrès latino-américain de lutte contre les maladies
sexuellement transmissibles au palais des Conventions de La Havane ; cet événement
très important favorisa l’échange scientifique entre les Cubains et les participants
étrangers.
Vers la fin des années 80, le pays connut une certaine stabilité socio-économique : les
soins dermatologiques se maintinrent et le nombre de spécialistes diplômés en dermatologie
(formés dans toutes les provinces cubaines) s’accrut. Les programmes axés sur la
lèpre et les infections sexuellement transmissibles se développèrent avec succès.
À partir de 1990, la crise du communisme s’accentua sur la scène internationale, entraînant
sa disparition ; ceci provoqua un coup très dur pour notre pays en raison des
graves conséquences qu’elle induisit dans tous les secteurs et les branches de l’économie,
notamment dans la santé et l’éducation. Cette situation fut aggravée par l’aggravation
de l’embargo que le gouvernement américain impose à Cuba depuis plus de quatre
décennies.
Au cours des premières années de cette période de crise économique, la dermatologie,
tout comme les autres spécialités, s’est vue affectée, surtout en ce qui
concerne les médicaments et les équipements. Cependant, le niveau d’assistance
médicale de la population et du développement des programmes de formation des
médecins et des spécialistes dans les facultés du pays se maintint ces dernières
années.
La Société cubaine de dermatologie disposait déjà d’annexes dans toutes les provinces
du pays. Cette nouvelle étape marqua une organisation territoriale différente pour les
165

Figure 13.
Alfredo Abreu Daniel
JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL
166
activités scientifiques : les provinces se regroupèrent en annexes occidentales, centrales
et orientales, accueillant tour à tour les différents événements.
L’année 1990 vit se produire des promotions pour les enseignants et nos dermatologues
obtinrent des grades scientifiques : le grade de docteur ès sciences médicales fut
octroyé au Dr Damisela López Osorio, au Pr. Ramón Daniel Simón et au Pr. Myra Guerra
Castro.
Le cours d’administration et d’épidémiologie du contrôle des MST eut lieu à La Havane
du 19 octobre au 7 novembre 1991 ; il avait pour but de former les dermatologues
et les épidémiologistes et de les tenir informés des principes administratifs et épidémiologiques
récents pour élaborer et perfectionner un programme de contrôle des maladies
sexuellement transmissibles.
En 1993, grâce au développement du programme de contrôle de la lèpre basé sur
l’application de la polichimiothérapie, le pays montra des valeurs inférieures à
1 pour 10 000 habitants.
Au cours du deuxième semestre de 1993, l’enseignement supérieur de la dermatologie
à l’hôpital-clinique chirurgical Luis Díaz Soto de La Havane de l’Est fut inauguré pour
les étudiants de médecine militaire; le Pr. Santiago Alfonso fut nommé chef du service.
Le 31 janvier 1994, la direction de l’enseignement du ministère de la Santé publique
publia un nouveau règlement pour le résidanat de dermatologie.
Le 7 juillet 1995 eut lieu la 1 re Journée interne de dermatologie de l’hôpital Calixto
García (la 9 e Provinciale de dermatologie) pour commémorer le centenaire de l’institution
; cet événement fut placé sous les auspices du Pr. Díaz Almeida Fernanda Pastrana
(chef du groupe provincial de dermatologie de la ville de La Havane), et compta
sur la coordination du Pr. Adis Abad.
L’appel pour intégrer la commission directive de la Société cubaine de dermatologie
figura comme suit : Alfredo Abreu (président) (figure 13), José Díaz Almeida (viceprésident),
Zobeida Lovio (secrétaire) et María Antonia Díaz (trésorière).
Au mois de juillet 1996 eut lieu la Journée territoriale de dermatologie de Santa
Clara — Journée de Cienfuegos —, coordonnée par le Dr Roberto Seife, à laquelle assistèrent
les dermatologues et les épidémiologistes de toutes les localités du pays. Le
8 et le 9 novembre eut lieu à Santiago de Cuba la 13 e Journée provinciale (la 2 e journée
territoriale de dermatologie), sponsorisée par une annexe de la Société cubaine
de dermatologie située à Santiago de Cuba et par le groupe provincial spécialisé, et
placé sous la coordination du Dr Yolanda Columbié. Le 28 novembre se tint à Camagüey
la Journée scientifique du 37 e anniversaire de l’hôpital-clinique chirurgical Amalia Simoní
; le Pr. José Rodríguez Machado, chef du service de dermatologie, fit référence au
cours de cette journée à l’application de la cryochirurgie introduite dans son service depuis
1991 et eut le grand mérite d’utiliser des instruments conçus par son groupe et fabriqués
par l’industrie mécanique de la province. La 1 re Journée luso-cubano-espagnole
du groupe dermatologique de l’Atlantique fut organisée le 30 novembre à l’hôpital-clinique
chirurgical Miguel Enríquez (de la ville de La Havane), au cours de laquelle eut lieu
une séance intéressante sur des cas cliniques.
Entre le 3 et le 7 février 1997 eut lieu à La Havane la 1 re Conférence internationale
de dermatologie cubano-italienne ; des professeurs cubains et italiens y donnèrent des
conférences. La même année, l’Institut supérieur des sciences médicales de La Havane
attribua le titre de professeurs consultants à José Díaz Almeida, Alfredo Abreu, Julián
Manzur et Pedro Regalado Ortiz.
La 1 re Journée luso-cubaine de dermatologie et de clinique générale fut organisée le
2 et le 3 septembre 1998 dans la ville de La Havane, à l’hôpital Miguel Enríquez ; elle révéla
le niveau de développement de la dermatologie dans les deux pays. Le 17 et 18 décembre
eut lieu la Journée Fototer 98 sponsorisée par l’université de La Havane ; de
nombreux travaux liés à l’application du Fototer en dermatologie furent présentés au

cours de cette manifestation, tels ceux d’Esperanza Furones, promotrice de cette procédure,
ainsi que les travaux de José Díaz Almeida, Adis Abad, Victoria Fundora et Pedro
Balaguer, dermatologues à l’hôpital général Calixto García.
Finalement, nous connaissons en l’an 2000 une nette amélioration de la situation économique
et sociale du pays ; cette amélioration est soutenue depuis la deuxième moitié
des années 90. Nous en distinguons les principaux indicateurs :
• L’éducation est présente à tous les niveaux.
• Le nombre de spécialistes diplômés en dermatologie augmente, et atteint le chiffre
de 546 pour une population de 11 229 688 habitants, c’est-à-dire en moyenne 1 dermatologue
pour 20 567 habitants.
• Les instituts supérieurs de sciences médicales du pays se développent, et le nombre
de facultés de médecine augmente : vingt-deux facultés, y compris l’École latino-américaine
de sciences médicales (ELAM).
• La dermatologie est présente dans toutes les polycliniques du pays.
• Un groupe de professeurs des instituts supérieurs de sciences médicales de La Havane,
de Villa Clara et de Santiago de Cuba parachève le manuel le plus récent de la spécialité
pour les élèves et les résidents de dermatologie.
• Les cours de spécialisation en dermatologie se multiplient dans toutes les facultés.
• La formation et la spécialisation des enseignants se poursuivent, et le nombre de
professeurs.
• D’importantes réunions nationales et provinciales sont organisées pour discuter et
analyser les programmes sur la lèpre et les MST.
• La lèpre ne constitue plus un problème de santé publique, atteignant un taux de
prévalence de 0,2 pour 10 000 habitants.
• La syphilis congénitale est pratiquement éradiquée.
• Concernant le VIH/sida, le programme de prévention et de promotion est perfectionné
par une assistance intégrale pour tous les malades.
• L’aide internationale apportée par nos dermatologues augmente. ■
■ Références
bibliographiques
1. Pardo Castelló V. « Skin Diseases
in the New World. » Arch. Derm.
and Syph. 1933; 28:22-28.
2. González Prendes M.A., Ibarra
Reig R. Origen e introducción
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la Lepra. La Habana: CENIT;
1949:623-633.
3. Gordon A. Medicina indígena
de Cuba y su valor histórico.
La Habana: Anales de la
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ESQUISSE HISTORIQUE
DE LA DERMATOLOGIE
CHILIENNE
Le présent travail constitue une étude préliminaire de quelques aspects principaux de
la dermatologie au Chili, selon les documents et les divers témoignages oraux que nous
avons pu rassembler. En conséquence, ce compte rendu est loin d’être exhaustif et il
devra être révisé et complété dans les années à venir.
Plusieurs sujets très intéressants n’ont pas été traités ici étant donné l’urgence
d’écrire cette esquisse pour le XXI e Congrès mondial. Nous évoquerons ici :
1) une recherche historiographique de certaines facettes de la dermatologie du Chili précolombien,
colonial et républicain (y compris le Chili indigène diachronique) jusqu’à la
moitié du XX e siècle, tout comme les pathologies dermatologiques qui y prévalent, la pratique
et l’exercice de la médecine et de la paramédecine, la thérapeutique de chaque
époque et les apports individuels des figures réputées ; 2) l’évolution des politiques des
entités publiques et privées au sujet des aspects préventifs, curatifs et de réhabilitation
de plusieurs dermatoses et des maladies sexuellement transmissibles (MST) ; 3) une
étude de l’hôpital San Luis de Santiago (actuellement disparu), comportant son origine,
son développement et son impact sur la dermato-vénéréologie chilienne ; 4) des études
sur d’autres disciplines dermatologiques, comme la dermato-pathologie, les dermatoses
professionnelles, l’oncologie cutanée et les pathologies régionales à impact cutané (par
exemple l’hydroarsenicisme chronique) ; 5) l’exercice médical privé de la dermatologie
dans les cabinets et les grandes cliniques du pays, et son impact sur le contrôle des affections
dermatologiques et des MST.
La Dermatologie comme spécialité au Chili
Première moitié du XX e siècle
RUBÉN GUARDA TATÍN
■ La dermatologie comme spécialité au Chili
L’évolution de la dermatologie au Chili et sa reconnaissance en tant que spécialité furent
affectées par l’influence de la médecine européenne, par la création tardive et le
nombre limité d’écoles de médecine au Chili (par rapport à l’Europe, aux États-Unis et à
plusieurs pays latino-américains) et par l’isolement géographique du pays dans le monde.
Au cours des premières décennies du XX e siècle, la dermato-vénéréologie commença
à poindre au Chili comme une spécialité nécessaire de la médecine, aussi bien par la
complexité des affections dermatologiques et vénériennes que par la difficulté des
169

RUBÉN GUARDA TATÍN
170
médecins généralistes et internes à gérer ces pathologies. Et ce au moment où la médecine
française (phare du savoir et de la pratique médicales en Amérique du Sud à
l’époque) reconnut la dermatologie en tant que spécialité.
Vers 1914, l’université du Chili (UCH) introduisit l’enseignement de la dermatologie
dans les études de médecine ; suivront plus tard l’université de Concepción, la Pontificia
Universidad Católica (PUC), entre autres. Deux centres de traitement dermatologique furent
à la tête non seulement du soin des patients dermatologiques et vénériens mais
aussi de l’enseignement et de la légitimation de la spécialité : l’hôpital San Luis, fondé
vers la fin du XIX e siècle pour soigner les maladies dermatologiques et vénériennes, et la
clinique de la peau et de la syphilis de l’hôpital général San Vicente de Paul, créée au
début du XX e siècle.
Nul doute que la cruauté visuelle des maladies dermatologiques, la réticence sociale
face aux affections vénériennes et le manque de ressources thérapeutiques contribuèrent
au fait que les jeunes médecins furent peu attirés par la dermatologie. Quel que fût
le mécanisme d’accès, elle constitua toujours un choix secondaire au Chili. Ceux qui l’ont
finalement exercée y arrivèrent de façon accidentelle ; en fait, il ne s’agit jamais des
meilleurs diplômés des écoles de médecine, sauf quelques honorables exceptions comme
Hernán Hevia Parga, le meilleur élève de la promotion 1938 de la PUC.
Le manque de concurrence pour occuper les postes de travail rendaient l’accès à la
spécialité relativement facile : il fallait s’affilier aux services de dermatologie de Santiago,
Valparaíso ou Concepción afin d’acquérir une formation variée, qui s’obtenait par la pratique
— rémunérée ou non — de la spécialité pendant des semaines, des mois ou des années
; cela permettait au médecin de s’attribuer le titre de dermatologue. Néanmoins, les
médecins se sentirent toujours peu attirés par la dermatologie, provoquant un manque
important de spécialistes, surtout dans les provinces. Il était fréquent d’entendre les médecins
non dermatologues dire que la dermatologie était une spécialité facile, peu sérieuse
et peu scientifique ; cette image discréditée était ravivée par l’opinion très
répandue que ceux qui échouaient dans les autres spécialités réussissaient en dermatologie.
C’est pour cette raison qu’il n’y eut au Chili que quelques douzaines de dermatologues
suffisamment préparés pour exercer, quasiment tous concentrés à Santiago et quelquesuns
à Valparaíso et à Concepción. Cette carence, notamment dans les provinces, conduisit
quelques médecins généralistes ou urologues à soigner — pour des raisons
humanitaires ou économiques mais sans une préparation majeure — des patients souffrant
de dermatoses et/ou de MST rejetés par d’autres collègues, devenant ainsi les
dermatologues de leur région.
Après 1952
La création du Service national de la santé (SNS) en 1952 par la loi 10 076 révéla le
besoin d’établir une politique de couverture sanitaire obligatoire pour tous les habitants
du pays ; ceci entraîna la fusion en une seule structure de tous les hôpitaux et les polycliniques
communautaires chiliens, quelle que fût leur hiérarchie. Les actions du SNS révélèrent
alors une carence importante de médecins de plusieurs spécialités, y compris la
dermatologie, du point de vue qualitatif et/ou quantitatif, tant pour les actions préventives
(materno-infantile, tuberculose, MST, entre autres) que curatives. Les causes de ce
manque furent, d’une part, l’inégale distribution des spécialistes, qui préféraient travailler
à Santiago ; d’autre part, l’absence de politiques de stimulation envers les jeunes
médecins visant à une diversification et à un quota de spécialistes pour pourvoir aux besoins
du pays. Par ailleurs, le nombre réduit de médecins diplômés déterminait le choix
de la spécialité, qui n’était basée que sur la décision personnelle de chaque médecin,
généralement liée à une offre ponctuelle de travail dans un centre hospitalier.

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Cette situation changea radicalement pour toutes les spécialités — sauf pour la dermatologie
— lors de la mise en place en 1958 du système de médecins de zone: faisant partie
des programmes nationaux de la santé publique, les médecins récemment diplômés allaient
travailler dans les provinces (principalement dans les zones manquant de médecins), pour
une période de trois à cinq ans, avec une rémunération considérable. À la fin de cette période,
ils pouvaient accéder en récompense à une formation dans une spécialité et un centre
hospitalier de leur choix (en percevant toujours un salaire). Nonobstant, les médecins
n’éprouvèrent aucun intérêt à exercer la dermatologie, la considérant peu attirante.
Le manque de dermatologues au Chili fut notoire: en 1970, il y avait environ trente
dermatologues qualifiés et une vingtaine non qualifiés. Le drame des patients était triple :
le groupe communautaire rejetait leurs corps estropiés, une assistance médicale suffisante
et régulière était pénible à trouver et les médicaments efficaces pour le traitement
de leurs pathologies faisaient défaut, du fait du progrès limité de la science dermatologique
de l’époque. Cette situation menait à la chronicité et à l’aggravation des lésions,
entraînant un rejet encore plus important du groupe familial et, plus grave encore, une
réticence des médecins à l’égard de ces patients. Ce n’est qu’après 1980 que les jeunes
médecins éprouvèrent un intérêt consistant pour la spécialité.
Choix de la dermatologie et diminution de la pénurie de spécialistes
Durant les quinze dernières années du XX e siècle et les premières du siècle présent, l’intérêt
des jeunes médecins pour la dermatologie augmenta considérablement. Pendant cette
période, la demande croissante dépassa l’offre de postes vacants des grands centres dermatologiques
pour les résidents en formation. Plusieurs raisons expliquèrent ce changement:
1) la création d’un programme national de spécialisation rigoureusement agencé dans les
domaines théoriques et pratiques, qui reçut le soutien des principaux dermatologues du
pays; 2) l’ascension spectaculaire du statut scientifique de la dermatologie parmi les spécialités
médicales, du fait de la pénétration marquante des sciences basiques (la génétique, la
biochimie, l’immunologie, la physiologie) dans la connaissance de la peau et de ses pathologies;
3) le progrès significatif de traitements efficaces (antibiotiques, corticostéroïdes); 4) la
relative absence d’urgence en dermatologie et la possibilité d’aménager les horaires de
consultation, attrait spécial pour les femmes médecins; 5) un revenu économique stable
grâce aux consultations privées, 6) l’attrait considérable, dans les dernières cinq années, de
la chirurgie dermato-cosmétique. Les conséquences furent les suivantes: la dermatologie fait
partie des cinq spécialités préférées des médecins récemment diplômés possédant les
meilleures qualifications; une nette réduction du manque de dermatologues dans le pays; et
une amélioration nette du soin dermatologique des patients des grandes villes.
Cependant, le grave problème d’une distribution inégale des dermatologues persiste :
notre pays est si vaste que certains endroits manquent toujours de spécialistes. Plusieurs
raisons contribuent à cette inégalité : non seulement la préférence naturelle pour la qualité
de vie des centres urbains (notamment Santiago) et la qualité du progrès professionnel
dans les grands hôpitaux, mais aussi l’insuffisance de moyens du ministère de la
Santé et des services de la santé régionaux. Cette situation les empêche de stimuler économiquement
les diplômés pour leur offrir une formation dans la spécialité ou pour favoriser
leur accès à des ressources matérielles et humaines afin de soigner les patients
et mener des actions de prévention.
La dermatologie chilienne en tant que jeune spécialité,
à prédominance féminine
Un écart considérable entre les générations se produisit au Chili vers 1970: d’un côté, des
dermatologues âgés de plus de 50 ans; de l’autre, un début timide des jeunes de moins de
171

RUBÉN GUARDA TATÍN
172
30 ans; entre les deux, des professionnels peu nombreux. Du fait de l’augmentation récente
de la quantité de jeunes dermatologues et du départ à la retraite ou de la mort des anciens,
la majorité des dermatologues sont actuellement âgés de moins de 50 ans, ce qui représente
un potentiel capital pour le progrès de la dermatologie chilienne.
Par ailleurs, tandis qu’avant 1960 il n’y avait pas de spécialistes de sexe féminin, de
nos jours une nette majorité de dermatologues sont des femmes, non seulement parce
qu’elles ont de meilleures qualifications que les hommes dans les études supérieures, ce
qui leur permet d’accéder aux bourses/résidanat (plusieurs femmes furent les meilleures
élèves de leurs écoles de médecine respectives), mais encore parce que, comme nous
l’avons déjà dit, l’exercice de la spécialité est très compatible avec les responsabilités familiales.
Plusieurs femmes se distinguèrent dans différents domaines de la dermatologie
et dans des rôles de direction : quatre des six derniers présidents, six des sept derniers
vice-présidents et les huit derniers secrétaires généraux de la SCDV sont des femmes.
La légitimation approximative des spécialistes dans un passé proche
Le manque de normes juridiques, définissant les spécialités médicales et leur exercice,
est commun aux pays sud-américains, et il en est certainement de même pour le
Chili. N’importe quel médecin peut s’attribuer une spécialité, même s’il devient de plus
en plus difficile de la soutenir face à ses pairs, aux patients et à la communauté. De nos
jours, les droits des patients et certaines raisons juridiques (poursuites pour mauvaise
pratique, des erreurs, entre autres) justifient et nécessitent une formation consistante et
solide de la spécialité.
Étant donné le manque de spécialisation à travers les bourses ou le résidanat jusqu’en
1966, et l’inexistence d’un système national de certification fiable jusqu’en 1991,
la qualification d’un médecin dermatologue compétent fut essentiellement estimative et
informelle. Son affiliation précédente — payée ou pas — à un service ou une unité dermatologique
dans un hôpital public ou universitaire, par un système appelé au Chili « entraînement
à la pratique », intervenait jusqu’à présent dans sa légitimation. En fait, tous
les professionnels qui avaient travaillé pendant plusieurs années au sein des unités de
dermatologie des grands centres hospitaliers furent acceptés en tant que dermatologues
qualifiés (hôpitaux San Luis, San Vicente de Paul — appelé plus tard José Joaquín
Aguirre —, San Juan de Dios, Barros Luco, Régional de Concepción et autres) ; plus encore
si ces hôpitaux étaient associés à l’enseignement médical. Néanmoins, dans certains
cas, la durée des passages dans les centres dermatologiques était très courte (entre un
et six mois) ; dans d’autres cas (plus rares), seules des visites occasionnelles dans les
centres avaient eu lieu. Comme nous l’avons déjà dit, quelques médecins obtinrent leur
autolégitimation grâce aux soins prodigués aux patients atteints d’affections dermatologiques
ou de MST dans les provinces ou certains quartiers métropolitains.
L’accréditation formelle en tant que spécialiste dans le passé immédiat
Plusieurs pas directs et indirects furent faits en faveur de l’accréditation au Chili d’un
médecin en tant que spécialiste en dermatologie et vénéréologie. Le premier fut la fondation
de la Société chilienne de dermato-syphiligraphie (SCDS), qui changea son nom en
1938 pour celui de Société chilienne de dermatologie et de vénéréologie (SCDV). Ses associés
furent alors naturellement légitimés auprès de leurs pairs et des membres de la
Société médicale de Santiago, dont la SCDS était une filiale au moment de sa naissance.
Cependant, le reste des institutions et la communauté nationale considérèrent cette affiliation
comme étant une estimation consensuelle (ne suivant aucune norme) du métier
de spécialiste. Nous ignorons les conditions requises pour devenir membre de la SCDS
(plus tard SCDV) pendant sa première phase historique (1938-1980) (cf. infra).

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Le deuxième pas consista dans la mise en route du programme de formation de spécialiste
en dermatologie octroyé par l’UCH dès 1966. Jusqu’en 1990, seul une minorité
des dermatologues exerçant au Chili avaient obtenu leur diplôme par ce programme ;
néanmoins, leur nombre augmenta de façon significative pendant les dernières années.
Le troisième pas fut fait par la SCDV : moyennant un travail intensif face à l’absence
de registres des membres affiliés à la société depuis sa fondation, elle entreprit en 1986
une révision rigoureuse des antécédents, conformément aux statuts de 1985, afin de procéder
à la validation des médecins en tant que dermatologues et membres de la SCDV
par là même ; cette tâche fut achevée en novembre 1987, et une liste officielle de
130 membres titulaires, qui se reconnurent ainsi formellement comme pairs, fut établie.
Le quatrième pas se produisit en 1988 : la Corporation nationale d’accréditation de
spécialités médicales (CONACEM) — une corporation autonome de droit privé formée par
le Collège médical du Chili, les différentes sociétés de spécialités médicales chiliennes et
l’Association de facultés de médecine du Chili (ASOFAMECH) — invita la SCDV à entamer
un processus formel d’accréditation de médecins en dermatologie et vénéréologie, basé
sur les règles générales de la CONACEM, rejoignant ainsi d’autres sociétés médicales qui
avaient déjà entrepris cette accréditation. Une commission spécifique de cinq membres
fut constituée à cette fin : Rubén Guarda (président désigné par la direction de la CONA-
CEM), Juan Honeyman et Daniel Villalobos (désignés par l’ASOFAMECH) et Manuel Melis
et Julia Oroz (désignés par la SCDV).
Après plusieurs propositions et modifications, la commission et la direction de la CO-
NACEM se mirent d’accord en 1990 sur le document final des conditions requises pour
l’accréditation en dermatologie et vénéréologie. Les principaux problèmes du travail de
cette commission furent les suivants : 1) une formulation limitée et régulière de spécialistes
adaptée à la réalité nationale ; 2) l’incorporation du mot vénéréologie à la spécialité
(étant donné que des médecins d’autres spécialités traitaient des patients atteints de
MST) ; 3) la qualification de la dermatologie et la vénéréologie en tant que spécialités primaires
; 4) la formulation de conditions requises permettant l’accréditation de médecins
ayant prouvé un exercice long et de qualité de la spécialité (surtout dans les provinces)
mais manquant, et empêchant en même temps l’accréditation imméritée de médecins
sans préparation suffisante.
En résumé, la commission détermina que pourraient être accrédités : 1) les professeurs
de dermatologie des facultés de médecine réputées ; 2) les diplômés des
programmes officiels de spécialisation en dermatologie et vénéréologie des facultés
accréditées ; 3) les médecins ayant pratiqué pendant cinq ans dans des centres
dermatologiques chiliens respectant les conditions requises stipulées ; 4) les médecins
formés dans la spécialité au sein de facultés étrangères avec des programmes
semblables à ceux des facultés de médecine chiliennes. Les médecins qualifiés
pour ces deux derniers groupes devaient passer un examen pratique de cinq jours ;
en 2002 s’y ajouta un examen théorique, sorte de préqualification à l’examen pratique.
Le processus de certification de spécialistes en dermatologie et vénéréologie débuta
en 1991 et il est toujours en vigueur. L’organisme technique appelé commission de dermatologie
et vénéréologie analyse les demandes des médecins envoyées par la direction
de la CONACEM. Cette commission est composée de cinq membres : le président est désigné
par la direction de la CONACEM, deux membres sont désignés par la SCDV et les
deux autres par l’ASOFAMECH. Trois dermatologues ont intégré cette commission dès sa
création : Rubén Guarda (président), Manuel Melis (SCDV) et Juan Honeyman (ASOFA-
MECH). Les deux autres membres furent Julia Oroz et Félix Fich (SCDV), Daniel Villalobos,
Mirtha Cifuentes et María Luisa Pérez-Cotapos (ASOFAMECH). Jusqu’en
septembre 2004, 179 médecins furent accrédités comme spécialistes en dermatologie et
vénéréologie par cette commission.
173

RUBÉN GUARDA TATÍN
Le manque de loi sur les spécialités médicales au Chili fait de l’accréditation de la CO-
NACEM la seule instance légitime auprès des institutions privées de la santé, des universités
et des associations médicales syndicales et scientifiques. Il n’y a que le ministère de
la Santé qui renâcle à légitimer ces accréditations et à les exiger lors de la nomination des
spécialistes pour les postes des hôpitaux publics; ceci est essentiellement dû à une politique
imprévisible, qui vise à retenir la possibilité de nomination de médecins pour des
raisons qui ne sont pas strictement techniques. Ainsi, la reconnaissance de spécialistes
n’est pas tout à fait complète au Chili et elle ne constituera un outil vraiment efficace que
lorsque toutes les institutions nationales s’accorderont sur un processus unique.
■ L’enseignement de la Dermatologie de la au dermatologie Chili
au Chili
174
Introduction
L’enseignement dermatologique se limita jusqu’en 1966 à l’enseignement de la discipline
aux élèves des études supérieures des écoles de médecine et à l’enseignement de
certains thèmes liés à l’hygiène sociale aux élèves des autres écoles. Nous ne possédons
pas d’information de source sûre (dates ou circonstances) sur le début de l’enseignement
de la dermatologie comme discipline isolée au cours des études supérieures. Traditionnellement,
la dermatologie fut considérée au Chili comme une discipline subordonnée et
moins importante dans le curriculum général des études. À présent les élèves ne disposent
que de deux semaines à temps complet pour des activités pratiques et le cours théorique,
ce qui est jugé insuffisant du fait de l’impact et de la prévalence des dermatoses
dans la pratique quotidienne des médecins généralistes et des pédiatres.
Cette contribution ne s’étendra pas sur la vie et l’apport des professeurs les plus renommés
du Chili (sauf quelques exceptions), ni sur la mention de tous les dermatologues
qui travaillèrent dans les services et les chaires liés à l’enseignement supérieur et de spécialisation.
Les études supérieures à Santiago
L’UCH fut pionnière et seule responsable de cet enseignement jusqu’en 1983. Les débuts
de la dermatologie dans le programme de médecine de l’université sont aussi méconnus
que ses premiers professeurs. La première appellation de la discipline fut « Peau
et syphiligraphie » et son premier professeur Mamerto Cádiz, médecin épidémiologiste ;
cependant on ignore le poste qu’il occupait, son lieu de travail ainsi que ses références
personnelles. À l’origine, les cours se faisaient exclusivement à l’hôpital San Luis jusqu’à
la création d’une autre chaire à l’hôpital San Vicente de Paul. Luis Puyó Medina, formé
à Paris, fonda – semble-t-il – la première chaire formelle et fournit à l’enseignement
l’empreinte de la dermatologie française qui prédominait dans les pays d’Amérique du
Sud pendant la première moitié du XX e siècle ; toutefois nous ne possédons pas de renseignements
sûrs sur l’endroit où travaillait le Dr Puyó ni sur sa période d’enseignement.
Par ailleurs, nous ignorons la date de création des grades de professeur titulaire et de
professeur extraordinaire en dermatologie.
Même si nous savons que pendant la première moitié du XX e siècle il existait deux
chaires d’études supérieures (hôpitaux San Luis et San Vicente de Paul), avec leurs professeurs
respectifs ou les titulaires des chaires, nous ignorons l’importance de ces
chaires en termes de nombre d’élèves, de budget ou de nombre d’enseignants. En 1938
coexistaient un professeur titulaire (Luis Prunés Risetti) et un professeur extraordinaire
(Roberto Jaramillo Bruce), tous deux professionnels de la dermatologie chilienne et
rivaux.

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
En 1938 coexistaient un professeur titulaire (Luis Prunéo Risetti) et un professeur
extra (Roberto Jaramillo Bruce), tous deux grands professionnels de la dermatologie chilienne
et rivaux. Apparemment ces postes étaient attribués sur concours et cours magistraux.
A une date non précisée, il fut établi que le professeur titulaire devait travailler
à l’Hôpital San Vicente de Paul, tandis que les autres professeurs pouvaient travailler
dans n’importe lequel des deux hôpitaux.
Les études supérieures dans les hôpitaux San Vicente de Paul
et José Joaquín Aguirre
L’hôpital San Vicente de Paul, situé au nord de Santiago, fut le siège de la première
chaire de dermatologie autonome du pays au sein de la faculté de médecine de l’UCH. Luis
Montero Rivera fut titulaire de cette chaire entre 1914 et 1938, tandis que Luis Prunés Risetti
lui succéda entre 1938 et 1954. On ignore tout du Dr Montero. Le Dr Prunés (1883-
1970) se forma pendant trois ans à l’hôpital Saint-Louis de Paris après la Première Guerre
mondiale, aux côtés des Prs Darier, Brocq, Civatte et Sabouraud. À son retour au Chili, il
fut admis dans les années 20 à l’hôpital San Luis de Santiago; c’est là qu’il atteignit le
grade de chef de la section B et de professeur extraordinaire de dermatologie jusqu’en
1938, quand il fut désigné chef et professeur titulaire de la clinique universitaire de la
peau et de la syphilis de l’hôpital San Vicente de Paul. Cette clinique disposait de deux
salles avec trente lits chacune (hommes et femmes), ainsi qu’un cabinet externe.
On garde le souvenir du Dr Prunés en tant que figure illustre de la dermatologie chilienne
; il fut, avec Roberto Jaramillo, à la tête de la fondation de la Société chilienne de
dermato-syphiligraphie (1938), dont il fut le premier président ; il introduisit au Chili les
méthodes diagnostiques de la syphilis (ultramicroscopie et sérologie) et l’emploi d’arsenicaux
pour son traitement ; il préconisa également l’importance diagnostique de la biopsie
cutanée. Il fut un humaniste/moraliste de haut rang et un éducateur admiré. Il fut
président de la Société médicale de Santiago et ministre de la Santé de la République,
travaillant remarquablement pour l’hygiène sociale et le contrôle des maladies sexuellement
transmissibles. Il décéda en 1970.
À la fermeture de l’hôpital San Vicente de Paul en 1952, la clinique universitaire de la peau
et de la syphilis fut transférée dans le nouvel hôpital José Joaquín Aguirre de l’UCH; elle devint
ensuite le service de dermatologie, toujours en vigueur. Suite à la retraite du Dr Prunés
(1954), deux nouveaux professeurs titulaires de dermatologie furent nommés, tous deux provenant
de l’hôpital San Luis: Florencio Prats González fut affecté à l’hôpital Aguirre et Mauricio
Weinstein Rudoy à la nouvelle chaire créée à l’hôpital San Juan de Dios. Le Dr Prats
(décédé en 1960) avait été chef de la section B et professeur extraordinaire à l’hôpital San
Luis. Quelques mois avant sa mort, il publia le premier ouvrage chilien sur la dermatologie,
avec la collaboration de plusieurs auteurs; bien que destiné aux études supérieures, cet ouvrage
s’avéra plutôt un livre de consultation pour les dermatologues et les médecins généralistes,
en raison de son envergure. La liste des dermatologues réputés enseignant dans les
hôpitaux San Vicente de Paul et Aguirre jusqu’en 1970 est composée de Roger Lamas, d’Ignacio
González Díaz, d’Eugenio Robles, de Mauricio Weinstein, de Federico Pescetto, d’Oscar
Klein, de Raúl Alarcón et de Marco Antonio de la Parra. La chaire de l’hôpital Aguirre (région
nord) comptait presque toujours neuf médecins permanents jusqu’en 1970.
Au cours de la décennie 60-70 l’enseignement de la médecine de l’UCH fut réparti en
cinq sièges situés à Santiago : zone nord, orientale, centrale, sud et occidentale ; la chaire
de dermatologie était indépendante de chaque siège. Nous citerons ci-dessous les principaux
titulaires de ces chaires.
Hernán Hevia Parga remplaça le Dr Prats au poste de professeur titulaire entre 1961
et 1969. Au départ, le Dr Hevia (1914-1997) travailla comme dermatologue à l’hôpital
San Vicente de Paul, où il avait été nommé professeur extraordinaire en 1951. Il est
175

RUBÉN GUARDA TATÍN
176
unanimement considéré comme la grande figure de l’enseignement dermatologique chilien
de la deuxième moitié du XX e siècle. Il ne fut pas très prolifique en articles scientifiques
cliniques ou de recherche (il écrivit surtout sur la syphilis), mais ce fut le prototype
de l’éminent professeur et il se distingua jusqu’à la fin de sa carrière par son dévouement
envers les patients des hôpitaux publics et ses élèves. Lecteur inlassable des revues
de la dermatologie mondiale, l’idée que la lecture est la meilleure méthode de mise à jour
de la dermatologie pour les générations de médecins du Chili ; il fut un généraliste remarquable
qui présentait des diagnostics différentiels graves, un expert en histopathologie
cutanée, un bon conseiller et celui qui stimulait les jeunes médecins. Il fut toujours
très attaché à l’enseignement : en tant que professeur, au milieu des couloirs, lors des
consultations et des réunions cliniques, à travers ses écrits personnels pour chaque sujet
de la dermatologie de l’époque, destinés à faciliter la compréhension de la part des
élèves. Cependant, il ne supportait pas le laisser-aller des étudiants ou des dermatologues
qui enseignaient. Après sa retraite en 1969, il continua à travailler et à enseigner
à l’hôpital Aguirre jusqu’à sa mort en 1997, à 83 ans, alors qu’il se rendait à la réunion
clinique du mardi dans cet hôpital. En 1988, il fut désigné membre honoraire post mortem
de l’Académie chilienne de médecine de l’institut du Chili pour son apport remarquable
à la médecine du pays.
Oscar Klein Kohn occupa entre 1969 et 1971 le poste laissé par le Dr Hevia Parga. Ce
fut un grand professeur clinique et un leader syndical enthousiaste (il fut même vice-président
du Collège médical du Chili).
Entre 1971 et 1973, le poste de professeur titulaire fut occupé par Marco Antonio
de la Parra Enríquez, dermatologue et microbiologiste, qui se consacra à organiser
l’enseignement des études supérieures. Suite au coup d’État militaire du 11 septembre
1973 et pour des raisons politiques, il fut injustement privé de son poste de chef de service
par l’intervention militaire de l’hôpital Aguirre (bien qu’il fût plus tard réintégré
dans le même service, avec d’autres fonctions). Quelques jours après cet événement,
Juan Honeyman Mauro fut désigné chef intérimaire du service, confirmé plus tard dans
ses fonctions et nommé professeur titulaire en 1975, fonction qu’il exerce encore aujourd’hui.
Les réformes structurelles universitaires motivèrent la création en 1991 du département
de dermatologie de la faculté de médecine de l’UCH afin de centraliser l‘enseignement
des études supérieures et de la spécialisation en dermatologie dans les hôpitaux de
Santiago associés à cette université ; les fonctions d’assistance du service de dermatologie
de l’hôpital Aguirre furent donc dissociées. Le Dr Honeyman fut alors nommé directeur
dudit département, tandis que María Elsa Maira fut désignée chef de service (tous
deux occupant actuellement ces postes). Outre son intérêt rare envers l’enseignement
personnel et direct auprès des élèves, le Dr Honeyman détient un rôle très important au
sein de la dermatologie chilienne.
Les études supérieures furent coordonnées par Marco Antonio de la Parra et Raquel
Nahuel jusqu’en 1983, par María Elsa Maira depuis 1983 et par Rodrigo de la Parra depuis
1987. La liste des grands dermatologues qui enseignèrent à partir de 1970 – pour
les études supérieures aussi bien que pour la spécialisation – comprend également les
Prs René Wolf, Raquel Nahuel, Ana María Cabezas, Gonzalo Eguiguren, Rubén Guarda,
Leonardo Sánchez, María Teresa Molina, Tirza Saavedra, Pilar Valdés, Iván Jara, Raúl
Cabrera, Walter Gübelin, Emilia Zegpi, Hilda Rojas et Orietta Gómez.
Les études supérieures dans les hôpitaux San Luis et del Salvador
L’hôpital San Luis, situé dans la zone orientale de la ville de Santiago, entreprit au
cours du passage du XIX e au XX e siècle ses activités de soin des patients de tout le pays
atteints de maladies cutanées et vénériennes ; avec le temps, il reçut également les

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
patients chroniques présentant des ulcères de toute origine (de préférence les ulcères
vasculaires), des brûlures importantes avec séquelles, des paraplégies et d’autres pathologies
non cutanées. Vers 1950, on comptait environ autour de 300 patients hospitalisés,
plus de 100 patients soignés par jour en unité ambulatoire et une équipe de dix à
quinze médecins. L’hôpital possédait deux sections (A et B), chacune ayant un chef
propre et une équipe de dermatologues. Plusieurs médecins formés à l’hôpital San Luis
occupèrent des postes ou des chaires à l’hôpital San Vicente de Paul et vice-versa. C’est
à l’hôpital San Luis que furent dispensées les premières études supérieures de dermatologie
au Chili (ad honorem). La chaire était à la charge de l’un ou des deux chefs de section,
qui pouvaient avoir le degré de professeur octroyé par l’UCH ou pas. Nous ignorons
la liste complète des chefs ou des personnes titulaires de la chaire, mais nous savons
qu’elle inclut Mamerto Cádiz, Luis Puyó, Roberto Jaramillo, Florencio Prats, Gastón
Ramírez et Raúl Alarcón. Parmi eux, Roberto Jaramillo (chef de la section A), Florencio
Prats (chef de la section B) et Gastón Ramírez furent professeurs extraordinaires de dermatologie
de l’UCH.
Le Dr Jaramillo (1884-1951) fut l’une des figures les plus notables de la dermatologie
chilienne entre 1935 et 1950 ; il se forma en Europe, à l’hôpital Saint-Louis de Paris,
parmi d’autres institutions qu’il fréquenta, dans les années qui précédèrent la Première
Guerre mondiale. Il fut un ennemi déclaré du dogmatisme scientifique et le pionnier de
l’histopathologie au Chili, de l’envergure des pathologistes européens célèbres du début
du XX e siècle. Suivant son conseil, le laboratoire d’histopathologie fut installé à l’hôpital
San Luis. En 1951, la chaire qu’il occupait fut reprise par Gastón Ramírez, jusqu’en
1968.
Le Dr Ramírez (1904-1996) se forma à l’hôpital San Luis d’abord et à l’hôpital San Vicente
de Paul par la suite, où il obtint le degré de professeur extraordinaire en 1947 ; en
1954, il regagna l’hôpital San Luis.
Au sein du laboratoire d’histopathologie, le Dr Jaramillo fut tout d’abord remplacé par
un brillant dermato-pathologiste, Luis Toro Genkel, et ensuite par Raúl Alarcón Casanueva.
Ce dernier obtint par concours le poste de chef de l’hôpital San Luis en 1969; au
cours de son mandat, lorsque l’hôpital San Luis cessa ses activités en 1978, le service et la
chaire de dermatologie furent transférés à l’hôpital del Salvador. Pendant cette période,
Adelaida Tolic et Fernando Oyarzún se distinguèrent également dans l’enseignement.
Carlos Vera Mora fut désigné chef de service en 1982, suite au départ à la retraite du
Dr Alarcón. Il désigna tout de suite Ximena Raggio pour prendre en charge l’enseignement,
qui s’en occupa jusqu’en 1998, suivie par Enrique Mullins (actuellement en fonction).
C’est ainsi que le service de dermatologie de l’hôpital del Salvador (l’héritier de
l’hôpital San Luis) est le plus ancien du pays en termes d’enseignement au niveau des
études supérieures et d’assistance aux malades dermatologiques et vénériens.
Les études supérieures dans les hôpitaux des zones centrale
et occidentale de Santiago associés à l’université du Chili
Le Dr Hernán Hevia fut chargé des premiers cours d’études supérieures de dermatologie
au sein de l’hôpital San Borja (zone centrale), dans les années 50, tandis que le
Dr Florencio Prats enseignait à l’hôpital Aguirre. Lorsque le Dr Hevia assuma le poste de
professeur titulaire dans ce dernier (1960), la chaire de l’hôpital San Borja fut interrompue.
L’enseignement fut réinstauré en 1972, à la charge de Daniel Villalobos, et se maintint
jusqu’à sa retraite, en 1990, date à laquelle il disparut de la zone.
Quant à la zone sud, l’UCH désigna Ignacio González Díaz comme premier chargé de
l’enseignement dans les hôpitaux Barros Luco et Trudeau (depuis la fin des années 50
jusqu’à 1972), suivi de Jaime Ruiz (1972-1996), Alfredo Cardemil (1996-2002) et Héctor
Fuenzalida (à partir de 2003).
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RUBÉN GUARDA TATÍN
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L’hôpital San Juan de Dios (zone occidentale), associé à l’UCH, accueillit entre 1954
et 1970 Mauricio Weinstein, qui avait débuté à l’hôpital San Luis, rejoignant ensuite l’hôpital
San Vicente de Paul, en qualité de premier professeur extraordinaire. Pasmanik lui
succéda de 1970 jusqu’à sa retraite en 1990. Depuis, cet hôpital n’eut pas de professeurs
accrédités, mais des titulaires de la chaire des études supérieures tels que María Isabel
Benavides (1982-1993), María Isabel Herane (1993-1998) et Emilio Sudy (depuis 1999).
Parmi les enseignants dermatologues remarquables, nous pouvons également citer
Ximena Ancic, Ximena Moncada et Francisco Urbina.
Les études supérieures à la Pontificia Universidad Católica de Chile
À partir de l’incorporation de la dermatologie au programme des études supérieures
(à une date inconnue), la faculté de médecine de la PUC à Santiago délégua son enseignement
à la chaire de l’hôpital San Vicente de Paul (plus tard hôpital Aguirre de l’UCH),
et ce jusqu’en 1989.
En mars 1954, la PUC créa la chaire formelle de dermatologie ; le Dr Hernán Hevia
Parga, qui travaillait déjà à l’hôpital Aguirre, fut nommé professeur. Vers 1975, la PUC
forma un petit groupe d’enseignants associé à l’hôpital Aguirre pour dispenser les cours
aux élèves et aux internes en collaboration avec le Dr Hevia ; ce groupe fut intégré par
les Drs Honeyman, Eguiguren et Guarda.
En 1980, le Dr Hevia fut nommé premier professeur titulaire de dermatologie de la PUC.
Ayant pris sa retraite en 1983, la chaire passa entre les mains de Juan Honeyman Mauro, désigné
professeur titulaire en 1990. En 1983, la PUC créa l’unité d’enseignement associée de
dermatologie, dont le siège autonome se trouve au cabinet externe du campus universitaire
sud de la PUC et qui compte un groupe de dermatologues propres. À l’origine, cette unité ne
remplissait que des fonctions de soutien; le Dr Mirtha Cifuentes fut la première dermatologue
à y être recrutée. Plus tard, l’enseignement pour les élèves des études supérieures fut envisagé.
Parmi les enseignants de la PUC nous citerons également María Luisa Pérez-Cotapos,
Montserrat Molgó, María Soledad Zegpi, Rosamary Soto, Ariel Hasson et Sergio Silva, entre
autres. Depuis 2000, le Dr Pérez-Cotapos est le chef du service et de la chaire de la PUC.
Les études supérieures dans les universités de province
Nous allons mentionner ici uniquement les facultés de médecine des provinces appartenant
à l’ASOFAMECH. Raúl Puga fut le premier médecin lié à la dermatologie à
l’université de Concepción ; il s’occupa de l’assistance et, semble-t-il, collabora également
à l’enseignement, mais nous ne possédons pas de données supplémentaires.
Vers 1950, la chaire autonome de dermatologie fut créée, Alberto Brieva Durán étant
nommé son premier professeur et exerçant cette fonction jusqu’en 1964. Il fut remplacé
par Juan González Martin (1964-1972), Ezio Olivari (1972-1987), Lidia Medina (1987-
2003) et Rosario Alarcón (à partir de 2004).
Jusqu’en 1973, la faculté de médecine de l’université australe de Valdivia envoyait ses
élèves à Santiago afin qu’ils suivent des cours très brefs en dermatologie et dans d’autres
spécialités médicales ; en 1974 et 1975, elle invita Ignacio González Díaz (de l’UCH) à Valdivia
pour des cours sur des pathologies cutanées, d’une durée de cinq jours par an.
Entre 1976 et 1979, le premier cours formel de dermatologie eut lieu à Valdivia, avec la
présence de Daniel Villalobos (professeur invité et titulaire de la chaire), Manuel Melis et
Félix Fich (collaborateurs), dermatologues du complexe hospitalier San Borja-Arriarán
de Santiago. Pour leur part, ces dermatologues dispensèrent à Santiago la formation en
dermatologie des Drs Isabel Moreno et Mónica Hering afin qu’elles assument plus tard
des responsabilités pédagogiques. En conséquence, depuis 1980, le Dr Moreno est titulaire
de la chaire, en collaboration avec le Dr Hering depuis 1984.

Patricio Rifo est à la charge de la chaire de la faculté de médecine de l’université de
la frontière de Temuco, depuis sa création en 1975 et jusqu’à nos jours. Par ailleurs, à
l’université de Valparaíso, le premier titulaire de la chaire fut Ramón Staforelli (1974-
1990), suivi par Jorge Testart (1990-1991) et Antonio Guglielmetti (depuis 1992).
Les études supérieures dans les nouvelles écoles de médecine
des universités traditionnelles ou privées
Le premier cours de dermatologie de l’université de Santiago eut lieu en 1998, les responsables
de l’enseignement étant successivement Alfredo Cardemil et Héctor Fuenzalida.
De son côté, l’université des Andes — la première université privée possédant une
école de médecine — entama les cours de dermatologie en 1995, avec Walter Gübelin en
qualité de professeur de la chaire jusqu’à nos jours. À l’université Mayor, le premier
cours de dermatologie eut lieu en 1991 ; Lilian Pérez en est la responsable. A l’Université
catholique de Concepción, la dermatologie est une discipline qui n’est jamais dissociée
du cours de médecine générale. À l’université San Sebastián de Concepción, la
dermatologie est enseignée depuis 1998, à la charge d’Enrique Wageman.
Nous ne citons pas d’autres nouvelles écoles de médecine du fait qu’elles sont très récentes,
que leur enseignement de la dermatologie en est encore à ses débuts ou qu’il est
difficile d’en obtenir des renseignements.
Textes pour l’enseignement au niveau des études supérieures
Jusqu’en 1960, il n’y avait pas de manuels de dermatologie pour les études supérieures
publiés par des dermatologues chiliens ; on utilisait alors seulement les éditions
de la dermatologie française et les textes publiés par des dermatologues espagnols ou argentins.
Le texte de Jean Darier, réédité plus tard par ses disciples (Jean Civatte entre
autres), fut le référent principal pour les spécialistes. Les élèves utilisaient en général les
notes informelles des cours des années précédentes ou celles que les professeurs euxmêmes
remettaient en guise d’esquisses ; mais en 1960, Florencio Prats publia un livre
qu’il écrivit avec ses collaborateurs de l’hôpital Aguirre. Néanmois, ce livre ne put jamais
être un manuel d’usage courant dans les études supérieures, son contenu étant plus ambitieux.
Un précis de notes de cours inédit, écrit par Hernán Hevia et quelques collaborateurs,
fut utilisé ensuite pendant longtemps ; ce précis servit de base à l’édition en 1990, convenablement
mise à jour, d’un manuel écrit par plusieurs professeurs de la même chaire
et dont les éditeurs furent Juan Honeyman et Raquel Nahuel.
Il existe deux autres textes : le premier édité en 2001 par María Isabel Herane et
Francisco Urbina, l’autre en 2003, par María Luisa Pérez-Cotapos et Ariel Hasson, de la
PUC. Ces deux livres représentent un apport grand, mais ils vont au-delà des dimensions
d’un cours d’études supérieures.
L’enseignement de la spécialisation
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
L’enseignement de la dermatologie comme spécialité, destiné aux médecins dans le
but explicite de former des spécialistes, fut, jusqu’aux années 60, informel et irrégulier,
ayant lieu dans les grands centres hospitaliers. En général, la formation était acquise
par la pratique (rémunérée ou non) des jeunes médecins au sein des services et des
chaires, qui apprenaient la dermatologie par une observation stricte des conduites diagnostiques
et thérapeutiques des professeurs ou des dermatologues plus expérimentés.
Les dermatologues déjà formés qui étaient liés aux hôpitaux où l’on enseignait, tout
comme ceux qui se consacraient exclusivement aux soins, assumèrent toujours de bon
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RUBÉN GUARDA TATÍN
180
gré la responsabilité de former ces nouveaux jeunes médecins qui s’inscrivaient volontairement.
L’offre de postes de l’UCH pour des bourses de résidence en dermatologie (d’une durée
de deux ans), avec remise du diplôme de spécialiste, débuta en 1966. Ceci constitua le premier
pas réalisé par une université chilienne pour offrir des études de spécialisation en dermatologie;
le premier médecin diplômé fut Alan Rojas Canala (1966-1968).
Pendant plusieurs années, aucun élève ne postula aux offres de l’UCH, en raison du
manque d’intérêt pour la spécialité. Un fait que l’on a déjà évoqué par ailleurs; il y eut tout
de même quelques exceptions : Carlos Vera et Fernando Oyarzún s’intéressèrent à la dermatologie.
Entre 1966 et 1980, seuls 12 élèves médecins suivirent le cursus. Les centres
de l’UCH destinés à former des dermatologues furent alors les hôpitaux Aguirre, San Juan
de Dios et San Luis/del Salvador. Pendant ces quatorze années, la formation fut aléatoire,
sans un programme de stage défini ni de cours théoriques; elle comprenait le soin des patients
aussi bien des cabinets externes (général et MST) que les malades hospitalisés, sous
la tutelle partielle des dermatologues enseignants. Les résidents en formation se souviennent
notamment durant cette période de tuteurs remarquables comme Hernán Hevia,
Roger Lamas, Ignacio González Díaz, Marco Antonio de la Parra, Raúl Alarcón, Isidoro
Pasmanik, Daniel Villalobos et René Wolf.
En 1980, le professeur titulaire Juan Honeyman nomma Rubén Guarda comme coordinateur
de la spécialisation et le chargea de revoir le programme de formation de
spécialistes de l’UCH. Ce nouveau programme, débutant en avril 1980 et dont le siège
se trouvait à l’hôpital Aguirre, établit : 1) un système obligatoire de stages dans tous
les domaines pratiques de la dermatologie, comprenant MST, laboratoire, histopathologie,
immunodermatologie et chirurgie, entre autres ; 2) des cours théoriques obligatoires
dans les matières échappant à la pratique ordinaire de la dermatologie, telles
la physiopathologie cutanée (y compris la génétique et la biochimie), l’immunologie, la
pharmacologie et la thérapeutique, l’histopathologie et la chirurgie fondamentale, afin
de mettre à jour et d’élever le niveau de la dermatologie chilienne, jusqu’alors considérée
peu prestigieuse par les médecins des autres spécialités ; 3) une évaluation rigoureuse
des activités pratiques et théoriques, avec un examen final obligatoire pour
l’obtention du diplôme ; 4) un système intégrant les meilleurs professeurs de Santiago
(quel que soit leur lieu de travail) à l’enseignement de la spécialisation pour optimaliser
la formation des résidents. Ce programme se vit complété à partir de 1983 par
l’incorporation graduelle des services de dermatologie de Santiago pour y effectuer les
pratiques.
Dans le but de régulariser cette intégration aussi bien de professeurs que de services
de dermatologie de Santiago, le Dr Guarda rédigea un nouveau programme d’études qui
comprenait les quatre points énoncés ci-dessus et fut approuvé en 1985 au cours d’une
séance solennelle à l’école de spécialisation de la faculté de médecine de l’UCH, en la
présence des signataires Isidoro Pasmanik, Daniel Villalobos, Juan Honeyman, Carlos
Vera et Marco Antonio de la Parra (en tant que représentants de toutes les aires hospitalières
de Santiago) et du Dr Guarda et Mauricio Parada, directeur de ladite école.
Par conséquent, en peu d’années, la situation de manque de formation en dermatologie
s’inversa, la spécialité devenant l’une des options les plus sollicitées par les jeunes
médecins. L’admission de plusieurs médecins ayant obtenu les meilleures notes dans les
facultés de médecine entraîna une croissance explosive du nombre de dermatologues.
Dans le cas de l’école de spécialisation déjà mentionnée, le nombre de médecins inscrits
à la formation en dermatologie évolua comme suit : sept médecins entre 1966 et 1972,
dix médecins entre 1973 et 1979 et cinquante et un professionnels entre 1980 et 1986,
chiffres qui continuent d’augmenter actuellement.
À partir de 1991, l’enseignement de la spécialisation de l’UCH dépendit du tout récent
département de dermatologie de sa faculté de médecine. Depuis 1993, le programme de

formation a une durée de trois ans (auparavant deux ans) et comprend des matières exclusivement
dermatologiques (mis à part la médecine clinique générale). En 2004, vingtcinq
médecins au total ont bénéficié d’une bourse de résidanat à l’UCH au cours des
trois ans de formation, la quote-part annuelle pour les nouveaux résidents étant d‘environ
dix places. La liste des coordinateurs du programme inclut Rubén Guarda (1980-1986),
María Elsa Maira (1987-2001) et Iván Jara (depuis 2001); en ce qui concerne la coordination
des cours théoriques et pratiques, nous remarquons l’activité d’Augusto Alvarez Salamanca
(chirurgie); Rubén Guarda, Raúl Cabrera et Iván Jara (immunodermatologie et
physiopathologie cutanée); Hernán Hevia, Immo Rohmann, María Elsa Maira et Hilda
Rojas (dermato-pathologie); Daniel Villalobos, Walter Gübelin et Orietta Gómez (MST);
Juan Honeyman (thérapeutique) ainsi que Rodrigo de la Parra (laboratoire), entre autres.
De son côté, la PUC octroya en 1972 à Gonzalo Eguiguren la première bourse pour le
résidanat en dermatologie. Ces formations offertes par la PUC se développèrent au sein
de l’hôpital Aguirre (de l’UCH) mais, en 1993, un programme propre à l’université fut entrepris
pour la formation des spécialistes en dermatologie, à la base semblable à celui de
l’UCH et intégré à celui-ci pour les cours théoriques et quelques stages pratiques. En
2004, on comptait quatre résidents boursiers pour les trois ans de formation.
Jusqu’à présent, seules l’UCH et la PUC proposent des programmes de formation de
spécialiste en dermatologie au Chili.
Textes pour l’enseignement au niveau de la spécialisation
Jusqu’en 1970, les principaux textes de référence furent successivement les éditions
de Jean Darier et ses disciples, Florencio Prats et al. (1960) ainsi que l’Encyclopédie médico-chirurgicale
française. Depuis lors et jusqu’à nos jours, les principaux textes de la
dermatologie générale sont les éditions successives des livres d’Arthur Rook et al. et
Thomas Fitzpatrick et al.; en ce qui concerne les matières spécialisées, on utilise les éditions
de Sydney Hurwitz (dermatologie pédiatrique), Mark Dahl (immunodermatologie),
Walter Lever et Bernard Ackerman (dermato-pathologie), entre autres. Ceci révèle un
changement significatif d’influences : la dermatologie chilienne, qui s’inspirait de la dermatologie
française, s’est tournée vers la dermatologie britannique et américaine.
■ Compte rendu de rendu quelques disciplines de quelques dermatologiques disciplines dermatologiques
Dermatologie pédiatrique
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Jusqu’en 1950, les maladies dermatologiques des enfants étaient traités par les pédiatres
et les dermatologues, qui n’exploraient pas davantage leur vaste spectre ni n’y
voyaient un objectif curatif majeur.
Deux médecins, Ignacio González Díaz (dermatologue) et Pedro Cofré (pédiatre), ouvrirent
les voies au développement et au progrès de la dermatologie infantile; à Santiago, ils s’y consacrèrent
dans les hôpitaux pédiatriques Roberto del Río et Calvo Mackenna respectivement.
En 1958, l’UCH chargea le Dr González de deux tâches cruciales : créer la chaire
d’études supérieures et la consultation dermatologique à l’hôpital Barros Luco (qui entraîna
la création du service de dermatologie dudit hôpital), et ouvrir la dermatologie à
l’hôpital Roberto del Río, qui appartenait à l’université ; il fut le premier dermatologue
lié à un hôpital pédiatrique chilien. Depuis cette position il contribua non seulement à la
formation de résidents boursiers en pédiatrie générale et en dermatologie mais aussi à
poser les bases de la dermatologie infantile.
C’est à l’hôpital Roberto del Río que fut créée à une date non précisée (probablement
avant 1960) la seule structure dans les hôpitaux chiliens à recevoir l’appellation de
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service de dermatologie infantile (disposant de lits et d’un soin externe). Ignacio González,
María Elsa Maira et Julia Oroz se succédèrent à sa tête, jusqu’à sa suppression en 1976.
Á partir de 1966 et pendant quelques années, Alan Rojas collabora avec le Dr González
dans les tâches de soins.
Ayant fini son résidanat en pédiatrie en 1965, Julia Oroz suivit entre 1968 et 1970 des
formations en dermatologie avec le Dr González à l’hôpital del Río ainsi qu’avec le
Dr Hevia à l’hôpital Aguirre. Elle travailla un temps à Valdivia et retourna à l’hôpital del
Río en 1973 pour s’y occuper de la dermatologie infantile, poste vacant après le départ
à la retraite du Dr González (1972). Entre-temps, c’est le pédiatre María Elsa Maira, qui
avait travaillé avec le Dr González entre 1970 et 1972, qui prit en charge la consultation.
Depuis son arrivée à l’hôpital, le Dr Oroz est la responsable de la formation pratique
et théorique en dermatologie infantile de la plupart des résidents boursiers que les universités
chiliennes lui envoient ; elle constitue alors un pilier du développement de cette
spécialité grâce à son entrain, sa volonté de perfectionnement et sa capacité à stimuler
les nouvelles générations.
Un autre pédiatre, Winston Martínez, vint travailler avec elle de 1976 à 1990, complétant
parallèlement sa formation en dermatologie. Le Dr Martínez fut remplacé par
Sergio Silva en 1990. En 1983 fut créé un autre poste pour la consultation dermatologique,
occupé successivement par Gabriela Smoje, Paulina Grandi et Paula Castillo.
L’autre figure centrale des débuts de la dermatologie pédiatrique au Chili fut Pedro
Cofré, un pédiatre de l’hôpital Calvo Mackenna (zone orientale), très intéressé à l’idée de
soigner les enfants présentant des problèmes dermatologiques. Cet intérêt le poussa à se
former en parallèle en dermatologie, avec son ami et camarade Hernán Hevia à l’hôpital
Aguirre (entre 1959 et 1960); plus tard, vers 1961, il travailla à plein temps à l’hôpital Calvo
Mackenna dans le deuxième cabinet externe de dermatologie d’un hôpital pédiatrique
chilien, jusqu’à sa retraite en 1973 (il y fut le seul dermatologue). Sa fille Julita Cofré le
remplaça pendant plus d’un an, suivie de Jaime Ferrer (1976-1981), Mónica Jara (1981-
2000) et Gabriela Smoje (depuis 2000).
Manuel Melis fut la figure principale de la spécialité dans la zone centrale. Suite à sa
spécialisation en pédiatrie, il suivit une formation en pratique en dermatologie infantile
avec Ignacio González Díaz et Pedro Cofré (1970-1972) et en dermatologie générale avec
Daniel Villalobos à l’hôpital San Juan de Dios (1973). En avril 1974, il assuma ses fonctions
au sein de l’hôpital pédiatrique Arriarán, dans le complexe hospitalier San Borjaarriarán,
dont le chef du service de dermatologie fut Daniel Villalobos à partir de 1974.
Actuellement, la dermatologie pédiatrique constitue au Chili une discipline à laquelle
parviennent uniquement les médecins ayant obtenu le diplôme de dermatologie
et de vénéréologie ; le diplôme de pédiatrie, lui n’est pas obligatoire. Elle ne
représente pas une sous-spécialité authentique, avec des études de spécialisation ad
hoc ; les hôpitaux pédiatriques chiliens n’incluent pas de nos jours une structure nommée
service de dermatologie infantile dans leur organigramme. En 2004, environ
vingt dermatologues se consacrent de préférence à la dermatologie pédiatrique et une
dizaine exclusivement aux enfants. Ils animent depuis 1990, avec une qualité et une
ardeur remarquables, le groupe de travail en dermatologie infantile qui organise des
réunions périodiques très réussies, étudie des cas cliniques et aborde de grands
thèmes très attractifs pour les dermatologues du pays. Ce groupe, créé avec le soutien
de la SCDV, connaît beaucoup de succès ; María Soledad Zegpi fut chargée pour la première
fois de sa coordination, suivie par d’autres professionnels.
Julia Oroz, Manuel Melis, Julita Cofré, Mónica Jara, Winston Martínez, Jaime Ferrer,
María Soledad Zegpi, Fanny Guerstein, Sergio Silva, Gabriela Smoje, Paulina Grandi, Lilian
Pérez, Christel Bolte et Paula Castillo sont quelques-uns des dermatologues pédiatriques
réputés dans le pays et à l’étranger.

Immunodermatologie
L’immunodermatologie constitue une discipline qui mit la dermatologie chilienne à
l’avant-garde de la dermatologie sud-américaine durant les deux dernières décennies.
Ses principaux promoteurs furent Juan Honeyman et Rubén Guarda ; ils diffusèrent et
enseignèrent l’approche immunologique des maladies dermatologiques. Iván Jara et
Raúl Cabrera, qui continuèrent leur œuvre, se distinguent parmi leurs disciples.
Lors de sa spécialisation en dermatologie dans l’Oregon (USA), entre 1969 et 1971, le
Dr Honeyman faisait partie de l’équipe de travail en immunologie de l’American Academy
of Dermatology. En 1971, il introduisit au Chili l’étude moderne des maladies bulleuses
auto-immunes avec des techniques d’immunofluorescence ; il publia quelques
articles importants sur les pathologies bulleuses dans Archives of Dermatology et il fut le
premier à mesurer l’impact futur de l’immunologie dans la dermatologie. Il contribua à
l’intégration du Dr Guarda à l’hôpital Aguirre en 1972, qui venait de compléter sa bourse
de résidanat en médecine interne et sa formation en immunologie et qui, en plus de sa
formation en dermatologie, maîtrisait les pathologies du mésenchyme ainsi que les dermatoses
d’hypersensibilité immunologique. Tous deux travaillèrent pendant longtemps
au département de médecine expérimentale de la faculté de médecine de l’UCH, et
contribuèrent à diffuser les bases théoriques de l’immunologie appliquées à la clinique à
travers leur participation au cours de spécialisation, non seulement en dermatologie
mais aussi en médecine interne, en pédiatrie, en gynécologie et obstétrique, en neurologie
et en chirurgie générale.
Entre 1970 et 1975, l’immunologie clinique devint le centre de l’activité quotidienne
de certains médecins généralistes chiliens, parmi lesquels les Drs Honeyman, Guarda,
Marta Velasco (hépatologue), Ricardo Sorensen (pédiatre), Mario Andreis et Sergio Aguilera
(rhumatologues), Ricardo Sepúlveda (pneumologue), Alberto Daiber et Timoleón Anguita
(hématologues). Le Dr Honeyman fut membre fondateur de la Société chilienne
d’immunologie ; pour sa part, le Dr Guarda introduisit en 1980 l’enseignement théorique
obligatoire de l’immunodermatologie dans le programme de spécialisation en dermatologie,
toujours en vigueur. Tous deux se distinguèrent pour la diffusion précoce des
concepts immunodermatologiques en Amérique du Sud. Les Drs Honeyman, Guarda, Cabrera
et Jara furent à la tête de cours et de symposiums très importants sur le sujet au
cours des principaux événements dermatologiques hispano-américains des vingt dernières
années.
Vénéréologie
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
L’hôpital San Luis fut le grand centre de référence pour le soin des patients atteints
de MST, principalement la syphilis, pendant toute la première moitié du XX e siècle ; la plupart
de ses 300 lits étaient occupés par des malades qui traversaient les différentes
phases de la syphilis et des autres MST. Progressivement, d’autres hôpitaux à Santiago,
Valparaíso et Concepción jouèrent un rôle actif dans l’assistance ambulatoire et intrahospitalière
des MST (par exemple, l’hôpital San Vicente de Paul). Nous n’avons trouvé
aucune référence bibliographique sur les caractéristiques ou les personnes qui se consacraient
aux MST avant 1950 ; nous savons cependant qu’après 1940, la création du service
de la sécurité sociale entraîna la réalisation de tests sérologiques massifs pour la
syphilis, dévoilant que 10 % des Chiliens assurés étaient positifs. Ceci motiva l’utilisation
massive d’arsenoxyde pour la phléboclise, qui provoqua un fait extraordinaire: la diminution
des taux de prévalence et d’incidence de la syphilis avant l’arrivée de la pénicilline.
Entre 1953 et 1970, grâce à l’utilisation massive d’antibiotiques et aux programmes
de contrôle des maladies sexuellement transmissibles, la syphilis perdit son importance
épidémiologique et clinique, au Chili comme ailleurs, et ne fut plus une référence
183

RUBÉN GUARDA TATÍN
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obligée du diagnostic différentiel des affections cutanées. La négligence qui s’en suivit
provoqua une augmentation de l’incidence de gonorrhées et d’urétrites non gonococciques
et de syphilis. L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) impulsa alors la
restauration de programmes de contrôle des MST examinés par le Service national de la
santé et désigna le Chili (spécifiquement l’hôpital San Juan de Dios) pour développer des
programmes pilotes de contrôle, de suivi épidémiologique et de traitement des MST, sous
la direction d’Isidoro Pasmanik. Le résultat de ces programmes fut au Chili caution de
cas de syphilis congénitale.
Pendant dix ans, des cours internationaux, qui reçurent le soutien de l’OPS, de l’ULA-
CETS, du ministère de la Santé et de l’Institut de la santé publique du Chili, furent dispensés
pour gérer les programmes de contrôle des MST. Ces cours, dirigés par Isidoro
Pasmanik avec la collaboration de Daniel Villalobos, accueillirent les chefs des programmes
et des services de dermatologie de plusieurs pays latino-américains. Le Dr Villalobos
avait collaboré dans les années 80 à des programmes d’éducation pour contrôler
les MST, sponsorisés par l’IDRC du Canada ainsi que par l’Association de protection de
la famille.
Au moment de la fermeture de l’hôpital San Luis en 1972 et malgré la centralisation
de la lutte antivénérienne à l’hôpital San Juan de Dios, le traitement des patients qui
souffraient de MST s’est révélé insuffisant et coïncida avec une hausse de ce type de maladies.
Cependant, l’ingérence décidée du ministère de la Santé contribua à améliorer
substantiellement la situation. De 1980 à 1987, Daniel Villalobos fut chargé du contrôle
national des MST au sein dudit ministère; les premières normes nationales pour le traitement
et le contrôle des MST (avec le soutien de l’OPS) furent élaborées sous sa direction,
ce qui constitua un événement marquant pour la santé publique dans le pays.
Blanca Campos fut désignée en 1987 pour succéder au Dr Villalobos.
Les deuxièmes normes nationales furent élaborées en 1990 et les troisièmes en 2000 ;
Daniel Villalobos, Blanca Campos, Aurelio Salvo, Liliana Urra, Félix Fich, Aníbal Hurtado,
Rinna Ortega et Ester Santander participèrent à leur élaboration.
Au cours des années 70, tous les dermatologues étaient formés aux soins courants des
MST ; ultérieurement et à cause de la diversification dans d’autres domaines de la dermatologie,
ce dévouement universel aux MST céda un peu de terrain, malgré l’intérêt des
élèves de médecine et des médecins de la spécialisation en dermatologie pour ces maladies.
Nonobstant, le soin des MST (hormis le sida) est toujours à la charge des dermatologues,
mais en nombre plus limité ; le traitement de ces patients fut concentré dans les
centres MST, des dépendances associées aux vingt-huit services de la santé sur tout le
territoire chilien, dont les six de la région métropolitaine sont à la charge de médecins
dermatologues. Ces centres sont les héritiers modernisés des comités de lutte antivénérienne
créés dans les hôpitaux chiliens par Isidoro Pasmanik et d’autres dermatologues
dans les années 60. En dressant une liste sommaire des dermatologues les plus remarquables
dans le domaine des MST pendant la deuxième moitié du XX e siècle, nous pouvons
citer les Drs Pasmanik, Villalobos et Fich (déjà mentionnés), ainsi que Horacio
Espoz, Rafael Arroyave, Carmen Bruning, Aurelio Salvo, Rinna Ortega, Vesna Dragicevic,
Ximena Moncada, Walter Gubelin, Orietta Gómez, Aníbal Hurtado, Ester Santander,
Enrique Araya et Blanca Campos, entre autres.
L’Union latino-américaine contre les MST (ULACETS), appuyée par l’OPS, eut une
grande importance dans la lutte antivénérienne au Chili, tant pour son soutien aux programmes
et aux personnes que pour l’organisation de cours internationaux dans différentes
villes sud-américaines. La filiale chilienne d’ULACETS joua un rôle notable lors de
l’apparition du sida, en créant le premier laboratoire (gratuit et d’une durée d’un an) destiné
à détecter les anticorps anti-HIV, ainsi que le service de consultation téléphonique.
Plusieurs dermatologues chiliens participèrent remarquablement à l’ULACETS : le Dr
Pasmanik en fut le fondateur et vice-président, tandis que le Dr Villalobos en fut le

secrétaire et le trésorier. Les conseils du Dr Fich (vice-président de 1995 à 1999) furent
utiles à Hilda Abreu, dermatologue uruguayenne, dans l’organisation de l’événement le
plus important en Amérique du Sud dans le domaine des maladies sexuellement transmissibles
: le Congrès mondial de MST et sida (Punta del Este, Uruguay, 2003). Par
ailleurs, Blanca Campos présida le congrès ULACETS à Santiago en 1995.
L’apparition du sida provoqua un changement graduel et substantiel des structures et
des personnes en rapport avec les MST. En 1984, les premiers cas chiliens de VIH/sida
furent diagnostiqués par des dermatologues (Juan Honeyman, Daniel Villalobos et Félix
Fich, dans l’ordre). Depuis 1985, le Chili participe activement au travail international de
contrôle du sida. De 1985 à 1990, le sida faisait partie des MST intégrant le programme
national de contrôle déjà mentionné. Par ailleurs, des infectiologues et des épidémiologistes
s’intéressent à la direction des programmes du sida et au traitement des patients.
La Commission nationale du sida (CONASIDA) fut créée en 1990 ; elle dépendait du
ministère de la Santé et était dirigée par une épidémiologiste (Raquel Child) ; à l’époque
le programme de contrôle des MST dirigé par le Dr Campos était toujours en vigueur. Cependant,
vers 1993, la CONASIDA prit en charge ledit programme et mit à sa tête le Dr
Aníbal Hurtado (dermatologue). Une décision politique du ministère suspendit en 2003
la participation de dermatologues à la CONASIDA.
■ Histoire de la Société la Société Chilienne de chilienne Dermatologie et de Vénéréologie dermatologie et vénéréologie
Fondation
La Société chilienne de dermatologie et vénéréologie (SCDV) fut fondée le 29 mars
1938, à l’origine sous le nom de Société chilienne de dermatologie et de syphiligraphie,
et comme filiale de la Société médicale de Santiago. Elle porte son nom actuel depuis
1976, définitivement stipulé dans les statuts de 1985. L’acte de sa fondation disparut
des archives de la Société médicale de Santiago. Selon un document demandé en 1987
par la direction de la SCDV à une commission formée par Hernán Hevia, Eduardo Silvestre,
Gastón Ramírez et Antonio Mascaró, les membres fondateurs auraient été les
médecins suivants : Cristián Barría Morales, Gustavo Bendeck, Raquel Bravo, Manuel
Castellón, Juana Díaz Muñoz, Israel Drapkin, Rodolfo Frey Gabler, Julio González
Chacón, Héctor González Rioseco, Víctor Gianelli, Norberto Heins, Hernán Hevia Parga,
Roberto Jaramillo Bruce, Néstor López Cortés, Antonio Mascaró Blanco, Raúl Morales
Beltramí, Luis Montero Riveros, Manuel Oporto Gatica, Gonzalo Pérez de Arce, Florencio
Prats González, Luis Prunés Rissetti, Gastón Ramírez Bravo, Eduardo Sylvester
Rasch, Luis Toro Genke, Bernardo Vaisman, Mauricio Weinstein Rudoy et Daniel Yáñez
Garrido.
Première phase historique
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Il s’agit de la période comprise entre la fondation de la SCDV et 1980, caractérisée
par des réunions scientifiques périodiques appuyées institutionnellement par la Société
médicale de Santiago (sans autres fonctions sociétaires soutenues). Ces activités, basées
sur la bonne volonté des membres associés, manquaient de personnalité juridique, de
statuts, de normes, de règlement, de siège et d’archives de secrétariat pouvant être récupérés
; par conséquent, il n’existe aucune information écrite illustrative.
Entre 1938 et 1985, la SCDV fonctionna sous la protection de la personnalité juridique
de la Société médicale de Santiago, dont elle était une filiale ; on organisait des réunions
cliniques-scientifiques une ou deux fois par mois, qui avaient lieu en général à l’hôpital
San Luis (à sa fermeture en 1972, à l’hôpital José Joaquín Aguirre).
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À partir de 1976, la SCDV organisa les Journées annuelles, qui avaient lieu au printemps.
Faute de siège physique propre, l’activité de la SCDV était centrée autour de la
personne même du président, qui travaillait coude à coude avec son secrétaire dans les
hôpitaux hébergeant leurs activités professionnelles. Le président était parfois son
propre secrétaire, gérant personnellement l’information écrite et orale propre à son
mandat, information dont nous n’avons pas de trace. Les présidents étaient désignés oralement
par les membres associés pour des raisons de poids scientifique et d’influence
groupale. Malheureusement, nous ne connaissons pas la liste complète des présidents de
la SCDV ni leur périodes de mandat au cours de cette phase historique ; ni les actes des
réunions de la direction ou des assemblées des associés (au cas où elles avaient eu lieu),
ni les renseignements sur les gestionnaires ou sur les participants des activités de la société
ne sont conservés. Certaines données récemment recueillies par voie orale nous apprennent
que le premier président de la SCDV et l’un de ses principaux promoteurs fut
Luis Prunés Rissetti, élu plus tard président de la Société médicale de Santiago ; un autre
pilier important fut Roberto Jaramillo Bruce. Nous savons que parmi les présidents se trouvent:
Daniel Yáñez Garrido (de l’hôpital San Luis) en 1945 (Hernán Hevia Parga était son
secrétaire) ; Gastón Ramírez entre 1946 et 1947, et Hernán Hevia entre 1952 et 1953.
Des sources orales signalent une liste partielle de présidents avant 1958 : Luis Toro
Genkel, Bernardo Vaisman, Joaquín Peragallo, Ricardo Sepúlveda, Mauricio Weinstein
Rudoy, Héctor González Rioseco, Manuel Castellón, Florencio Prats González, Gonzalo
Pérez de Arce et Ignacio González Díaz ; nous ne connaissons ni l’ordre chronologique ni
la durée de leur mandat. À partir de 1958, les présidents se sont succédé comme suit :
Roger Lamas Grubesich (1958-1959), Samuel Abeliuk Raschokvan (1960-1961), Raúl
Alarcón Casanueva (1962-1963), Oscar Klein Kohn (1964-1965), Isidoro Pasmanik
Guiñerman (1968-1969), Pedro Cofré (1970-1972), Daniel Villalobos Toro (1972-1974),
Alan Rojas Canala (1974-1976), Oscar Klein Kohn (1976-1978) et Marco Antonio De la
Parra Enríquez (1978-1980), la durée indiquée des mandats étant approximative.
Phase de transition
Sous les présidences de Julia Oroz Montiglio (1980-1981), Gonzalo Eguiguren Lira
(1982-1983) et Carlos Vera Mora (1984-1986), la SCDV vécut une période de transition,
caractérisée par l’envie d’améliorer la structure de l’entité et de rédiger les statuts qui
la rendraient indépendante de la Société médicale de Santiago. Ce processus fut entamé
en 1981 et se termina en 1985, lorsque la personnalité juridique et les statuts de la SCDV
furent approuvés. La Revista Chilena de Dermatología, appelée à l’origine Dermatología
(Chile), parut en 1985 en tant qu’organe officiel de la société, encouragée par Carlos Vera
et Juan Honeyman ; les trois premiers numéros parurent pendant l’année de sa création,
son éditeur-directeur étant toujours le Dr Honeyman. Quelques séances scientifiques eurent
lieu au cours de cette phase, tandis que les Journées annuelles se déroulaient au
printemps. Tout comme les informations précédant l’année 1986, cette phase de transition
ne fournit aucun renseignement écrit sur les activités de la SCDV pour des raisons
similaires à celles de la première phase historique.
Deuxième phase historique
Cette période débuta en 1986 et fut caractérisée par la préservation d’informations
écrites complètes et dignes de foi concernant la SCDV. En mai 1986 eut lieu la première
élection du président par un vote démocratique, ce qui signifia le début de l’application
rigoureuse et systématique des statuts récemment approuvés (1985), avec des élections
périodiques de la commission directive. Lorsque Rubén Guarda assuma la présidence
(1986), il lui fut impossible de rassembler des documents ou des actes antérieurs à la

Esquisse historique de la dermatologie chilienne
société, étant donné l’absence de pérennité du secrétariat ou de l’information d’un directoire
à un autre.
Les présidents de cette période furent : Rubén Guarda Tatín (1986-1988, réélu pour
la période 1988-1990), Juan Honeyman Mauro (1990-1992), Félix Fich Schilcrot (1992-
1994), Tirza Saavedra Umpierrez (1994-1996), María Isabel Herane (1996-1998), Iván
Jara Padilla (1998-2000), Mirtha Cifuentes Mutinelli (2000-2002), Raúl Cabrera Moraga
(2002-2004) et Hilda Rojas (2004-2006).
Les faits marquants de cette deuxième phase historique furent les suivants :
— Élections démocratiques du président et de sa commission directive tous les deux
ans (en avril).
— Continuité du secrétariat, archivage de la documentation et administration. La secrétaire
administrative, Sandra Díaz, embauchée en juin 1986, est à présent un facteur
central pour la continuité du système.
— Réunions mensuelles de la commission directive, entre mars et décembre.
— Assemblées générales des membres associés, habituellement mensuelles entre
mars et décembre, avec la présentation de sujets scientifiques, des rapports du président
en exercice sur les actions et les accords de la direction et des commissions ainsi que la
discussion des affaires sociétaires.
— Siège : le premier siège autonome de la SCDV (avec les fonctions de secrétariat, documentation,
séances de la direction et des commissions) fut une pièce louée dans la rue
Salvador Donoso, dans le quartier Bellavista, commune de Providencia, entre janvier et
décembre 1987, sous la présidence de Rubén Guarda. Plus tard et grâce à l’aide financière
du laboratoire Alcon, la SCDV acheta un bureau dans l’immeuble de la Société médicale
de Santiago, rue Presidente Riesco, commune de Las Condes, où elle déménagea
au mois de décembre 1987 ; ce bureau dut être abandonné en 1994 lors du départ de la
Société médicale de Santiago de l’immeuble. La période suivante se caractérisa par l’absence
de siège et la dispersion des archives de et la bibliothèque et un travail distribué
entre les maisons ou les bureaux des membres du comité exécutif et la secrétaire administrative.
Cependant, en 1993 et sous la présidence de Félix Fich, l’achat d’un nouveau
bureau-siège fut accordé, concrétisé au mois de décembre 1995, sous la présidence de
Tirza Saavedra. Il était situé rue La Concepción, commune de Providencia, et fut utilisé
par la SCDV jusqu’au moment d’être vendu, en 2002. En juin 2003, sous la présidence
de Raúl Cabrera, la SCDV acheta son troisième siège, plus vaste, rue Luis Pasteur, commune
de Vitacura, désormais en fonctionnement.
— Nombre d’associés : après un processus de plusieurs mois, la direction de la SCDV
présenta en mai 1987 le premier registre officiel des membres titulaires (127 au total) ;
en octobre 2004, on dénombre 222 membres, dont la qualification dépend du respect des
conditions requises d’admission stipulés dans les statuts. Ces chiffres doivent être comparés
avec les trente membres présumés existants en 1970. L’augmentation notable de
membres en trente-quatre ans démontre l’efficacité des plans de formation de nouveaux
spécialistes, l’intérêt renouvelé pour la spécialité et l’effort commun des dermatologues
chiliens pour assurer l’enseignement.
— Filiales : le Chili étant un pays très étendu, il existe un certain isolement géographique
des villes éloignées de Santiago ; il devait donc y avoir des filiales afin de rapprocher
les membres de la SCDV qui étaient proches. Sous la protection de la société, les
filiales sud et nord firent leur apparition vers la moitié des années 80, promues par Patricio
Rifo (Temuco) et Alex Arroyo (Antofagasta) respectivement. Le premier règlement
des filiales fut approuvé en 1988, et modifié ultérieurement. De nous jours fonctionnent
les filiales nord (dont le siège se trouve à Antofagasta), Quinta Región (siège Valparaíso/Viña),
Bío-Bío (siège Concepción) et sud (siège Temuco). Ces filiales organisèrent
plusieurs réunions scientifiques intra-régionales — parfois avec des invités de Santiago
— et de nombreuses Journées nationales annuelles.
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— Commissions permanentes: elles furent mises en route en 1986, sous la présidence
de Rubén Guarda, dans le but de conseiller la direction à propos de sujets statutaires, administratifs
et des relations internes et externes, ce qui permit en même temps d’élargir la
représentativité des décisions. Les commissions se réunissent de façon autonome ou à la
demande de la direction; ses membres occupent leur poste pendant deux ans; les fonctions
sont soumises à des règlements et les résolutions prises nécessitent l’approbation finale de
la direction. Les commissions fonctionnant depuis 1986 sont: 1) statuts, règlements et admission
des membres associés; 2) éthique, discipline et relations professionnelles; 3) tarifs
et prestations; 4) commission scientifique et formation continue; 5) relations internationales;
6) comité éditorial de la Revista Chilena de Dermatología. S’y ajoutèrent plus tard
les commissions suivantes: 7) bibliothèque et informatique; 8) bien-être.
— Groupes de travail : certains groupes de travail (dermatoses professionnelles, dermatite
de contact) fonctionnaient auparavant de manière sporadique ; toutefois, sous la
présidence de Juan Honeyman, la SCDV fixa leur réglementation et stimula leur formation
(1990) ; ces groupes, conçus comme des rassemblements d’associés ayant des affinités
pour certaines matières scientifiques, avaient pour but d’aider à l’échange
d’expériences et de susciter des documents ou des positions de la SCDV, à travers des
réunions périodiques de travail. Les groupes plus régulièrement actifs à présent sont
ceux de dermatologie pédiatrique, de chirurgie dermatologique, d’acné/rosacée et de
laser. D’autres groupes travaillent sur les MST, la cosmétologie, l’oncologie cutanée, le
psoriasis et la médecine interne.
— Séances d’éducation continue : afin de passer en révision et de mettre à jour la
connaissance de sujets spécifiques dans des horaires du soir, la SCDV mit en place de
1986 à 1989 plusieurs séances d’éducation continue, reprises en 2002.
— Congrès chiliens de dermatologie et de vénéréologie tous les deux ans.
— Journées annuelles et Journée de printemps.
— Revista Chilena de Dermatología.
— Bibliothèque et informatique : la formation de la bibliothèque commença en 1989,
composée des principales revues internationales de dermatologie et de quelques livres
pour l’utilisation des associés, qui fonctionna au siège de la SCDV. En 2001 fut inauguré
le site Internet de la société : < www.sochiderm.cl >.
— Bourses de perfectionnement: sur une suggestion du président Raúl Cabrera, la
SCDV créa en 2002 des bourses destinées à ses membres, d’une courte durée (cinq semaines
minimum) pour des séjours dans les centres étrangers sur des matières spécifiques
qualifiées, pour qu’elles puissent être ultérieurement appliquées au Chili; le montant fixé
pour ces bourses est de 3000 USD (dollars américains), financées par les grands laboratoires
pharmaceutiques et adjugeables par concours d’antécédents face à un juré. Trois
bourses, financées par Galderma, GlaxoSmithKline et Stiefel, ont déjà été attribuées.
— CONACEM : la SCDV fut incorporée à la CONACEM en 1987 ; deux ans plus tard les
conditions requises pour la dermatologie et la vénéréologie furent approuvées et, depuis
1990, la société intègre la commission de dermatologie et de vénéréologie dudit organisme
à travers deux représentants.
— Relations internationales : la SCDV fait partie de l’International League of Dermatological
Societies (ILDS) et constitue le porte-parole le plus important des dermatologues
chiliens auprès de l’American Academy of Dermatology (USA).
— Relations nationales : la SCDV est affiliée à la Société médicale de Santiago, à la CO-
NACEM, et à l’Association nationale de sociétés scientifiques.
— Campagnes pour la communauté : lors de la présidence de María Isabel Herane
(1997), la société organisa une série de campagnes annuelles de prévention du cancer
cutané qui eurent un impact très fort; elles furent poursuivies par les directions ultérieures,
comptant sur le soutien du ministère de la Santé et des laboratoires pharmaceutiques.

— Nouveaux statuts en novembre 1999 : l’assemblée générale des membres approuva
une modification des statuts de 1985. Les nouveaux statuts attendent actuellement l’approbation
finale de la part du ministère de la Justice.
Directeurs connus de la première phase historique
et de la phase de transition
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
(Registres conservés de façon incomplète)
1958 – 1960 Président : Roger Lamas Grubesich
1960 – 1962 Président : Samuel Abeliuk Raschokvan
1962 – 1964 Président : Raúl Alarcón Casanueva ; secrétaire: Samuel Abeliuk Raschokvan
1964 – 1966 Président : Oscar Klein Kohn ; secrétaire: Federico Pescetto
1966 – 1968 Pas de registres conservés
1968 – 1970 Président : Isidoro Pasmanik Guiñerman
1970 – 1972 Président : Pedro Cofré ; secrétaire: Alan Rojas Canala
1972 – 1974 Président : Daniel Villalobos Toro; secrétaire: Adelaida Tolic Rodríguez
1974-1976 Président : Alan Rojas Canala ; secrétaire: Fernando Oyarzún Carrillo
1976 – 1978 Président : Oscar Klein Kohn
1978 – 1980 Président : Marco Antonio de la Parra Enríquez; secrétaire général : Jorge
Abeliuk Sharager
1980 – 1982 Présidente : Julia Oroz Montiglio ; secrétaire générale : María Elsa Maira
Palma
1982 – 1984 Président : Gonzalo Eguiguren Lira ; secrétaire général : Leonardo Sánchez
Millán
1984 – 1986 Président : Carlos Vera Mora ; secrétaire générale : Mónica Ross Maldonado.
Directeurs de la deuxième phase historique (1986-2004)
1986 – 1988 Président : Rubén Guarda Tatin ; vice-président : Manuel Melis de la
Vega ; secrétaire général: Raúl Cabrera Moraga
1988 – 1990 Président : Rubén Guarda Tatín ; vice-président : Félix Fich Schilcrot ;
secrétaire général: Iván Jara Padilla
1990 – 1992 Président : Juan Honeyman Mauro; vice-président : Félix Fich Schilcrot ;
secrétaire générale: María Luisa Pérez-Cotapos Subercaseaux
1992 – 1994 Président : Félix Fich Schilcrot ; vice-présidente : María Isabel Herane ;
secrétaire générale: Monserrat Molgó Novell
1994 – 1996 Présidente : Tirza Saavedra Umpierrez ; vice-présidente : María Isabel
Herane ; secrétaire générale: Pilar Valdés Arrieta
1996 – 1998 Présidente : María Isabel Herane ; vice-présidente : Mirtha Cifuentes
Mutinelli ; secrétaire générale: Ximena Ancic Cortéz
1998 – 2000 Président: Iván Jara Padilla; vice-présidente: Tirza Saavedra Umpierrez;
secrétaire générale: Hilda Rojas Pizarro
2000 – 2002 Présidente : Mirtha Cifuentes Mutinelli ; vice-présidente : Monserrat
Molgó Novell ; secrétaire générale: Emilia Zegpi Trueba
2002 – 2004 Président : Raúl Cabrera Moraga ; vice-présidente : Hilda Rojas Pizarro;
secrétaire générale: Orietta Gómez Hanssen
2004 – 2006 Présidente : Hilda Rojas Pizarro; vice-président : Félix Fich Schilcrot ;
secrétaire générale: Orietta Gómez Hanssen.
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RUBÉN GUARDA TATÍN
■ Publications dermatologiques dermatologiques au Chili au Chili
Le Boletín de la Sociedad Chilena de Dermatología y Sifilología (son organe officiel),
paru en 1945 et publié trois fois, fut la première publication connue de la SCDV ; nous
ignorons les causes de sa disparition. Le principal responsable de ce bulletin fut Hernán
Hevia, secrétaire à l’époque de la société, aidé par Florencio Prats, Mauricio Weinstein
et Roger Lamas. Au cours de sa présidence (1972-1974) Daniel Villalobos, publia plusieurs
bulletins, de la SCDV à contenus scientifiques et syndicaux. Carlos Vera fonda,
quant à lui, l’éphémère revue Dermosur, consacrée aux dermatoses de contact et occupationnelles.
L’existence de cette revue fut courte.
La première revue de dermatologie d’envergure au Chili fut impulsée par la SCDV en
tant qu’organe officiel et parut en 1985 sous le nom de Dermatología (Chile) sous la présidence
de Carlos Vera. Juan Honeyman en est le directeur depuis le premier numéro.
Son travail inlassable et minutieux, ainsi que celui des comités éditoriaux successifs
(composés par des membres réputés de la société), notamment Pilar Valdés, Soledad
Bertoló et Félix Fich, permirent que la publication de cette revue ne soit pas interrompue
jusqu’à nos jours ; elle fut publiée deux fois par an jusqu’en 1993, trois fois par an
un peu plus tard et depuis 1998 elle paraît quatre fois par an. Sa structure comprend des
travaux originaux, cliniques ou expérimentaux, des révisions bibliographiques, des minicas
et des informations d’intérêt sociétaire. La revue reçoit fréquemment l’apport de
quelques auteurs étrangers ; elle est distribuée sur le territoire national et dans les pays
voisins.
■ Réunions scientifiques scientifiques nationales nationales
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Pendant la première phase historique de la SCDV, ses membres se rassemblaient une
ou deux fois par mois, de préférence à l’hôpital San Luis ; lors de ces réunions ou assemblées
scientifiques, ils discutaient de cas, présentaient leurs expériences originales
ou révisaient certains sujets. Bien que la principale source de cas pour ces réunions provienne
majoritairement des médecins des hôpitaux San Luis et San Vicente de Paul, les
autres hôpitaux de Santiago et même ceux des provinces (par exemple Valparaíso) exposaient
également leur expérience.
Un mémoire de la direction de 1945 montre qu’au cours de cette année, 16 séances
eurent lieu : 21 travaux originaux et 56 cas cliniques furent présentés, publiés dans les
trois numéros du Boletín de la Sociedad Chilena de Dermatología y Sifilología déjà cité.
Hernán Hevia (environ 200 communications) fut l’auteur le plus prolifique de travaux
présentés à la SCDV depuis sa création jusqu’à 1980.
La SCDV organisa en décembre 1968 la réunion du 30 e anniversaire de la SCDV, qui
eut lieu à l’hôpital San Luis et dura trois jours — depuis très tôt le matin jusqu’à très tard
le soir —, avec des présentations de cas cliniques et de travaux originaux. Cette réunion
permit de convoquer tous les dermatologues chiliens et fut suivie de réunions similaires
organisées par la société, appelées Journées chiliennes de dermatologie (Santiago et Valparaíso
en 1970), présidées par Pedro Cofré ; Journées nationales de dermatologie (Santiago,
1974 et 1975). À partir de 1976, elles prirent le nom de Journées annuelles de
dermatologie et de vénéréologie, réalisées habituellement à Santiago jusqu’en 1985. Cependant,
à partir de 1990 (sauf en 1999) et en partie en raison du succès des Journées
de printemps, ces Journées annuelles eurent lieu dans les villes de province afin de promouvoir
la diffusion de la spécialité ainsi que la décentralisation de la SCDV. Ces réunions
à caractère scientifique (progrès en dermatologie et présentation de travaux
originaux, participation d’invités étrangers de haut niveau) sont aussi des occasions de
se retrouver puisque l’unité, la convivialité et l’amitié entre les dermatologues chiliens

est une des priorités de la SCDV. Depuis 1997, ces réunions reçoivent le nom de Journées
annuelles de dermatologie et de vénéréologie Pr. Hernán Hevia Parga, en l’honneur
du grand professeur chilien.
Les Journées de printemps, proposées par Leonardo Sánchez et Patricio Rifo, eurent
lieu à Santiago entre 1986 et 1989 une fois par an (quatre au total). Organisées
sous la présidence de Rubén Guarda, elles visaient à ce que les dermatologues des provinces
présentent leurs travaux et les cas problématiques qu’ils rencontraient afin d’en
discuter avec les spécialistes de Santiago ; ces discussions s’enrichissaient de la présence
d’un invité étranger par jour. Ces journées eurent un grand succès en termes
d’assistance et contribuèrent non seulement à renforcer la solidarité entre les dermatologues
chiliens mais aussi, à annihiler la résistance chronique des associés à payer
leur cotisation.
Quand Rubén Guarda assuma la présidence de la SCDV (mai 1986), il proposa la création
de congrès chiliens de dermatologie et de vénéréologie en les présentant comme des
réunions périodiques importantes de la dermatologie chilienne, d’une durée de trois
jours, qui comporteraient notamment des apports choisis de la recherche et de l’expérience,
des symposiums, des ateliers et des conférences, avec la participation d’invités
étrangers hautement qualifiés. Le premier congrès chilien, présidé par le Dr Guarda luimême,
eut lieu en avril 1988 en présence de quatre invités provenant des États-Unis :
Mark Dahl, Marcus Conant, Bijan Safai et Jon Hanifin. Depuis, huit congrès eurent lieu
à Santiago (tous les deux ans, au mois d’avril, sauf en 1992 à cause du congrès RADLA
dans notre capitale), avec la participation de nombreux dermatologues réputés d’Europe,
des États-Unis et d’Amérique latine et une assistance d’environ 200 à 400 médecins.
Ces congrès furent présidés par Rubén Guarda (1988), Daniel Villalobos (1990),
Félix Fich (1994), Tirza Saavedra (1996), María Isabel Herane (1998), Iván Jara (2000),
Mirtha Cifuentes (2002) et Raúl Cabrera (2004).
Plusieurs réunions dermatologiques d’un niveau scientifique remarquable et qui
comptèrent sur la présence de plusieurs invités étrangers furent organisées par diverses
institutions ; parmi les plus traditionnelles et les plus fréquentées nous citerons
: 1) le cours - journée annuelle du service de dermatologie de l’hôpital Aguirre
(depuis 1988), consacré dernièrement à la thérapeutique dermatologique et généralement
dirigé par Juan Honeyman ; 2) le symposium - cours annuel de l’unité de dermatologie
de la PUC (depuis 1990), ses directeurs se relayant pour l’organisme ; 3) le
cours - journée annuel de la clinique allemande de Santiago : le premier (1991) fut dirigé
par Rubén Guarda, tandis que depuis 1995, il est dirigé de façon ininterrompue
par Raúl Cabrera.
La dermatologie chilienne Sur le plan international
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
■ La dermatologie chilienne sur le plan international
Présence des dermatologues chiliens dans les réunions internationales
Le fait que le Chili soit le pays américain le plus éloigné d’Europe et le pays sud-américain
le plus éloigné des États-Unis explique la faible représentation de dermatologues
chiliens dans les institutions et les réunions internationales jusqu’aux années 70. Malgré
quelques contacts personnels avec la dermatologie française par le biais de certains professeurs
(Puyó, Jaramillo et Prunés par exemple) et avec la dermatologie argentine
(Prats et Brieva), les premiers contacts institutionnels fructueux eurent lieu grâce aux
médecins liés aux MST, notamment Isidoro Pasmanik et Daniel Villalobos.
Le Dr Pasmanik participa à plusieurs actions communes avec des représentants des
autres pays latino-américains, en tant que responsable au Chili du programme pilote de
l’OMS pour contrôler les MST depuis 1960 ; il voyagea inlassablement pour participer
191

RUBÉN GUARDA TATÍN
192
aux congrès de dermatologie et de MST et y fut quasiment le seul Chilien présent jusqu’en
1975. Il participa activement en compagnie des Drs Villalobos et Fich aux réunions
internationales sur les MST et le sida, y compris les congrès ULACETS. Par ailleurs, notons
que le Dr Félix Fich fut vice-président d’ULACETS entre 1995 et 1999.
Le rôle de Juan Honeyman entre 1976 et 1990 dans la participation des dermatologues
chiliens (présence aux réunions médicales internationales et présentation de leurs communications)
fut crucial. Nous pourrions résumer son parcours comme suit: 1) dès sa formation
dermatologique dans l’État de l’Oregon, il fut le principal promoteur de la
participation des jeunes dermatologues au sein des meetings de l’American Academy of
Dermatology (AAD) et de leur affiliation à celle-ci; 2) il promut également l’affiliation de la
SCDV à l’International League of Dermatological Societies; 3) il favorisa dès sa première
participation à la RADLA, à Guarujá en 1976, la collaboration d’un grand nombre de dermatologues
chiliens au principal événement annuel de la dermatologie sud-américaine —
la Réunion annuelle des dermatologues latino-américains du cône sud (RADLA) —, ainsi
que leur participation à travers des communications; 4) finalement, il promut aussi la réalisation
des congrès du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD).
Les dermatologues chiliens participèrent très activement aux RADLA du cône sud depuis
1977, soit en y assistant, soit en qualité de conférenciers ou de membres de la direction.
Juan Honeyman, Carlos Vera et Rubén Guarda présidèrent l’organisation et, par
conséquent, furent délégués permanents de son conseil. Isidoro Pasmanik, Gonzalo Eguiguren,
Julia Oroz, Leonardo Sánchez, Iván Jara, Raúl Cabrera, Félix Fich, Montserrat
Molgó et Orietta Gómez furent les délégués renouvelables. La participation du Chili à la
coordination d’activités scientifiques et de comptes rendus est désormais habituelle, notamment
en immunodermatologie et en oncologie cutanée.
Quant au CILAD, la présence chilienne y est un peu moins nombreuse. Juan Honeyman
fut délégué national du CILAD pour le Chili de 1975 à 1999, vice-président de zone
entre 1995 et 1999 et premier vice-président de 1999 à 2003. Rubén Guarda fut élu délégué
national en 2000 et réélu en 2003.
En résumé, la présence de dermatologues chiliens aux meetings de l’AAD, aux
congrès mondiaux de dermatologie et de dermatologie pédiatrique, au CILAD, aux
RADLA et à un grand nombre d’événements américains et européens est constante et
parfois massive. Ceci contribua à rehausser et à mettre au jour la science dermatologique
chilienne.
Les Drs Juan Honeyman, Rubén Guarda, Raúl Cabrera, Iván Jara, María Isabel Herane
et tant d’autres sont fréquemment invités à participer aux congrès dermatologiques
nationaux de divers pays latino-américains. Le Dr Honeyman fait partie de plusieurs sociétés
nationales de dermatologie ; il est un voyageur inlassable, comme le fut auparavant
le Dr Pasmanik, ainsi qu’un conférencier assidu dans les réunions médicales qui ont
lieu dans différents pays. Pour sa part, le Dr Guarda est aussi un conférencier constamment
invité aux congrès d’allergie et d’immunologie organisés dans les pays voisins.
L’échange institutionnel de jeunes médecins entre l’AAD et la SCDV pour aider à leur
participation aux congrès respectifs est fructueux, car les deux sociétés facilitent les séjours
et les inscriptions.
Principaux événements dermatologiques internationaux au Chili
Le Chili fut le siège des événements dermatologiques internationaux suivants :
1) RADLA du cône sud en 1985, la première réunion réalisée à Santiago (président : Juan
Honeyman ; secrétaire général : Gonzalo Eguiguren), avec la participation de 400 médecins
des pays RADLA (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Pérou, Paraguay et Uruguay) ;
2) RADLA du cône sud en 1992, qui eut lieu à Santiago (président : Carlos Vera ; secrétaire
générale : Mirtha Cifuentes), en présence de 500 médecins ; 3) RADLA du cône sud

en 1997, également à Santiago (présidée par Rubén Guarda et dont le secrétaire général
fut Raúl Cabrera), avec une assistance de 950 médecins ; 4) congrès ULACETS à Santiago
en 1995 (présidente : Blanca Campos ; président du comité scientifique : Félix Fich),
en la présence de 1 800 participants de trente-cinq pays. La ville de Santiago vient d’être
le siège d’une nouvelle réunion RADLA en 2006, présidée par Raúl Cabrera.
Autres événements dermatologiques internationaux au Chili
Deux cycles de réunions entre les dermatologues chiliens et argentins (principalement
de Cuyo, la région argentine la plus proche de Santiago) eurent lieu dans la
deuxième moitié du XX e siècle : 1) le premier cycle correspond aux Réunions andines de
dermatologie, réalisées à Mendoza (1969) et à Santiago (1970), selon les suggestions
d’Isidoro Pasmanik et d’Alberto Torres Cortijo (Mendoza), et organisées par la SCDV et
la Société argentine de dermatologie (filiale Cuyo), une réussite en termes de fraternité
entre Chiliens et Argentins ; 2) la deuxième série, plus longue (1989 à 1995), correspond
aux Journées transandines de dermatologie, organisées une fois par an alternativement
à Santiago en automne et à Cuyo au printemps, initialement proposées par Cristóbal
Parra (Mendoza) et Rubén Guarda (Santiago) et avec l’accord de la direction de la SCDV
et de la filiale Cuyo de l’Association argentine de dermatologie (Nélida Pizzi, Cristóbal
Parra, José Leonforte et Elías Bittar) ; la SCDV chargea sa filiale Quinta Región d’assumer
la responsabilité chilienne de ces journées, qui comptèrent une participation massive
de dermatologues de Cuyo et du Chili.
Les Journées interandines, effectuées entre 1994 et 2000 et rassemblant les dermatologues
du nord du Chili, les Argentins de Salta, les Boliviens de La Paz et Cochabamba
et les Péruviens du Sud (Arequipa, Cuzco et Tacna), outre plusieurs spécialistes de Santiago
et de Lima, formèrent une autre série de réunions. Celles-ci furent encouragées par
Juan Pedro Lonza et d’autres dermatologues du nord du Chili et soutenues par Juan Honeyman
(Santiago), Fernando Magill et Emilio Carranza (Lima), bénéficiant d’une assistance
nombreuse. Quatre journées furent organisées à Iquique (1994), Cuzco (1996),
Cochabamba (1998) et Salta (2000). ■
■ Références
bibliographiques
Hevia Parga H. « Roberto Jaramillo:
obituario. » Rev. Chil. Dermatol.
1989; 5: 88-89.
Klein Kohn O. Historia de la
Dermatología chilena : una
versión personal
[monografía]. Laboratorios
Vichy ; 1999.
Lama, R. « Dr Gastón Ramírez
Bravo : nota necrológica. »
Rev. Chil. Dermatol. 1996;
12 : 60.
Esquisse historique de la dermatologie chilienne
Maira M.E., Margozzini J.
« Historia del Servicio de
Dermatología. » Dans :
Braghetto I., Korn O. editores.
Historia del Hospital Clínico
de la Universidad de Chile.
Hospital Clínico de la
Universidad de Chile ; 2002.
p. 309-332.
Ramírez Bravo G. « El profesor
Roberto Jaramillo Bruce :
semblanzas. » Rev. Chil.
Dermatol. 1989 ; 5 : 87.
Autres sources
Communications écrites
Octobre 2005
approuvées par les
dermatologues Daniel
Villalobos, Julia Oroz et
Isabel Moreno.
Communications verbales des
dermatologues Roger Lamas,
Isidoro Pasmanik, Raúl
Alarcón, Julita Cofré,
Adelaida Tolic, Antonio
Guglielmetti, Ramón
Staforelli, Manuel Melis, Félix
Fich, Juan Honeyman, Juan
Pedro Lonza, Alfredo
Cardemil, Patricio Rifo,
Ximena Ancic, María Elsa
Maira, Walter Gübelin.

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
ÉQUATORIENNE
Mauro Madero Izaguirre, Franklin Madero Izaguirre
La région de la côte ou littoral de l’Équateur s’étend entre l’océan Pacifique à l’ouest,
les contreforts de la cordillère des Andes à l’est, les frontières avec la Colombie au nord
et avec le Pérou au sud.
Cette étendue territoriale de 800 km de long et d’environ 80 000 km 2 de superficie est
pour la plupart une plaine littorale avec quelques élévations de faible hauteur, notamment
dans les parties centrale et nord.
Du fait de sa situation dans une zone équatoriale — comme d’ailleurs le reste du pays
— et au niveau de la mer, cette région littorale présente un climat tropical avec des températures
moyennes comprises entre 23º C et 26º C et deux saisons climatiques: l’une de
décembre à avril — caractérisée par la présence de pluies abondantes et par l’augmentation
de la température moyenne — et une autre s’étendant de mai à novembre, avec
des précipitations rares et un climat plus frais.
Aspects historiques
Époque préhispanique
MAURO MADERO IZAGUIRRE, FRANKLIN MADERO IZAGUIRRE,
GALO MONTENEGRO LÓPEZ, MAURICIO COELLO URIGUEN,
CLAUDIO ARIAS ARGUDO
■ I. La dermatologie dans la région côtière ou littoral
Parmi les différents peuples aborigènes qui habitèrent le littoral équatorien avant
l’arrivée des Espagnols, les Huancavilcas attirèrent davantage l’attention des chercheurs
de notre passé médical. C’est pour cela que notre article est basé sur les renseignements
obtenus concernant ce peuple, constitué par de nombreuses tribus qui peuplèrent la
zone de l’actuelle province du Guayas et une partie des provinces de Manabí et Los Ríos.
Installés en pleine région tropicale, les Huancavilcas subirent la rigueur du climat;
cependant, leur pathologie n’était pas très variée et cela détermina le fait que les
conquistadors espagnols aient considéré ces terres comme très saines. La pathologie cutanée
pourrait être résumée à quelques maladies infectieuses, des affections parasitaires
195

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
196
de la peau, des piqûres d’insectes et des manifestations cutanées d’intoxications provoquées
par l’ingestion de boissons fermentées ou d’empoisonnements causés par des substances
qu’ils avaient ingérées ou utilisées dans leurs lances.
Selon la plupart des historiens, la syphilis exista dans cette zone avant la venue des
Espagnols. Ses manifestations externes étaient signalées sous les noms de boubas ou
verrues, fréquemment observées non seulement parmi les habitants de la zone mais
aussi les nombreuses personnes « venues d’ailleurs » qui s’y rendaient car la région
était considérée « de bon tempérament » pour la guérison de plusieurs maladies ; cela
était dû aussi bien à son climat tempéré qu’à la notoriété de ses herboristeries, notamment
parce que les Guayas faisaient pousser la salsepareille au bord des rivières, plante
à laquelle on attribuait d’importants bienfaits thérapeutiques, même pour traiter la syphilis.
Cieza de León dit à ce propos : « Et nombre de ceux qui arrivaient, les abats endommagés
et le corps pourri, en buvant simplement l’eau de ces racines étaient guéris
[...] et d’autres qui venaient l’état aggravé par des boubas et qui les portaient à l’intérieur
de leur corps, en buvant de cette eau les jours convenables, guérissaient aussi.
Enfin, plusieurs étaient gonflés et d’autres avaient des plaies et ils sont rentrés chez eux
guéris. »
Parmi les parasites de la peau, il y avait la nigua (chique), qui fut par la suite l’un des
fléaux les plus cruels pour les Espagnols, provoquant des ulcérations; existait aussi le
pou du corps et des cheveux.
Cette médecine aborigène est essentiellement connue à travers les récits des premiers
Espagnols; les chroniqueurs des Indes nous décrivent une médecine de la période de la
pré-Conquête instinctive, démoniaque, magique et sacerdotale; selon González Suárez,
« tout le système thérapeutique se réduisait à des bains, à des boissons et à des frictions;
l’expérience leur en avait appris l’efficacité ».
La Conquête
Depuis l’arrivée de Bartolomé Ruiz — pilote espagnol habile et premier Européen à
mettre le pied sur le territoire équatorien, suivi par le grand conquistador Francisco Pizarro
—, les Espagnols rencontrèrent sur ces terres des pathologies conditionnées par le
milieu tropical.
Le paludisme fut peut-être la pathologie la plus grave et la plus fréquente qu’ils durent
affronter. Cette maladie était endémique parmi les tribus de la côte équatorienne;
les Espagnols souffraient encore plus durement des conséquences des piqûres des moustiques
infectés par l’hématozoaire à tel point que, selon les chroniqueurs, ces piqûres
« en conduisirent plus d’un dans la tombe et la plupart d’entre eux tombèrent malades ».
Lors de son troisième voyage sur les côtes du sud, Francisco Pizarro débarqua dans
la baie de San Mateo au début de 1531 et continua vers les populations de Coaque et
Puerto Viejo, dans l’actuelle province de Manabí, où les Espagnols subirent une peste
terrible et inconnue, qu’ils appelèrent « peste de verrues ». Cette épidémie — selon
des études réalisées au XX e siècle par certains chercheurs — semble avoir correspondu
au pian, bien que certains pensent encore que cela aurait pu être la verrue
péruvienne.
La variole était une autre maladie courante à l’époque. Le Frère Pedro Ruiz Naharro,
religieux de l’Ordre Notre-Dame de la Merci, dit, en évoquant au mois de mars 1531:
« Dans la baie de Quaque, quelques-uns de nos Espagnols tombèrent malades à cause de
la variole et des boubas ; certains en moururent et d’autres restèrent le visage troué et
extrêmement laids. »
Peu après avoir été fondée, la ville de Guayaquil, principal port équatorien, comptait
un hôpital fréquenté par beaucoup de malades de différents endroits du littoral, attirés
par la réputation curative de la salsepareille fraîche. Cet hôpital disposait d’une

apothicairerie où se trouvaient tous les médicaments utilisés à l’époque, y compris le
« savon brun » dont la préparation — enseignée par les Espagnols — se faisait avec
l’eau de Javel obtenue des cendres de certains bois mélangé à du sébum ; ce produit
était populairement utilisé pour le bain et en particulier pour laver les cheveux et éliminer
les poux.
Époque coloniale
Histoire de la dermatologie équatorienne
Vers le début du XVII e siècle, les aborigènes huancavilcas avaient quasiment disparu,
en grande partie à cause du manque de soin des colons espagnols pour les Indiens. La
santé des habitants du littoral équatorien était entre les mains des guérisseurs, et l’apparition
d’un médecin titré dans ces terres était considérée par beaucoup comme
l’œuvre de la Divine Providence. À l’hôpital de Guayaquil, c’était en général un prêtre catholique
avec des connaissances pratiques qui soignait les malades.
Il y a peu d’informations sur les maladies du XVII e siècle. Les chroniques mentionnent
les épidémies de rougeole et de variole comme les causes des plus grands ravages parmi
notre population.
Au début du XVIII e siècle, Guayaquil subit une autre épidémie de variole qui causa de
grandes pertes parmi sa population, s’élevant à environ 4000 habitants en 1708. Vers la
deuxième moitié du siècle, Guayaquil ne fut plus une ville abandonnée par la médecine;
un grand nombre de médecins apparurent et ils prirent en charge le soin des malades,
soit à l’hôpital, soit de façon particulière.
La présence de ces médecins permit des descriptions plus techniques des maladies de
l’époque; des rapports plus détaillés portèrent sur certaines affections cutanées et les
différentes façons de les traiter. Un exemple en est l’emploi en 1776 d’un « remède merveilleux
» utilisé pour extirper un parasite de la peau qui fut un véritable fléau, la nigua,
aussi bien pour les Espagnols que pour les métis. Ce remède merveilleux consistait à « enduire
les parties où résident les niguas avec de l’huile d’olive sans la réchauffer et, les
niguas mourant, les petites poches qui les contiennent se décollent facilement ».
La nigua et les poux, des parasites existant depuis l’époque des aborigènes, survécurent
jusqu’à nos jours à travers la Conquête et la période coloniale. La nigua provoque
les traditionnels troubles locaux, tandis que les poux transmettent même le typhus exanthématique,
que les chroniques de la colonie mentionnent plusieurs fois.
Comme au cours des siècles précédents, la variole et la rougeole représentaient couramment,
même au XVIII e siècle de graves problèmes. Il faut dire que durant la période
coloniale, ces deux maladies furent endémiques sur notre littoral particulièrement à
Guayaquil, mais prenaient occasionnellement un caractère épidémique, telle la nouvelle
épidémie de variole de 1785.
Les archives de la Conquête ne contiennent pas d’indices sur l’existence de la lèpre
dans notre pays à cette époque-là. Suivant la croyance d’autres pays d’Amérique, il est
probable que nos aborigènes n’aient pas connu cette maladie et qu’elle ait été importée
d’Europe et peut-être aussi d’Afrique, à travers des individus de race noire amenés pour
réaliser certains travaux.
Ce ne fut qu’au XVIII e siècle que la décision fut prise d’envoyer les malades souffrant
de lèpre au lazaret de Carthagène des Indes, ce qui s’avéra difficile du fait de la distance
et des mauvaises routes; les malades se promenaient alors librement dans les rues de
Guayaquil. C’est pour cela que l’idée naquit d’identifier tous les malades de la ville
atteints de la lèpre et de projeter la construction d’un endroit spécial où les reclure et les
isoler.
En 1795, un recensement des personnes affectées par la maladie révéla la présence
de vingt-quatre malades à Guayaquil; on décida alors de les envoyer soit au lazaret de
Carthagène des Indes, soit au lazaret de Quito récemment créé.
197

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
198
En raison des nouveaux cas de lèpre qui se présentaient, le besoin de disposer d’un
endroit pour enfermer ces malades devint évident; le premier lazaret du littoral équatorien,
établi à Guayaquil, entra en fonction en 1818.
L’indépendance (1820-1830)
Durant cette période, l’exercice de la médecine conserva les pratiques coutumières établies
à l’époque coloniale et les apports scientifiques furent rares; s’ils existèrent, c’est grâce au retour
sur ces terres des rares personnes parties faire des études de médecine à l’étranger.
Un fait très curieux et digne d’être mentionné, dont plusieurs auteurs de l’époque
parlent en rapport à la couleur de la peau des habitants de Guayaquil, notamment des
femmes. Dans son livre Extractos de un diario escrito en las costas de Chile, Perú y
México en los años de 1820, 1821 y 1822 [Extraits d’un journal écrit sur les côtes du
Chili, du Pérou et du Mexique dans les années 1820, 1821 et 1822], Basil Hall fait référence
aux femmes habitant Guayaquil de la façon suivante: « Nous avions souvent entendu
les éloges sur le teint clair des guayaquileñas, mais nous croyions qu’il ne
s’agissait que de louanges. Nous fûmes donc surpris en découvrant ces dames, blanches
et blondes, comme n’importe quelle Européenne. Leurs yeux, différents de ceux des Espagnols,
étaient bleus, et leurs cheveux clairs. Cela est d’autant plus extraordinaire que
Guayaquil est située à un peu plus de deux degrés au sud de l’équateur et, restant au niveau
de la mer, la ville est excessivement chaude pendant toute l’année. »
Dans leur Viaje a la América Meridional [Voyage en Amérique méridionale], Jorge
Juan et Antonio de Ulloa soulignent aussi le fait que « ce pays étant si chaud, les habitants
natifs ne sont pas basanés et que les Espagnols n’ayant pas naturellement le teint
aussi blanc, comme les nations du Nord, leurs enfants nés là sont blonds. »
Les raisons que le Dr Abel Brandín fournissait en 1826 pour expliquer cette caractéristique
étaient « l’influence de l’humidité du climat, de la manière de vivre des femmes,
de leur parfaite inaction et soustraction à la lumière; de même que les plantes, qui se
privent de l’impression du soleil et de toute lumière et qui fanent, perdent leurs couleurs
[…] Le manque d’exercice, de mouvement, avec la chaleur et l’humidité, favorisent le développement
du tissu cellulaire, le saturent, l’imprègnent d’humidité, et favorisent la
blancheur de l’épiderme du visage ».
Les maladies les plus communes parmi la population de Guayaquil étaient à l’époque
le paludisme, la dysenterie, la variole, la tuberculose, la rougeole et la syphilis.
Époque républicaine (1830-1900)
Dès le début de cette époque, ce qui avait été la province libre de Guayaquil et faisait
désormais partie de la République de l’Équateur connut un essor soutenu dans tous les
domaines; suite à l’arrivée de quelques médecins qui décidèrent de s’installer à cet endroit,
la médecine connut également un développement notable.
Pendant les premières décennies de l’ère républicaine, les études de médecine se faisaient
à Quito, la seule ville d’Équateur à avoir une école de médecine à l’époque; pour
cette raison, les médecins de notre région littorale étaient des natifs qui devaient se
déplacer pour poursuivre leurs études ou bien des étrangers qui restaient principalement
à Guayaquil. Cela n’empêcha pas les médecins de Guayaquil, désireux de se surpasser
scientifiquement, de fonder en 1835 le Conseil départemental de médecine, et peu de
temps après la Société médicale du Guayas.
L’apparition de la Société médicale du Guayas représenta une étape de surpassement et de
progrès dans la médecine de Guayaquil, car les objectifs de cette société au cours de sa longue
et fructueuse existence étaient de fixer les normes pour combattre les épidémies, défendre les
médecins, nommer les autorités médicales de la ville et participer à la fondation des hôpitaux.

L’intervention du Dr Mariano Arcia mérite d’être rappelée; possiblement influencé
par les récits des guérisons d’Alibert dans les eaux sulfureuses de Tivoli, ce médecin pensait
que nos lépreux pouvaient guérir avec les eaux sulfureuses de la péninsule de Santa
Elena. Il obtint alors les moyens pour faire construire un lazaret dans les mêmes endroits
où jaillissaient les eaux thermales de Santa Elena, établissement qui entra en fonction à
la fin de 1837.
Entre 1842 et 1867, le littoral équatorien et particulièrement la ville de Guayaquil subirent
trois épidémies de fièvre jaune qui provoquèrent de grandes pertes parmi leurs
habitants.
Le Comité universitaire naquit à Guayaquil en décembre 1867; cet organisme avait
pour fonction d’organiser les examens d’admission de ceux qui voulaient exercer à
Guayaquil ou en province. Dix ans plus tard, en 1877, la faculté de médecine de Guayaquil
ouvrit ses portes, entamant une nouvelle période florissante pour la médecine locale.
Guayaquil subit une nouvelle épidémie de fièvre jaune en 1880. Cette maladie, avec
la dengue, la variole, la rougeole, le choléra et les dysenteries, furent les maux les plus
fréquents de la région pendant le dernier quart du XIX e siècle.
Première partie du XX e siècle (1900-1950)
Au début du siècle, on observait déjà un certain penchant pour la dermatologie de la
part des médecins généralistes de la côte équatorienne, et leurs précieuses observations
commencèrent à être divulguées dans les revues de l’époque. Nous citerons parmi ces
publications:
— José Ramón Boloña, « ¿Existen la Blastomicosis y la Leishmaniasis en el Ecuador?
» [Est-ce que la blastomycose et la leishmaniose existent en Équateur?], Act. Trab.
I Cong. Med. Ecuat. Vol II, 97, 1917.
— José Darío Moral, « Leishmaniasis Americana » [Leishmaniose américaine], Bol.
Med. Cir. Año XVIII, 132, 73, 1920; et « Dermatitis Bullosa Plantaris » [Dermatite bulleuse
plantaire], Bol. Med. Cir. Año XXIII, 140, 67, 1921.
— Juan Federico Heinert, « Dermatitis Vesicular Aguda » [Dermatite vésiculaire
aiguë], An. Soc. Med. Quir. Guay. Vol VII, 163, 1927.
— J. Insua Hilaron, « Micetos que originan dermatomicosis del hombre más comunes
en Guayaquil » (thèse de doctorat) [Champignons à l’origine des dermatomycoses les plus
fréquentes chez l’homme à Guayaquil], Rev. Univ. Guay. Año IV, 1, 128, 1933.
Au fur et à mesure que le siècle avançait, l’attention prêtée aux affections de la peau
s’accrut. Les noms d’éminents généralistes publiant des articles sur le sujet — comme
Alfredo Valenzuela Valverde, Armando Pareja Coronel, José Falconí Villagómez — se joignirent
à ceux d’autres médecins qui commencèrent à montrer un intérêt particulier
pour la dermatologie, tel José Víctor Payese Gault, qui fut à l’origine de la chaire de dermatologie
de la faculté de médecine de l’université de Guayaquil, appelée en son honneur
chaire d’urologie, maladies vénériennes et dermatologie.
À sa mort, le Dr Payese fut remplacé par le Dr Gustavo Adolfo Fassio; la scission de
la chaire se produisit à ce moment-là, devenant la chaire de dermatologie.
La dermatologie comme spécialité (1950-2005)
Histoire de la dermatologie équatorienne
Jusqu’à la moitié du XX e siècle, sur le littoral équatorien et spécifiquement à Guayaquil
— nous prenons cette ville comme référence car elle concentre la plupart de la population
et le développement médical de la région —, la dermatologie était considérée comme une
partie de la médecine interne et, en tant que telle, elle était exercée par les médecins généralistes.
Vers la fin des années 40, quelques médecins commencèrent à se consacrer aux
199

Figure 1.
Bâtiment situé au
croisement de
l’avenue 9 Octobre et
Baquerizo Moreno
(Guayaquil), où
fonctionnait au 4 e
étage le Club médical,
où fut fondée la
Société équatorienne
de dermatologie
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
200
problèmes de la peau, entraînant le développement d’une nouvelle mentalité qui ébaucha
les origines de la dermatologie en tant que spécialité.
Le changement définitif se produisit à partir de deux faits qui eurent lieu durant la
décennie 50-60. Le premier fut la création de services de dermatologie dans nos hôpitaux
; le deuxième, l’apparition de médecins exclusivement consacrés à la dermatologie,
parmi lesquels se trouvaient les premiers spécialistes ayant le titre de
dermatologues à l’étranger, apportant de nouvelles idées qui furent immédiatement
accueillies.
Le premier service hospitalier de soin dermatologique de la ville de Guayaquil fut créé
en 1952 dans la salle Santa Luisa de l’hôpital Luis Vernaza du conseil de bienfaisance de
Guayaquil; le créateur et premier chef du service fut le Dr Enrique Uraga Peña.
Le service de dermatologie de l’hôpital Vernaza admit peu après les Drs Wenceslao
Ollague Loayza — diplômé en dermatologie à l’école professionnelle de dermatologie de
Madrid — et Luis Carvajal Huerta, qui furent tout comme le Dr Uraga Peña les initiateurs
de la dermatologie de Guayaquil.
Ces antécédents furent propices au développement de la dermatologie et, par conséquent,
le nombre de médecins qui se consacraient à la spécialité augmenta. Quelquesuns
se formèrent dans nos salles d’hôpitaux tandis que d’autres eurent la possibilité de
poursuivre des études à l’étranger. Apparurent alors entre autres les Drs Espinoza
Bravo, Arcos, Lasso et Murgueytio à Quito ; L. Cordero, J. Vintimilla, A. Quezada et
C. Arias à Cuenca ; G. Fassio, W. Ollague et L. Carvajal à Guayaquil. Ceux-ci, avec les
médecins déjà cités et la collaboration d’autres collègues qui se consacraient partiellement
à la dermatologie, firent peu à peu une place à la spécialité dans notre pays.
Fondation de la Société équatorienne de dermatologie
Dans les circonstances citées, le début des années 60 fournissait un champ propice
pour que tous ces spécialistes se rassemblent dans un seul ordre professionnel pleinement
consacré au développement de la recherche, la diffusion et l’enseignement de la
spécialité. L’idée naquit à Guayaquil et les Drs Enrique Uraga Peña, Wenceslao Ollague
Loayza et Luis Carvajal Huerta se chargèrent de la concrétiser: ils entreprirent des réunions
préliminaires avec différents médecins du pays qui exerçaient la dermatologie ou
d’autres spécialités voisines. Le besoin apparut alors de créer une Société équatorienne
de dermatologie et on fixa la date et le lieu pour une réunion nationale au cours de laquelle
l’entité serait fondée.
C’est ainsi que le 15 mai 1963, vingt-trois professionnels prestigieux se réunirent à
Guayaquil, dans les bureaux du Club médical (figure 1) situé au quatrième étage du bâtiment
qui existe encore au coin nord-ouest du croisement des rues Baquerizo Moreno
et 9 octobre, et décidèrent la fondation de la Société équatorienne de
dermatologie, dont nous transcrivons l’acte de constitution:
ACTE DE CONSTITUTION DE LA SOCIÉTÉ ÉQUATORIENNE DE DERMATOLOGIE
À Guayaquil, le quinze mai mille neuf cent soixante-trois, se réunirent dans les
salles du Club médical, préalablement convoqués par les Drs Enrique Uraga Peña,
Luis Carvajal Huerta et Wenceslao Ollague Loayza, les Drs Edmundo Blum, Bertha
Rendón (née Duarte), Elena Yerovi, Silvio Torres, Germán Moreno Valero, Carlos
Hidalgo González, Otto Arias, Claudio Arias, Carlos Timm, Bolívar Estrella, Francisco
Parra, Roberto Jalón, Eduardo Reina, Domingo Paredes, Jorge Ramírez, Eudoro
Moscoso, Jorge Bermeo, Carlos Espín, Felipe Aroca et Servio Peñaherrera ; qui
après avoir entendu le discours prononcé par le Dr Uraga Peña, au cours duquel il
annonçait que l’objectif fondamental de la réunion était la constitution, si on la ju-

Histoire de la dermatologie équatorienne
geait appropriée, d’une entité qui rassemblerait tous les médecins enclins à un dévouement
spécial pour la dermatologie, la syphiligraphie et la léprologie, en vue
d’accroître l’étude de ces spécialités médicales et de participer par tous les moyens
à leur diffusion et à leur rayonnement, accordèrent de se constituer en assemblée
et désignèrent ainsi comme le Dr Uraga Peña directeur de ladite assemblée et le Dr
Ollague Loayza comme son secrétaire, et après plusieurs commentaires favorables
à cette création, il fut décidé de fonder la société ; le pouvoir exécutif récemment
approuvé donna son accord pour la nomination du directeur et du secrétaire selon
les dispositions légales en vigueur.
Dr Servio Peñaherrera A. Dr Enrique Uraga P.
Les statuts de la société furent élaborés immédiatement après sa constitution, discutés et
approuvés lors des séances de l’assemblée des 19, 21 et 22 mai de la même année. Ces statuts
comptaient à l’origine soixante-dix-neuf articles, dont nous citons le premier et le dernier:
Art. 1. Sous le nom de Société équatorienne de dermatologie est créée une association
scientifique de droit privé et à caractère national, dont le siège est à Guayaquil,
et qui sera régie par les statuts suivants.
Art. 79. L’assemblée propose un Comité de direction provisoire pour cette fois, jusqu’au
mois de mai prochain.
L’assemblée réunie pour approuver les statuts et observant la disposition de la résolution
de l’article 79 élut la commission directive provisoire; le Dr Enrique Uraga Peña
devint le premier président de la société.
Peu après, le 31 juillet 1963, lors de la première séance au Paraninfo de l’université,
le Dr Uraga Peña, en qualité de président, déclara l’inauguration de la société.
Dès sa fondation, le siège de la Société équatorienne de dermatologie était à Guayaquil,
ville où la dermatologie occupait une place de choix à l’époque. Cette particularité
se maintint jusqu’en 1986, au moment où la réforme statutaire (que nous décrirons
plus tard) allait permettre à la société d’être intégrée et représentée à l’échelle nationale.
En 1965, le Dr Uraga fut réélu président de la société pour une deuxième période.
L’entité connut au cours de sa gestion un développement efficace, aussi bien au niveau
national que dans les rapports avec les sociétés dermatologiques d’Amérique et d’Europe.
LA PREMIÈRE REVUE DERMATOLOGIQUE
Le Dr Wenceslao Ollague Loayza fut élu
président le 21 juillet 1966; le Dr Luis Carvajal
Huerta était le vice-président, tandis
que le Dr Servio Peñaherrera Astudillo fut
élu secrétaire. Cette commission établit un
vaste plan d’activités tendant à diffuser et
à glorifier la dermatologie dans tout l’Équateur;
ce plan comportait l’idée notable
du Dr Ollague de disposer d’une revue
propre à la spécialité dans laquelle tous les
dermatologues pourraient communiquer
leurs expériences et diffuser ainsi la dermatologie dans tout le pays. C’est ainsi qu’en septembre
1966, parut le premier numéro de la revue Dermatología; plusieurs numéros furent
publiés jusqu’à la fin de 1969, où la publication fut suspendue pour des problèmes économiques
(figures 2 et 3).
201
Figure 2.
Commission directive
de la Société
équatorienne de
Dermatologie pour la
période 1966-1967.
Assis : Dr Elena
Yerovi, Dr Enrique
Uraga, Dr Wenceslao
Ollague (président) et
Dr Alfonso Coronel.
Debout : Dr Tarquino
Viteri, Dr Wilson
Correa, Dr Servio
Peñaherrera et Dr
Carlos Timm
Figure 3.
Couverture du premier
numéro
de la revue
Dermatología, publié
en septembre 1966

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
202
FONDATION DU NOYAU DE CUENCA
La commission directive de l’époque, présidée par Wenceslao Ollague L. et Servio
Peñaherrera A., se réunit à Cuenca en 1971 avec un groupe de médecins — Leoncio Cordero
J., Julio Sempértegui V., Enmanuel Peña U., Eudoro Moscoso S., Jaime Vintimilla A.,
Vicente Ruilova S., Octavio Neira P., Claudio Arias A. et Jorge Palacios A., entre autres
— et procéda à la constitution du Noyau de l’Azuay de la Société équatorienne de dermatologie,
choisissant en même temps sa première commission directive présidée par le
Dr Claudio Arias Argudo.
LES JOURNÉES ÉQUATORIENNES DE DERMATOLOGIE
L’organisation du II e Congrès bolivarien de dermatologie en 1973 à Guayaquil fut un
fait marquant de la dermatologie équatorienne. Cet événement permit aux spécialistes
équatoriens de montrer aux nombreux dermatologues étrangers leur capacité de recherche
en présentant leurs travaux sur l’amyloïdose cutanée avec une nouvelle classification
qui résultait d’un recueil de cas très complet.
Les I res Journées équatoriennes de dermatologie, précurseurs des Congrès équatoriens
de dermatologie, débutèrent en même temps et eurent lieu trois fois entre 1973
et 1979.
FONDATION DU NOYAU DE QUITO
La dermatologie équatorienne grandissait de manière continue. L’un de ses promoteurs,
le Dr Wenceslao Ollague Loayza, parcourait périodiquement avec un groupe de
dermatologues de Guayaquil les différentes régions du pays pour effectuer des recherches
sur des pathologies cutanées propres à la zone et diffuser en même temps des
connaissances sur la spécialité.
L’initiative, la médiation et l’intervention directe du Dr Ollague, aboutirent au rassemblement
d’un groupe de dermatologues de la ville de Quito pour fonder la Société
équatorienne de dermatologie–Noyau de Quito, en juin 1978. Ses fondateurs furent Raúl
Murgueytio Stacey, Jorge Ruiz Espinoza, Magdalena Vanoni Martínez, Galo Montenegro
López et Ernesto Caviedes López. La première commission directive du Noyau de Quito
fut intégrée comme suit: Dr Raúl Murgueytio, président; Dr Magdalena Vanoni, vice-présidente;
Dr Galo Montenegro, secrétaire.
LES TRIANGULAIRES DE DERMATOLOGIE
Un autre événement important pour la dermatologie équatorienne fut conçu pendant
le mandat du Dr Gonzalo Calero H.: les Triangulaires de dermatologie naquirent en
1978, suivant le désir d’échanger des connaissances et des expériences et de renforcer
les liens humains entre les dermatologues équatoriens. Ces réunions furent initialement
planifiées pour avoir lieu trois fois par an alternativement à Guayaquil, à Quito et à
Cuenca, comptant sur la présence des spécialistes de ces trois villes. Dès le début, les Triangulaires
devinrent les réunions les plus appréciées et les plus suivies de la dermatologie
équatorienne du fait que, outre l’échange et l’actualisation des connaissances, elles
comportaient la présentation de cas dermatologiques rares largement discutés et commentés
par les assistants.
Les Triangulaires de dermatologie conservent aujourd’hui le même esprit et la même
motivation qu’elles avaient au moment de leur création; cependant, à partir de 1980, et
suite à des changements de sponsorisation, elles furent appelées Journées régionales de
dermatologie. Plus tard, depuis 1991 et jusqu’à nos jours, on les appela Journées nationales
de dermatologie du fait de l’inclusion d’autres villes dans l’organisation et la participation
active grâce à la vaste diffusion de la spécialité. Dans les dernières années, ces
journées (trente-quatre réunions déjà effectuées) sont organisées un an sur deux pour
éviter qu’elles coïncident avec les congrès nationaux.

Histoire de la dermatologie équatorienne
CONGRÈS ÉQUATORIENS DE DERMATOLOGIE
Les Journées équatoriennes de dermatologie réalisées dans les années 70 servirent
de soutien à la réalisation ultérieure des Congrès équatoriens de dermatologie, qui débutèrent
à Guayaquil en juillet 1981 sous la présidence du Dr Wilson Correa Bustamante.
Depuis lors, onze congrès nationaux eurent lieu tous les deux ans; cet événement attire
un grand nombre de spécialistes équatoriens.
Nous présentons ci-dessous une chronologie des congrès de dermatologie réalisés en
Équateur:
• I er Congrès équatorien de dermatologie, Guayaquil, 22 au 22 juillet 1981.
• II e Congrès équatorien de dermatologie, Quito, 9-12 novembre 1983.
• III e Congrès équatorien de dermatologie, Cuenca, 9-12 octobre 1985.
• IV e Congrès équatorien de dermatologie, Guayaquil, 8-11 octobre 1987.
• V e Congrès équatorien de dermatologie et IX e Congrès bolivarien de dermatologie,
Quito, 7-12 octobre 1990.
• VI e Congrès équatorien de dermatologie, Cuenca, 12 au 12 avril 1993.
• VII e Congrès équatorien de dermatologie, Guayaquil, 20 au 20 juillet 1995.
• VIII e Congrès équatorien de dermatologie et I re Rencontre de dermatologie de la
zone bolivarienne, Quito, 1-6 mai 1997.
• IX e Congrès équatorien de dermatologie, Cuenca, 29 avril — 3 mai 1999.
• X e Congrès équatorien de dermatologie, Guayaquil, 19 au 19 juillet 2001.
• XI e Congrès équatorien de dermatologie, Quito, 23 au 23 juillet 2003.
LA SPÉCIALISATION EN DERMATOLOGIE EN ÉQUATEUR
Jusqu’au début de la décennie 80, les dermatologues équatoriens devaient poursuivre
leur formation à l’étranger pour obtenir le titre de spécialiste; ils étudiaient en Espagne,
en France, aux États-Unis, au Mexique et au Brésil, entre autres pays.
La première spécialisation en dermatologie fut ouverte à l’université de Guayaquil à
partir de 1982, dirigée par son promoteur, le Dr Wenceslao Ollague Loayza, à l’unité de
dermatologie, de vénéréologie et d’allergie du Dispensaire 31 de l’Institut équatorien de
la sécurité sociale.
Les trois premiers dermatologues diplômés dans une université équatorienne obtinrent
leur titre en juillet 1985. Désormais, les admissions de dermatologues se font annuellement
et il y a trois écoles de spécialisation: deux à Guayaquil et une à Quito.
RÉFORME ET APPROBATION DES NOUVEAUX STATUTS DE LA SOCIÉTÉ DE DERMATOLOGIE
Jusqu’en 1986, la Société équatorienne de dermatologie fondée à Guayaquil avait travaillé
efficacement en diffusant de plusieurs façons la dermatologie comme spécialité
dans tout le pays. C’est dans ce but, comme nous l’avons déjà dit, qu’elle avait également
encouragé et participé activement à la formation des Noyaux de l’Azuay et de Quito. Cependant,
le cadre légal propre à la société rendait indépendant chaque noyau constitué,
faisant fi de l’intégration à ladite société exigée par les statuts qui lui octroierait une véritable
représentation nationale.
Les représentants des noyaux du pays organisèrent alors à partir de 1984 une série
de réunions destinées à réformer les statuts pour donner un véritable caractère national
à la société.
Vers la fin de 1985, un projet de réforme des statuts fut élaboré, présenté pour son
approbation légale à travers l’accord ministériel nº 697 du 26 mai 1986 et signé par le
Dr Jorge Bracho Oña, le ministre de la Santé de l’époque.
Désormais, le siège national qui avait été pendant vingt-trois ans exclusivement à
Guayaquil n’est plus fixe: il doit changer tous les deux ans et coïncider avec le noyau
203

Figure 4.
I res Journées
équatoriennespéruviennes
de
dermatologie dans
la ville de Machala,
Équateur, mai 1999
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
204
siège du congrès; en même temps, le conseil dudit noyau devient commission directive
au niveau national pendant la période correspondante.
NOUVELLES PUBLICATIONS EN DERMATOLOGIE
Comme nous l’avons déjà mentionné, la première revue de dermatologie en Équateur
parut en 1966; quelques numéros furent imprimés de façon irrégulière jusqu’à la cessation
de la publication en 1969. Désormais, seuls quelques numéros spéciaux furent publiés,
isolés, mais l’entrain du Dr Wenceslao Ollague Loayza fit qu’une nouvelle revue,
appelée Dermatología Ecuatoriana, l’organe officiel de la Société équatorienne de dermatologie,
vit le jour à partir de 1986.
En janvier 1992, les Drs Patricio Freire, Santiago Palacios et Luis Moncayo, membres
du Noyau de Quito, prirent l’initiative de poursuivre les publications de nos spécialistes
au moyen d’une revue appelée comme celle que le Dr Wenceslao Ollague avait éditée initialement
en 1966. C’est grâce à l’enthousiasme et au dévouement de ses éditeurs que
cette nouvelle Dermatología est encore aujourd’hui l’organe officiel de la société, plus de
vingt numéros d’un haut niveau scientifique étant déjà publiés.
FONDATION DU PRÉ-NOYAU DE LOJA
La dermatologie équatorienne connut une croissance importante dans les années 90; les spécialistes
de plusieurs villes du pays, en plus de participer activement à la vie de la Société équatorienne
de dermatologie, commencèrent à former des groupes, aspirant à devenir des noyaux.
Dans la ville de Loja, le Dr Jorge Bermeo Vivanco fut l’un des pionniers de la dermatologie;
en 1962, il étudia aux côtés des Prs Ollague et Uraga à Guayaquil et, en 1978, il
fut désigné professeur de dermatologie à la faculté de médecine de l’université de Loja.
Le Dr Juan Jaramillo Puertas, pour sa part, était chargé de la section de dermatologie
de l’hôpital San Juan de Dios de la même ville depuis 1968.
Les premiers médecins formés et diplômés comme dermatologues avec le Pr. Ollague
à Guayaquil arrivèrent à Loja à partir de 1985. Beatriz Ojeda fut la première, suivie par
Antonio Reyes; tous deux formèrent en 1994 le pré-Noyau de Loja, auquel d’autres spécialistes
s’ajoutèrent plus tard.
JOURNÉES ÉQUATORIENNES-PÉRUVIENNES DE DERMATOLOGIE
Les Journées équatoriennes-péruviennes de dermatologie
constituent un véritable fait marquant de l’histoire de la dermatologie
équatorienne; ces rencontres scientifiques et amicales entre
professionnels des deux pays représentèrent non seulement un
échange international précieux mais aussi un événement significatif
en raison de la période et des circonstances singulières, la
guerre du Cenepa entre l’Équateur et le Pérou.
Le promoteur de ces journées fut le Dr Gonzalo Calero Hidalgo,
conjointement avec le Dr Luis Chiriboga Ardito, président à
l’époque du Noyau du Guayas.
Les premières Journées équatoriennes-péruviennes eurent lieu
entre le 28 et le 30 mai 1999 dans la ville équatorienne de Machala.
Désormais et alternativement dans différentes villes équatoriennes et péruviennes,
quatre journées furent organisées avec succès; la cinquième réunion a eu lieu
à Guayaquil en juillet 2005 (figure 4).
La dermatologie équatorienne actuelle
Actuellement, la Société équatorienne de dermatologie est l’organe officiel de la dermatologie
équatorienne; la société est présente sur tout le territoire national à travers

ses 119 associés qui exercent dans les principales villes du pays. Le nombre total de dermatologues
en Équateur est légèrement supérieur à ce chiffre, mais certains spécialistes,
pour diverses raisons, ne sont pas inscrits à la société.
La direction de la société est exercée en alternance par les noyaux de Guayaquil,
Quito et Cuenca pour des périodes de deux ans. Actuellement (2003-2005), c’est le Noyau
de l’Azuay qui dirige la société, dont le président — du noyau, et donc au niveau national
— est le Dr Víctor León Chérrez, de la ville de Cuenca.
La dermatologie est enseignée dans les trois écoles de spécialisation déjà mentionnées,
qui admettent annuellement une moyenne de dix dermatologues.
L’hospitalisation des patients souffrant d’affections dermatologiques est actuellement
une constante dans les services de dermatologie des hôpitaux des principales villes équatoriennes.
Le soin dermatologique ambulatoire se fait dans la plupart des hôpitaux du
pays ainsi que dans des unités plus petites ou des dispensaires consacrés à la spécialité.
Au niveau national, la présence de la spécialité est constante à travers la réalisation
de cours, de journées et de congrès; nos dermatologues assistent régulièrement aux événements
internationaux les plus importants pour partager et acquérir des connaissances.
PRÉSIDENTS DE LA SOCIÉTÉ ÉQUATORIENNE DE DERMATOLOGIE
Dr Enrique Uraga Peña: 1964-1965, 1965-1966.
Dr Wenceslao Ollague Loayza: 1966-1967, 1967-1968, 1970-1971, 1981-1983.
Dr Luis Carvajal Huerta: 1968-1969, 1969-1970, 1973-1974.
Dr Servio Peñaherrera Astudillo: 1971-1972, 1972-1973, 1974-1975, 1975-1976.
Dr Gonzalo Calero Hidalgo: 1976-1977, 1977-1978, 1993-1995.
Dr Humberto Ferretti Jurado: 1978-1979.
Dr Wilson Correa Bustamante: 1979-1980, 1980-1981.
Dr Luis Chiriboga Ardito: 1983-1985.
Dr José Ollague Torres: 1986-1988.
Dr Carlos Carvajal Hernández: 1988-1990.
Dr Franklin Encalada Córdova: 1990-1992.
Dr Oswaldo Reyes Baca: 1995-1997.
Dr Marcelo Merchán Manzano: 1997-1999.
Dr Franklin Madero Izaguirre: 1999-2001.
Dr Santiago Palacios Álvarez: 2001-2003.
Dr Víctor León Chérrez: 2003-2005.
Grands dermatologues équatoriens
Histoire de la dermatologie équatorienne
Nous présentons ici une brève biographie de quelques-uns des dermatologues les plus
influents du pays, choisis entre ceux qui ne sont plus parmi nous, en hommage à leur
mémoire et à leur œuvre dans l’intérêt de la dermatologie équatorienne.
DR ENRIQUE URAGA PEÑA (1902-1980)
Né à Guayaquil, il fut le fondateur et le premier directeur de la Société équatorienne
de dermatologie, charge qu’il exerça pendant deux périodes, étant désigné par la suite
président honoraire. Fondateur du premier service de dermatologie de Guayaquil. Professeur
titulaire de dermatologie à l’université de Guayaquil. Doyen de la faculté des
sciences médicales de l’université de Guayaquil. Membre de plusieurs sociétés dermatologiques
d’Amérique Latine (figure 5).
DR WENCESLAO OLLAGUE LOAYZA (1927-1990)
Il naquit à Santa Rosa, province de El Oro, mais il déploya son activité professionnelle
à Guayaquil. Considéré par beaucoup comme le dermatologue équatorien le plus réputé,
205

Figure 5.
Dr Enrique Uraga
Figure 6.
Dr Wenceslao
Ollague Loayza
Figure 7.
Dr Raúl
Murgueytio
Stacey
Figure 8.
Dr Servio
Peñaherrera
Astudillo
Figure 9.
Dr Luis Carvajal
Huerta
Figure 10.
Dr Franklin
Encalada Córdova
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
206
il fut formé à Madrid aux côtés de Gay Prieto et
Gómez Orbaneja. Fondateur de la Société équatorienne
de dermatologie, il en fut le président à
plusieurs occasions. Il remplit les plus hautes
fonctions au sein de la Fédération bolivarienne
de dermatologie et du Collège ibéro-latino-américain
de dermatologie. Fondateur de l’unité de
dermatologie, vénéréologie et allergie du IESS à
Guayaquil, qui porte actuellement son nom. Professeur
principal de dermatologie aux facultés
des sciences médicales de l’université de Guayaquil
et de l’université catholique de Santiago de
Guayaquil. Auteur du Manual de Dermatología
[Manuel de dermatologie]. Chercheur notable, il
réalisa plusieurs travaux scientifiques publiés
dans des revues nationales et étrangères. Son
plus grand mérite fut de mener la dermatologie
équatorienne au plus haut niveau mondial (figure
6).
DR RAÚL MURGUEYTIO STACEY (1924-1992)
Né dans la ville de Jipijapa, province de Manabí,
il exerça sa profession à Quito. Formé dans
les hôpitaux de Baltimore, Philadelphie et New York, il retourna au pays pour travailler
comme dermatologue dans les hôpitaux Baca Ortiz, Andrade Marín et de SOLCA. Professeur
de dermatologie à la faculté de médecine de l’université centrale de Quito. Fondateur
et premier directeur de la société équatorienne de dermatologie, Noyau de Quito.
Membre de l’académie américaine de dermatologie, du Collège ibéro-latino-américain de
dermatologie, de la société équatorienne de pédiatrie et de l’académie équatorienne de
médecine (figure 7).
DR SERVIO PEÑAHERRERA ASTUDILLO (1932-1995)
Originaire de Girón, province de l’Azuay, il exerça son activité à Guayaquil. Il se spécialisa
en santé publique et dermatologie au Brésil. Il fut membre fondateur de la société
équatorienne de dermatologie et son président à quatre reprises. Il fut également professeur
d’épidémiologie et de bio-statistique, professeur des études supérieures et de la
spécialisation en dermatologie, sous-doyen et doyen de la faculté des sciences médicales
de l’université catholique de Guayaquil, sous-secrétaire régional de la Santé et auteur de
plusieurs travaux scientifiques et de publications médicales (figure 8).
DR LUIS CARVAJAL HUERTA (1925-2001)
Né à Quito, il fit ses études de dermatologie en Argentine et aux États-Unis pour exercer
ensuite la spécialité à Guayaquil. Il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital
Luis Vernaza, professeur titulaire de la chaire de dermatologie de l’université de Guayaquil,
professeur et directeur de la spécialisation en dermatologie à l’université catholique
de Guayaquil et président de la société équatorienne de dermatologie. Il est l’auteur de
plusieurs recherches originales méritant la reconnaissance internationale (figure 9).
DR FRANKLIN ENCALADA CÓRDOVA (1944-1991)
Originaire de Limón, province de l’Azuay, il commença ses études de dermatologie
avec le Pr. Wenceslao Ollague; il se rendit ensuite en Argentine où il obtint son titre
de spécialiste en dermatologie. Il travailla à Cuenca comme médecin dermatologue à

l’hôpital Vicente Corral Moscoso. Professeur principal de dermatologie à la faculté de
médecine de l’université de Cuenca et président du Collège de médecins de l’Azuay ainsi
que de la société équatorienne de dermatologie (figure 10).
■ Références
bibliographiques
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de Dermatología. 1963-1986.
Actas de la Sociedad Ecuatoriana
de Dermatología. Núcleo del
Guayas. 1986–1998.
Actas de la Sociedad Ecuatoriana
de Dermatología. Núcleo de
Quito. 1978–1998.
Actas de la Sociedad Ecuatoriana
de Dermatología. Núcleo del
Azuay. 1971–1998.
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Congreso Ecuatoriano de
Dermatología. » Dermatología.
En.-jun. 1983; V(1).
II. La Dermatologie à Quito
Freire P., Moncay L. « Nota
Necrológica. Dr. Raúl
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Dermatología. 1992; 1(2).
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póstumo al Dr. Servio
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sesión inaugural del 7º
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Dermatología. »
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Madero Izaguirre M., Madero
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Dermatología. Guayaquil;
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Madero Moreira M. Historia de la
Medicina en la provincia del
Guayas. Imprenta de la Casa
de la Cultura, Núcleo del
Guayas. 1955.
Madero Moreira M. Índice de la
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Ecuatoriana. Casa de la Cultura,
Núcleo del Guayas. 1971.
Histoire de la dermatologie équatorienne
Ollague Loayza W. « Discurso de
agradecimiento al recibir
condecoración del Gobierno
Nacional en el 1º Congreso
Ecuatoriano de Dermatología. »
Dermatología. En.-jun. 1983;
V(1).
Ollague Torres J.M. Directorio
Nacional Dermatológico
Ecuatoriano; 1988.
Ollague Torres J.M. « Precursores
de la Dermatología: Dr.
Wenceslao Ollague Loayza. »
Dermatología. 1994; 3(2).
Saeteros de García A. 3º
Congreso Ecuatoriano de
Dermatología. Dermatología
Ecuatoriana. Jun. 1986; 1(1).
Sociedad Ecuatoriana de
Dermatología. Boletín
Informativo Nº4; Sept. 1999.
Sociedad Ecuatoriana de
Dermatología. Boletín
Informativo Nº5; Ag. 2000.
■ II. La dermatologie à Quito
Galo Montenegro López
Il est important de connaître le passé pour vivre le présent
et se projeter dans le futur.
Je trouve opportun de distinguer dans ce chapitre quelques renseignements relatifs à
l’avènement, au développement et aux réussites de cette jeune société, ainsi qu’aux médecins
qui furent à l’origine de la dermatologie dans la ville de Quito et qui la portèrent
à l’échelle nationale et internationale.
L’histoire de la dermatologie équatorienne et notamment celle de notre ville ne sont pas
récentes. Plusieurs maladies cutanées furent traitées par des médecins équatoriens uniquement
connus des générations qui eurent le privilège d’être soignées par eux.
Cependant la dermatologie débuta à Quito comme une branche spéciale de la médecine
en 1910. Le pionnier fut le Dr Ricardo Villavicencio Ponce, qui à son retour d’Europe
comme médecin chirurgien exerça aussi la dermatologie, à laquelle il consacra avec
enthousiasme une grande partie de son temps.
Les notices biographiques de Don Eduardo Samaniego y Álvarez 1 rapportent les propos
du Dr Villavicencio: « J’ai créé la chaire de dermatologie. Comment soignait-on les
malades de la peau auparavant à l’hôpital? Tous avec l’onguent du soldat. N’ai-je pas
formé des disciples dans cette branche? Voilà les dermatologues Espinoza Bravo, Lasso,
207

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
208
Arcos; en syphiligraphie Zambrano et Ricardo Paredes. Je m’intéresse aux lépreux en
demandant qu’on envoie un jeune médecin aux États-Unis d’Amérique pour étudier le
progrès du traitement de cette maladie. » En juillet 1929, sa nomination en tant que professeur
aux chaires de clinique chirurgicale, gynécologie, dermatologie et syphiligraphie
fut ratifiée et prolongée.
Notons également que le Dr Villavicencio occupa la présidence de la Chambre des députés,
où il se distingua pour son esprit patriotique, très propre à l’époque. Après un long
et fructueux travail, il décéda le 10 avril 1934.
Son disciple, le Dr Manuel Villacís, qui prit en charge la chaire de dermatologie en
1948 et fut chef de dermatologie de l’hôpital San Juan de Dios, lui succéda alors. Il effectua
plusieurs travaux sur la lèpre, la teigne, la dermatite exfoliative et le charbon,
entre autres, qui furent publiés dans la revue de l’hôpital San Juan de Dios. Il dédia à
son fils, le Dr Eduardo Villacís, un travail sur Elephantiasis nostras, publié dans la Gaceta
Médica de Guayaquil. Il mourut le 27 décembre 1979 à l’âge de 80 ans, incarnant
un exemple de travail et de dévouement pour les générations futures.
Nous pouvons aussi mentionner le Dr Luis Rendón, qui donna des cours comme professeur
adjoint et poursuivit des études de la spécialité aux États-Unis.
Pour des raisons d’ordre politique, la chaire fut suspendue en 1959-1960, mais elle
fut rouverte en septembre 1961, à la charge du Dr Ernesto Caviedes. Ultérieurement, le
Dr Raúl Murgueytio, spécialisé aux États-Unis, assuma la direction de la chaire, à laquelle
il apporta ses connaissances.
L’œuvre du Dr Luis A. León est remarquable: disciple du Dr Villavicencio, il fonda en
1944 la chaire de médecine tropicale en vigueur jusqu’en 1972 (incluse dans l’épidémiologie),
année de sa disparition pour des raisons d’ordre politique. Le Dr Luis A. León
apporta plusieurs travaux à la dermatologie tropicale; parmi les plus importants nous citerons
Étiologie tréponémique de la pinta, ainsi que des recherches diverses sur la leishmaniose,
en collaboration avec son fils Renato. Il fit d’autres apports dans le domaine
des mycoses profondes telles les rhinosporidioses, les coccidioïdomycoses et les paracoccidioïdomycoses.
Au cours du Congrès bolivarien de dermatologie à Guayaquil en
1973, il présenta le travail Gale en Amérique. Il fit ressortir également en 1952 l’existence
de l’onchocercose dans le pays, dans son travail À propos des simulides qui transmettent
la maladie. Signalons que le Dr León fut le médecin équatorien qui édita le plus
grand nombre de travaux de la spécialité: plus de 150 études publiées dans des revues
étrangères et nationales.
Au cours des dernières années les noms des Drs Holger Garzón, Jorge Ruiz et Galo
Montenegro — ces deux derniers suivant leur spécialisation au Brésil — furent liés à la
chaire de dermatologie.
La formation de notre société fut consubstantiellement liée à la spécialité. Après plusieurs
tentatives infructueuses, la Société de dermatologie–Noyau de Quito fut fondée au
mois de novembre 1977, ce qui devint effectif à travers l’accord ministériel nº 9956 du
20 juin 1978 (le Dr Asdrúbal de la Torre était ministre). Le Dr Raúl Murgueytio en fut le
premier président et le groupe était intégré par les Drs Jorge Ruiz, Mario Sarzosa, Holger
Garzón, Magdalena Vanoni et Galo Montenegro.
L’article 1 er des statuts stipule: « La société fut fondée pour stimuler l’étude des maladies
dermatologiques et pour développer l’amitié et la coopération professionnelle
entre ses membres. »
La commission directive est renouvelée tous les deux ans. Ses présidents furent les
Drs Magdalena Vanoni, Jorge Ruiz, Galo Montenegro, Carlos Carvajal, Dolores Fusseu,
Ramiro Campuzano, Oswaldo Reyes, Julia Villanueva, Santiago Palacios et actuellement
le Dr Eduardo Garzón.
Depuis sa fondation, la société organise des réunions mensuelles auxquelles participent
ses membres et qui ont lieu le troisième jeudi du mois dans les hôpitaux Enrique

Histoire de la dermatologie équatorienne
Garcés du Sud, militaire, hôpital du IESS, dermatologique Gonzalo González, et parfois à
l’hôpital Voz Andes. La présentation de cas cliniques est importante, ainsi que les considérations
sur les problèmes de l’actualité médicale.
L’organisation des Triangulaires de dermatologie, sponsorisées par la maison Schering-
Plough, débuta après la création de la société; c’est ainsi que le nom du responsable de
l’époque, Mauricio Camilo Ede, se vit lié à l’histoire de la dermatologie. Les villes de Guayaquil,
Quito et Cuenca reçurent toujours cordialement tous les associés pour commenter les
sujets les plus intéressants de la dermatologie et observer les cas cliniques dont le diagnostic
s’avère difficile. Les Triangulaires transformées ultérieurement en Journées, aspirèrent
toujours au progrès de la société et à l’échange entre ses membres.
Le 2 e Congrès de dermatologie eut lieu à Quito en 1983. Des professeurs aussi bien
nationaux qu’étrangers y assistèrent; le sujet principal traité avec l’apport du Noyau de
Quito fut « Principales dermatoses dans les régions de l’Équateur ».
La leishmaniose fut également abordée par le Noyau de Quito lors du 1 er Congrès de
la spécialité à Guayaquil en 1981. Au cours du 3 e Congrès, à Cuenca, le sujet fut « Étude
de l’épithéliome basocellulaire dans les hôpitaux de Quito ».
Il est important de parler ici de l’histoire de l’hôpital dermatologique Gonzalo González,
dont la croissance fut parallèle à celle de la dermatologie à Quito. En 1785, les patients
lépreux étaient hébergés à l’hôpital de la Misericordia del Señor. En 1882, ils
étaient isolés à l’hôpital et asile San Lázaro, où ils recevaient un traitement rigoureux et
inhumain car on les poursuivait et ils étaient ensuite abandonnés à leur sort.
En 1911, sous la présidence du général Eloy Alfaro, les patients furent transférés à Pifo,
dans un immeuble qui avait appartenu à la communauté des pères jésuites, déjà expulsés.
Lors de la présidence du Dr Isidro Ayora, on construisit la léproserie Verde Cruz qui
pouvait héberger 150 patients; elle fut inaugurée le 2 avril 1927, à caractère national.
Son premier directeur fut le Dr Eduardo Egas, qui exerça sa charge jusqu’en 1933. La
léproserie fut construite dans le but d’isoler les patients, c’était un hôpital prison. De petites
murailles de cette époque subsistent actuellement. Il y avait des parloirs, des fenêtres
grillagées à travers lesquelles les patients parlaient avec leur famille ou dictaient
des lettres. La circulation d’argent y était interdite et on avait instauré à la place un système
de tampons. L’assistance sociale aidait au moyen de la « petite pâte », une subvention
quotidienne qui conserve toujours son nom, provenant d’un morceau de pâte à pain
que l’on donnait aux patients lors de leur séjour à l’hôpital San Lázaro. Ils y étaient isolés
et enfermés à vie.
Le Dr Luis Rendón — il avait fait des études de dermatologie aux États-Unis — en fut nommé
directeur à partir de 1933, exerçant sa charge pendant dix-sept ans consécutifs; il eut la chance
d’être témoin de l’apparition du traitement miraculeux contre la lèpre: les sulfones. Il entreprit
les démarches pour le faire venir dans le pays, où ils commencèrent à être administrés en 1947.
C’est avec le Dr Rendón que commença la campagne antilépreuse en Équateur.
En 1948, le Dr Gonzalo Hernández réalisa à Quito sa thèse de doctorat Recensement
de la lèpre en Équateur et il remplaça le Dr Rendón dans la direction de la campagne; il
découvrit que les provinces les plus affectées étaient El Oro, Azuay, Loja, Imbabura, Bolívar
et Carchi.
Le Dr Gonzalo González, qui avait fait sa thèse de doctorat en 1947 sur le traitement
de la lèpre avec la promanada, fut nommé directeur de la léproserie en 1957. À
l’époque, l’institution subit des changements et des transformations notables. Les anciennes
barrières de méfiance s’effondrèrent. On permit la circulation de l’argent et
l’échange libre de correspondance ; les parloirs disparurent et l’endroit prit peu à peu
l’apparence d’un véritable hôpital. Grâce à la fondation catholique allemande Hardeseen,
on entreprit la construction de la citadelle du malade de Hansen. Le Dr González
occupa son poste de directeur jusqu’en 1968, quand la mort le surprit de façon prématurée.
209

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
C’est le Dr Mario Sarzosa qui prit la relève, travaillant avec le même enthousiasme
pour la réhabilitation du malade de Hansen. La léproserie devint clinique, portant le nom
de l’illustre médecin Gonzalo González. Le Dr Sarzosa consacra plus de trente ans de sa
vie à la réhabilitation du malade hansénien.
Le Dr Holger Garzón (dont la thèse de doctorat traita de l’Épineurolyse de nerfs périphériques)
en fut nommé directeur en février 1970. Il s’occupa de poursuivre la transformation
de la clinique, donna une autre physionomie aux services d’infirmerie, créa la
consultation externe dermatologique et acheva la construction de seize maisons pour les
malades de Hansen.
En accord avec les requêtes de l’OMS, il demanda et obtint la transformation de la
clinique en hôpital dermatologique Gonzalo González par l’accord ministériel Nº 3131 du
14 août 1980 publié dans le registre officiel nº 257 du 21 août de la même année, signé
par le Dr Humberto Guillén, ministre de la Santé.
La dermatologie de Quito connut une croissance constante pendant les deux dernières
décennies du XX e siècle. Les congrès, les journées, tout événement dermatologique ayant
lieu au niveau national compte toujours la présence active de ses dermatologues. Ajoutons
à cette participation l’organisation et la réalisation à Quito des événements dermatologiques
les plus importants, tels les II e , V e , VIII e et XI e Congrès équatoriens de
dermatologie, ce dernier ayant eu lieu en juillet 2003. Les anciennes Triangulaires de
dermatologie eurent lieu à Quito deux fois, tandis que les Journées nationales de dermatologie
s’y déroulèrent à plus de dix occasions.
Des réunions dermatologiques de nature diverse y furent organisées: des cours de
dermatologie pédiatrique, de cosmétologie, de remise à niveau en dermatologie, la Semaine
du grain de beauté — travail de recherche et de service à la communauté —, le
Symposium sur les manifestations cutanées du sida, les ateliers de dermatologie générale,
la réunion d’anniversaire de l’hôpital dermatologique Gonzalo González, des rencontres
dermatologiques et des réunions interhospitalières. Notons aussi la création de
la Fondation équatorienne de psoriasis.
Le Noyau de Quito réussit également à faciliter l’échange scientifique, culturel et social
de ses membres à travers la formation de la Maison du dermatologue qui ouvrit ses
portes en novembre 1997, et acheta peu après, en 1999, un bureau qui abrite son siège
actuel.
L’enseignement de la dermatologie se vit renforcé avec l’ouverture de l’école de spécialisation
en dermatologie, intégrée à l’université centrale et vivier actuel des futures
générations de dermatologues de Quito.
■ III. La Dermatologie dermatologie de l’Azuay de l’Azuay
210
■ Référence
bibliographique
Mauricio Coello Uriguen, Claudio Arias Argudo
1. Samaniego y Alvarez, E.
« Apuntes biográficos. »
Boletín de la Federación
Médica del Ecuador, Quito,
1954, 58 (XII): 17.
Pour savoir comment s’est forgé notre présent, pour pouvoir
l’apprécier et oser changer, améliorer et se projeter dans
l’avenir, il faut fouiller dans les profondeurs de notre passé
sans méconnaître nos racines et vouloir ignorer l’histoire.

Eu égard à tout ce qui vient d’être dit, et en préambule à la véritable histoire
de la dermatologie de l’Azuay, il nous semble nécessaire et indispensable de procéder à
une rétrospection rapide et succincte de quelques faits marquants de notre histoire difficilement
préservés et rappelés.
La dermatologie à l’époque préhispanique
Histoire de la dermatologie équatorienne
« La paléontologie nous permit de connaître certaines représentations dermatologiques
de l’époque précolombienne; des poteries très intéressantes représentent des maladies
telles que la variole 1 .»
Pendant le XV e siècle, la région interandine était habitée par plusieurs tribus aborigènes:
les Quitus (Pastos, Quillacingas, Caranquis, Otavalos, Panzaleos), les Puruhaes
(Liribamba), les Cañaris (Tomebamba, Guapondélig) et les Paltas, Zarzas 2 . Guapondélig
— en langue cañari, « plaine grande comme le ciel » — occupait une zone territoriale
bénie par la nature pour sa beauté et la générosité de la terre; cette région correspond
principalement aux provinces de Cañar et d’Azuay. De 8000 à 6000 ans av. J.-C. les Ayllus
Cañaris (communautés cañaris), et avant eux les colonies nomades de chasseurscueilleurs,
laissèrent progressivement leurs traces dans des vestiges archéologiques
(grotte de Chobshi: Sigsig). Des communautés agro-potières dérivées des premiers habitèrent
les vallées de Guapondélig et imprimèrent à la race un destin de céramistes, d’artisans
et d’agriculteurs 3 .
Après une incursion longue et prolongée qui allait commencer en 1450, la conquête inca
tint sous son joug, avec Yupanqui (grand-père de Huayna-Cápac), toute la région interandine
suite à des batailles sanglantes, aboutissant à la soumission stratégique des Cañaris et
à l’imposition de certaines conditions antérieures à l’occupation de la plaine qu’ils appelèrent
Tomebamba, et qui deviendrait la deuxième capitale de l’empire 4 ; ils imposèrent de ce
fait leur culture cuzqueña en apportant des éléments quechuas à la vie des natifs.
L’Inca Túpac-Yupanqui emmena depuis Cuzco son épouse principale Mama Ocllo
(1450), et c’est ici que naquit l’héritier des « Enfants du soleil »: Huayna-Cápac (1452).
« Tomebamba devint l’endroit et le sanctuaire majeur, après la mythique capitale de
l’empire messianique »; elle fut alors la deuxième capitale qui prétendait imiter largement
la splendeur de Cuzco. Les plus hautes fonctions militaires, administratives et religieuses
se concentrèrent ici; et c’est ici aussi que le plus grand des souverains incas,
Huayna-Cápac, vécut pendant des lustres 4 .
La médecine des sorciers et des amautas de l’époque précolombienne fut principalement
teothérapique (conjurations et amulettes), phytothérapique (antitoxique, cathartique
narcotique, fébrifuge), magique et religieuse (utilisation d’herbes et de produits
végétaux, étant très probablement à l’origine de beaucoup de cas de nos phytodermatoses
actuelles), mais aussi chirurgicale (guérison des ulcères, momification, trépanation, orification
dentaire, réduction crânienne — tzantzas) et ne manquait pas de quelques
connaissances anatomiques et d’un certain discernement des maladies, des épidémies et
des endémies 2 .
Parmi les épidémies, la variole décima la population indigène et même les colonisateurs
espagnols 1, 2 . D’après Cieza de León, en 1526, l’empereur du Tahuantinsuyo,
Huayna Cápac, contracta la variole et mourut finalement de cette maladie 5 . Cependant,
outre la variole, la population indigène subit également la maladie de Chagas, la leishmaniose,
la tuberculose et la syphilis 1 .
À la mort de Huayna Cápac, son testament divisa le royaume entre ses deux fils:
Huáscar au sud (Cuzco) et Atahualpa (fils d’une princesse de Quito) au nord; c’est ainsi
que l’unité de l’empire fut dissoute.
Vers 1530-1531, à la suite de la défaite de Huáscar par Atahualpa à Huamachuco,
une épidémie de typhus sur le territoire équatorien fut décrite pour la première fois.
211

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
212
En 1533, l’histoire fait mention de la première épidémie de variole en Équateur 2 .
Quelques années plus tard, en 1536, Atahualpa fut assassiné à coups de gourdin à Cajamarca
5 .
La dermatologie à l´époque hispanique et prérépublicaine
Afin de traiter l’époque hispanique et pré républicaine, il faut réviser certains aspects
de la dermatologie dans la médecine traditionnelle. À partir de la conquête du Nouveau
Monde, l’Espagne s’émerveilla pour les plantes curatives référencées qui enthousiasmèrent
les médecins et la société du XVI e siècle. Même Philippe ll ordonna la récolte des espèces
les plus fameuses du Mexique pour les apporter sur la péninsule.
De historia plantarum novae hispanie est un ouvrage révolutionnaire du médecin Francisco
Hernández 6 qui énumère toutes les plantes connues des Indiens, servant à guérir les
malades abandonnés par les médecins. Des explorateurs et des aventuriers plus ou moins
chanceux parcoururent la route de Colomb avec des cargaisons de végétaux prodigieux.
Nous sommes ainsi face à la « médecine alternative », marginalisée avec un certain
dédain et considérée comme étant la science des « guérisseurs ». L’existence de cette médecine,
qui remonte à l’origine des peuples, fut reconnue par l’OMS 7 ; d’origine populaire,
elle fut jugée empirique, basée sur certaines expériences ou connaissances, explicables
ou non, ce qui ne l’empêcha pas de franchir les limites de la médecine orthodoxe et de
demeurer une activité parfois complémentaire, comme une réponse aux convictions profondément
ancrées dans un peuple qui est le produit d’un métissage culturel. Le territoire
entre ces deux « écoles » fut délimité par la conception aborigène de la nosologie
des maladies.
En effet, on parlait de maladies de la campagne ou de la rue, et de « maladies de Dieu » 8 .
Les premières avaient une origine surnaturelle; la tradition magico-religieuse en fit
l’apanage des guérisseurs, tandis que les deuxièmes appartenaient au domaine du médecin.
Un certain critère fondamentaliste prétendait qu’un médecin ne guérissait pas une
maladie de la rue; de même, si le guérisseur n’arrivait pas à l’améliorer, elle était du ressort
du médecin.
Les connaissances plus ou moins éclairées en herboristerie, ajoutées à la conception
que la maladie était liée à des phénomènes cosmiques et des convictions magico-religieuses,
favorisèrent l’apparition d’une thérapeutique basée sur ces mêmes facteurs.
L’utilisation de certains végétaux comme la rue (Ruta graveolens), l’herbe de Sainte-
Marie (Pyrethrum parthenium), la figue (Ficus carica) et l’ail, employés pour les « nettoyages
» et autres soins, provoquèrent quelques dermatites sur le front, le nombril et
sur le reste du corps, là où étaient appliquées les herbes sensibilisatrices. On procédait
à cette pratique pour conjurer le mauvais œil, le « mal de l’air et l’épouvante » (ces maux
faisaient partie de la pathologie cosmique et surnaturelle, avec des tableaux cliniques
définis selon l’expérience).
Le vitiligo était perçu comme un mal causé par l’homme; l’iguane joua ici un rôle majeur
dans la croyance d’une punition, d’un stigmate contre les voleurs. Vega G. 6 écrivait :
« Une personne a le mauvail oeil quand le jeteur de sort s’en prend à elle: ses cheveux
tombent alors... » Pour cette pathologie, l’alopécie areata enigmatique et le vitiligo
concordent avec certains arguments interprétatifs.
En 1526, sous le règne de Charles Quint (1520-1556) — vingt-quatre ans après la découverte
de l’Amérique et treize ans après celle de l’océan Pacifique —, les Espagnols
débarquèrent à Esmeraldas, sur la côte équatorienne, commandés par le pilote Bartolomé
Ruiz 2 . Entre 1531 et 1532, les troupes espagnoles provenant du Panama, commandées
par Francisco Pizarro, firent leur incursion sur le territoire actuellement occupé par
l’Équateur; ils arrivèrent par les côtes de Manabí, secteur de Coaque. Ce fut là qu’ils découvrirent
pour la première fois la pathologie régionale: la verrue péruvienne que les

Histoire de la dermatologie équatorienne
chroniqueurs appelaient bouba, la confondant avec la syphilis; certains auteurs pensent
qu’il s’agissait probablement d’un premier signe de pian qui contamina plusieurs soldats
espagnols 5 .
Parmi les faits historiques les plus importants nous citerons la fondation espagnole de
Quito en 1534. En 1535 furent fondées Guayaquil, Portoviejo et Lima, et une
nouvelle épidémie de variole sévit en Équateur. En 1537, Guayaquil fut nouvellement
fondée, avec 150 habitants; la bulle de Paul lll condamnant l’esclavage
des Indiens et déclarant qu’eux et les Noirs « (étaient) vraiment des
hommes » fut émise au cours de la même année. Le décret royal ordonnant la
fondation d’hôpitaux fut proclamé à la même époque. La ville de Loja fut fondée
en 1547, tandis que des décrets royaux furent émis pour protéger la santé
des Indiens. En 1555 fut fondée l’université de San Marcos de Lima. Durant le
gouvernement de Philippe II, Andrés Hurtado de Mendoza,
vice-roi du Pérou et marquis de Cañete, expédia à Lima le
15 mai 1550 un décret pour fonder la ville de Cuenca. Gil
Ramírez Dávalos choisit le lieu dit « Paucarbamba » (Tomebamba)
pour la nouvelle ville; ce fut ainsi que la ville de
Cuenca entra dans l’histoire un lundi de Pâques (le 12 avril
1557) et délimita les territoires sous son autorité, à savoir: au
nord jusqu’au village de natifs appelé Tiquizambi, au sud jusqu’aux
villes de Loja et Zamora, à l’est jusqu’à Macas, Cuyena
et Zuña, et vers l’ouest jusqu’aux limites de l’île Puná. Les terrains
furent partagés et on appela la rue qui traverse la place
d’armes la rue Santa Ana 9, 10 (figures 11 et 12). D’autres décrets
royaux furent émis vers la même époque: des hôpitaux
pour les malades communs et pour les malades contagieux devaient
exister séparément dans toutes les villes 2 .
Une nouvelle épidémie de variole en Équateur, combattue avec de la salsepareille et
du bâton de guayacán, fut décrite en 1558. L’audience royale et la présidence de Quito
(Hernando de Santillán) débutèrent en 1564, en même temps que l’organisation coloniale
2 . En 1565 fut fondé le premier hôpital, celui de la Santa Caridad y Misericordia de
Nuestro Señor Jesucristo à Quito.
Au cours des années 1580, 1581, 1587, 1589 et 1590 se produisirent de nouvelles épidémies
de variole et de rougeole en Équateur, la dernière provoquant environ 30000
morts. Le premier hôpital de Guayaquil, administré par le frère Baltasar de Peralta, fut
fondé en 1660, tout comme la première apothicairerie. Une bulle de 1596 permit la création
à Quito de la première université du pays — la quatrième en Amérique, San Fulgencio,
à la charge des religieux augustiniens. Elle fonctionna à partir de 1603 2 , mais la
médecine n’y était pas enseignée. En 1608, le conseil de Quito nomma Jerónimo Leyton
comme médecin de la ville, mais il ne recevait aucun salaire pour cela. Après la découverte
de plusieurs morts à Quito à cause d’une épidémie inconnue, le conseil décida en
1609 d’embaucher le Dr Meneses et de lui payer « 300 patacons de huit reals chacun »
2 . En 1611 et 1612 se succédèrent à Quito des épidémies de tabardillo, rougeole et esquinencia
(diphtérie), la dernière se prolongeant jusqu’en 1614; le roi d’Espagne ordonna
l’inspection régulière des hôpitaux 2 .
En 1622 fut fondée la deuxième université d’Équateur, la Real
Pontificia Universidad de San Gregorio Magno, à Quito, à la charge
des pères jésuites; le roi d’Espagne conseilla de créer davantage
d’asiles et d’hôpitaux 2 .
Les propriétés anti-paludéennes de la quinine furent découvertes
à Malacatus-Loja vers 1630. Notre pays contribua de cette
manière à la médecine mondiale car la quinine ayant été pendant
213
Figure 11.
Fondateurs de Cuenca :
Andrés Hurtado de
Mendoza, vice-roi du
Pérou et marquis de
Cañete, et Don Gil
Ramírez Dávalos
Figure 12.
Plan original du
premier tracé de la
ville de Cuenca
Figure 13.
Monastère del Carmen,
fondé en 1682

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
214
plusieurs siècles pratiquement le seul traitement contre le paludisme 2 . Plusieurs épidémies
se répandirent à Quito ultérieurement: la variole, l’alfombrilla, le garrotillo (diphtérie)
en 1645, et la dysenterie en 1672 et 1679. (Nous faisons allusion au monastère del
Carmen, fondé en 1682, figure 13.)
L’université Santo Tomás de Aquino fut fondée à Quito en 1688 et placée sous la direction
des religieux dominicains; cependant, la médecine n’y était pas non plus enseignée.
La première chaire de médecine fut ouverte à Quito, dans le couvent dominicain
de San Fernando, en 1693, coïncidant avec une nouvelle épidémie de variole et de rougeole
en Équateur. En 1694 arrivèrent les premiers médecins diplômés à Quito: le Dr
Diego de Herrera, protomedico, qui combattit une nouvelle épidémie de variole avec la
« casse », et le Dr Diego Cevallos.
Une grande épidémie de variole, de rougeole et d’alfombrilla eut lieu à Cuenca vers la
fin de 1692, se prolongeant jusqu’à octobre 1693, avec des pertes de plus de 10 % de la
moyenne (deux par mois); cinquante-neuf personnes moururent pendant le mois de mai
1693 11 .
En 1706, l’ordre des bethléemites prit en charge l’administration de l’hôpital de
Quito, qu’on appela hôpital de la Santa Misericordia de Nuestro Señor Jesucristo ; Luis
Espejo, chirurgien, père du célèbre Eugenio Espejo, fut un de ses premiers administrateurs
5 . Mentionnons comme un fait lié à notre spécialité l’arrivée au pays en 1709
du médecin anglais C. Dover (1660-1741), grand connaisseur de la pathologie tropicale
et promoteur des poudres pour la dysenterie qui portent le nom de C. Dover (ipéca,
opium, nitrate de potassium). Il faut aussi signaler qu’en 1730 le Dr Pablo Petit introduisit
à Lima le traitement mercuriel contre la syphilis. Pour les Équatoriens et les habitants
de l’Azuay, 1747 marqua, d’un côté, la naissance à Quito du célèbre Eugenio de
Santa Cruz y Espejo et, de l’autre, le début de la véritable médecine à Cuenca à travers
l’administration de son hôpital par les bethléemites ; ils firent construire l’hôpital Real,
qui fonctionna dans la ville jusqu’en 1868, date de son transfert face à l’« ermitage de
Todos Santos 5 .»
La ville de Cuenca subit deux nouvelles épidémies de grande ampleur: la première en
mars 1748, présentant des signes de fièvre, de diarrhée et de dysenterie; ensuite, entre
octobre de la même année et novembre 1749, des épidémies de variole, de rougeole et
d’alfombrilla. Le taux de mortalité le plus important fut constaté en avril et en mai 1749:
quarante-quatre personnes moururent par mois 11 . Lors des épidémies ou des phénomènes
telluriques, face à l’impuissance humaine (des médecins, des guérisseurs, des
yuyeros et des sorciers) pour contrôler les épidémies, le peuple croyant de Cuenca voyait
dans celles-ci le châtiment divin des mœurs supposées licencieuses, et invoquait le secours
de la Divine Providence à travers des intercesseurs afin de « calmer la colère de
Dieu », demander le pardon des péchés et obtenir la Divine Pitié 11 .
Lors du processus de béatification de Mariana de Jesús (sainte équatorienne) en
1749, le Dr Pedro Pazmiño, médecin né à Quito, déclara avoir soigné des cas de lues venerea
(en utilisant des pilules de mercure doux jusqu’à la salivation), de blennorragie,
de goitre, etc., dont quelques-uns furent guéris avec des reliques (revue Museo Histórico,
organe du musée d’histoire de la ville de Quito, nº 2, 11 juillet 1949). L’an 1750 marqua
l’arrivée des bethléemites à l’hôpital de Guayaquil 2 .
En 1765, Guayaquil subit une épidémie d’affections vénériennes « à cause de l’arrivée
en ville des troupes étrangères, très nombreuses: des hommes et des femmes de mauvaise
réputation, attaqués du mal vénérien… », selon la description du jésuite de Guayaquil
Dom Juan Arteta 5 . Eugenio Espejo obtint son diplôme de médecin en 1777 (à l’âge de
20 ans) 5 ; il reçut le titre de docteur en médecine des mains du recteur de l’université
Santo Tomás de Aquino, le père Nicolás García, qui en lui remettant la bague symbolisant
sa réussite, prononça les mots consacrés: « Voici le symbole de ton mariage avec la
sagesse, qui sera désormais ta très chère épouse 26 . » Espejo, bibliothécaire public,

approfondit ses études et acquit une vaste érudition médicale et philosophique 5 . Le gouvernement
de Cuenca effectua en 1778 un recensement divulguant un total de 11824 habitants
et signalant qu’il y avait six malades, six serviteurs et un aumônier hospitalisés à
l’hôpital de Cuenca, dont le préfet était le frère Matías de los Dolores (bethléemite). En
1779, le seul chirurgien de Cuenca, le frère Santiago de las Ánimas, procéda à l’identification
du cadavre de Juan Mariano Zabala, tué par une balle du gouverneur.
En 1782, la ville de Cuenca fut touchée une nouvelle fois par une grave épidémie
(rougeole, variole et typhus) due à un « manque excessif de pluie ». Pour
obtenir du secours face à une telle calamité, on fit apporter dans la ville le Saint-
Christ de Girón 11 (figure 14).
En 1785, une épidémie de rougeole et de scorbut tua 8000 personnes; le
Dr Eugenio Espejo — qui en plus d’être hygiéniste se révéla le précurseur de
la microbiologie — publia ses Reflexiones acerca de las viruelas y la higiene
de Quito [Réflexions sur les varioles et l’hygiène de Quito]. La Couronne espagnole
recommanda d’isoler les cas de variole 2 .
L’hôpital de San Lázaro, annexé à l’asile, fut fondé à Quito en 1786 pour recevoir les lépreux.
La royale expédition philanthropique du vaccin dans toutes les colonies espagnoles
fut proclamée en 1803 : au départ de La Coruña le 3 novembre, la corvette María Pinta
emmena vingt-deux enfants vaccinés dans le but de propager l’immunisation.
Enfin, dans cet aperçu des faits qui marquèrent notre histoire, notamment l’histoire
médicale, nous devons rappeler que le 10 août 1809, lorsque Dom Manuel Urríes, comte
Ruiz de Castilla, était président de l’audience royale, les patriotes équatoriens réunis
chez Doña Manuela de Cañizares, influencés par les idées libertaires du grand précurseur
Eugenio de Santa Cruz y Espejo, et avec à leur tête Antonio Ante, Pío Montúfar, Quiroga,
Ascázubi et Don Juan de Salinas, proclamèrent le premier cri d’indépendance en
Amérique 12, 13 , aboutissant à cette liberté si convoitée.
La dermatologie à l’époque républicaine
La dermatologie fut davantage représentée à l’époque républicaine et se
développa en même temps que les hôpitaux et les soins hospitaliers 1, 2, 5 .
Lors de la fondation de Cuenca en 1557, les espaces destinés à l’église,
la place d’armes et les hôpitaux furent projetés, mais leur construction fut
retardée 1 . Avant la fondation officielle de l’université, un précédent décret
permit la création d’une chaire de médecine au sein de l’hôpital
(figure 15).
Le conseil universitaire de l’Azuay, fondé en 1868, créé en 1870 à la
charge des pères jésuites (appelé San Luis, ensuite Benigno Malo, dès 1910), s’organisa
comme une dépendance du collège national; il ne disposait pas de bureaux ni de professeurs
propres et occupait initialement le bureau des pères dominicains, acheté plus
tard après quelques négociations. Ce local était situé sur l’actuelle Plazoleta de Santo Domingo,
occupée par le collège Octavio Cordero Palacios 16 .
Fondation officielle de l’université de Cuenca
Histoire de la dermatologie équatorienne
Sous le gouvernement du Dr Jerónimo Carrión, les Drs Juan Bautista Vázquez et Luis
Cordero Carrión aboutirent à l’approbation du décret qui créa l’université de Cuenca,
avec ses facultés de jurisprudence et de médecine (octobre 1867); l’université fut officiellement
inaugurée le 1 er janvier 1868 2, 14 .
Suite à l’officialisation de cette université, la faculté de médecine fut également inaugurée,
son premier doyen étant le Dr Agustín Cueva Vallejo (figure 16), né à Cuenca en
1820, diplômé à Quito en 1843, décédé en 1873 2, 15 . Outre les législateurs déjà nommés,
215
Figure 14.
Arrivée du Saint
Christ de Girón dans
la ville de Cuenca
Figure 15.
Premier siège de
l’Université de Cuenca

Figure 16.
Dr Agustín Cueva Vallejo,
premier doyen
de la faculté de
médecine
Figure 17.
Secteur de San Blas,
où fonctionna
l’hôpital des
Bethléemites
Figure 18.
Vue panoramique de
l’hôpital San Vicente
de Paúl
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
216
ses protecteurs et promoteurs furent les Drs Agustín Cueva, Manuel Coronel et Antonio
Ortega 14 .
À la fin du XVIII e siècle, il y avait déjà des hôpitaux à Quito, Guayaquil, Cuenca, Loja
et Riobamba, il existait des services de soins et d’apothicairerie, mais seuls les indigènes
s’y rendaient, et c’était considéré comme un signe de malheur. Depuis 1747, l’hôpital administré
par les bethléemites fonctionnait à Cuenca; le frère Santiago de las Ánimas y
travaillait en tant que chirurgien et, en 1779, il fut chargé d’effectuer l’autopsie du « chevalier
Zabala 5 .»
L’hôpital des bethléemites fonctionna à San Blas jusqu’en 1872, lorsqu’il fut remplacé
par l’hôpital del Ejido, appelé San Vicente de Paúl en l’honneur du patron et fondateur
de l’ordre des sœurs de la Charité, les seules infirmières qui travaillèrent
pendant les cent ans d’existence de l’hôpital 16 (figures 17 et 18). Le 28 août 1869, un
décret législatif disposa officiellement que le pouvoir exécutif mette à la charge des
sœurs de la Charité les hôpitaux de la République qui disposaient de fonds suffisants ;
des contrats furent signés et toutes les
dispositions visant à cet important objectif
furent prises. En octobre de la
même année, un contrat fut souscrit à
Paris permettant l’établissement officiel
des sœurs de la Charité dans notre pays,
approuvé le 4 décembre par le ministre
des Affaires étrangères 5 .
L’enseignement débuta à la faculté de
médecine de Cuenca en 1868, probablement par un programme copié du plan de matières
de l’université de Quito; au cours de la première étape, ce plan fut réduit à
cinq ans. Le manque de moyens économiques et les rares professeurs firent que le plan
était en grande partie théorique et que le même professeur enseignait dans plusieurs
chaires. Le premier doyen de la faculté de médecine fut son fondateur, le Dr Agustín
Cueva Vallejo, né à Cuenca le 24 août 1820; en 1838, il voyagea à Quito pour suivre des
études de médecine, où il obtint son titre de docteur. En 1856, il se rendit en Europe où
il se forma avec les grands maîtres de l’époque: Trusseau, Ricord, entre autres. Le Dr
Cueva Vallejo occupa le poste de recteur jusqu’en 1873, quelques mois avant sa mort; il
avait été dépouillé de ses fonctions à cause de son opposition à la politique de l’époque.
Il fut remplacé par le Dr José Oramas 14, 15 .
À l’époque (1870), on parlait à Quito du pouvoir curatif de la plante du condurango
(liane du condor), que le Dr Camilo Cáceres, chirurgien de l’hôpital de Quito, dit avoir
utilisée avec succès pour le traitement du cancer de la cuisse et des paupières, et des cas
de syphilis, de blennorragie et d’ulcères scrofuleuses.
Le 24 août 1870, le gouverneur de l’Azuay transcrivit au ministre une communication
du président de la conférence Saint-Vincent-de-Paul. Il l’informa que le 8 août, la
conférence, après avoir pris en charge l’usine de la colline de Cullca afin d’y établir le
lazaret féminin, s’était heurtée à plusieurs obstacles qui l’empêchèrent d’accomplir
l’objectif de la municipalité : les lépreux ne devaient pas être avec les hommes éléphantiasiques
au Jordán (léproserie créée à Cuenca en 1816 et transférée ensuite à l’endroit
appelé « le Jordán » en 1844) ; il exprima aussi les avantages de construire le lazaret à
Machángara. Ceci ayant été approuvé, la construction fut entreprise en 1882 2 (figure
19).
La faculté de médecine de Cuenca commença à délivrer des diplômes de façon régulière
et annuelle à partir de 1873; le premier diplômé fut le Dr Manuel Palacios qui, malgré
son incorporation à Cuenca, ratifia son titre à l’université centrale de Quito 14 ;
Agustín Yerovi, Fidel del Castillo et Eduardo Cordero 2 obtinrent leur diplôme plus tard.
À la suite de la révolution libérale de 1895, l’université devint indépendante du collège

Histoire de la dermatologie équatorienne
et les facultés de jurisprudence et de médecine ouvrirent; celle-ci s’appuya
sur des programmes et des professeurs, et vers 1910, elle accueillait des médecins
et des professeurs venus d’Europe tels que les Drs Emiliano J. Crespo
et David Díaz 14 . La présence obligatoire à l’hôpital et à l’amphithéâtre fut
probablement instituée en janvier 1905. Le 2 janvier 1910, le gouvernement
du général Eloy Alfaro promulgua un décret ordonnant aux professeurs d’assumer
le poste de chef de salle à l’hôpital San Vicente de Paúl; dans le respect
de cette résolution, le conseil d’assistance décida que les professeurs de
pathologie, de clinique et de chirurgie deviendraient les titulaires des services respectifs.
Il fut également décidé de nommer les internes parmi les élèves des dernières années envoyés
par la faculté. Le Dr Manuel Farfán administra fermement l’hôpital; en 1913, il
nomma le Dr Agustín Cueva Vallejo, qui était doyen de la faculté de médecine, médecin
de l’hôpital, tandis que Farfán lui-même fut désigné médecin de la léproserie et inspecteur
des finances de l’hôpital.
Un fait historique se produisit en 1911: l’enseignement pratique de la pathologie externe
et de la clinique chirurgicale débuta à l’hôpital San Juan de Dios de Quito; la chaire
fut à la charge du Dr Ricardo Villavicencio Ponce 32 , professeur de dermatologie spécialisé
en Europe et aux États-Unis, qui fut doyen de la faculté et l’un des responsables de
la construction et de la conformité des nouveaux hôpitaux de Quito. À cette même
époque, la colonie de lépreux de Quito (située jusqu’alors à l’hôpital de la ville, qui servait
également d’asile) fut transférée à Pifo. L’office de prophylaxie vénérienne fut aussi
créé dans la ville capitale (1911).
Par ailleurs, les premières applications
du dioxydiamido-arsenobenzol,
contrôlées au préalable par la
réaction de Wasserman, furent effectuées
à Guayaquil 2 . Le 11 mai
1911 fut aménagée une salle de chirurgie
pour le service des médecins
de l’hôpital, présageant la possibilité
pour les étudiants de l’utiliser pour
leurs stages, ce qui arriva bien plus
tard (figure 20).
À la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle, les élèves connaissaient les organes
internes uniquement grâce aux références des manuels; ils n’avaient jamais fait jusquelà
une véritable dissection. La salle Santa Juana de Arco, destinée aux maladies vénériennes,
fut créée à l’hôpital San Vicente de Paúl (figure 21) en 1912; elle devint plus tard
une salle de gynécologie, sous le nom Agustín Cueva V.; la salle d’obstétrique Ángel
María Estrella 16 fut créée vers la même époque. Les premières réactions de Wasserman
se réalisèrent au laboratoire de l’université de Cuenca (novembre 1912). Le décret législatif,
promulgué le 6 novembre, créant l’hôpital de bienfaisance dans la ville d’Azoguez,
fut émis en octobre 1913 2 .
En 1916, sous le rectorat du Dr Honorato Vázquez, la faculté fut améliorée, du bâtiment
jusqu’aux salles de cours ; l’aménagement d’un petit local adjacent fut notamment
importante, et l’amphithéâtre où était enseignée l’anatomie disposa d’un toit
semi-couvert. Au cours de cette deuxième décennie, le soin hospitalier prit une certaine
importance ; les autopsies étaient réalisées en présence des étudiants, donnant
naissance à la véritable anatomie et à la connaissance des lésions pathologiques. Le véritable
éveil scientifique se fit précisément durant cette décennie, lors de l’arrivée à
Cuenca de médecins formés en Europe (Allemagne et France) 14 . Il faut distinguer,
outre les professionnels déjà cités, le Dr José Humberto Ochoa Cobos, qui se consacra
à des tâches sanitaires et à la dermatologie, et qui fut envoyé à Lazul (canton Paute)
217
Figure 19.
La Place d’Armes de
Cuenca en 1885
Figure 20.
Membres de la faculté
de médecine de
Cuenca en 1911, lors
du rectorat du
Dr Luis Cordero
Figure 21.
Vue intérieure de
l’hôpital San Vicente
de Paúl, la chapelle au
premier plan

Figure 22.
Dr José Mogrovejo,
premier professeur de
dermatologie à la
Faculté de Médecine
de Cuenca
Figure 23.
Inauguration de
l’Usine de décantation
d’eau potable à
Cuenca, 1928
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
218
combattre une épidémie de typhus ; la maladie le contamina et l’emporta. L’une des
salles infecto-contagieuses de l’ancien hôpital San Vicente de Paúl reçut son nom en
son honneur 16 .
En mars 1919, la faculté de médecine de Cuenca disposait déjà des chaires suivantes,
avec les enseignants respectifs: anatomie: premier cours, Dr Ignacio Malo; deuxième
cours, Dr Sebastián Moscoso; philosophie: Dr Luis Loyola; pathologie: Dr Luis Carlos Jaramillo;
thérapeutique: Dr Bernardo Yépez; clinique: Dr Nicolás Sojos; chirurgie:
Dr José Mogrovejo; obstétrique: Dr Manuel Palacios; chimie: Dr Carlos Cueva; pharmacie:
Dr Nicanor Corral 14 .
Autre fait important à signaler, une discussion passionnée qui eut lieu en 1920 dans
les cercles scientifiques sur l’existence du typhus exanthématique dans l’Azuay, déjà suspecté
quelques années auparavant par le Dr Nicolás Sojos (doyen de la faculté de Cuenca
en 1904) et le Dr Manuel Farfán; ce dernier semble être décédé de cette maladie qu’il
étudia dans sa pratique hospitalière et privée. Des médecins sanitaires et des bactériologistes
de Quito, Guayaquil et Cuenca (dont le Dr Nicanor Merchán) en effectuèrent une
étude bactériologique sans aboutir à une solution définitive.
Ce fut justement cette année-là (1920) que la « variole pâteuse » (septicémie éruptive)
fut identifiée de façon bactériologique et décrite en tant qu’entité clinique à Guayaquil
(Drs Wenceslao Pareja et J.T. Larrea), ce qui serait démontré plus tard à la commission
technique nord-américaine intégrée par Long et Eskey. Un autre fait remarquable fut la
mise en place en 1925 du premier cabinet de rayons X à Cuenca 2 .
La chaire de dermatologie en tant que telle débuta à la faculté de médecine de l’université
de Cuenca en 1929. Pendant la séance du 12 septembre de la même année, l’assemblée
universitaire désigna l’équipe de professeurs pour la période 1929-1933,
groupe en vigueur jusqu’en 1936; son premier professeur officiel fut le Dr José Mogrovejo
Carrión, qui eut aussi à sa charge la chaire de chirurgie 14 ; quelques années
plus tard (1967), il fut nommé professeur honoraire de la faculté de
médecine de ladite université 17 (figure 22).
Notons aussi qu’à l’époque fut inaugurée la première usine de décantation
d’eau potable (figure 23).
Ultérieurement, de 1938 à 1949, la chaire de dermatologie intégra la chaire
de pathologie externe, à la charge des Drs Luis A. Sojos, Víctor Barrera et José
Alvear (qui breveta sa fameuse « pommade de Alvear ») 14 .
En 1936, un décret universitaire créa la chaire de pathologie tropicale. Suite
à une réorganisation de la faculté de médecine (mai 1944), le Dr Luis A. Sojos
prit en charge la chaire de pathologie externe (qui comportait la dermatologie) et de nouveaux
professeurs, dignes d’être mentionnés, y furent admis: les Drs Juan Idrovo A. (chirurgie),
Leoncio Cordero J. (histologie) — qui allait contribuer en grande partie au
développement de la dermatologie, non seulement à l’Azuay mais aussi au niveau national
—, et Alberto Alvarado C. (anatomie), entre autres 14 .
Dès 1950, le plan d’étude de la faculté comprenait la chaire de dermatologie dans le
cursus de cinquième année, sous le nom de clinique dermatologique, vénérienne et syphiligraphie,
à laquelle s’ajoutaient celles de clinique thérapeutique, clinique pédiatrique
et puériculture, technique chirurgicale et hygiène et santé publique.
Le plan d’étude en vigueur depuis 1950 conserva ces caractéristiques fondamentales,
avec quelques changements dans certaines matières, jusqu’à la réalisation du premier
séminaire d’éducation médicale national, qui eut lieu à Guayaquil en septembre 1967.
On y traita encore une fois avec passion de l’« unification des plans d’étude », obtenue
après de longues discussions; de petites modifications furent effectuées, mais les aspects
fondamentaux se maintinrent jusqu’en 1970. Il faut remarquer que ces réformes n’affectèrent
point la chaire de dermatologie, toujours comprise dans le cursus correspondant
à la cinquième année (qui fut élargi) 14 .

Histoire de la dermatologie équatorienne
En mai 1960, pendant le décanat du Dr
Leoncio Cordero J. (1958-1964), le conseil de
la faculté, pour récompenser les mérites des
Drs Luis C. Jaramillo et José Mogrovejo Carrión,
anciens professeurs de la faculté — qui
n’avaient pas reçu les honneurs qui leur revenaient
de droit —, décida de les nommer professeurs
honoraires de la faculté de médecine
de l’université de Cuenca 14 .
En octobre 1961, l’offre de l’Assistance sociale de deux hectares de terrain dans le
secteur de El Vergel, à côté de l’hôpital, devint officielle ; cependant, ce n’est qu’en
mars 1964 qu’on sut que le conseil universitaire avait destiné une partie du budget à
la construction du pavillon de la faculté, à côté du nouvel hôpital. Les actes de don des
terrains de la part de l’Assistance sociale furent signés à cette même époque 14 .
En mai 1967, au cours du décanat du Dr Timoleón Carrera Cobos (1966-1967), la
première pierre de la nouvelle et actuelle faculté de médecine fut posée 14 (figures
24 et 25).
Plusieurs professeurs (généralistes) de la faculté travaillèrent à la chaire de dermatologie
de l’université de Cuenca suite à la demande du conseil de direction, tels Nicolás
Sojos (figure 26), Leoncio Cordero (figure 27) et Jaime Vintimilla 14, 32 .
Le Dr Jaime Vintimilla fut chargé de la chaire de dermatologie jusqu’en
1960, date à laquelle il se rendit en Colombie pour poursuivre
des études de spécialisation dans le domaine de la psychiatrie; à ce moment-là,
le Dr Claudio Arias Argudo (figure 28) fut admis à la faculté
en tant que professeur suppléant et prit en charge la chaire étant
donné son expérience pour avoir été élève du célèbre Pr. Enrique
Uraga Peña (figure 29) dans la salle Santa Luisa de l’hôpital Vernaza de
Guayaquil. Plus tard, le 28 février 1962 le Dr Arias Argudo obtint par
concours la chaire de pharmacologie; il fut alors désigné professeur
agrégé de pharmacologie et titulaire de la chaire de dermatologie. En
novembre 1975, il fut nommé professeur principal de clinique interne
et de dermatologie à temps complet 18 . À partir de l’admission du Dr Claudio Arias Argudo
— qui suivit un cours de dermatologie en 1964 dans la République d’Uruguay, sponsorisé
par l’université de Montevideo et plus tard (1976) un cours supérieur avancé en
dermatologie à Vienne 19 —, la faculté compta un professeur spécialisé, la formation
scientifique dans cette discipline se voyant donc bénéficiée. À partir de 1966, une dermatologie
pratique commença à être enseignée, avec la consultation au cabinet externe
de dermatologie de l’hôpital San Vicente de Paúl; après l’inauguration du
nouvel hôpital Vicente Corral Moscoso (1977) (figure 30), le Dr Arias prit en
charge pendant un an le cabinet externe de dermatologie 19 . Rappelons que
le Dr Arias Argudo occupa, avant de s’absenter du pays, le décanat de la faculté
de médecine entre 1976 et 1978 14 . Un autre fait important de la vie du
Dr Arias: en 1991, durant la présidence du Dr José Andino Vélez, le collège
de médecins de l’Azuay lui octroya judicieusement la mention Timoleón Carrera
Cobos, en vertu de ses mérites académiques, corporatifs et sociaux 18 . Il
fut aussi le premier président du Noyau de l’Azuay de la Société de dermatologie
depuis sa fondation en 1971 jusqu’à octobre 1985, ainsi que le président
du III e Congrès de Dermatologie. Finalement, il présida le VI e Congrès équatorien
qui eut lieu à Cuenca en avril 1993 24, 32 .
Pendant le décanat du Dr Vicente Ruilova S., une grande crise se produisit dans la faculté
en 1977: cinquante-trois professeurs principaux présentèrent leur démission en
raison de désaccords politico-administratifs avec les nouvelles autorités. Désormais, le
219
Figure 24.
Ancienne faculté de
médecine, adjacente à
l’hôpital San Vicente
de Paúl
Figure 25.
Façade frontale de
l’actuelle faculté de
médecine de
l’université de Cuenca
Figure 26.
Dr Nicolás Sojos
Figure 27.
Dr Leoncio Cordero
Figure 28.
Dr Claudio Arias
Figure 29.
Pr. Enrique Uraga
Peña

Figura 30.
Photographie frontale
de l’hôpital régional
et didactique Vicente
Corral Moscoso
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
220
Dr Alberto Quezada R. prit en charge la chaire jusqu’en 1979, où lui succéda
le Dr Franklin Encalada Córdova, qui après avoir été admis à la faculté
des sciences médicales en 1973 fit sa spécialisation dermatologique
à Guayaquil sous la tutelle des Prs Wenceslao Ollague et Servio Peñaherrera,
pendant deux ans. Il se rendit ensuite en Argentine afin de poursuivre
sa spécialisation à l’hôpital des cliniques José de San Martín. Il
occupa la chaire jusqu’en 1991, où il mourut prématurément, laissant un
vide dans la faculté de médecine, dans la Société de dermatologie qu’il
avait contribué à former, et dans tout le pays. Le Dr Encalada Córdova
rendit service au département de prophylaxie vénérienne de la Direction provinciale de
la santé de l’Azuay, et au cabinet externe de dermatologie en tant que médecin associé
entre 1978 et 1983; à partir de cette année-là, il fut chef et médecin traitant en dermatologie
à l’hôpital Regional y Docente Vicente Corral Moscoso de la ville. Le Dr Franklin
Encalada fut élu président du noyau en 1990, et il présida le VI e Congrès équatorien de
dermatologie à Cuenca en avril 1993. Par ailleurs, le Dr Encalada occupa la présidence
du collège de médecins de l’Azuay pendant la période 1988-1990. Après sa mort prématurée
en août 1991, le noyau de l’Azuay ratifia les résolutions prises par le noyau organisateur
du Congrès national au cours des journées nationales effectuées à Guayaquil
le 30 août de la même année, et le Dr Mauricio Coello Uriguen — qui occupait jusque-là
la vice-présidence — assuma la présidence nationale et celle du noyau. Il choisit le Dr
Iván Zéas Domínguez en tant que vice-président national et le Dr Claudio Arias Argudo
comme président du VI e Congrès équatorien; ledit congrès fut réalisé en hommage au
Dr Franklin Encalada Córdova 24, 32 . Le conseil de direction de la faculté choisit un de ses
disciples, le Dr Iván Zéas Domínguez, pour prendre en charge la chaire, fonction qu’il
exerce toujours.
En 1991, la Direction de la santé de l’Azuay décida de combler le poste vacant laissé
par le Dr Encalada. Le Dr Marcelo Merchán M. gagna le concours et exerça la fonction
de médecin traitant au service de dermatologie de l’hôpital Vicente Corral Moscoso jusqu’à
aujourd’hui.
Signalons que Cuenca est une ville universitaire; ce travail ne serait par complet si
nous ne mentionnions pas que dans notre ville fonctionnent, outre l’université de
Cuenca, l’université Católica, l’université de l’Azuay (1990) — appelée auparavant Pontificia
Universidad Católica del Ecuador 20 —, l’université Técnica Salesiana, l’UNITA,
l’université del Pacífico, entre autres, chacune ayant sa propre histoire et contribuant en
grande partie au développement et au progrès de Cuenca dans le domaine national et international.
Deux d’entre elles disposent d’une faculté de médecine: depuis 1977, l’université
Católica — où le Dr Claudio Arias fut titulaire de la chaire de dermatologie;
actuellement le titulaire en est le Dr Teodoro Espinosa —, et l’université de l’Azuay, qui
vient de créer sa faculté de médecine en 2004 et qui fait ses premiers pas dans la formation
professionnelle.
Compte rendu historique de la Société équatorienne
de dermatologie–Noyau de l’Azuay
L’histoire de la Société équatorienne de dermatologie–Noyau de l’Azuay mériterait un
développement plus long. Nous nous limiterons à dire que le noyau de l’Azuay fut créé
le 5 février 1971 sous la présidence du maître de la dermatologie équatorienne, le Pr.
Wenceslao Ollague Loayza. Pour sa création, il compta sur le soutien et la participation
de la Société de pathologie de l’Azuay 21, 23 (figure 31).
Dès le début, le noyau reçut l’aval de la Société nationale, créée le 15 mai 1963 à
Guayaquil, son premier président étant le maître Pr. Enrique Uraga Peña. Remarquons

Histoire de la dermatologie équatorienne
que lors de sa constitution, quelques membres fondateurs
représentèrent la dermatologie de l’Azuay, tels les
Drs Arias Argudo et Eudoro Moscoso Serrano, le promoteur
de la léprologie à Cuenca 22 . Les premiers statuts furent
officialisés le 14 juin 1978 par l’accord ministériel
nº 9958; plus tard, le 26 mai 1986, pendant le mandat
du Dr Jorge Bracho Oña au ministère de la Santé publique,
les statuts réformés de la Société équatorienne
de dermatologie (accord ministériel nº 687) furent définitivement
approuvés 23, 32 . Le Dr Claudio Arias fut élu
premier président du noyau; il exerça cette fonction jusqu’en
1985, quand il fut admis comme président du
noyau et président du lll e Congrès équatorien de dermatologie,
à Cuenca en octobre 1985 21 (figures 32 et 33).
Selon les premiers statuts, le siège national se trouvait
à Guayaquil; suite à l’approbation des nouveaux statuts (1986), le siège tourna, coïncidant
avec le noyau siège du Congrès national 23, 32 .
À partir de 1986, les dirigeants du noyau de l’Azuay furent renouvelés tous les deux
ans; la présidence fut occupée jusqu’à présent par les Drs Franklin Encalada C., Mauricio
Coello U., Marcelo Merchán M., Iván Zéas D., Edgar Reinoso M., Teodoro Espinosa
P. et Víctor León Ch. 24
Le noyau de l’Azuay participa à toutes les activités programmées et sponsorisées par
la Société nationale, par exemple les I res Journées régionales (Triangulaires) à Guayaquil
(25 au 25 juillet 1973), les II es Journées régionales (Guayaquil, avril 1976), les III es Journées
régionales (Cuenca, 17 au 17 mai 1979), coïncidant avec le IX e Congrès médical national
31 (figure 34) et la IV e Journée régionale (Loja, 25 au 25 mai 1983) 21, 22, 24 . À partir
de 1980 32 , les Triangulaires de dermatologie prirent le nom de Journées nationales, qui
ont lieu avec succès tous les trois ou quatre mois, en alternance et de façon réglementée
dans les villes de Quito, Guayaquil, Cuenca, la ville de Loja (pré-noyau de Loja) s’étant
ajoutée dernièrement 22, 24, 25 .
L’Azuay, et Cuenca en particulier, eurent aussi une participation significative à l’événement
principal de la dermatologie nationale: le Congrès équatorien de la spécialité,
qui reçut l’aval du CILAD. Onze congrès nationaux eurent lieu avec succès jusqu’à présent:
le I er Congrès équatorien (Guayaquil, juillet 1981), présidé par le Dr Wilson Correa
B. 28 ; le II e Congrès équatorien, sous la présidence nationale du Dr Wenceslao Ollague L.,
qui eut lieu à Quito au mois de novembre 1983, présidé par le Dr Holger Garzón V.; le
III e Congrès équatorien, à Cuenca du 9 au 12 octobre 1985, le Dr Luis Chiriboga A. ayant
été le président national tandis que le Dr Claudio Arias A. présidait le congrès; le sujet
principal fut « Tumeurs de la peau ». Le IV e Congrès équatorien eut lieu à Guayaquil en
juillet 1987, sous la présidence du Dr José Ollague. Quito fut le siège du V e Congrès équatorien
et du lX e Congrès bolivarien de dermatologie en octobre 1990; le Dr Carlos Carvajal
H. était le président du congrès. Le VI e Congrès équatorien fut organisé à Cuenca
du 12 au 16 avril 1993, le président national étant au début le Dr Franklin Encalada
(1991) et ensuite le Dr Mauricio Coello. Les thèmes officiels furent abrogés à partir de ce
congrès présidé par le Dr Claudio Arias. Le VII e Congrès équatorien eut lieu à Guayaquil,
du 20 au 25 juillet 1995, sous la présidence du Dr Gonzalo Calero H.; le VIII ème Congrès
équatorien s’effectua à Quito entre le 20 et le 25 juillet 1997, présidé par le Dr Osvaldo
Reyes. Du 29 avril au 3 mai 1999 eut lieu à Cuenca le IX e Congrès équatorien, le président
du congrès étant le Dr Marcelo Merchán M. À Guayaquil, du 19 au 22 juillet 2001
fut réalisé le X e Congrès équatorien et le XVI e Congrès bolivarien de dermatologie, tous
deux présidés par le Dr Franklin Madero 24, 32 ; finalement, le XI e Congrès équatorien eut
lieu à Quito du 24 au 26 juillet 2003, présidé par le Dr Santiago Palacios 24 . Cuenca a
221
Figure 31.
Reportage sur la
constitution de la
Société équatorienne
de dermatologie –
Noyau de l’Azuay.
Journal El Mercurio
Figure 32.
Assistants au lll e
Congrès équatorien
de dermatologie,
Cuenca, 1985
Figure 33.
Organisateurs de
l’événement :
Dr Claudio Arias,
président du congrès ;
Dr Rolendio Palacios,
Dr Iván Zéas,
Dr Franklin Encalada,
Dr Mauricio Coello et
les Prs Raúl Vignale
(Uruguay) et Miguel
Armijo (Espagne)

Figure 34.
Affiche
promotionnelle des
lll es Journées
équatoriennes de
dermatologie à
Cuenca en mai 1979
Figure 35.
Prix Franklin Encalada
Córdova, octroyé à la
Société équatorienne
de dermatologie–
Noyau de l’Azuay.
Cuenca, 1992
M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
222
organisée d’une part le II e Congrès latino-américain de photobiologie et de photomédecine,
qui a eu lieu dans notre ville les 26 et 27 novembre 2004 avec la participation
des plus grands leaders mondiaux de la spécialité 24, 27 et de l’autre, le XII e Congrès
équatorien de la spécialité, en mars 2006, sous la présidence nationale du Dr Víctor
León Ch. 24
Le noyau de l’Azuay, chargé d’organiser les III e , VI e et IX e Congrès équatoriens de dermatologie,
eut le privilège de compter parmi ses invités des professeurs étrangers de renommée
internationale tels que Raúl Vignale (Uruguay), Miguel Armijo (Espagne) et
Enrique Hernández P. (El Salvador), en 1985; Hugo Néstor Cabrera (Argentine), Lourdes
Tamayo et Ramón Ruiz Maldonado (Mexique), Sandra García (Argentine) et Eduardo Civila
(Uruguay) en 1993; Donald V. Belsito (USA), Alejandro Guinzburg (Israël), Fernando Stengel
et Juliana Forster (Argentine), Roberto Arenas et Alejandro Bonifaz (Mexique), Héctor
Cáceres (Pérou), Marcelo Nacucchio (Argentine) et Jorge Peniche (Mexique) en 1999. La
présence et la participation de ces professionnels donnèrent de l’éclat aux événements organisés
par notre noyau, et tous les assistants bénéficièrent de leurs connaissances et de
leur enseignement 24, 28, 29, 30 . Le noyau de l’Azuay, à l’origine des événements mentionnés
ce-dessus, accorda en son nom et et sur la base des directives nationales, et en accord avec
ses statuts juridiques, la distinction de « Membres correspondants » de la Société équatorienne
de dermatologie à chacun des illustres invités, en vertu de leurs mérites et des services
rendus 24 .
Dans le domaine local et provincial, le noyau de l’Azuay est un groupe de travail fraternel
et très actif, qui depuis ses débuts organisa des activités scientifiques, sociales et
culturelles; des réunions hebdomadaires ont lieu le jeudi pour l’étude de patients et de
cas cliniques: à l’origine, elles s’effectuèrent à l’hôpital du IESS (Institut équatorien de
la sécurité sociale), dans l’après-midi; le matin ensuite à l’hôpital régional Vicente Corral
Moscoso. Les séances du noyau ont lieu le soir. Par ailleurs, le cours annuel de formation
dermatologique continue, qui eut lieu à un moment donné grâce à l’application
et au dévouement des autorités de l’époque, fut institutionnalisé 24 . Plusieurs séminaires
furent organisés, ainsi que des tables rondes, des cycles de conférences, des séminaires
itinérants dans diverses zones du sud, comprenant des allocutions et le soin de patients
entre autres. Ces faits poussèrent le collège de médecins de l’Azuay à accorder l’honneur
d’octroyer à notre société la mention Franklin Encalada Córdova (auparavant collège de
médecins de l’Azuay) pour la période 1992, en récompense du travail scientifique, corporatif
et social des différentes sociétés affiliées à ce collège médical provincial 24 (figure
35).
Certains faits méritent d’être soulignés dans ce bref résumé de notre société,
comme la présentation et la publication du Premier cas de lobomycose en Équateur en
1985 par les Drs Iván Zéas D., Franklin Encalada C. et Mauricio Coello U., membres de
notre noyau 29, 33 . Dès 1968, le noyau de l’Azuay, à la tête duquel se trouvent les Drs
Claudio Arias et Franklin Encalada, participe à la description d’une variété de leishmaniose
qui, par ses caractéristiques — âge (des enfants pour la plupart), localisation
(zones exposées : le visage), type de lésions (petites, arrondies) et la zone géographique
(provinces Azuay et Cañar, entre 2 400 et 2 500 mètres au-dessus du niveau de la mer)
—, serait plus tard appelée leishmaniose urbaine d’altitude. Cette maladie atteignit sa
fréquence maximale vers les années 78-80, coïncidant avec une époque de sécheresse ;
le travail fut présenté au II e Congrès équatorien de dermatologie qui eut lieu à Quito en
1982 19 .
Autre événement important, la 1 re Rencontre internationale de dermatologie qui eut
lieu à Cuenca le 13 février 1999, sous la présidence du Dr Marcelo Merchán, compta sur
la présence et la participation des Prs Luis Díaz (Medical College of Wisconsin), Thomas
Lewley (Atlanta, Georgie), Richard Edelson (université de Yale) et Evandro Rivitii (Sao
Paulo, Brésil) et connut une participation locale et nationale massive 24, 32 .

Histoire de la dermatologie équatorienne
De même, le noyau de l’Azuay, sous la présidence du Dr Edgar Reinoso, organisa à
Cuenca (5 au 7 avril 2001) le cours international de dermatologie de l’adolescent, qui fut
très bien accueilli et compta sur une grande participation, aussi bien de médecins généralistes
que de spécialistes nationaux 24 .
Les membres du noyau de l’Azuay, notamment les Drs Marcelo Merchán et Víctor
León, visant à contribuer au développement scientifique et à la formation du corps médical
en général, participèrent à l’élaboration et à la diffusion des Cahiers de dermatologie,
un programme d’éducation médicale continue en dermatologie générale et en
pédiatrie; ces publications sont en circulation depuis 2001. Suivant cette initiative, Osvaldo
Muñoz, Marcelo Merchán, Mauricio Coello, Víctor León et Teodoro Espinosa publièrent
en 2002, avec l’aval de la Société équatorienne de dermatologie et le soutien du
département de la culture de l’université de Cuenca, un livre intitulé Prevención de las
enfermedades de la Piel [Prévention des maladies de la peau],
destiné à l’éducation et à la formation non seulement du corps
médical mais aussi du public en général, en vertu de son langage
facile et compréhensible 34 .
Pour finir, nous devons remarquer que dans le domaine corporatif,
le noyau de l’Azuay apporta à la dermatologie nationale,
entre autres aspects, l’élaboration, la discussion et l’approbation
définitive du règlement des Journées nationales 24, 32 ; la discussion
et l’approbation du règlement des publications de la Revista Dermatología;
l’élaboration et la discussion des règlements pour les
statuts de la Société équatorienne qui, une fois approuvés, vont contribuer à réglementer
et organiser l’activité aussi bien au niveau local qu’au niveau national 24 . Le noyau de
l’Azuay dispose d’un bureau propre, acquis en 1993, où fonctionne le siège et où sont
installées la bibliothèque et la diapothèque, qui se développent chaque année 24 .
Les faits synthétisés dans les paragraphes précédents parlent de l’unité et de la mystique
professionnelles qui nous caractérise, nous qui sommes fiers de faire partie du
noyau de l’Azuay de la Société équatorienne de dermatologie considérée comme « l’une
des sociétés les plus soudées du pays. Ses divergences créent des liens car elles peaufinent
les idées; ses tensions — personnelles peut-être à certains moments (surtout au niveau
national) — furent atténuées; on parvint à gommer les aspérités. L’époque est à
présent propice au commencement d’un nouveau travail, sous l’inspiration et le regard
attentif des grands maîtres de la dermatologie équatorienne 27 .»
À la date de finalisation de ce travail, la Société équatorienne de dermatologie–Noyau
de l’Azuay compte au total vingt-trois membres actifs: Claudio Arias A., Iván Zéas D., Víctor
León Ch., Mauricio Coello U., Marcelo Merchán M., Edgar Reinoso M., Hernán Villacís
O., Juan Ambrosi O., Teodoro Espinosa P., Norma Sigüenza C., Patricia Bermeo M.,
José Verdesoto G., Mauro Manzano, Bolívar Granizo H., Jaime Abad (dermatologues); Osvaldo
Muñoz A. (épidémiologue), Plínio Padilla G. (infectiologue mycologue), Rolendio Palacios
P., José Tobar C., Hernán Urgilés (immunologues), Gustavo Moreno A. (chirurgien
oncologue), Claudio Galarza M. (rhumatologue) et Xavier Ochoa M. (infectiologue) 24 (figure
36). ■
Mai 2005
223
Figure 36.
Membres actifs de la
Société équatorienne
de dermatologie–
Noyau de l’Azuay.
Cuenca, 2003. De
gauche à droite : Drs
Mauro Manzano, José
Verdesoto, Plinio
Padilla, Osvaldo
Muñoz, Marcelo
Merchán, Juan
Ambrosi, Teodoro
Espinosa, José Tobar,
Mauricio Coello,
Claudio Arias, Iván
Zéas, Edgar Reinoso et
Xavier Encalada.
Derrière, dans le
même ordre : Drs
Bolívar Granizo et
Víctor León, actuel
président national de
la Société
équatorienne de
dermatologie (2004)

M. MADERO, F. MADERO, G. MONTENEGRO, M. COELLO, C. ARIAS
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LA DERMATOLOGIE
AU SALVADOR
JULIO EDUARDO BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ,
LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ
À l’instar des autres pays, les origines de la dermatologie au Salvador sont difficiles
à définir, les médecins se consacrant à une pratique intégrale de la médecine sans suivre
de spécialité particulière 1 .
À l’époque du Salvador préhispanique — région appelée Cuscatlán en langue aborigène
— le guérisseur (tepahtiani) utilisait des médicaments, habituellement des plantes
(tepahtelizte), pour guérir les maladies cutanées 2 .
En étudiant des statuettes de boue de l’époque précolombienne, le Dr Oswaldo Ramírez
3 détermina l’existence de plusieurs pathologies dermatologiques, telles que la syphilis
congénitale, les scléromes nasaux, les onychomycoses et les neurofibromatoses, et
mena une recherche sur les méthodes thérapeutiques utilisées. Parmi les plantes les plus
employées nous pouvons citer : le buisson au colibri (Hamelia patents Jacq), ayant un
effet astringent et siccatif, la quinquina (Cinchona succirubra Pav.), servant à cicatriser
les plaies, et le margousier (Melia azedarach L.). Le Dr Ramírez observa qu’un bon
nombre de ces médicaments archaïques étaient toujours utilisés dans les populations rurales.
En 1930, Salomón Meléndez, médecin généraliste, fut nommé chef du lazaret, le service
chargé des maladies cutanées du centre médical national de l’hôpital Rosales 4 .
Les premiers médecins spécialisés dans le traitement des maladies de la peau et de la
syphilis, maladie courante à l’époque, arrivèrent au pays à partir de 1933. Esteban Reyes,
qui avait poursuivi ses études de spécialisation en Californie, donna initialement des conférences
à l’hôpital Rosales; en novembre 1935 il fonda le cabinet de dermatologie et syphiligraphie,
l’un des premiers en Amérique centrale. On lui doit également la création de la
Société dermatologique du Salvador en 1951, sa fondation n’étant officialisée qu’en 1957.
Il fut à l’origine du 1 er Congrès centre-américain de dermatologie, qui eut lieu à San Salvador
du 5 au 8 décembre 1957 et qui accueillit comme invités spéciaux les Prs Pardo Castelló
(Cuba) et Fernando Latapí (Mexique); cependant Reyes, président du congrès, ne put
pas voir son œuvre terminée car il mourut au cours du mois de juin de cette même année.
Lors de ce congrès — réunissant un grand nombre de dermatologues centre-américains —
fut décidée la fondation de la Société centre-américaine de dermatologie, conclue à travers la
« Déclaration de Coatepeque » (la réunion eut lieu au bord du lac du même nom).
Le Dr Reyes se consacra notamment à l’étude du rhinosclérome, maladie sur laquelle
il effectua plusieurs recherches. Il laissa aussi d’importants apports sur le Xeroderma
pigmentosum, la scarlatine, le psoriasis et la tuberculose cutanée.
En 1936 le Dr Arturo Romero revint au pays après avoir fait des études de spécialisation
en France. Il présenta des travaux intéressants sur la syphilis lors du 5 e Congrès
225

JULIO E. BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ, LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ
226
médical qui eut lieu à San Salvador en 1938. Idéaliste à l’extrême, il participa activement
à la politique nationale contre le général Maximiliano Hernández Martínez, ce qui le
conduisit à quitter le pays en 1944. Il mourut, tout comme son épouse, dans un accident
de voiture au Honduras.
En 1938, Eduardo Barrientos rentra au pays après des études de médecine et de dermatologie
en Suisse; il se mit immédiatement à travailler avec Esteban Reyes 5 et décrivit
les premiers cas de pian. Un an plus tard il fut nommé directeur de l’hôpital de l’Assistance
sociale et chef de la clinique de nuit de la Direction générale de la santé 6 . Par la
suite, il fut nommé chef du département de dermatologie de l’hôpital Rosales et de l’institut
salvadorien de l’Assurance sociale, jusqu’à sa retraite en 1978.
Juan José Rodríguez reçut son diplôme de médecin en 1941 ; il fut nommé chef du
cabinet de dermatologie de l’hôpital San Rafael de la ville de Santa Tecla (situé à 12 kilomètres
à l’ouest de la capitale). En 1942 il fit des études de dermatologie à Columbia,
New York 7 . À son retour en 1947, il fut chargé de faire construire les unités de radiothérapie
cutanée — sa spécialité — et de bactériologie, de mycologie et de chirurgie mineure,
étendant ainsi le service 7 . Il publia des travaux sur le prurigo nodulaire de Hyde,
la dermatite due aux herbicides, le pemphigus au Salvador, la sporotrichose fixe et l’incidence
des tumeurs malignes, à l’hôpital Rosales 8 . En 1951, il fut nommé professeur titulaire
de la chaire de dermatologie de la faculté de médecine de l’université du
Salvador. Il fut chef du cabinet externe de dermatologie de l’hôpital pédiatrique Benjamín
Bloom. Il fut également membre actif de l’Académie américaine de dermatologie
(dont il fut membre honoraire) et membre de la Société internationale de dermatologie
pédiatrique.
Antonio Carranza Amaya obtint son diplôme en 1947 avec une thèse sur La lèpre au
Salvador 9 et travailla depuis dans le cabinet externe de dermatologie ; plus tard il s’occupa
des patients hanséniens de l’hôpital Rosales et continua de s’intéresser à la maladie.
Il suivit des études de spécialisation à l’institut Skin and Cancer de l’université de
New York ; à son retour, il fut chargé de la campagne de lutte contre la lèpre. Parmi ses
travaux publiés nous citerons : Épidémiologie et morbidité de la lèpre dans la République
du Salvador, La lèpre comme cause d’incapacité au Salvador, Lymphomes malins et
Myiase furonculeuse au Salvador.
Le Dr Oswaldo Ramírez Cienfuegos effectua des études de spécialisation en dermatologie
à Paris et à Madrid, où il se lia d’amitié avec de grands dermatologues ; il revint au
Salvador en 1950. Il se consacra à la recherche avec enthousiasme ; il publia un grand
nombre d’articles sur des sujets dermatologiques, devenant ainsi un dermatologue salvadorien
réputé à l’étranger.
En décembre 1957, au cours du 1 er Congrès centre-américain de dermatologie, il présenta
les résultats de ses études sur une entité nosologique qu’il nomma « dermatite cendrée
», appelée également « maladie d’Oswaldo Ramírez » et connue dans la littérature
anglo-saxonne sous le nom de erythema dyschromicum perstans. Sa présentation expliquant
l’étiologie de la maladie fut remarquable. Il fut l’un des organisateurs de ce
congrès et l’un des promoteurs les plus enthousiastes de la formation de la Société
centre-américaine de dermatologie, fondée comme nous l’avons déjà dit pendant cette
réunion. Il s’intéressa particulièrement aux maladies cutanées dont souffraient les habitants
du pays à l’époque préhispanique, et il présenta un travail intitulé Dermatologie en
boue au Salvador 3 au cours du 5 e Congrès du CILAD (1963).
Il fut vice-président du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) et
président du 8 e Congrès à San Salvador en 1975. Il occupa des postes dans l’administration
et fut vice-ministre de la Santé publique et de l’Assistance sociale.
Le Dr José Llerena Gamboa réalisa ses études de spécialisation à l’université de Stanford,
en Californie, et plus tard au centre dermatologique Pascua de Mexico DF, dirigé
par le Dr Fernando Latapí. La mycologie l’intéressa beaucoup et à son retour, en 1956,

La dermatologie au Salvador
il s’efforça de bien équiper le laboratoire de mycologie de l’hôpital Rosales et de planifier
l’étude des maladies des champignons dans le pays 10 . Ses travaux dans ce domaine
ont pour titres : Contribution à l’étude des mycoses profondes au Salvador 11 , Quatre cas
de mycétome causés par divers champignons, Traitement par la chaleur de la sporotrichose
et de la chromoblastomycose et La sporotrichose au Salvador 12 . Il fut chargé du
cabinet externe de dermatologie de l’hôpital Rosales et fut professeur auxiliaire de mycologie
à la faculté de médecine 4 .
Ayant réalisé des études de dermatologie et de dermato-pathologie, et suivi des cours de
chirurgie dermatologique et cosmétique, le Dr Enrique Hernández Pérez regagna son pays
en 1970. Il débuta ses études de spécialisation à l’institut dermatologique Pascua, avec le
Pr. Fernando Latapí, qui lui proposa de faire une rotation complète au service de chirurgie
esthétique de l’hôpital général de Mexico, dirigé par le Pr. Fernando Ortiz Monasterio.
À Sao Paulo (Brésil), son supérieur — le Pr. Sebastiao Sampaio — l’incita à suivre une
formation en chirurgie dermatologique. Pendant les deux années qu’il passa dans la
ville, il s’intéressa à la dermato-pathologie ; encore résident, il fut chargé de réaliser
toutes les biopsies du service. Il présentait les cas une fois par semaine à ses chefs, les
Drs Thales de Brito et Cecy Barros.
À Buenos Aires, il eut comme enseignant le Dr Aarón Kaminsky, un maître extraordinaire
dans les domaines du diagnostic et de la thérapeutique, avec qui il débuta ses
études en cosmétique médicale ; il apprit de lui la pratique appropriée de la cosmétologie.
Le Pr. Julio Martín Borda le forma notamment en clinique ; pendant cette même période,
il approfondit ses études en dermato-pathologie sous la direction du Dr Jorge
Abulafia.
Plus tard, il poursuivit ses études aux États-Unis: en dermato-pathologie, sous la direction
de Walter Lever à Boston et de Bernard Ackerman à New York; en chirurgie cosmétique
avec les Drs Richard Webster (à Brooklyn), Gerry Fenno (à Houston), Howar
Tobin (à Abilene), Julius Newman (à Philadelphie) et Sam Stegman (en Californie).
De retour au Salvador il devint professeur titulaire et chef de l’unité d’enseignement
de dermatologie à la faculté de médecine de l’université du Salvador et chef de la section
de dermato-pathologie du département de pathologie de l’hôpital Rosales, dirigé alors
par le Dr Francisco Velásquez. Il occupa ces fonctions jusqu’à sa retraite, en 1987, après
quoi il se consacra uniquement à la pratique libérale 13 .
Dès le début de son travail dans le pays, il transmit à ses collègues son intérêt pour la
chirurgie dermatologique, discipline qui comptait peu à l’époque. Les premières opérations
furent pratiquées dans la salle de chirurgie mineure du département de dermatologie de
l’hôpital Rosales; malgré l’impertinence de l’endroit, on y pratiquait tout genre de chirurgies
de cancer de la peau, et même la chirurgie de Mohs. Le Dr Hernández Pérez dirigea
les résidanats en dermatologie; les sept dermatologues ayant étudié avec lui reçurent une
formation très spéciale, non seulement en clinique mais aussi en chirurgie et en pathologie.
Quelques années plus tard, il travailla à l’hôpital Santa Teresa de la ville de Zacatecoluca,
un village situé à 50 km à l’est de la capitale, dans le département de La Paz, où
il passait même les samedis en compagnie des résidents étrangers, pratiquant notamment
des chirurgies cosmétiques, telles que des liposuccions, des rhytidectomies, des
blépharoplasties et des implants capillaires.
Ses apports les plus importants en chirurgie cosmétique sont la réalisation de plus de
8000 liposuccions à partir de 1981, la classification de la liposuccion en plusieurs volumes,
la définition de liposculpture et la façon de calculer le volume de solution de Klein
devant être infiltré pour réaliser une liposuccion.
Le parcours du Dr Hernández Pérez au sein du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
fut remarquable : il débuta comme délégué national représentant le Salvador
en 1970, occupa entre 1984 et 1992 (deux périodes consécutives) le poste de vice-président
et fut ultérieurement nommé président du CILAD, de 1992 à 1996.
227

JULIO E. BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ, LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ
228
Il publia jusqu’à présent plus de 200 travaux scientifiques en espagnol et en anglais;
ses deux livres Clínica dermatológica [Clinique dermatologique] et Cirugía dermatológica
práctica [Chirurgie dermatologique pratique] furent édités plusieurs fois. Il écrivit aussi
plusieurs chapitres de livres internationaux et édita de nombreuses revues scientifiques
internationales. Au cours des dernières années, son intérêt se tourna vers la chirurgie
dermatologique.
Il est actuellement directeur du centre de dermatologie et de chirurgie cosmétique de
San Salvador, chef du service de dermatologie et de chirurgie cosmétique de l’hôpital national
Santa Teresa, certificateur et examinateur pour l’American Board of Cosmetic Surgery,
président de la Meso-American Academy of Cosmetic Surgery, membre du Groupe
international de thérapeutique dermatologique et directeur du programme de chirurgie
cosmétique approuvé par le CILAD et par l’American Academy of Cosmetic Surgery. Il
donne fréquemment des conférences en Amérique Latine et en Europe.
Les Drs Enrique Flores Díaz et Fernando Adolfo Cruz Argumedo arrivèrent au pays
vers 1970, après avoir étudié la dermatologie au centre dermatologique Pascua. Le premier
étudia à l’université de Stanford; il occupa le poste de professeur titulaire de la
chaire de dermatologie à la faculté de médecine et travailla comme dermatologue à l’hôpital
pédiatrique Benjamín Bloom. Juan José Rodríguez et lui-même promurent la dermatologie
pédiatrique dans le pays.
Pour sa part, le Dr Cruz poursuivit ses études à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, et devint
à son retour professeur titulaire de la chaire de dermatologie à la faculté de médecine
de l’université du Salvador.
Parmi les dermatologues formés par le Dr Hernández Pérez, nous distinguerons Julio
Eduardo Baños : après trois ans de spécialisation en dermatologie, il s’installa à Mexico
DF en 1979, où il se spécialisa en dermatologie pédiatrique sous la tutelle du Dr Ramón
Ruiz-Maldonado, chef du service de dermatologie de l’Institut national de pédiatrie DIF
(anciennement IMAN). De retour au Salvador, il compléta ses études en cryochirurgie
avec le Dr Gilberto Castro Ron à l’institut oncologique Luis Razzeti de la ville de Caracas.
Il fut professeur auxiliaire de la chaire de dermatologie à la faculté de médecine de l’université
du Salvador, et collabora avec les Drs Hernández Pérez (chef), Enrique Flores
Díaz et Adolfo Cruz pour les cours d’études supérieures de la faculté de médecine, ainsi
que les cours de spécialisation du résidanat en dermatologie. Il débuta la pratique de la
cryochirurgie à l’hôpital Rosales et à l’hôpital pédiatrique Benjamín Bloom, où il exerça
la médecine dans le cabinet externe et la dermatologie en tant que consultant dans tout
l’hôpital. Parmi les postes occupés, il fut chef du service de dermatologie de l’institut salvadorien
de l’Assurance sociale, président de la Société dermatologique du Salvador (devenue
Association dermatologique) à plusieurs reprises, délégué national auprès du
CILAD et vice-président du CILAD comme représentant de l’Amérique centrale pendant
deux périodes (de 1996 à 2003).
Actuellement, on dénombre quarante dermatologues diplômés dans différents pays
d’Amérique Latine travaillant de manière active au Salvador. ■
Octobre 2005

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La dermatologie au Salvador
9. Carranza Amaya. Lepra en El
Salvador. 1965; 243 : 6-25.
10. Llerena J., Godoy G.A.
« Dermatofitos responsables
de la Tinea Capitis en El
Salvador. » Arch. Col. Med. El
Salvador. 1961; 14 : 183-
186.
11. Llerena J. Micosis profundas
observadas en El Salvador.
Presentado en la 1ª Reunión
México-Centroamérica de
Dermatología. México; 1964.
12. Llerena J. Esporotricosis en El
Salvador [communication
personnelle].
13. Hernández Pérez E.
[communication personnelle].
Nov. 2004.

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE AU
GUATEMALA
EDUARDO SILVA-LIZAMA, PABLO HUMBERTO URQUIZU DÁVILA,
PETER GREENBERG CORDERO, SUZZETTE DE LEÓN G.
Carlos Martínez Durán, brillant médecin et historien, écrit dans le prologue de Las
Ciencias Médicas en Guatemala [Les sciences médicales au Guatemala] :
L’Histoire n’est pas le corps fané du passé ni la surabondance méthodique de recherches
minutieuses menées dans les archives. Ce n’est pas le texte mort du livre ni
l’interprétation de ce que d’agréables ou de sévères chroniqueurs nous transmirent.
L’Histoire est la vie même, toujours variable et capricieuse, étrangère au moule d’un
système froid et au calcul de la science exacte. Clio ne sera jamais la même Muse.
Chaque temps lui impose des yeux nouveaux et de nouveaux habits ; chaque époque
lui insuffle une vitalité nouvelle, et c’est justement à cause de son étroite liaison avec
la vie que l’Histoire est une science si profondément humaine et sociale.
Dans son livre Historia de Guatemala [Histoire du Guatemala], Francis Polo Sifontes
définit l’Histoire comme « un rapport écrit des faits de la vie humaine depuis le passé
jusqu’au présent, et encore l’étude de la signification de ces faits pour l’homme lui-même ».
Il fait aussi référence à la culture comme « la conduite ou le comportement appris et manifesté
ultérieurement par les membres d’une société ». En dermatologie, ces deux
concepts sont liés car ils font partie intégrante de la culture médicale de notre pays. C’est
pourquoi, en tant que dermatologues, nous sommes obligés d’être non seulement des experts
en maladies cutanées mais aussi d’étudier leur histoire, notamment dans notre
pays : nos connaissances sur les caractéristiques particulières des maladies cutanées au
Guatemala nous permettront d’enrichir ainsi la dermatologie mondiale.
La dermatologie précolombienne
Les Mayas
■ La dermatologie précolombienne
Pablo Humberto Urquizu Dávila
Les Mayas possédaient la culture la plus avancée du monde découvert par Colomb ;
ils méritent d’être appelés « les Grecs de l’Amérique ». L’admiration provoquée par les
constructions qui témoignent de la grandeur de ce peuple suscita la venue dès le début
231

Figures:
1. Vieille dame avec
enfant
2. Calvitie
3. Difformité du nez
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
232
du XIX e siècle, de voyageurs et de spécialistes du monde entier vers ces régions forestières
pour en connaître les sites sacrés. La sous-région maya eut une extension d’environ
325 000 km 2 , c’est-à-dire un territoire équivalant au triple de celui que la
République du Guatemala occupe actuellement. Les Mayas occupèrent les terres actuelles
des États mexicains Chiapas, Tabasco, Yucatán et Quintana Roo, ainsi que la
République du Guatemala, Belize et l’ouest de la République du Honduras. Leurs origines
sont très lointaines : certains historiens croient qu’il s’agit d’une culture qui se
développa in situ ; bien que l’existence des Mayas remonte à l’an 3113 av. J.-C., les experts
ne trouvèrent aucune preuve de leur culture avant l’an 2000 av. J.-C.
La vie de ce peuple tournait autour de sur la culture du maïs, leur principale nourriture.
Ils fondèrent leurs principaux lieux de cérémonie dans des endroits secs et éloignés
d’un fleuve ou d’un lac, comme le Tikal et l’Uaxactun ; mais dans certains cas ils les édifièrent
à côté d’un cours d’eau, comme le Copan ou le Yaxhá.
PÉRIODE CLASSIQUE (2000 AV. J.-C. - 300 APRÈS J.-C.)
On l’appela également « période de formation » car les bases de cette culture furent
établies au cours de cette époque. Sa durée considérable — deux mille trois cents ans —
fut suffisante pour atteindre la splendeur pendant la période suivante qui constitua le
point culminant de cette civilisation extraordinaire. Durant cette période les Mayas
étaient organisés en noyaux agricoles sous forme de hameaux. L’agriculture constituait
la base de l’économie ; la religion était représentée par le culte de la terre et les phénomènes
naturels, tandis que l’architecture était cérémonielle et religieuse.
PÉRIODE CLASSIQUE (300 - 900 APRÈS J.-C.)
C’est au cours de ces six cents ans que les Mayas atteignirent leur plein développement
culturel et leur splendeur. Le gouvernement était théocratique, c’est-à-dire
exercé par des prêtres, qui détenaient aussi le mandat militaire et une succession
héréditaire. Le gouvernant s’appelait Halac Uinic et il était aidé par les caciques
mineurs, le sacerdoce, la noblesse, le peuple et les esclaves. Pendant cette époque
l’agriculture s’intensifia : on vendait l’excédent ou on l’échangeait contre d’autres produits,
ce qui provoqua un essor du commerce de la région. Le développement des
sciences fut lié à la religion. Les Mayas se distinguèrent en astronomie : ils étudiaient
les mouvements du soleil dans leurs observatoires ; encore de nos jours on reconnaît
l’exactitude du calendrier maya.
Ils démontrèrent leurs connaissances en mathématiques et en ingénierie par la
construction de leurs grands monuments, de canaux d’irrigation, de chenaux pour
conduire les eaux de pluie, et par le déplacement de pierres énormes et de matériaux
utiles à la construction. La médecine connut son apogée en ce qui concerne l’usage

Histoire de la dermatologie au Guatemala
d’herbes et de plantes médicinales ; ils pratiquaient l’odontologie et réalisaient de
véritables prothèses dentaires. L’architecture, surtout religieuse, fut remarquable
au cours de cette période, avec la construction d’un nombre pléthorique de lieux de
cérémonie, de chaussées et de jeux de balle.
PÉRIODE POST-CLASSIQUE (900 - 1500 APRÈS J.-C.)
Le passage à cette période fut traumatisant. On estime que vers l’an 900 après J.-C. il
y eut une sécheresse prolongée qui affecta pendant plusieurs années le territoire mésoaméricain,
selon les études de la paléobotanique. Le peuple maya s’en remit à ses
prêtres, surtout à ceux qui se dédiaient au culte de Chac, seigneur de la pluie, mais les
efforts de ceux-ci furent vains ; le peuple se rebella et les prêtres disparurent après des
révoltes sanglantes. La classe sacerdotale était la seule à savoir lire et écrire, et elle
conservait jalousement ses connaissances en astronomie et en agriculture, raison pour
laquelle les sociétés mayas déclinèrent. Une invasion depuis le nord-ouest des Toltèques
eut lieu simultanément ; ces conquérants provenaient de Tula, une ville située sur le haut
plateau central du Mexique, et leur langue était le nahuatl. Les Toltèques allaient s’emparer
des lieux mayas. Des chroniques indigènes comme le Memorial de Tecpán ou le
Popol Vuh dévoilent comment les Cakchiquels et les Quichés, venus de Tula par la mer,
emportant leurs dieux toltèques comme Tohil, Avilix et Jacavitz, écrivirent en langue
maya et utilisèrent l’ancien calendrier maya avec leur système vigésimal. La période
post-classique se caractérisa par des temps de guerre et de rivalités continuelles : cellesci
provoquèrent l’apparition des autorités indigènes que découvriraient les Espagnols à
leur arrivée et dont les haines mutuelles profiteraient à Dom Pedro de Alvarado à ses fins
de conquête 1, 9 .
LA MÉDECINE MAYA
Trois sources importent pour l’étude de la médecine maya :
1) les supports artistiques très riches où sont représentées les maladies les plus importantes
;
2) les codex mayas, le Popol Vuh et les écrits indigènes ;
3) les anciens chroniqueurs qui furent témoins des us et coutumes.
Les maladies peuvent également expliquer d’une certaine façon le déclin de cette
civilisation, qui n’avait rien à envier à celle de l’Égypte ou de la Mésopotamie.
LA MYTHOLOGIE MAYA
Les Mayas sacralisèrent la médecine, et la liturgie que connaissait la caste sacerdotale
était une science mystérieuse transmise de père en fils. Les indigènes actuels
connaissent très peu de choses à propos de ces secrets. Il reste encore au Yucatán des
233
Figures :
4. Difformité du
visage
5. Difformité faciale
6. Difformités faciales

Figures :
7. Destruction nasale
8. Rage de dents
9. Œdème des
membres inférieurs
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
234
herboristes, tandis qu’au Guatemala les sorciers
ou guérisseurs sont les derniers représentants
de cette caste de médecins
indigènes. Les divinités médicales étaient
nombreuses et variées, et se concurrençaient
en pouvoir et en grandeur.
On croyait que les maladies pouvaient
être causées par des esprits ou des êtres aux
pouvoirs surnaturels, et qu’elles pouvaient
résulter de causes naturelles comme des accidents,
des déficiences ou des excès. On pouvait
prescrire un traitement si on en
découvrait la cause. La maladie que causait
l’offense envers les dieux exigeait, par
exemple, la confession du péché et la pénitence;
si elle était due à une sorcellerie, on agissait contre, mais si elle était due à
des causes naturelles, on prescrivait les médicaments appropriés. S’il s’agissait
d’une maladie habituelle, le malade était soigné chez lui, mais si la maladie était
chronique, on la considérait comme un châtiment des dieux.
Les anciens Mésoaméricains reconnaissaient une inégalité entres les personnes
: les hommes étaient considérés k´an (agressifs, sûrs d’eux, irascibles) et
les femmes nakanik (paisibles, dociles, soumises). L’âge était un autre facteur de
distinction : les anciens étaient considérés comme plus sages et plus forts que les
jeunes ; cela est mentionné dans le Memorial de Sololá, dans le Popol Vuh et dans
le Título de los Señores de Totonicapán [Titre des Seigneurs de Totonicapán], où
les divinités étaient vieilles.
Ils croyaient aussi que la faiblesse temporaire provenait du fait de commettre
un péché, d’éprouver des émotions bouleversantes ou d’être envieux ; on pensait
que le travail excessif, l’exposition au froid ou à la chaleur et l’ingestion de certains
aliments troublait l’équilibre.
On trouve dans ces textes une expression de la théorie de l’équilibre et son rapport à
la maladie. Sur les terres élevées du Guatemala on croyait qu’un corps fort est davantage
protégé contre la maladie qu’un corps faible : cette force se rapportait à la nature
du sang, qui peut être fort ou faible, froid ou chaud, on croyait que le sang ne pouvait
pas se régénérer et que toute perte entraînait une déficience. Les enfants, les femmes et
certains anciens étaient considérés plus faibles. On pensait que les anciens étaient plus
forts et plus puissants que les jeunes, notamment s’ils étaient sorciers, guérisseurs ou
chefs. Pour conserver l’équilibre corporel, il fallait être en harmonie avec la nature, avec
la société et avec les dieux. La confession et le sacrifice étaient les moyens les plus sûrs
pour y parvenir 2, 5 .
La déesse Ixchel et les dieux Citobolontun et Itzamná formaient la trinité de la médecine
maya ; Citobolontun et Itzamná travaillèrent pour découvrir les vertus médicinales
des plantes. Ils léguèrent ces connaissances en héritage aux H-Menes, une famille hippocratique
initiée à l’art de guérir.
Itzamná : à la fois Dieu et homme, il était le père de la médecine ; sa fête était célébrée
au mois de Zip, c’est-à-dire le mois du péché. Le 8 était le jour capital : on versait
face au dieu les herbes médicinales qui recevaient le souffle de la divinité. On dansait et
on utilisait de l’encens pour demander à Ahau Chamahez d’être sain. Le peuple défilait
et attendait la bénédiction.
Ixchel : la femme arc-en-ciel, gardienne de la maternité, elle recevait des offrandes
florales de la part des femmes désirant être fertiles.
Citobolontun : le compagnon masculin, il offrait ses dons salutaires.

Histoire de la dermatologie au Guatemala
Zuhuykak et Ixtliton : ils
garantissaient la santé des
petites filles et des petits
garçons.
Kinich-ahau : le visage
du soleil, il brûlait le
démon des maladies et représentait
le dieu de la
photothérapie et de la thermothérapie.
Kukulcan : dieu omnipotent
qui soignait les fièvres.
Tzapotla-tenan : c’était
la grand-mère de la thérapeutique topique du fait d’avoir découvert l’oxitl (térébenthine),
la résine qui soignait la bouba et les plaies cutanées.
Temazcaltec : la grand-mère des bains, elle conseillait les bains de vapeur.
Yun-cimil : le seigneur de la mort, il se promenait en compagnie de sa chouette autour
de celui qui agonisait ; parfois il partait sans emporter l’âme du patient.
Il n’y a pas de doute que la mythologie médicale fut inspirées par les maladies subies
par les Mayas 4, 5 (figures 1-17).
LA MÉDECINE DANS LE POPOL VUH
Le Popol Vuh contient les histoires des Indiens Quichés sur la formation du monde, ses
dieux, ses héros et ses hommes; il traite donc de mythologie, de religion et de généalogie.
Le frère Francisco Ximénez naquit en 1666 à Ecija, dans la province d’Andalousie, et arriva
au Guatemala en 1688; il était frère de l’ordre de Saint-Domingue et eut comme mission
de rédiger la chronique de sa province. Lors de son séjour à Chichicastenango, les Indiens
lui montrèrent le manuscrit des Quichés, dont il copia l’original en langue quiché pour le
traduire ensuite en espagnol. Cette copie se trouve à la Newberry Library de Chicago 4, 10 .
Le Popol Vuh mentionne quelques divinités mayas responsables des maladies. Les seigneurs
de Xibalba (l’inframonde) pouvaient causer des maladies. Xik´iri (nez volant) et
Kuchuna Kiq´ (chef sang) étaient des seigneurs dont le travail consistait à produire « du
sang pour que les gens soient malades ». Le sang était perçu par beaucoup comme un
moyen de subir un préjudice extérieur. Les seigneurs de Xibalbá parvenaient à rendre
malades les personnes en affectant leur sang. Le Popol Vuh mentionne le seigneur Ahal
puh (faiseur de pus), qui provoquait des infections. L’Ahal gana Q´ama (faiseur de fureur)
avait le pouvoir de « faire gonfler les individus ». La bile au visage provoquait la jaunisse.
Les seigneurs Chamiabaq (bâton os) et Chamiaholom (bâton tête de mort) transformaient
les êtres en os et en têtes de mort. Les seigneurs Ahalmez (faiseur de saleté) et
Ahaltokob (faiseur de plaies) étaient dangereux dans les périodes de grande pauvreté.
L’Ahalxic (seigneur épervier) et le Patan (seigneur piège) causaient la mort sur les chemins.
Les Cakchiquels avaient un dieu appelé Ahal Xic qui provoquait une mort subite.
Itzamná, dieu de la médecine, et Ixchel, la déesse lune, étaient invoqués lors de la fête
des guérisseurs et des sorciers, pendant le mois de Zip. Itzamná était connu pour guérir
les malades et ressusciter les morts. Ixchel était la déesse de la procréation, de la
mise au monde, de la médecine et des maladies à l’origine des pustules. La syphilis
était une des maladies assignées à Ixchel à cause de la symbolique érotique de cette
divinité 10 .
CONNAISSANCES ANATOMIQUES ET CHIRURGICALES DES MAYAS
Les instruments chirurgicaux étaient en obsidienne ; ces couteaux leur servaient à
ouvrir des abcès et à effectuer d’autres chirurgies mineures. Les connaissances
235
Figures:
10. Champignons
cérémoniaux
11. Rides

Figures:
12. Bec de lièvre
13. rynophima
14. Tumeur
abdominale
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
236
anatomiques résultaient des sacrifices humains et animaux. Ils connaissaient bien le
cœur. Au début les Mayas ne pratiquaient pas de sacrifice humain ; cette terrible coutume
dériva de leur contact avec les Aztèques et correspond à une époque très tardive
de leur histoire, comme le prouvent certaines études réalisées dans les villes indigènes
de la période post-classique (par exemple, Iximché).
Les Mayas-Quichés considérèrent l’étiologie de la maladie comme différente de son
aspect sacré, et leur observation leur octroya une connaissance plus exacte de celle-ci.
Le froid et l’humidité furent reconnus comme des agents provoquant les rhumatismes ;
le vent engendrait certaines maladies ; le régime alimentaire des Indiens était sage et
sain, et les habitudes sexuelles étaient modérées.
Ils connaissaient le rôle de la contagion dans les épidémies ; ils pratiquaient la sorcellerie
pour savoir si une maladie pouvait être guérie ou pas. Ils connaissaient la blennorragie,
la bouba, l’impuissance sexuelle et les maladies éruptives. Ils décrivirent le
typhus exanthématique en employant des mots composés tels que zahualt (éruption) ; ils
connaissaient également la leishmaniose, le rynophima et l’ulcus rodens.
Leur vie guerrière leur fournit une connaissance particulière des blessures ; ils les
classifièrent de manière topographique, en considérant leur profondeur, leur cause et
leurs complications. Chaque maladie était traitée avec des herbes, et des spécialistes se
chargeaient du traitement. Il existait des spécialistes en morsures du fait de la grande
quantité de serpents et d’insectes. Ils connaissaient les articulations du corps, parfois représentées
sur de petites figures (le Popol Vuh fait notamment référence à la réparation
des os). Le frère Bartolomé de Las Casas mentionna les herboristes, appelés quamanel,
dont la signification est « celui qui guérit ». Les médecins effectuaient probablement un
certain type de recherche de base appuyée sur la méthode essai/erreur, en observant
l’effet des plantes sur différentes pathologies.
Lors de l’accouchement, la femme enceinte confessait ses péchés, tandis que la sagefemme
se prélevait du sang avec lequel elle aspergeait la future mère en faisant des invocations
afin de rendre l’accouchement plus facile.
La chirurgie n’était pas aussi développée que la médecine à base d’herbes ; cependant
les chirurgiens étaient capables d’arracher des dents, de fabriquer des prothèses, d’extraire
des corps étrangers, de drainer des abcès, de soigner des blessures, tout comme
ils pouvaient effectuer des saignées, des circoncisions, des trépanations crâniennes et
prodiguer des soins oculaires.
D’après les chroniqueurs, l’éventail thérapeutique des Indiens était efficace et supérieur
à celui des médecins et des chirurgiens qui arrivèrent au XVI e siècle. Il existait à
l’époque des purgatifs, des diurétiques, des coagulants, des émétiques, des sédatifs,
entre autres.

Histoire de la dermatologie au Guatemala
Le régime et les bains constituaient les principales habitudes hygiéniques. L’alimentation
était équilibrée, le maïs étant l’aliment de base, et ils cuisinaient aussi les légumes
et la viande de cerf, ainsi que le poisson. Ils préparaient des boissons fermentées à base
de fruits tels que le jocote.
Les Mayas pratiquaient le bain de vapeur. Les bains de temazcal formaient des rites
spéciaux : les couples prenaient le bain ensemble, les femmes enceintes pendant les derniers
mois de la grossesse, tandis que les célibataires les prenaient seuls. Ces bains mesuraient
un peu plus de 1 mètre et avaient des murs de pierre, avec le sol en bois couvert
de boue. Il y avait à l’intérieur des pierres chauffées et arrosées ensuite pour produire
de la vapeur. La déesse Temazcalteci en était la protectrice.
Ils employaient aussi des eaux médicinales, par exemple sulfureuses pour les
crampes, les douleurs corporelles, les infections intestinales et les rhumatismes ; ils
croyaient que les eaux thermales avaient le pouvoir de guérir. Les Européens du
XVIe siècle n’étaient pas habitués à se laver fréquemment. Le capitaine Juan de Estrada
(1579) mentionne dans un récit qu’« ils avaient l’habitude de se laver dans les rivières,
et ils le font toujours ». Le chroniqueur espagnol Fuentes y Guzmán raconte que les in-
4, 5
digènes se baignaient pour traiter les fièvres, les tumeurs (syphilis) et d’autres maux
(tableau 1).
Tableau 1. Nom anatomique de la peau et de ses annexes et de quelques maladies en langue maya 4
Peau Oth, Othiel
Bouche Chii
Lèvre Boxel chii
Langue Ak
Palais Mabcaan
Salive Tub
Gencives Chuncó
Cheveu Tzotz
Ongle Ichac
Crâne dégarni et pellicules Thab
Sueur Zackeluc
Urticaire Zob
Vitiligo Zac Halay
Variole Kak
Ampoules Popol, choolax
Abcès Bocan, chuchum
Bouba Zob
Cancer Cunuz
Douleur Yail
Maladie Kohanil
Fièvre Chacauil
Lèpre Naycan
Ulcère par traumatisme Cuinpaharil
Ulcère suintant Pomactel
Ulcère incurable Taacan
Mal de la bouche Chacnich
Mort Cimil
Médicament Cac
Perlèche Xaya kohi
Miliaire Uzan
Rougeole Uzankak
Gale Uech
Teigne Zock
Onguent Nabzah
L’ESTHÉTIQUE
Les déformations céphaliques furent pratiquées de manière universelle et au cours de
périodes culturelles données. Elles obéissent à des raisons esthétiques liées à des habitudes
magiques et religieuses. On ne doit pas associer cette pratique à un moindre développement
culturel, car vers la fin du XIX e siècle elle était même pratiquée dans le sud de la France.
Ces déformations, inoffensives du point de vue médical, s’effectuaient en utilisant des
appareils spéciaux.
Les codex mayas montrent Hunahpú et d’autres dieux avec la tête allongée, car l’idéal
esthétique consistait à avoir le front aplati 4, 5 .
LES ÉPIDÉMIES PENDANT LA PÉRIODE PRÉCOLOMBIENNE
L’empire maya fut détruit au VII e siècle de l’ère chrétienne. Certaines personnes
croient que ce fut à cause de la fièvre jaune ; cependant, il n’existe pas de preuves
convaincantes pour soutenir cette hypothèse car des études plus récentes ont prouvé que
cette maladie fut importée d’Afrique en 1647. La variole était inconnue en Amérique et
fut apportée par un marin avec Pánfilo de Narváez en 1520.
237

Figures:
15. Tumeur de l’aile
nasale
16. Tumeur de l’œil
17. Difformité nasale
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
238
Les épidémies de type exanthématique furent fréquentes en Amérique avant
l’arrivée des Espagnols ; elles étaient endémiques au Mexique et passèrent au
Guatemala. On les nommait matlatza hualt en langue aztèque.
Le paludisme exista dans le Yucatan et dans certaines régions du Guatemala
sous des formes bénignes.
Le Memorial de Sololá, un manuscrit du XVI e siècle connu comme Anales de
los Cakchiquels ou Memorial de Tecpán Atitlán, décrit l’histoire de la nation cakchiquel
qui se développa dans la ville Iximché.
Ce Mémorial décrit une épidémie qui provoqua plusieurs morts parmi la population
indigène en 1523, un an avant l’arrivée des Espagnols. Le nom indigène
donné à cette épidémie fut chaac, qui veut dire « peste avec éruption cutanée ou
avec des plaies » ; suivant certains auteurs, cela aurait pu être la rougeole, mais
d’autres pensent que ce fut le typhus exanthématique. Selon les symptômes décrits
dans le Mémorial, nous ne pouvons pas établir un diagnostic exact, mais
nous pouvons conclure que les Cakchiquels acquirent des connaissances en dermatologie
à cause de ces épidémies ; ils avaient aussi de l’expérience en chirurgie
dermatologique mineure et dans le traitement des blessures.
Le Mémorial dit :
Plus tard commença l’attaque de la ville au bout du pont, endroit choisi par Chucuybatzin
pour faire la guerre et pour pousser les Tucuchés à la révolte. Quatre
femmes étaient armées de cottes de coton et d’arcs, se déguisant pour la guerre en
quatre jeunes guerriers. Les flèches lancées par ces combattants pénétrèrent la natte
de Chucuybatzin, la grande révolution des anciens seigneurs fut épouvantable.
Iximché, la capitale du royaume cakchiquel, eut une histoire brève et orageuse.
Les Cakchiquels étaient les alliés des Quichés, la cour se trouvait à Chiavar et le
roi était Quikab. Mais le roi quiché fut renversé par ses enfants et il conseilla luimême
aux Cakchiquels de fuir et de fonder Iximché au sommet de la colline Ratzamut.
Les rois Juntoh et Vukubatzm construisirent la ville en 1470. Dès lors
ils furent les ennemis des Quichés, ce qui fut profitable au conquistador Pedro
de Alvarado, qui imita la tactique d’Hernán Cortés pour la conquête du
Mexique.
Bernal Díaz Del Castillo et Francisco Antonio de Fuentes y Guzmán furent
les premiers historiens espagnols arrivés à Iximché. Bernal Díaz passa à
Iximché en août 1526 ; il dut se frayer un chemin vers la ville par les armes,
car les escadrons guatémaltèques cachés dans les ravins tendaient aux Espagnols
une embuscade. Bernal passa la nuit à Guatemala la Vieja, qu’il décrivit
ainsi : « Et il y avait des logis et des bâtisses si beaux et si aisés comme
pour des caciques qui commandaient toutes les provinces de la région. » Cette
description est un véritable éloge car le soldat chroniqueur avait été témoin
de la magnificence de la cour aztèque 6 .
La description de Don Antonio de Fuentes y Guzmán dans la Recordación
Florida, livre XV, chapitre V, est vivante et détaillée. Il y a un passage qu’il
faut rapporter :
Vers la partie nord du palais, dans un bel endroit orné, se trouvait un oracle du
démon, une pierre de couleur noire cristalline comme du verre (plus belle et plus
précieuse que la pierre de Chay) dont la transparence venait confirmer le verdict ;
l’inculpé était exécuté par la suite dans ce tribunal, sur le socle où on l’avait châtié,
et si dans le cas contraire aucune forme ne se représentait ou n’apparaissait dans
la transparence de la pierre, il était libéré. En ce qui concerne les campagnes mili-

taires, la guerre était déclarée ou non en fonction également de la forme et du
contenu de l’oracle.
Ceci laisse supposer que cet oracle aurait également pu être consulté si quelque gouvernant
ou supérieur avait souffert d’une maladie ou de dermatoses n’ayant pas pu être
guéries par les médecins ou les prêtres.
Il faut faire ici une brève analyse du nom Guatemala 4 . Les lettres que Pedro de Alvarado
envoya à Hernán Cortés en 1524 sont les premiers documents historiques dans lesquels
apparaît ce nom par écrit ; Alvarado raconte son voyage depuis Soconusco, et le
mot Guatemala y apparaît trois fois.
Dans sa deuxième lettre, Alvarado dit qu’il sortit d’Utatlán, la capitale du royaume
quiché, et qu’il arriva à Guatemala deux jours plus tard, c’est-à-dire à Iximché. Hernán
Cortés nomme la ville de Guatemala dans sa lettre au roi Charles Quint, écrite le 15 octobre
1524 au Mexique.
Le nom Guatemala est écrit dans les trois lettres mentionnées ci-dessus de la même
façon qu’il est écrit actuellement, et il correspond sûrement à la version hispanique du
vocable Quauthtemalan (d’origine nahualt), le nom sous lequel les Indiens mexicains
connaissaient la ville cakchiquel.
Certains actes du conseil de Santiago font mention du mot Guatemala pour identifier
à l’origine la ville cakchiquel Iximché. Mais dès le 27 juillet 1525, il désigna la province
de Guatemala, et plus tard le territoire appartenant à l’audience et le royaume qui
s’étendait du Chiapas au Costa Rica 7 .
À partir de 1847, Guatemala désigna uniquement la République, le département et la
capitale. Si les noms d’origine mexicaine donnés à plusieurs villages ne sont que des traductions
libres des noms originaux quichés, tzutujiles ou cakchiquels, et si on sait à partir
des déclarations des autorités de Santiago Atitlán (1583) que la langue des natifs
désignait la ville sous le nom de Cakchiquil — qui se traduit en mexicain par Cuautemala
—, on peut conclure que la signification étymologique du mot Guatemala est la même que
celle du terme cakchiquel.
Le Memorial de Sololá énonce : « Lors de notre arrivée aux portes de Tulán, nous reçûmes
un bâton rouge qui était notre oracle, c’est pourquoi on nous appela Cakchiquels,
ce qui veut dire les hommes au bâton rouge. »
Le Popol Vuh dit la chose suivante : « Ils donnèrent tout de suite leur nom aux Cakchiquels,
Gagchequelab fut leur nom. » Cela signifie ceux à l’arbre rouge ou aux feux. En
conséquence, le mot Cakchiquel fut traduit en mexicain par Cuauhtemallan et devint le
vocable hispanique Guatemala, qui pourrait signifier l’endroit des hommes à l’arbre ou
au bâton rouge ou encore à feu.
La Dermatologie pendant la Conquête
Histoire de la dermatologie au Guatemala
■ La dermatologie pendant la Conquête
Pedro de Alvarado quitta Tenochtitlán, la capitale de l’empire aztèque récemment
conquise par Hernán Cortés, le 6 décembre 1523. Il avait pour mission de soumettre
Utatlàn et Cuauthemallan à la couronne espagnole. 120 hommes à cheval, 300 hommes
à pied, 130 soldats armés d’arbalètes et de fusils, quatre corps d’artillerie possédant
beaucoup de poudre, des munitions et une force auxiliaire de guerriers mexicains
culhúas et tlaxcaltecas l’accompagnèrent.
Des maladies innombrables assaillirent les conquistadors. Certaines étaient caractéristiques
des endroits qu’ils dominaient, d’autres furent véhiculées depuis le vieux continent
par eux-mêmes, et elles s’ajoutaient telles des armes biologiques aux chevaux, aux
épées, aux canons, aux lances, aux mousquets et aux arbalètes pour terrifier les indigènes
et les tenir sous leur joug.
239

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Curieusement, ils employaient, outre les plantes médicinales dont ils apprirent
l’usage en Amérique, la graisse d’un Indien mort pour guérir les blessures de guerre, car
les Européens ne disposaient pas des connaissances qu’avaient les médecins indigènes.
Bernal Díaz del Castillo, le fameux chroniqueur, nous relate les maladies dont souffraient
les conquistadors : « Cela faisait trois ou quatre mois que nous nous trouvions là,
il y eut une odeur pestilentielle, plusieurs soldats moururent. Nous, nous souffrions et
nous avions des plaies infectes sur les jambes. » Nous pouvons en déduire qu’ils souffrirent
d’une épidémie, et les plaies des jambes devaient probablement être un ecthyma. Ils
souffrirent certainement de plusieurs piqûres d’insectes comme les moustiques, les
mouches, les taons, les tiques, et peut-être même les poux. Les chroniqueurs Bernal Díaz
del Castillo, Francisco Antonio de Fuentes y Guzmán et frère Francisco Ximénez mentionnent
aussi les invasions de moustiques.
Parmi les dermatoses dont les conquistadors souffraient fréquemment, notons les ulcères
simples ou les plaies, conséquence des piqûres surinfectées, ainsi que la bouba ; ce
dernier terme englobe plusieurs maladies comme la syphilis, le pian, les adénites simples
et les petits abcès de la peau.
Le récit de Bernal Díaz semblerait décrire des abcès multiples et des adénites secondaires
dues aux démangeaisons que provoquaient les piqûres et les lésions plutôt qu’une
syphilis ou un pian. Le peuple disait que les gens « étaient de mauvaise humeur » si une
blessure s’infectait, ou qu’ils étaient « casse-pieds » ou encore avaient des « bubons » si
une adénite apparaissait. Bernal Díaz fait référence par là à la pyodermite.
Il existait une méthode de traitement curieuse employée par les médecins espagnols
de l’époque; d’après les récits, « les médecins l’envoyèrent téter une femme de Castille ».
On sait que le lait de la femme possède des anticorps, et cela pouvait aider le malade.
Les conquistadors souffrirent aussi de la gale, de la myiase, de la pédiculose et de la
filariose. La Recordación Florida fait référence à ces fléaux et surtout à la myiase nasale
et cutanée, ainsi qu’à l’onchocercose pouvant être causée par l’Oncocerca valvulus var.
acutiens et une espèce de filaire de Medina 3, 7 .
■ La La dermatologie Dermatologie depuis la Colonie depuis jusqu’à la nos jours Colonie jusqu’à nos jours
240
Eduardo Silva-Lizama
La dermatologie aux XVI e , XVII e , XVIII e siècles
Les descriptions des maladies de la peau sont rares au cours de cette période, c’est
pourquoi nous citerons quelques aspects importants de l’histoire de la médecine et leur
rapport avec la dermatologie.
Au cours des XVI e et XVII e siècles, la science médicale et la culture se développèrent
sous l’influence de méthodes thérapeutiques basées sur les herbes, la musique, l’eau, les
batailles, les rites spirituels symboliques et le soin de la collectivité envers le malade. Au
Guatemala, les maladies de la peau étaient connues, et l’intérêt des autorités médicales
et gouvernementales pour la création d’hôpitaux en fut la preuve ; ces bâtiments furent
construits pendant les années 1527, 1543 et 1776. Ils étaient pour la plupart destinés à
soigner tout type de maladies ; les asiles et les hospices consacrés au traitement des épidémies
qui attaquaient régulièrement le pays, comme l’hôpital San Lázaro fondé en 1638
par le marquis Lorenzana pour soigner les maladies de la peau et de la lèpre, étaient en
nombre plus réduit.
Généralement, tous les historiens de la médecine et de la culture affirment que les
XV e , XVI e et XVII e siècles furent une véritable renaissance scientifique pour l’Espagne, et
que la médecine et la chirurgie atteignirent à cette époque leur apogée pour décliner de

Histoire de la dermatologie au Guatemala
façon notable au XVIII e siècle, pauvre en véritables hommes de
science. Cette apogée et cet épanouissement de la médecine espagnole
arrivèrent très tard au Guatemala, car notre ville manquait
aussi bien au XVI e siècle qu’au XVII e siècle d’un contexte
approprié, les préoccupations tournant plus autour de la politique
de colonisation — violente —, de la pacification et la christianisation
des gentils. La médecine était vulgairement exercée
de manière empirique, il n’existait pas de lieux où l’enseigner et
les hôpitaux étaient de simples asiles pour les malades, plus
consolés par la religion que par la médecine curative. On ignorait
la science espagnole, qui commença à se concevoir vers la fin du
XVII e siècle.
La culture médicale espagnole s’étendit avec beaucoup de retard
au Guatemala vers le XVIII e siècle, lorsque la péninsule Ibérique entamait déjà son déclin.
Les grandes idées physiologiques, les progrès de la chirurgie scientifique, l’essor de
l’anatomie, caractéristiques du XVI e siècle et des débuts du XVII e siècle, parvinrent au
Guatemala à la fin du XVIII e siècle.
Au XVI e siècle, les malades du corps et de l’âme déambulaient dans la ville, les médecins
n’existaient pas et seuls les prêtres et la religion pouvaient guérir, en implorant les faveurs
et la miséricorde de Dieu. Frère Matías de Paz, un ange d’espoir et de salut, promenait ses
habits blancs parmi ces souffrances interminables, faisait des allers-retours en apportant
des herbes miraculeuses et des potions cordiales; frère Matías fonda l’hôpital de San Alejo
ou de los Indios (figure 18). Pour sa part, l’évêque Francisco Marroquín fut le fondateur non
seulement de l’église et l’école guatémaltèques mais aussi de l’hôpital Real de Santiago (figures
19, 20), représentant ainsi la médecine charitable et consolatrice.
Pendant la dernière décennie du XVI e siècle, Don Juan de los Reyes, l’un de nos premiers
chirurgiens qualifiés, prit la plume pour obliger le tranquille gouverneur à reprendre
la juridiction de la santé publique. On ne sait rien des techniques chirurgicales
de Dom Juan, encore moins du nombre de personnes qu’il sauva avec son bistouri ; néanmoins,
on connaît très bien ses démarches énergiques pour lutter
contre l’empirisme. Son action dans ce domaine fait de lui le premier
défenseur du médecin guatémaltèque, le premier chirurgien qui,
conscient de son importante mission sociale, défendit le trésor de la
santé, et ouvrit les yeux aux gouverneurs indifférents à ces problèmes
vitaux. Il demanda au maire Dom Diego de Paz Quiñónez que
les barbiers pratiquant la chirurgie montrent immédiatement leurs
diplômes ; dans le cas contraire, ils doivent être gravement condamnés
car les habitants risquent leur vie entre leurs mains ; les barbiers
ne sont pas les seuls à exercer clandestinement la médecine : les
enfants et les domestiques aussi. »
Le Memorial de Tecpán Atitlán nous fournit la meilleure description
des pestes qui dévastèrent la population au cours du XVI e siècle:
En réalité, ce fut terrible quand le Grand Seigneur de Dieu nous envoya cette
mort. Plusieurs familles plièrent sous elle. Les gens étaient saisis par le froid,
vint ensuite la fièvre, le nez saignait, elles toussaient et la gorge s’enflammait,
aussi bien dans la peste majeure que dans la peste mineure. Tout le monde en
fut attaqué. Sept jours après Pâques la peste augmenta, le nombre de morts
étant incroyable, hommes, femmes et enfants.
Cette épidémie fut appelée chaac en langue cakchiquel, ce qui veut dire maladie ou
peste avec éruption cutanée, exanthème ou plaies. Les dérivés de ce même mot font tous
241
Figure 18.
Hôpital de Indios San
Alejo
Figures 19, 20.
Hôpital de Santiago

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
242
référence aux manifestations galeuses, aux brûlures, aux animosités des plaies (le mot
chac existe en langue maya, et signifie rouge); cette peste avec des exanthèmes ou des
plaies pourrait bien correspondre à la rougeole et au typhus exanthématique.
Au cours du XVII e siècle de nombreux médecins et chirurgiens venus de la Nouvelle Espagne
et des cités éloignées de la péninsule hispanique arrivèrent en ville. L’épanouissement
de la métropole coloniale d’Amérique centrale éveillait les ambitions, et c’est pour
cela que plusieurs médecins entreprirent le voyage dans l’espoir d’assurer leur avenir.
Leur ordre chronologique d’arrivée au Guatemala est le suivant: Juan de León (1600), Joseph
Adalid Bohórquez (?), Cristóbal Tartajo (1624), Pedro Ramírez Delgado (1627), Enrique
de Sosa (1630), Alonso Aragón (1633), Mauricio López de Lozada (1640), Juan de
Cabrera (1640), Andrés Sánchez de Miranda (1648) et Bartolomé Sánchez Parejo (1649).
Une épidémie de rougeole maligne s’abattit sur la ville en avril 1769, causant des dégâts
principalement chez les Indiens. Le professeur titulaire de la chaire de Prime (qui se
récitait au lever du jour) de médecine, le Dr Ávalos y Porres, et le médecin français Desplanquez
furent chargés d’appliquer des soins, un régime et d’autres mesures contre
cette épidémie. En juin 1773 un violent tremblement de terre détruisit la ville de Santiago
de los Caballeros de Goathemala. La ville ne fut pas entièrement détruite, mais le capitaine
général Dom Martín Mayorga et quelques habitants terrifiés quittèrent la ville rapidement
et imprudemment. La ville ruinée était chaotique, et pour couronner le tout, une
peste de tabardillo ou typhus exanthématique qui dura environ un an tua 4000 personnes,
causant plus de dégâts que les tremblements de terre. Elle se déclencha vers la
fin de 1773, s’accentua en mars 1774 et finit au mois de juin de la même année. L’épidémie
provint de l’exode des Indiens et des ouvriers vers les villages en hauteur, des zones
géographiques où le typhus était endémique. Leur fuite précipitée les obligea à retourner
rapidement vers la ville démolie, où ils arrivèrent à demi nus et affamés, portant en eux
les germes de la maladie. La mauvaise alimentation et la promiscuité contribuèrent à propager
rapidement la peste pétéchiale. Les pauvres et les Indiens furent, comme d’habitude,
les principales victimes. On peut affirmer que ces épidémies furent les premières à
être étudiées scientifiquement, et on en fit de magnifiques descriptions cliniques; la Santé
publique fut fondée au cours de ces années tragiques, nées des circonstances d’alors.
Le Guatemala subit l’une des plus terribles épidémies de variole en 1780 ; les circonstances
étaient propices au développement de la peste : on construisait les hôpitaux
et il manquait de lieux pour l’isolement. À ces difficultés matérielles s’ajoutaient les misères
spirituelles d’un peuple fatigué et accablé par toute sorte de peines. On fonda l’hôpital
spécialisé dans les varioles (Hôpital San José). L’épidémie de 1780 permit au Dr José
Felipe Flores de montrer ses qualités d’innovateur. Le conseiller fiscal de la municipalité
octroya au Dr Flores une liberté absolue dans l’emploi de l’inoculation, après que le malade
en eût été informé et ait donné son accord. La technique était la suivante : le docteur
déposait sur chaque bras deux emplâtres de la taille d’une pièce d’un real et il
attendait que se forment des bulles ; il plaçait ensuite sur la peau ulcérée un coton imbibé
dans la sérosité d’une variole mûre, maintenant ce traitement pendant vingt-quatre
heures. D’après les historiens, l’inoculation eut des résultats prodigieux, comme le
prouva la statistique comparée. Parmi les individus inoculés, presque aucun ne présenta
de formes malignes, et le contrôle rigoureux ne recensa qu’un seul mort, une fille de 13
ans. Dans les quartiers où l’inoculation ne fut pas pratiquée, la mortalité atteignit des
chiffres très élevés. Les preuves furent concluantes, et le bénéfice de l’inoculation fut démontré.
Cette méthode fut employée par les Turcs, les Perses et les Chinois, qui observèrent
que la variole inoculée était toujours moins grave que celle qui se développait par
contagion. Cette observation induisit la découverte du vaccin, précédant d’un siècle les
idées de Pasteur sur les virus atténués.
Les principaux hôpitaux du pays commencèrent à être construits au XVIII e siècle; à partir
de ce moment-là le concept de médecine changea de façon progressive 11, 12, 13 .

LA DERMATOLOGIE À L’HÔPITAL GÉNÉRAL SAN JUAN DE DIOS
L’hôpital général San Juan de Dios fut inauguré en 1778. Une clinique spécialisée en
maladies urogénitales et en syphilis fut aménagée pendant cette période au département
de médecine des hommes. Sous la direction de Dom Rafael Angulo y Urruela, on accueillit
entre 1778 et 1875 des patients lépreux et des malades chroniques de la peau.
En 1810 le Dr Narciso Esparragoza y Gallardo écrivit son livre sur des sujets tels que
le prurit, les exanthèmes et les ulcères de la peau. Le Dr Mariano Padilla publia pour sa
part, en 1861, un essai sur l’origine de la maladie vénérienne. En 1863, les médecins de
l’hôpital général entreprirent la confection d’un rapport ou mémoire des activités réalisées
dans chaque service ; le Dr Francisco Abella mentionna dans ce rapport plusieurs
cas de maladies de la peau, de maladies des ongles et des scrofuleuses diagnostiqués. Le
Dr Eligio Baca présenta son rapport en 1864 et fit référence à l’ecthyma, l’impétigo, l’eczéma,
la gale et l’éléphantiasis des Grecs, entre autres constats. L’implantation d’une
greffe cutanée postérieure à l’extirpation d’un épithéliome basocellulaire nasal, l’opération
d’un ongle incarné et d’un rhinosclérome sont mentionnées dans la liste relativement
abondante des interventions chirurgicales pratiquées par le Dr Juan José Ortega et
citées dans le mémoire hospitalier de 1900 24, 25, 26 .
Les premiers spécialistes en dermatologie furent admis à l’hôpital général, marquant
une nouvelle étape dans la spécialité. Le Dr Fernando Cordero fut nommé chef des services
internes de dermatologie en 1945; le Dr Luis Gálvez Molina occupa le poste de chef de la
consultation externe en 1946; le Dr Arturo García Valdez fut chef du service de dermatologie
masculine en 1956. Les Drs Jorge Close de León (1958), Eduardo Silva Martínez (1963),
Leonel Linares (1972), Carlos Cordero (1978), Salvador Porres (1986) et Edgar Pérez Chavarría
avec une sous-spécialité de dermatologie pédiatrique en 1988 furent admis plus tardivement
dans le service. Le Dr Leones Linares est le chef du service depuis 1980.
L’hôpital général San Juan de Dios, l’un des plus anciens du pays, est l’hôpital école
où sont formés les étudiants de la faculté de médecine, qui effectuent des roulements
dans les différents services. La consultation au service de dermatologie est importante et
inclut des patients à faibles ressources provenant des divers endroits du pays.
La dermatologie débuta comme spécialité dans cet hôpital et fut reconnue comme
telle dans les années 1940 12,13 .
LA DERMATOLOGIE AU CENTRE MÉDICAL MILITAIRE
Histoire de la dermatologie au Guatemala
Le 9 octobre 1880, le général Justo Rufino Barrios décida de créer l’hôpital militaire
« considérant qu’il est un devoir de la part du gouvernement d’assister efficacement le
personnel de l’armée lorsque celui-ci tombe malade suite à son service; suivant les bons
préceptes administratifs, la création d’un établissement où les militaires peuvent être soignés
professionnellement sous une inspection médicale appropriée est nécessaire ». La
nouvelle fut publiée le jeudi 14 octobre dans le numéro 310 du journal officiel de l’époque,
El Guatemalteco. L’inauguration officielle eut lieu le 16 mars 1881 14 .
Le premier règlement de l’hôpital militaire, élaboré par le Dr Joaquín Yela, inspecteur médical,
et le Dr Francisco Abella, chirurgien de l’établissement, fut approuvé le 31 janvier 1882,
dix mois et demi après son ouverture. Ce règlement stipulait: « Il y aura un médecin et un
chirurgien qui devront appartenir à la faculté de médecine de la République, nommés par le
gouvernement sur proposition du directeur. Le médecin nommé sera chargé de soigner les
patients, en collaboration avec les personnes qui exercent la médecine et la chirurgie après
avoir achevé au moins la quatrième année de leurs études. » À l’époque il n’existait pas de
spécialistes en médecine; le médecin chirurgien soignait tous les patients en général, même
ceux qui souffraient de maladies de la peau. Les patients souffrant de maladies vénériennes
payaient 50 centimes le séjour et les deux tiers de leur salaire en cas de récidive.
243

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
244
Deux pavillons furent construits en 1913 pour les patients souffrant de maladies cutanées
et vénériennes ; le médecin commandant Antonio Macal dirigea en 1914 les services
de chirurgie, de maladies cutanées et vénériennes. En 1915, on déclara qu’il était
urgent d’améliorer les conditions hygiéniques et sanitaires des salles des patients atteints
de maladies cutanées car ils fuyaient fréquemment l’hôpital.
Le 25 décembre 1917, le bâtiment de l’hôpital militaire subit de grands dommages suite
au tremblement de terre qui dévasta la ville de Guatemala. La tour de l’immeuble s’effondra
le jour suivant. La situation précaire de l’hôpital se prolongea toute l’année 1919, il était
pratiquement impossible d’assister les malades appartenant au corps militaire.
Vers la mi-novembre 1920, le gouvernement ordonna le transfert de l’hôpital militaire
dans le bâtiment occupé par l’asile Maternidad Joaquina. Les malades y furent transférés
dès le 6 décembre.
En 1924, le Dr Carlos Padilla y Padilla, directeur technique, prit en charge les services
de chirurgie et de maladies cutanées et la salle des urgences. Un décret du président
de la République, le général José María Orellana, exigea que soit établie à partir du
5 décembre une salle de consultation gratuite pour soigner les habitants de la localité.
Les Drs Ramiro Gálvez Asteguieta et Enrique Echeverría prirent en charge le 21 juillet
1929 le service des chefs et officiels, le service de médecine et celui des maladies cutanées
et vénériennes; la bibliothèque de l’établissement fut inaugurée le 14 février 1935.
Des cycles mensuels de conférences furent organisés la même année: le Dr Guillermo
Sánchez présenta en juillet la conférence Pian et, en décembre, le Pr. E. Jacobsthal, présenta
Méthodes sérologiques pour la recherche de la syphilis.
Le message présidentiel destiné à l’Assemblée nationale législative, donné par le général
Jorge Ubico le 1 er mars 1939, déclara : « L’hôpital militaire accomplit son objectif
de façon satisfaisante, nous obligeant à reconnaître l’activité et l’efficacité du personnel
qui y travaille. » Le bâtiment fut amélioré, grâce à l’achat de matériel, de meubles et
d’instruments ; l’hôpital était considéré comme l’un des meilleurs du pays.
La blennorragie fut en 1943 l’une des maladies soignées en priorité. Le Dr Fernando
Cordero prit en charge le service de dermatologie et de vénéréologie de l’hôpital en 1945,
suivi par le Dr Luis Gálvez Molina en 1946. Le service comptait un praticien, deux infirmiers
et une ou deux personnes de garde.
En 1968, le Dr Eduardo Silva Martínez prit la relève au service de dermatologie, et
reçut le Dr Neftalí Villanueva (disciple du Dr Silva Martínez) comme médecin assistant
en 1970. Le service fut réorganisé, comptant désormais un chef, un sous-chef, des services
d’hospitalisation et un cabinet externe.
Le 16 juin 1975, le recteur de l’université publique, le ministre de la Défense nationale,
le doyen de la faculté des sciences médicales et le directeur de l’hôpital militaire signèrent
une convention pour que ce dernier devienne un hôpital école, académiquement
reconnu par le conseil de direction de la faculté. Le programme était destiné aux praticiens
externes et internes. Les activités furent organisées de février à juillet et divisées
en six modules scientifiques et académiques mensuels. Chaque module se développa autour
d’un sujet principal et comportait des sous-parties tournées vers les spécialités médicales
liées. Le module de dermatologie fut développé en juillet, avec des objectifs
principaux tels que la meilleure formation de l’étudiant de médecine et la couverture du
curriculum des études de la faculté des sciences médicales de l’université de San Carlos
de Guatemala, tout comme l’éveil de l’intérêt des spécialistes en dermatologie pour les
activités d’enseignement 11 .
En 1977, les dermatologues Antonio Wong Galdamez et Miguel Eduardo Robles Soto,
tous deux ayant suivi des études de spécialisation au Mexique, furent admis au service
de dermatologie. À l’époque, le service regroupait des médecins qualifiés et reconnus par
les universités nationales et étrangères, marquant une nouvelle étape de progrès dans la
spécialité.

Histoire de la dermatologie au Guatemala
Des journées départementales dont le but était de visiter les zones endémiques de
leishmaniose cutanée furent organisées.
Arturo García Valdez, éminent dermatologue qui travailla entre 1970 et 1989, fut l’un
des médecins à collaborer fortement avec le service de dermatologie. À l’époque, le service
regroupait un chef, un sous-chef, trois dermatologues pour le cabinet externe et un
dermatologue pour les services internes.
La clinique de dermatologie pédiatrique fut créée en 1978. Le ministère de la Défense,
souhaitant compter sur un personnel médical spécialisé, octroya la même année des
bourses de formation à l’étranger aux médecins de l’hôpital militaire. En conséquence,
le Dr Eduardo Silva-Lizama se rendit en mars 1981 à l’institut dermatologique de Guadalajara
; il fut admis dans le service en 1983 13 .
En 1986 le Dr Thomas Navin — de la division des maladies parasitaires au Center for
Disease Control, à Atlanta, aux États-Unis — et le Dr Byron Arana — du centre de recherche
sur les maladies tropicales de l’université Del Valle de Guatemala — collaborèrent
avec le service pour étudier la leishmaniose cutanée. Le service de dermatologie
devint alors l’un des centres les plus importants dans le classement et l’étude des parasitoses
cutanées au Guatemala, notamment la leishmaniose cutanée 12 .
Le Dr Neftalí Villanueva Valdez occupa le poste de chef du service de dermatologie
entre 1989 et 1990 ; en 1989, les dermatologues Edgar Cifre Recinos et Carlos Villanueva
Ochoa furent admis dans le service, ce dernier étant chargé de la chirurgie dermatologique.
Le Dr Antonio Wong Galdamez dirige le service depuis 1990, tandis que les Drs Ricardo
Garzona Barillas et Manolo Gutiérrez y furent admis en 1991.
Les locaux de l’hôpital militaire étaient fonctionnels depuis 1920, l’essentiel de la
construction étant en bajareque. Néanmoins, les investissements constants permirent de
le maintenir en bon état. Le souci de construire un nouvel hôpital remonta à 1945, mais
des circonstances diverses, surtout économiques, empêchèrent la réalisation des projets
jusqu’en 1991. C’est alors que l’hôpital fut transféré dans un bâtiment neuf et moderne,
pour devenir le Centre médical militaire 11 .
L’état-major de la Défense nationale délivra des bourses aux Drs Manolo Valladares
et Horacio Antulio Paredes pour qu’ils partent se former à l’étranger. Le premier se rendit
à l’hôpital militaire de Mexico D.F. et y retourna en 1994. Paredes se rendit quant lui
à l’institut dermatologique de Guadalajara (au Mexique) et fut admis dans le service en
1996, dans le domaine de la chirurgie dermatologique. Le Dr Paredes fut nommé plus
tard directeur général du Centre médical militaire (en 2004).
Le 30 juin 2004, le Dr Eduardo Silva-Lizama devint chef de la section de dermatologie
; les Drs Ricardo Garzona Barillas, Edgar Manolo Valladares et Isabel de Orellana intégrèrent
l’équipe de l’unité de dermatologie médico-chirurgicale.
Le Centre médical militaire proposa une assistance médicale principalement destinée
au personnel de l’armée ; cependant il vient récemment d’étendre ses services à la population
civile.
LA DERMATOLOGIE À L’INSTITUT GUATÉMALTÈQUE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE (IGSS)
Les idéaux de la révolution du mois d’octobre 1944 inspirèrent deux grandes réalisations
à caractère social : le Code du travail et la création de l’Institut guatémaltèque de
la sécurité sociale (IGSS).
La Constitution de la République, promulguée en 1945, favorisa l’émergence de la sécurité
sociale au sein des structures guatémaltèques, résultat immédiat du mouvement
populaire de 1944 ; elle devint une réalité à travers le décret nº 295 du Congrès de la République
le 30 octobre 1946 14-22 .
La polyclinique fut inaugurée le 26 janvier 1963. Trois ans après, les Drs Aparicio
González et Guillermo Fortín Gularte prirent en charge les patients souffrant de maladies
245

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
246
cutanées et vénériennes, suivis par Eduardo Silva Martínez et Francisco Rolando Vásquez
Blanco (1972) qui fut admis ultérieurement à l’hôpital général de la maladie commune
22 . Jorge Close de León rejoignit le service en 1975, tout comme Romeo Augusto
Moraga Miranda en 1976. La même année, Rubén Mayorga Peralta prit en charge le laboratoire
de mycologie, suivi par Heidi Logemann. Le service compta ensuite sur la collaboration
des médecins suivants : Concha Marina Méndez (née González) et Miguel
Eduardo Robles Soto (1977) ; Ramiro Paz y Paz (1978) ; Haroldo Soto Sandoval (1980) ;
Álvaro Castellanos de la Roca (1983) ; Eduardo Silva-Lizama (1986) ; Ricardo Augusto
Garzona Barillas, Marco Vinicio Solórzano de la Cerda et José Higueros (1992) ; Lorena
Bay et Guillermo Letona (1997).
Cette unité regroupe le plus grand nombre de dermatologues : cinq le matin et cinq le
soir ; elle reçoit en moyenne 150 à 200 patients par jour.
L’hôpital général de la maladie commune fut inauguré le 7 août 1967. Destiné à dispenser
des soins intégraux, il dispose de 333 lits et 110 berceaux, répartis en trois départements
cliniques de médecine, de chirurgie et de pédiatrie. Chacun des
départements comporte un chef, des chefs de service, des médecins spécialistes, un chef
des internes et des internes. En 1962, cinq ans avant son inauguration officielle, le Dr
Luis Gálvez Molina dirigea le service de dermatologie, suivi en 1972 par le Dr Francisco
Rolando Vásquez Blanco. Durant cette période, le Dr Víctor Fernández, chef du laboratoire
des pathologies, s’intéressa à l’étude et à l’analyse histopathologiques des maladies
de la peau. Les dermatologues Patricia Chang et Eduardo Silva-Lizama (transféré plus
tard à la polyclinique) y furent admis en 1983. Le Dr María del Socorro León (née
Obregón) y fut nommée en 1990 ; le service de dermatologie pédiatrique est placé sous
la responsabilité du Dr Olga Marina Martínez (née Rosales) depuis 1978.
Dans cet hôpital, les départements de médecine interne et de pédiatrie comprennent
celui de dermatologie ; on y soigne les patients des cabinets externes et ceux qui sont hospitalisés
14, 23 .
La direction de l’IGSS créa les unités périphériques dans le but d’élargir son programme
d’assistance aux secteurs de population plus nombreuse situés dans les environs
de la ville. L’unité périphérique de la zone 6 commença avec huit cliniques, des
services d’urgence et un petit bloc opératoire; les locaux pour soigner les nombreux patients
étaient insuffisants. L’hôpital général Dr Juan José Arévalo fut inauguré à sa place
en 1984 : le Dr Noemí Quiñónez y était responsable du service de dermatologie jusqu’en
1996 ; le Dr Gerardo Bran Quintana occupe le poste de dermatologue à partir de 1989.
Les locaux modernes de l’unité périphérique de la zone 5 furent inaugurés en 1994 ; le
Dr Sergio Iván Cobar prit en charge le service de dermatologie 14 .
Le Dr Milagros Santos supervise depuis 1995 les soins administrés dans le Centre
d’assistance médicale intégrale pour pensionnés (CAMIP) aux patients souffrant de maladies
cutanées ; le centre soigne également les patients de l’hôpital de réhabilitation.
L’IGSS est l’une des plus grandes institutions du pays ; ses programmes d’assistance
furent diffusés dans les provinces de la République où se trouvaient les patients qui
avaient besoin d’un soin dermatologique spécialisé, selon le critère du médecin 19-25 .
LA DERMATOLOGIE À L’HÔPITAL ROOSEVELT
La 3 e Réunion des ministres des Affaires étrangères des Républiques américaines se
tint à Rio de Janeiro en janvier 1942. La résolution nº 30 approuvée au cours de cette réunion
créa l’Agence du gouvernement des États-Unis d’Amérique, appelée Institut des
affaires interaméricaines : les principaux objectifs étaient d’encourager la santé collective
et de renforcer les rapports d’amitié entre les pays américains.
Le 14 août 1942, l’Institut des affaires interaméricaines, représenté par le Service
coopératif interaméricain de la santé publique (SCISP), signa un contrat avec le

gouvernement du Guatemala, s’engageant à construire un hôpital, parmi d’autres travaux
liés au secteur de la santé.
L’hôpital Roosevelt fut officiellement inauguré le 15 décembre 1955 avec l’ouverture du
département de maternité. Le département de pédiatrie (1957) et le département de médecine
et chirurgie (1959) furent inaugurés ultérieurement. Les consultations dermatologiques
étaient à la charge du Dr Eduardo Tschen; leur nombre augmenta progressivement
jusqu’à la création en 1960 de l’unité de dermatologie et des allergies. Les Drs Francisco
Saravia (1969), Rolando Vásquez (1970) — qui en fut le chef en 1985 —, Edwin García
(1981) et María del Socorro Obregón (1990) y furent admis ultérieurement. Le Dr Neftalí
Villanueva dirigea l’unité entre 1988 et 1995, suivi par le Dr Pablo Urquizu en 1996. L’unité
de dermatologie de l’hôpital Roosevelt s’appelle Dr Eduardo Tschen en hommage à son travail
tenace et méritoire. Carlos Villanueva (section de chirurgie) et Manuel Antonio Samayoa
(histopathologie) collaborent à cette unité depuis 1990.
L’unité de dermatologie et des allergies Dr Eduardo Tschen dispose actuellement de
services de consultation externe, d’hospitalisation, de chirurgie et d’histopathologie ; on
y soigne un grand nombre de patients provenant de l’ensemble du territoire, dont la plupart
sont sans ressources 17, 18 .
LA DERMATOLOGIE DANS LES HÔPITAUX DÉPARTEMENTAUX
La dermatologie est une spécialité relativement jeune qui se répand toutefois à travers
les différents départements de la République 30 . Nous allons citer quelques professionnels
:
— Le Dr Arsenio Champet travaille à l’hôpital général de Quetzaltenango depuis
1977.
— Le Dr Luis Mont est dermatologue à l’hôpital militaire de Huehuetenango depuis
1978.
— Le Dr Álvaro Castellanos de La Roca est dermatologue à l’hôpital national de Escuintla
depuis 1983.
— Le Dr Marlene Rosado participe au traitement des patients atteints de maladies cutanées
à l’hôpital Santa Elena, Petén, depuis 1989.
— Le Dr Manuel Antonio Samayoa occupe le poste de dermatologue à l’hôpital général
de Antigua Guatemala, département de Sacatepequez, depuis 1990.
— Le Dr Guillermo Letona s’occupe de la clinique de dermatologie du département de
Jutiapa depuis 1990.
Sociétés dermatologiques
Histoire de la dermatologie au Guatemala
■ Sociétés dermatologiques
Il existe depuis 1962 dans le pays deux associations de dermatologues ; toutes deux
possèdent le statut juridique et sont reconnues par le collège de médecins et chirurgiens
du Guatemala :
• L’Association guatémaltèque de dermatologie, fondée en 1957 par les Drs Jorge
Close de León, Arturo García Valdez, Aparicio González, Eduardo Tschen et Fernando
Cordero (tableau 2).
• L’Académie guatémaltèque de dermatologie, syphiligraphie et léprologie, fondée en
1962 par les Drs Fernando Cordero, Mariano Castillo, Juan M. Funes et Guillermo Reyes
Durán (tableau 3).
L’Association de dermatologie pédiatrique, dont le sonseil de direction était composé
d’Edgar Pérez Chavarría (président), d’Aída Pacheco (secrétaire), de Lorena García (née
Bay) (trésorière), d’Olga Marina Martínez (née Rosales) et d’Armando León (membres),
fut fondée en 2000.
247

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
1957 Dr Jorge Close de León
1959 Dr Arturo García Valdez
1961 Dr Jorge Close de León
1964 Dr Arturo García Valdez
1968 Dr Aparicio González
1970 Dr Eduardo Tschen
1972 Dr Arturo García Valdez
1976 Dr Rolando Vásquez Blanco
1979 Dr Neftalí Gonzalo Villanueva
1981 Dr Jorge Close de León
1983 Dr. Eduardo Tschen
248
Tableau 3. Présidents de l’Académie guatémaltèque de dermatologie, syphiligraphie et léprologie
1962 Dr Mariano Castillo
1966 Dr Marco A. Cabrera
1969 Dr Carlos G. Quezada
1972 Dr Guillermo Fortin Gularte
1974 Dr Lionel Linares
1979 Dr Carmen C. de Mansilla
1984 Dr Carlos Cordero
Tableau 2. Présidents de l’Association guatémaltèque de dermatologie
1985 Dr Miguel Eduardo Robles Soto
1987 Dr Antonio Wong Galdamez
1989 Dr Eduardo Silva-Lizama
1991 Dr Patricia Chang de Chang
1993 Dr Olga Marina Rosales de Martínez
1995 Dr Carlos Villanueva Ochoa
1997 Dr Pablo Humberto Urquizu Dávila
1999 Dr Gerardo Bran Quintana
2001 Dr Manuel Antonio Samayoa
2003 Dr María del Socorro Obregón
1988 Dr Lionel Linares
1992 Dr Edgar Pérez Chavarría
1994 Dr Juan José Mansilla Arévalo
1997 Dr Guillermo Letona
1999 Dr Lorena Bay
2002 Dr Milagros Santos
Le collège de médecins et chirurgiens du Guatemala inclut 35 spécialités comportant
1861 professionnels, dont 51 sont dermatologues (2.74 % des spécialistes).
Le 6 octobre 1994 fut fondé le Comité de coordination de la dermatologie guatémaltèque,
composé de trois représentants de chaque association dermatologique du pays juridiquement
reconnue (Académie guatémaltèque de dermatologie et Association guatémaltèque de
dermatologie); son but était de fusionner les idées et d’établir les positions face aux situations
liées aux intérêts de la dermatologie guatémaltèque. Les objectifs dudit comité sont: a)
travailler pour le progrès et la reconnaissance de la spécialité; b) coordonner les activités
scientifiques; c) veiller à la défense du syndicat; d) encourager l’esprit d’unité et de solidarité
entre les membres; e) respecter et défendre les statuts et la personnalité (des sociétés);
f) veiller au respect des normes qui régissent l’éthique professionnelle.
Eduardo Silva-Lizama (président), Leonel Linares (secrétaire et trésorier), Juan José
Mansilla (président de l’Académie guatémaltèque de dermatologie), Carlos Villanueva
Ochoa (président de l’Association guatémaltèque de dermatologie), Anabella de Chang et
Manuel Antonio Samayoa (membres) intégrèrent le premier conseil de direction (1994-
1997). Juan José Mansilla (président), Carlos Villanueva Ochoa (secrétaire et trésorier),
Edgar Pérez, Salvador Porres, Anabella de Chang et Manuel Antonio Samayoa
(membres) en firent partie au cours des années 1997-1999.
Le comité réalise plusieurs activités : citons par exemple l’organisation d’un congrès
tous les deux ans, dont le premier eut lieu en juillet 1997 dans la ville de Guatemala sous
le nom de Dermatologie 97 30 .
Le 3 octobre 2004, à l’initiative du Dr Pablo Urquizu, eut lieu dans la ville de Guatemala
une journée « Détecter le cancer de la peau » ; au total, 2 800 consultations eurent
lieu dans plusieurs endroits de la capitale dans le cadre de cette journée, qui compta sur
la participation d’organismes du gouvernement — comme la municipalité de Guatemala
— et privés, ainsi que sur la collaboration des Drs Jorge Palmieri, Carlos David, Romeo
Moraga, Álvaro Castellanos, Eduardo Silva-Lizama, María del Socorro Obregón, Telma
Meda, Concha Marina de Méndez, Vilma García, Beatriz de Silva, Patricia Chang, Miguel
Eduardo Robles Soto, Carol Durán, Azucena Hernández, Gerardo Bran, Antonio Wong,
Marco Vinicio Solórzano, Neftalí Villanueva, Arturo García Valdez, Sergio Cobar, Edith
Tobías et Carlos Villanueva.

Enseignement de la dermatologie
Histoire de la dermatologie au Guatemala
■ Enseignement de la dermatologie
La formation médicale est divisée en deux parties : le cours théorique de dermatologie
et la pratique.
D’une part, le cours est destiné aux étudiants des facultés de médecine de l’université
de San Carlos de Guatemala et des universités privées Francisco Marroquín et Mariano
Gálvez. Les hôpitaux enseignants sont l’hôpital général San Juan de Dios, l’hôpital Roosevelt,
le Centre médical militaire, l’Institut guatémaltèque de la sécurité sociale et l’Institut
de dermatologie et chirurgie de la peau (INDERMA).
D’autre part, la pratique a lieu à l’Institut de dermatologie et chirurgie de la peau (IN-
DERMA) ; le cours de spécialisation a une durée de trois ans et le dermatologue est académiquement
formé aux maladies sexuellement transmissibles, à l’histopathologie, à
l’immunologie, à la mycologie, à la chirurgie, à la phlébologie, à la pédiatrie, aux tests
diagnostiques et thérapeutiques.
Les Drs Patricia Chang et María del Socorro Obregón enseignent tous les lundis à l’hôpital
général de l’Institut guatémaltèque de la sécurité sociale ; on y discute, en collaboration
avec le laboratoire de pathologie, de sujets dermatologiques, en mettant l’accent
sur l’histopathologie. Rolando Vásquez (dermatologue) et Víctor Fernández (pathologiste)
entreprirent cette activité en 1981.
Quant au Centre médical militaire, l’unité de dermatologie et le département de médecine
interne effectuent une fois par mois leur activité académique appelée « clinique
dermatologique ». Cette activité établit un programme annuel comportant des sujets sur
l’anatomie et la physiologie de la peau, la vénéréologie, les manifestations cutanées des
maladies systémiques, la dermatologie infectieuse (viroses, bactéries, micro-bactéries,
champignons), l’oncologie, les dermatoses réactionnelles et dermatoses bulleuses. Ces sujets
sont présentés par le résident en médecine interne et contrôlés par un dermatologue,
avec la participation des étudiants en médecine de l’université Mariano Gálvez, des résidents
en médecine interne, des médecins internistes et des spécialistes
en médecine interne. Une évaluation a lieu à la fin de chaque
module. Ces réunions sont une projection de l’unité de dermatologie
et complètent la formation du médecin interniste et de l’étudiant en
médecine. Depuis 2000, le bulletin Clínica Dermatológica, comportant
divers sujets et cas cliniques, est publié tous les six mois.
A) ENSEIGNEMENT AU SERVICE DERMATOLOGIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL
DE MALADIES IGSS
Faculté de médecine. Université de San Carlos de Guatemala
(figures 21-22)
Spécialisation en médecine interne :
1. Corrélation clinico-pathologique tous les mardis.
2. Cours de spécialisation en médecine interne deux fois par mois
(deuxième et quatrième mardi).
3. Supervision des cours de dermatologie donnés par les résidents en médecine
interne.
4. Révision de travaux des résidents en médecine interne à publier.
5. Étudiants sélectionnés en cinquième année de médecine (deux mois).
6. Présentation lors de chaque séance des cas intéressants du mois.
7. Élaboration de dix questions écrites mensuelles pour l’examen des résidents.
8. Présentation de cinq à dix photos cliniques mensuelles pour l’examen des résidents.
249
Figures 21, 22.
Université de San Carlos

Figures 23, 24.
Hôpital Belén
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
250
Unité de dermatologie 2004. Hôpital général de maladies IGSS.
Département de médecine
Unité d’urgences
Anatomie, physiologie, et manière d’examiner une maladie de peau.
Réactions cutanées aux médicaments: urticaire, érythème fixe
aux drogues, érythème multiforme, syndrome de Steven-Johnson,
syndrome de Lyell, réactions de photosensibilité.
Dermatoses réactionnelles: dermatite atopique des enfants et des
adultes (névrodermite), lichen simple chronique, lichen simple de
Vidal.
Dermatite de contact (comprend aussi la phototoxicité).
Dermatite microbienne ou nummulaire.
Dermatite séborrhéique, érythrodermie.
Unité de cardiologie
Maladies bulleuses: dermatite herpétiforme, dishydrose, herpès gestationis, pemphigus
et ses variétés, pemphigoïde et ses variétés.
Dyschromies ou altérations de la pigmentation: vitiligo, albinisme, dermatite solaire
hypochromatique, mélasme, dermatose cendrée, argyrie, lentigo des vieillards.
Acné, rosacée et réaction acnéiforme.
Unité d’oncologie
Tumeurs bénignes :
Fibromes : dur et mou.
Hémangiomes : taches rubis, hémangiome plan, hémangiomes capillaires immatures,
hémangiomes caverneux.
Tache mongoloïde, naevus bleu, naevus de Ota.
Nævus nevocellulaire: nævus de la jonction, composé, intradermique, géant congénital,
de Becker.
Kératose séborrhéique.
Tumeurs malignes :
Lésions précancereuses : kératoses actiniques, arsenicales, maladie de Bowen, leucoplasie,
corne cutanée, radiodermite, ulcères chroniques.
Cancer : basocellulaire, spinocellulaire, mélanome, maladie de Paget, sarcome de Kaposi,
dermatofibrosarcome.
Unité de neurologie
Phacomatose :
Maladie de Von Recklinghausen, E. Pringle, S. Sturge-Weber.
Maladies psychocutanées :
Excoriations névrotiques, prurigo nodulaire de Hyde, dermatite factice, phobies, délire
de parasites, trichotillomanie, prurit psychogène, alopecia areata, onychophagie.
Unité d’hématologie
Manifestations cutanées de leucémie et de lymphomes.
Dermatoses inflammatoires.
Psoriasis, parapsoriasis en plaques, prurigo solaire, pityriasis rosé de Gibert.
Unité de gastro-entérologie
Manifestations cutanées de la maladie hépatobiliaire, amyloïdose cutanée, porphyries.
Histiocytose.

Unité d’endocrinologie
Acanthosis nigricans, xanthomes, pellagre et manifestations cutanées dues au
diabète mellitus, goutte.
Unité de rhumatologie
LED, LES, LE subaigu, dermatomyosite, sclérodermie localisée et systémique.
Corticodermies.
Unité de maladies infectieuses
Infections bactériennes par staphylocoque et streptocoque : impétigo vulgaire,
ecthyma, érysipèle, folliculite, furonculose, granulome infectieux, hidrosadénites,
maladie de Ritter.
Autres infections bactériennes : érythrasma, kératolye plantaire, lèpre, tuberculose
cutanée, myco-bactéries atypiques.
Parasitoses cutanées: leishmaniose, onchocercose, larva migrans, gale, gale norvégienne,
amibiases cutanées.
Infections virales: infection par papillomavirus humain, herpes simple, zoster, molluscum
contagiosum.
Infection par champignons :
Mycoses superficielles : pityriasis versicolore, candidoses et teignes.
Mycoses profondes: actinomycoses, chromoblastomycoses, sporotrichoses, mycétomes.
Mycoses systémiques : coccidioïdomycoses, histoplasmoses, paracoccidioïdomycoses
et blastomycoses.
Mycoses opportunistes : candidoses, cryptococoses, zygomycoses et aspergilloses.
B) PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT. SPÉCIALISATION EN MÉDECINE INTERNE
Histoire de la dermatologie au Guatemala
Unité de dermatologie, Département de médecine interne. Centre médical militaire.
Faculté de médecine, université Mariano Gálvez
Sujets : 1. Anatomie, histologie et physiologie de la peau. 2. Sémiologie dermatologique.
3. Manifestations cutanées des maladies systémiques. 4. Maladies sexuellement
transmissibles. 5 Dermatologie infectieuse. 6. Oncologie dermatologique. 7. Dermatoses
érythémato-squameuses. 8. Dermatoses bulleuses. 9. Dermatoses réactionnelles. 10
Acné, dermatite séborrhéique.
Institut de Dermatologie et Chirurgie de la Peau (INDERMA)
■ Institut de dermatologie et chirurgie de la peau (INDERMA)
Peter Greenberg Cordero, Suzzette de León G.
Brève histoire de l’asile La Piedad à la nouvelle Guatemala de la
Asunción: l’hôpital national Ramiro Gálvez et ses directeurs
Le tremblement de terre de Santa Marta se produisit le 29 juillet 1773, détruisant la ville
de Santiago de los Caballeros et plusieurs villages voisins. L’action de l’archevêque
Dom Pedro Cortés y Larraz fut remarquable: il aida les malades convalescents des hôpitaux
(figures 23, 24, 25) et se préoccupa de l’état des lépreux isolés à l’hôpital de San Lázaro.
En 1875, Dom Rafael Angulo y Urruela établit un petit lazaret situé dans l’ancien couvent
de Santo Domingo, mais comme la lèpre était considérée à l’époque comme une maladie
très contagieuse, les voisins protestèrent et demandèrent au gouvernement que les
malades fussent transférés à un autre endroit. Le 23 décembre 1881, la direction
251
Figure 25.
Hôpital San Pedro

Figures 26, 27, 28.
Vues de l’hôpital
national Ramiro
Gálvez
Figure 29.
Dr Fernando
A. Cordero C.
E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
252
politique du département de Guatemala décida
que la zone appelée « Jocotales ou las
Piedrecitas », située à 7 kilomètres du centre-ville et d’une extension équivalente à
100 pâtés de maisons, était l’endroit adéquat pour construire un lazaret (il reçut le nom
de « Lazaret de las Piedrecitas » ou « Lazaret de Elefancíacos »). Rafael Angulo y Urruela
fonda et dirigea le premier ce lazaret ; il mena un important travail administratif,
finança les dépenses et édifia une petite chapelle.
Ce centre d’assistance atteignit son objectif même pendant des époques et des circonstances
difficiles, comme lors de sa destruction complète en 1917-1918. Il fut reconstruit
en 1920 par Rafael Mauricio et José Ruiz Angulo, qui dirigeaient l’hôpital général.
Tableau 4. Directeurs de l’hôpital national Ramiro Gálvez Asteguieta
Nom du directeur Date d’entrée en fonction
Dr José Manuel Valdés 26–9–1877
Dr. José Urrutia 23–2–1884
Dr Domingo Álvarez 30–4–1887
Dr Rafael Mauricio 14–12–1895
Dr Salvador Ortiz 23–11–1901
Dr Ramiro Gálvez 20–11–1925
Nom du directeur Date d’entrée en fonction
Dr Fernando A. Cordero C. 18–3–1941
Dr Mariano Castillo 29–5–1948
Dr Eduardo Silva Martínez 25–11–1955
Dr Carlos N. Cordero A. 12–12–1984
Dr Peter A. Greenberg Cordero 27–3–2003
Un accord gouvernemental du 8 novembre 1960 stipula la modification du nom de
l’institution asile La Piedad en hôpital national Ramiro Gálvez, en hommage au travail
effectué pendant plus de quinze ans par son défunt directeur, le Dr Ramiro Gálvez
Azteguieta (tableau 4) (figures 26, 27, 28).
En 1972, le président confia au Dr Fernando A. Cordero C. (figure 29)
la réorganisation de l’hôpital Ramiro Gálvez (léproserie) car celui-ci se
trouvait en piteux état et les malades y recevaient un très mauvais traitement.
Quatre-vingts malades étaient soignés à l’hôpital : quinze patients
mutilés par la lèpre, huit en bonne condition physique traités
comme des hanséniens ambulatoires, cinquante-deux malades chroniques
non lépreux souffrant de plusieurs douleurs ; en outre, il y avait
deux mendiants, un patient atteint de déficience mentale et deux alcooliques
qui aidaient à soigner les malades et demandaient l’aumône pour
financer leurs dépenses.
Le 9 mars 1973 naquit le Patronat d’action contre la lèpre, une association
laïque non lucrative, apolitique et de bienfaisance, qui avait pour but principal
de lutter contre la lèpre et les maladies dermatologiques aux alentours du
Guatemala.
En 1975, ce patronat créa au sein de l’INDERMA un cours de spécialisation destiné à
étudier et à diffuser la dermatologie. Le Dr Fernando A. Cordero C, qui fut fondateur et
directeur de plusieurs institutions liées à la léprologie parmi les jeunes médecins du Guatemala,
dirigea ce cours.

Les bases de cette activité académique furent programmées et accordées à l’aide de l’Académie
guatémaltèque de dermatologie, syphiligraphie et léprologie; l’assistance des étudiants
à l’institut de dermatologie et à son hôpital (le matin et pendant quatre heures par jour) pour
suivre le programme d’études préalablement conçu fut remarquée (figures 30, 31, 32).
Le programme de spécialisation Pr. Carlos N. Cordero A. permit à soixante-sept dermatologues,
dont vingt-sept étaient originaires d’Amérique centrale et d’Amérique du
Sud, de réussir leur spécialisation en dermatologie et chirurgie de la peau (tableau 5).
UNITÉ D’ENSEIGNEMENT (figures 33, 34, 35)
Notre vision: être à la première place au niveau national et international dans la formation
professionnelle.
Objectifs : encourager la recherche et l’actualisation des connaissances en dermatologie.
Contribuer au perfectionnement médical et scientifique du professionnel.
Spécialisation en dermatologie
1. Nom exact du diplôme : maîtrise.
2. Nom du directeur du programme: Dr Peter A. Greenberg Cordero, Dr Suzzette de León.
3. Ressources : Soin de plus de 50 000 patients ; hôpital à disposition pour hospitalisation
et consultation externe ; laboratoire multidisciplinaire comportant la dermato-pathologie
; solide formation dans le domaine médico-chirurgical en dermatologie.
4. Destinataires : médecins et chirurgiens nationaux et étrangers.
5. Pourquoi un élève doit-il choisir cette maîtrise et pas une autre? C´est la seule école
centre-américaine avec vingt-cinq ans d’expérience à former des spécialistes en dermatologie
; soin de plus de 50 000 patients par an ; hôpital disposant de cinquante lits ;
consultation externe à la capitale ; consultation externe à Zacapa (programme rural).
6. Programme académique : unités longitudinales (durée trois ans) ; unités transversales
(trois à quatre mois).
7. a) Durée de la maîtrise : trois ans, quinze unités longitudinales, douze unités transversales.
b) Organisation des cours. Examen mensuel des unités longitudinales à la fin
des unités transversales. Dix jours ouvrables de vacances par an.
La dermatologie dans la litterature. La dermatologie populaire, les guérisseurs, la magie
La dermatologie dans la littérature
Histoire de la dermatologie au Guatemala
■ La dermatologie dans la littérature. La dermatologie
populaire, les guérisseurs, la magie
Eduardo Silva-Lizama
LE LIT BRODÉ DE DOM MANUEL FERNÁNDEZ
Dom Juan Vásquez de Molina était un noble seigneur descendant des conquistadors et
un chirurgien habile. Sa célébrité remonte à la dernière décennie du XVI e siècle car son nom
253
Figures 30, 31, 32.
Institut de
dermatologie et
chirurgie de la
peau: vue frontale;
unité
d’informatique et
bibliothèque; unité
d’enseignement et
de spécialisation en
dermatologie

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
254
Tableau 5. Liste des spécialistes diplômés à l’INDERMA
Code Nom Année diplôme Nationalité
n1 Dr Carmen C. de Mansilla 1976 Guatémaltèque
n2 Dr Carlos N. Cordero A. Guatémaltèque
n3 Dr Guillermo Asencio 1977 Guatémaltèque
n4 Dr Miriam Quiñónez 1980 Guatémaltèque
n5 Dr Marco Tulio González Guatémaltèque
n6 Dr Efraín Pérez Alvisurez Guatémaltèque
n7 Dr Augusto E. Perera Costaricaine
n8 Dr Jorge Ramírez 1981 Guatémaltèque
n9 Dr Estela de Jeni 1982 Équatorienne
10 Dr Rolando Falla Sántizo 1983 Guatémaltèque
11 Dr Juan José Mansilla A. 1984 Guatémaltèque
12 Dr Edgar L. Pérez Ch. Guatémaltèque
13 Dr Narciso A. Vargas Nicaraguayenne
14 Dr Carlos Cruz Palacios Guatémaltèque
15 Dr José Guillermo Higueros 1985 Guatémaltèque
16 Dr Anabella Ch. de Chang 1987 Guatémaltèque
17 Dr César A. Navarro Guatémaltèque
18 Dr Pura A. Martínez 1989 Guatémaltèque
19 Dr Walter E. Morales F. 1990 Guatémaltèque
20 Dr Guillermo Letona Guatémaltèque
21 Dr Anabella Orellana 1991 Guatémaltèque
22 Dr Milagros Santos 1992 Guatémaltèque
23 Dr Gustavo A. Coronado Guatémaltèque
24 Dr Edgar E. Chen Lau 1993 Guatémaltèque
25 Dr Sol Beatriz Jiménez Colombienne
26 Dr Alejandro Enríquez Salvadorienne
27 Dr Edith Lorena Bay 1994 Guatémaltèque
28 Dr Edgardo Sandoval Salvadorienne
29 Dr Manuel F. García N. 1995 Guatémaltèque
30 Dr Claudia Cifuentes Hondurienne
31 Dr Fredy Barillas Guatémaltèque
32 Dr Byron Villagrán 1996 Guatémaltèque
33 Dr Wilmar Polo Vega Colombienne
34 Dr Telma Meda Álvarez Guatémaltèque
35 Dr María del Pilar Manrique 1997 Guatémaltèque
36 Dr Julitta Bradley 1997 Belize
37 Dr Ana Cristina Guzmán Colombienne
38 Dr Rita María Restrepo Colombienne
39 Dr Maritza de Kummerfedt 1998 Guatémaltèque
40 Dr Sonia Maritza Cardona Hondurienne
41 Dr Lubeth H. Hernández Guatémaltèque
42 Dr Raquel Meneses Colombienne
43 Dr Carmen Y. Choc M. 1999 Guatémaltèque
44 Dr Peter A. Greenberg Cordero Guatémaltèque
45 Dr Marleny O. Vargas T. Hondurienne
46 Dr Regina Echeverría 2000 Guatémaltèque
47 Dr Clara Lucía Espinal Colombienne
48 Dr Jorge L. Ortiz Guatémaltèque
49 Dr Leticia Ovando Z. Hondurienne
50 Dr Herman Schaffer 2001 Nicaraguayenne
51 Dr Eli Yolani Santos V. Hondurienne
52 Dr Juan Carlos Argüello Salvadorienne
53 Dr Juan José Rejopachí Guatémaltèque
54 Dr Elmer Saturnino Guatémaltèque
55 Dr Carla P. Aguilar 2002 Hondurienne
56 Dr Jeannie M. Sánchez Salvadorienne
57 Dr José Antonio Tabush Costaricaine
58 Dr Karla Santacruz 2003 Salvadorienne
59 Dr Carolina Rivas A. Hondurienne
60 Dr Edith Tobías Achtmann Guatémaltèque
61 Dr Claudia Lissette Guerrero 2004 Salvadorienne
62 Dr David E. Zepeda Salvadorienne
63 Dr Elizabeth Chu Chang Hondurienne
64 Dr Deify Rodríguez Guatémaltèque
65 Dr Carolina Durán Guatémaltèque
66 Dr Miriam Hernández Guatémaltèque

Histoire de la dermatologie au Guatemala
apparaît dans des documents de 1597. Nous nous référerons à l’un d’entre eux.
Dans son lit brodé, Dom Manuel Fernández se tordait, victime d’une intense colique
au bas-ventre. Vite notre médecin a recours aux médicaments carminatifs et aux topiques
adoucissants appliqués sur la peau abdominale endolorie. Le malheureux malade
n’est pas soulagé, et le sablier compte les heures qui lui restent. Vásquez de Molina comprend
la situation en tâtant le ventre, et il sent un apostème avec un abcès. En une seconde
il prépare ses instruments et ouvre la peau tuméfiée à l’aide d’une lame aiguisée,
ainsi que l’apostème qui gonflait le flanc droit. Des matières pestilentes sortent des entrailles
et l’apostème est évacué. Un soulagement rapide transforme le visage agonisant
du malade et une grande admiration se manifeste de la part de tous les assistants.
Avec une grande dextérité et de l’intuition, le chirurgien Vásquez de Molina sauva le
patient qui vécut pendant treize mois avec une fistule ne l’empêchant point de vivre activement
au quotidien. Pourquoi cette observation resta-t-elle dans les archives ? Don
Manuel Fernández mourut d’infections ultérieures de la fistule et sa famille refusa de
payer à Vásquez de Molina ses honoraires. Dom Juan demandait 500 pesos pour son intervention
urgente et les héritiers du défunt portugais ne voulaient rien payer, entraînant
un procès et une action en justice 31, 32, 33 .
SAINT FRÈRE PEDRO DE SAN JOSÉ DE BETHENCOURT
Les écrits sur la dermatologie sont rares dans la littérature guatémaltèque ; cependant,
nous ne pouvons pas passer sous silence la vie, les œuvres et les miracles du saint
frère Pedro de Bethencourt, qui éclaira de ses vertus la pauvreté scientifique de la médecine
guatémaltèque du XVII e siècle.
Il est impossible de ne pas voir cité le frère Pedro dans un livre sur l’histoire médicale
du Guatemala et sur l’histoire des maladies de la peau, car la médecine est une
science passionnée et un art caritatif, elle est profondément humaine et sociale, et la médecine
hospitalière ne finit pas avec le soin mais elle se prolonge avec la convalescence.
Les vertus du vénérable saint frère furent florissantes pendant quinze ans dans la
noble et très loyale ville de Santiago de los Caballeros de Guatemala ; il arriva des îles
Fortunées en y apportant la fortune d’un esprit héroïque et le printemps de cent miracles.
Son départ dépendit d’un dessein divin, et notre ville de Santiago lui apparut depuis
la mer telle une étoile qui guide et éclaire le chemin. L’étoile-guide l’amena dans la
Bethléem de ses rêves, pour y brûler la myrrhe de ses vertus et l’encens de son âme dévote
et humble. Roi mage de la pauvreté et du sacrifice, il arriva à « Goathemala » tel un
présent de Dieu. C’était en 1650 et Pedro s’approchait de la moitié de sa vie, lorsque dans
la douceur du soir il entendit la voix de saint Augustin lui dire: « Aime et fais ce que tu
veux. » Les petites fleurs et les agneaux étaient des dons vivants de l’humilité, et au loin
la mer offrait une leçon de constance et invitait les hommes aux dangers des longs
voyages. Pedro écouta la voix de la nature, qui était la voix de Dieu, et, acceptant les
conseils d’une tante qui habitait outre-mer, il entreprit son voyage vers les Indes. À l’île
de Cuba, fin heureuse de son voyage, il écouta le nom de Goathemala pour la première
fois, et dès qu’il l’eut entendu, il devina que cette ville serait la terre promise de ses
255
Figures 33, 34, 35.
Institut de
dermatologie et
chirurgie de la peau :
couloir du service
d’hospitalisation pour
hommes; unité
d’Informatique et
bibliothèque; service
de cabinets externes

E. SILVA-LIZAMA, P.H. URQUIZU, P. GREENBERG, S. DE LEÓN
256
vertus et de ses sacrifices. Ce nom signifia à l’instant même magie et secret, et sa décision
immédiate amena Pedro sur le chemin de la ville de Santiago de Goathemala, où il
entra le 18 février 1651, heureux et animé par la lumière des cieux. Ce jour fut heureux
et funeste à la fois. La terre trembla violemment au milieu d’une kyrielle de dégâts et de
châtiments, et tandis que les habitants revenaient apeurés et contrits, ils virent Pedro de
Bethencourt embrasser cette terre qui l’avait accueilli le jour même, entonnant les mots
prophétiques : « C’est là que je vivrai et mourrai. » Sur la terre trépidante s’éleva la douceur
d’une prière formée de vers emplis d’Amour et de Dieu, et la minute tragique devint
une heure spirituelle. L’étranger des îles Fortunées fut désormais le frère Pedro, qui,
au moment d’entrer dans la ville, portait dans ses mains immortelles un faisceau de miracles
et une cloche sonore les invitant tous à la perfection spirituelle. Les vigiles de
l’étude commencèrent à le tourmenter. La mémoire est dure et résistante. Toute la
constance et la patience de l’élève exemplaire sont inutiles. Les moqueries de ses camarades
de classe triomphent, et quand il décide de monter en chaire, sûr de ce qu’il apprit,
le silence scelle ses lèvres, tandis que la classe entière déchaîne injures et satires.
Pedro de Bethencourt subit la première épreuve et, lorsque la voix matérielle est muette,
une voix très pure parle à son âme et lui indique le miracle de son destin. Le professeur
ne comprend pas, l’école ne sait rien, mais Pedro, illuminé par une lumière céleste, est
déjà « professeur de renom dans les universités des vertus », maître inimitable à l’école
de la charité, élève de l’une des disciplines matérielles et spirituelles les plus sévères, bachelier
nemine discrepante dans les sciences difficiles de l’humilité et de la pauvreté, génial
docteur de la rare et très spéciale science de l’amour envers autrui. Pedro de
Bethencourt quitta le costume sombre d’étudiant et revêtit la tunique bénie de tertiaire,
dont lui fit don le pieux Esteban de Salazar, une journée inoubliable de 1655. Portant
déjà l’habit de troisième, Pedro débuta sa vie merveilleuse et exemplaire. De son vêtement
grossier saillaient des fils d’or, et les roses poussaient là où il marchait. Sur sa tête
découverte le ciel écrivait son meilleur poème ; mille pardons et d’innombrables indulgences
glissaient des grains de son grossier chapelet. La main gauche était un verre de
consolation et une caresse toute-puissante, et de sa main droite pendait la clochette immortelle,
dont les touches argentées annonçaient le ciel pour les hommes pacifiques et
bons et le salut pour tous ceux qui chercheraient les chemins du repentir. Lorsque la pénombre
estompe les contours dans la ville aux roses perpétuelles, on entend quotidiennement
la voix du saint frère Pedro qui dit à tous : « Rappelez-vous, mes frères, que nous
n’avons qu’une âme, et que si nous la perdons, nous ne la récupérerons pas. » Pedro de
Bethencourt commença déjà ses miracles, et le printemps éternel couvrit la très noble et
loyale ville de Santiago de los Caballeros de Goathemala, et toute la vallée devint une roseraie
d’amour. Dans l’échelle des vertus, le saint frère Pedro fit son premier pas en imitant
le Christ et, suivant les enseignements de François d’Assise, il dit avec eux: « Laissez
approcher les enfants. » Un matin il parcourut vingt-sept églises accompagné du pauvre
invalide Marquitos et, arrivé finalement à l’église de Santa Cruz, il contempla l’endroit
qu’occuperaient désormais l’hôpital, l’église et l’école. Dans une petite maison pauvre
entourée de grandes orties et placée à mi-chemin entre le calvaire et l’église de Santa
Cruz, frère Pedro réunit les enfants nécessiteux qui avaient besoin de consolation et
d’enseignement chrétien. La beauté de ses leçons et la tendresse avec laquelle il traitait
ces enfants se propagèrent au-delà du voisinage, et c’est ainsi qu’affluaient des endroits
plus lointains des milliers d’enfants attirés par l’amour du disciple du Christ, du frère
François d’Assise. L’humble petite maison devint école et se réjouit des rires enfantins.
Une vieille malade appelée María Esquivel l’habitait, « vénérable par la vertu, exemplaire
par la pénitence, prodigieuse par la souffrance ». La longue et pénible maladie
avait atteint tout son corps et tout mouvement était un martyre. Une fois l’enseignement
fini, le frère Pedro venait la consoler de sa conversation très pieuse, et il léchait soigneusement
ses plaies pour en enlever toute la pourriture et ne pas lui faire mal en les

Histoire de la dermatologie au Guatemala
soignant. Il répéta plusieurs fois cet acte héroïque dans les hôpitaux où il se rendait quotidiennement.
Il y avait à l’hôpital de San Alejo un Indien dont la jambe était pourrie, et
le chirurgien qui le soignait, de peur de le toucher, demanda à ce qu’on apporte un petit
chien pour nettoyer la plaie pestilente. Le frère Pedro était présent et, écoutant le chirurgien,
il se mit à genoux et commença à lécher la pourriture, laissant la jambe malade
propre et décharnée. Lors de ses visites quotidiennes à l’hôpital Real de Santiago, il répétait
souvent cette guérison héroïque, acte que Don Melchor de Mencos et Dom Joseph
de Estrada se plaisaient à raconter avec stupéfaction. Une atmosphère de miracle auréola
Pedro de Bethencourt pendant les quinze années qu’il vécut à Goathemala, et personne
ne mit en doute sa sainteté. Le 25 avril 1667, à deux heures de l’après-midi, le
frère Pedro mourut à l’âge de 48 ans pour les misères de la terre et naquit pour la gloire
éternelle de Dieu.
En 2002, Sa Sainteté Jean-Paul II visita le Guatemala à l’occasion de la canonisation
du saint frère Pedro de Bethencourt, actuellement vénéré sur les autels des églises guatémaltèques
31, 32, 33 .
LA CURIEUSE MALADIE DU MINISTRE DOYEN
La maladie chirurgicale dont souffrit le ministre Dom Tomás de Arana, un homme
couvert de plusieurs titres et de bontés, constitua un fait très intéressant de la médecine
coloniale de la première moitié du XVIII e siècle. La maladie dura longtemps, entre 1729
et 1744. Il fut soumis durant cette période aux soins les plus divers et tous les bacheliers
en médecine participèrent aux traitements. Comme il s’agissait d’un homme aimé et respecté,
les rapports abondèrent, nous permettant de connaître plusieurs détails sur les
connaissances, les diagnostics, les pronostics et les soins thérapeutiques de nos médecins
coloniaux.
Dom Tomás de Arana conquit le peuple grâce à son attitude bonne et consolatrice lors
des tremblements de terre de 1717.
Dom Cristóbal de Hincapié vanta dans ses vers la conduite altruiste du ministre, qui
visitait chaque jour les foyers détruits et accomplissait toutes sortes de charités.
En 1729, le ministre commença à souffrir d’un grave mal de bouche, modifiant complètement
sa vie et son caractère. L’homme affable, à l’esprit ouvert et généreux, fut
transformé ; plusieurs formes d’aigreur et de susceptibilité dérivèrent de la maladie douloureuse
et maligne.
La paix intérieure du ministre était malheureusement brisée ; les fistules buccales lui
faisaient plus mal que toutes les querelles des affaires publiques.
Dom Manuel de Arteaga y Carranza, protochirurgien des hôpitaux et disséqueur à la
Real Université de San Carlos, était alors le chirurgien le plus notable de la ville de
Santiago; en conséquence, il fut le premier à intervenir auprès du ministre doyen.
L’observation minutieuse de la maladie apparaît dans un rapport que ce chirurgien
destina à l’audience royale :
Depuis 1729, je soignais le ministre D. Tomás Ignacio de Arana d’un lupus chancreux
de la lèvre inférieure de la bouche, du côté gauche, avec une grave douleur et érysipèle
sur toute la circonférence. Je ne pus éviter l’ulcération et aucun médicament ne
permit de le guérir. C’est pourquoi le Dr José Medina fut appelé : il prescrivit des
purges et des saignées qui ne l’améliorèrent point. Les soins durèrent jusqu’en 1732,
année pendant laquelle il contracta un tabardillo qui faillit le tuer, et duquel le guérit
le Dr Medina. Les évacuations et la grande chaleur des fièvres disséquèrent l’ulcère
de la bouche et il resta à sa merci souffrant d’autres maladies guéries par le Dr
Ávalos y Porres. Ce fut ainsi jusqu’en 1738. Vers la fin de cette année, il souffrit d’une
distillation rhumatisante qui formait plusieurs petites tumeurs cirrhosées et dégénérèrent
en ulcères si malins qu’ils le mortifièrent beaucoup : l’un lui perfora la lèvre
257

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inférieure de l’extérieur vers l’intérieur et s’étendit aux molaires, détruisant une partie
de la mandibule, au niveau de la dent de sagesse ; le masséter s’enflamma ensuite
et il ne pouvait plus ouvrir la bouche. Lorsque celle-ci commença à cicatriser,
d’autres petites tumeurs s’ulcérèrent atteignant l’oreille et l’œil situés du même côté.
Les traitements ne servirent à rien ; le Dr Santiago Estebanson vint alors lui prescrire
du mercure, décuplant tellement le mal qu’il fut sur le point de mourir, ce qui n’advint
pas par l’œuvre miraculeuse de Notre Seigneur des Douleurs de la Colline. Il ne
guérit pas entièrement et les foyers ulcéreux se multiplièrent par la suite. Cinq ulcères
très enflammés avec des érysipèles, semblables à ceux du visage apparurent
alors sur le bras droit. Les maîtres Justo González et Pedro Zúñiga vinrent tous les
jours, et le cas fut si grave que les tumeurs s’enflammèrent considérablement le jour
où il assista à une séance à la chapelle royale. La tumeur majeure peut devenir si
grande qu’elle lui détruira le visage. L’ulcère des Noli Me Tángere est incurable
(26 juin 1744).
Dom Manuel de Ávalos y Porres fit également un compte rendu de la maladie du ministre,
diagnostiquant une tumeur chancreuse de la joue, ulcérée à l’intérieur et à l’extérieur.
Il diagnostiqua d’autres maladies comme des hémorragies, des affections
asthmatiques et des coliques. La tumeur est incurable, ajouta le rapport, et seuls les
bains fréquents, la diététique et le repos pourront l’améliorer. On pense qu’une tumeur
maligne, un lupus ou l’osteomyelitis pouvaient être à l’origine de cette souffrance.
Le ministre doyen Dom Tomás de Arana, résigné à ne pas guérir physiquement, voulut
guérir son âme et demanda au capitaine général Rivera y Santa Cruz la permission
de se retirer au couvent de San Francisco, où il voulait finir ses jours. Il purifia son âme
dans une cellule, tandis que les ulcères malins « s’amusaient à se loger dans de nouveaux
endroits du corps ».
Ainsi mourut le ministre Dom Tomás de Arana, un homme respectable, digne et charitable,
aimé de tous 28, 29, 30 .
LE LAID DR DESPLANQUEZ
Don Francisco Desplanquez avait 32 ans ; il était diplômé de la faculté de médecine
de Montpellier et possédait un corps désagréable si l’on en juge les descriptions faites de
lui au Real Protomedicato de Mexico. Natif de la Normandie, cet homme très petit, blond
aux yeux bleus, avait le visage « caressé par la variole » et orné de trois grains de beauté
en forme de triangle, du côté gauche, et trois en ligne droite, du côté droit. Doté de ces
belles qualités faciales, il fuit sa patrie en pleine jeunesse et parcourut les Antilles, le
Mexique, le Guatemala et Sonsonate. Cette ville fut la fin de son voyage terrestre.
Desplanquez passa une nuit à Guatemala, poursuivant ensuite son voyage vers Sonsonate,
où il arriva un matin de juin 1768. Comme c’était un dimanche, le peuple est en joie sur la
Plaza Mayor. Desplanquez dessinait très bien, et il fit un brouillon de la place et de l’église.
Dom Ildefonso Ignacio de Domezin, maire de Sonsonate, le vit en train de dessiner: les gens,
curieux, intrigués par le physique horrible de l’étranger, portaient des jugements hâtifs et suspects,
et une vague d’indignation se leva bientôt contre l’innocent médecin en voyage. En
moins d’une heure, Desplanquez fut dépouillé de ses papiers, terriblement maltraité et enchaîné.
Ses papiers et ses lettres, écrits en langue étrangère, furent immédiatement étudiés
et nul ne douta que cet étranger « marqué par la variole » puisse être un espion anglais payé
pour dresser des cartes de la côte. Le dessin de la place était un brouillon pour dresser une
fortification. Ce cas étant très grave, la peine de mort serait peut-être nécessaire; en tout cas,
le maire de Sonsonate ne pouvant pas le juger, il était nécessaire de transférer l’inculpé au
Guatemala, où il pourrait être condamné.
Les protestations de Desplanquez furent inutiles ; il jurait être français et assurait que
ses papiers étaient des récits de voyages. À Sonsonete, personne ne connaissait les

Histoire de la dermatologie au Guatemala
langues étrangères. Par conséquent, il devait obligatoirement retourner au Guatemala et
abandonner l’idée de partir à bord d’une frégate pour le Pérou. Adieu aux rêves de richesse
et aux désirs de pèlerin, songeait Dom Francisco Desplanquez, au moment où il
prit humblement le chemin du retour, dûment gardé.
Le 5 septembre 1768, Dom Pedro Salazar Natera y Mendoza, capitaine général du
Guatemala ordonna la capture du suspect Desplanquez et de son compagnon, le chirurgien
Thomas. Le maire Felipe Rubio Morales exécuta l’ordre, emprisonnant les inculpés
accompagnés de huit dragons et placés à l’endroit le plus sûr de la prison appelé chapelle.
Le maire Rubio Morales, l’administrateur de la poste, Joseph de Garayales, et
toutes les autorités jugèrent les papiers innocents de Desplanquez hermétiques et suspects.
Les fantômes des corsaires anglais et l’intrusion d’espions pesaient dans l’accusation
du médecin français. Les traductions et les interrogatoires étaient urgents. Les
autorités simples et inoccupées virent dans ce voyage un redoutable plan d’invasion, souhaitant
trouver dans ces papiers mystérieux toutes les clés de plans stupéfiants. La déception
fut grande quand ils apprirent le contenu des papiers. Comme personne ne
connaissait la langue française dans la ville, Desplanquez dut lui-même les traduire, sous
serment.
Les papiers mystérieux (actuellement conservés dans les archives du gouvernement)
comportaient divers sujets. L’un traitait avec précision de la géographie et de l’histoire
du Pérou ; ces descriptions, retranscrites à partir d’un carnet de voyages, étaient très
utiles au Dr Desplanquez qui partait dans ce pays pour y faire fortune. Un autre contenait
une description du diamant et d’autres pierres précieuses, étude suivie d’une curieuse
technique pour blanchir les culottes en soie. D’autres papiers évoquaient des
animaux et des plantes en lien avec la thérapeutique. Il y racontait des soins tels que l’infaillible
remède contre la rage qui consistait à prendre quelques grammes de fumier
d’oie dans du vin blanc. Suivait une liste complète de remèdes : le jus de chiridono permettait
d’extraire les dents sans douleur, en une fois ; le tlanchinoli soignait le mal vénérien
en peu de jours et privait de raison les malades durant vingt-quatre heures. Le
jagua rendait le visage si noir qu’il était possible de prendre les Blancs pour des Noirs.
Ces remèdes magnifiques et efficaces faisaient le succès du médecin Desplanquez, qui
dut malheureusement laisser au tribunal les recettes infaillibles.
Le château imaginaire s’écroula, car les autorités honteuses durent présenter leurs
excuses à l’innocent Desplanquez. En décembre 1768, le juré dénommé Romaña ordonna
la libération du médecin français, à qui il fut néanmoins interdit de s’enfoncer
dans les provinces ou d’errer en Amérique. Une fois libre et désemparé, Desplanquez
participa à la lutte contre les épidémies en prescrivant de bonnes recettes contre la rougeole
de 1769 et contre le typhus de 1774. Lors du transfert de la ville vers la vallée de
la Ermita, notre médecin au visage horrible vécut quelques années à Nueva Guatemala,
d’où il disparut sans laisser de traces. C’est ainsi que s’achève l’histoire du médecin Desplanquez,
célibataire au visage répugnant, qui trouva la fortune et le profit dans la ville
qui l’avait condamné à une prison redoutable 29 .
LE SCANDALE DU DR IMERY
En 1795, le Dr Marcos Imeria ou Imery, médecin irlandais, fut mis en prison pour
« fautes graves ». Marcos Imeria habitait à San Miguel, et y fut emprisonné par ordre du
capitaine général Domás y Valle. Le maire du village respecta tout de suite l’ordre et incrimina
le professeur de médecine Imery, qui déclara être catholique, originaire d’Irlande,
et ignorer complètement les causes de son emprisonnement. Il sut qu’il avait été
victime de calomnie, d’infidélité inventée par un de ses clients, ce qui était très fréquent
dans la profession.
Il était très malade et ne pouvait pas abandonner ses clients ; la liberté sous caution
ou l’assignation à résidence étant donc nécessaires.
259

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Le maire Becerril sollicita un rapport médical, préparé par le médecin Juan Santos
Antequera, qui reconnut la maladie d’Imery. En mai 1796, Imery fut transféré chez lui.
La nouvelle de son emprisonnement se répandit rapidement dans toute la province : elle
fut accueillie avec un mécontentement général car tout le peuple bénéficiait de ses services
médicaux et encourrait la mort si le secours de l’éminent professeur irlandais venait
à faire défaut. La municipalité reprocha vigoureusement l’emprisonnement d’Imery et
demanda qu’il ne fût pas envoyé au Guatemala ; sa présence était indispensable dans une
ville où personne n’exerçait l’humble métier de saigneur. Le prêtre García Ramos s’unit
aux protestations et annonça qu’il suivrait Imery n’importe où, car il souffrait d’une
grave affection considérablement améliorée grâce aux remarquables soins du médecin.
La municipalité considéra le cas extrêmement grave pour la santé publique. Toute la
province de San Miguel était infestée du mal vénérien, qui évoluait vers des formes malignes
à cause du climat. Le mal fut si grave qu’on ne voyait que des « hommes à plaies »
dans les rues. La maison du médecin Imery était un véritable hôpital de vénériens. Le
malheur et la mort se rueraient sur le peuple si on le laissait sans assistance médicale.
La peste luétique avantagea Dom Marcos Imery, dans tous les sens : elle lui procura liberté
et grands bénéfices. Les voisins souffrant de plaies eurent plus d’influence que la
justice accusatrice ; les rapports erronés du voisin Lorenzo Moreno adressés à Domás y
Valle ne servirent à rien. Ce voisin rendait compte dans une note accusatrice des fautes
d’Imery, un empiriste sans conscience, qui ne guérissait personne et exploitait tout le
monde. Malgré tout, le chirurgien et médecin irlandais Marcos Imery continua de soigner
les syphilitiques. Le gouvernement du Guatemala oublia toutes les circonstances du procès.
Imery, riche, estimé, libre de la syphilis, entreprit alors son voyage à León dans l’espoir
d’y trouver une nouvelle clientèle, de nouvelles lues (autre dénomination de la
syphilis) et de nouvelles monnaies 29, 30 .
La dermatologie populaire
MÉDICAMENTS À EMPLOI LOCAL
Le très ancien « onguent du soldat » également connu comme « onguent napolitain »,
à base de mercure simple (1 once), de graisse de porc (15 onces) et de noir de fumée pour
colorer, était prescrit pour le traitement local de la syphilis ou mal gaulois. L’« huile grise »
à base de mercure purifié (40 g), de graisse de laine (26 g) et d’huile de vaseline (60 g)
à usage intramusculaire — formule qui fut plus tard remplacée par le biyodure de mercure
à 1 % administré par voie orale —, la « solution de Van Swieten » ou les pilules de
Ricord étaient des médicaments antiluétiques.
Des pommades antiseptiques étaient employées contre la pyodermite :
- la « pommade jaune », à base d’oxyde jaune de mercure (2 g), d’oxyde de zinc (5 g),
de résorcine et d’acide salicylique (5 g), de baume du Pérou (6 g) et de beurre (35 g),
- la « pommade de Reclus » avec de l’acide phénique et salicylique (1 g), de la résorcine
(2 g), du camphre pilé et de l’antipirine (5 g), du baume du Pérou (6 g) et de la vaseline
de Chesebrough (81 g),
- la « pommade de Whitfield », préparée avec de l’acide salicylique (2 g), de l’acide
benzoïque (4 g) et du beurre (24 g), formule également employée pour les mycoses superficielles.
La pommade à précipité blanc, composée de protochlorure de mercure, et la « pommade
de régent », avec de l’oxyde rouge de mercure, de l’acétate de plomb (10 g) et de
la graisse de porc (120 g), étaient également employées pour le traitement de la gale et
d’autres parasitoses.
La « pommade rouge », vulgairement appelée colorada, fabriquée avec du tartare
émétique (3 g), de l’oxyde rouge de mercure (1 g) et du beurre (30 g), fut employée pour
traiter l’oreille du chiclero ou leishmaniose américaine avec des résultats probants.

La « pommade Chaulmoogra », conçue avec de l’huile de chaulmoogra (85 g), du
soufre lavé (5 g), du camphre (5 g) et du brai de Norvège (5 g), était utilisée pour le traitement
de la lèpre et comme antiprurigineux ; plus tard, une nouvelle formule de cette
pommade contenant du menthol (1 g), du camphre et de l’hydrate de chloral (5 g), de la
lanoline (35 g), de l’huile de coco (50 g), un excipient ayant subi des modifications favorables
au cours des années, servit d’antiprurigineux.
Les bains d’immersion, les eaux, les solutions et les compresses humides, les savons,
les emplâtres et les crèmes étaient les traitements relativement inoffensifs les plus employés.
Les plus populaires au cours des diverses époques étaient : les solutions ou eaux
de fleurs de tilleul, de camomille, de feuilles de palo jiote, de pito et de chipilin, pour traiter
les eczémas ; de calaguala pour guérir le psoriasis et la syphilis ; de comméline pour
les morsures de serpent et les blessures provoquées par des flèches ou des épées ; la cuisson
de l’herbe cancer, pour le suintement ; le jus du fruit de l’anone tout seul ou mélangé
à de la banane, pour traiter la blennorragie ; du vinaigre clair, du camphre et de l’eau de
laurier cerisier (10 g) plus de l’huile d’olive (50 g) comme antiprurigineux ; l’eau d’Alibour,
avec du sulfate de cuivre et de zinc dans 300 ml d’eau de camphre pour son action
antiseptique et microbicide ; la liqueur de labarraque avec de l’hypochlorite de soude ;
l’eau blanche avec du subacétate de plomb ; et l’eau de cuisson de la quinquina, connue
aussi comme solution astringente ; le « baume du commandeur » comme cicatrisant des
blessures de guerre; le baume du Pérou en onguent, pour décongestionner, et le « baume
tranquille » comme calmant et émollient. L’emplâtre de moutarde noire de Zacapa, toute
seule ou mélangée à du poivre rouge de Palín, était d’un usage populaire pour son action
thérapeutique rubéfiante et excitante.
Avec le temps, ces médicaments furent progressivement remplacés par d’autres produits
moins agressifs et présentant des réactions collatérales rares: la solution citophylique et cicatrisante,
constituée de chlorure de magnésium sec (12, 10 g), de chlorure de magnésium
cristallisé (25, 85 g) dans 1000 cm 3 d’eau ou d’« eau ictiolée » à 10 %, qui possède des propriétés
décongestives dans le traitement des dermatites schématisées et de la lymphangite;
les « solutions de Dakin » avec du carbonate de sodium (15 g), une solution alcaline d’hypochlorite
de sodium (750 cm 3 ) et de l’eau distillée (csp 1000 cm 3 ); la « solution de Burrows
», avec de la pierre d’alun de 1 g, du subacétate de plomb (5 g) et de l’eau (100 cm 3 ),
ainsi que la solution de nitrate d’argent à 1 au 10 % ou de Colargol (argent colloïdal) à 10 %;
certaines solutions s’emploient toujours. Le glycérolé d’amidon, seul ou comme excipient
pour d’autres médicaments, comme le glycérolé tartrique ou « cadique », de l’huile de genévrier
(15 g), de l’extrait de Panamá csp. glycérolé d’amidon (85 g) et essence de clous csp.
prescrite pour traiter le psoriasis; le glycérolé de stéarates ou diadermie pour la xérose disséminée
des vieillards ou pour les blessures atoniques; la « poudre grasse » avec du talc
(80 g), du stéarate de magnésie et de l’huile de coco (10 g); la pommade de Colargol à 10 %
et l’huile sans aldéhydes à 15 % comme cicatrisant. La « pommade savonneuse », fabriquée
avec du savon amygdalin et de la graisse de porc (110 g), du soufre sublimée (4 g), de l’acide
salicylique (1 g), de l’huile d’amandes (20 g) et de l’essence de géranium (4 gouttes), était
employée pour ses propriétés kératolitiques et antiseptiques.
Dans les cas de dermatomycoses, on conseillait la teinture d’iode pure ou mélangée
avec de l’acétone à 2 %, du chloroforme à 6 %, du thymol camphré à 5 % ou avec du
gaïacol cristallisé (50 g), dans de l’huile d’olive et du beurre (25 g) 32, 33 .
La magie en dermatologie. Les guérisseurs
Histoire de la dermatologie au Guatemala
Un chamán est le sorcier des sorciers. Il travaille les sept puissances qui vont de la
magie blanche à la magie noire. La magie noire s’exerce sur une personne qui a été blessée
et que les médecins ne peuvent plus rien faire pour elle. Le chaman est le dernier recours.
Les cérémonies ont lieu la nuit dans des cimetières, des grottes ou sous des ponts,
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là où, selon les chamans, il est habituel de voir la mort et Satan. L’existence de chamans,
de sorciers, de zajorines et de guérisseurs fait partie de l’histoire et de la culture du Guatemala.
Certains pensent que ces personnages ne sont que des charlatans qui profitent
des crédules, tandis que d’autres croient qu’ils représentent une chance de trouver une
solution à leurs problèmes quotidiens. Les religieux sont les plus radicaux : ils condamnent
ces pratiques qu’ils considèrent sataniques. Les sorciers ou chamans sont sept au
total, répartis dans tout le pays à Samayac, San Lucas Toliman, Zunil, Quetzaltenango,
San Jorge, La Laguna et San Andrés Itzapa.
Il était possible d’affronter la maladie de diverses manières. Voici les particularités
des principaux acteurs :
• Naturopathes. Appelés N.D., ils possèdent un niveau intermédiaire, technique ou
supérieur, trois années d’études systématisées ou plus.
• Allopathes empiriques. Ayant fait des études académiques systématisées mais
n’ayant pas obtenu un diplôme.
• Naturalistes. Sans niveau académique, avec un degré d’études primaires.
• Guérisseurs de famille. Parfois sans niveau de scolarité ; apprentissage obtenu simplement
par communication traditionnelle.
• Guérisseurs ambulants sporadiques, avec ou sans études. Ils vont et ils viennent
dans les rues, les parcs et les autobus, annonçant des miracles et des onguents magiques.
• Médecins traditionnels communautaires. Médiums, sorciers, chamans, sans niveau
académique. Leur formation est le résultat d’une transmission orale. Malgré le
grand nombre de charlatans, il existe des personnages dont les aptitudes sont exceptionnelles.
• Autopopulation. Études variables avec formes d’automédication multiples.
Les « actions occultes » sont variées et dépendent de la demande du patient. Premièrement,
il faut choisir l’endroit où la cérémonie aura lieu ; on cherche ensuite les instruments
utilisés pendant le rituel : des herbes, des chandelles, de l’encens ou des animaux
(crapauds, couleuvres, poules et chats).
Si une personne fait par exemple du mal à quelqu’un par une action occulte, il faut
alors trouver dans la boule de cristal ou dans les cartes de tarot ce qui fut entrepris afin
de pouvoir accomplir un travail supérieur et parvenir à la guérison. Si le mal fut commis
avec un crapaud, il faut se servir d’un animal supérieur, comme le serpent, car celui-ci
mange le crapaud. Selon le chaman, les crapauds servent à guérir ou à faire du mal. On
raconte que plusieurs personnes dont le visage, les paupières et la bouche gonflaient,
souffraient d’une action occulte commise avec un crapaud. On coud pour cela à l’aide
d’un fil certaines parties de l’animal, comme la bouche, les mains, le foie ou les pattes ;
on appelle cela amarres. Chaque animal a une fonction spécifique, et il faut d’abord demander
la permission à son esprit pour les utiliser.
Le chaman, ou sorcier, est très respecté dans les communautés indigènes car on
considère qu’il a le pouvoir non seulement de guérir les maladies mais aussi de les provoquer
; on appelle cela vulgairement ensorceler, chimancar ou faire du mal. Lorsqu’une
personne est malade, on appelle le chaman pour qu’il examine un patient et pratique la
première opération, appelée copaleada. La copaleada se développe comme suit : le chaman
jette dans un pot un peu de capatl (gomme-résine extraite d’un arbre, de couleur
noire et à l’odeur agréable) ; il choisit au préalable le paon le plus gros qui appartient au
malade et lui perce ensuite une veine située sous les ailes ; il recueille le sang et le verse
dans le pot, en le mélangeant au capatl; lorsque celui-ci est bien mélangé au sang, le
chaman le jette au feu, ce qui provoque une colonne de fumée s’élevant jusqu’au plafond
de l’habitation, avec une grande régularité, et produisant un remarquable effet visuel.
Selon les croyances, cette colonne de fumée est une forme de correspondance privée
entre le chaman et le ciel : elle atteint le ciel pour demander à Dieu de rendre la santé
au malade. Mais comme saint Pierre n’a pas le temps de s’en occuper, voyons comment

le chaman prépare sa réponse, et comment il trompe sa clientèle. Une fois le capatl
consumé, le chaman se retire sur la colline pour attendre la réponse ; c’est là qu’a lieu
la deuxième opération, celle des pilolles. Il s’agit de petits fruits qui tombent de certains
arbres au début de l’hiver, et dont la forme ressemble à celle des haricots noirs
mais aplatie aux extrémités et d’une très belle couleur rouge. Une fois sur la colline, il
étend un morceau de toile ou de tissu par terre, retire plusieurs poignées de pilolles
d’une casserole, en les espaçant à intervalles réguliers, et se met à les compter : si le
résultat est impair dans toutes les poignées, ou bien dans la plupart d’entre elles, le
malade meurt ; par contre, si le résultat est un nombre pair, le malade guérit 29, 30, 31 . ■
Remerciements
Histoire de la dermatologie au Guatemala
Septembre 2005
M. Enrique Matheu Recinos, vice-ministre de la Culture du gouvernement de la République
du Guatemala.
M. Fernando Moscoso, directeur du musée national d’archéologie et d’ethnologie du
Guatemala.
M. Rodolfo Yaquian, restaurateur de biens immobiliers au musée national d’archéologie
et d’ethnologie du Guatemala.
Dr Jorge Prado, ville de Guatemala.
■ Références
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Medicina en Guatemala.
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médicas en Guatemala, origen
y evolución. Guatemala:
Editorial Universitaria; 1941.
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Guatemala. Reseña histórica.
Guatemala: Tipografía
Nacional; 1915.
31. Bernhard C. Apuntes para la
historia del Hospital Militar
Central en su centenario
1880-1980. Guatemala:
Editorial de la Escuela del
Ejército. 1980 : 1-138.
32. Cordero F.A. Manual de
Dermatología. Guatemala:
Unión Tipográfica; 1961.
33. Cordero F., Mansilla C. La
Dermatología en Guatemala.
Guatemala: Editorial Cultural
Centroamericana; 1980.

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
AU MEXIQUE
Le Mexique occupe la partie centrale
du continent américain ; du point de vue
géographique, le pays fait partie de
l’Amérique du Nord, et du point de vue
historique et social, il appartient à l’Amérique
latine. La civilisation mésoaméricaine
surgit et se développa sur le
territoire actuel du Mexique. À leur arrivée
au début du XVI e siècle, les Espagnols
furent surpris par la présence de peuples
indigènes qui possédaient une civilisation
forte, une structure politico-sociale bien définie et un patrimoine important de connaissances
en différents domaines, y compris la médecine (figure 1).
Époque préhispanique ou précolombienne
Médecine
GILBERTO ADAME MIRANDA, MARÍA ISABEL ARIAS GÓMEZ,
ROBERTO ARENAS, PABLO CAMPOS MACÍAS, LEÓN NEUMANN SCHEFFER,
YOLANDA ORTIZ, RAMÓN RUIZ MALDONADO, AMADO SAÚL
■ Époque préhispanique ou précolombienne
Comme pour tous les peuples primitifs, la médecine indigène se confondait avec la
magie et la connaissance avec la superstition. Le prêtre et le sorcier étaient les seuls à
lutter contre la maladie, le premier calmant la colère des dieux et le deuxième conjurant
l’action des astres et des esprits malins 1 . Les peuples mésoaméricains avaient appris à
différencier les maladies, les identifiant par des noms spécifiques, et ils connaissaient différentes
procédures thérapeutiques. La botanique était un domaine très développé ;
l’herboristerie apporta énormément à la médecine européenne (figure 2). Ignacio Chávez
signale : « Jamais la pharmacologie ne bénéficia — ni ne bénéficiera à l’avenir —
d’une contribution aussi grande, aussi riche et aussi irremplaçable que celle de la flore
265
Figure 1.
Médecin indigène
pratiquant
l’herboristerie.
Mural de l’Institut
national de
cardiologie

Figure 2.
Application de
plantes
médicinales au
moyen de
lavements
Figure 3.
Codex
Magliabechiano.
Ingestion de
champignons
enthéogènes.
Derrière l’indigène
qui les ingère
apparaît le dieu
Mictlantecuhtli
ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
266
américaine à la médecine européenne du XVI e siècle. Il faudrait
découvrir un nouveau monde pour que le monde actuel
puisse recevoir un apport aussi grand qu’à cette
époque 1 .»
Dans la pratique médicale, certains personnages étaient
des spécialistes en saignées ; d’autres s’occupaient des interventions
chirurgicales, comme recoudre des blessures,
drainer des abcès, réduire des luxations, se servir de coapteurs
pour soigner des fractures, élaborer des férules et
des bandages, effectuer des trépanations crâniennes ; ces
procédures étaient fréquemment réalisées sous l’action de
drogues hallucinogènes (figure 3), bien identifiées par les
indigènes, afin d’atténuer la douleur. Dans le domaine de
l’obstétrique, on faisait un suivi adéquat de la grossesse,
pratiquant des versions par manœuvres externes (VME) et
des embryotomies si nécessaire 1, 2 .
Pour les différentes cultures mésoaméricaines, la maladie
était la conséquence du châtiment ou de la vengeance
des dieux ; ou alors elle était causée par certains phénomènes
naturels (comètes, éclipses). En conséquence, le
traitement des malades incluait des offrandes aux dieux,
des sacrifices humains et des invocations des astres 3 .
Dermatologie
À cette époque, les maladies cutanées étaient déjà connues et traitées. Parmi les
dieux mexicas ou aztèques, Xipe-Totec, « notre seigneur écorché », était la divinité tutélaire
de la médecine ; il descendait de Tzapotlán, le dieu du printemps, des fleurs et des
maladies cutanées, dont la vengeance consistait à envoyer sur les hommes des maladies
comme le mauvais œil, la gale et l’apostème 4 .
En langue nahuatl, la peau s’appelait euatl ou ehuatl, de la racine yotl signifiant
« vie » (codex Cruz-Badiano). En maya, la peau s’appelle box, kukultik, k’ewel et sol. Box
est l’écorce ou la peau dure de certains fruits comme la jícara; kukultik est la peau humaine
; k´ewel est le cuir ou la peau écorchée, tanné ou à tanner, des animaux ; sol est la
croûte de la plaie ou la gale, le cuir de la couleuvre ou du petit lézard, l’écaille du poisson
et l’écorce de l’arbre 5 .
L’érudit Alfredo López Austin trouve dans les codex Matritense et Florentino les dénominations
assignées aux différentes régions de la peau en langue nahuatl (tableau 1).
Tableau 1. Dénomination des différentes régions de la peau en nahuatl selon les codex Matritense et Florentino
Tehuayo Notre peau
Topanehuayo Notre peau superficielle
Itic paniehuayo Tissu sous-cutané situé
immédiatement sous la peau
Cuaehuatl Peau chevelue
Ixehuatl Peau du visage
Quechehuayo Peau du cou
Maehuatl Peau du bras et de la main
Cemixtli Mapilli Peau de la face palmaire des
doigts
Cuitlapanehuayo Peau du dos
Itiehuatl Peau de l’abdomen
Quezehuatl Peau de la hanche
Tzintamalehuayo Peau des fesses
Tepulehuayotl Peau du pénis
Xipinehuatl Cuticule du prépuce
Tlancuaehuatl Peau du genou
Metzehuatl Peau de la jambe
Cotzehuatl Peau du mollet
Xocpalehuatl Peau du pied
Tezcatlipoca, le dieu créateur du ciel et de la terre, adversaire de Quetzalcóatl, la divinité
de la médecine à qui on vouait un culte à Texcoco, châtiait les lascifs en leur envoyant
les maladies vénériennes. Parmi les dieux mineurs liés à la peau se trouvait

Histoire de la dermatologie au Mexique
Nanahuatl, le dieu des lépreux. Les Aztèques, en raison de leur besoin impérieux de soigner
les blessés de guerre et avec leurs nombreuses herbes médicinales, avaient développé
un art médico-chirurgical ; ils appliquaient des remèdes chauds ou effectuaient des
saignées dans les régions infectées et enflammées. À l’aide de bistouris en obsidienne, ils
ouvraient les abcès et les phlegmons pour évacuer le pus ; ils soignaient les ulcères et les
brûlures et recousaient les blessures en utilisant des cheveux en guise de fil. Ils faisaient
des sutures à points séparés sur le nez et les lèvres, en se servant de cheveux très
propres et en leur appliquant des substances spéciales.
Les indigènes utilisaient les médicaments par voie orale ou appliqués sur la peau, et
ils se servaient des bains, de la chaleur ou de l’humidité pour leur propriétés thérapeutiques.
Parmi leurs médicaments destinés à soigner les blessures infectées, signalons les
emplâtres à base de tortilla de maïs attaquée par des champignons, dont ils profitaient
des propriétés curatives 4 . Les Aztèques connurent les maladies vénériennes, qu’ils appelèrent
cihuatlaueliloc, « résultant des rapports avec des femmes » ; ils décrivirent aussi
la blennorragie, les chancres et les bubons. La syphilis était largement connue ; elle était
traitée au moment de son étape tertiaire avec des bains de vapeur (temazcalli). Ils utilisèrent
aussi la pyrothérapie et les sels mercuriels (inhalation de vapeurs sulfureuses et
mercurielles), ainsi qu’une bouillie de maïs, michihuautli, ou une infusion de racines de
laurier-rose, quautepatli 6 .
La dermatose se nommait probablement zahuatl, l’urticaire chincual et le psoriasis xiotl.
Le Popol Vuh des Mayas évoquait la médecine magique, les divinités et le concept de
maladie vue comme un châtiment des dieux, tout comme il citait des guérisons dermatologiques
et quelques chirurgies rituelles 7 . On ne trouva pas parmi ce peuple d’os mettant
en évidence la syphilis. Les femmes plaçaient une pierre d’ambre dans un trou fait
dans le nez, dans la cloison séparant les fosses nasales, elles se perforaient les oreilles
pour y mettre des boucles d’oreilles et se peignaient le torse de la ceinture jusqu’au front,
excepté les seins. Les dieux mayas de la médecine étaient Ixchel, Citboltún et Zamná. Les
deux premiers fondèrent la profession des médecins ou ahmen, qui signifie « celui qui
comprend ».
Dans l’herboristerie préhispanique, le cacao, grâce à ses propriétés énergétiques,
était très important du point de vue médicinal. Dans le rituel maya, l’épi et la boisson de
cacao symbolisaient le cœur et le sang, éléments nécessaires pour conserver l’équilibre
cosmique. Selon la mythologie maya, le cacao avait une origine divine : Xmucane, l’un
des dieux créateurs, inventa neuf boissons qui ont alimenté et formé les hommes ; trois
de ces boissons étaient élaborées à partir du maïs et du cacao. Les Mexicas attribuaient
l’origine mythique du cacao au dieu Quetzalcóatl, qui l’avait apporté sur terre pour le
cultiver dans son jardin divin de la ville de Tula 8 .
Du point de vue médicinal, le cacao était employé pour les malades souffrant du foie,
les phtisiques et les personnes souffrant d’épuisement. En dermatologie on utilisait
l’huile de cacao sur les gerçures et les blessures de la peau. Le beurre de cacao avait des
applications médicinales et cosmétiques pour le soin de la peau. Les indigènes centreaméricains
étaient habitués à le mélanger avec du rocou et s’enduisaient le visage afin
d’obtenir une couleur rouge très vive pour leurs fêtes, en pensant que « celui qui s’en
enduit le plus est le plus bel homme » ; en même temps, cela les protégeait du soleil 8 .
L’assimilation dans la médecine européenne de moyens curatifs américains fut extraordinaire.
Parmi les médicaments importés d’Amérique nous trouvons le guayaco, l’ipecacuana,
la coca, la quinquina, le barbasco, la salsepareille, le curare, le mate et le tabac.
Les vaisseaux des Indes arrivaient à Séville chargés de racines, d’herbes et de plantes;
on y créa des jardins botaniques particuliers. Nicolás Monardes se consacra à l’étude des
apports médicaux américains, obtenant un succès universel. Dans son ouvrage, Sahagún
consacre une section à la médecine indigène du Mexique ; le travail de Francisco Hernández,
le premier médecin à explorer les médecines d’Amérique, est également notable.
267

ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
Thierry de Héry écrivit en 1552 un traité — La Méthode curative de la maladie vénérienne
— et fit fortune en traitant des patients syphilitiques à travers l’application topique
de l’onguent mercuriel et en leur faisant boire du thé de guayaco provenant
d’Amérique 9 .
■ Époque coloniale coloniale
268
Médecine
La Nouvelle Espagne naquit en 1521 avec la prise de Tenochtitlan, la capitale de l’empire
aztèque, et finit officiellement en 1821 lorsque Dom Agustín de Iturbide déclara le
pays indépendant de la couronne espagnole 10 . Avant l’arrivée des Espagnols, la notion de
pays n’existait pas ; la région qu’occupe actuellement le Mexique était habitée par divers
groupes ethniques répartis sur un vaste territoire (depuis les États-Unis jusqu’à l’Amérique
du Sud) et possédant des cultures et des langues différentes ; ils se faisaient des
guerres continuelles pour affirmer leur suprématie. Le 13 août 1521, Hernán Cortés et
un groupe de soldats répartis sur treize brigantins assiégèrent la ville lacustre de Tenochtitlan
et la détruisirent pierre par pierre, remplissant les canaux avec des centaines
de cadavres qui la rendirent inhabitable pendant longtemps. Les Espagnols furent alors
obligés de se réfugier à Coyoacán, une ville voisine. Vingt ans plus tard, la nouvelle ville
commença à être tracée selon les plans des grandes villes européennes et en utilisant les
pierres des temples aztèques. La ville deviendrait la capitale du royaume de la Nouvelle
Espagne, tandis que les Espagnols poursuivaient leur aventure vers le nord jusqu’à la
Californie et le Texas. Ils y apportèrent leur culture, leur langue et leur religion, mais
aussi des maladies comme la variole, la rougeole ou la syphilis 10 . C’est ainsi qu’en moins
de cinquante ans après l’arrivée des conquistadors, la population indigène passa de 25
à 3 millions d’Indiens, à cause de ces épidémies, des guerres et des mauvais traitements.
Lorsqu’ils observaient l’étrange rituel de mise en place des traitements médicaux,
une grande partie des Espagnols n’y voyaient que magie et superstition, médecine de
peuple primitif exempte de toute connaissance positive. Ils ne furent pas capables de percevoir
la valeur de leur expérience, la richesse de leur pharmacologie et de leurs tentatives
de classification, l’intuition merveilleuse des peuples qui n’ont reçu aucune
influence d’autres races ou civilisations et qui ont dû élaborer la leur, de manière isolée
et lente, se fiant seulement à l’observation ancestrale et à la confirmation de leurs idées.
Pour imposer la religion chrétienne et éradiquer l’hérésie des natifs, le conquistador détruisit
leurs temples, abattit leurs idoles et brûla même leurs codex, mutilant leur histoire.
Ainsi fut perdue une grande partie de ce que la race indigène avait cumulé
patiemment pendant des siècles 1 .
À peine établis en Nouvelle Espagne, les Espagnols établirent le protomedicato, une
institution destinée à veiller sur la bonne pratique médicale et le bon fonctionnement des
apothicaires. Le besoin de créer des centres éducatifs pour préparer les habitants des
terres conquises entraîna la fondation par ordonnance royale de la Real y Pontificia Universidad
de México le 21 septembre 1551, qui entra en fonction deux ans plus tard. La
même année (1553), on commença à admettre les premiers médecins venus dans le pays,
dont le Dr Pedro López. Le manque de médecins conduisit simultanément à inclure des
études de médecine dans les programmes académiques de la nouvelle université. Les
programmes de médecine, tout comme ceux des universités européennes, comportaient
quatre matières : « prime de médecine », « vêpres de médecine », « anatomie et chirurgie
» et « méthode et pratique de la médecine », prenant comme principes de base les
concepts énoncés par Hippocrate et Galien. Tel que l’affirme Ignacio Chávez, on doit
reconnaître que les sept universités les plus anciennes et les meilleures au monde furent

créées au cours des XV e et XVI e siècles — les siècles dorés de la médecine espagnole
—, sous l’influence arabe d’Avicenne. Ce fut à la même époque que naquit l’université
de la Nouvelle Espagne.
En 1535, les franciscains fondèrent à Tlatelolco le couvent de Santiago Apóstol
et le collège de Santa Cruz de Tlatelolco ; le codex de la Cruz-Badiano, le code médical
le plus ancien d’Amérique, qui reprend les principaux schémas thérapeutiques
de l’herboristerie indigène (figure 4), fut écrit à cet endroit vers 1552. Le
savant indien Martín de la Cruz, originaire de Xochimilco, composa le Libellus de
Medicinalibus Indorum Herbis, un traité très vaste sur les herbes médicinales employées
par les Indiens au XVI e siècle, avec la collaboration de Juan Badiano qui le
traduisit en latin. La transmission de ses connaissances thérapeutiques fut très importante
quatre siècles plus tard. Son livre, probablement rédigé en nahuatl, fut le
premier écrit connu sur la médecine indigène mexicaine ; le manuscrit contient des informations
sur 215 plantes, dont 185 sont illustrées.
En 1558, frère Bernardino de Sahagún rédigea son Historia General de las cosas de
la Nueva España [Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne], où il décrivait
les us et coutumes des peuples mésoaméricains avant la Conquête, et même certaines
formes de leur pratique médicale 14 .
Le premier livre de médecine édité en Amérique fut publié en 1570 : Opera Medicinales,
du Dr Francisco Bravo. En 1577 furent publiés les volumes de l’ouvrage de Francisco
Hernández De Historia Plantorum Novae Hispania.
L’enseignement de la médecine, commencé à la Real y Pontificia Universidad de México,
connut beaucoup d’avatars et fut pratiqué dans plusieurs sièges jusqu’à ce qu’il soit finalement
pratiqué dans l’ancien bâtiment de l’Inquisition pendant cent ans (depuis 1854).
La première académie de médecine fut établie en 1825, tandis qu’en 1862, naquit
celle qui existe actuellement. Son organe de diffusion, La Gaceta Médica, publia de nombreux
articles sur la peau : « Étude sur la lèpre », de Reyes ; « Psoriasis guéri par le vaccin
», de Bandera ; « Niguas, de Andrade ; « Leucopatie achronique », de Gayón ; « Corne
de la peau », de Ortega, entre autres.
Dermatologie
Histoire de la dermatologie au Mexique
Dans le codex Badiano sont mentionnés des mots comme xiotl (urticaire), cou-de pied
et autres. On y parle de l’achiote, ou piment de Tabasco ou bixa orellana pour traiter la
lèpre 12 . Cet ouvrage, comme nous l’avons déjà signalé, est considéré comme le premier
livre de médecine de la colonie consacré à la thérapeutique herboriste ; le texte fait référence
à plusieurs maladies cutanées et à leurs remèdes, présentant de magnifiques
illustrations couleur.
Après la Conquête, les codex citent la variole ou hueyzahuatl, la rougeole (tepitonzahuatl)
et le typhus ou tabardillo (matlatzahuatl). Ils mentionnent aussi le nævus ou grain
de beauté (tlaciuztli) et le prurit (cuecuetzoquiliztli), les papules prurigineuses (tatapaliuiztli),
les taches de rousseur (ixticeuac) et la pityriasis (quatequizquitl), tout comme la
tunga ou nigua (qualocatl), la gale (ezcazahuatl), la teigne (quiayincayotl) et la pédiculose
(ixocuili).
Les Mexicas connaissaient la pinta. Hernán Cortés écrivit à Charles Quint dans une de ses
lettres, avec une grande admiration: « Dans ce pays surprenant, il y a des raretés dans la
couleur des habitants, un même individu pouvant présenter des différences 4, 13 .»
On débat du fait de savoir si la lèpre existait en Amérique avant l’arrivée des Espagnols
; la présence de petites figures qui semblent représenter un faciès léonin et de
quelques chroniques parlant d’un hôpital où les Aztèques enfermaient les patients atteints
de la lèpre semblent soutenir l’hypothèse de l’existence de la maladie aux temps
préhispaniques 16 . Cependant, d’un autre côté, ni Cortés (dans ses lettres à Charles
269
Figure 4.
Codex de la Cruz-
Badiano.
Tlalquequetzal, plante
utilisée pour la
« démangeaison ou
tache du visage »

Figure 5.
Façade de l’église
annexée au deuxième
hôpital de San Lázaro
Figure 6.
État des patients
lépreux à l’hôpital de
San Lázaro
Figure 7.
Dr Ladislao de la
Pascua (1815-1891)
ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
270
Quint) ni Bernal Díaz del Castillo n’en parlent, même s’il s’agissait d’une maladie
connue de beaucoup d’Espagnols venant d’Andalousie, où elle était très endémique ;
en revanche, on parle effectivement de l’existence de la pinta et de l’albinisme. Reconnaissant
la maladie parmi ses propres soldats, Cortés établit la première léproserie
d’Amérique (hôpital de San Lázaro), dans une zone appelée Tlaxpana. Bien que
petit, le bâtiment reçut un bon nombre de malades espagnols ; cependant, la léproserie
dura peu (de 1521 à 1528), étant donné qu’elle fut fermée à la demande de Nuño
de Guzmán, qui allégua que l’eau venant de l’aqueduc de Chapultepec passait par là,
risquant de contaminer la population. Notons que Guzmán s’appropria ces terrains
magnifiques16 .
Les premiers hôpitaux créés par les Espagnols accueillirent certainement des patients
présentant des affections cutanées : les boubas, la gale, la lèpre, le « feu sacré » (zoster),
le psoriasis, la teigne, la tuberculose, la pinta, étaient des maladies qui frappaient la population
indigène. Il est évident que la dermatologie en tant que telle n’existait pas, car
on sait bien qu’elle naquit en Angleterre et en France vers la fin du XVIIIe siècle15 .
Deux protomedicos arrivèrent avec
Cortés : Pedro López (1527-1597), dit « le
Vieux », et Cristóbal de Ojeda, qui soignèrent
les nombreuses victimes des épidémies
de variole et de typhus. Le premier
était né à Duelas, en Castille, et il arriva
dans la très noble et loyale cité de Mexico
à l’âge de 30 ans. Il fut un des premiers
médecins à obtenir le doctorat à la Real y
Pontificia Universidad de México ; il fut un
grand bienfaiteur et fonda deux hôpitaux,
celui des désemparés — qui deviendrait avec le temps l’hôpital de la femme — et
le deuxième hôpital de San Lázaro pour les malades atteints de la lèpre. López
entretint de ses propres deniers ces hôpitaux et après sa mort, en 1597, ses descendants
poursuivirent son œuvre.
Ce deuxième hôpital de San Lázaro dura trois siècles (1572-1862). Il fut construit au
bord du lac de Texcoco, à un endroit connu sous le nom de Las Atarazanas, l’arsenal où
Cortés garda ses treize brigantins après avoir conquis la ville. On ne sait pas exactement
si cet endroit se trouvait rue de Ixtapalapa — aujourd’hui Pino Suárez — ou bien en direction
de la Merced, à l’est de la ville, dans le quartier baptisé alors San Lázaro. Cet
hôpital dura longtemps et fut démoli alors qu’il tombait déjà en ruines ; seule son église,
15, 16
dédiée à San Roque et démolie plus tard au nom de la modernité, resta debout
(figure 5). Les malades furent transférés à l’hôpital de San Pablo, appelé hôpital Juárez
depuis 1872. Cette institution connut une existence hasardeuse ; gérée par l’ordre des
juaninos, elle manqua toujours de médicaments et de matériel pour les guérisons, et les
malades qui y étaient envoyés végétaient dans des conditions déplorables (figure 6). Les
autorités ne s’intéressèrent jamais à cet hôpital, qui périclita lentement, tout comme les
malades qui y séjournaient. Ses directeurs furent des médecins importants comme le Dr
Ladislao de la Pascua (figure 7) (1833 - 1842) ; au cours de sa gestion, 205 malades furent
admis. De la Pascua fut le premier à attirer l’attention sur la maladie appelée
« forme tachée », connue aujourd’hui sous le nom de lèpre lépromateuse diffuse de
Lucio et Latapí ; il publia également le premier article sur la lèpre dans le journal de la
Sociedad Filoiátrica. De 1843 et jusqu’à sa démolition en 1862, l’hôpital fut dirigé par
le Dr Rafael Lucio, qui compléta les observations du Dr de la Pascua sur la forme
tachée.

Les premiers hôpitaux
L’Espagne qui conquit l’Amérique était encore imprégnée d’un esprit médiéval, avec
un projet social fondé sur l’esprit des croisades et un développement pauvre dans le domaine
de la santé. Les grandes épidémies qui secouaient le Vieux Continent imposaient
la construction de centres hospitaliers dont le fonctionnement correspondait à celui d’auberges
pour les pauvres et les démunis plutôt qu’à celui de cliniques médicales ; l’hôpital
était une œuvre de piété, plus voué à accompagner spirituellement le malade qu’à
essayer de soulager ses maux 11 .
L’évangélisation se fit parallèlement à la conquête militaire; des monastères furent
construits, faisant également office de dispensaires et d’infirmeries, selon la mode médiévale
; on peut donc affirmer que le nombre de ces centres était important à la fin du
XVI e siècle, époque à laquelle les grandes épidémies se propagèrent en Mésoamérique,
provoquant beaucoup de morts
parmi les peuples indigènes.
Cette médecine arriva de
l’Ancien au Nouveau Monde,
dans l’esprit de ces centres
hospitaliers. Hernán Cortés et
les religieux venus avec lui
s’appliquèrent à soigner les
malades et les nécessiteux. En
1524, Cortés fit construire l’hôpital
de la Inmaculada Concepción
de Nuestra Señora, au lieu dit Huitzillan (endroit des colibris) — où il avait
rencontré Moctezuma à son arrivée à la grande Tenochtitlán en 1519 —. L’hôpital, connu
plus tard comme hôpital de Jesús, fonctionne toujours et constitue l’institution hospitalière
la plus ancienne d’Amérique (figure 8).
L’hôpital de Santa Fe (1531), l’hôpital del Amor de Dios ou hôpital de las Bubas (syphilis)
en 1540, l’hôpital de los Indios, celui de San Cosme y San Damián et l’hôpital de
San Hipólito pour les malades mentaux 15 furent fondés à la même époque.
L’hôpital de San Andrés, le premier à soigner tous types de maladies, même les maladies
cutanées, fut fondé en 1779 (figure 9). Ce fut un hôpital dédié à l’enseignement ;
d’éminents médecins y eurent leur chaire, tels Jiménez, Carpio, Del Río et bien d’autres.
Il exista jusqu’en 1905, date d’ouverture de l’hôpital général de Mexico.
Époque de l’indépendance
Médecine
Histoire de la dermatologie au Mexique
■ Époque de l’indépendance
Trois événements vont marquer pour toujours le pays et ses habitants au cours du
XIX e siècle. Tout d’abord, la guerre d’indépendance (1810-1821). Ensuite, la guerre injuste
avec les États-Unis en 1847, qui finit par retrancher au pays plus de la moitié de
son territoire. Finalement, l’invasion française de 1862, imposant un prince autrichien
sur le trône du Mexique. Ces événements ont opéré des changements profonds dans la
vie des habitants du Mexique naissant, y compris dans la médecine et son enseignement.
La Real Universidad fut fermée en 1833 et on créa l’Établissement des sciences médicales,
à l’origine de ce qui deviendrait plus tard l’École nationale de médecine, dont le
siège se trouvait dès 1854 au palais de Santo Domingo (l’ancienne résidence de la Sainte
Inquisition à l’époque de la colonie). En Europe, le XIX e siècle fut une époque de grands
progrès dans le domaine de la médecine ; ces progrès arrivèrent rapidement au Mexique,
271
Figure 8.
Hôpital de la
Inmaculada
Concepción de
Nuestra Señora
fondé par Hernán
Cortés,
actuellement
hôpital de Jesús
Figure 9. Hôpital
de San Andrés de
la ville de Mexico

Figure 10.
Dr Rafael Lucio
(1819-1886)
Figure 11.
Dr Ricardo E. Cicero
(1869-1935)
Figure 12.
Dr Jesús González
Urueña (1868-1957)
Figure 13.
Forme clinique
de la lèpre décrite
par Lucio
ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
obligeant à restructurer les programmes académiques et la pratique médicale. Des
écoles de médecine furent fondés dans tout le pays (on en comptait huit à la fin du
XIX e siècle) et des centres hospitaliers, destinés au soin médical, à l’enseignement et à la
recherche, commencèrent à être construits.
Le Conseil supérieur de la santé fut fondé en 1841. Cet organisme était chargé de
veiller sur la bonne pratique médicale, la santé et l’hygiène publiques, ainsi que sur les
campagnes de vaccination ; l’institution, tout comme la Bienfaisance publique (fondée en
1861), constituera la base du Secrétariat de la santé en 1983.
L’Académie mexicaine de médecine, désignée à partir de 1912 comme l’organe de consultation
du gouvernement de la République, fut constituée en 1873. En 1891, suite à la demande
du président Porfirio Díaz, le Dr Eduardo Liceaga élabora le premier code sanitaire.
Dermatologie
Les prémices d’une véritable dermatologie
furent ébauchés au début de l’indépendance du
Mexique, après 1821, et les premières publications
spécialisées parurent également. Des
noms tels que Ladislao de la Pascua, Rafael
Lucio, Ricardo Cicero, Eugenio Latapí, et plus
tard, au XXe siècle, Jesús González Urueña et
Salvador González Herrejón sont liés à l’enseignement
de certains sujets de dermatologie
(figures 10, 11 et 12).
Lucio, par exemple, qui dispensait des cours à l’hôpital de San Andrés,
incluait des sujets tels que le lupus érythémateux, la lèpre, la syphilis, la
gale, la chique (figure 13). Il présenta au cours des séances de l’Académie
de médecine de décembre 1851 à janvier 1852 son Opúsculo sobre el Mal
de San Lázaro o Elefantiasis de los Griegos [Opuscule sur le mal de Saint-
Lazare ou l’elephantiasis des Grecs], dans lequel il résumait toutes les observations
qu’il avait faites pendant ses dix-neuf ans à la tête du deuxième
hôpital de San Lázaro, sur la maladie qui porte aujourd’hui son nom. Cependant,
la dermatologie n’était pas très attirante pendant cette première
époque de l’indépendance du Mexique ; Soriano signale qu’en 1888, seuls
deux médecins parmi les 232 diplômés les six années précédentes soignaient des maladies
cutanées17, 18 .
Les médecins préalablement cités nés au XIXe siècle et d’autres qui travaillèrent jusqu’au
début du XXe siècle sont à l’origine de la dermatologie au Mexique ; cette spécialité
se vit consolidée le 5 février 1905 avec l’inauguration de l’hôpital général de Mexico, incluant
un pavillon pour les maladies cutanées.
■ Époque contemporaine
272
González Herrejón et Fernando Latapí posèrent les bases de l’École mexicaine de dermatologie.
L’enseignement de la dermatologie commença vers le début du XX e siècle à
l’hôpital général de Mexico et au centre dermatologique Pascua. L’enseignement de la
spécialité naquit ultérieurement au sein de ces institutions et à l’Institut de la santé et des
maladies tropicales; plus tard, à l’Institut mexicain de la sécurité sociale, à l’hôpital général
Dr Manuel Gea González et — dans les provinces — à l’institut de dermatologie de
Jalisco, à l’hôpital universitaire de Monterrey, à l’université de San Luis Potosí et enfin
dans d’autres institutions publiques. Il existe aujourd’hui deux groupes dermatologiques:

la Société mexicaine de dermatologie, fondée en 1936, et l’Académie mexicaine de dermatologie
(1952) ; tous deux appartiennent à la Ligue internationale des sociétés dermatologiques
et furent chargés de l’organisation du XI e Congrès international de
dermatologie qui eut lieu au Mexique en 1977.
Dermatología. Revista Mexicana est née en 1956 ; en 1987, une nouvelle époque débuta,
la revue étant devenue l’organe officiel des deux groupes.
Un Conseil mexicain de dermatologie existe depuis 1975 ; de nos jours l’attestation
qu’il délivre est indispensable.
La spécialité existe au Mexique depuis près d’un siècle ; quelques-uns des premiers
dermatologues d’Amérique Latine se formèrent au Mexique, bien que l’influence de la
spécialité ait été européenne à l’origine. Les nouvelles générations, par contre, s’inspirent
beaucoup de la dermatologie nord-américaine.
Actuellement, le pays compte environ 2 000 dermatologues. Le Mexique est considéré
comme un pays où on observe beaucoup de maladies appelées « tropicales ». Les problèmes
dermatologiques de base sont les mycoses (mycétome, sporotrichose, chromoblastomycose,
coccidioïdomycose, histoplasmose), les parasitoses, la leishmaniose,
l’ulcère des chicleros, les onchocercoses, les mycobactérioses (lèpre, tuberculose), les
tréponématoses et les pyodermies, mais on observe aussi des maladies liées à la nutrition
(pellagre) ou à l’environnement (prurigo solaire).
Chirurgie dermatologique
Histoire de la dermatologie au Mexique
Il est difficile de déterminer le moment de la naissance de la chirurgie dermatologique
au Mexique. Ce fut peut-être le Dr Julio César Liparoli (de Guadalajara, Jalisco) le premier
dermatologue à se spécialiser en chirurgie dermatologique en cabinet médical. À
l’hôpital général de la ville de Mexico, le pionnier dans ce domaine fut le Dr Jorge Peniche,
qui organisa la première clinique de tumeurs cutanées vers la fin des années 50,
avec la collaboration d’un chirurgien esthétique et d’un radiothérapeute. C’est ainsi que
naquit l’unité de dermato-oncologie et de chirurgie dermatologique du service de dermatologie
dudit hôpital. Le premier cours de dermato-oncologie et de chirurgie dermatologique,
d’une durée d’un an, eut lieu en 1976. Actuellement, cette sous-spécialité
compte sur l’aval de l’université nationale autonome de Mexico et elle est enseignée dans
trois institutions : l’hôpital général de Mexico, l’hôpital Dr Manuel Gea González et le
centre dermatologique Pascua. Le Dr Yolanda Ortiz prit en charge dans ce dernier centre
des procédures chirurgicales, encore limitées, pendant les années 60. La préconsultation
de tumeurs et leur traitement chirurgical, réalisés à l’origine par un chirurgien esthétique
et ensuite par des dermatologues, furent établies en 1967. En 1978, le centre changea
d’adresse et on y établit le service de chirurgie dermatologique ; finalement, en 1982
fut établie la clinique des tumeurs malignes. Le résidanat dans la clinique des tumeurs
et dans le service de chirurgie dermatologique débuta en 1988. Désormais, plus de
trente dermatologues complétèrent leur formation.
Au centre médical national 20 de Noviembre, le service de dermatologie fut établi en
1961 par le Dr Aquiles Calles; le résidanat en dermatologie y débuta en 1986, comportant
un programme de chirurgie dermatologique et un roulement en chirurgie esthétique.
L’hôpital général du centre médical national de la sécurité sociale exista entre 1963
et 1985, lorsqu’il fut détruit par le grand tremblement de terre. La chirurgie dermatologique
y était réalisée par le Dr José Luis Jiménez Castilla ; en 1968, elle comptait sur la
participation d’un chirurgien esthétique et sur des roulements en chirurgie esthétique.
Les cas plus avancés étaient envoyés à l’hôpital d’oncologie pour des interconsultations
avec le Dr Charles Meurehg ; de nos jours, le service est à la charge d’un dermatologue.
Le Dr Léon Neumann se forma dans l’ancien Institut de la salubrité et des maladies
tropicales (1966-1967), où on ne pratiquait quasiment aucune chirurgie dermatologique.
273

ADAME, ARIAS, ARENAS, CAMPOS, NEUMANN, ORTIZ, RUIZ MALDONADO, SAÚL
Il fut assistant plusieurs mois (1967) dans une clinique privée de La Nouvelle-Orléans
pour y apprendre les techniques de dermabrasion et de greffe de cheveux ; il fut probablement
chargé de la première greffe de cheveux réalisée au Mexique.
L’hôpital général Dr Manuel Gea González admit deux dermatologues formées en
Espagne, le Dr Judith Domínguez Cherit (1987) et le Dr Josefina Carbajosa (1991). Le Dr
Leticia Boeta, formée à la chirurgie de Mohs au États-Unis, y arriva en 1996. La chirurgie
dermatologique débuta à l’Institut des maladies de la nutrition en 1982 avec l’admission
du Dr Rocío Orozco Topete, chargé des procédures chirurgicales élémentaires; en
1997, le Dr Josefina Carbajosa fut admise dans le service, introduisant la chirurgie de
Mohs, l’anesthésie tumescente, la chirurgie des ongles et la chirurgie dermatologique génitale,
entre autres. Cette sous-spécialité s’effectue également à l’hôpital central militaire,
sous le conseil du Dr Clemente Moreno Collado ; à l’institut dermatologique de
Jalisco sous la direction du chirurgien esthétique Julio Barba Gómez et à l’hôpital Juárez
avec les Drs Ortiz et Boeta.
Le service de dermatologie de l’hôpital universitaire de Monterrey (Nuevo León) est
dirigé par le Dr Jorge Ocampo Candiani, formé comme chirurgien dermatologue dans les
universités de Barcelone et d’Alabama. L’histoire de la chirurgie dermatologique dans ce
service débuta avec le Dr Oliverio Welsh, qui introduisit la cryochirurgie lorsqu’il en était
le directeur. En 1983, le Dr Sergio Ramos Arizpe, qui avait étudié la chirurgie dermatologique
en Allemagne et encouragé la chirurgie oncologique, fut admis dans le service.
Il existe un diplôme de chirurgie dermatologique pour les dermatologues certifiés, d’une
durée d’un an, qui doit recevoir l’aval de la sous-direction de spécialisation de la faculté
de médecine de l’université autonome de Nuevo León. En 1983, León Neumann organisa
en collaboration avec Oliverio Welsh et avec la sponsorisation de la Société internationale
de chirurgie dermatologique le premier cours théorique pratique de chirurgie dermatologique,
dont la pratique se faisait sur des pattes de cochons.
En 1994 naquit la Société mexicaine de chirurgie dermatologique et oncologique,
affiliée à la Ligue internationale des sociétés dermatologiques. Les congrès ont lieu tous
les deux ans ; la société dispose d’un organe de diffusion officiel appelé Cosmética,
Médica y Quirúrgica, actuellement dirigé par les Drs Jorge Ocampo Candiani et José
Gerardo Silva Siwady.
■ Conclusion
274
La mondialisation atteint tous les domaines de la vie humaine, y compris la médecine.
Où qu’elle soit générée dans le monde, l’information médicale est connue le jour même ;
les progrès technologiques, chirurgicaux et pharmacologiques sont diffusés rapidement
par les grandes multinationales. Le Mexique entre dans le XXI e siècle en comptant sur la
présence de grandes institutions privées et publiques et sur l’exercice médical qui répond
aux grands progrès de la médecine contemporaine, mais doit relever également de
grands défis, surtout dans le domaine social. ■
Octobre 2004

■ Références
bibliographiques
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Cultura Económica; 1987.
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religiosos y medicinales del
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Chocolate, regalo del Edén.
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hasta la presente. Tomo I. 2 e
éd. México: IMSS; 1982.
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11. Ortiz F. Principia Médica. La
medicina y el hombre.
México: Editores de Textos
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12. De la Cruz M. Libellus de
Medicinabullus Indorum
Herbis. Manuscrito azteca de
Histoire de la dermatologie au Mexique
1552. Traduction latine de
Juan Badiano. México: IMSS;
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Medicina. México: UNAM;
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14. Ortiz F. Hospitales. México:
McGraw-Hill Interamericana;
2000.
15. Fajardo-Ortiz G. Del Hospital
de Jesús a instituciones y
centros médicos. Historia de
los Hospitales de la Ciudad de
México 1521-2003. México:
GlaxoSmithKline; 2003.
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Primera parte. »
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18. Saúl A. Dr. Rafael Lucio. Su
vida y su obra. México; 1991.

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
PÉDIATRIQUE
AU MEXIQUE
RAMÓN RUIZ MALDONADO
Dès le XIX e siècle, les services de dermatologie mexicains — tout comme ceux de la
plupart des pays — soignaient (et le font toujours) des adultes et des enfants sans aucune
distinction. Les patients dermatologiques qui se rendaient dans les hôpitaux pédiatriques
étaient soignés par les pédiatres qui, en général, étaient insuffisamment préparés à la
dermatologie. Pendant la deuxième moitié du XX e siècle, la plupart des hôpitaux pédiatriques
comptaient un dermatologue général comme consultant externe, situation qui
prévaut dans la majorité des cas.
À partir des années 60, l’hôpital infantile de Mexico, une institution emblématique de
la pédiatrie latino-américaine, disposa d’un service d’allergie et de dermatologie que dirigea
le médecin allergologue Luis Gómez Orozco ; le Dr Roberto Núñez Andrade y travaillait
deux heures par jour comme dermatologue consultant, mais il ne s’occupait ni
d’enseignement ni de recherche.
À la même époque, le Dr Mario Magaña Lozano soignait les patients pédiatriques au
service de dermatologie de l’hôpital général de Mexico et faisait des consultations internes
que le service de pédiatrie du même hôpital lui demandait.
Vers la fin de 1969, après avoir fait des études de spécialisation en dermatologie et
dermato-pathologie, je revins d’Europe et travaillai comme chargé du laboratoire de dermato-pathologie,
au sein de l’institution où j’avais passé la spécialité en dermatologie
quelques années auparavant : le centre dermatologique Dr Ladislao de la Pascua, dirigé
à l’époque par le Pr. Fernando Latapí, également chef du service de dermatologie de l’hôpital
général de Mexico. La même année je fis connaissance du Dr Rigoberto Aguilar Pico,
qui venait d’être nommé directeur de l’hôpital infantile de Mexico; il m’annonça que le Dr
Núñez Andrade était sur le point de prendre sa retraite et m’invita à occuper son poste.
À la fin de la présidence de Díaz Ordaz (1964-1970), on apprit qu’un nouveau centre
hospitalier était en construction au sud de la ville de Mexico pour remplacer l’hôpital infantile
de Mexico. Le directeur du nouvel hôpital serait le Dr Lázaro Benavides Vázquez,
qui faisait déjà passer des entretiens aux membres de sa future équipe. Lorsque je finis
ma première année de travail à l’hôpital infantile, je remis un rapport détaillant mes activités
et, peu après, je fus invité à passer un entretien avec le Dr Benavides. Il m’offrit
le poste de chef du service d’allergie et de dermatologie du nouvel hôpital, inauguré le
277

RAMÓN RUIZ MALDONADO
278
6 novembre 1970 par le président sortant, Gustavo Díaz Ordaz, et son épouse, présidente
du patronat de l’Institut national de protection de l’enfance (INPI en espagnol). L’INPI serait
remplacé au cours du nouveau sexennat par l’Institution mexicaine d’assistance à
l’enfance (IMAN, en espagnol), dont la présidente serait Mme María Esther Echeverría
(née Zuno).
Le nom du service d’allergie et de dermatologie avait été hérité de l’hôpital infantile de
Mexico, dont le chef était un médecin allergologue. En tant que chef du nouvel hôpital de
l’IMAN, je crus adéquat de séparer les deux services, ce qui se produisit un an plus tard.
En décembre 1971 eut lieu, comme tous les ans, la réunion annuelle de l’Académie
américaine de dermatologie, à Chicago. C’est là-bas que je fis connaissance du Dr Lourdes
Tamayo Sánchez, qui avait fait sa thèse de doctorat sur L’étiologie de l’œdème dans la malnutrition
chronique de l’enfant à l’hôpital infantile de Mexico, sous la direction du célèbre
maître de la pédiatrie, le Dr Joaquín Cravioto; le Dr Tamayo avait fini peu avant la spécialisation
en dermatologie à l’Institut national des maladies tropicales, sous la direction
du Pr. Dr Antonio González Ochoa. La lutte entre le « groupe de tropicaux » et le
« groupe du Pascua et de l’hôpital général » était durant ces années à son apogée, mais
elle commença bien avant; à la tête de ces groupes se trouvaient respectivement González
Ochoa et Latapí. Cette rivalité entraîna le manque de contact entre les élèves et les anciens
élèves des deux professeurs. Malgré cela, et sur la base des bonnes références que j’avais
reçues à propos d’elle, j’invitai le Dr Tamayo à travailler comme médecin rattaché au service
de dermatologie; elle accepta, heureusement, et notre fructueuse collaboration dure
depuis avril 1971, soit trente-trois ans. En 1989, après près de vingt ans de direction du
service, je cédai ma place au Dr Tamayo afin d’obtenir un poste de recherche pour le service;
elle présenta à son tour sa démission en 2002 pour des raisons de santé et fut remplacée
par une de nos brillantes élèves, le Dr Carola Durán Mckinster.
Sans doute influencés par l’optimisme et l’énergie créatrice qui existe chez la plupart
de ceux qui ont initié le nouvel hôpital de l’IMAN — y compris le directeur général de
l’institution, le Dr Alger León Moreno, et la présidente du patronat, Mme María Esther
Echeverría (née Zuno), épouse du président de la République de l’époque —, nous organisâmes
en octobre 1973 le premier Symposium international de dermatologie pédiatrique,
qui eut lieu dans l’auditorium flambant neuf de l’hôpital de l’IMAN en présence
de médecins de vingt-six pays ; parmi eux se trouvaient les pionniers de la dermatologie
pédiatrique dans leurs pays respectifs : Martín Beare (Irlande), Ferdinando Gianotti (Italie),
Gabriela Lowy (Brésil), José María Mascaró (Espagne), Edmund Moynahan (Angleterre),
Dagoberto Pierini (Argentine), Lawrence Solomon, Sydney Hurwitz, Alvin Jacobs,
Samuel Weinberg et Guinter Kahn (États-Unis), Eva Torok (Hongrie) et Kazuya Yamamoto
(Japon).
Pendant le symposium, au cours d’un dîner offert aux professeurs étrangers, je proposai
la formation de la Société internationale de dermatologie pédiatrique, initiative qui
fut acceptée avec enthousiasme. Dix congrès furent réalisés sous l’égide de cette société :
le premier eut lieu à Mexico, en octobre 1976. Les huit premiers congrès furent appelés
internationaux, mais à partir du neuvième congrès, qui se déroula à Cancún en 2001,
ma suggestion de les appeler mondiaux fut acceptée.
En 1996, donnant suite à une proposition du Dr Alejandro García Vargas de l’institut
dermatologique de la ville de Guadalajara (Mexique), le Collège mexicain de dermatologie
pédiatrique fut fondé, étant moi-même son premier président. Le collège organisa
tous les deux ans le Congrès mexicain de dermatologie pédiatrique : le premier eut lieu
à Mexico en 1997, sous ma présidence ; le deuxième à Puerto Vallarta (Jalisco), présidé
par le Dr García Vargas ; le troisième dans la ville de Chihuahua, présidé par le Dr María
de Lourdes Moreno (née Trevizo) ; le quatrième fut organisé à Puebla, sous la présidence
du Dr Javier Gil Beristain. Le dernier eut lieu à Querétaro en 2006, présidé par le Dr
Margarita Garfias (née Royo).

Histoire de la dermatologie pédiatrique au Mexique
La dermatologie pédiatrique attire beaucoup le
médecin généraliste, le dermatologue et le pédiatre,
et c’est pour cette raison que la plupart des événements
dermatologiques et pédiatriques incluent des
cours ou des symposiums de cette spécialité.
En 1973 fut organisé dans le service de dermatologie
de l’actuel Institut national de pédiatrie
le résidanat de spécialisation en dermatologie pédiatrique,
d’une durée de deux ans pour les pédiatres
et d’une année pour les dermatologues ; je
fus professeur titulaire de ce résidanat et le Dr
Tamayo le professeur adjoint ; les résidents doivent
travailler huit heures par jour. Nous comprîmes
très vite que la pratique était insuffisant
pour les pédiatres, et c’est ainsi qu’à partir de
1986 le résidanat s’étendit à trois ans. Depuis
2004, quatre-vingt-trois spécialistes provenant du Mexique et de toute l’Amérique latine
reçurent une formation en dermatologie pédiatrique. Le cours de spécialisation, reconnu
à l’origine par l’Institut et par le Secrétariat de la santé, est également reconnu depuis
1989 par l’université nationale autonome du Mexique.
Signalons que notre cours de spécialisation fut le premier dans le pays et le seul au niveau
mondial pendant plusieurs années. Les dermatologues pédiatres qui s’y formèrent
occupent plusieurs postes importants au sein des institutions mexicaines et étrangères.
Les médecins rattachés au service qui contribuèrent à ses succès de façon significative
sont : le Dr Amelia M. Laterza, de nationalité argentine, médecin rattaché entre 1979
et 1989 ; le Dr Carola Durán Mckinster, rattaché de 1989 à 2002 et actuellement chef du
service ; le Dr María de la Luz Orozco Covarrubias, qui fait partie du service depuis 1992,
et le Dr Marimar Sáez de Ocaríz, arrivée dans le service en 2002.
La production scientifique du service comprend 288 articles — dont 190 publiés dans des
revues internationales indexées —, ainsi que 5 livres sur la dermatologie pédiatrique.
Nous mentionnerons parmi les dermatologues pédiatres mexicains diplômés du service
de dermatologie de l’Institut national de pédiatrie actuellement à la charge des services
de dermatologie de leurs villes respectives : le Dr Teresa Sánchez Gómez, à l’hôpital
pédiatrique de León (Guanajuato) ; le Dr Carolina Palacios López, au service de dermatologie
de l’hôpital général de Mexico ; le Dr Angélica Berrón Ruiz, à l’institut de périnatologie
de Mexico; le Dr María E. Moreno Aguilar, à l’hôpital de l’enfant Poblano; le Dr
Lourdes Moreno (née Trevizo), à l’hôpital pédiatrique de Chihuahua et le Dr Alejandro
García Vargas, à l’institut dermatologique de Guadalajara.
D’autres dermatologues exercent la dermatologie pédiatrique au sein d’importants
hôpitaux du D.F.: le Dr Guadalupe Ibarra, qui me remplaça à l’hôpital infantile de Mexico
et qui fut à son tour remplacée par son élève le Dr Carlos Mena Cedillos ; le Dr Mario Magaña
García à l’hôpital pédiatrique de l’hôpital général de Mexico, auteur du livre Dermatología
pediátrica [Dermatologie pédiatrique], publié en 2000 ; le Dr Gregorio
Podoswa, remplacé par son élève, le Dr Edmundo Velázquez Arellano, à l’hôpital pédiatrique
du Centre médical ; le Dr Norma Violante à l’hôpital de la race, tous deux de l’Institut
mexicain de la sécurité sociale ; les Drs Angélica Beirana et Enriqueta Morales au
centre dermatologique Pascua.
Nous, médecins qui nous sommes consacrés dans les premiers temps à la dermatologie
pédiatrique, provenions de la dermatologie générale; nous sommes devenus dermatologues
pédiatres de façon autodidacte, par le biais du contact quotidien avec la pédiatrie
et les enfants. Il n’en est pas moins paradoxal qu’ayant établi les bases de la spécialité et
de son enseignement, nous ne possédions pas le diplôme qu’obtinrent tous nos élèves.
279
Dr Ramón Ruiz
Maldonado

RAMÓN RUIZ MALDONADO
J’ai essayé d’être objectif en écrivant ce compte rendu historique ; je suis conscient
qu’il ressemble plutôt à une autobiographie et c’en est une en réalité. J’ai joué pendant
trente-cinq ans sur cette scène où la dermatologie pédiatrique est née. Si j’ai oublié un
nom, un renseignement, c’est dû à une négligence involontaire et je vous prie d’avance
de bien vouloir m’en excuser.
Tout cela est sans doute un travail d’équipe entre les médecins du service, les médecins
des autres spécialités et les autorités, mais c’est surtout un acte d’amour pour ce
que nous faisons. Nous ne sommes pas l’exception : au sein de l’Institut national de pédiatrie,
aimer ce que nous faisons est plutôt la règle. ■
■ Référence
bibliographique
Ruiz Maldonado, R. « Pediatric
Dermatology, Accomplishments
and challenges for the 21st
Century. » Arch. Dermatol.
2000; 136 : 84.
Novembre 2004

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
NICARAGUAYENNE
Faire un compte rendu de l’histoire de la dermatologie au Nicaragua est une tâche
complexe car il existe très peu d’informations écrites. Les renseignements que nous
avons recueillis proviennent essentiellement des entretiens avec les rares « acteurs » des
époques passées qui sont encore vivants.
Lors du tremblement de terre dévastateur de 1972 qui détruisit la ville de Managua,
la plupart des archives contenant des renseignements de valeur ont été perdues. Malgré
cela, nous avons pu connaître une partie de l’évolution de la dermatologie du Nicaragua
grâce aux documents de l’actuelle Association nicaraguayenne de dermatologie.
Historiquement, la dermatologie est la spécialité médicale qui compte le moins de
membres et les projections pour l’avenir ne laissent pas entrevoir de changements. De
nos jours, nous sommes 42 médecins dermatologues, avec prédominance du sexe féminin
(55 %), pour une population de 5 500 000 habitants, c’est-à-dire 1 dermatologue pour
130 952 habitants. Moins de la moitié des spécialistes (45 %) est basée à Managua, capitale
du pays, tandis que le reste est réparti dans d’autres départements ; cependant, certaines
régions importantes du pays manquent encore de dermatologues, comme par
exemple les départements de Nueva Segovia, Madriz, Rivas, Chontales, Jinotega, Matagalpa,
RAAN, RAAS et Río San Juan 1 , où sont concentrés 35 % de la population totale du
Nicaragua 2 . La plupart des dermatologues sont établis dans les départements de Managua
et de León.
Nous n’avons pas trouvé d’antécédents sérieux concernant la pratique de la dermatologie
de la part des guérisseurs, mais nous pouvons affirmer qu’ils traitaient les ulcères variqueux
avec du café moulu et des feuilles de plantes médicinales connues sous des noms
populaires, non scientifiques. Le vitiligo, fréquemment lié à des sorcelleries ou des envoûtements
lancés sur ceux qui en souffrent, est traité avec du rocou et des plantes médicinales.
Les lois nicaraguayennes interdisent aux guérisseurs et aux sorciers l’exercice de
la profession, mais le manque de contrôle induit le fait qu’ils exercent de manière
habituelle.
Développement de la spécialité
ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
■ Développement de la spécialité
Les premières informations que nous possédons sur l’histoire de la dermatologie au
Nicaragua se rapportent à la lèpre.
281

Figure 1.
Carlos Irigoyen,
le premier
dermatologue
nicaraguayen
ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
282
Le président de la République en 1893, le général José Santos Zelaya, de peur de voir
le mal se propager dans tout le pays, ordonne que tous les malades lépreux soient isolés
sur l’île Aserraderos (île du Cardón), dans le port de Corinto, sur l’océan Pacifique (département
de Chinandega). La première léproserie est fondée à cet endroit en 1902 ; les
malades y deviennent de véritables prisonniers car il leur est interdit de sortir. Ils sont
transportés sur le chemin de fer peint en jaune dans des wagons spéciaux portant l’inscription
« 79 » et comportant des écriteaux indiquant le type de voyageurs. En 1930, les
malades s’échappent de l’île Aserraderos pour s’installer dans la commune de El Viejo
(département de Chinandega), qui devient ainsi à l’époque le principal foyer lépreux du
pays. Un autre groupe s’installe dans le département de León.
La première léproserie nationale, appelée San Lázaro, fut créée en 1932 à Managua,
sur le terrain qu’occupe actuellement le centre dermatologique national Dr Francisco
José Gómez Urcuyo (toujours appelé léproserie par les anciens habitants de la ville). À
l’origine elle hébergeait trente-huit patients. Alfonso Pérez Alonso et Juan de Dios Matus
firent don de ces terres; ce dernier, par amour envers les malades hanséniens, fut appelé
« Jean de la lèpre ».
En 1934 le Dr Roberto Espinosa Sotomayor fut nommé directeur du lazaret ; bien que
n’étant pas dermatologue, il combinait les activités administratives avec le soin dermatologique
des patients hanséniens 3 .
La Fondation contre la lèpre fut créée en 1943, son directeur étant le Dr Carlos Irigoyen
(figure 1), premier médecin spécialisé en dermatologie, diplômé au Mexique, fondateur
de la Société nicaraguayenne de dermatologie et de la Société centre-américaine
de dermatologie. En 1963, en qualité de secrétaire général de cette dernière, il organisa
le IV e Congrès centre-américain de dermatologie 4 .
Ultérieurement, le Dr Armando Morales Ettienne prit en charge la direction médicale
de la léproserie San Lázaro. Ce dermatologue, diplômé en Argentine, fut également
membre fondateur de la Société nicaraguayenne de dermatologie et de la société centreaméricaine
de dermatologie 5 .
Les années ultérieures furent marquées par le retour au pays des dermatologues nicaraguayens
suivants :
• Dr Jorge García Esquivel, diplômé au Mexique.
• Dr Alcides Delgadillo, membre fondateur de la Société nicaraguayenne de dermatologie.
• Dr Ernaldo Ávalos, diplômé en Argentine, membre fondateur de la Société nicaraguayenne
de dermatologie.
• Dr Carlos Delgado, diplômé en France, membre fondateur de la Société nicaraguayenne
de dermatologie 6 .
• Dr Oscar Martínez Campos, diplômé en Argentine, chirurgien esthétique et dermatologue
; il fut président de la Société nicaraguayenne de dermatologie ainsi que secrétaire
adjoint de la Société centre-américaine de dermatologie. Il fut également ministre
de l’Assurance sociale en 1997 et il est actuellement député pour le Nicaragua auprès du
Parlement centre-américain. Il fut invité à participer à de nombreux congrès nationaux.
• Dr Josefa Pineda, diplômée en Argentine.
• Dr Sergio Delgado, diplômé au Porto Rico.
• Dr Leonor Corea, diplômée en France.
• Dr Francisco José Gómez Urcuyo (figure 2), diplômé au Mexique et en Espagne, qui
fut de retour au Nicaragua en 1975.
• Dr Ángel Martínez Jiménez, de retour en 1977, après avoir obtenu son diplôme au
Brésil. Il occupa le poste de directeur et de sous-directeur de l’enseignement au Centre
national de dermatologie ; il fonda les chaires de spécialisation et d’études supérieures
en dermatologie de l’université nationale autonome du Nicaragua (León et Managua respectivement).
En 1991, l’université (Managua) organisa une cérémonie en l’honneur de

ses dix ans d’enseignement au sein de l’institution. Il participa également à plusieurs
congrès nationaux en tant que professeur invité.
• Dr Juan José Guadamuz, diplômé au Mexique, fut professeur titulaire de la chaire
de dermatologie (études supérieures) de la faculté de médecine de l’université nationale
autonome du Nicaragua, León.
• Dr Orlando Sarria Berríos, diplômé au Mexique.
• Dr Aldo Edgar Martínez Campos, qui retourna au Nicaragua en 1977 après avoir
obtenu son diplôme en Argentine.
• Dr Federico Prado Rocha, diplômé en France, qui retourna au Nicaragua en 1979.
Il fut cofondateur des chaires de spécialisation et d’études supérieures de dermatologie
à l’université nationale autonome du Nicaragua (León et Managua respectivement), et
cofondateur également de l’hôpital dermatologique national. En 1991, ladite université
(Managua) organisa une cérémonie pour ses huit ans d’enseignement au sein de l’institution.
Il fut vice-ministre de la santé entre 1997 et 1998 et participa comme professeur
invité à plusieurs congrès nationaux.
• Dr Hermann Allan Schaffer Urbina, de retour en 1980 après ses études en Uruguay.
• Dr Marlene Parra García, de retour en 1985, obtint son diplôme au Mexique avec
une sous-spécialisation en dermatologie pédiatrique, devenant ainsi la première dermatologue
pédiatrique du Nicaragua. Entre 1996 et 1999 elle a coordonné le cours de spécialisation
en dermatologie au centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez
Urcuyo. Depuis 1992 elle est professeur titulaire de la chaire d’études supérieures en
dermatologie de la faculté de médecine de l’université nationale autonome du Nicaragua,
Managua. Elle participa à de nombreux congrès nationaux.
Tous ces dermatologues, ainsi que bien d’autres qui n’ont pas été mentionnés ici, travaillèrent
de manière responsable et passionnée pour la dermatologie nicaraguayenne.
Nonobstant, il nous apparaît nécessaire de témoigner une reconnaissance spéciale envers
ceux qui se sont distingués tout au long de ces années pour leur dévouement mémorable.
Personnalités remarquables
Dr Jorge García Esquivel
Son travail de directeur médical de la léproserie (1951-1970) fut notable, et c’est au
cours de sa gestion que l’institution changea de nom pour celui de clinique San Lázaro.
Il introduisit au Nicaragua le premier traitement efficace contre la lèpre: les sulfones
(DDS). Il mena la campagne pour traiter les patients ambulatoires et, soutenu par le
Dr Rodolfo Matus, chirurgien esthétique, il réalisa les premières chirurgies reconstructrices.
Il fut le premier spécialiste nicaraguayen à exposer ses expériences dermatologiques
lors de congrès nationaux et internationaux et fut membre fondateur de la Société nicaraguayenne
de dermatologie et secrétaire général de la Société centre-américaine de
dermatologie ; en tant que tel, il organisa en 1976 le X e Congrès centre-américain de dermatologie.
Il occupa également la présidence de la Société nicaraguayenne de dermatologie
durant différentes périodes.
Dr Francisco José Gómez Urcuyo (1943-1995)
Histoire de la dermatologie nicaraguayenne
■ Personnalités remarquables
Ce fut l’un des dermatologues les plus remarquables du Nicaragua et sa mort prématurée
représente une perte irrémédiable. Il consacra une grande partie de sa vie médicale
aux lépreux, avec habileté scientifique et mystique, amour et dévouement. Il dirigea
la clinique San Lázaro entre 1976 et 1981; il fut le cofondateur et le promoteur de la fon-
283
Figure 2.
Dr Francisco José
Gómez Urcuyo

Figure 3.
De gauche
à droite :
Pr. Hermann
Schaffer,
Pr. Dr Aldo Edgar
Martínez
Campos,
Pr. Dr Francisco
José Gómez
Urcuyo, lors
de l’hommage
de l’Association
nicaraguayenne
de dermatologie
au Dr Gómez
Urcuyo
ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
284
dation de l’hôpital dermatologique national qui porte actuellement son
nom en juste hommage à sa mémoire, étant donné la tâche difficile qu’il
commença le 1 er février 1978: une importante transformation des structures
physiques et médicales de l’hôpital eut lieu, entraînant une amélioration
des conditions d’hygiène et de l’environnement pour les malades
hospitalisés. Pour la première fois les patients dermatologiques disposaient
de leur propre hôpital, où ils recevaient un traitement médical.
C’est au cours de sa gestion que les patients souffrant de la maladie de
Hansen reçurent de manière institutionnalisée les traitements de rifampicine,
clofazimine et DDS (figure 3).
Il fonda également la Société amis des lépreux, grâce à laquelle fut bâtie la citadelle
Adilia de Eva, en l’honneur de cette femme qui participa à sa construction et qui éprouvait
une dévotion et un amour tout spéciaux envers les malades atteints de la lèpre. Il
faut noter que cette construction ne reçut aucune subvention du gouvernement de
l’époque.
La citadelle, formée de dix-sept maisons hygiéniques indépendantes, vise à offrir aux
patients un toit modeste mais digne, avec l’avantage de l’intimité dont bénéficie chaque
famille. Les hommes célibataires occupent des pavillons séparés de ceux des femmes.
Actuellement, elle héberge dix-sept patients qui sont déjà guéris mais qui continuent
de recevoir une assistance médicale, des aliments et tous les éléments nécessaires à leur
soin. Il s’agit de personnes âgées qui vivent avec leurs enfants et petits-enfants, constituant
ainsi une communauté de quarante et une personnes.
Ces constructions se trouvent à l’emplacement de l’hôpital et sont séparées de celles
destinées aux patients souffrant d’autres pathologies.
Le Dr Gómez Urcuyo créa le département de promotion et de bien-être social qui vise
à traiter les malades hanséniens de façon multidisciplinaire, et c’est grâce à lui que certains
patients mutilés purent réintégrer la vie familiale : des ateliers furent organisés
pour offrir aux malades une formation en menuiserie et ébénisterie. Le succès de cette
initiative leur permit d’être productifs et de se rendre utiles au sein de leur famille malgré
leurs mutilations.
En 1980, Gómez Urcuyo participa à une campagne afin de déterminer de nouveaux
cas de lèpre dans les départements de Chinandega et de Managua.
Il fut invité maintes fois à des congrès nationaux et à l’étranger, au cours desquels il
exposa ses travaux et ses propres expériences.
En 1980 il fonda la chaire de dermatologie des études supérieures de l’université nationale
autonome du Nicaragua (Managua) et fut également cofondateur de la chaire de
spécialisation en dermatologie de la même université (León et Managua). Il occupa deux
fois le poste de secrétaire adjoint pour le Nicaragua auprès de la Société centre-américaine
de dermatologie. En 1991, il reçut à l’université nationale autonome du Nicaragua
(Managua) un hommage pour ses dix ans d’enseignement. En 1994, la Société hondurienne
de dermatologie le désigna membre honoraire en reconnaissance de ses mérites.
Parmi les patients hanséniens du Centre national de dermatologie, l’un des plus anciens,
Dom Pedro Delgadillo 7 , lui dédia le poème suivant, en témoignage d’affection, de
respect et de remerciement :
Mon docteur est un jeune nica, c’est un aventurier.
De tous les employés, il arrive au bureau le premier.
C’est le chercheur de ma moelle et de ma peau fanée,
c’est celui qui répare mon sang,
qui, quand je m’énerve, est irrité.
Son nom, comme sa signature,
parmi ses collègues sont respectés.

Lors de mes consultations, quand rien ne m’est prescrit
je me tais par respect, parce que je le chéris.
Tel qu’il l’affirme,
mon grand désir est
que sur le chemin qu’Il parcourra
ni chardons ni chaînes il n’y aura
et que son beau et sensible travail
Dieu le bénisse là où il aille.
Le Dr Francisco José Gómez Urcuyo est le médecin qui aima et se consacra le plus
aux malades hanséniens. Nous pouvons le constater dans un poème qu’il écrivit et que
les autorités du ministère de la Santé firent graver sur une plaque de bronze dévoilée
lors d’une cérémonie solennelle au centre national de dermatologie qui porte actuellement
son nom 8 .
Seigneur,
mes lépreux sont la lumière de ma vie.
Ils remplissent de tendresse
ma profession et ma nicaraguayenneté
Aide-moi à soulager leurs plaies,
à les rendre forts face à l’humiliation,
à les comprendre dans leur solitude.
Dr Aldo Edgar Martínez Campos (1937)
Histoire de la dermatologie nicaraguayenne
Dermatologue et spécialiste de la médecine du travail (figure 4), il fut le cofondateur
de la chaire de dermatologie des études supérieures de la faculté de médecine de l’université
nationale autonome du Nicaragua en 1980. Au cours de cette même année, il participa
à la campagne menée dans les départements de Chinandega et Managua afin de
déterminer de nouveaux cas de lèpre.
En 1982, l’université nationale autonome du Nicaragua (León et Managua) et la direction
supérieure du ministère de la santé le désignèrent chef national d’enseignement
de la dermatologie pour les cours de spécialisation 9 . En tant que fondateur et chef de la
chaire, il élabora avec le Dr Hermann Allan Schaffer Urbina les plans et les programmes
d’étude de la spécialité qui sont toujours en vigueur, les modifications ultérieures ayant
été faites par ces mêmes auteurs. Actuellement, trente-six des quarante-deux dermatologues
nicaraguayens obtinrent leur diplôme dans leur pays 10 .
Herman Allan Schaffer Urbina, Francisco José Gómez Urcuyo, Federico Prado
Rocha et Ángel Martínez Jiménez l’accompagnèrent dans la fondation de la
chaire de dermatologie. Plus tard, Hugo Argüello Martínez, médecin pathologiste,
Dalia Torres Flores (figure 5), diplômée en biologie et technologie médicale
— elle suivit des formations de spécialisation en mycologie au Costa Rica et en
Argentine —, et Marlene Parra García se sont joints à l’ensemble des professeurs
de cette chaire.
Le Dr Martínez Campos présida la Société nicaraguayenne de dermatologie (deux
fois), dont il est actuellement le président honoraire. Il présida également à deux occasions
l’Association médicale nicaraguayenne, dont il est membre perpétuel du comité de
direction 6, 11 . Il représenta son pays en tant que secrétaire adjoint auprès de la Société
centre-américaine de dermatologie et participa maintes fois à des congrès nationaux et internationaux,
au cours desquels il exposa ses travaux ainsi que ses expériences personnelles.
285
Figure 4.
Dr Aldo Edgar
Martínez Campos
Figure 5.
Dr Francisco José
Gómez Urcuyo et
Pr. Dalia Torres
Flores

Figure 6.
Dr Hermann
Allan Schäffer
Urbina
Figure 7.
De gauche à
droite : Erasmo
Aguilar, Hermann
Schäffer Urbina,
Berthalina
Cuevas, Federico
Prado et Aldo
Edgar Martínez
Campos
ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
286
Nous pouvons affirmer qu’il représente l’un des piliers de la dermatologie nicaraguayenne
actuelle, avec les Drs Hermann Allan Schaffer Urbina et Francisco José Gómez
Urcuyo.
En 1985, le ministère de la Santé le nomma membre du groupe national de médecine
(pour la dermatologie), par reconnaissance envers son travail d’enseignant. En 1986,
ledit ministère et le Conseil national de l’éducation supérieure du Nicaragua l’honorèrent
du titre de professeur distingué pour le cours de spécialisation en dermatologie. Cette
même année la direction supérieure du ministère de la Santé proposa de décentraliser
la dermatologie nationale ; le Dr Martínez Campos fut alors choisi pour créer une unité
de soin et d’enseignement de la dermatologie, basée à la polyclinique orientale, là où les
médecins internes de dermatologie effectuaient leurs services six mois par an.
En 1991, il reçut à l’université nationale autonome du Nicaragua (Managua) un hommage
pour ses dix ans d’enseignement.
En 1994, il cofonda la faculté de médecine de l’université américaine —première faculté
privée de médecine au Nicaragua— ; il prépara les programmes d’étude de la
nouvelle institution et créa les chaires de médecine du travail et de dermatologie, dont
il est actuellement le professeur titulaire. Il fut membre du conseil facultatif ; fondateur
et directeur du département de spécialisation de cette université, il démissionna en
1999.
En 1996, il organisa le XX e Congrès centre-américain de dermatologie à Managua en
tant que secrétaire général de la Société centre-américaine de dermatologie.
En 1997 il fut nommé directeur général de l’enseignement et de la recherche au ministère
de la Santé ; la même année l’université nationale autonome du Nicaragua (Managua)
organisa une cérémonie en reconnaissance de son travail considérable pour le
développement des cours de spécialisation en dermatologie. Il occupa le poste de sousdirecteur
de l’enseignement à l’hôpital dermatologique national.
En 2001, la faculté de médecine de l’université américaine lui octroya le diplôme honoris
causa, en reconnaissance de son travail dans l’enseignement. Il exerce toujours les
fonctions de professeur titulaire de la chaire de dermatologie de ladite université et de
conférencier lors de congrès de médecine ayant lieu au Nicaragua ou à l’étranger.
Dr Hermann Allan Schaffer Urbina (1945-1998)
Cofondateur de la chaire de dermatologie des études supérieures de la faculté de médecine
de l’université nationale autonome du Nicaragua en 1980, il participa la même
année à la campagne réalisée dans les départements de Chinandega et de Managua pour
déterminer de nouveaux cas de lèpre (figure 6).
Sa contribution à la mise en place et au développement de la chaire de spécialisation
en dermatologie fut fondamentale : il participa activement et efficacement à l’élaboration
des plans d’étude de la spécialité. Il avait l’art de savoir transmettre ses
connaissances aux élèves, et devint un professionnel très respecté dans la
communauté médicale nicaraguayenne.
En tant que sous-directeur de l’enseignement de l’actuel centre national
de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo, il travailla de manière efficace,
ce qui contribua à améliorer la formation des internes 12 (figure 7).
Il participa à maints congrès dans le pays et à l’étranger, exposant son
travail et ses expériences. Il présida la Société nicaraguayenne de dermatologie
et fut secrétaire adjoint pour le Nicaragua auprès de la Société centreaméricaine
de dermatologie à deux occasions 6 .
En 1991, l’université nationale autonome du Nicaragua lui rendit hommage
pour ses dix ans d’enseignement au sein de l’institution. En 1999, au
cours d’une cérémonie solennelle, le ministère de la Santé découvrit une plaque de

marbre dans l’auditorium du Centre national de dermatologie en hommage à son travail
didactique et à sa vie exemplaire.
Il compte parmi les dermatologues les plus importants du Nicaragua et son absence
est ressentie de tous.
L’Association Nicaraguayenne de Dermatologie
Les démarches visant à sa fondation furent initiées en 1957, mais ce n’est que le 4 mai
1961, lors de la Déclaration de Managua, que la Société nicaraguayenne de dermatologie
et syphiligraphie fut fondée. Ultérieurement et pour des raisons d’ordre légal, elle changea
de nom et adopta la dénomination « Association nicaraguayenne de dermatologie ».
Ses fondateurs furent les Drs Carlos Irigoyen, Alcides Delgadillo, Armando Morales
Ettienne, Jorge García Esquivel, Ernaldo Ávalos Vega et Carlos Delgado González, tous
décédés 5 .
L’Association nicaraguayenne de dermatologie regroupe la plupart des dermatologues
du pays. Elle organisa jusqu’à présent dix-neuf congrès nationaux de dermatologie
6 , comprenant les spécialités suivantes : dermatologie, médecine interne, pédiatrie,
chirurgie esthétique, médecine générale. Certains congrès traitèrent des sujets concernant
les soins primaires, la formation des internes et des étudiants en médecine. Grâce
à ses dirigeants, l’institution organisa également trois congrès centre-américains.
Des accords furent passés avec la faculté de médecine de l’université américaine pour
mettre en place des programmes de formation continue pour les dermatologues, ainsi
que des cours d’actualisation en dermatologie.
Lors de l’assemblée générale du 6 octobre 1998, l’association créa la bourse d’études
« Dr Hermann Allan Schaffer Urbina », en mémoire de cet éminent dermatologue nicaraguayen
; ladite bourse, de 200 dollars américains mensuels, est destinée à de jeunes
médecins ayant eu une excellente moyenne pendant toutes leurs études et désireux
d’étudier la dermatologie. Le Dr Hermann Allan Schaffer Suárez, étudiant de la faculté
de médecine de l’université de Marroquín, au Guatemala, fut le premier médecin à obtenir
cette distinction.
L’association propose également à ses membres un fonds d’aide mutuelle et une assurance
collective, en cas de maladie ou de décès 6 .
Le Centre National de Dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo
Histoire de la dermatologie nicaraguayenne
■ L’Association nicaraguayenne de dermatologie
■ Le centre national de dermatologie
Dr Francisco José Gómez Urcuyo
Le 20 février 1995, vingt-cinq jours après la mort de l’illustre dermatologue,
le ministère de la Santé baptisa l’institution créée le 1 er février 1978
par le Dr Gómez Urcuyo de son propre nom au cours d’une cérémonie solennelle,
respectant ainsi la demande de l’Association médicale nicaraguayenne
et de la Société nicaraguayenne de dermatologie (figure 8). Le
centre avait été créé avec la collaboration du Dr Ángel Martínez Jiménez,
chargé des patients hanséniens, du Dr Aldo Edgar Martínez Campos, sousdirecteur
de l’enseignement, du Dr Federico Prado Rocha, chef de la
consultation externe, du Dr Claudio Galo Sandino, microbiologiste clinique
et chef et fondateur du laboratoire actuel de l’hôpital. Le Dr Hermann
Schaffer Urbina occupa ultérieurement le poste de chef en charge des patients hospitalisés
et l’institution reçut la collaboration des Drs Josefa Pineda, Leonor Corea, Hugo
Argüello (pathologiste, disciple du Pr. Ackerman), Marlene Parra García et Dalia Torres
Flores 12 .
287
Figure 8.
Découverte de la
plaque de bronze
en hommage au Dr
Francisco José
Gómez Urcuyo au
centre national de
dermatologie qui
porte son nom. De
gauche à droite :
Mme Inés Hurtado,
veuve de Gómez
Urcuyo, Mme Sara
Urcuyo, mère du Dr
Gómez Urcuyo, et
Mme Martha
Palacios, ministre
de la Santé, 1995

Figure 9.
Aldo Edgar
Martínez Campos
ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
Actuellement, le centre est un hôpital école, qui reçoit en moyenne 300 patients par jour
et qui est considéré comme le berceau de la dermatologie nicaraguayenne 13 . Quarante-sept
dermatologues nicaraguayens et deux étrangers y obtinrent leur diplôme; le Dr Alfonso Bendaña
Hurtado (25 novembre 1985) est le premier dermatologue diplômé au Nicaragua 10 .
De nos jours le centre accueille quatorze internes en dermatologie ; tous les patients
dermatologiques reçoivent un soin spécialisé et intégral ; l’enseignement est à la charge
des dermatologues diplômés au Nicaragua ; des internes et des chirurgiens esthétiques
collaborent également à l’enseignement.
Le centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo travaille avec
l’hôpital Antonio Lenin Fonseca, un centre qui dispose de 300 lits et qui offre son soutien
médical aux patients ayant besoin de soins spécialisés. L’institution subit des rénovations
depuis l’administration du Dr Gómez Urcuyo : le secteur des cabinets externes fut modifié
en 1983 sous les ordres du Dr Juan José Cabrera, directeur de l’époque.
■ L’enseignement dermatologique dermatologique au Nicaragua au Nicaragua
288
Nous pouvons affirmer de façon catégorique que la création de la chaire de spécialisation
en dermatologie au Nicaragua (1982) constitua un bond en avant de la spécialité, autant
qualitatif que quantitatif. La décision de former des spécialistes en dermatologie au
pays fut sage et judicieuse. Les différentes écoles fusionnèrent dans cette chaire, comme
celles d’Argentine, d’Uruguay, du Mexique, d’Espagne, de France et du Brésil, aboutissant
à une solide formation des nouveaux dermatologues nicaraguayens. L’enseignement au
sein de la chaire est toujours à la charge des dermatologues diplômés du pays.
Il existe actuellement au Nicaragua trois facultés de médecine qui enseignent la dermatologie,
dont deux se trouvent à Managua tandis que la troisième est à León. La faculté
de médecine de l’université nationale autonome (Managua) possède une chaire
d’études supérieures, dont le professeur titulaire est Marlene Parra García, tandis que
pour l’instant la chaire de spécialisation n’a pas de professeur titulaire et fonctionne sous
la responsabilité du Dr Erasmo Aguilar Díaz, diplômé au Nicaragua. De nos jours quatorze
médecins internes suiuvent une spécialisation d’une durée de trois ans. Ces médecins
doivent présenter et soutenir un travail de recherche pour prétendre au titre de
spécialiste.
La plupart des internes reçoivent une bourse du ministère de la Santé ; cependant
quelques-uns poursuivent leurs études avec leurs propres moyens économiques. Pour
être admis, ils doivent passer un examen : les points obtenus sont additionnés aux points
des qualifications des études supérieures, leur CV est étudié et de là résulte la sélection
des meilleurs étudiants. Le nombre d’élèves admis est déterminé chaque année par les
autorités du ministère de la Santé et de la faculté de médecine.
À la faculté de médecine de l’université américaine, la dermatologie est enseignée
uniquement dans le cadre des études supérieures ; le Dr Aldo Edgar Martínez Campos (figure
9) en est le professeur titulaire. Les trois chaires sont dictées au centre national de
dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo (hôpital école).
Le Dr Nubia Pacheco Solís est le professeur titulaire des études supérieures de la faculté
de médecine de l’université nationale autonome du Nicaragua (León), et les cours
ont lieu à l’hôpital école Oscar Danilo Rosales. Cette faculté ne propose pas d’études de
spécialisation en dermatologie.
Parmi les nouvelles générations de dermatologues (figures 10, 11 et 12) — tous titulaires
d’un diplôme de spécialisation en dermatologie acquis au Nicaragua depuis 1982,
excepté pour le Dr Hermann Allan Schaffer Suárez —, nous allons citer :
Dr María Eugenia Medina Zepeda: elle fut la coordinatrice de la spécialisation en dermatologie
au sein de l’unité d’assistance dans l’enseignement de la polyclinique orientale

Histoire de la dermatologie nicaraguayenne
(1988-1994) ainsi qu’au centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo
(1996-2002, date de sa démission). Elle participa en 1989 à une campagne pour détecter
de nouveaux cas de lèpre à San Francisco Libre, Managua et Chinandega. Elle exposa ses
travaux et ses expériences au cours de congrès à l’étranger ou dans le pays.
Dr Luz Cantillo : directrice du centre national de dermatologie Dr Francisco José
Gómez Urcuyo entre 1994 et 1997, elle impulsa les rénovations des cabinets de consultation
externe et de l’auditorium de l’hôpital. Elle participa à la campagne menée dans
la commune de San Francisco Libre (département de Managua), où un noyau de lèpre et
plusieurs cas de lèpre nodulaire infantile furent découverts. Elle fit également partie de
la campagne en 1996, à El Zapote, Real de la Cruz et Sabana Larga (département de Matagalpa),
où on découvrit que les puits ravitaillant l’eau potable étaient pollués à l’arsenic
; 111 cas d’HACRE furent détectés à ce moment-là.
Elle participa à plusieurs congrès — nationaux
et internationaux — en qualité de conférencier
ou de professeur invité, présentant ses
travaux et ses expériences. Actuellement elle
enseigne à la chaire d’études supérieures de
la faculté de médecine de l’université nationale
autonome du Nicaragua (Managua).
Dr Alina Gómez: elle a coordonné le travail
réalisé à San Francisco Libre, où un foyer
de lèpre fut découvert, et participa avec le Dr
Luz Cantillo à l’étude qui permit de détecter
les patients atteints d’HACRE. Elle obtint le
premier prix de l’exposition d’affiches sur les
résumés de cas d’arsenic au cours du XXII e
Congrès centre-américain de dermatologie, qui eut lieu à Panamá. Elle exposa ses expériences
au cours de maints congrès à l’étranger et dans le pays. Pendant une année elle enseigna
dans les chaires d’études supérieures et de spécialisation en dermatologie.
Dr Leónidas Pacheco Mora : président de l’Association nicaraguayenne de dermatologie
entre 1996 et 1998, il organisa également deux congrès nationaux de dermatologie
et fut invité à bien d’autres congrès de la spécialité.
Dr José Miguel Gutiérrez Arostegui : entre 1998 et 2000 il présida l’Association
nicaraguayenne de dermatologie, organisant deux congrès nationaux de la spécialité.
Il dirigea également le Centre national de dermatologie entre 1997 et 1998.
Dr María Luisa Álvarez Ortiz : elle présida l’Association nicaraguayenne de dermatologie
entre 2000 et 2002, période pendant laquelle se déroulèrent deux congrès nationaux
de la spécialité. Elle participa à de nombreux congrès, nationaux et internationaux.
289
Figure 10.
De gauche à
droite : Alejandro
Varel, Federico
Prado, Sonia Rivas,
María Eugenia
Medina, Gladis
Rosales, Aldo Edgar
Martínez Campos,
Hermann Schaffer
Urbina et Ángel
Martínez
Figure 11.
De gauche à
droite : Jorge Isaac
Neira Cuadra,
Hermann Allan
Schaffer Urbina,
Lesbia Altamirano,
Aldo Edgar
Martínez Campos,
Erendira Rizo
et José Miguel
Gutiérrez
Figure 12.
De gauche à
droite : Aldo Edgar
Martínez Campos,
Berthalina Cuevas,
Federico Prado,
Alejandro Varel,
Dr María Eugenia
Medina, Erasmo
Aguilar, María
Luisa Álvarez,
María Mercedes
Palma et Hermann
Schaffer Urbina

ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA
Dr Erasmo Aguilar Díaz : il coordonne depuis 2002 les cours de spécialisation en dermatologie
; il fit part de ses expériences et de ses travaux au cours des congrès nationaux
et participa à la campagne de Matagalpa (111 cas d’HACRE).
Dr Sonia Rivas Serrano : actuelle présidente de l’Association nicaraguayenne de dermatologie
(depuis l’an 2002), elle organisa quelques congrès nationaux. Elle est invitée
comme professeur à plusieurs congrès réalisés dans le pays.
Dr Herman Allan Schaffer Suárez : il est professeur auxiliaire de la chaire de dermatologie
des études supérieures à la faculté de médecine de l’université américaine.
Dr Jorge Neira Cuadra : il est actuellement le directeur du Centre national de dermatologie,
où il réalisa plusieurs réformes structurelles. Il est professeur auxiliaire des
études supérieures de la faculté de médecine de l’université américaine ainsi que de la
chaire de spécialisation en dermatologie de la faculté de médecine de l’université nationale
autonome du Nicaragua (Managua). Grâce à ses aptitudes et son dévouement, il
soutient activement l’enseignement et le développement de la chaire de la spécialisation.
Il participa à des congrès nationaux en qualité de professeur invité et en tant que conférencier
au cours de congrès internationaux.
Nous pouvons affirmer que, malgré le nombre limité de ses membres, la dermatologie
nicaraguayenne occupe actuellement une place honorifique dans la médecine du
pays, eu égard à son prestige et aux avancées scientifiques que ses fondateurs lui ont
laissé par le passé. Ceux-ci ont légué une œuvre que les générations actuelles de dermatologues
continuent de renforcer et d’enrichir avec leur travail constant et ardu.
Nous sommes profondément convaincus que le présent de la dermatologie du Nicaragua
est sur la bonne voie et que notre avenir est très prometteur. ■
■ Références
bibliographiques
1. Ministerio de Salud. Dirección
de Docencia e Investigación.
Recursos Humanos. Libro de
Registros. 1984 - 2004.
2. Instituto Nacional de
Estadísticas y Censos.
Dirección de Estadísticas
Sociodemográficas.
Población total por área de
residencia y sexo. Dpto. de
Proyección; 2004.
3. Gómez Urcuyo F. Pasado,
presente y futuro de la lepra
en Nicaragua. Trabajo
presentado en el 11º Congreso
Internacional de Lepra.
México. 13-18 nov. 1978.
4. Vázquez Blanco R. Historia de
los Congresos
Centroamericanos de
Dermatología. 23º Congreso
Centroamericano de
Dermatología; 2002.
5. Libro de Actas de la Sociedad
Nicaragüense de
Dermatología. Año 1973.
6. Libro de Actas de la Asociación
Nicaragüense de
Dermatología. Año 1990.
7. Delgadillo P. Historia de la
lepra en Nicaragua.
Managua: Mercurio.
8. Gómez Urcuyo F.J. Libro de
Poemas (inédit).
9. Ministerio de Salud. Dirección
de Docencia e Investigación.
Recursos Humanos. Libro de
Registros. 1984 - 2004.
Octobre 2004
10. Libro de Actas de Examen de
Posgrado de Dermatología.
Managua: Facultad de
Medicina. Universidad
Nacional Autónoma de
Nicaragua. 1984-2004.
11. Libro de Actas de la
Asociación Médica
Nicaragüense. 1990-2004.
12. Centro Nacional de
Dermatología Francisco José
Gómez Urcuyo. Libro de
Archivos de Recursos
Humanos. 1982-2004.
13. Centro Nacional de
Dermatología Francisco José
Gómez Urcuyo. Libro del
Departamento de
Estadísticas; 2004.

A manera de prólogo
NOTES SUR
L’HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
AU PARAGUAY
JULIO CORREA
■ À titre de prologue
Notre continent, versatile et mystérieux, observé sous tous ses angles, renferme une
infinité de manifestations qui constituent, à travers les races natives qui le peuplèrent et
qui le peuplent encore, le riche héritage du développement de la médecine sous toutes
les latitudes des Amériques ; les sculptures, les poteries et les inscriptions montrant,
entre autres, les maladies liées à la peau en sont les témoins. Les apports des auteurs
mexicains, colombiens, péruviens, chiliens, argentins, parmi tant d’autres pays de la
confraternité latino-américaine, analyseront ce concept en détail.
Vu la dimension du sujet, j’ai préféré nommer le présent travail simplement « Notes
sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay », car il comprend des années de développement
de plusieurs civilisations, surtout de l’ère précolombienne et notamment de la
race tupi-guarani, habitants d’une grande partie du territoire sud-américain en ces
temps-là, et dont les expressions artisanales laissèrent malheureusement de rares témoignages
de leurs connaissances extraordinaires sur les propriétés curatives des plantes.
Heureusement, quelques-uns furent recueillis par des observateurs diligents, à savoir des
conquérants, des jésuites, les natifs scolarisés et nombre de savants et d’académiciens qui
arrivèrent sur ces terres et qui témoignèrent dans des travaux de recherche remarquables
de l’extraordinaire développement cognitif des autochtones du continent.
Le Paraguay, pays méditerranéen à l’histoire richissime et surprenante, qui occupait
avant la conquête des territoires comprenant une grande partie du Brésil et du territoire
argentin, avec des frontières avec le Pérou et la Bolivie, se démembra progressivement,
pendant l’époque coloniale, en raison des affrontements entre les Portugais et les Espagnols;
en premier lieu, essentiellement à cause de l’avancée des bandeirantes, malocas
paulistes, animés par le désir d’asservir une main-d’œuvre bon marché; et en second lieu,
à cause de la négligence envers ces vastes territoires. Et à l’époque de l’indépendance, la
guerre sanglante — dite de la Triple Alliance (le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay) — que le
Paraguay endura entre les années 1865-1870 mutila davantage le territoire et anéantit
291

JULIO CORREA
une grande partie de la population, plongeant les survivants dans la désolation et la misère,
à cause des balles, de la faim et des innombrables pestes sur les champs de bataille.
Pendant la reconstruction de la patrie qui suivit le funeste quinquennat, apparaissent
les premiers événements qui marquent les débuts de l’histoire dermatologique au Paraguay.
Les nombreux documents que nous avons consultés sur cette période constituent
une somme intéressante d’informations relatives à ce qu’il y a de plus notable sur les maladies
cutanées dans notre pays, les mécanismes pour les combattre et leurs résultats,
apportées par des membres illustres de ces communautés.
Le but de cette introduction est d’éveiller l’intérêt de ceux qui viennent d’arriver pour
que leur apport contribue à enrichir davantage l’histoire de la dermatologie au Paraguay.
Ma gratitude et ma reconnaissance vont envers ceux qui collaborèrent à ce modeste
travail.
■ La La population d’Amérique. d’Amérique. L’homme américain L’homme américain
292
En Amérique, des fossiles d’hominidés ne furent pas retrouvés ; l’Amérindien n’est
pas autochtone, mais il arriva d’Asie au Paléolithique supérieur et au début du Néolithique.
Son apparition en Amérique se produisit à une époque relativement récente, plus
tard qu’en Europe, il n’y a pas plus de trente mille ans (trente-cinq à quarante mille
d’après Bates), selon les trouvailles archéologiques et les études réalisées.
Les habitants d’Amérique sont venus d’Asie par la terre, par vagues successives, à
travers le détroit de Behring. C’étaient des hommes de type mongoloïde, encore peu différenciés
(avec les traits pas trop accentués des races mongoles et jaunes), dolichocéphales,
provenant de tribus primitives paléo-asiatiques d’Asie du Nord 1 .
Il existe aussi d’autres théories de plusieurs auteurs, cités par González Torres, qui
essaient d’expliquer la présence de l’homme américain sur le continent. Paul Rivet, du
musée de l’homme et du musée d’histoire naturelle de Paris, signale quatre courants migratoires
:
1. Mongoloïde (la théorie principale) : ils arrivèrent d’Asie par le détroit de Béring.
2. Ils arrivèrent dans des embarcations depuis la Polynésie, la Mélanésie, l’Océanie,
les îles du Pacifique, en passant par l’île de Pâques ; certains doutes subsistent pour une
telle traversée il y a trente mille ans.
3. Ils traversèrent le Pacifique plus au nord, atteignant différents points de la côte
américaine.
4. Migration de l’homme australien à travers l’Antarctique pour arriver à l’extrême
sud de l’Amérique ; prédécesseurs des Patagons et des Fueguinos, avec des éléments culturels
communs aux Australiens.
Il existe également d’autres théories, dont quelques-unes sont fantaisistes. Les monticules
et les sambaquis et des restes retrouvés dans des grottes et des cavernes sont les
principales sources de données préhistoriques en Amérique. Les fossiles humains les
plus anciens retrouvés sur notre continent, mesurés par le carbone 14, appartiennent à
(toujours d’après González Torres) :
- l’île de Roses, côte de Californie, 38 000 ans.
- Lewisville, Texas, 37 000 ans.
- Sandia Cave, 26 000 ans.
- Tule Springs, Nevada, 22 000 ans.
- Chili, 10 000 ans.
- Folsom (bûchers humains à Folsom), 9 889 ans.
- Lagoa Santa, Brésil, 6 000 ans.

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Les caractères anthropologiques de l’homme du Paléolithique supérieur sont : dolichocéphale
(crâne allongé, avec la voûte crânienne élevée, aux parois fines), visage allongé
et étroit, nez moyen, arcades sourcilières accentuées, cheveux lisses. Ils étaient
appelés australoïdes parce qu’il existe encore des individus et des peuples avec la même
caractéristique anthropologique en Australie. Ils sont représentés aujourd’hui par les Algonquins
et les Shoshones d’Amérique du Nord; et par les Gé, Kaingu, Siriones, Tobas et
Tehuelches, entre autres, en Amérique du Sud.
Les hommes du Paléolithique supérieur apparurent au Paraguay il y a six mille ans.
D’après Canals Frau, les habitants du Paléolithique supérieur d’Amérique du Sud composent
trois groupes raciaux, tous dolichoïdes : les ancêtres des Huárpidos (grands,
maigres, poilus : Huarpes de Cuyo, Siriones de l’Est bolivien), qui descendirent par le
Mexique, l’Amérique centrale, la Colombie, les zones interandines ; les Lágidos (petits,
forts, poilus : Caingua, Gé, entre autres), qui gagnèrent le Venezuela, le bassin de l’Orénoque
jusqu’au Brésil central et oriental, le Paraguay, le NE argentin ; les Patagónidos
(grands, robustes, peu poilus) ; les Tehuelches de la Patagonie, qui habitaient depuis la
Terre de Feu jusqu’au centre du Brésil.
Au Néolithique, d’autres vagues migratoires arrivèrent et occupèrent l’Alaska, le nord
de l’Amérique du Nord jusqu’à l’est (Esquimaux) et migrèrent ensuite vers le sud (5500
à 5000 av. J.-C.); certains affirment qu’elles vinrent également de Polynésie. Ils étaient
brachycéphales (crâne plus court et large), sédentaires, agriculteurs, bergers et éleveurs
de bétail. Ils utilisaient des outils et des armes en pierre polie, des os, des cornes, de
l’ivoire. Ils connurent et perfectionnèrent la céramique, la poterie, le filage, le tricot; ils
possédaient une organisation sociale et habitaient des hameaux. Ils développèrent les arts
et la religion. Ils étaient de bons navigateurs et perfectionnèrent leurs embarcations.
Les Muscogui et les Sudástidos sont les représentants actuels de ces groupes au sud-est
des États-Unis; les Apaches au nord du Mexique; les Esquimaux: Amazonides, Arawaks,
Brasilides, Caraïbéens, Guaranis-Tupis. Des tribus de la culture néolithique apparurent au
Paraguay il y a environ trois mille ans av. J.-C. Elles habitaient la jungle, dans notre région
orientale, occupant de grandes maisons communales et se regroupant en hameaux.
Les races amérindiennes furent classées suivant différents points de vue : par régions
géographiques, par familles linguistiques, par domaines culturels, etc. À l’époque de la
découverte de l’Amérique, il y avait sur le continent quatre sous-groupes, d’après la plupart
des anthropologues :
1. Indiens nord-pacifiques en Alaska et à l’ouest des montagnes Rocheuses, le long du
Pacifique Nord jusqu’en Californie, dont les Apaches qui sont descendus jusqu’au
Mexique ;
2. Indiens de la zone sub-pacifique ou du Pacifique Sud, depuis le Mexique, l’Amérique
centrale, le long des Andes jusqu’en Patagonie ; ce sont les néo-Amérindiens, les
Aztèques, les Mayas, les Incas, les Araucans au Chili, les Pampeanos et les Patagons dans
les prairies de l’est des Andes, le Chaco austral, la Pampa et la Patagonie ;
3. Indiens nord-atlantiques, dans les plaines d’Amérique du Nord, à l’ouest des montagnes
Rocheuses, dont les principaux représentants étaient les Peaux-Rouges, assez
éloignés du Mongol : ils mesuraient 1,70 m en moyenne ;
4. Indiens de la zone sub-atlantique ou de l’Atlantique Sud, dans les jungles d’Amérique
du sud à l’est des Andes, jusqu’à la côte atlantique; léger aspect mongoloïde, mésocéphales,
de petite taille (1,55m à 1,60m); divisés en plusieurs nations, collectivités ou tribus.
Les Caraïbes occupaient les Antilles. Il existait également d’autres races, que nous
n’inclurons pas ici, pour nous concentrer davantage sur l’analyse des nations qui composaient
les grandes régions d’Amérique du Sud, où les grandes civilisations dont nous
descendons se firent connaître.
Pour être plus précis, nous citerons le maître obligé de l’anthropologie paraguayenne,
Branislava Susnik, qui réalisa une synthèse des caractéristiques raciales et
293

JULIO CORREA
294
socio-culturelles et des migrations des habitants préhistoriques du Paraguay, en les
regroupant sous trois classes :
1. le Pámpido : il habita le Chaco il y a cinq-six mille ans av. J.-C. ; ses caractéristiques
physiques et culturelles correspondaient au Paléolithique. Ses descendants actuels seraient
les Makã et les Mbajá-guaikurú ;
2. le Lágido (selon les fossiles retrouvés à Lagoa Santa, Minas, au Brésil) habita il y a
cinq-six mille ans av. J.-C. la région orientale du Paraguay, dans les États de Paraná,
Santa Catarina et Río Grande do Sul du Brésil, et à Misiones, Argentine ;
3. l’Amazonien: il y a trois mille ans av. J.-C., il traversa l’isthme de Panama, les plaines
de Colombie et du Venezuela jusqu’à l’Amazone, il descendit à travers les affluents (Madeira,
Tapajos, Xingú, Araguaica, Tocantins) et il arriva au Paraguay vers l’an 500 av. J.-C. Ce sont
les Paléo-Amazónidos ou Avá-Amazónidos qui, ayant atteint la source de la rivière Paraguay,
se dispersèrent par les affluents jusqu’au fleuve Paraná et la côte atlantique. Brachycéphales,
de type racial proto-malais mongoloïde, ils étaient petits et possédaient une culture
néolithique. Les Guaranis-Tupis sont amazoniens du point de vue racial, tout comme les Jíbaro
Pano, à l’ouest, vers les Andes, et les Arawaks, Caraïbéens, entre autres.
Parmi les migrants avá-amazónidos, deux branches importantes peuvent être distinguées
:
1. les Protomby’á, qui entrèrent en contact avec les Kaingangs et leur imposèrent leur
langue avá ñe’e ; ils peuplèrent la région de la rivière Paraguay et ses affluents ; ils
étaient organisés dans des groupes à lignage unique dans une maison communale ;
2. les Protocaires, installés plus récemment sur le même territoire (moins de cinq
cents ans av. J.-C.), s’imposèrent aux précédents et fusionnèrent avec eux. Ils avaient une
culture néolithique et étaient agriculteurs. Ils vivaient groupés dans des hameaux (tekoja),
de lignages multiples (ñandurá), avec un chef (mburuvichá). Ils pratiquaient la polygamie
et l’enlèvement de jeunes filles afin d’établir des alliances, des liens de parenté politiques
(tovajá) et d’aide réciproque. Les deux groupes, Protomby’á et Protocaires, fusionnèrent
sous la domination de ces derniers, pour constituer la grande nation guarani.
Plusieurs collectivités intégrant la nation guarani entrèrent en contact avec les découvreurs,
les conquérants, les colonisateurs et les missionnaires espagnols et portugais.
Nous en citerons les principales, selon G.T. Bertoni et Branislava Susnik, en insistant sur
la province du Paraguay : Kario, Tobat), Guarani, Guarambaré, Iratí, Paranae ou Paranaygua,
Yguazu, Akaray, Monday, Guyrae, Jakui-Tape, Tape, Tarumá. Tous occupaient
des territoires définis, délimités par des rivières, des sierras, des lagunes et des bois. Ils
étaient agriculteurs, toujours commandés par des caciques dont les noms devinrent légendaires,
à cause de la défense solide de leurs territoires face aux ambitions étrangères.
D’autres collectivités sont citées, qui incluent les Guaranis-Tupis, éparpillés sur l’actuel
territoire du Brésil, de Bolivie, d’Argentine, entre autres.
Sur le territoire paraguayen, dans le Chaco, la région occidentale, citons toutes les
collectivités qui y vivent actuellement : Ayoreos, Chamacoco, Tapieté, Chiriguanos,
Guaná, Toba, Sanapaná, Anguite, Lengua, Choroti, Nivaclé, Makã, Toba-lengua. Dans la
région orientale, les Pa’i-Tavyterã, Ava-Chiripa, Ache-Guayaki, Mbya-Guarani.
■ Territoire du Paraguay. du Paraguay. Découverte. Colonie. Découverte. Indépendance. Guerre Époque de la Triple Alliance Coloniale. (1865-1870)
Indépendance. Guerre de la Triple Alliance (1865-1870)
Au XVI e siècle, le premier gouvernement installé par les Espagnols dans les régions
du fleuve Paraná fut celui d’Asunción du Paraguay, où les habitants de Buenos Aires
allèrent vivre en 1541. En raison de l’expansion rapide de la Conquête, l’administration
du Paraguay comprenait les immenses territoires qui constituent aujourd’hui les

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Républiques d’Argentine, du Paraguay, d’Uruguay et les provinces déjà citées du Brésil,
alors occupées par les Espagnols. En tenant compte de l’organisation de nos anciennes
maisons dans ces pays très vastes, il est facile de comprendre que sous le
nom de Paraguay étaient désignés, en règle générale, les territoires situés du Pérou
et du centre de la Bolivie au nord, jusqu’à l’extrême sud de l’Amérique du Sud, et des
Andes jusqu’à l’océan Atlantique. Vu que dans tout ce pays, le principal gouvernement
était alors celui du Paraguay — puisque celui de Tucumán était inférieur et
celui de Buenos Aires ne fut fondé qu’en 1617 —, au moment de constituer une province
religieuse dans ces régions en 1607, les jésuites prirent la dénomination civile
qui prédominait alors sur le territoire qu’ils occupaient. La Compagnie fut donc appelée
« Province du Paraguay » (Paraquaria en latin) et ce nom se maintint jusqu’à
son expulsion par Charles III 2 .
Ces affirmations correspondent à l’ouvrage monumental consacré
à l’histoire de la Compagnie de Jésus du prêtre Antonio Astrain S.J.
L’analyse profonde du chercheur Luis T. González sur les causes
et les conséquences de la situation méditerranéenne du Paraguay
(figure 1) ( à la suite de nombreuses erreurs de la part des gouverneurs
de l’époque et des éléments étrangers aux autorités espagnoles)
nous fournit ceci :
La province géante des Indes entame sa décadence avec les
premières mutilations territoriales. Le Paraguay a souffert de
quatre démembrements graves. À cause de cela, il n’a pas
seulement perdu de larges zones territoriales, mais des parcelles
vitales pour son existence lui ont été retranchées. La ségrégation
amazonienne et de la zone de Cuyo, par exemple, tout en étant importantes
par leur étendue et leurs richesses, n’ont pas influencé la continuité de la nation. En
revanche, le retranchement du littoral atlantique et des provinces du sud a représenté
un véritable bouleversement organique pour la province, dont nous ressentons
les effets jusqu’à présent 3 .
Les événements que nous évoquerons par la suite expliquent d’une manière incontestable
les causes qui menèrent le Paraguay à son isolement géophysique, pour ainsi dire;
situation qui inspira le brillant commentaire de la figure littéraire du Paraguay, Augusto
Roa Bastos, quand il l’appela « une île entourée de terre »; il synthétise ainsi les difficultés
de la marche angoissante de son interminable acheminement vers l’horizon de la
consécration définitive, du point de vue économique, politique et social.
Dans le vaste travail très illustré de l’architecte et historien Jorge Rubiani sur la
guerre de la Triple Alliance, nous trouvons les affirmations suivantes :
L’étendue démesurée de la province n’a suscité aucun problème, tant que sa population
était concentrée dans le siège marqué par la présence solitaire d’Asunción. Mais
dès que de nouvelles villes commençèrent à surgir, obligées de protéger le territoire
et de mettre fin à la présence portugaise tenace, les inconvénients se manifestèrent.
Le premier démembrement, celui de Santa Cruz de la Sierra, eut lieu en 1562. C’était
une consommation « rusée » de Ñuflo de Chávez, favorisé par la méconnaissance historique
des autorités concernant les singularités des territoires à leur charge. Cette
négligence — aux dépens du Paraguay — allait se manifester encore à plusieurs reprises.
Lorsque le roi Philippe III signa le malheureux brevet royal le 16 décembre
1616, la destinée du Paraguay resta à la merci de ses voisins du sud. Au moyen de
dispositions, de desseins et de décrets de ceux qui géraient à tâtons la destinée des
295
Figure 1.
Carte coloniale des
limites de l’ancienne
province du Paraguay

JULIO CORREA
296
Colonies, ce qui restait de l’ancienne province géante des Indes fut divisé en deux :
celle du Rio de la Plata, qui comprenait Buenos Aires, Santa Fe, Corrientes et
Concepción del Bermejo, et la nouvelle province del Guairá, intégrée par Villa Rica,
Ciudad Real, Xerez, auxquelles s’ajouta, presque subrepticement, la ville d’Asunción.
Le Paraguay demeurait ainsi enveloppé à vie dans l’asphyxiante atmosphère méditerranéenne.
Mais s’il n’existait dans cet édit aucune mention concernant les divisions
géographiques (seulement celles du gouvernement), des limites précises
n’étaient pas non plus exprimées, même s’il restait établi que la ligne de division
entre les deux provinces étaient « la rivière Bermejo et le fleuve Paraná central ».
Celui-ci n’allait pas être pour autant le dernier coup destiné à gêner l’intégralité territoriale
de la province. Par le traité de Madrid, signé avec le Portugal plus d’un siècle
plus tard, l’Espagne abandonnait les territoires qu’elle avait déjà perdus de fait : ceux
qui étaient restés sous l’abri de la démarcation établie dans le traité de Tordesillas
en 1594. Le nouveau traité remit au Portugal non seulement des territoires du Paraguay
(...), mais aussi sept villages des missions jésuites 4 .
Le traité de Saint-Ildefonse de 1777 est également évoqué par rapport à la démarcation
des territoires, toujours favorables à la cour de Lisbonne, dû au manque de coopération
et aux attitudes envahissantes des Portugais.
Lors de la septième amputation territoriale dont pâtit la province, et avec la promulgation
du décret du 17 janvier 1782, Asunción devint la capitale de la mairie du Paraguay.
Les limites, coïncidant avec celles du district de l’évêché, furent fixées dans ce document.
Ces limites étaient les mêmes que celles accordées dans les traités de 1750 et 1777 et qui,
par rapport à la frontière entre le Paraguay et les provinces du sud, établissaient la ligne
suivante: les fleuves Paraná, Uruguay, les rivières Bermejo, Yberá, Mirinay et Ibycui, jusqu’à
la source de cette dernière dans le grand nœud de la sierra Santa Ana, et une ligne
partant de là jusqu’à l’embouchure de la rivière Pepiry Guazu en Uruguay. Mais en 1803,
le roi Charles III éleva à la catégorie de gouvernement indépendant les trente villages des
anciennes missions du Paraguay. Deux ans plus tard, le même monarque rattacha ces villages
à ses territoires et désigna Dom Bernardo de Velazco comme gouverneur militaire
et politique et maire de la province du Paraguay et des trente villages des missions des indiens
Guaranis et tapes du Paraná, de l’Uruguay et du Paraguay 4 .
Bernardo de Velazco fut le dernier gouverneur espagnol, et le mouvement de libération
du 14 et du 15 mai 1811, date à laquelle le Paraguay obtint son indépendance de la
mère patrie, eut lieu pendant sa gestion.
Pour connaître les événements diplomatiques survenus après la guerre de la Triple
Alliance, qui établirent définitivement les limites actuelles de la République du Paraguay,
nous évoquerons les faits les plus marquants qui eurent lieu avec comme terrain
de négociation les dispositions du traité de la Triple Alliance, dans un cadre de négociations
difficile, eu égard aux mésententes entre le Brésil et l’Argentine en raison de
conflits d’intérêts.
Le Brésil accepta le fait de ne pas remettre en cause la fixation de la rivière Apa
comme limite entre le Paraguay et le Brésil, ce qui signifiait la cession du territoire paraguayen.
Cette ambition fut nettement exprimée dans le traité de janvier 1872, signé
par le baron de Cotegipe et Carlos Loizaga, représentant paraguayen. Le 20 mai 1875 un
traité de limites fut signé par le représentant paraguayen, Jaime Sosa, et le représentant
argentin, Carlos Tejedor, dans lequel le Paraguay cédait son territoire jusqu’à la rivière
Verde, dans le Chaco occidental. Ce traité ne fut pas approuvé par le gouvernement du
président Juan B. Gill. De nouvelles négociations aboutirent à l’accord souscrit par le Paraguayen
Facundo Machain et l’Argentin Bernardo de Irigoyen, les Argentins élargissant
leur territoire jusqu’à la rivière Pilcomayo. Un jugement de Salomon fut rendu en soumettant
à l’arbitrage la bande comprise entre la rivière Pilcomayo et la rivière Verde ;

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
l’arbitre choisi fut le président des États-Unis, Rutherford B. Hayes, qui se prononça en
faveur du Paraguay 5 .
■ Les Guaranis : la médecine : empirique la médecine et son application empirique aux maladies générales et son et cutanées application
aux maladies générales et cutanées
Nous avons vu l’étendue territoriale que les Guaranis-Tupis occupaient, répartis en
plusieurs nations et avec des noms qui évoquent de multiples expressions d’organisation
sociale, politique, économique, administrative et des mœurs. Ils durent affronter des situations
difficiles après la conquête et la domination des Espagnols et notamment des Portugais.
Des peuples entiers qui vivaient identifiés à la nature farouche qui les entourait,
pacifiquement, qui labouraient la terre, chassaient dans les montagnes, dominaient les rivières
et les ruisseaux, apprivoisaient des animaux sauvages, vivaient dans des communautés
nombreuses et petites, avec des croyances religieuses définies, devaient aussi
devenir guerriers et défendre avec zèle le territoire qu’ils habitaient.
Le métissage fut inévitable. Les traits des races d’Amérique et d’Europe fusionnèrent
tout en conservant les vertus de chaque lignage, qui constituent aujourd’hui les reflets
constants d’une période rayonnante de nos ancêtres. Moisés S. Bertoni, savant suisse,
habitant et écrivant au Paraguay, cite Carlos Cuervo Márquez dans son livre La Civilización
guaraní [La civilisation guarani] pour faire un portrait de la race :
Le courage indomptable, l’énergie et la ténacité avec lesquels ils défendaient la liberté
et leur indépendance ; la guerre à mort désespérée qu’ils menèrent pour essayer
de résister aux envahisseurs européens lorsqu’ils furent convaincus qu’ils
étaient des conquérants venus les priver de leurs propriétés, les arracher à leurs
foyers et les réduire à l’esclavage le plus dur ; la férocité avec laquelle, par vengeance,
ils répondirent à la cruauté implacable et à la perfidie inouïe des Européens,
fit que le nom « caraïbe » devint aussitôt synonyme de courageux, de sanguinaire et
de cruel, et que les individus de cette race furent considérés comme des brutes féroces,
dont la destruction était permise et l’esclavage décrété 6 .
La détermination et les différentes stratégies employées par chaque peuple définirent
la réalité d’alors qu’il fallait savoir gérer pour préserver avec dignité la race menacée.
Le plus grand connaisseur moderne de la race la plus civilisée de toute la partie occidentale
de notre Amérique n’exagérait pas en disant des Guaranis : « C’était un des
peuples les plus grands et les plus remarquables de la terre » (général Couto de Magalhaes,
O Selvagem, cité par M.S. Bertoni).
La longévité extraordinaire des Guaranis était due à leur très bonne hygiène. La durée
de vie ordinaire de nos Karaives était de cent cinquante ans ou plus. Faire sa toilette était
une coutume généralisée; ils se baignaient dans les rivières quoiqu’il fasse froid. Les Chiriguanos
nettoyaient leur tête avec des semences écrasées de ñandihra. Ils prenaient également
grand soin de leurs ongles et pas moins de leurs pieds. Aucune collectivité guarani
n’était entièrement nue; mais la relative nudité fut en revanche très familière. La question
du vêtement nous mène à parler de la « rocourisation »; cette opération quotidienne
était obligatoire parmi les Karaives et les Guaranis du nord et une partie du nord-est,
leurs descendants directs. Le rocou, ou bixa orellana, est un arbre géotropique ordinaire
cultivé par les Indiens, qui s’étend jusqu’aux régions des sierras; il produit une matière
colorante qui se forme autour des semences. Aux Antilles et partout dans le nord de ce
continent, elle est utilisée comme du safran dans de nombreux plats. Chaque matin, après
le premier bain, avant de se sécher devant le feu, le Karaive mâle se faisait frotter le corps
avec un onguent de cette matière, empâtée généralement d’une huile de palme. Par la
297

JULIO CORREA
298
suite, tout le corps, y compris le visage, présentait un teint rougeâtre clair spécial, assez
luisant, étrange, mais qui n’était pas désagréable à la vue ni au toucher, puisque toute
tache de la peau ou toute cicatrice s’effaçait et la peau restait très finement satinée, plus
souple et plus résistante à la fois. Cette opération leur fournissait les moyens de se défendre
des effets nocifs de la pluie, des brûlures du soleil et du froid certaines nuits, et elle
les préservait enfin des piqûres des insectes. La « rocourisation » préservait aussi de la
transpiration excessive pouvant être à l’origine d’affaiblissements et, en la renouvelant de
jour en jour, par un lavage énergique, elle devait également éliminer toutes les impuretés
de la peau. Cette friction huileuse tellement répétée devait aussi endiguer le processus de
vieillissement, aussi bien superficiel et veineux qu’interne, à la suite des exercices que
leur flexibilité corporelle leur permettait de faire jusqu’à un âge avancé.
D’un bout à l’autre du domaine karaive-guarani, la scarification était une pratique
générale et caractéristique. Elle demeure au moins partiellement conservée dans toutes
les entités libres actuelles. Elle visait à plusieurs objectifs, au moyen de plusieurs procédures
et d’un rituel spécial pour chacun des buts qu’elle poursuivait. Ceux-ci furent au
moins six : trois curatifs, deux mystiques, et un d’ordre hygiénique pour combattre la fatigue
excessive. La scarification se réalisait au moyen d’une dent d’akutí, de silex, de
côtes de tacuarembó ou de feuilles coupantes, d’aiguillons de palmier, d’arêtes de poisson
ou de matières semblables, selon les régions. Suivant leur profondeur, les incisions
se divisaient en tugwihkih et tugwihka ; dans le premier cas, le sang est assez abondant
pour tremper toute la zone affectée ; dans le second cas, le sang coulait abondamment
ou à petits jets. La première forme suffisait en général pour remédier à la fatigue et elle
pouvait être souvent réitérée. La deuxième entraînait des malaises pendant une ou deux
semaines, et parfois le patient devait rester au lit pendant plusieurs jours, à plat ventre.
La partie postérieure, du dos jusqu’aux fesses, et dans quelque cas les mollets, était la
partie la plus souvent sacrifiée. Seulement en cas de maladie, on la pratiquait là où se
trouvait le mal, comme on le faisait avec les sangsues et les ventouses scarifiées. Avec la
scarification, une décongestion locale était évidemment effectuée. Pour expliquer comment
la décongestion pouvait éliminer la fatigue, il semblerait que la seule explication
soit la suivante : les toxines et certains résidus qui se fixent progressivement dans les
muscles soumis à un travail excessif sont éliminés avec le sang et la lymphe.
Admis quand il devenait majeur, l’homme devait se soumettre au préalable à l’un des
traitements les plus rigoureux, qui devait aussi mettre à l’épreuve sa résistance aux souffrances,
et il était pour cela vite soigné, mais très douloureusement. À la naissance de
chaque enfant mâle, le père se faisait une autre scarification, plus rigoureuse pour l’aîné.
Dans quelques collectivités — sinon dans toutes —, il fallait recueillir du sang pour faire
une marque au nouveau-né et lui communiquer ainsi une partie de l’esprit du père, puisqu’il
était admis que la vie se trouvait essentiellement dans le sang, et l’âme dans le
cœur. La scarification expiatoire revêtait différentes formes et présentait différentes intensités,
selon la faute à expier, l’erreur à purger, le danger métapsychique à éviter ou
d’autres motifs de ce genre. Il faut signaler que les scarifications étaient à la fois de longs
révulsifs, et comme elles étaient assez fréquentes, elles devaient contribuer à la conservation
de la santé générale du corps, même si elles n’étaient pas curatives. Lorsque la
cicatrisation n’était pas activée par des moyens artificiels, la révulsion était plus puissante
encore parce que, dans ce cas, les blessures guérissaient plus lentement et toujours
avec un écoulement de pus. Dans quelques régions, celui-ci semble avoir été le cas
le plus fréquent, à en juger par les nombreux signes indélébiles que présentaient les habitants.
Mais on savait, et on le sait encore aujourd’hui, comment soigner de telles blessures
de sorte que ne subsiste presque aucune cicatrice. Certaines substances étaient
employées comme désinfectants. Par exemple, le jus du fruit du ñandihpa-guazú ou genipapo
(Genipa americana) était fréquemment utilisé comme désinfectant de la peau
pour certaines maladies, au point qu’on s’en teignait tout le corps, coutume conservée

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
jusqu’à présent. La décoction de Paraih, dite aussi « bois amer » (Picrasma paloamargo),
et d’autres espèces simarubacées (Simaruba, Quassia, Simaba) était très utilisée
pour désinfecter la peau et la protéger contre les piqûres des insectes et des
moustiques. L’usage de la première est encore fréquent, elle semble être la plus active et
elle s’étend jusqu’au sud-est du Paraguay. Les Guaranis considéraient l’eau bouillie également
appropriée pour favoriser l’asepsie et désinfecter les zones malades ; le baron
Nordenskiold louait beaucoup son utilisation parmi les Guaranis.
Signalons que l’art de guérir était pratiqué parmi les Guaranis par le payé, un indigène
reconnu dans la communauté, observateur, intelligent, qui disposait d’un arsenal
thérapeutique formé d’innombrables plantes de la jungle, dont les vertus étaient bien
connues.
D’après Moisés Bertoni, le mot payé fit place à une certaine confusion. Son acception
n’est pas identique dans tous les pays, et elle ne semble pas l’avoir été non plus autrefois.
Il ne peut pas être considéré comme synonyme d’« enchanteur », parce qu’aucun
peuple guarani ne fut fétichiste ni n’utilisa de fétiches. Le payé est toujours un médecin,
mais pas essentiellement ; il se sert surtout de la suggestion et du magnétisme (qui ne signifie
pas « guérir par la parole » comme quelques-uns le croient, et qui est une coutume
superstitieuse d’origine européenne). « Le tuvichava, dit erronément « cacique »,
est aussi médecin en général ; le kurupaih-voñanga l’est aussi, mais il est plutôt penché
vers le spiritisme et l’évocation des esprits 6 .»
En ce qui concerne les maladies, certains abcès méritent notre attention. En particulier,
le furoncle ou miã a parfois un caractère épidémique et il atteint tout le monde, tandis
que les nacidos ordinaires poursuivent davantage les Blancs et les gens non
acclimatés. Personne ne constata un seul cas de scrofule, que je sache, parmi les Indiens
de race guarani, vivant sans être en contact avec des chrétiens (tekokatu).
Il est étonnant que les anciens écrivains se soient si peu occupés de la plupart des maladies
parasitaires. La leishmaniose était mal interprétée, et elle était appelée syphilis en
Espagne, c’est-à-dire bouba, et comme quelques nations guaranis l’appelaient piã (nom
que d’autres donnaient à une maladie qui fut confondue avec la syphilis), la confusion fut
générale.
Ils connaissaient parfaitement le paludisme, avec ses manifestations générales et la
périodicité des crises, selon la variété des parasites.
En ce qui concerne la lèpre, Bertoni parle en détail de son traitement empirique, mais
il ne décrit pas les lésions classiques de ces malades. Les Guaranis combattaient cette affection,
introduite par les Européens en Amérique, par la méthode de la transpiration à jets.
La procédure paraguayenne pour soigner la lèpre semble être identique à ce que Rochefort
vit aux Antilles. Il faut construire un four d’une capacité telle que la personne
puisse tenir dedans confortablement assise. Le four est fabriqué en boue ordinaire.
Immédiatement après l’avoir construit et pendant que la boue est mouillée (il ne faut
pas la laisser sécher), on y fait un feu léger, non pas pour le brûler mais pour le
chauffer ; cela peut se faire avec du feuillage mort ou de la paille. Une fois le feu opportunément
éteint et la chaleur intérieure vérifiée, le patient est totalement enfermé
dans le four pour voir s’il pourra supporter la chaleur ; le four est recouvert avec de
la boue pétrie, laissant deux trous ou une ouverture, pour que le patient puisse regarder
et respirer. L’énorme tension de la vapeur, déterminée par la saturation d’humidité
et la haute température, ne tarde pas à produire une transpiration si
abondante qu’elle ne peut pas être réitérée. La sueur coule partout sur le corps et
ensuite par le fond du four. Je crois que l’opération ne dépasse pas trente minutes ou
une heure maximum. À ce moment-là, le four est ouvert et le malade en ressort. C’est
un moment critique et dangereux. Les infirmiers doivent recouvrir aussitôt le malade
avec des ponchos et des couvertures en laine et essuyer en même temps tout son
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JULIO CORREA
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corps. Il est indispensable d’agir vite, et que la sueur soit séchée sans que le corps
refroidisse ni ne reçoive de courant d’air. Le séchage se fait en frottant énergiquement
le patient avec des tissus en coton. Après cela, le malade est complètement enveloppé,
si possible avec des vêtements en laine, il est bien couvert et il va se coucher
dans une chambre fermée, où il doit passer le reste de la journée. Le lendemain il
peut se lever, mais il ne peut pas sortir s’il ne fait pas chaud et s’il y a du vent. Il est
essentiel que le retour à la température normale, et enfin à la vie libre, se produise
lentement et graduellement. Il est impossible d’affirmer actuellement que cette méthode
soit efficace et définitive. J’ajoute que l’idée que la lèpre soit une altération du
sang est très générale 6 .
La syphilis, cette maladie universelle aux signes très versatiles, fait aussi l’objet de
l’analyse des auteurs paraguayens de l’époque, et surtout de Moisés S. Bertoni, qui
nous conduit dans ce chapitre. Dans l’excellent ouvrage Historia de la Dermatología
en el Perú [Histoire de la dermatologie au Pérou], des Drs Luis et Elbio Flores Cevallos,
l’origine américaine de la syphilis est réaffirmée, étayée par des poteries précolombiennes.
Bertoni, en revanche, garantit l’absence de la maladie avant l’arrivée des
Espagnols, et il signale qu’il est contradictoire et étrange de prendre pour américaine
une maladie dont les peuples américains ne souffraient pas, et dont la propagation se
fit très rapidement en Europe alors qu’elle ne se développa pas en Amérique pendant
des milliers d’années. Il souligne également le fait que les indigènes américains
n’avaient pas de nom pour désigner cette maladie, et que jusqu’alors, les indigènes
des tribus n’ayant pas eu de rapports sexuels avec les Européens ne l’avaient pas
contractée.
Tous les auteurs cités par Bertoni (Juan de Léry, Thevet, Guillermo Piso) signalent la
maladie dénominée piã ou pian, caractérisée par des bubons généralisés, retrouvés parfois
même chez des enfants. D’après Rochefort, on se sert de l’écorce amère de l’arbre
Chipihú, avec la nacre râpée d’un nambí (coquillage), le jus de certains ihsipós rampants
ou Yhvihmbi, comme remède ; certains onguents et liniments avaient le pouvoir remarquable
de nettoyer les pustules présentes le plus souvent sur le corps de ceux qui étaient
atteints de pian. Et il ajoute :
Ils composent ces remèdes avec des cendres de joncs ou des pirí brûlés, avec lesquels
ils mélangent l’eau qu’ils recueillent des feuilles des caulinaires ; ils emploient aussi
dans le même but le jus du fruit du genipa et ils appliquent la pulpe écrasée de ce
fruit sur les boutons, qui a le pouvoir d’attirer tout le pus des plaies et de fermer les
lèvres des ulcères 6 .
Les Guaranis connaissaient plusieurs procédures applicables aux différentes affections
de la peau. La succion, qui en guarani se dit suvá, était très connue :
Pour ce qui est du reste, les Guaranis connaissaient depuis longue date la véritable
ventouse. La ventouse guarani n’était pas en verre, substance ignorée en Amérique,
mais elle était fabriquée en coupant convenablement une courge calebasse ou porongo
(Lagenaria vulgaris) de manière à former un entonnoir ou un cornet, qui s’appliquait
comme nos ventouses, sauf qu’il fallait extraire l’air par aspiration par la
partie étroite dûment trouée. Un bon suvandára (c’est ainsi qu’ils nomment l’opérateur)
produit des rubéfactions et des soulèvements qui ont tout de même un effet sur
certaines souffrances 6 .
Le médecin ou payé tire profit de la chaleur du feu et des rayons solaires. Selon Bertoni,
qui cite Couto de Magalhaes :

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Ils utilisent aussi le feu comme agent thérapeutique en cas de morsures d’animaux
venimeux, comme les vipères ou les raies. Ils ne cautérisent pas les blessures et les
plaies comme nous, mais ils approchent du feu le membre blessé et ils résistent jusqu’à
ce qu’ils ne soient plus capables de supporter la chaleur ; alors ils l’éloignent et
l’approchent bientôt une autre fois, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une sorte de torpeur
vienne après la chaleur, laissant la douleur endormie 6 .
Signalons que grâce à l’attention qu’ils portaient à leur toilette et à leur régime alimentaire
strict, les indigènes présentaient très peu de dermatoses. Guillermo Piso, cité par
Bertoni, en indique seulement deux: la dartre et l’éruption cutanée. Pour la dartre (en guarani
uñé, dénomination qui persiste jusqu’à nos jours et qui est utilisée par nos compatriotes
des hôpitaux de l’État pour désigner la dermatophytie), on se sert d’une herbe à
l’aspect graminacé et modeste, dite yupikaih, qui est écrasée. On emploie également la
cosse d’une légumineuse, le Phaseolus caracalla, et dans des cas très virulents, l’écorce de
sevipira, arbre brésilien à l’action très intense.
La sudamine, une éruption cutanée, peut être arrêtée par la décoction de racines de
yuripe (luripeva) avec des citrons. Une des espèces très semblable au Solanum robustum
(yaguarete-pó), à un effet remarquable sur les plaies et les ulcères en général.
Certains auteurs anciens mentionnent la leishmaniose parmi les ulcères et la bouba.
Pour soigner les ulcères, on utilisait les ka’ã-tai, Polygonum acre et des espèces semblables
et le lait du guapoih (Picus).
Un des maux les plus fréquents dans les deux Amériques est sans doute l’ura (Dermatobia
hominis) du nom de la larve de cette mouche, distinguée de l’animal adulte par
le nom de mberuasó, les deux termes étant guaranis. Pour protéger de l’ura, les insectifuges
ne sont pas toujours efficaces ; cependant, connaissant les conditions atmosphériques
et les heures dangereuses, et se parfumant avec certaines plantes, les Indiens
l’évitaient généralement, en utilisant de l’huile de chupad et la décoction du paraih, et
dans le nord-est, des baumes divers et la connaissance du tarokih, une Cassia aux propriétés
remarquables (plantes américaines). En cas d’attaques (fréquentes), ils ne pratiquaient
jamais d’entaille ; plus la larve était petite, plus ils l’extrayaient après une
narcotisation avec du tabac, ou ils l’asphyxiaient au moyen de l’écorce contuse d’ihvaika
(Ocotea), ou d’une autre substance à effet analogue, tirant ensuite la larve par pression.
Des insectifuges sont mentionnés, comme le paraih (Picrasma palo-amargo), le paraihva
du nord-est (Simaruba versicolor) et ceux du nord (Simaruba, Simaba, Quassia).
Le gwembé, designant par ce nom deux ou trois espèces très semblables aux grands philodendrons,
appelées aussi embe, aimbe, guembepi (Ph. bipinnatifidum, Ph. lundii, Ph. lubium
et peut-être une autre), les meilleurs moyens de défense contre les chiques ou les
niguas (les puces chiques ou Tunga penetrans), est un autre insectifuge puissant.
Les remèdes utilisés par les Guaranis contre les morsures des ophidiens correspondaient
à quatre catégories différentes, bien que quelques-uns puissent entrer dans deux
ou trois catégories en même temps. La première visait à l’élimination du venin, la
deuxième à le neutraliser, la troisième à maintenir la vitalité et la quatrième à prévenir
les effets secondaires et l’infection générale. Sont citées : l’application de boue sur les
morsures venimeuses, les ventouses scarifiées, la cautérisation, mais pas l’échaudage.
Le processus sudorifique était le plus répandu. La neutralisation était tentée de plusieurs
manières, au moyen du yahape (Kullinga adorata), la cypéracée qui porte la désignation
au Paraguay de kaapi-kati-payé; son action était peut-être plus carminative. Le tabac,
le caapiã (Dorstenia), le jus en application externe, ou l’infusion à froid de la racine
contuse en application interne, les cataplasmes avec du manioc (la racine crue et râpée),
étaient des neutralisants plus efficaces.
Il faut mentionner également la salive d’une personne à jeun appliquée sur la blessure,
la maintenant humide. Comme désinfectant, on utilisait l’essence de l’encens
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(Myrocarpus frondosus); sur la peau, le fruit du guavira (Campomanesia guavira et des
espèces semblables) ; parmi les meilleurs, citons le ihsihpo kat ou milhombres (Aristolochia
brasiliensis, Ar. Triangularis), qui maintient les forces, combattant la paralysie. Le
véritable yahape (Kyllinga), fort carminatif, s’utilise de manière identique.
Les Guaranis avaient des connaissances sur l’immunisation par l’inoculation préalable.
Ils se faisaient mordre par des espèces portant un faible venin, par exemple la couleuvre
ñakanina, de sorte que les éventuelles morsures des vipères les plus dangereuses
ne leur soient pas mortelles 6 .
Le traitement des blessures; gangrène, désinfection
Les Guaranis, qui vivaient intégrés à la nature et qui, dans des circonstances spécifiques,
allaient à la guerre, souffraient de toutes sortes de lésions cutanées. Le pansement
se faisait avec des tissus en coton. Le lavage des blessures fraîches était rarement
pratiqué, avec de l’eau bouillie selon le pays ou la région. Parfois, cela s’effectuait avec
certaines huiles comme celle de karaiva, distillée à partir d’un arbre du nord-est, qui
sert en même temps contre les tumeurs en général.
La médication la plus employée était l’essence du Myrocarpus, c’est-à-dire la résine
d’encens, obtenue par la cuisson ou l’infusion du Myrocarpus frondosus — ou les espèces
semblables dites kavureih ou kavureihva — dans de l’eau chaude ou froide. Parmi les plus
utilisées, on trouvait également le mboichini-ka’a, très souvent appelé yerba santa (Baccharis
vulneraria Backer), dont les feuilles vertes s’appliquent sur les blessures.
Ils possédaient assez de connaissances sur l’application de la médication topique selon
les régions anatomiques où les lésions étaient situées. Pour la tête, en cas de contusion ou
de blessure ouverte, ils se servaient de l’huile de chupad comme remède imparable. Le
blessé était mis en position de hamac de manière à ce que sa tête reste plus haute que
son corps. Pour les yeux, ils utilisaient le jus de kupaihra, obtenu par décoction en le mélangeant
avec de l’albumine contenue dans du blanc d’œuf. Pour les lésions des pieds, le
chupad ajouté au baume ou à la résine d’encens. Les résines oléo-essentielles de plusieurs
espèces d’Icica, Myrocarpus, Myroxylon, Protium, et d’autres espèces semblables se substituaient
à l’encens et au chupad, là où ces arbres se faisaient plus rares. Ils employaient
ces oléo-résines pour que les blessures ne laissent pas de cicatrices. Cette procédure était
aussi utilisée pour effacer les traces des scarifications.
D’autres plantes étaient également capables d’effacer les cicatrices. En parlant du kurupaih
du nord-est, un observateur note : « Les Indiens se servent du lait de cet arbre
pour soigner les blessures nouvelles et vieilles... et ils disent que les blessures sur lesquelles
est appliqué ce lait ne laissent aucune cicatrice. »
Pour les blessures contuses, avec formation d’hématomes, ils utilisaient, à part les
huiles de kupaih, le jus de cuisson de la racine de la Boehmeria caudata, une urticacée
très courante.
Pour les blessures gangréneuses, le tabac était très fréquent, même si les aristoloches
déjà citées étaient plus puissantes. Le ka’átai (Poligonum acre) était employé par les Indiens
du Nord. D’après Mello Moraes, on utilisait également pour les ulcérations, outre
la médication spécifique comme les akapus, un groupe d’espèces d’andira, l’avaramo, la
momosa unguiscati, le sihpakarihó (Davilla rugueuse et D. brasilian), la manipuera, une
pâte de manioc râpé avec son jus, les guapoih (Picus), le penaihva, une espèce de mancenillier
des Antilles et de l’Amazone (Hippomane) et beaucoup d’autres plantes. Les Indigènes
soignaient l’ulcération cancéreuse au moyen de la sève de l’arbre penaihva.
Après l’avoir séchée, ils l’entouraient d’une pâte faite de rocou avec de la boue, pour que
le lait versé sur l’ulcère ne se répande pas. Les tissus mortifiés noircissaient, se séparaient
de la partie saine, et la blessure déjà nettoyée était soignée avec de l’huile de
kupaih et des plantes émollientes.

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Ils connaissaient les méthodes d’asepsie et de désinfection. Mello Moraes parle d’une
plante aromatique appelée tarerokih, avec laquelle les Indiens se parfumaient, lorsqu’ils
tombaient malades, parce qu’ils croyaient qu’elle possédait des propriétés antiputrides.
Ils employaient dans le même but les fleurs de guavira (Campomanesia) et des cuissons
de feuilles de taperihua (Cassia), de la peau de kavureih (Myrocarpus), du derma de l’ihsihpo-kati-paye
(Aristoloche).
Pour finir, nous devons signaler que les Guaranis peignaient leur corps pour des raisons
variées : identification tribale, ornementation, caractère guerrier, religion, signification
magique, rappel mythique, initiation, cérémonie, fête, danses ou jeux, protection
ou attraction, pour épouvanter de mauvais esprits, faire peur, arrivée de la puberté (du
rouge ou du bleu), pendant les menstruations (du noir ou du bleu), chez des mourants,
pendant le deuil (mais pas toujours), pour le mariage. Le deuil fini (période d’abstinence
sexuelle), la veuve peignait son visage en rouge.
Les tatouages, bien qu’ils ne soient pas fréquents chez les Guaranis, se réalisaient avec
les mêmes peintures, en se servant de matériaux tels que des épines de nopal ou des os
pointus. Le tatouage était pratiqué progressivement; il commençait en général en bas âge,
il devenait plus diffus pendant la puberté et les tatouages définitifs était faits à l’âge adulte.
En ce qui concerne les ornements, quelques-uns étaient portés toute la vie et d’autres
selon les occasions à caractère religieux, suivant les ethnies, le sexe et l’âge, entre autres
facteurs. Actuellement, parmi les Mby’á, Pañ et Chiripá, les hommes aiment mettre derrière
leurs oreilles, jusqu’au jour de leur mariage, des fleurs de belles couleurs vives ou
la feuille de caraguatá moroty, fortement parfumée. Les Mby’á portent le tembetá, qui
fut sans doute autrefois une pierre et qui est aujourd’hui le plus souvent un bâtonnet de
tacuarembó, sur la lèvre inférieure, des os de tibia d’oiseaux de la taille d’une poule, avec
ou sans incrustations. La résine du hyary, mbary ou tembetary est utilisée aussi pour
confectionner ces objets. La technique consiste à mettre une petite tige de bambou
contre le tronc blessé d’un de ces arbres afin de recueillir la résine. Après quelques
jours, le petit tuyau est plein et la résine a durci, de sorte qu’elle peut être libérée de la
forme qui l’enveloppe.
Seules les femmes portaient des ornements aux oreilles 7 .
■ Aspects historiques de la médecine au Paraguay.
Relation avec la dermatologie
Aspects historiques de la médecine au Paraguay. Relation avec la dermatologie
Après l’arrivée des premiers conquérants, plusieurs événements se succédèrent : le
choc des cultures — pour ainsi dire —, la naissance de la légende d’un Eldorado qui
éveilla la convoitise de beaucoup de navigants accompagnant ceux qui venaient s’emparer
des terres au nom de la Couronne, les traités entre les cours espagnole et portugaise
sur des définitions territoriales, la présence des jésuites dans les réserves du Paraguay,
d’Argentine et du Brésil, qui dura deux cents ans, jusqu’à leur expulsion par le roi
Charles III, au milieu du XVIII e siècle.
Tous ces événements composèrent un cadre social où se produisit progressivement
l’installation d’institutions sanitaires, improvisées et rudimentaires au début, avec des acteurs
occasionnels qui agissaient en médecins, sans formation académique mais qui constituaient
un ultime refuge pour contenir en quelque sorte les maladies légères ou sévères.
Du travail du Dr Guillermo Vidal, retrouvé dans les annales de la faculté des sciences
médicales, nous retenons cet extrait :
Les premiers médecins européens arrivent au Paraguay avec les conquérants. Cela
se produisit au XVI e siècle. Au cours des capitulations que les adelantados fixaient
avec le roi, il y avait souvent une clause fixant l’obligation d’amener avec eux des
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JULIO CORREA
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médecins et des chirurgiens, des apothicaires et des médicaments, grâce auxquels les
malades seraient soignés gratuitement pendant la traversée ou sur les terres
conquises. Au début, ce furent les chirurgiens. Et pas des diplômés, mais de simples
barbiers qui savaient aussi bien faire saigner que raser, autant arracher des dents
que mettre des ventouses. Plus tard, vers la fin du XVI e siècle, des médecins chirurgiens
diplômés commencèrent à exercer, mais ils étaient les moins nombreux. Le Rio
de la Plata, qui en dépit de son nom ne possédait ni argent ni rien de semblable, offrait
peu d’attrait aux docteurs en médecine et en chirurgie. Ce que nous appelons
aujourd’hui la dysenterie, la variole, le paludisme et l’avitaminose, qui furent probablement
les affections médicales les plus courantes à l’époque, étaient surtout traités
avec des purgatifs, des saignées et des ventouses. Leurs tâches habituelles consistaient
à éclisser des os fracturés, réduire des dislocations, drainer des abcès, cautériser
des blessures et amputer des membres gangrenés. Leurs remèdes préférés
étaient la purge et la saignée, de véritables panacées. Ils avaient aussi quelquefois
recours à la poudre de licorne, au bézoard miraculeux ou aux mille et un breuvages
dans lesquels ne manquaient jamais le vin ni l’huile, en vogue dans la médecine de
la Renaissance. (...) Avec ces artisans, beaucoup de maladies vinrent également aux
Amériques. Le Paraguay subit aux XVI e , XVII e et XVIII e siècles des épidémies de variole
et de rougeole dévastatrices, et d’autres infections importées qui ravagèrent des
peuples entiers. Les indigènes, moins immunisés que les Européens, mouraient par
milliers. Après l’élan créateur de la Conquête, le Paraguay tomba dans une léthargie
séculaire. Les mauvais gouvernants, les migrations colonisatrices successives et ininterrompues
et le hasard géographique firent avorter l’ascension prometteuse de
ses premières années.
Il faut signaler la présence de guérisseurs qui administraient des produits végétaux.
L’exaltation religieuse régnante pendant la Colonie fit aussi que la médecine fut
un peu dépréciée 8 .
González Torres et Guillermo Vidal s’accordent à situer la création de l’hôpital d’Espagnols
et de Naturels en 1541, puisqu’à cette date-là Asunción devint une ville. Un Brevet
royal obligeait les vice-rois, l’audience et les gouverneurs à fonder des hôpitaux dans
les villages d’Espagnols et d’Indiens. À l’époque coloniale, deux hôpitaux furent
construits à Asunción. Le premier, l’hôpital de San Bartolomé, fut dressé vers 1603 par
l’évêque franciscain frère Martín Ignacio de Loyola. Le second fut fondé et organisé par
le médecin paraguayen José Dávalos y Peralta, qui avait étudié la médecine à l’université
de San Marcos, à Lima. Vers 1695, il fonda l’hôpital où il travailla jusqu’à sa mort en
1731 9 .
Vers 1760, un autre hôpital fut construit sur les terrains appelés plus tard Potrero,
sur les rives du ruisseau Jardín, par décision de la cour, qui s’opposa obstinément aux
prétentions de l’hôtel de ville et de l’évêque à investir des rentes de l’hôpital dans la création
d’une université ou d’un pensionnat dirigé par les jésuites 8 .
Les dernières années coloniales furent, en revanche, très profitables au pays dans le
domaine de la santé publique. La prospérité économique attira plusieurs médecins européens
; d’autres arrivèrent avec les missions restrictives des limites hispano-portugaises.
Des chirurgiens possédant un diplôme universitaire introduisirent au Paraguay
les idées les plus modernes sur l’anatomie, la pathologie et le diagnostic clinique ; ils
identifièrent le tétanos infantile, les exanthèmes aigus, les fièvres intermittentes, la syphilis,
la tuberculose pulmonaire, la conjonctivite épidémique, les dysenteries et la fièvre
typhoïde. Ils furent aussi les premiers à se servir du forceps et à faire des interventions
chirurgicales audacieuses. Pendant ces années, l’exercice de la médecine fut réglementé.
Le congrès de 1844 décida de l’embauche de professeurs d’autres pays et de l’envoi de
jeunes Paraguayens à l’étranger pour y étudier la médecine, la chirurgie et l’obstétrique.

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Ces médecins engagés par l’État, des Anglais pour la plupart, formèrent la santé militaire,
et ils fondèrent en 1858 une école de chirurgie qui fonctionnait à l’hôpital Potrero.
La guerre de 1865-1870 mit un terme à cette institution qui fut notre première école médicale
officielle ; tous ses membres réintégrèrent l’armée 8 .
À partir de 1870, la médecine se renforça grâce aux contributions de nombreux médecins
européens qui vinrent dans le Paraguay héroïque plus en quête d’aventures que
de fortune. L‘État, dépourvu de ressources, ne pouvait pas réaliser d’œuvres sociales, et
se limitait à l’ébauche d’une nouvelle organisation sanitaire. Le Conseil de médecine et
d’hygiène publique, le Conservatoire des vaccins, l’hôpital de la Charité et d’autres institutions
analogues furent fondés à l’époque, plus à partir d’intentions louables que de
moyens.
L’année 1890 marqua une nouvelle étape, à travers deux événements: l’apparition des
premiers médecins paraguayens et la fondation de l’université nationale d’Asunción. Les
premiers médecins paraguayens obtinrent leur diplôme à Buenos Aires et à Montevideo ;
à leur retour dans leur patrie, grâce au soutien offert par plusieurs professeurs espagnols,
ils rendirent possible l’ouverture d’une faculté de médecine. Cette première faculté
connut une existence éphémère, car elle fut dissoute au milieu de 1891, faute
d’élèves ; elle rouvrit ses portes en 1898 pour donner quelques années plus tard la première
promotion de médecins nationaux.
Au cours du XX e siècle, la médecine progressa rapidement. L’hôpital de la Charité,
inauguré en 1894, fut nationalisé en 1925 et devint une dépendance de la faculté des
sciences médicales en 1927. Celle-ci, fermée en 1912 et rouverte pour la troisième fois
en 1918, se réorganisa et se perfectionna avec la collaboration d’illustres professeurs engagés
en Europe. L’année 1927 peut être considérée comme le point de départ de la
phase académique de notre médecine. À cette époque, l’embauche de spécialistes de la
part de l’hôpital fut à l’origine d’une période fructueuse qui se poursuit jusqu’à nos
jours 8 .
■ Compte rendu rendu de la Société de Paraguayenne la Société de Dermatologie paraguayenne de dermatologie
Nous allons à présent faire référence aux événements qui posèrent les bases des premières
structures d’organisation et du fonctionnement de la Société paraguayenne de
dermatologie (figure 2).
Il ne faut pas oublier, en revenant très loin en arrière, les pères fondateurs de la
Société de dermatologie, de syphiligraphie et de léprologie du Paraguay, selon sa dénomination
originale. Dans cet extrait, nous reproduisons l’acte fondamental de la
Société de dermatologie, de syphiligraphie et de léprologie du Paraguay (figure 3),
et nous rappelons la liste de ceux qui souscrivirent à ce document, sous réserve de
quelques éventuelles omissions involontaires, faute de documents. Ses associés fondateurs
furent les Drs Amelia Aguirre, Roque Ávila, Atilio Báez Giangreco, Francisco
Benza, Guillermo Brañas, Virgilio Caballero Garay, Arquímedes Canese, José Esculies,
Manuel Jiménez, Tomás González, Miguel González Oddone, Domingo Masi, Desiderio
Meza, Francisco Millares, Alberto Miquel, Domingo Pessolani, Federico Ríos,
Eduardo Rodríguez, Juan Servín, Ricardo Ugarriza, David Zaidestein. C’était en
1946.
Le statut régissant aujourd’hui la Société paraguayenne de dermatologie fut définitivement
fixé au cours de l’assemblée du 10 novembre 1947, remplaçant la dénomination
précédente et déterminant les objectifs, les obligations sociétaires, les rangs de ses
membres, les assemblées et les commissions de direction, entre autres, et définissant les
lignes définitives qui donnent sa vigueur et sa dynamique à l’institution regroupant les
dermatologues du Paraguay 10 .
305
Figure 2.
Logotype de la
Société paraguayenne
de dermatologie
Figure 3.
Acte fondateur
de la Société
de dermatologie,
de syphiligraphie
et de léprologie
du Paraguay

JULIO CORREA
306
La Société paraguayenne de dermatologie fut refondée en 1986 sous la direction du
Pr. Dr Hermelinda Bordón (née Palacios).
Grâce à la contribution de plusieurs jeunes médecins paraguayens partis se spécialiser
dans des écoles prestigieuses aussi bien en Amérique que dans le Vieux Monde, la
Société Paraguayenne de Dermatologie réussit, modestement mais avec constance et fermeté,
à intégrer de célèbres sociétés scientifiques (RADLA, CILAD, ATD, entre autres) en
communiquant ses activités scientifiques comme des travaux de recherche et des cas cliniques
importants, en participant à des commissions auxiliaires et en organisant également
des congrès.
Tenant compte des documents que nous avons examinés, nous avons trouvé très peu
d’informations concernant les commissions de direction antérieures à 1986 ; il est fort
probable que ces documents se soient égarés faute d’un secrétariat permanent, situation
corrigée en 1998 sous la présidence du Dr Gloria Valdovinos (née Galeano).
Malgré ces manques, il est possible d’affirmer qu’à partir de 1986 se succédèrent des
autorités dynamiques et laborieuses qui donnèrent de la solidité aux activités scientifiques,
comptant sur la participation des innombrables associés de la société. Des calendriers
de rencontres mensuelles furent élaborés : des cours, des conférences, des
présentations de cas, des tables rondes, des présentations de travaux pour l’intégration
d’associés et des journées avec d’importants invités étrangers — de grands maîtres tels
que les Drs Adrián M. Pierini, León Jaimovich, Rita García Díaz, Alejandro Cordero, Alberto
Woscoff, Jorge Abulafia, José A. Massimo, Evandro Rivitti, Joel Bomfard, Walter
Balda, Hugo Cabrera, Sebastiao Sampaio, María A. Vitale, Galo Montenegro, Raúl Vignale,
Mario Marini.
Après des heures de travail et grâce à un dévouement acharné, le I er Congrès paraguayen
de dermatologie, qui eut lieu du 13 au 16 octobre 1995, compta d’illustres représentants
de la dermatologie latino-américaine, tels que les Prs Drs Ramón Ruiz
Maldonado, Roberto Arenas (Mexique), Jorge Abulafia, Alberto Woscoff, Hugo Cabrera,
Margarita Larralde, David Grinspan, Manuel Jiménez, José A. Mássimo (Argentine),
Juan Honeyman (Chili), Clarisse Zaits, Silvio Alencar (Brésil). La thérapeutique en dermatologie
et le cancer et le pré-cancer de la peau furent les sujets officiels. 413 personnes
y assistèrent, médecins nationaux et étrangers, dont la plupart étaient, comme il
était prévisible, des dermatologues qui assistèrent à des cours préalables au congrès, à
des conférences magistrales, à des symposiums, à des thèmes libres, à des mini-cas et à
une séance d’histopathologie, entre autres sujets de l’éventail des affections dermatologiques.
Vers la fin de 1996, le Dr Oilda Knopfelmacher étant la déléguée RADLA pour le Paraguay,
le pays se vit proposer d’être le siège du congrès RADLA suivant — le premier
dans notre pays —, qui eut lieu en 1998.
Le II e Congrès paraguayen de dermatologie et les II es Journées paraguyennes-paranaenses
de dermatologie eurent lieu du 26 au 28 août 2000. Le sujet officiel fut « Thérapeutique
dermatologique : quoi de neuf ? », accompagné de cours, de symposiums et
de conférences, en présence d’invités illustres, comme les Prs Drs Amy Nopper (USA),
Roberto Arenas et Yolanda Ortiz (Mexique), Fausto Forim Alonso, Julio C. Empinotti, Sebastiao
Sampaio (Brésil), Manuel Giménez, León Jaimovich, Héctor Lanfranchi et Mario
Marini (Argentine).
Le III e Congrès paraguayen de dermatologie eut lieu du 20 au 22 septembre 2002,
avec la même disposition et le même enthousiasme que lors des événements précédents;
ce congrès reprit les sujets déjà évoqués, ajouta quelques nouveautés et compta sur la
présence d’invités illustres tels que les Prs Drs Guadalupe Chávez, Roberto Arenas, Roberto
Estrada, Josefina Carbajosa (Mexique), Héctor Cáceres (Pérou), Manuel Zamora,
Martín Sangüeza, Juan C. Diez de Medina (Bolivie), Margarita Larralde (Argentine), Antonio
Rondón (Venezuela), Raúl Cabrera (Chili), Marcello Menta (Brésil).

Notes sur l’histoire de la dermatologie au Paraguay
Les I res Journées d’ATD virent le jour au Paraguay le 25 et le 26 juillet 2003, comptant
sur l’inestimable collaboration des Prs Drs Miguel Allevato, Juan C. Diez de Medina,
Jaime Piquero, Martín Sangüeza, Néstor Macedo. Elles furent encouragées par la Société
paraguayenne de dermatologie, avec le soutien d’autres institutions, et comptèrent sur
la participation de nombreux dermatologues et des personnes intéressées par la spécialité,
à travers des conférences, des séances interactives et des réunions.
Le IV e Congrès paraguayen de dermatologie et le I er Cours CILAD pour des médecins
généralistes et pédiatres se déroula du 24 au 26 septembre 2004, sous les auspices de la
Société paraguayenne de pédiatrie, du service de dermatologie de l’hôpital national, du
département de la lèpre du ministère de la Santé publique et du bien-être social, de la
chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales de l’université nationale
d’Itapúa, du service de dermatologie de l’hôpital central de l’Institut de prévision sociale
et du département de médecine interne de l’hôpital central de l’Institut de prévision sociale.
On compta sur la présence d’invités étrangers comme les Prs Drs Carlos F. Gatti et
Adrián M. Pierini (Argentine), Juan C. Diez de Medina et Martín Sangüeza (Bolivie), Roberto
Arenas (Mexique), Ricardo Pérez Alfonso, Elda Giansante (Venezuela) ; les sujets
traités inclurent, tout comme lors des événements précédents, tout l’éventail des affections
dermatologiques.
Tous les événements eurent lieu dans la capitale de la République, Asunción. Il
convient de mentionner la participation d’éminents professionnels paraguayens, comme
des professeurs, des enseignants, des membres de la faculté des sciences médicales de
l’université nationale et à de célèbres hôpitaux de l’État du Paraguay, ainsi que des spécialistes
d’autres disciplines comme des hématologues, des infectiologues, des internistes,
des pédiatres et d’autres spécialistes des sciences médicales, car sans leur
participation désintéressée, il aurait été impossible de réaliser ces événements.
Sans citer de noms, par crainte d’oublis injustifiés, nous tenons à exprimer notre gratitude
envers tous, sans exception. Pour conclure, nous pouvons affirmer que les activités
réalisées par les dermatologues du Paraguay (dans une nouvelle étape de
renforcement et d’intégration dans le monde fascinant des sciences), ont pour but ultime
de soulager, en mettant en pratique leurs connaissances, les pathologies cutanées dont
souffrent les patients venus consulter dans le temple du travail, le cabinet du dermatologue.
■
Septembre 2005
307

JULIO CORREA
■ Références
bibliographiques
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pp. 2-6.
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INTRODUCCIÓN
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
AU PÉROU
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
■ Introduction
Luis Flores-Cevallos
Le Pérou est un pays privilégié, possédant une grande richesse naturelle — flore et faune
— qui influe énormément sur la pathologie humaine et, par conséquent, sur la pathologie
dermatologique. Le pays possède également un passé historique culturel millénaire.
Nous exposerons quelques éléments qui aideront à connaître l’environnement dans
lequel se développent les événements historiques, ainsi que la pathologie dermatologique
tropicale.
Le Pérou occupe la zone subtropicale d’Amérique du Sud, traversé par la Cordillère
des Andes du nord au sud et bordé par l’océan Pacifique avec le courant maritime froid
de Humboldt qui se déplace depuis le sud vers le nord; grâce à ces conditions, le pays est
un haut lieu de richesses naturelles dont la biologie présente des manifestations variées.
La côte. Correspondant à la partie occidentale, elle présente un climat désertique assez
stable, fréquemment recouverte d’une brume épaisse et de pluies sporadiques. Elle s’étend
depuis le littoral jusqu’à 500 m de hauteur, sur 2070 km de long; ceci ne rend pas propice
l’existence de vecteurs transmetteurs de maladies dermatologiques tropicales.
La sierra. C’est la partie centrale, constituée des vallées interandines, d’une altitude
entre 500 et 4 000 m au-dessus du niveau de la mer. Elle fait 150 km de large au nord et
300 km au sud. Son climat est varié et les températures extrêmes oscillent entre 5 °C et
26 °C. Des neiges éternelles apparaissent à partir de 4 500 m. Dans les vallées, les climats
peuvent varier dans une même saison de l’année, avec peu d’écart et des variantes
de flore, de faune et de pathologie. L’écosystème propice à l’habitat des vecteurs qui
transmettent la leishmaniose cutanée bénigne appelée uta et la verrue péruvienne (Bartonellose),
se trouve entre 1200 et 2800 m d’altitude.
La forêt. C’est la partie orientale et la région la plus étendue, dont l’altitude est inférieure
à 1 000 m au-dessus du niveau de la mer. De nombreuses rivières la traversent et
elle possède une végétation tropicale touffue ; des précipitations abondantes influent sur
son climat humide et extrêmement chaud, propice aux vecteurs transmettant des maladies
dermatologiques tropicales telles que la leishmaniose muco-cutanée, appelée
espundia.
309

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
■ I
310
I partie
Elbio Flores-Cevallos
La dermatologie à l’époque précolombienne
LA DERMATOLOGIE DANS LES CULTURES PRÉ-INCAS: CÉRAMIQUES, HUACO RETRATO
L’histoire de la dermatologie au Pérou débuta à une époque très lointaine. Les cultures
pré-incas qui se développèrent sur la côte, la sierra et le nord du Pérou, depuis le
I er siècle av. J.-C. jusqu’à leur conquête par les Incas, laissèrent dans l’iconographie de
leurs céramiques des illustrations de leurs connaissances sur diverses maladies dermatologiques.
Au début du XII e siècle de notre ère, ces cultures furent progressivement
conquises par les Quechuas, qui se situaient aux environs du lac Titicaca, le plus élevé
au monde, sur le plateau du Collao, et qui avaient atteint leur développement maximal
cents ans avant l’arrivée des Espagnols. Tout comme les Romains assimilèrent la culture
grecque lors de leur conquête, les Incas absorbèrent les cultures des civilisations les précédant.
L’empire des Incas formait l’un des peuples les plus développés d’Amérique du
Sud avant l’arrivée des Espagnols.
Nous avons mené une étude minutieuse des différentes céramiques des cultures moche,
chimú, vicús, chancay notamment, qui se trouvent disséminées dans les divers musées de
Lima et du Pérou. Ces céramiques, de véritables livres de dermatologie, nous dévoilent,
avec un graphisme très réaliste, le médecin de la culture mochica, ainsi que plusieurs maladies
de la peau et des actes chirurgicaux; elles montrent aussi très clairement la verrue
péruvienne, la syphilis, la leishmaniose (uta), des maladies pustuleuses du visage, des maladies
prurigineuses, des tumeurs, des amputations d’extrémités, entre autres. Nous les appelons
« huaco retrato à pathologie dermatologique clinique », et elles possèdent une
grande valeur historique comparable aux moulages réalisés mille ans plus tard à l’hôpital
Saint-Louis de Paris, où la dermatologie débuta en tant que spécialité.
Pour parler de l’histoire de la dermatologie au Pérou pendant l’époque de la
Conquête, l’époque coloniale et les cent premières années de la République, nous nous
sommes appuyés sur l’ouvrage de Prescott Historia de la Conquista del Perú [Histoire de
la conquête du Pérou] et celui de J.B. Lastres, Historia de la Medicina Peruana [Histoire
de la médecine péruvienne], entre autres.
Plusieurs années avant la conquête du Pérou, les Espagnols avaient déjà introduit en
Amérique des maladies virales telles que la variole, la rougeole et la grippe. Selon les
chroniqueurs, après avoir conquis le royaume de Quito en 1526 avec son armée, l’Inca
Huayna Capac fut atteint de variole, maladie à laquelle il succomba tout comme plus de
200 000 Indiens de l’empire. Le destin du Pérou aurait été tout autre si cet Inca courageux
et expérimenté n’était pas mort de cette maladie. Nous pouvons dire que la variole
changea le destin du Pérou ; l’Inca, avec toute son armée réunie, n’aurait jamais été
vaincu par moins de 200 Espagnols.
Selon les études archéologiques réalisées pendant le XX e siècle, les premiers habitants
du Pérou arrivèrent par groupes il y a plus de dix mille ans, laissant leurs traces dans des
cavernes (peintures rupestres de Tacna) ou d’autres endroits de la côte; leur nourriture
de base provenait de la chasse et de la récolte; ils apprivoisèrent les camélidés sylvestres,
sélectionnèrent plusieurs plantes pour leur alimentation (haricots, haricots blancs, maïs,
pomme de terre, etc.) et beaucoup de plantes médicinales pour soigner leurs maladies.
L’architecture monumentale apparut sur la côte vers l’an 3 000 av. J.-C. : des édifications
publiques en U, de grandes plates-formes et des puits effondrés. La population habitait
tout autour de ces constructions, dans des maisons simples, parfois souterraines.
Plusieurs cultures se développèrent au cours des siècles, aussi bien sur la côte que
dans la région de la sierra du Pérou, suivant le schéma établi. La céramique apparut

Histoire de la dermatologie au Pérou
dans les cultures de la côte nord vers l’an 1 800 av. J.-C., et dans le nord de la sierra vers
l’an 1000 av. J.-C. 1 . Grâce à leurs céramiques anthropomorphes huaco retrato — constituant
de véritables idéogrammes —, les cultures pré-incas nous montrent par une iconographie
très fine et réaliste non seulement les manifestations extérieures de la
pathologie dermatologique mais aussi d’autres spécialités médicales comme l’obstétrique,
la traumatologie, la chirurgie, l’oncologie et la tératologie ; elles comprennent
également des représentations sur l’activité sexuelle, et sur leurs connaissances en architecture
et en musique, leurs croyances magiques et religieuses, leurs sentiments de
joie, de douleur et leurs préoccupations.
LES MALADIES DERMATOLOGIQUES DANS L’EMPIRE INCA
L’empire des Incas ou Tahuantinsuyo se développa depuis le début du XII e siècle jusqu’à
l’arrivée des Espagnols en 1532. Les cultures antiques pré-incas qui avaient prospéré
au cours des années sur la côte et dans les vallées andines et interandines avaient
été conquises, selon la légende, par les Quechuas, originaires du plateau du Collao aux
abords du lac Titicaca.
Au moment de la Conquête, le Tahuantinsuyo occupait au nord une partie de la Colombie
et de l’Équateur actuels, tout le territoire du Pérou et de la Bolivie ; au sud, il arrivait
jusqu’au fleuve Bío Bío, au centre du Chili, et à la région du Tucumán argentin
(provinces de Santiago del Estero, Salta, Jujuy et La Rioja) ; à l’ouest, la limite était
l’océan pacifique et, à l’est, la forêt amazonienne habitée par des tribus sauvages.
Lors de l’arrivée des Espagnols, l’empire avait atteint son apogée moins de cent ans
auparavant. Vers la moitié du XV e siècle l’Inca Tupac Yupanqui avait étendu l’empire au
sud jusqu’au fleuve Bío Bío, tandis que son successeur Huayna Capac l’étendit au début
du XVI e siècle jusqu’au royaume de Quito, dans le territoire de l’Équateur actuel. À sa
mort, l’empire fut partagé entre ses deux fils : le royaume de Quito pour Atahualpa et
celui de Cuzco pour Huáscar.
Cette division fut fatale ; les deux frères se livrèrent très vite une guerre fratricide féroce
qui inclut la participation de toutes les tribus de l’empire, d’un camp ou de l’autre.
Quelques mois avant la défaite de Huáscar, Francisco Pizarro avait entrepris la conquête
de l’empire inca ; facilement, sans batailler, il surprit l’Inca Atahualpa et le fit prisonnier
à Cajamarca le 15 novembre 1532 ; il l’exécuta plus tard et, aidé par les tribus indiennes
qui combattaient à ses côtés, il réussit à conquérir en quelques mois la ville de Cuzco,
capitale de l’empire.
La ville sacrée de Cuzco, le nombril du monde, était selon les chroniqueurs une ville
très peuplée et impressionnante, une merveille du monde, construite de pierres assemblées
de manière fabuleuse, et reliée aux différentes villes de l’empire grâce à plusieurs
chemins s’étendant au nord jusqu’à Quito et au sud jusqu’au Chili 2 .
Le gouvernement inca était despotique mais bienveillant ; les classes sociales étaient
bien définies. L’Inca était considéré comme un dieu, le fils du Soleil ; les membres de sa
famille venaient après dans la hiérarchie. Il avait plusieurs concubines et pouvait engendrer
entre 100 et 200 enfants, qui constituaient la noblesse. Celle-ci faisait partie des
hauts rangs de l’armée, occupait de hauts postes dans la hiérarchie religieuse et était
composée par les nobles orejones et les savants ou amautas; le peuple, celui qui travaillait
véritablement, était bien au-dessous.
La pauvreté n’existait pas au sein de l’empire inca, ni les mendiants, ni l’argent, ni la
faim ; tout le monde travaillait et il n’y avait pas de propriété privée. Le système médical
était très bien organisé. Les médecins étaient divisés selon les classes sociales : les ambicamayos
s’occupaient seulement de la santé de l’Inca, de sa famille et de la noblesse ;
les ccamascas ou soncoyoc pratiquaient la médecine pour l’homme du peuple ou runa;
le hampi-camayoc était le médecin au sens strict du mot. Il y avait aussi des magiciens,
des sorciers, des guérisseurs et des devins.
311

Figure 1.
Céramique de
la culture mochica
du musée Víctor
Larco Herrera
de Lima : patient
exposant ses fesses,
la peau présentant
des lésions
de condylomes
plats de syphilis
Figure 2.
Céramique de
la culture chimú
du même musée :
patient de sexe
masculin, qui laisse
voir de nombreux
papillomes sur
la peau du pénis
et de l’abdomen,
sans doute
caractéristiques
d’une syphilis
secondaire
Figure 3.
Céramique de
la culture chimú
de la collection du
Dr Hugo Vizcarra :
le malade présente
de multiples lésions
nodulaires de
verrue péruvienne
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
312
Les Hacarícuc ou Cuyricuc étaient les devins qui regardaient les cobayes et les incisaient
avec leur ongle pour établir, d’après l’état des viscères, le diagnostic de la maladie. Les calparicuqui,
qui voyaient l’avenir et la chance, établissaient leur diagnostic en examinant le
cadavre des lamas et en soufflant sur les bofes. Plusieurs devins utilisaient des feuilles de
coca: « Ils les prennent entières, les étendent sur une couverture, murmurent quelques
mots, soufflent leur haleine sur les feuilles et les jettent en l’air. Ils observent la façon dont
elles tombent sur la couverture et c’est de cela que dépendront le diagnostic et le pronostic
»; de nos jours, ce rite a encore lieu dans quelques villages de la sierra du Pérou 3 .
Plusieurs oracles — dont le plus fameux fut celui de Pachacámac, près de Lima —
prenaient place près des idoles ou des totems. La population y avait recours pour demander
de l’aide pour guérir les maladies, pour prier pour la santé de l’Inca, tout comme
faisaient les Grecs à l’oracle de Delphes.
La médecine inca atteignit son sommet sous le gouvernement de l’Inca Pachacútec,
qui mit en place une législation très avant-gardiste. Les maladies dermatologiques subies
par l’empire inca furent les mêmes que celles des différents peuples qui les conquirent.
LES MALADIES DERMATOLOGIQUES À L’ÉPOQUE PRÉCOLOMBIENNE
Syphilis
La syphilis fut l’une des maladies dermatologiques les plus répandues
parmi les différentes civilisations de l’ancien Pérou. Les céramiques — notamment
celles de la culture moche-chimú — nous montrent des Huacos présentant
des lésions syphilitiques évidentes (figures 1-2). L’archéologue péruvien
Julio C. Tello, accompagné de Hunter Williams, trouva des lésions typiques de
la syphilis au cours de ses études d’ostéopathologie réalisées en 1929. Dans
l’empire inca, la syphilis atteignait non seulement le peuple mais aussi les
classes sociales plus aisées.
George E. Eaton, médecin ostéologue américain, membre de l’expédition de
Hiram Bingham qui découvrit le Machu Picchu en 1911, trouva dans un cimetière
de la zone, dans un « endroit très spectaculaire », la sépulture de la suprême prêtresse
ou mamacona, prieure du couvent des femmes vierges élues, chargées de
tisser de beaux tissus et de préparer les mets pour l’Inca et la noblesse. Lors de
l’examen ostéopathologique il découvrit que « malheureusement, elle souffrait
de syphilis ». Cette dame avait été enterrée dans un très bel endroit, avec une
immense richesse qui mettait en évidence son importance 2 .

Les anciens Péruviens traitaient la syphilis (huanthi, terme quechua-aymará signifiant
« ulcère ») en utilisant de la salsepareille et du bâton de guayacán ou bâton des Indiens.
Il est prouvé que le jus de salsepareille frais possède des vertus thérapeutiques et
réussit une merveilleuse guérison 3 .
Selon les chroniqueurs, la syphilis fut amenée en Europe par les conquistadors lors
de leur premier voyage de retour en Espagne. La maladie apparut pour la première fois
en 1494 à Naples, et c’est pourquoi on l’appela le « mal napolitain ». Elle se présenta
comme une épidémie mystérieuse et inconnue, propagée rapidement, pour laquelle on
ne connaissait pas de traitement et qui perturba grandement la population. Son nom est
retranscrit dans la littérature pour la première fois en 1530 ; un médecin de Vérone, Girolano
Fracastore, écrivit un poème pastoral et donna à la redoutable maladie le nom du
pasteur Syphile.
Pendant longtemps on crut que la syphilis était originaire d’Amérique ; cependant, des
études récentes menées par des archéologues anglais dans une abbaye de religieux augustiniens
située au port de Hull, du nord-ouest de l’Angleterre — dans une crypte où
l’on enterrait les prêtres, les nobles et les riches commerçants —, montrèrent que les
deux tiers des squelettes présentaient des lésions typiquement syphilitiques. Ces chercheurs
firent également des études archéologiques sur des restes osseux de différents cimetières
romains du Moyen Âge, où ils trouvèrent des lésions de syphilis héréditaire chez
les enfants, avec les classiques dents de scie d’Hutchinson. Ils conclurent donc que la syphilis
existait en Europe avant la découverte de l’Amérique.
Verrue péruvienne
Les cultures pré-incas moche, chimú, vicús et chancay prospérèrent sur la côte nord
du Pérou entre le I er siècle av. J.-C. et le XIII e siècle de l’ère chrétienne, dans les départements
actuels de Piura, Lambayeque, La Libertad et Lima. Leurs nombreuses céramiques
(huaco retrato) montrent les lésions externes de la peau produites par les
maladies dermatologiques, dont la verrue péruvienne.
Cette céramique (figure 3) montre sans doute les lésions typiques de la peau de la verrue
péruvienne au cours de sa phase verruqueuse et constitue un véritable livre sur cette
maladie que nous laissèrent les anciennes cultures du Pérou.
Leishmaniose
Les céramiques des cultures moche-chimú prouvent que la verrue péruvienne
et la leishmaniose tégumentaire étaient associées à des mythes
légendaires du culte de la pomme de terre. Certains huacos mochicas représentent
des pommes de terre; des visages de malades atteints de verruga
et de uta poussent de leurs bourgeons, comme des vulves. D’autres
céramiques représentent des scènes des semailles et de récoltes de la
pomme de terre, dans lesquelles le visage humanisé de la pomme de terre
présente des mutilations de uta et des nodules verruqueux (figure 4).
La leishmaniose cutanée, variété uta, est endémique dans les gorges des
vallées andines, tout comme la verrue péruvienne. Pedro Weiss étudia minutieusement
ces céramiques qui représentent la pomme de terre montrant
des lésions de uta et de verrue, et qui sont liées aux organes sexuels; ceci
prouve que les anciens Péruviens marquaient le rapport entre la uta et la
verrue, la fécondité des terres des vallées andines et la fertilité des femmes.
Les indigènes utilisaient des résines pour guérir la leishmaniose 3 .
Histoire de la dermatologie au Pérou
Maladies pustuleuses du visage
Dans la céramique de la culture mochica (figure 5) on observe la tête
d’un malade qui présente des cicatrices lenticulaires profondes sur le visage, le nez,
313
Figure 4.
Céramique mochica
(leishmaniose)

Figure 5.
Céramique mochica
(acné pustuleuse)
Figure 6.
Céramique vicús
(mycétome)
Figure 7.
Mycétome de pied
Figure 8.
Céramique mochica
(urticaire ?)
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
314
les joues, le menton et les oreilles ; les cicatrices sont peu nombreuses
sur le front. Le lobule de chaque oreille présente deux
grandes perforations, ce qui indique qu’il s’agissait possiblement
d’un Orejón ayant contracté une maladie pustuleuse du visage —
peut-être une acné pustuleuse grave — provoquant ces cicatrices
ponctiformes profondes.
Mycoses profondes
Dans la figure 6, céramique de la culture vicús (300-800 après
J.-C.) du musée de la banque de réserve du Pérou, on observe un
pied œdémateux, avec des nodulations circonscrites, situées pour
la plupart sur la partie postérieure externe de la peau du pied et
du talon. Ces lésions sont similaires à celles de la figure 7 (patient
de l’hôpital Dos de Mayo de Lima dont le diagnostic répond
au pied de Madura après l’étude mycologique) (courtoisie du
Dr O. Romero).
Maladies prurigineuses de la peau
La figure 8, céramique de la culture mochica, montre un homme nu, la tête recouverte
d’un bonnet et dont le visage exprime l’ennui ; de la main droite il se gratte le dos.
La peau de l’abdomen et des jambes présente des lésions papuleuses plates ; il s’agit probablement
d’une urticaire.
Pinta ou cara
D’après Lastres, la pinta ou cara était connue
par les anciens Péruviens sous le nom de ahoberados de prieto y blanco. Les chroniques
de l’Inca Garcilaso de la Vega racontent que les sorciers de l’antiquité élevaient des crapauds
à la demande des offensés, en leur donnant à manger du maïs de différentes couleurs
selon les taches que ceux-ci voulaient produire sur la peau de leurs ennemis, des
amants infidèles, etc. 3
Tuberculose
Nos études menées dans les années 40-60 (avec des patients des services de dermatologie
du pavillon 8–II de l’hôpital national Arzobispo Loayza de Lima et de la polyclinique
ouvrière de la sécurité sociale du Callao) montrèrent que 0,01 % des patients qui
s’y rendaient pour soigner leurs affections de la peau souffrait de tuberculose cutanée.
Nos conclusions furent les suivantes :

Histoire de la dermatologie au Pérou
1. La tuberculose cutanée est une maladie millénaire au Pérou.
2. Son apparition est liée au sous-développement, à l’environnement, et à la paupérisation.
3. Elle fut largement étudiée à travers des recherches menées au Pérou aussi bien
qu’à l’étranger, et dont la première réalisée au Pérou revient au Dr Luis Flores-Cevallos.
4. Il existe des formes de prévention (vaccin) et de traitement favorable.
La dermatologie à l’époque de la Conquête et de la vice-royauté
Selon Unanue, la médecine que les Espagnols introduirent dans le Nouveau Monde fut
dominée par la théologie scolastique du Moyen Âge et les concepts philosophiques d’Aristote
4 . Dans l’Espagne du XVI e siècle, les universités étaient soumises à l’intolérance religieuse
de l’Inquisition. Les idées de la Renaissance se heurtèrent en général à une
grande résistance, comme celles de Vésale, qui bouleversa l’anatomie avec la dissection
de cadavres.
La conquête de l’empire inca commença aux environs de 1526 avec la signature du
document entre Francisco Pizarro, Diego de Almagro et le prêtre Hernando de Luque
pour conquérir un pays fabuleux, au-delà des côtes de la mer du Sud, qu’ils appelaient
« Biru ». En 1531, au cours du troisième et dernier voyage vers le sud, les conquistadors
durent faire halte dans la paisible baie de Las Esmeraldas, à Coaque (Équateur). « Une
maladie inconnue et redoutable appelée berrues », attaqua un grand nombre d’entre
eux, provoquant détresse et consternation. L’Inca Garcilaso raconte qu’une maladie
« étrange, abominable » apparut soudain : elle était caractérisée par des verrues multiples
sur toute la peau du corps, dont la plupart grandissaient démesurément et devenaient
comme des « figues », et saignaient beaucoup, affectant le visage, car beaucoup
« pendaient du front, d’autres des sourcils, d’autres de la pointe du nez, de la barbe et
des oreilles ». L’épidémie affecta plusieurs Espagnols, avec des verrues grandes et sanglantes
comme des « œufs », accompagnées d’autres symptômes d’intoxication, de délire
et de paralysie. Comme il s’agissait d’une maladie nouvelle pour les Espagnols, Gómara
note qu’« ils ne savaient que faire 3-6 .»
Le calvaire des Espagnols dura sept mois. Certains moururent sous l’effet de cette
étrange souffrance, qui débutait brusquement « car ils allaient se coucher sains et se réveillaient
très malades ». Il s’agit là d’une des premières maladies dermatologiques systémiques,
dont la phase éruptive fut magistralement décrite par le chroniqueur espagnol
Miguel de Estete, qui affirme que « le village de Coaque est la côte la plus malade qu’il
y a sous le ciel 3 .»
Les Espagnols n’accordèrent aucune importance aux connaissances médicales des
Incas. Dans son Historia General del Perú [Histoire générale du Pérou], Garcilaso de la
Vega raconte que l’Inca Atahualpa tomba malade au cours de son emprisonnement; selon
le père Blas Valera, « en prison, l’Inca n’eut plus le goût de la vie et souffrait d’une mélancolie
si profonde d’être enchaîné et seul, qu’on ne laissait entrer aucun Indien, sauf un
jeune neveu qui le servait. Alors les Espagnols le libérèrent et appelèrent les principaux
Indiens, qui amenèrent de grands herboristes pour le guérir; pour indiquer la température,
ils prirent le pouls du nez, entre les sourcils, et lui donnèrent à boire le jus d’herbes
de grande vertu. Il en appela quelques-unes payco, et ne nomma pas les autres. Il dit que
la boisson lui provoqua une grande sueur et un sommeil profond et long, après quoi la
température descendit et il se réveilla sans fièvre; et qu’on lui fit un autre médicament et
qu’en quelques jours il revint à soi, et qu’on le remit alors en prison 3-6 .»
À peine la ville de Lima fondée en 1535, on ressentit le besoin de fonder des centres
hospitaliers pour soigner les nombreux malades, espagnols et indiens. Le premier hôpital
fut inauguré le 16 mars 1538 à la Rinconada de Santo Domingo et naquit le béguinage
de Camilas pour les femmes atteintes du « chancre ». L’Hôpital de Santa Ana,
315

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
316
destiné à « guérir les misérables Indiens qui mouraient comme des bêtes dans les
champs et dans les rues », selon Córdova y Urrutia, commença à être édifié vers 1549 ;
ils mouraient surtout à cause des maladies infectieuses. L’hôpital de San Andrés fut
fondé en 1556 pour soigner les Espagnols 3 .
La lèpre infecta le sol américain ; en conséquence, et suivant l’initiative d’Antón Sánchez,
il fallut fonder en 1546 un hôpital appelé hôpital de San Lázaro, qui accueillit bientôt
plusieurs patients ; les esclaves africains étaient très sujets à la lèpre et à la variole.
Peu après la fin de la Conquête, d’autres hôpitaux furent fondés à Lima et dans diverses
villes du Pérou comme Cuzco, Trujillo, Huamanga et Arequipa. Dans ces cas-ci,
l’initiative provenait des religieux et des confréries de la Charité.
Le Real Tribunal del Protomedicato fut créé au Pérou par le roi Philippe II pour contrôler
la profession médicale; il fut inauguré en 1570 à l’époque du vice-roi Toledo. Une décision
royale datée de 1501 permit l’introduction des esclaves africains en Amérique;
ceux qui venaient de Panamá apportaient beaucoup de maladies, comme la variole, la
lèpre, la rougeole et le typhus; ils vivaient au milieu de la corruption et des maladies 3 .
Plusieurs épidémies se produisirent pendant la vice-royauté, notamment des épidémies
virales. L’art populaire remarquait la présence de ces hôtes indésirables :
Rougeole frappe à la porte
Variole demande : « Qui va là ? »
et Scarlatine riposte :
« Nous voilà toutes trois. »
Les épidémies de variole, de rougeole, de verrue, de typhus exanthématique et de
grippe étaient très fréquentes, attaquant de préférence la population indigène.
La tuberculose fut une maladie très répandue pendant la période coloniale et la République.
Santa Rosa de Lima, patronne de l’Amérique hispanique et des Philippines,
mourut de tuberculose le 24 août 1617 à l’âge de 31 ans. Simón Bolívar, après sa campagne
libératrice du Pérou, partit sur l’île Santa Marta où il mourut du même mal.
La variole produisit encore des épidémies pendant toute l’époque coloniale et les premières
années de la République. L’une des pires épidémies alarma tout le Pérou en
avril 1584 ; elle commença à Cuzco comme une souffrance que certains appelaient rougeole,
d’autres typhus ou oreillons. Il était difficile de préciser le type de maladie en raison
« du retard de la médecine, mais plus tard les symptômes montrèrent qu’il s’agissait
probablement de la variole ». Cette maladie attaquait « presque exclusivement les Indiens,
qui mouraient par milliers, surtout les jeunes 7 .»
Cette épidémie dura jusqu’en 1590. D’après les histoires qui provenaient des différentes
provinces du Pérou, on l’assimilait à la peste de Florence — à cause des ravages —
décrite par Alejandro Manzoni. Les cadavres restaient parfois sans sépulture, ou bien on
creusait des tranchées à même les rues pour éviter de les déplacer.
La population péruvienne, qui comptait 10 millions d’habitants d’après ce que l’on
sait de l’empire inca au moment de sa conquête, diminua considérablement. Le recensement
réalisé par le vice-roi Gil de Taboada y Lemos entre 1792 et 1795 révéla une population
de 1,4 million d’habitants dans la circonscription de la vice-royauté péruvienne.
La cause de ce terrible dépeuplement s’explique non seulement par les grandes pertes
produites par les maladies virales que les conquistadors apportèrent, mais aussi par les
mauvaises conditions de vie et de travail des Indiens 7 .
Pendant toute l’époque coloniale et les premières années de la République, il n’y eut
aucune tentative de représenter graphiquement les différentes maladies présentant des
lésions visibles de la peau, comme l’avaient fait les anciens Péruviens. Les travaux
médicaux furent rares ; ils étaient tous triés par le Tribunal de la Sainte Inquisition qui
s’était installé à Lima sous le gouvernement du vice-roi Toledo en 1570 et qui dura

Histoire de la dermatologie au Pérou
pratiquement jusqu’en 1821, année de l’indépendance du Pérou. Les cercles médicaux
de la vice-royauté la plus grande d’Amérique du Sud ne s’intéressèrent pas beaucoup
aux maladies dermatologiques.
En 1818, le protomedico Melchor de Amusgo (prêtre) publia un « discours sur la rougeole
ou à propos de la rougeole » qui reçut les éloges des médecins de l’époque. Comme
le prouva Lastres, il existait à l’époque un rapport solide entre la médecine et la religion.
Le protomedico Pedro Gago de Vadillo (Espagnol) publia en 1630 le premier livre péruvien
sur la chirurgie, Luz de la Verdadera Cirugía [Lumière de la véritable chirurgie], dans lequel
il nomma la verrue pour la première fois. Rappelons qu’à l’époque, tout comme en Europe,
les chirurgiens se consacraient au soin des troubles externes, superficiels ou cutanés.
En 1693, le protomedico prêtre Vargas Machuca publia un Discurso sobre el sarampión
[Discours sur la rougeole], recevant les éloges d’Unanue.
En 1694, Francisco Bermejo y Roldán, professeur de la chaire Prime de médecine
(partie de l’office divin qui se récitait au lever du jour), publia un livre sur la rougeole,
maladie qui apparaissait de façon épidémique et présentait de graves complications; on
croyait que la contagion était provoquée par les miasmes de l’air et que la maladie altérait
les humeurs et le sang. Pour son traitement, Bermejo conseillait de rénover l’air avec
du romarin, tandis qu’il prescrivait des saignées et des purges pour améliorer les humeurs.
Il s’agit là de l’étude la plus complète sur la rougeole.
Entre 1732 et 1743, Pedro Peralta publia un Calendario anual sobre climas y enfermedades
[Calendrier annuel sur les climats et les maladies], dans lequel il affirmait que l’automne
était une saison plus propice aux maladies, avec des menaces de variole et de rougeole.
L’amphithéâtre anatomique royal fut inauguré le 21 novembre 1792 à l’hôpital San
Andrés, suivant les conseils du protomedico péruvien Hipólito Unanue, dans le but
d’améliorer l’enseignement de la médecine, d’après l’anatomiste Vésale ; il y établit des
conférences cliniques, où il serait le conférencier sur les « fièvres » ; le protomedico José
M. Dávalos aurait à sa charge les conférences sur la « variole ». Lors du discours d’inauguration
de l’amphithéâtre, Unanue affirma que « les fièvres éruptives sont un astre
malin du Pérou, plein de pestilences et d’épidémies, compliqué par la présence de charlatans
et d’empiristes qui pratiquent la médecine et provoquent un tableau désolant.
L’enseignement de l’anatomie, avec l’aide de grands médecins illustres, va libérer le
Pérou, en la rétablissant comme science bénéfique 3 .»
L’enseignement de la médecine s’améliora en 1634, à l’époque du vice-roi Conde de
Chinchón ; on découvrit les vertus médicinales de l’écorce du quinquina pour guérir les
fièvres tierces et quartes ; elle fut apportée en Europe en 1635.
Une grave épidémie de variole eut lieu à Lima en 1802. Un bateau espagnol, qui se
dirigeait vers les Philippines, arriva à Callao avec quelques flacons en verre contenant le
vaccin ; Unanue profita de l’occasion pour procéder à la vaccination contre cette terrible
maladie au Pérou. Quelques années plus tard, le roi d’Espagne envoya une expédition
philanthropique apportant le vaccin, qui arriva à Lima en 1806 ; cependant, un an plus
tôt (1805), neuf tubes de verre contenant le vaccin étaient arrivés de Buenos Aires, ce
qui permit de poursuivre la vaccination commencée par Unanue, non sans quelque résistance
de la part de la population. L’arrivée de Salvani avec l’expédition philanthropique
mentionnée permit d’étendre la vaccination contre la variole dans toute la Colonie,
avec la collaboration efficace d’Hipólito Unanue.
Suivant l’initiative d’Unanue, le collège royal de médecine et de chirurgie de San Fernando
fut fondé au cours de la vice-royauté d’Abascal et commença à fonctionner le
13 août 1808. Le programme d’études était en accord avec les progrès médicaux de
l’époque : « La théorie est accompagnée de la pratique pour que, liées à une morale
saine, elles soient le chemin pour devenir un bon médecin 3 . » Lorsque l’époque coloniale
se termina, ce savant péruvien avait acquis une technique scientifique, une sensibilité
professionnelle et une profondeur philosophique exceptionnelles.
317

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
318
La dermatologie pendant les cent premières années de la République
Suite à la proclamation de l’indépendance, le 28 juillet 1821, la pratique de la médecine
ne changea pas sinon qu’elle garda les méthodes de la médecine coloniale. Pendant
les premières années de la République, les guerres civiles continues empêchèrent tout
progrès. Hipólito Unanue, le père de la médecine péruvienne qui avait occupé d’importants
postes durant l’époque coloniale, continua de travailler et de diffuser ses connaissances
après la proclamation de l’indépendance. Son successeur, Cayetano Heredia,
réforma le plan d’études médicales et créa la faculté de médecine actuelle. Le 30 décembre
1848 marqua la fin du Protomedicato, qui céda les droits à la nouvelle faculté de
médecine, créée le 9 septembre 1856 ; des concours furent mis en place pour occuper les
postes des différentes chaires et pour obtenir les meilleurs médecins afin d’entreprendre
la réforme de l’enseignement de la médecine péruvienne. Plusieurs jeunes se rendirent
ensuite dans les universités européennes (surtout françaises), et ils occuperaient plus
tard les différentes chaires. Le doyen de la faculté de médecine, Cayetano Heredia, établit
les nouveaux règlements comportant un programme pédagogique moderne, créant
de nouvelles chaires et donnant plus d’importance à la pratique hospitalière; il fonda le
musée d’histoire naturelle et un herbier avec 1 820 plantes, ainsi qu’une belle collection
de minéraux et d’espèces géologiques. Heredia s’entoura de collaborateurs prestigieux
de l’envergure de José Elboli (Italien), précurseur des études de chimie ; Antonio Raimondi
(Italien), grand explorateur qui décrivit physiquement le Pérou ; Rafael Benavides,
professeur de la chaire de physique médicale et d’hygiène.
En 1851, Lima subit une épidémie de fièvre jaune, qui motiva la création d’un nouvel
établissement moderne en accord avec le progrès urbain et scientifique pour remplacer
l’hôpital de San Andrés vétuste. L’hôpital Dos de Mayo fut alors inauguré le 28 février
1875 ; il était l’un des meilleurs d’Amérique du Sud, équipé des dernières technologies
de l’époque.
En 1870, au cours de la construction du chemin de fer de la Sierra centrale, une grande
épidémie de verrue péruvienne affecta les travailleurs; elle attaquait spécialement ceux
qui venaient d’autres régions du pays et de l’étranger. Comme un triste épilogue de cette
grande œuvre d’ingénierie, chaque traverse coûta une vie.
En 1879, la guerre contre le Chili bloqua totalement le Pérou, dans les domaines économique,
culturel et social. Les bibliothèques furent saccagées par l’armée chilienne,
l’hôpital Dos de Mayo fut occupé, la faculté de médecine et d’autres institutions cessèrent
de fonctionner.
À la fin de la guerre, l’hôpital Dos de Mayo fut rouvert ; les pratiques hospitalières y
étaient réalisées et de longues discussions eurent lieu sur la fièvre d’Oroya et la verrue
éruptive comme étant des entités différentes. Un nom mérite d’être mentionné : Daniel
Alcides Carrión, un étudiant en quatrième année de médecine qui, imprégné des nouvelles
sciences médicales et philosophiques de son époque, décida de se sacrifier. Le
27 août 1885, il se fit pratiquer quatre inoculations — deux à chaque bras — du bouton
verruqueux d’un malade déjà convalescent qui était hospitalisé dans une salle de
l’hôpital Dos de Mayo. Quelques jours plus tard, il développa les symptômes de la maladie
: de grands frissons, une forte fièvre, une céphalalgie gravative, des douleurs musculaires,
des crampes, de l’insomnie, ainsi que des altérations des sens, de l’inquiétude
et du délire. Pendant les premiers jours il fut lucide et décrivit les symptômes de la maladie.
Il consigna sur le dossier clinique : « Mais maintenant je me trouve finalement
convaincu que je suis atteint de la fièvre qui tua mon ami Orihuela. Voici la preuve palpable
que la fièvre d’Oroya et la verrue éruptive ont la même origine, tel que je l’ai entendu
dire une fois de la part du Dr Alarco. » À travers son sacrifice, Carrión aida à la
résolution définitive du problème nosographique de la verrue péruvienne. Avant de
perdre connaissance, il nous laissa son message éternel : « Je ne suis pas encore mort,

mes amis, maintenant c’est à vous de finir l’œuvre engagée, suivant le chemin que je
vous ai tracé 3 .»
Après la mort de Carrión, nos chercheurs entreprirent un travail incessant ; il faut distinguer
parmi eux Alberto Barton, qui découvrit en 1905 le germe causant la verrue péruvienne.
En 1887, la faculté de médecine de San Fernando approuva un nouveau programme
d’études et de nouvelles chaires furent créées dans les années qui suivirent. Un nouvel emplacement
pour la faculté de médecine fut créé en 1903, celui qu’elle occupe actuellement.
La littérature médicale fut très pauvre pendant les premières années de la République.
En 1884, Pablo Patrón publia dans la Gaceta Médica de Lima un travail dont le titre était
« Bref traité de la maladie vénérienne ou Morbus gallicus », consacré au médecin français
de l’école de Paris Pablo Petit, le premier à introduire au Pérou les mercuriels pour traiter
cette maladie redoutable. Ce médecin français installé à Lima critiquait très sévèrement
ses collègues qui utilisaient encore le traitement à base de purges, de saignées, de
lavements et d’herbes telles que la ronce et des onguents mercuriels, qui ne faisaient
qu’accélérer la mort du patient et enrichissaient les médecins.
En 1918, Hermilio Valdizán fonda la revue Anales de la Facultad de Medicina de San
Fernando dans le but de publier exclusivement des travaux de recherche médicale et
d’éviter les articles sur des cérémonies pompeuses qui n’avaient rien à voir avec la médecine.
Cette revue publia les travaux de recherche de Barton — découvreur du germe
de la verrue —, Pedro Weiss, Tello, Monge et bien d’autres.
Dans les années 20, les professeurs de la faculté de médecine de San Fernando, suivant
l’exemple de Cayetano Heredia, stimulèrent et aidèrent plusieurs jeunes médecins
à poursuivre des études de différentes spécialités dans les universités européennes pour
qu’ils occupent plus tard les nouvelles chaires qui se créaient progressivement. C’est
ainsi qu’Aurelio Loret de Mola se rendit à Paris pour se spécialiser en dermatologie,
chaire qu’il occupa à son retour.
Segunda parte
Histoire des institutions dermatologiques au Pérou
Histoire de la dermatologie au Pérou
Luis Flores-Cevallos
SOCIÉTÉ PÉRUVIENNE DE DERMATOLOGIE
Vers la fin des années 30, le Pérou accueillit le Pr. Luis Pierini, titulaire de la chaire
de dermatologie de la faculté de médecine de l’université de Buenos Aires, et le Pr. Basombrío,
dermatologue péruvien installé en Argentine. Ils se réunirent avec le Pr. Aurelio
Loret de Mola afin de stimuler la fondation de la Société péruvienne de dermatologie.
L’objectif ne fut pas atteint à l’époque à cause du nombre réduit de dermatologues 7 , mais
il fut conseillé de former davantage de spécialistes dans le pays et d’envoyer les plus remarquables
à l’étranger pour qu’ils achèvent leur formation.
Le 15 mai 1964, les dermatologues péruviens se réunirent en assemblée extraordinaire
pour fonder la Société péruvienne de dermatologie et en approuvèrent les
statuts, élaborés par une commission intégrée par Aizic Cotlear, Juan Manrique,
Amaro Urrelo, Guillermo Arana, Luis Cavero, José San Martín. Le statut comportait
onze chapitres et trente articles 8 . Parmi les fondateurs de la Société péruvienne de
dermatologie nous citerons Amaro Urrelo, Marcial Ayaipoma, Juan Manrique, Zuño
Burstein et Wenceslao Castillo. La société s’est formée dans le but de regrouper les
dermatologues et les médecins de spécialités communes, de favoriser la recherche,
de créer des liens avec les organisations analogues, aussi bien nationales
■ II
319

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
320
qu’étrangères ; de nommer spécialistes en dermatologie les médecins réunissant les
conditions éthiques et de préparation stipulées dans les règlements en vigueur, de garantir
les fonctions éthiques et déontologiques propres à la spécialité jusqu’à la formation
du Collège médical ; et enfin de collaborer avec les entités officielles et privées
pour fournir des solutions aux problèmes techniques. La commission directive devait
changer tous les ans.
En 1971, sous la présidence du Dr Luis Flores-Cevallos, une commission fut nommée
pour modifier le statut de la société en l’adaptant aux exigences du Collège médical du
Pérou. Le statut changea plusieurs fois dans ses aspects secondaires 9 ; depuis la dernière
réforme (1996), la commission directive est élue tous les deux ans. La Société péruvienne
de dermatologie organise des réunions clinico-pathologiques mensuelles, des journées,
des congrès bisannuels et d’autres activités scientifiques, effectuées aussi bien à Lima
que dans les provinces. Le 1 er septembre 2004, la SPD célébra ses 40 ans ; lors de cette
cérémonie la commission directive — présidée par le Dr Nicolás Tapia Dueñas et dont le
Dr Luis Valdivia Blondet était le secrétaire — octroya la médaille d’honneur aux fondateurs
et aux anciens présidents de la société. À la fin de la cérémonie centrale, le doyen
du Collège médical du Pérou inaugura le X e Congrès péruvien de dermatologie. La Société
péruvienne de dermatologie publie actuellement un bulletin d’information et une
revue scientifique, Dermatología Peruana.
En 1967, pendant le XIV e Congrès mondial de dermatologie réalisé à Munich (Allemagne),
le Dr Luis Flores-Cevallos 14 , ami du Pr. Robert Degos, médecin à l’hôpital Saint-
Louis et président de la Ligue internationale des sociétés dermatologiques (LISD), lui
manifesta son désir d’inscrire la SPD au sein de ladite ligue, objectif atteint après les démarches
nécessaires et le paiement — de ses propres deniers — des cotisations de vingt
et un dermatologues.
En 1969, le Dr Luis Flores-Cevallos fut élu président de la SPD ; il fonda et organisa
alors les sièges des provinces ainsi que leurs propres commissions directives.
Siège central, à Lima: Président, Luis Flores-Cevallos; vice-président, Zuño Burstein;
secrétaire général, Wenceslao Castillo; secrétaire d’action scientifique, Luis Romero; secrétaire
d’économie, Oscar Romero; secrétaire d’action syndicale et déontologie, Pedro
Navarro; secrétaire à la Bibliothèque et aux Archives, María Elena Ruiz.
Siège région du sud, à Arequipa : Marcial Ríos, Luis Suárez, Raúl Hurtado, Víctor
Delgado.
Siège région du nord, à Trujillo : Luis Tincopa.
Le Dr Luis Flores-Cevallos organisa également à Arequipa la 1 re Journée péruvienne
de dermatologie, réalisée du 21 au 24 mai 1970 et qui réunit non seulement des dermatologues
mais aussi des professionnels de spécialités communes et paramédicales. Les
annales de ces journées furent publiées dans un numéro spécial de la revue de la SPD
(vol. 4 nº 1 juin 1970).
Le 1 er septembre 1971 le Dr Luis Flores-Cevallos fut encore élu président de la Société
péruvienne de dermatologie; la commission directive fut complétée par Wenceslao Castillo,
Raúl Gallarday, Luis Romero, Oscar Romero, Pedro Navarro et María Elena Ruiz.
Divers hôpitaux de Lima et de Callao accueillaient depuis peu des symposiums, des
tables rondes, des conférences organisés par la SPD, ainsi que des cours et des journées
à Lima et dans les provinces (Arequipa et Trujillo) ; tout cela justifiait la réalisation du
I er Congrès péruvien de dermatologie.
L’organisation de ce premier congrès fut une tâche difficile mais elle était compensée
par le grand intérêt qu’il éveillait et par la coopération de prestigieux dermatologues
provenant de différents pays. Le I er Cours international de dermatologie et le I er Congrès
péruvien de la Société péruvienne de dermatologie eurent lieu à l’hôpital Edgardo Rebagliati
Martins, du 1 er au 7 décembre 1971. L’assistance se composait de 30 dermatologues
étrangers, 10 accompagnateurs et 150 dermatologues nationaux.

Histoire de la dermatologie au Pérou
Les cours, les conférences, les symposiums, les forums et les tables rondes comptèrent
la présence et la participation de professeurs tels que Jorge Abulafia, Julio Borda,
Raúl Balsa, Juan Fuertes Álvarez, David Grinspan, Ana Kaminsky, Carlos Kaminsky,
Pablo Negroni, Lázaro Sehtman, Juan Serra-Estivell, Sergio Stringa, Domingo Mantella
et Miguel Dekmak (Argentine) ; Fernando Cárdenas (Bolivie) ; Gisela Del Pino (Brésil) ;
Luis Rueda Pinto (Colombie) ; Elfrem Solano (Costa Rica) ; Wenceslao Ollague (Équateur) ;
José Mercadal Peyri et José M. Mascaró (Espagne) ; Ito Kasuke (Japon) ; Francisco Arellano
et Luciano Domínguez (Mexique) ; Francisco Da Cruz Sobral, María Fernanda Melada
et Aureliano Da Fonseca (Portugal) et Miguel Contreras (République dominicaine).
Les actes du congrès furent publiés dans un numéro spécial de la revue de la SPD :
1971 ; 5 (2) : 1-55.
Au cours de ses quarante ans, la Société péruvienne de dermatologie renouvela périodiquement
sa commission directive; pour la période 2003-2004, celle-ci fut présidée par le Dr
Nicolás Tapia, tandis que le Dr Eva Tejada fut élue pour la prochaine période de deux ans.
COMITÉ CENTRAL PÉRUVIEN DU COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE
(CCP-CILAD). COMITÉ NATIONAL PÉRUVIEN DU COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN
DE DERMATOLOGIE
En 1979, l’assemblée du CILAD choisit Luis Flores-Cevallos comme délégué péruvien
pour une période de quatre ans; en 1983 il fut réélu. Le président du CILAD, Jorge Abulafia,
souhaitait travailler en coordination avec le président de la Société péruvienne de
dermatologie, mais malgré les démarches effectuées aucun accord pour organiser un
plan de travail conjoint ne put avoir lieu. C’est pour cette raison que Luis Flores, pour récupérer
les années perdues, décida de former le Comité central péruvien du CILAD (CCP-
CILAD) en 1984, qui allait devenir plus tard le Comité national péruvien du Collège
ibéro-latino-américain de dermatologie10 . Ses collaborateurs furent les Drs Zuño Burstein
et Víctor Meth (secrétaires de promotion et de presse), Wenceslao Castillo (secrétaire général)
et Elda Canadell (trésorière). Le comité constitua un vivier permettant de sortir de
l’apathie dans laquelle était tombée la Société péruvienne de dermatologie: des réunions
clinico-pathologiques furent programmées, et le Dr Zuño Burstein, avec la collaboration
du Dr Víctor Meth, lança en octobre 1986 l’édition du bulletin Folia Dermatológica Peruana,
organe officiel de l’institution, à contenu informatif, scientifique et institutionnel, à
diffusion nationale et internationale.
Le Comité national péruvien du CILAD se préoccupa aussi du respect des obligations
administratives : il paya les cotisations des associés aux institutions tutélaires du CILAD
et de la ILDS négligées, celles-ci ayant été sur le point d’expulser le Pérou. On se préoccupa
également d’inviter des dermatologues péruviens aux événements internationaux,
ce qui entraîna la participation du pays au XVIIIe Congrès mondial de dermatologie réalisé
à Berlin ainsi qu’au XIe Congrès du CILAD (Madrid) en 1987.
COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE DU PÉROU (CILAD-PÉROU)
Lors du XII e Congrès réalisé à Guadalajara (Mexique) en 1991, l’assemblée du CILAD
— présidée alors par Enrique Hernández Pérez — choisit le Dr Zuño Burstein comme
nouveau délégué national péruvien ; celui-ci, respectant ses obligations de conformité
avec le nouveau président, reconstitua le Comité national péruvien du Collège ibérolatino-américain
de dermatologie, qui fonctionna en tant que tel jusqu’au 7 septembre
1994, date de création du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie du Pérou
(CILAD-PÉROU). CILAD-PÉROU fut reconnu par le ministère de la Santé publique et le
Collège médical du Pérou le 9 mars 1995 comme une nouvelle institution médicale scientifique
dermatologique, et inscrit en tant que tel dans les registres publics de Lima 11 .
Cette institution, qui déploya une immense activité scientifique, maintint la publication
de Folia Dermatológica Peruana.
321

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
322
CERCLE DERMATOLOGIQUE DU PÉROU (CIDERM-PÉROU)
Le 5 mai 1999, CILAD-PÉROU changea sa dénomination pour celle de CIDERM-
PÉROU (Cercle dermatologique du Pérou) 12 — tout en conservant ses statuts — et s’affilia
à la Ligue internationale des sociétés dermatologiques (ILDS) sous ce nouveau nom.
Ainsi, la Société péruvienne de dermatologie et le Cercle dermatologique du Pérou (CI-
DERM-PÉROU) sont les institutions péruviennes en vigueur reconnues et enregistrées
par la Ligue internationale des Sociétés dermatologiques.
En tant que CILAD-PÉROU d’abord puis CIDERM-PÉROU ensuite, les commissions directives
de l’institution furent présidées successivement par les Drs Zuño Burstein, Francisco
Bravo, Rafael Gamarra (le président actuel).
Le CIDERM-PÉROU encourage constamment les dermatologues péruviens à participer
aux événements scientifiques nationaux et internationaux qui leur permettent d’être
au courant des progrès de la spécialité ; l’institution gère et octroie les bourses, de préférence
aux jeunes dermatologues, afin d’y favoriser leur participation.
Le CIDERM-PÉROU organise toujours les réunions clinico-pathologiques périodiques,
des cours théoriques et pratiques avec la participation d’experts internationaux comme
invités, des vidéoconférences, des symposiums et des cours de spécialisation dermatologique
avec des professeurs nationaux et étrangers.
Il réalise également chaque année depuis dix ans une importante action destinée à la
communauté qui s’appelle « Journée du grain de beauté » : une campagne nationale
d’éducation, de prévention et de diagnostic précoce du cancer de la peau et du mélanome.
Cette activité, officialisée par le ministère de la Santé, est soutenue par les services
médicaux de la Sécurité sociale et les services de santé des forces armées et
policières, ainsi que par les gouvernements locaux ; elle reçoit aussi la collaboration économique
de laboratoires pharmaceutiques, sensibilisés dans la matière.
Le CIDERM-PÉROU participe de manière institutionnelle aux congrès et aux activités du
Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) et à la Réunion annuelle de dermatologues
latino-américains (RADLA), dont la commission directive inclut des délégués du Pérou.
Pour la première fois dans l’histoire de la RADLA, la XXIII e Réunion se réalisa à Lima
du 1 er au 4 mai 2004 avec grand succès, présidée par le Dr Fernando Magill, dirigeant
du CIDERM-PÉROU et délégué national du CILAD ; le Dr Zuño Burstein fut distingué
comme président honoraire de la réunion.
La revue Folia Dermatológica Peruana constitue l’organe officiel de diffusion scientifique
du CIDERM-PÉROU, qui possède également des sous-délégations régionales dans
le nord et le sud du pays.
Histoire des publications scientifiques dermatologiques au Pérou
Nous citerons quelques-unes des premières publications de la spécialité, en tant que
précurseurs des publications actuelles.
En 1953, le Dr Luis Flores-Cevallos édita le Primer Boletín de la Cátedra de Dermatología
y Sifilografía, qui comprenait la publication de la présentation mensuelle des cas
clinico-pathologiques des chaires de dermatologie et d’anatomie pathologique de la faculté
de médecine de San Fernando de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos.
Juan Manrique Ávila, président de la SPD, édita le premier numéro de la Revista de
la Sociedad Peruana de Dermatología comportant des travaux originaux et des activités
scientifiques diverses de la SPD ; la revue, de diffusion nationale et internationale, fut publiée
régulièrement jusqu’au mois de décembre 1971.
Le Dr Luis Flores-Cevallos édita aussi les annales de la I re Journée de dermatologie
réalisée à Arequipa dans un numéro spécial de la revue de la SPD (1970). En 1971, il publia
un autre numéro spécial consacré aux annales du I er Cours international de dermatologie
et du I er Congrès péruvien de dermatologie.

REVISTA DE LA SOCIEDAD PERUANA DE DERMATOLOGÍA ET DERMATOLOGÍA PERUANA
La Revista de la Sociedad Peruana de Dermatología, organe de diffusion officiel de la
société, fut fondée en 1965 sous la présidence du Dr Juan Manrique. À l’origine la publication
était semestrielle et la revue était envoyée gratuitement aux médecins dermatologues
membres de la SPD, aux institutions nationales et internationales
(bibliothèques).
La revue parut régulièrement jusqu’en 1971 ; vingt-cinq ans après, en 1996, la commission
directive étant présidée par le Dr Luis Valdivia Blondet, la publication se remit
en route, la revue changea son nom et devint Dermatología Peruana, dans le but de remettre
à la portée de tous les dermatologues péruviens et de la communauté médicale
en général des travaux scientifiques, des expériences professionnelles et l’information
mise à jour sur les derniers progrès de la spécialité.
De nous jours la revue, éditée une fois par an, est divisée en trois numéros ; elle est
enregistrée dans LILACS et LIPECS et son numéro de registre est le ISSN1028-7175 ; son
éditeur actuel est le Dr Arturo Saetone.
FOLIA DERMATOLÓGICA PERUANA
La publication de Folia Dermatológica Peruana en tant qu’organe de diffusion du
Comité central péruvien du CILAD débuta en octobre 1986 ; ultérieurement elle devint
une revue régulièrement publiée jusqu’à nos jours, comportant des travaux originaux
et de l’information institutionnelle, à diffusion nationale et internationale. Elle est enregistrée
dans les bases de données du pays et de l’étranger (LIPECS, LILACS et
SCIELO). Elle constitue actuellement l’organe officiel de diffusion scientifique du
Cercle dermatologique du Pérou (CIDERM-PÉROU). Son numéro de registre est le
ISSN1029-1733 ; le Dr Zuño Burstein est son directeur fondateur, tandis que le Dr Rafael
Gamarra, président du CIDERM-PÉROU, en est le directeur exécutif actuel
(année 2005).
REVUE DERMA SUR
Éditée par la filiale sud de la Société péruvienne de dermatologie, le premier numéro
parut en septembre 2004, publié par la commission directive (présidée par le Dr Lilia Zapata).
REVISTA DERMATOLOGÍA PEDIÁTRICA LATINOAMERICANA
Elle constitue l’organe officiel de la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique.
Le premier numéro parut à Lima en octobre 2003 et ses éditeurs principaux sont
les dermatologues péruviens Rosalía Ballona, Héctor Cáceres et José Catacora. Elle reçoit
la collaboration de leaders réputés de la spécialité et vise à une périodicité de quatre
numéros par an pour les distribuer dans toute l’Amérique Latine.
Quelques précurseurs de la dermatologie au Pérou
Histoire de la dermatologie au Pérou
Lorsque la spécialité n’était pas encore reconnue, beaucoup de médecins — ayant
suivi une formation à l’étranger ou de façon autodidacte — se consacraient plus ou moins
au sein de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos à l’étude et à la pratique de la
dermatologie au Pérou. Nos prédécesseurs furent méritoires, nous les considérons
comme des « précurseurs » ; les « pionniers » sont tous ceux qui firent plus tard preuve
d’intérêt et de dévouement envers la pratique et l’enseignement de la dermatologie ;
enfin les « continuateurs » sont les spécialistes qui suivirent leur exemple.
Parmi les précurseurs, il faut rappeler les noms de quelques médecins et de groupes
professionnels dont l’activité fut notable dans l’histoire de la dermatologie péruvienne.
323

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
324
FELIPE MERKEL (1873-1941) 13
Médecin né à Kronstad (Autriche) en 1873, il poursuivit sa scolarité au sein du prestigieux
collège Nuestra Señora de Guadalupe de Lima et obtint le diplôme de médecin à
l’UNMSM (1903) avec un travail académique sur La tuberculose dans l’armée nationale,
qui reçut un prix de la faculté des sciences médicales. Il fit ses études de spécialisation
à Paris, à Berlin et à Vienne, obtenant le diplôme de docteur en médecine en 1908 avec
une thèse sur La réglementation de la prostitution à Lima. Il consacra prioritairement sa
vie professionnelle à la dermatologie et à la syphiligraphie ; il fut nommé président du
Comité péruvien du X e Congrès mondial de dermatologie. Il est considéré comme le premier
spécialiste en dermatologie et syphiligraphie au Pérou.
Lors du V e Congrès médical latino-américain réalisé à Lima en 1913, Merkel exposa
un important travail sur la uta. Il se consacra à l’étude de la syphilis et diffusa l’emploi
du salvarsan dans la thérapie antisyphilitique, présentant des travaux sur Salvarsanothérapie
de la syphilis: douze ans de pratique du salvarsan (1922) et sur le traitement
de la syphilis (1937).
En 1910, il fut désigné membre titulaire de l’Académie nationale de médecine de
Lima et reçut plusieurs hommages pour son activité professionnelle et son sens austère
de l’éthique hippocratique.
MAXIME KUCZYNSKI-GODARD (1890-1967) 14
Médecin immigré allemand, né en 1890, il contribua très remarquablement à l’étude
de la lèpre dans l’Amazonie péruvienne. Il fit des études de médecine à Berlin, où il occupa
le poste de professeur de pathologie; plusieurs missions médicales l’entraînèrent
partout dans le monde. À cause des lois racistes des nazis, il démissionna de sa chaire en
1933 et émigra d’abord en France, ensuite au Venezuela. Il arriva au Pérou en 1936, où
il travailla fébrilement: au début avec Carlos Enrique Paz Soldán à l’institut de médecine
sociale de l’UNMSM et plus tard au ministère de la Santé. On lui assigna d’importantes
responsabilités sanitaires dans la forêt et dans la sierra, où il effectua et publia de nombreux
travaux scientifiques, dont l’auto-inoculation expérimentale de la verrue péruvienne,
reproduisant ainsi l’expérience de Carrión; ce travail lui valut la désignation de
membre honoraire de l’Académie nationale de médecine. Le gouvernement du Pérou créa
en 1940 la Supervision de la santé de Loreto et San Martín, qui devint rapidement la Supervision
du nord-est à la charge de Maxime Kuczynski. Après avoir fondé en 1940 un
dispensaire anti-lépreux à Iquitos, il reconstruisit l’asile de San Pablo en tant que colonie
agricole, où il obtint des progrès notables; il se lança aussi dans l’exploration de plusieurs
rivières, notamment l’Ucayali, menant des enquêtes sur la lèpre d’une grande valeur.
C’est à lui que revient l’observation des premiers cas de lèpre en Amérique du Sud, chez
les tribus camo et cocama, d’authentiques habitants de la forêt 17 .
GROUPES PROFESSIONNELS
Certains domaines spécialisés de la médecine qui se rapportent à l’allergie et à l’immunologie
contribuèrent à la connaissance et au développement de la dermatologie au
Pérou. Nous distinguerons certaines personnalités médicales, dont quelques-unes donnèrent
naissance à de véritables écoles de formation de la spécialité, comme celle du Dr
Emilio Ciuffardi à l’hôpital de police ; ce médecin participa aussi à la fondation de la Société
péruvienne d’immunopathologie et d’allergie. Avec le Dr Pedro Vargas Morales,
fondateur de la Société d’asthme bronchiale — tous deux décédés —, et leurs successeurs,
ils contribuèrent à la connaissance des maladies dermatologiques allergiques.
Dans ce domaine il faut mentionner le service hautement qualifié de dermatologie et
d’allergie de l’hôpital central de l’employé, dirigé par le Dr Luis Flores 7 , et l’école allergologique
du Dr Betteta, basée à l’hôpital Dos de Mayo, ainsi que l’Institut spécialisé
d’immunologie et d’allergie de ses successeurs, groupe lié au Dr José Zegarra Pupi.

Citons aussi la contribution du service d’allergie de l’hôpital de l’enfant, à la charge du
Dr Enrique Drassinower. Les successeurs de ces personnalités déjà décédées sont actuellement
liés à la dermatologie.
HISTOIRE DE L’ENSEIGNEMENT DE LA DERMATOLOGIE AU PÉROU
L’enseignement universitaire formel de la dermatologie débuta au Pérou vers la moitié
du XX e siècle. Les Drs Aurelio Loret de Mola et Pablo Arana (1930), Arturo Salas
(1941), Marcial Ayaipoma (1942), Amaro Urello, Víctor Gonzáles (1943) et le Dr Luis
Flores (1947) firent partie du groupe de la première chaire de dermatologie et de syphiligraphie
de la faculté de médecine de San Fernando à l’hôpital Arzobispo Loayza.
LES PIONNIERS
Histoire de la dermatologie au Pérou
Aurelio Loret de Mola (1896-1968) 15
Médecin dermatologue, spécialisé en France, pionnier dans l’enseignement de la dermatologie
clinique au Pérou (figure 9), il naquit à Lima en 1896 et poursuivit des cours
pratiques complets de dermatologie et de vénéréologie avec le professeur Jeanselme à la
clinique des maladies cutanées et syphilitiques de l’hôpital Saint-Louis. Il étudia également
avec Touraine, Norié, Chevallier, Riccard, Ferrand, Flurin et d’autres maîtres de la
dermatologie française.
De retour au Pérou, il fut l’un des fondateurs de l’hôpital Arzobispo Loayza, où il occupa
le poste de chef du cabinet de dermatologie et de syphiligraphie depuis 1927, remplaçant
le Dr Eleodoro Camacho. Il fut professeur intérimaire de la chaire des maladies
de la peau et syphilis à la faculté de médecine de San Fernando, et en 1933 il fut nommé
professeur, pour remplacer le Pr. Pedro Weiss. Ce fut là qu’il obtint le diplôme de docteur
en médecine en 1936, soutenant un important travail de recherche sur les Réactions inflammatoires
de la peau et procédures de désensibilisation.
Étant professeur principal titulaire de dermatologie et de syphiligraphie (1937), et
plus tard professeur principal titulaire de la spécialité à la faculté de médecine de San
Fernando (1940), il fut le représentant du Pérou dans plusieurs congrès en Amérique et
en Europe, y apportant de remarquables contributions.
Lors de la création en 1961 de l’université péruvienne des sciences médicales et biologiques
Cayetano Heredia, il occupa le poste de professeur principal et instaura la chaire
de dermatologie de l’université, où il reçut la distinction de professeur émérite en 1967.
Le Dr Loret de Mola fut nommé membre titulaire de diverses académies médicales et
de multiples collèges et sociétés de dermatologie, de syphiligraphie, de vénéréologie et
de léprologie américaines et européennes. Il fut également reconnu et récompensé par
des institutions médicales d’Allemagne, d’Argentine, du Brésil, du Canada, d’Espagne,
des États-Unis, de France et du Venezuela, entre autres.
Il publia plusieurs articles dans des revues de médecine nationales et étrangères,
ainsi que de longs et importants travaux de recherche en dermatologie tels que Sur le
traitement de la peste bubonique (1923) ; Contribution au traitement de la blennorragie
(1928) ; Réactions inflammatoires de la peau et procédures de désensibilisation (1936) ;
Mon expérience de vingt-cinq ans dans le traitement de la syphilis (1953) ; de nombreux
articles sur Thérapeutique de l’eczéma (entre 1926 et 1940) et différents travaux sur Sujets
de dermatologie et syphiligraphie (entre 1930 et 1960). Il mourut le 17 novembre
1968.
Pedro Weiss (1893-1985) 15
Médecin éclectique, spécialisé en France, en Allemagne et en Autriche dans le domaine
de l’anatomie pathologique et de la dermatologie, pionnier dans le diagnostic étiologique
et dans l’enseignement de l’histopathologie et la mycologie des maladies de la
325
Figure. 9
Dr Aurelio Loret
de Mola
Figure 10.
Dr Pedro Weiss

Figure 11.
Dr Hugo Pesce
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
326
peau au Pérou (figure 10), il naquit à Lima en 1893, fréquenta la Universidad Nacional
Mayor de San Marcos, où il obtint son doctorat en médecine en 1927. En 1930, de retour
d’Europe, il fut nommé professeur principal de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie
de ladite université, pour remplacer le Pr. Belisario Sosa Artola qui avait démissionné.
En 1935 il fut nommé professeur principal d’anatomie pathologique,
déployant un travail très fructueux en tant que pathologiste, archéologue, paléo-pathologiste
et dermatologue. En ce qui concerne son travail d’assistance sociale, il fonda et
dirigea les services de laboratoire des hôpitaux Dos de Mayo et de l’hôpital de l’enfant,
ainsi que celui de l’institut d’anatomie pathologique de l’université de San Marcos. Il figure
parmi les fondateurs de l’université Cayetano Heredia ; il occupa le poste de chef du
service de laboratoire de l’hôpital Arzobispo Loayza, du département d’anthropologie
physique au musée national d’anthropologie et d’archéologie et du séminaire d’anthropologie
physique de l’université de San Marcos.
Quant à son travail didactique, il fut professeur principal titulaire de la chaire d’anatomie
pathologique de la faculté de médecine de San Fernando et professeur principal
titulaire du séminaire d’anthropologie physique de la faculté des sciences.
Sa contribution scientifique dans le domaine de la recherche est très vaste, ses publications
nombreuses et importantes aussi bien dans le domaine médical que dans
le domaine anthropologique. Parmi les travaux publiés à propos des processus dermatologiques
citons : Contribution à l’étude de la verrue péruvienne (1933) ; Sur un
cas de lymphogranulomatose mycotique par Paracoccidioides brasiliensis (1937) ;
Nouveaux cas de lymphogranulomatose mycotique aperçus à Lima (1949) ; Épidémiologie
des maladies transmises par Phlébotomes dans les Andes péruviennes, uta,
verrue péruvienne (1953) et L’association de uta et verrue péruvienne dans les
mythes de la pomme de terre dessinés sur la céramique mochica (1961), entre bien
d’autres.
Il intégra quelques institutions scientifiques comme le CILAD (membre honoraire), la
Société mexicaine d’histoire et philosophie, la Société latino-américaine de dermatologie
et la Société brésilienne de dermatologie. Sa participation au I er Congrès péruvien de dermatologie
fut remarquable. Il fut nommé membre honoraire de la Société péruvienne de
dermatologie le 27 mai 1967.
Durant toute sa carrière professionnelle il reçut maintes distinctions, telles que l’ordre
Hipólito Unanue, avec le degré de grand officier, l’ordre Daniel A. Carrión et la médaille
d’honneur de l’institut de pathologie des forces armées des États-Unis.
Hugo Pesce (1900-1969) 15
Médecin, léprologue tropicaliste, docteur en médecine, ayant fait des études de doctorat
en Italie, il fut pionnier de l’enseignement de la dermatologie tropicale au Pérou. Il
naquit dans la ville de Tarma-Perú en 1900 (figure 11).
Il obtint son diplôme de médecin à la faculté de médecine de Gênes (Italie) en 1927.
Il travailla comme médecin généraliste jusqu’en 1931, collaborant avec le Dr Carlos
Monge à l’hôpital Arzobispo Loayza et intégrant l’équipe qui effectua les premières
études de biologie andine à Morococha (1927).
Médecin dans la colonie de Satipo (forêt du Pérou) il exerça pour la première fois en
1931 la médecine tropicale ; son premier travail dans la spécialité fut l’objet de son séjour
: Géographie sanitaire dans la région de Satipo.
De retour à Lima, il travailla à la clinique médicale de l’hôpital Arzobispo Loayza jusqu’en
1935, quand il fut nommé mandataire sanitaire de la région ; il fonda au cours de
la même année le Service anti-lépreux d’Apurímac (SALA), entité précédant le Service
national anti-lépreux qu’il créa à Lima en 1944. Ce service devint plus tard le département
et ensuite la division de la lèpre de la direction des normes et supervision du ministère
de la Santé.

Histoire de la dermatologie au Pérou
En 1937, il décrivit le premier cas de lèpre tuberculoïde à Apurímac. En 1945, il fut
admis à la chaire des maladies infectieuses, tropicales et parasitaires dirigée par le Dr
Oswaldo Hercelles à la faculté de médecine de San Fernando. Il travailla sur la classification
mondiale de la lèpre, dont il fut coauteur avec les Drs Fernández et Schujman (Argentine)
et Souza Campos (Brésil). Il créa et resta à la tête de l’École léprologique
péruvienne.
Il contribua de manière décisive à la reconstruction académique de la faculté de San
Fernando (1961) ; étant professeur principal, il obtint par concours le poste de chef de la
chaire des maladies infectieuses et tropicales, qu’il occupa pendant quatorze ans consécutifs,
jusqu’au 15 mai 1967, date de sa nomination comme professeur émérite. Il étudia
la lèpre, mais il compila aussi de manière exhaustive des informations sur le typhus
exanthématique et le typhus récurrent — dont il avait une vaste expérience grâce à son
séjour dans la sierra —, et sur les mycoses profondes, notamment la blastomycose sudaméricaine
et l’histoplasmose. Il géra l’institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión
de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos.
L’envergure intellectuelle du Dr Hugo Pesce dépasse largement l’activité médicale :
il se distingua en tant que grand conférencier, écrivain et philosophe, il déploya un important
patrimoine intellectuel que son esprit encyclopédique avait accumulé en maniant
la dialectique avec une habileté extraordinaire, devenant ainsi le consultant
attitré des analystes de la société péruvienne.
Hugo Pesce, maître et chercheur, mourut soudainement le 26 juillet 1969 à l’âge de
69 ans, en pleine production intellectuelle, après avoir effectué un travail universitaire
gigantesque, persévérant et impeccable.
Marcial Ayaipoma (1908-1998) 15
Médecin dermatologue, né en 1908 dans le département de Huancavelica (figure 12),
partisan de l’école française, il fut convoqué en 1942 par le Pr. Aurelio Loret de Mola,
qui était chargé de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie de la faculté de médecine
de l’université de San Marcos. Ultérieurement et par concours, il fut désigné professeur
associé de dermatologie. Le groupe dermatologique de professeurs se renforça
plus tard avec les Drs Víctor Meth et Elda Canadell, ainsi que Guillermo Arana et Jaime
Flores en tant qu’auxiliaires.
Un grave problème se posa en 1961 entre la faculté de médecine de l’université de
San Marcos et le conseil universitaire: la faculté refusa l’intervention du tiers d’étudiants
dans son gouvernement. Par conséquent, les professeurs de la faculté présentèrent leur
démission de façon collective. Quelques mois plus tard, ces professeurs — parmi lesquels
se trouvait Ayaipoma — fondèrent l’université péruvienne des sciences médicales et biologiques
Cayetano Heredia, dont le local occupé auparavant par le collège Belén, dans le
Jirón de la Unión, du Cercado de Lima était le premier siège.
Le Dr Ayaipoma continua d’enseigner comme professeur associé à la chaire de dermatologie
de la nouvelle université, qui fonctionnait à l’hôpital Arzobispo Loayza. En
1970, il présenta sa démission irrévocable de la chaire, tout comme le groupe d’enseignants,
à l’exception du Dr Víctor Gonzáles-Pinillos. Bien qu’éloigné de la pédagogie, il
rendit toujours d’importants services médicaux à la communauté, comme secrétaire à
vie de sa promotion.
Le Dr Ayaipoma fut membre actif du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
(CILAD) et membre fondateur de la Société péruvienne de dermatologie.
Víctor Gonzáles-Pinillos (1914-1985) 15
Médecin dermatologue d’une vaste expérience, il naquit à Trujillo en 1914 (figure 13),
formé par l’école française et collaborateur fidèle du Pr. Loret de Mola, il suivit une spécialisation
en dermatologie, à laquelle il se consacra jusqu’à sa mort, en 1985.
327
Figure 12.
Dr Marcial
Ayaipoma
Figure 13.
Dr Víctor Gonzáles
Pinillos

Figure 14.
Dr Luis
Flores-Cevallos
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
328
Durant une grande partie de sa carrière professionnelle, il prêta ses services à l’administration
publique car l’une de ses priorités était de contribuer directement à améliorer
les services de la santé publique de son pays. Le ministère de la Santé l’envoya
dans la zone de la forêt, où il travailla entre 1942 et 1944 pour résoudre les problèmes
liés aux diverses pathologies dermatologiques.
En 1945, il commença à travailler dans le domaine de la sécurité sociale, au sein de
la polyclinique nº1 et de l’ancien hôpital ouvrier, l’actuel hôpital Guillermo Almenara,
deux centres médicaux où il occupa le poste de chef du service de dermatologie jusqu’en
1983. Un an plus tard, il regagna l’hôpital Arzobispo Loayza, où il occupa également le
poste de chef du cabinet de dermatologie jusqu’en 1961.
Entre le début des années 70 et la moitié des années quatre-vingt, le Dr Gonzáles-Pinillos
fut chargé du service de dermatologie de l’hôpital Arzobispo Loayza, le service le
plus grand et le plus actif du pays, composé de quatorze spécialistes qui soignaient chacun
une moyenne de quarante patients par jour. En 1977, le Dr Gonzáles-Pinillos obtint
son doctorat de médecine à la Universidad Nacional Mayor de San Marcos, où il avait été
professeur de la chaire de dermatologie entre 1942 et 1960.
Fondateur de l’université péruvienne Cayetano Heredia, il y fut professeur principal
de la chaire de dermatologie jusqu’ à 1979.
Luis Flores-Cevallos 15
Médecin dermatologue spécialisé en France et docteur en médecine (1973) (figure
14), il naquit à Ayabaca, département de Piura, en 1917.
Le Pr. Loret de Mola l’incita à partir à l’étranger et lui suggéra l’hôpital Saint-Louis
de Paris pour être le meilleur centre d’études en dermatologie. En 1950, il s’inscrivit aux
cours d’histopathologie dermatologique, avec le Pr. B. Duperrat ; en dermatologie clinique
avec les Prs L. Gougerot et R. Degos ; en allergie dermatologique et en cytologie
avec le Pr. Ezanc. Remarquons que le Pr. Duperrat lui demanda de collaborer à la rédaction
d’un livre, pour lequel le Dr Flores-Cevallos écrivit le chapitre « Leishmanioses
et verrue péruvienne ».
À son retour au Pérou en 1952, il décida d’appliquer les connaissances acquises en
France à la chaire de dermatologie de l’université de San Marcos et au service de dermatologie
de la polyclinique ouvrière du Callao. Pendant les dix années de travail comme
chef instructeur de clinique et professeur auxiliaire dans ces institutions, il organisa les
réunions cliniques mensuelles, les symposiums annuels à Lima et dans les provinces et
il prépara le syllabus d’enseignement pour les études supérieures ; il travailla également
sur la publication de travaux et d’annonces sur les réunions cliniques, il instaura des
programmes d’échange culturel avec l’étranger et la participation de groupes à des
congrès mondiaux, entre autres tâches, sans laisser pour autant de côté ses cours pratiques
et théoriques du matin.
À l’hôpital de l’employé, il se consacra à l’organisation du service de dermatologie ; il
créa plus tard le service d’allergie, établit les réunions cliniques inter-hospitalières et les
échanges culturels avec l’étranger ; il prépara également les manuels d’organisation et
de fonctions, normes et procédures du service.
Il assuma par la suite des responsabilités administratives d’une grande importance
au sein dudit hôpital ; il en occupa même la direction jusqu’en 1986, date de sa démission
pour poursuivre son inlassable travail dans d’autres domaines de la médecine.
Il organisa la I re Journée péruvienne de dermatologie à l’hôpital régional de l’employé
de la ville d’Arequipa, il entreprit la préparation du I er Congrès péruvien de dermatologie
et du I er Cours international de spécialisation en dermatologie.
Réélu président de la Société péruvienne de dermatologie en 1971, sa première tâche
fut l’inscription de la société dans le registre national d’institutions médicales du Collège
médical du Pérou. Il mit à jour le statut et le règlement de la Société et ajouta aux

20 membres fondateurs 30 membres honorifiques étrangers, 145 titulaires, 1 membre
honorifique national, 10 correspondants étrangers, 10 membres associés et 16 membres
adjoints.
Parmi ses principales publications scientifiques, il faut distinguer sa contribution au livre
de Duperrat déjà mentionnée, ainsi que les travaux suivants: Distribution de certaines dermatoses
selon les différentes zones climatiques du Pérou; Incidents généraux d’intolérance
aux médicaments; Manifestations cutanées de l’avitaminose B; Normes générales de thérapeutique
dermatologique; Réticulose cutanée, mycose fongoïde, maladie de Hodgkin, maladie
de Kaposi, mastocytoses; Concept actuel sur la syphilis (1968); Traitement du vitiligo
avec Trisolaren; Pemphigus séborrhéique, son traitement avec Murranil; Le soin des aliments
dans la prévention des maladies.
Il publia également des livres sur la tuberculose cutanée et sur l’histoire de la dermatologie
au Pérou. Il est membre honoraire de différentes sociétés dermatologiques de l’étranger.
En 1971, le Collège médical du Pérou le nomma président du comité de qualification
de dermatologues de la modalité non scolaire.
En 1979, il fut désigné délégué péruvien auprès du Collège ibéro-latino-américain de
dermatologie, étant réélu en 1983. Il fonda en 1984 le Comité central péruvien du CILAD,
dont il fut désigné président. Un an plus tard, il fut élu membre honoraire du CILAD, et
président honoraire du CILAD-PÉROU en 1989.
Lors de la célébration des 40 ans de la Société péruvienne de dermatologie (Noces de
Rubis), il fut décoré de la médaille d’honneur en qualité d’ancien président.
À l’occasion du 38 e anniversaire de l’hôpital de l’employé (actuellement hôpital Edgardo
Rebagliati Martins), il reçut la médaille d’honneur pour son travail remarquable
pendant quarante ans. En 1996, le Collège médical du Pérou, au cours d’une cérémonie
centrale, lui octroya une médaille de l’Ordre pour ses services remarquables dans le domaine
de la dermatologie. En 2003, au cours du XV e Congrès du CILAD à Buenos Aires, il
reçut un prix pour sa collaboration dans le développement de la dermatologie au Pérou,
en guise de reconnaisance de la part du président de la ligue internationale des sociétés
dermatologiques (LISD).
LES CONTINUATEURS
Histoire de la dermatologie au Pérou
Juan Manrique 15
Médecin dermatologue, diplômé à l’université du Chili (figure 15), il naquit à Ilo, dans
le département de Moquegua, en 1914. Il poursuivit sa formation à l’hôpital San Vicente
de Santiago du Chili, au sein du service de dermatologie du Pr. Arturo Parodi, disciple du
professeur allemand Jadassohn.
En 1944, il rejoignit la chaire de dermatologie de l’université du Chili. À son retour
au Pérou en 1947, il commença son travail à l’hôpital ouvrier de Lima jusqu’en 1984, où
il fut chef du service de dermatologie et plus tard chef du département de médecine spécialisée
jusqu’à sa retraite. Il occupa aussi le poste de médecin dermatologue consultant
dans les hôpitaux militaire et de l’aéronautique.
En 1960, il fut admis à la faculté de médecine de l’université de San Marcos, comme
professeur de la chaire de dermatologie.
En 1972, il fut prié d’ouvrir la chaire de dermatologie au sein de l’université nationale
Federico Villarreal, dont il fut professeur principal.
En 1990, il fut nommé professeur émérite de l’université du Chili et, un an plus tard,
il reçut le titre de docteur honoris causa.
Tout au long de sa vie professionnelle, ce remarquable spécialiste accomplit un travail
vaste et profitable dans le domaine de l’enseignement universitaire: il donna des cours de
formation et de doctorat, il proposa ses conseils pour des thèses d’études supérieures et de
spécialisation, il fut jury de ces thèses et intégra de nombreuses commissions académiques.
329
Figure 15.
Dr Juan Manrique

Figura 16.
Dr José Neyra
Figure 17.
Dr Aizic Cotlear
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
330
Il publia des travaux de recherche, dont deux manuels de dermatologie parmi les plus
importants qui servent de guides aux élèves des études supérieures de l’université nationale
Federico Villarreal.
Il participa à maints congrès sur la spécialité, nationaux et internationaux, en tant
qu’organisateur et conférencier.
Il reçut plusieurs distinctions, telles les reconnaissances du Collège médical du Pérou,
de l’ancien hôpital ouvrier (actuellement hôpital Guillermo Almenara), de l’hôpital militaire,
de l’hôpital aéronautique, de la Société péruvienne de dermatologie, de la Société
bolivarienne de dermatologie et de la Société chilienne de dermatologie.
Il est membre de plusieurs sociétés scientifiques au Pérou et à l’étranger et occupa le
poste de président de la Société péruvienne de dermatologie ainsi que de la Fédération
bolivarienne de dermatologie.
José Neyra 15
Médecin, docteur en médecine, spécialiste en médecine tropicale, léprologie et médecine
sanitaire (figure 16), il naquit à Lima en 1920 et poursuivit des études de doctorat
en France. Il est l’auteur de plusieurs études sur l’épidémiologie de la lèpre au Pérou.
Pendant trente-deux ans, il travailla au ministère de la Santé, où il atteignit le poste
de vice-ministre en 1978.
Il se consacra à l’enseignement pendant quarante ans au sein de la faculté de médecine
de San Fernando, où il obtint le grade de professeur principal dans la spécialité des
maladies tropicales.
Ce centre d’études lui octroya à l’occasion de son départ la distinction de professeur
émérite, en reconnaissance de son travail important et dévoué qui bénéficia aux nouvelles
générations de médecins.
Il mena en France, entre 1951 et 1953, des études sur la tuberculose, la lèpre et le
BCG. Quelques années plus tard, il y retourna pour poursuivre des études sur la tuberculose
et, en 1970, il voyagea en Italie dans le même but.
Il reçut tout au long de sa carrière plusieurs distinctions, comme l’ordre Hipólito Unanue
et l’ordre Daniel A. Carrión, au grade de grand officier.
Il occupa à deux occasions le poste de secrétaire de la faculté de médecine de San Fernando;
il fut également secrétaire de la Fédération médicale péruvienne et du conseil régional
III du Collège médical du Pérou. Il fut nommé membre associé de l’Académie nationale
de médecine en 1991 et membre titulaire en 1994. Il est membre honoraire de l’Académie
péruvienne de la santé depuis la fondation de l’institution en décembre 1993. En 1994
et 1995, il occupa le poste de doyen du Collège médical du Pérou; de 1995 à 1998, il représenta
les collèges professionnels du Pérou auprès du Conseil national de la magistrature.
Le Dr Neyra mena plusieurs travaux de recherche : Les corrélations immunologiques
entre la lèpre et la tuberculose. Application pratique; La vaccination BCG dans la prophylaxie
de la lèpre, qui constitua sa Thèse de baccalauréat en médecine (1950), et
d’autres travaux tels que Immunologie de la lèpre ; La vaccination BCG dans la prophylaxie
de la lèpre. Plan de travail dans le Nord-Est ; Climat et tuberculose. Aspects historiques
; L’antagonisme de la lèpre dans la tuberculose. Considérations épidémiologiques
au Pérou ; La tuberculose chez les sujets de plus de 50 ans, La fièvre jaune au Pérou ; La
peste au Pérou et La verrue péruvienne dans le département de Ancash. Son livre Imágenes
históricas de la Medicina Peruana [Images historiques de la médecine péruvienne]
(1999) est remarquable.
Aizic Cotlear 15
Médecin dermatologue et docteur en médecine, il naquit à Lima en 1927 (figure 17).
Il effectua son internat en dermatologie dans la New York University, Bellevue Medical
Center, Skin and Cancer Unit, où il poursuivit ses études jusqu’à 1955.

Histoire de la dermatologie au Pérou
Son activité fut intense dans le domaine de la léprologie entre 1957 et 1976 ; pendant
ce temps, il travailla comme médecin-chef dans le service national anti-lépreux du ministère
de la Santé publique.
Entre 1958 et 1970, il fut consultant à l’Institut de la santé professionnelle ; en même
temps il accomplit une tâche importante d’assistance en dermatologie, travaillant
comme médecin-chef du service académique d’assistance en dermatologie de l’université
de San Marcos, au siège de l’hôpital Dos de Mayo (1962-1983).
Il fut nommé chef du département de médecine de la faculté de médecine de San Fernando
en 1968, poste qu’il occupa jusqu’en 1969. Il fut nommé par la suite directeur du
programme académique de formation de l’UNMSM jusqu’à 1971.
Parmi ses travaux de recherche les plus notables citons, dans le domaine de la léprologie
Préparation du sérum cytotoxique anti-réticulaire et son application pour la lèpre, et
en dermatologie professionnelle Arsenic et dermatoses professionnelles. Ses publications
lui apportèrent des distinctions spéciales: il fut nommé consultant sur la lèpre des instituts
nationaux de la santé et membre de la New York Academy of Sciences.
Il est membre de plusieurs institutions scientifiques importantes et de sociétés professionnelles
au Pérou et à l’étranger, comme par exemple l’American Academy of Dermatology
; il est aussi membre actif de la New York Academy of Sciences.
Depuis 1970, il assiste annuellement aux réunions de l’American Academy of Dermatology,
dont il est membre à vie.
Zuño Burstein 15
Médecin, docteur en médecine, spécialiste en dermatologie et médecine tropicale,
ayant fait des études de doctorat en Allemagne et en Israël, il naquit à Chiclayo, département
de Lambayeque, en 1930. Il obtint le diplôme de bachelier en médecine à la faculté
de médecine de l’UNMSM et celui de médecin chirurgien (1957) (figure 18).
Entre 1958 et 1960, il fit des études de spécialisation en dermatologie et en médecine
tropicale à l’institut de médecine tropicale de Hambourg, en Allemagne, et à
la clinique dermatologique universitaire de la même ville. Il poursuivit ultérieurement
sa spécialisation à la faculté de médecine de l’université hébraïque de Jérusalem
grâce à une bourse octroyée par le gouvernement allemand, qui avait conclu une
convention avec le gouvernement péruvien afin de créer au Pérou un institut de médecine
tropicale.
En 1962, de retour à la faculté de médecine de San Marcos comme chef instructeur
de la chaire des maladies infectieuses tropicales et parasitaires, il obtint le poste de professeur
auxiliaire de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie. Il fut chargé du déménagement,
de l’organisation et de la coordination de la chaire, installée à l’hôpital Dos
de Mayo. Plus tard il fut nommé professeur principal de la chaire de dermatologie et de
celle de médecine tropicale. Il occupa le poste de chef de cabinets externes et unités périphériques
et il fut chargé des programmes spéciaux de l’institut de médecine tropicale
Daniel A. Carrión de l’UNMSM qui existait déjà, où il fut directeur intérimaire et plus tard
chef du service de la lèpre et de dermatologie sanitaire en accord avec le ministère de la
Santé.
Quant à son activité administrativo-académique, il fut membre de la commission réorganisatrice
et ensuite directeur universitaire des services académiques et registre central,
plus tard directeur universitaire de planification de l’UNMSM. Il fut nommé
professeur émérite de ladite université en 1976 ; de nos jours il poursuit l’enseignement
en doctorat.
Il occupa le poste de chef du département de lèpre et de mycologie médicale et du département
de dermatologie sanitaire des instituts nationaux de la santé.
Depuis 2001, il est membre honorifique de l’académie nationale de médecine; il fait partie
d’importantes institutions scientifiques internationales: le Collège ibéro-latino-américain
331
Figure 18.
Dr Zuño Burstein

Figure 19.
Dr Dante Mendoza
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
332
de dermatologie (CILAD), dont il fut délégué national pour le Pérou, l’American Academy
of Dermatology, la Société internationale de dermatologie, l’Académie européenne de dermatologie
et vénéréologie, l’union latino-américaine contre les maladies sexuellement
transmissibles (ULACETS en espagnol), entre autres. Il est membre honoraire international
des Sociétés argentines de dermatologie et de léprologie.
Il appartient également à des institutions scientifiques nationales : le Collège ibéro-latino-américain
de dermatologie (CILAD-PÉROU, actuellement CIDERM-PÉROU), dont il
fut fondateur et président, l’Union péruvienne contre les maladies sexuellement transmissibles
(UPCETS en espagnol), qu’il préside actuellement, la Société péruvienne de
dermatologie, la Société d’immunopathologie et d’allergie, et d’autres.
Il fut premier secrétaire de la Fédération médicale péruvienne en 1966 ; trois ans plus
tard, il fut nommé membre de la commission qui rédigea les statuts et le règlement du
Collège médical du Pérou, présentant les programmes académiques de médecine.
Il est directeur-fondateur de la revue Folia Dermatológica.
Ses travaux de recherche comprennent Flagellés dans le latex de la Jatropha macranta
(huanarpo femelle) ; communication préliminaire; Contribution à l’étude de la
verrue péruvienne et de la uta. Recherches dans le Cnidosculos basiacantha et Jatropha
macrantha (huanarpos) comme réservoir possible (thèse de bachelier en médecine, université
de San Marcos) ; Contribution à l’étude des mycoses profondes au Pérou. À propos
de trois cas de sporotrichose ; Étude actuelle de la connaissance de la leishmaniose
tégumentaire au Pérou ; Gale norvégienne au Pérou ; Notre expérience clinique de la
leishmaniose tégumentaire au Pérou. Tentative de regrouper les formes cliniques suivant
un critère clinique épidémiologique; Nouvelles contributions à la connaissance de la sporotrichose
au Pérou. Formes cliniques peu fréquentes; Candidose granulomateuse; Anatomie
pathologique de la blastomycose sud-américaine au Pérou (aspects
histopathologiques); Une forme clinique peu habituelle d’actinomycose ; À propos d’un
cas de mycétome maduro-mycotique par Madurella mycetomi.
D’autres travaux ont été publiés dans des revues scientifiques : Dermatose cendrée
(érythème discromique pertans) au Pérou: à propos d’un cas étudié, Contribution au diagnostic
des mycoses humaines au Pérou (notre contribution après huit ans de travail)
(thèse de doctorat), Blastomycose sud-américaine au Pérou, Sporotrichose et mycétomes
au Pérou, Contribution à la connaissance des mycoses superficielles au Pérou, La lèpre
indifférenciée au Pérou, Faillite du programme de contrôle de la lèpre au Pérou à cause
de la décentralisation et de l’incorporation aux programmes généraux de santé, Flore
mycotique génitale chez les femmes enceintes de notre milieu (Pérou), État actuel du
contrôle des maladies vénériennes au Pérou, Verrue du Pérou (Encyclopédie médico-chirurgicale,
Paris), Le besoin d’évaluer les cosmétiques, Traitement du psoriasis sévère
avec ciclosporine A entre autres.
Il fut déclaré président honoraire de la XXIII e Réunion annuelle de dermatologues
ibéro-latino-américains du Cône Sud (RADLA), qui eut lieu du 1 er au 4 mai 2004 à Lima.
Il reçut les distinctions du Collège médical du Pérou pour ses apports à la médecine péruvienne
et son grand prestige professionnel, ainsi que la médaille d’honneur de la part
de la Société péruvienne de dermatologie comme membre fondateur et ancien président
(en septembre 2004).
Dante Mendoza 15
Dermatologue et dermo-pathologiste, il naquit dans le département de Junín,
au Pérou, en 1934 (figure 19). Il fit son doctorat au service de dermatologie avec le Pr.
Robert Degos et ses études de dermato-pathologie avec le Pr. Jean Civatte, à l’hôpital
Saint-Louis de Paris. Le 20 septembre 1974, il obtint le diplôme de spécialiste en dermatologie
à la Universidad Nacional Mayor de San Marcos. Il y entama sa carrière d’enseignement
: il fut nommé par concours responsable des stages en juillet 1962 ; il obtint

Histoire de la dermatologie au Pérou
le plus haut titre de professeur principal en janvier 1981. En 1993, il fut désigné chef du
cours de dermatologie de la faculté de médecine de l’UNMSM.
Ses travaux, très importants, comprennent: Donovanose à l’hôpital Dos de Mayo,
Sarcome de Kaposi, de 1991 à 1993 à l’hôpital Dos de Mayo et Nécrobiose lipoïdique à
l’hôpital national Dos de Mayo, années 1992-1993.
Il fut membre fondateur de la Société péruvienne de dermatologie et appartient au
Collège ibéro-latino-américain de dermatologie.
Il préside actuellement (2005) le comité de la spécialité de dermatologie de l’unité de
doctorat de la faculté de médecine de l’université de San Marcos.
Wenceslao Castillo 15
Médecin dermatologue, né à Lima en 1929 (figure 20), il obtint le diplôme de médecin
chirurgien à l’UNMSM en 1956. En 1961, il devint professeur à l’université de San
Marcos, où il est actuellement professeur principal de dermatologie de la faculté de médecine
de San Fernando ; il est aussi chef du service de dermatologie du complexe hospitalier
Daniel A. Carrión-Callao.
Tout au long de sa carrière professionnelle il se distingua dans la recherche ; son travail
Candidose muco-cutanée chronique, étude immunologique et traitement spécifique
avec facteur de transfert, réalisé conjointement avec le Dr Raúl Patruco, lui valut le
deuxième prix du prestigieux institut Hipólito Unanue en 1979, ainsi qu’une mention honorable
au prix Roussell.
En 1982, le travail Étude des paramètres immunologiques en maladies infectieuses et
tropicales constituant des problèmes de santé au Pérou, également réalisé par les deux
spécialistes, obtint une mention honorable au prix Hipólito Unanue. La découverte des
premiers cas de sida au Pérou, qu’il effectua aussi avec le Dr Patruco, fut un autre événement
marquant dans la carrière de recherche du Dr Castillo. Il consacra également ses
recherches à la maladie de Lyme, dont il communiqua les premiers cas.
Ses travaux scientifiques publiés sont, entre autres, Dermatite atopique, Génétique et
dermatologie, Dermatite de contact, L’enfance et le sida, Classification des maladies
sexuellement transmissibles, Herpès I et herpès II, Immunologie du sida et L’éosinophile.
Il est membre de plusieurs sociétés médicales : la Société péruvienne de dermatologie
(SPD), la Société péruvienne d’immunologie et d’allergie, la Société équatorienne de dermatologie,
la Société paraguayenne d’allergie, la Société bolivarienne de dermatologie,
la Société latino-américaine d’allergologues, la Société péruvienne de génétique médicale,
l’Union péruvienne et l’Union latino-américaine contre les maladies sexuellement
transmissibles.
Le Dr Castillo fut nommé plusieurs fois président de la Société péruvienne d’immunologie
et d’allergie.
Oscar Romero 16
Médecin dermatologue, né à Lima en 1929, il obtint son diplôme de médecin en 1961
à l’université nationale Mayor de San Marcos ainsi que celui de spécialiste en dermatologie
en 1977. Il se spécialisa à la faculté de médecine de l’université de Sao Paulo
entre 1961 et 1962 en microbiologie et en médecine tropicale ; il fit ses études de doctorat
en dermatologie à l’hôpital des cliniques de la même université (1963 à 1965).
Il fut admis à la faculté de médecine de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos
en 1955 comme assistant des cours pratiques au laboratoire des cliniques. Sa carrière
d’enseignement débuta à la chaire des maladies infectieuses, tropicales et
parasitaires, avec le Pr. Hugo Pesce ; il enseigna plus tard à la chaire de dermatologie,
avec le Pr. Aizic Cotlear ; il accéda au poste de chef de la chaire de médecine tropicale
(1977) et de celle de dermatologie de l’université de San Marcos (1980 à 1993), occupant
le poste de professeur principal des deux chaires, au terme de quarante-quatre ans
333
Figure 20.
Dr Wenceslao
Castillo

Figure 21.
Dr Elda Canadell
ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
334
d’enseignement. Il fut chef du service académique d’assistance de dermatologie et chef
de la section d’éducation médicale continue de ladite université. Il fut également professeur
principal et responsable de la spécialité de dermatologie de l’unité de doctorat de
la faculté de médecine.
Il fut admis par concours au ministère de la Santé publique en 1966 pour occuper le
poste de médecin vénéréologue au centre de santé d’Ate Vitarte ; en 1968, il obtint aussi
par concours le poste de médecin dermatologue à l’hôpital national Dos de Mayo, où il
fut chef du service de dermatologie (1995-1999), concluant trente-sept ans de service
dans le domaine de la santé publique (ministère de la Santé). Il exposa ses connaissances
lors de plusieurs examens de dermatologie et de dermatologie tropicale organisés par les
sociétés médicales, ainsi qu’à des congrès nationaux et internationaux.
Voici les titres de ses remarquables travaux publiés: Maladie de Jorge Lobo, premier
cas diagnostiqué au Pérou ; Leishmaniose cutanée, formes sporotricoïdes ; Maladies vénériennes,
syphilis ; Blastomycose sud-américaine du Pérou ; Donovanose à l’hôpital Dos
de Mayo ; Nécrobiose lipoïdique à l’hôpital Dos de Mayo ; Sarcome de Kaposi depuis 1991
jusqu’en 1993 à l’hôpital Dos de Mayo, ainsi que plusieurs manuels de cours théoriques
de dermatologie.
Il reçut diverses distinctions, parmi lesquelles la médaille pour ses vingt-cinq ans de
service à l’hôpital Dos de Mayo, la médaille pour ses quarante ans dans l’enseignement
médical à la faculté de médecine de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos, une
distinction honorifique et une médaille du mérite pour sa remarquable tâche scientifique
et professionnelle octroyée par le Collège médical du Pérou en octobre 1999. Il fait partie
de la Société péruvienne de dermatologie, qui lui accorda en 2004 le titre honorifique
de maître de la dermatologie nationale. Il est également membre du Collège ibéro-latinoaméricain
de dermatologie (CILAD).
Elda Canadell 15
Née à Buenos Aires en 1934, elle obtint son diplôme de médecin en 1958 à la faculté
de médecine de l’université de Buenos Aires (figure 21). Elle poursuivit sa formation dermatologique
à la chaire de l’hôpital Ramos Mejía avec le Dr Marcial Quiroga. Après son
mariage, elle obtint la nationalité péruvienne et confirma son diplôme professionnel de
médecin chirurgien à l’université de San Marcos ; elle reçut ultérieurement le diplôme de
spécialiste en dermatologie, devenant un des premiers médecins et représentants de la
dermatologie cosmétologique au Pérou.
Grâce aux certificats expédiés par le Pr. Quiroga, elle fut acceptée à la chaire du
Pr. Aurelio Loret de Mola et y travailla comme chef des cours pratiques, en étant la première
femme dermatologue à enseigner.
En 1962, elle fut admise dans le groupe de professeurs fondateurs de l’université péruvienne
Cayetano Heredia, où elle enseigna à la faculté de médecine.
En 1972, elle fut invitée à faire partie du groupe de professeurs de l’université de San
Marcos comme professeur auxiliaire; plus tard, elle devint professeur associé à la chaire
du Pr. Aizic Cotlear.
Le Dr Canadell, dotée d’une grande vocation pour l’enseignement, est tutrice des résidents
de pédiatrie pour la spécialité de dermatologie au département de pédiatrie de
l’aire hospitalière nº 6 de Callao et à l’hôpital de l’enfant, pour l’université de San Marcos
et l’université Federico Villarreal.
Elle participa à maints cours et congrès nationaux et internationaux : ceux de la Société
péruvienne de dermatologie à Lima et au siège à Arequipa, de l’Association médicale
féminine du Pérou et de la Société péruvienne de pathologistes, ainsi qu’aux
concours médicaux de l’Alliance panaméricaine de médecins femmes, de l’Association
péruvienne de chimie cosmétique, au I er Congrès médical argentin et à plusieurs symposiums
et séminaires du CILAD-PÉROU.

Histoire de la dermatologie au Pérou
Elle est membre actif du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) depuis
1963. Elle fut également l’une des fondatrices de la Société péruvienne de dermatologie.
Elle est l’auteur de plusieurs articles parus dans la presse spécialisée et de certains
chapitres du livre Actualizaciones en Terapéutica [Actualisations en thérapeutique] et du
Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie], tous deux publiés par l’université de
San Marcos.
Alejandro Morales 17
Médecin dermatologue, né à Trujillo (Pérou) en 1933, il obtint son diplôme de médecin
chirurgien à l’université de San Marcos en 1959. Il fit ses études de doctorat spécialisé
à l’hôpital Henry Ford (Detroit) ; il fit l’internat et le résidanat en médecine interne
entre 1959 et 1961, ainsi qu’un résidanat en dermatologie au même hôpital entre 1961
et 1964. Il fit des études de dermato-pathologie avec le Dr G. Pinkus (Michigan) (1964 à
1965).
Le Dr Morales est membre émérite de l’Académie américaine de dermatologie dès
1965 et de l’Académie américaine de dermato-pathologie depuis 1976 ; il fut admis à
l’American Board de dermatologie et à l’American Board de dermato-pathologie.
Il fut admis à l’école dermatologique du Pr. Cotlear de la faculté de médecine de
l’UNMSM comme professeur associé de dermatologie entre 1965 et 1971; il fut également
membre du comité de spécialisation en dermatologie de cette université en 1974. Il fut aussi
professeur associé de clinique à l’université de Michigan (1978, 1980, 1982 et 1984).
Il fut associé, pour son travail à l’assistance sociale, au département de dermatologie
de l’hôpital Henry Ford (Detroit) de 1975 à 1980 et vice-président du même département
entre 1981 et 1984.
Il fut secrétaire de la Michigan Dermatology Society de 1978 à 1981 et son président
entre 1981 et 1983.
Il appartint au département de dermatologie de la clinique anglo-américaine de Lima
(1965-1974) ; il dirige l’institut dermatologique depuis 1984.
Il est l’auteur de quinze publications dans des revues médicales nationales et étrangères,
par exemple JAMA, Archives of Dermatology, Journal of the American Academy
of Dermatology et autres, sur des sujets tels que Ototoxicité de la Kanamycine ; Xanthomatose
hypercholestérolémique essentielle et familiale ; Calcifications sous-cutanées
dans les cas d’ulcères des jambes ; Épithéliome de Jadassohn ; Kérato-acanthomes multiples
de la peau et de la conjonctive ; Pemphigus bénin familial chronique ; Dysplasie ectodermique
anhidrotique héréditaire ; Syndrome de Reiter avec kératodermie ; Principes
de photobiologie et de photosensibilité ; Minocycline et pigmentation cutanée généralisée
; Syndrome de Torres : rapport de deux cas, entre autres. Il collabora à la publication
de livres en rédigeant quelques chapitres, comme « Traitement de la gale » et autres
pour Current Therapy, de Conn.
Il donna plusieurs conférences sur des sujets de dermatologie dans des institutions
nationales et étrangères.
Il est membre de la Société péruvienne de dermatologie, du Collège ibéro-latino-américain
de dermatologie, de l’American Medical Association, de l’American Venereal Disease
Association, de l’International Society of Tropical Dermatology et de l’International
Society of Pediatric Dermatology, entre autres.
Pedro Navarro 18
Médecin dermatologue, docteur en médecine, il naquit dans la province constitutionnelle
du Callao en 1931. Après la faculté de médecine de San Fernando, où il obtint le
diplôme de médecin chirurgien en 1958, il fut admis à la santé militaire où il travailla
initialement ; il fut assigné plus tard au service de dermatologie de l’hôpital central de
l’employé.
335

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
336
Au cours des années qui suivirent (jusqu’en 1963), il fit des formations à l’étranger
pendant de courtes périodes : en 1964, il obtint un poste à la chaire du Pr. Luis Pierini à
Buenos Aires, et il se forma également en dermato-pathologie avec le Pr. Jorge Abulafia ;
en août et septembre 1967, il intégra le service du Pr. Duperrat à l’hôpital Saint-Louis de
Paris.
Il obtint le diplôme de spécialiste en dermatologie en 1976 à l’UNMSM, ainsi que le
grade de docteur en médecine en 1978.
Il débuta dans l’enseignement universitaire en 1977 comme professeur de dermatologie,
activité qu’il exerce toujours en qualité de professeur principal et membre du comité
de la spécialité de dermatologie de l’unité de spécialisation de l’UNMSM depuis
plusieurs lustres. Il enseigne aussi la dermatologie à l’université Ricardo Palma depuis
2001.
Dans le domaine de l’assistance sociale, il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital
Edgardo Rebagliati (auparavant hôpital central de l’employé) jusqu’en 2001.
Grâce à ses études multiples et à sa grande formation académique et professionnelle,
il participa à maints congrès et concours de la spécialité dès 1963 ; il est l’auteur de nombreuses
publications.
Il est membre fondateur de la Société péruvienne de dermatologie, et appartient à
l’American Academy of Dermatology, au Collège ibéro-latino-américain de dermatologie,
au Cercle dermatologique du Pérou, à l’International Society of Tropical Dermatology,
à la Fédération bolivarienne de dermatologie, à l’institut de recherches
léprologiques d’Argentine, à la Société de pathologie orale et à la New York Academy of
Sciences.
Lors de la création du Collège médical du Pérou — en 1970 —, il participa activement
à l’inscription définitive de la Société péruvienne de dermatologie dans le registre national
des institutions médicales scientifiques.
José San Martín 19
Médecin dermatologue, né à Bellavista (Callao) en 1931, il eut son diplôme de médecin
à la faculté de médecine de l’UNMSM en 1958, et celui de spécialiste en 1974 à
la même université. Il suivit des études de spécialisation au département de dermatologie
de l’US Naval Hospital Philadelphia, en Pennsylvanie. En 1964, il débuta dans
l’enseignement universitaire à l’école dermatologique du Pr. Cotlear située à l’hôpital
Dos de Mayo, et continua d’enseigner jusqu’en 1979. À partir de 1974, il fit partie du
comité de la spécialité de dermatologie à la faculté de médecine de San Fernando. Ce
comité était chargé, au nom de la nation, de qualifier les médecins accréditant la formation
exigée pour aspirer à ce diplôme professionnel (octroyé pour la première fois
dans le pays) de spécialistes en dermatologie. Il fut professeur invité du programme de
résidanat de dermatologie de l’UNMSM jusqu’en 1980 ainsi qu’à l’université péruvienne
Cayetano Heredia pour donner des cours de dermatologie de 1991 jusqu’à nos
jours.
Des revues nationales publièrent ses articles sur divers sujets de la spécialité: Notre
expérience en histopathologie de la leishmaniose tégumentaire au Pérou, présenté au
cours du I er Congrès de microbiologie et parasitologie du Pérou (1964), avec le Dr Burstein
et publié dans les annales dudit congrès.
Il déploya ses qualités de conférencier en participant de manière permanente à des
cours, des expositions, des tables rondes et des conférences sponsorisés par les différentes
institutions médico-scientifiques du pays.
Il est membre fondateur de la Société péruvienne de dermatologie, dont il fut secrétaire
d’action scientifique, secrétaire général, vice-président et président intérimaire. Il
est également membre honoraire de l’Association de dermatologie sud-péruvienne et
membre de l’American Academy of Dermatology.

Hugo Monroy 15
Médecin dermatologue, né en 1941 dans la province de Pisco, département d’Ica (figure
22), à l’âge de 15 ans il se rendit à Córdoba, en Argentine, et y obtint en 1965 son
diplôme de médecin chirurgien. Les Prs Luis Argüello, Enrique Tello et José María
Fernández, un fameux léprologue, lui apportèrent ses premières notions de dermatologie.
Suite à un concours, il fut admis très tôt à la chaire de dermatologie de la faculté de
médecine de l’université de Córdoba.
Il dispense actuellement des cours au service de dermatologie comme professeur titulaire
de la faculté de médecine de l’université nationale de San Marcos, pour les élèves
des études supérieures aussi bien que pour ceux de la spécialisation. Il collabore également
à la spécialisation de la faculté de médecine de l’université nationale Federico Villarreal,
où il est tuteur des résidents de la spécialité.
L’école dermatologique du Pr. Aizic Cotlear à l’hôpital Dos de Mayo
Luis Flores-Cevallos et Zuño Burstein
Histoire de la dermatologie au Pérou
L’école dermatologique du Pr. Aurelio Loret de Mola de la faculté de médecine de San
Fernando, dont le siège se trouvait à l’hôpital Arzobispo Loayza, fonctionna entre 1933
(date de sa création) et 1960, année au cours de laquelle tous les membres démissionnèrent
de leur université d’origine. Un an plus tard, le Dr Loret de Mola instaura la
chaire de dermatologie dans la toute nouvelle université péruvienne Cayetano Heredia,
accompagné de ses anciens enseignants. Quelque temps après, il prit sa retraite, laissant
la direction de la chaire au Dr Marcial Ayaipoma, qui présenta sa démission en 1970 à
l’université, ainsi que tout le groupe d’enseignants (sauf le Dr Víctor Gonzáles Pinillos,
qui demeure chef de dermatologie à l’hôpital Loayza).
À l’hôpital du Rimac, siège de l’université Cayetano Heredia, le Dr Guillermo Arana
assuma la fonction de chef du service hospitalier et de la chaire; c’est ainsi que l’école
dermatologique du Pr. Aurelio Loret de Mola fut définitivement dissoute.
Entre-temps, à l’hôpital Dos de Mayo, siège à l’époque de l’enseignement de la faculté
de médecine de San Fernando de la UNMSM, sa chaire de dermatologie et de syphiligraphie
fut remplacée et reconstituée (en 1961 suivant une disposition de l’autorité universitaire),
le Dr Zuño Burstein, professeur auxiliaire de dermatologie et médecine
tropicale de l’université, étant chargé de sa coordination et de son application. Le Dr
Aizic Cotlear assuma en 1962 le poste de chef de cette chaire, respectant sa condition de
professeur associé après concours.
Nous transcrivons ci-dessous une partie du rapport que le Pr. Cotlear présenta à l’autorité
universitaire en tant que coordinateur de la section de dermatologie et chef intérimaire
du département de médecine humaine de l’UNMSM (8 octobre 1969) 20 :
Lorsque les professeurs de la faculté de médecine de l’UNMSM présentèrent leur démission
massive en 1961, la chaire de dermatologie était basée à l’hôpital Loayza.
C’est à la suite de cette crise qu’il fallut transporter les biens de l’université vers un
siège provisoire qui fut aménagé dans plusieurs petites pièces de la salle San Lázaro
de l’hôpital Dos de Mayo. […] Pendant six ans les activités de la chaire se développèrent
dans ces endroits inappropriés et étroits, jusqu’à ce que les autorités de la faculté
assignent de nouvelles pièces. […] En nous procurant un milieu adéquat, nous
réussîmes à les modifier selon les besoins propres à la spécialité avec des salles, des
cabinets et des laboratoires auxiliaires. […] Actuellement, la section de dermatologie
possède une aile où sont aménagés quatre bureaux pour l’enseignement, un cabinet
de photographie, un laboratoire de diagnostic et de recherche en mycologie et
337
Figure 22.
Dr Hugo Monroy

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
338
parasitologie à des fins dermatologiques et un laboratoire d’histopathologie. Elle possède
aussi une bibliothèque, un fichier de cas, un local pour les séminaires et les projections
avec un chef et un secrétaire pour la section. […] L’aile clinique accueille
pendant toute l’année six enseignants qui travaillent sur la consultation spécialisée,
constituant les cas qui serviront pour l’enseignement et la recherche, tandis que le
laboratoire a un chef qui enseigne au département. [...] Le fichier de dossiers cliniques,
de photographies (couleur et noir et blanc), d’histopathologie et de mycologie
abrite des centaines de cas, faisant de notre centre un établissement scientifique.
Le laboratoire de mycologie dermatologique qui fournit des travaux de recherche de
haute qualité est le seul centre spécialisé de ce genre dans le pays. […] Le service de
dermatologie sert aussi de centre d’apprentissage, non seulement pour le personnel
de notre université mais aussi pour des personnes des autres universités nationales
qui le demandent, grâce à des conventions spéciales. […] Le personnel permanent du
service est le suivant : Dr Aizic Cotlear, chef de la section dermatologie ; Dr Zuño Burstein,
chef de laboratoire de diagnostic et de recherches ; Drs Oscar Romero et Abelardo
Tejada, professeurs auxiliaires ; Drs Dante Mendoza, Julio Bonilla et Juan
Meza, chefs instructeurs.
Ce groupe, qui travaille en permanence sur des fonctions spécifiques, constitua le service
académique d’assistance en dermatologie de l’UNMSM, base de l’enseignement et de
l’assistance dermatologique ; s’y ajoutèrent de manière transitoire ou plus prolongée des
professionnels qualifiés engagés avec l’enseignement, l’assistance et la recherche tels
que les Pr. José San Martín, Alejandro Morales, Wenceslao Castillo, Pedro Navarro, Juan
Manrique, Elda Canadell et Raúl Gallarday. Il faut reconnaître le travail d’enseignement
et d’assistance digne d’éloges du Dr Humberto Ugaz, médecin dermatologue, né à Chiclaya
en 1929 et disparu prématurément en 1979, qui se distingua comme l’un des promoteurs
de ce groupe dermatologique les plus dynamiques grâce à son ingéniosité et à
sa grande capacité ; remarquons également la contribution de médecins chirurgiens tels
que les Drs Rafael Rabinovich et Elbio Flores, dont le soutien à l’enseignement et à l’assistance
fut important. Notons aussi la contribution temporaire des Drs Aníbal Manrique,
César Rojas (dermatologue et pédiatre), Enrique Sifuentes (vénéréologue), David Carrizales,
ainsi que l’identification et la collaboration dans l’enseignement et l’assistance du
Dr Tarcila Rey Sánchez, qui intégra longtemps cette école dermatologique.
L’enseignement de la dermatologie (au niveau des études supérieures et surtout de
l’entraînement des résidents) compta dès le début la collaboration des services hautement
spécialisés des centres hospitaliers les plus importants.
Finalement, il faut remarquer que l’important travail pédagogique, dont la responsabilité
quasi absolue fut assumée à un moment donné par l’école dermatologique universitaire
moderne, basée à l’hôpital Dos de Mayo, se décentralisa progressivement, laissant
la place à un grand travail complémentaire de formation développé par les sociétés médico-scientifiques
de la spécialité, représentées par le Cercle dermatologique du Pérou
(CIDERM-PÉROU) et par la Société péruvienne de dermatologie, et jouant un rôle très significatif
dans la formation dermatologique du pays.
Un important noyau de développement didactique, de formation et de recherche surgit
de nos jours à l’université péruvienne Cayetano Heredia, à la tête duquel se trouvent
deux jeunes valeurs de la dermatologie péruvienne : les Drs Francisco Bravo et Manuel
del Solar.

■ Références
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civilización más antigua de
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personnelle].
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Z. Burstein, Director
Universitario de Servicios
Académicos Asistenciales de la
UNMSM. 2 oct. 1967.
Zuño Burstein
ANTÉCÉDENTS
Le statut universitaire de 1928, délivré par mandat de la loi nº 6041, considérait déjà
les études pour obtenir le titre de spécialiste pertinentes. Cette prérogative fut concédée
uniquement aux facultés de médecine et de droit de la Universidad Nacional Mayor de
San Marcos de Lima (UNMSM).
Cette disposition se répéta pour les lois suivantes et les statuts universitaires, mais
disparut dans le texte de la loi n° 13417 de 1963. C’est pour cette raison, et dans le but
de pouvoir préparer des spécialistes, que l’UNMSM se hâta de constituer son école de diplômés,
chargée d’organiser et d’orienter leur éducation continue, en insistant particulièrement
sur les cours d’actualisation et en établissant le système de résidanat pour
former des spécialistes dans les différentes branches de l’activité médicale ; cependant,
elle n’octroya pas le titre de spécialiste mais un diplôme stipulant qu’un médecin chirurgien
« avait suivi de manière satisfaisante le programme de résidanat dans la spécialité
de… », en indiquant les dates de la formation. Ce diplôme était signé par le doyen
de la faculté de médecine et le directeur de l’école de diplômés.
PROGRAMMES DE SPÉCIALISATION
Le statut général de l’université péruvienne de 1972, promulgué par le décret-loi
nº 17437, établit que les programmes de spécialisation simples (cours d’actualisation
et/ou de remise à niveau) et les programmes de résidanat correspondent au cycle de
■ III
339

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
340
deuxième spécialisation (le cycle de première spécialisation culminant avec l’obtention
du titre de médecin chirurgien) et qu’ils sont compris dans la direction des programmes
académiques de médecine humaine.
DIPLÔME DE SPÉCIALISTE
À travers la résolution nº 1226-73 du 18 janvier 1973, le Conseil national de l’université
péruvienne (CONUP) autorisa l’UNMSM à mettre en place son programme de
deuxième spécialisation en médecine humaine et à délivrer le diplôme de spécialiste, octroyé
pour la première fois au Pérou au nom de la nation, suivant la modalité scolarisée
à la fin d’un programme de résidanat et de formation spécialisée rigoureux.
Avant l’existence de ce programme, les professionnels de la médecine devenaient spécialistes
par un processus d’autoformation, d’interapprentissage ou d’études effectué de
façon indépendante sous la modalité non scolarisée.
Considérant :
qu’il convenait de délivrer des diplômes par la modalité non scolaire afin de régulariser
la situation de beaucoup de professionnels,
que la remise de diplômes était protégée par l’article 62 du décret-loi nº 19326 et que
d’ailleurs aucune autre institution publique ou privée ne pouvait s’arroger cette fonction
propre à l’université péruvienne, clairement autorisée par la loi à délivrer les diplômes
de spécialisation,
le CONUP a résolu, à travers la résolution nº 1556-74 CONUP du 6 février 1974, d’autoriser
le programme de deuxième spécialisation en médecine humaine de l’UNMSM à
délivrer le titre de médecin chirurgien spécialiste en…, au nom de la nation péruvienne,
pour la modalité non scolaire 1 .
INTERVENTION DU COLLÈGE MÉDICAL DU PÉROU
Le Collège médical du Pérou (CMP) fut créé en 1969, par la loi nº 15173 combinée
avec le décret-loi nº 17239, dans le but de veiller, conformément aux principes internationaux
correspondants, au respect de l’exercice de la profession médicale selon les
normes déontologiques contenues dans le code d’éthique professionnelle promulgué par
le Collège même. Les Drs Elmer Alegría et Zuño Burstein intervinrent comme membres
de la commission rédactrice du statut et du règlement du CMP, en tant que représentants
des programmes académiques de médecine.
Selon ce dispositif légal, ses statuts et ses règlements, il fut établi que les médecins
devaient, pour exercer la profession médicale au Pérou, être inscrits au CMP ; il fallait
pour cela qu’ils présentent leur titre professionnel de médecins chirurgiens, délivré par
l’une des facultés de médecine du pays ou confirmé par l’une des universités nationales.
Pour les titres professionnels délivrés à l’étranger, ils se trouvaient exemptés de confirmation
s’il existait une convention internationale de réciprocité en vigueur.
Pour aboutir à ces fins, le CMP créa les registres nationaux d’inscription de médecins
chirurgiens, de spécialistes et de sociétés médicales scientifiques, mettant en place pour
cet enregistrement des comités compétents à l’intérieur de sa structure organique. Le
premier comité de spécialistes en dermatologie fut instauré le 20 décembre 1971, présidé
par le Dr Luis Flores et composé des Drs Aizic Cotlear et Guillermo Arana.
Peu après sa création, le CMP commença à délivrer, au cours de cérémonies publiques,
des titres de spécialistes pour la modalité non scolaire à des médecins chirurgiens
considérés comme qualifiés.
RÉACTION DE L’UNIVERSITÉ PÉRUVIENNE ET ORDRE LÉGAL
Le 22 novembre 1972, le conseil exécutif de l’UNMSM désigna une commission constituée
des Drs Zuño Burstein (directeur universitaire de planification), Andrés Rotta (directeur
du programme académique de médecine humaine) et Elmer Alegría

(représentant l’école des diplômés de médecine). Cette commission fut chargée de présenter
auprès du CONUP une modification qui suspendrait, par la remise de titres de spécialisation
au nom de la nation, les attributions que le CMP assumait illégalement et de
proposer par ailleurs des solutions à des problèmes divers du programme de deuxième
spécialisation en médecine humaine de cette université.
L’affaire fut réglée en spécifiant que, dorénavant, seules les universités nationales et privées
habilitées pour cette mission pourraient délivrer les titres professionnels de spécialistes,
aussi bien pour la modalité scolaire (programmes de résidanat avec une programmation exigeante
pour chaque spécialité) que pour la modalité non scolaire (avec une qualification rigoureuse
du curriculum des postulants), une fois leurs programmes et leurs règlements
approuvés, après une évaluation exhaustive de la part du CONUP. Le droit légal d’enregistrer
automatiquement des titres de spécialistes délivrés par les universités, d’autoriser aux
non-diplômés l’exercice professionnel à des conditions spéciales et de veiller au respect des
aspects concernant l’éthique et la déontologie médicales, revint alors au CMP.
SITUATION ACTUELLE DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL DU SPÉCIALISTE EN DERMATOLOGIE
Actuellement, et depuis la création du CMP, le médecin spécialiste en dermatologie
voulant exercer au Pérou doit être inscrit comme médecin chirurgien, et réunir par
ailleurs les conditions requises pour s’inscrire en tant que médecin chirurgien spécialiste
en dermatologie, démarche qui nécessite la présentation du titre universitaire correspondant.
Jusqu’en 1989, les médecins pouvaient obtenir l’autorisation du comité de qualification
de spécialistes en dermatologie du CMP pour être enregistrés pour la modalité
non scolaire dans le registre correspondant à l’exercice de la spécialité ; cette attribution
fut suspendue définitivement à partir de 1990.
PROGRAMME UNIVERSITAIRE DE DEUXIÈME SPÉCIALISATION EN MÉDECINE (DERMATOLOGIE)
Le 30 janvier 1975, la résolution directoriale nº 001-75 de la direction universitaire
de planification de l’UNMSM nomma une commission présidée par le Dr Zuño Burstein
(ancien directeur universitaire de planification) et intégrée par les Drs Elmer Alegría et
Vitaliano Manrique, ce dernier en tant que directeur des programmes académiques de
médecine humaine. La commission visait à évaluer et à contrôler la bonne mise en
marche du programme de deuxième spécialisation en médecine humaine, à gérer l’attribution
des commodités de l’espace physique, les ressources humaines, les normes
d’organisation académico-administratives, le flux de documents, les dispositions économiques
et de registre, les requêtes de coordination académique et d’évaluation pédagogique,
s’ajustant aux normes et aux procédures pour l’obtention du titre de spécialiste
des modalités scolarisée et non scolarisée, publiés par l’UNMSM en 1974 dans les « Dispositions
légales et organisation du programme de deuxième spécialisation », avec les
« Normes et procédures pour obtenir le titre de spécialiste pour les modalités scolarisée
et non scolarisée » déjà en vigueur (autorisées par une résolution du CONUP nº 1556-74
CONUP du 6 février 1974) 1 .
Dès lors, tous les programmes de spécialisation existants, dont celui de dermatologie
(1974), furent progressivement régularisés.
Premier programme universitaire de spécialisation
dermatologique au Pérou
Histoire de la dermatologie au Pérou
ANTÉCÉDENTS HISTORIQUES
L’apprentissage et la formation des médecins pratiquant la dermatologie au Pérou eurent
différents versants.
Les centres de soin hospitalier et les services de la santé publique (bienfaisances publiques,
ministère de la Santé, sécurité sociale, forces armées et policières et gouvernements
341

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
342
locaux) et privés (cliniques particulières) engageaient, au début de façon directe et ensuite
par concours, des médecins qui avaient acquis une expérience en maladies cutanées
et vénériennes, soit par une formation in situ — aux côtés de professionnels chefs
de service chargés de ces affections et possédant des connaissances pratiques en la matière
—, soit grâce à des cours ou des stages sur la spécialité à l’étranger.
Rappelons la contribution faite par deux grands centres hospitaliers de la bienfaisance
publique de Lima: l’hôpital Dos de Mayo (hôpital pour hommes) et l’hôpital Arzobispo
Loayza (hôpital pour femmes); la faculté de médecine de San Fernando de l’UNMSM y
comptait non seulement du personnel hautement qualifié qui s’occupait du soin des malades
— tout en étant à la fois professeurs de l’université —, mais aussi des installations
pour l’enseignement et la recherche, constituant ainsi des centres d’assistance, d’enseignement
et de recherche qui jouèrent — et jouent toujours — un rôle très important dans
la formation universitaire des médecins chirurgiens, des chercheurs médecins et, ultérieurement,
des spécialistes de diverses branches de la médecine.
À l’hôpital Arzobispo Loayza, le grand centre de soin de la bienfaisance publique de
Lima, transféré plus tard au ministère de la Santé, le cabinet de dermatologie et de syphiligraphie
(à la charge du Dr Eleodoro Camacho en 1926) fut occupé un an plus tard
par le Dr Aurelio Loret de Mola, qui en assuma la direction dans les années 30 tout en
étant également professeur principal de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie à
la faculté de médecine de San Fernando de la UNMSM. Le Dr Pablo Arana, qui eut un
rôle très important dans l’enseignement de la spécialité et dans la formation spécialisée
pour la modalité non scolaire de plusieurs médecins, fut nommé professeur auxiliaire,
marquant le début de la première école dermatologique péruvienne au sein dudit hôpital.
Cette structure d’enseignement et de soin fut étroitement liée à celle du Dr Pedro
Weiss, qui fut sous-chef de l’institut d’anatomie pathologique de l’hôpital Loayza vers
1926, dirigé par le Dr Mackehenie ; il fonda ultérieurement, en tant que professeur principal
d’anatomie pathologique de l’UNMSM, l’importante école péruvienne de pathologistes,
avec un intérêt spécial pour la dermo-pathologie, la mycologie médicale, la
médecine tropicale et l’anthropologie. Ce lien ouvrit un vaste spectre de connaissances
sur le sujet et fut très important pour approcher de façon adéquate la spécialité et l’enseignement
dermatologiques.
Ces deux grandes écoles de médecine — l’école dermatologique de Loret de Mola et
l’école pathologique de Pedro Weiss — fut longuement liées. Pour preuve les activités du
dermatologue Víctor Meth, qui appartint aux deux groupes : il enseignait à l’ancienne
chaire de dermatologie, dirigeait le service hospitalier de dermatologie et travaillait
comme dermo-pathologiste au Département de pathologie de l’Hôpital Loayza.
Tel que nous l’avons déjà signalé, la démission massive des professeurs de la faculté
de médecine de San Fernando eut lieu en 1961. Face à cette crise, le gouvernement universitaire
décida le transfert de tous les biens physiques et de l’enseignement de cette
chaire vers l’hôpital Dos de Mayo de Lima, et il décréta sa réorganisation, en demandant
au Dr Zuño Burstein, professeur auxiliaire de la chaire de médecine tropicale de
l’UNMSM, qui venait d’arriver après sa formation en Allemagne et en Israël, d’accomplir
cette mission délicate.
La chaire de dermatologie et de syphiligraphie de la faculté de médecine de l’UNMSM
s’installa à l’hôpital Dos de Mayo de Lima et commença une nouvelle vie institutionnelle
à partir de sa réorganisation.
L’hôpital Dos de Mayo de Lima, l’un des centres hospitaliers les plus grands et les plus
modernes de l’époque, et comptant un groupe de professionnels qui soignaient les malades
tout en étant professeurs à la faculté de médecine de l’UNMSM, fut inauguré le
28 février 1875.
Ce grand centre hospitalier joua un rôle important dans l’histoire de la médecine pé-

Histoire de la dermatologie au Pérou
ruvienne, non seulement parce qu’il accueillait les pathologies de toutes les régions du
Pérou (car c’était un centre de référence et qu’il concentrait les soins au niveau national),
mais aussi parce que tous les médecins péruviens s’y formaient. Le centre recevait
plusieurs équipes d’enseignants et de chercheurs universitaires, venant uniquement de
l’UNMSM au début et ensuite des autres universités.
Le Dr Zuño Burstein travailla dans cet hôpital à partir de 1950, tout d’abord comme praticien,
ensuite comme assistant au département de pathologie et finalement, à partir de
1957, comme assistant au service de dermatologie dans la salle San Lázaro, dont le chef
était le Dr Arturo Salas (professeur de la chaire de dermatologie du Dr Loret de Mola et chef
du service de dermatologie de l’hôpital de police, entre autres). Les Drs Oscar Romero et
Abelardo Tejada travaillaient également dans ce service comme auxiliaires libres; ce dernier
fut ensuite muté à l’institut de médecine tropicale de l’UNMSM, où il occupe actuellement
le poste de directeur. Les Drs Marcial Ríos et Luis Romero, membres de la chaire de
dermatologie et de syphiligraphie du Dr Loret de Mola, y assistaient également.
À l’époque, le Dr Félix Castillo était le chef du laboratoire central de l’hôpital, le laboratoire
de microbiologie était dirigé par le Dr Julio Morales Saravia, tandis que le
Dr Rafael Acosta était chargé des diagnostics et de la recherche mycologique. Le département
de pathologie, unité d’enseignement et d’assistance universitaire créée par le
Dr Pedro Weiss, avait pour chef le Dr Oscar Urteaga, et accueillait des professionnels notables
comme le Dr Hugo Lumbreras (tropicaliste, plus tard fondateur de l’institut de médecine
tropicale Alexander Von Humboldt), entre autres ; on y étudiait intensément la
pathologie dermatologique tropicale (verrue péruvienne, leishmaniose, lèpre, mycoses
profondes et autres). L’enseignement s’appuyait sur le laboratoire des cliniques, universitaires,
dont le Dr Vitaliano Manrique assumait la responsabilité. Ainsi, l’hôpital Dos de
Mayo, une structure d’appui venait compléter l’équipe de diagnostic et de recherche intégrale
de la pathologie nationale.
Le laboratoire de recherche de protozoologie et mycologie, à la charge du Dr Zuño
Burstein, professeur auxiliaire de médecine tropicale et de dermatologie de l’UNMSM, se
greffa sur l’hôpital à partir du 1 er janvier 1962, comme une dépendance de la chaire de
médecine tropicale de l’UNMSM.
Ce laboratoire situé dans l’hôpital Dos de Mayo, dont le Dr Zuño Burstein établit le lien
avec la nouvelle chaire de dermatologie et de syphiligraphie de la faculté de médecine San
Fernando de l’UNMSM, permit vers 1962 de mettre en place et d’initier l’activité universitaire
pour les étudiants de médecine; le Dr Clement Counter (dermatologue américain)
fut embauché comme professeur, tandis que les Drs Abelardo Indacochea, Zuño Burstein,
Raúl Gallarday, César Rojas, Juan Manrique et Humberto Benavides intégrèrent le groupe
de professeurs auxiliaires. Enrique Sifuentes, Wenceslao Castillo, Pedro Ortiz, Carlos Regalado
et Juan Meza devinrent pour leur part chefs éducateurs, assistés par Julio Bonilla,
Humberto Ugaz et Dante Mendoza.
Les Drs Luis Castro Mendívil, Hugo Pesce, Julio Bedoya, Wilfredo Gardini, Oscar Romero
et Félix Castillo y travaillaient en tant que professeurs invités. Une nouvelle étape,
marquée par la multidisciplinarité, commença alors : le laboratoire intégra la vénéréologie,
l’allergie, la dermatologie pédiatrique, l’anatomie pathologique, la mycologie, la thérapeutique
physique, la radiothérapie et d’autres procédures physiques, suivant
l’orientation spécialisée des enseignants, contribuant à moderniser l’enseignement et
l’exercice professionnel.
Vers la fin de la même année (1962), le Dr Aizic Cotlear fut élu par concours professeur
associé ; il constitua et dirigea pendant plusieurs années l’école dermatologique de
la faculté de médecine de San Fernando de l’UNMSM moderne, à l’hôpital Dos de Mayo;
cette école délivra les premiers titres de spécialistes en dermatologie pour la modalité
non scolaire et initia le programme de deuxième spécialisation pour la formation
professionnelle de dermatologues pour la modalité scolaire. On intégra pour cela la zone
343

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
344
de chirurgie dermatologique (à la charge du Dr Rafael Rabinovich et du Dr Elbio Flores
ultérieurement), et intégra des dermatologues réputés pour y enseigner tels que les
Drs José San Martín, Alejandro Morales, Tarcila Rey Sánchez et Elda Canadell, entre
autres ; on engagea aussi les hôpitaux rattachés au ministère de la Santé, à la sécurité
sociale et aux forces armées et à la police pour dispenser l’enseignement.
Le 8 octobre 1969, le Dr Aizic Cotlear, coordinateur de la section de dermatologie et
chef intérimaire du département de médecine humaine de l’UNMSM, adressa une communication
au directeur universitaire des services académiques et du registre central de
cette université sur la situation de cette structure d’enseignement et d’assistance située
dans l’hôpital Dos de Mayo : il lui fit part du haut degré d’organisation et de la valeur des
prestations des services communautaires, la formation du personnel spécialisé, les recherches
mises en route entre 1961 et 1969, demandant le soutien des autorités universitaires
pour continuer d’exercer ses fonctions 2 .
En conséquence, les services académiques d’assistance dans différentes zones furent
créés et notamment le service académique d’assistance de dermatologie, dont le siège
central se trouvait à l’hôpital Dos de Mayo, qui a été et qui est toujours le centre de formation
universitaire le plus important du Pérou dans le domaine de la dermatologie.
Le service académique d’assistance de dermatologie de l’UNMSM fut reconnu par les organismes
du gouvernement de l’université par la résolution directoriale nº 303/DSA/70, le 2 février
1970. La liste de professionnels de ce service fut établie comme suit: chef du service,
Dr Aizic Cotlear, professeur principal; chef du laboratoire de diagnostic, Dr Zuño Burstein, professeur
associé; les Drs Oscar Romero et Abelardo Tejada, professeurs auxiliaires; Dante
Mendoza, Julio Bonilla, Juan Meza et David Carrizales, assistants du service.
HISTOIRE DE L’ORGANISATION DU PROGRAMME UNIVERSITAIRE DE DEUXIÈME
SPÉCIALISATION EN DERMATOLOGIE
Depuis sa création en 1973 (résolution rectorale nº 38145-UNMSM et res. CONUP
nº 1226-73), le programme de deuxième spécialisation comprend l’enseignement et les
activités des sciences médicales basiques et cliniques. Son plan d’études comprend essentiellement
des stages professionnels intensifs, des cours d’actualisation de haut niveau,
des activités non cognitives et des activités de conseil et d’orientation. La durée ne
doit pas être inférieure à six semestres, avec un total de 120 crédits. Pour s’y inscrire il
faut posséder le titre professionnel de médecin chirurgien, et l’admission se fait uniquement
sur concours. Actuellement, les postes vacants pour la dermatologie, spécialité très
sollicitée, sont restreints ; il y en a treize à l’UNMSM, la première à établir ce programme
de spécialisation, et un poste vacant par an à l’université Particular Cayetano Heredia,
la dernière à en recevoir l’autorisation.
Le programme de deuxième spécialisation de l’UNMSM utilise des locaux et des équipements
cédés par les centres d’assistance du secteur de la santé et du travail, suivant le décret
suprême 0055-71SA du 13 avril 1971, car ils doivent faciliter l’enseignement médical
universitaire. Il fut établi que le résidanat de la spécialisation aurait lieu dans les centres
d’assistance accrédités, après une évaluation préalable. L’UNMSM conclut des conventions
avec tous les hôpitaux et les centres de santé de Lima pour aboutir au respect de ce décret.
L’université possède aussi, même aujourd’hui, ses propres locaux, comme l’institut de médecine
tropicale Daniel A. Carrión, et d’autres situés dans différents hôpitaux de Lima depuis
longtemps. Les services académiques d’assistance de l’UNMSM, constitués dès 1970 à l’initiative
du Dr Zuño Burstein (au cours de sa gestion comme membre du conseil du gouvernement
de réorganisation de l’UNMSM et plus tard comme directeur universitaire), sont des
centres académiques destinés à l’enseignement, à la recherche, à la pratique professionnelle
des étudiants et au service d’assistance envers la communauté, fournissant donc des biens
et des services.
Les services académiques d’assistance de l’UNMSM sont au nombre de dix, situés

Histoire de la dermatologie au Pérou
dans les hôpitaux Dos de Mayo, Arzobispo Loayza, Víctor Larco Herrera (hôpital pour
malades mentaux), materno-infantile de San Bartolomé, complexe hospitalier Daniel
A. Carrión del Callao, entre autres. Parmi eux, celui de l’hôpital Dos de Mayo, dirigé par
le Dr Aizic Cotlear, est remarquable dans l’histoire de la dermatologie péruvienne. Il devint
le foyer de la dermatologie, d’enseignement et de soin le plus important du pays, et
sa reconnaissance fut largement justifiée lorsque l’autorité universitaire compétente lui
octroya l’accréditation pour devenir le siège central du premier programme de spécialisation
pour la modalité scolaire de dermatologie du Pérou.
Les institutions de santé étatiques et paraétatiques qui sollicitent la préparation des
médecins spécialistes dont elles ont besoin doivent créer les postes, prenant en charge
les frais et coordonnant avec l’université l’appel à concours, selon le règlement universitaire
du programme de deuxième spécialisation en médecine humaine.
PREMIERS COMITÉS DE SPÉCIALISATION EN DERMATOLOGIE ET EN MÉDECINE TROPICALE
La direction des programmes académiques de médecine humaine de l’UNMSM approuva
le 15 mars 1974 vingt-sept comités de spécialisation en médecine humaine, dont
le comité de dermatologie, présidé à l’origine par le Pr. Dr Aizic Cotlear et intégré par les
Drs Dante Mendoza, José San Martín et Alejandro Morales et celui de médecine tropicale,
présidé par le Pr. Dr Zuño Burstein ; ces deux comités établirent un rapport étroit
d’enseignement et de services. Actuellement, le comité de dermatologie est présidé par
le Pr. Dr Dante Mendoza, tandis que le Pr. Dr Abelardo Tejada a en charge celui de la
médecine tropicale.
À travers son programme de deuxième spécialisation en médecine humaine,
l’UNMSM publia dans les journaux nationaux (le 3 mars 1974 et le 16 avril 1975) les dispositions,
les démarches et les conditions requises pour obtenir le titre de spécialiste en
médecine humaine pour vingt-huit spécialités pour la modalité non scolaire, dont celle
de médecin chirurgien spécialiste en dermatologie et de médecin chirurgien spécialiste
en médecine tropicale.
Le 22 avril 1974, l’UNMSM remit les titres de spécialistes dans les différentes
branches de la médecine pour la modalité scolaire, grâce à ses programmes académiques
de médecine humaine et de deuxième spécialisation, assumant ainsi publiquement
ses devoirs et ses obligations établis par la loi et en voie de régularisation.
Cette remise de titres aux étudiants ayant fini leur cursus à l’ancienne école de diplômés
eut lieu au cours d’une séance publique solennelle au palais municipal de Lima,
en la présence du ministre de l’éducation et du maire du conseil provincial de Lima, sur
une invitation du recteur de l’UNMSM et du président du CONUP. Cette cérémonie réaffirma
que l’université péruvienne est le seul organisme du Pérou autorisé à remettre des
titres professionnels de spécialistes au nom de la nation.
Aspects historiques des instituts de médecine tropicale et de la
recherche scientifique dermatologique au Pérou
L’histoire de la dermatologie au Pérou fut étroitement liée au développement de la
médecine tropicale en tant que spécialité, aussi bien aux niveaux de l’enseignement et
de la recherche sur la médecine péruvienne qu’au niveau de la pratique professionnelle.
Le domaine de la dermatologie sanitaire tropicale, qui comprend l’étude de pathologies
partagées entre ces deux spécialités telles que la verrue péruvienne, la leishmaniose, les
mycoses profondes, la lèpre, les maladies sexuellement transmissibles, le sida, entre
autres, nous oblige à faire un compte rendu, quoique succinct, de l’histoire des centres
de recherche du Pérou liés à l’activité dermatologique.
345

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
346
INSTITUT DE MÉDECINE TROPICALE DANIEL A. CARRIÓN, DE LA UNIVERSIDAD
NACIONAL MAYOR DE SAN MARCOS (UNMSM)
Vers la moitié des années 50 un groupe de jeunes professionnels de la chaire de médecine
tropicale de la faculté de médecine de San Fernando de l’UNMSM (dirigée par le
Pr. Dr Hugo Pesce) et d’autres institutions académiques et scientifiques furent accueillis
par le professeur Dr Enrique Encinas au sein de son laboratoire de recherche neuropathologique
de l’hôpital Víctor Larco Herrera, autorisés par son directeur, le Dr Juan
Francisco Valega. Le Dr Hugo Lumbreras, qui s’était rendu à l’institut de médecine tropicale
de Hambourg grâce à la bourse « Alexander Von Humboldt » sur les conseils du
Pr. Encinas, se trouvait parmi eux. Comptant sur la coordination du Dr Zuño Burstein à
Lima, il y organisa la visite du Pr. Dr Ernst Georg Nauck, directeur dudit institut, dans le
but d’étudier la création d’un institut de médecine tropicale à Lima, sur le campus de
l’UNMSM, par une convention entre les gouvernements des deux pays.
Ce groupe promoteur (qui fut à la base de la création de l’institut de médecine tropicale
Daniel A. Carrión en 1963) était intégré, entre autres figures remarquables, par le
Dr Olga Palacios, médecin virologue, qui occupa plus tard la direction dudit centre; le Dr
Zuño Burstein, médecin dermatologue tropicaliste (désigné plus tard professeur émérite
de l’UNMSM) ; le Dr Hugo Lumbreras, médecin tropicaliste, qui créa et dirigea jusqu’à sa
mort l’institut de médecine tropicale Alexander von Humboldt, de l’université privée
Cayetano Heredia ; le Dr Abelardo Tejada, médecin tropicaliste, qui fut désigné en 2003
directeur de l’institut de l’UNMSM ; le Dr Oscar Romero, médecin dermatologue tropicaliste,
qui fut ensuite professeur principal et chef de la chaire de dermatologie de
l’UNMSM ; le Dr César Náquira, médecin microbiologiste, qui fut nommée directeur de
l’institut national de la santé du Pérou en 2004.
De nos jours l’institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión est un centre de recherche,
d’enseignement et de formation du personnel de la santé qui propose des services
spécialisés à la communauté et qui possède aussi des laboratoires de diagnostic en
bactériologie, parasitologie, entomologie, mycologie, virologie et histopathologie, tout
comme des unités spécialisées pour la recherche de la toxoplasmose, la bartonellose, la
leishmaniose et la lèpre, entre autres. Il dispose également d’un service de dermatologie
sanitaire à la charge de cinq médecins dermatologues.
L’institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión est une référence nationale et jouit
d’un prestige international. Des professionnels de l’étranger s’y rendent afin de se former
en médecine tropicale, tout comme des résidents en infectiologie, en médecine tropicale,
en médecine interne, en dermatologie et en pathologie clinique, de l’UNMSM et
d’autres universités.
Il est en rapport avec diverses universités nationales et étrangères, avec le bureau sanitaire
panaméricain de l’OMS et avec l’Institut de médecine tropicale de l’armée américaine
(NAMRED) ; il conclut des conventions avec le ministère de la Santé afin de
développer des programmes de contrôle de la malaria, des maladies méta-xéniques, de
l’hydatidose, de la lèpre et d’autres affections de dermatologie sanitaire.
Il dispose d’un bâtiment moderne de quatre étages situé dans la ville universitaire de
San Marcos, qui comprend quarante laboratoires, vingt bureaux, des cabinets externes,
des salles de cours pratiques pour les élèves effectuant des études supérieures et la spécialisation,
un auditorium, la bibliothèque spécialisée Hugo Pesce et un local pour garder
les animaux servant aux expérimentations (figure 23).
L’institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión édite une publication, la Revista
Peruana de Medicina Tropical, son organe officiel pour la diffusion scientifique.

Histoire de la dermatologie au Pérou
INSTITUT DE MÉDECINE TROPICALE ALEXANDER VON
HUMBOLDT, DE L’UNIVERSITÉ PÉRUVIENNE
CAYETANO HEREDIA (UPCH)
L’UPCH (université privée) approuva en 1968 la
création d’un nouvel institut de médecine tropicale à
Lima — appelé institut de médecine tropicale Alexander
Von Humboldt —, et désigna le Dr Hugo Lumbreras
pour s’occuper de son organisation.
Ce nouveau centre, qui acquit vite un prestige national
et international, s’occupa de la recherche, de
l’enseignement et du soin communautaire des maladies
infectieuses et tropicales. Ses activités plus notables se rapportent à la leishmaniose,
la maladie de Chagas, les maladies entériques, les parasitoses intestinales, la mycologie
médicale, le VIH/sida, les infections par HTLV-1, la maladie de Hansen et d’autres maladies
d’origine virale et bactérienne.
Des médecins infectiologues prestigieux font partie de cet institut : le Dr Eduardo Gotuzzo
(son directeur actuel, expert en MST/sida), le Dr Alejandro Llanos (chercheur en
leishmaniose), le Dr Pedro Legua (spécialiste en maladie de Hansen), le Dr Humberto
Guerra (ancien directeur et microbiologiste réputé), et le Dr Humberto Álvarez (parasitologue
renommé).
AUTRES CENTRES DE RECHERCHE
Un troisième institut de maladies infectieuses et tropicales fut récemment créé à Trujillo
(au nord du pays) par le Dr Hernán Miranda, médecin microbiologiste, tropicaliste.
Cet institut se consacre à l’étude de la leishmaniose tégumentaire et des mycoses, ainsi
qu’à d’autres affections du domaine de la dermatologie tropicale.
INSTITUT NATIONAL DE LA SANTÉ
Ce centre constitue le bras scientifique du ministère de la Santé. Il fut créé en 1896
et joua historiquement, dans le vaste domaine qui est le sien, un rôle très important dans
le diagnostic et la recherche des maladies de la dermatologie sanitaire, telles la verrue
péruvienne, la leishmaniose tégumentaire, la lèpre et les mycoses, entre autres. Il eut un
rôle moteur dans l’éradication de la variole au Pérou par la production de sérums biologiques
et de vaccins (figure 24).
Certains chercheurs, parmi d’autres, contribuèrent de façon remarquable au développement
de l’institution : Telémaco Batisttini, en verrue péruvienne ; Arístides Herrer,
en leishmaniose et maladie de Carrión ; Carlos Carrillo, en variole ; Oscar
Miró Quesada, en néoplasies ; Oswaldo Meneses, en animaux venimeux
(serpents, araignées) ; René Solis, en MST ; José Gonzales Mugaburu, en
parasitologie ; Zuño Burstein en lèpre et mycologie.
Depuis 1942, l’Institut national de la santé édite une des publications
scientifiques les plus importantes du Pérou, la Revista Peruana de Medicina
Experimental y Salud Pública, qui constitue son organe de diffusion
scientifique. Les Drs Telémaco Batisttini et Carlos Gutiérrez Noriega furent
ses premiers éditeurs, tandis que de nos jours (2005) c’est le Dr Zuño Burstein
qui en est à la charge. Elle est inscrite à la LIPECS, à la LILACS et à
la SCIELO et compte un comité éditorial et un conseil de consultation de
très haute qualité scientifique.
L’Institut national de la santé, et par là le ministère de la Santé, signèrent
il y a vingt ans une convention avec l’institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión
de l’UNMSM dans le but d’encourager l’étude, la formation du personnel de la santé
et le soin de la communauté liés à la lèpre et à la dermatologie sanitaire.
347
Figure 23.
Façade de l’Institut
de médecine
tropicale Daniel
A. Carrión
Figure 24.
Vue du local central
de l’Institut
national de la santé

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
348
Histoire succincte de quelques maladies au Pérou
LA LEISHMANIOSE TÉGUMENTAIRE AU PÉROU. CONTRIBUTION PÉRUVIENNE
À SA CONNAISSANCE ET À SA LÉGISLATION
Le Pérou jouit d’un privilège sur le plan scientifique qui correspond à un inconvénient
sérieux sur le plan sanitaire: les modalités cliniques les plus diverses du processus s’appliquent
sur son vaste territoire, qui compte des zones endémiques de leishmaniose tégumentaire.
Cette particularité ne se retrouve pas dans d’autres régions au monde, où
prédomine habituellement une modalité clinique donnée pour des régions territoriales
assez étendues, comme c’est le cas dans le Vieux Monde avec le bouton d’Orient (leishmaniose
cutanée pure).
Par contre, les conditions écologiques si variées de notre pays entraînent des manifestations
cliniques apparemment liées à ces conditions, que nous associons étroitement
à leur origine territoriale. C’est ainsi qu’on parle d’uta pour faire référence à la leishmaniose
andine et d’espundia pour la leishmaniose provenant de la forêt, en leur attribuant
des caractères cliniques plus ou moins spécifiques.
On observe depuis très longtemps au Pérou l’existence de deux types ou formes cliniques
de leishmaniose tégumentaire. Palma en 1908 3 , Escomel 4 , Arce 5 et Monge 6 en
1914, Weiss en 1924 7 et d’autres chercheurs péruviens admettaient la différence entre
uta et espundia, sans même connaître l’étiologie de ces deux tableaux cliniques. Mais ce
furent essentiellement Escomel en 1942 8 et Weiss en 1943 9 qui établirent deux formes
cliniques de la leishmaniose parfaitement identifiables au Pérou, une fois connue l’étiologie
des deux processus. Un premier type bénin, comparable au bouton d’Orient, affectant
prioritairement les enfants et qui guérit de façon spontanée, la personne en restant
vaccinée à jamais ; cette forme de pathologie propre aux régions andines présente rarement
des lésions muqueuses prolongées, on l’appelle uta ou leishmaniose andine péruvienne.
Le deuxième type, une forme grave, affecte de préférence les hommes adultes,
présentant un compromis constant et métastatique des muqueuses respiratoires ; sa localisation
territoriale correspond à la forêt, on l’appelle espundia ou leishmaniose de la
forêt américaine. Ce critère fut accepté par la commission de nomenclature de la Société
brésilienne de dermatologie et de syphiligraphie et par la Société ibéro-américaine de
dermatologie au cours de sa réunion à Rio de Janeiro en 1950.
Toutefois, l’analyse des cas, effectuée par plusieurs chercheurs péruviens comme
Cornejo Ubillus 10 , prouva la présence de certaines formes cliniques de leishmaniose dans
d’autres régions. Contrairement à ce qu’il croyait au début, Weiss douta en 1953 11 du fait
que l’uta se contractait uniquement dans les Andes, après avoir vérifié l’existence, même
rare, de quelques foyers d’espundia andins et des foyers d’uta dans la forêt. Weiss dit
que ces faits semblaient effacer la possibilité de différences essentielles entre les deux
formes classiques. Nonobstant, les différences statistiques régionales et même locales
sont si accentuées qu’elles ne peuvent pas être ignorées.
Burstein 12 laissa de côté les considérations visant à expliquer les différentes modalités
cliniques qui tournent autour des facteurs parasitologiques (comme la différenciation
sérologique de différentes souches productrices de leishmaniose tégumentaire, les conditions
immunoallergiques de l’hôte, le rôle joué par les réservoirs et même les vecteurs,
entre autres). Il présenta au cours du VII e Congrès international de médecine tropicale
et malaria qui eut lieu à Rio de Janeiro en 1963 (et à partir de son expérience à l’hôpital
Dos de Mayo et de l’étude de 158 cas de leishmaniose tégumentaire dans tout le pays),
la classification suivante des leishmanioses tégumentaires au Pérou :
1. leishmaniose andine cutanée (équivalant à la uta classique) ;
2. leishmaniose andine cutanée muqueuse ;
3. leishmaniose cutanée forestière;

4. leishmaniose cutanée muqueuse forestière (équivalant à
la espundia classique).
Ce critère fut accepté au cours du I er Congrès péruvien de
microbiologie et parasitologie de 1964 13 et il est basé sur des
concepts clinico-épidémiologiques évolutifs 14, 15 (figures 25, 26,
27).
Il est indispensable que ces dénominations soient accompagnées
de la qualification évolutive du processus afin que la
classification ait un sens dynamique ; nous adoptâmes pour
cela le critère que Dostrowsky 16 appliqua à la leishmaniose cutanée
(bouton d’Orient), la jugeant récente (ou précoce) si le
processus prend moins d’un an, et tardive s’il prend plus d’un
an pour évoluer.
Selon Llanos 17 , le nom uta dérive du mot quechua hutu, qui
signifie « ronger, concasser, pourrir ». Les Espagnols l’appelaient
« plaie » sur le versant du Huallaga, ainsi que « mal des
Andes ». D’autres expressions idiomatiques quechuas ou aymaras
faisaient référence à cette pathologie : quecpo, en raison
de la croyance dans la ville d’Abancay que la brûlure du visage
par le soleil ou le froid provoquait des lésions favorisant l’apparition
de la maladie ; le mot tiac-araña vient de la supposition
que ces arthropodes domestiques léchaient pendant la nuit
la peau du visage et des mains comportant des restes de miel,
et que la leishmaniose débutait de cette manière; jucuya, kjapa
et anti-honcoy 18 sont d’autres termes utilisés régionalement.
Plus tard, la tendance s’accentua : on appela uta la leishmaniose
du nord du pays et espundia celle du sud du Pérou.
Histoire de la dermatologie au Pérou
Ancienneté de la leishmaniose tégumentaire au Pérou
Les chercheurs étudiant actuellement la leishmaniose tégumentaire
au Pérou considèrent qu’il s’agit d’une affection qui
précéda l’arrivée des Espagnols. Pour la plupart d’entre eux,
les lésions mutilantes représentées sur certains huacos anthropomorphes
péruviens de l’ère précolombienne en sont la
preuve évidente. L’identification étiologique de ces représentations
entraîna de nombreuses discussions ; l’historien naturaliste
espagnol Marcos Jiménez de la Espada, cité par Tamayo
en 1905 19 , qui recueillit et fit sienne cette approche, associa le
premier ces représentations à l’uta. Dans son analyse historique
de l’uta, Urcia 20 soutint en 1913 son ancienneté précolombienne
en se basant sur les représentations des huacos et
sur les notes, très précoces, que les Espagnols firent de cette
maladie ; il cita Pedro Pizarro, qui fit référence au « mal incurable
des nez » en 1571, et le Dr Cosme Bueno, parlant d’une
« plaie corrosive notamment du visage très difficile à soigner,
causée par un insecte, qui s’appelle uta ».
Weiss soutint en 1943 9 l’ancienneté de la leishmaniose tégumentaire
sur notre territoire en se basant, outre les arguments précédents, sur le caractère
bénin de l’uta (tendance à la guérison spontanée en un an environ). Herrer
affirma en 1956 21 : « Sans nier la grande ancienneté de cette maladie en Amérique, nous
croyons qu’il est difficile de la prouver, et le principal argument invoqué jusqu’à présent
en sa faveur, soit les huacos anthropomorphes représentant des mutilations sur les
349
Figure 25.
Leishmaniose andine
Figure 26.
Leishmaniose de la forêt
Figure 27.
Leishmaniose
de la forêt cutanéomuqueuse
tardive

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
350
lèvres et le nez, renferme des objections assez sérieuses. » Parmi ces objections, on ne
peut pas affirmer que les huacos proviennent d’endroits proches des foyers d’uta; certains
d’entre eux présentent des mutilations des extrémités sous une forme et un aspect
différents des lésions provoquées par l’uta; les figures montrent une cloison nasale entière
et parfois augmentée, contrairement à ce qui arrive dans les cas de leishmaniose ;
les figures ne représentent pas de lésions sur les pavillons auriculaires, plaie propre à la
maladie qui ne serait pas passée inaperçue aux yeux des potiers précolombiens. Au
contraire, ce chercheur fournit des considérations basées sur la répartition géographique
de l’uta, qui pourraient indiquer son ancienneté notable.
Comme nous le voyons, les arguments utilisés peuvent être discutables, mais il est évident
que tout le monde est d’accord pour admettre l’ancienneté de la leishmaniose au
Pérou.
Histoire de l’identification étiologique de la leishmaniose tégumentaire au Pérou
Le Dr José Julián Bravo peut être mentionné comme précurseur de l’identification
étiologique de la leishmaniose tégumentaire dans notre milieu ; cité par Weiss 9 , il identifia
en 1852 l’uta au bouton d’Alep. Toutefois, en accord avec Urcia 20 , ces lésions furent
cataloguées comme étant des formes de tuberculose cutanée en raison de l’influence de
Smith Archibald. Cette théorie sur l’origine lupique, Palma 22 démontrant que la tuberculose
n’intervenait pas dans sa détermination, fut en vigueur jusqu’en 1908. Cependant,
Escomel 23 communiqua en 1911 la découverte de la forme flagellée de Leishmanies dans
un cas d’espundia. Laveran et Nattan Larrere trouvèrent des Leishmanies se rapportant
à des cas d’espundia dans du matériel fourni par Escomel. En 1912, Wenyon 24 fit des découvertes
similaires qui l’amenèrent à penser que l’espundia était une leishmaniose. En
1913, Vélez et Monge 25 prouvèrent l’étiologie leishmaniosique de processus ulcéreux
dans la vallée de Convención (Cuzco). Simultanément Gastiaburú et Rebagliati 26 trouvèrent
des Leishmanies dans des cas d’uta. Finalement, suite à l’obtention de la forme flagellée
et aux résultats positifs constatés après des inoculations chez des animaux, la
commission de l’université de Harvard conclut dans un rapport publié par Strong en
1914 que l’uta était une leishmaniose 27 .
Le problème de l’identification étiologique des leishmanioses tégumentaires au Pérou
fut ainsi résolu, aussi bien pour sa variété cutanée pure (uta) que pour la forme cutanéomuqueuse
(espundia).
Quelques considérations autour de l’écologie, l’épidémiologie et l’histoire de l’étude des
vecteurs, des réservoirs et du traitement de la leishmaniose tégumentaire au Pérou
Plusieurs chercheurs contribuèrent à la connaissance de la répartition géographique
de cette affection au Pérou ; nous distinguerons parmi eux, par ordre chronologique : Raimondi
en 1885 28 , Pagaza en 1904 29 , Escomel en 1911 30 , Urcia en 1913 20 , Weiss, Rojas et
Guzmán-Barrón en 1924 31 , Kuczynski-Godard en 1945 34 , Marroquín en 1950 32 , Cornejo
Ubillus en 1951 10 , plusieurs communications de Herrer, de l’Institut national de la santé,
depuis 1951 33 , Acurio et Valdieso en 1964 35 , Burstein en 1964 13 , plusieurs travaux de Tejada
publiés à partir de 1970 36 et bien d’autres études plus récentes de divers chercheurs.
Quant aux espèces vecteurs de la leishmaniose tégumentaire au Pérou, les études ne
furent pas encore complétées de preuves expérimentales décisives permettant d’affirmer
quelles espèces de Phlebotomus (Lutzomyias) servaient de vecteurs à la Leishmanie. En
1943, Pesce et Pardo 37 trouvèrent dans la province d’Andahuaylas (la zone endémique de
l’uta) deux espèces de Plebotomus classifiés par Hertig comme Ph. battistini (Hertig, 1943).
Étudiant le rapport entre la leishmaniose tégumentaire et le Phlebotomus, Herrer 38
considéra en 1951 que, sur le versant occidental des Andes, le Ph. verrucorum et le Ph.
peruensis avaient un lien très étroit avec la répartition géographique de l’uta. Ce

Histoire de la dermatologie au Pérou
chercheur nous informa personnellement qu’« en ce qui concerne la transmission naturelle
de la leishmaniose tégumentaire il existe une confusion notable. Par exemple, on
indique fréquemment les espèces de Lutzomyia comme en étant les vecteurs, uniquement
parce qu’elles manifestent la présence de promastigotes (leptomonas), sans identifier
dûment le flagellé en question ». En accord avec cette opinion, Laison et Show 39
signalèrent qu’une grande quantité d’infections naturelles dues au flagellé furent observées
parmi des phlébotomes capturés dans la nature; cependant les parasites identifiés
positivement comme Leishmanies ne furent rencontrés que dans un petit nombre de ces
flagellés. Une analyse critique rigoureuse et très minutieuse du problème de ces auteurs
indiqua également que les Lutzomyias infectées ne sont pas anthropophiles, et donc ne
se transmettent pas à l’homme ; la chaîne épidémiologique de la leishmaniose humaine
nécessite l’intervention d’espèces de Phlebotomus anthropophiles.
Herrer fut l’un des premiers à préparer et à publier, au Pérou et à l’étranger, l’étude
de la présence et de la répartition du Lutzomyia en général et notamment de ceux qui
jouent un rôle de vecteur de la leishmaniose tégumentaire; il fut suivi par les biologistes
Drs Bertha Llanos et Abraham Cáceres, de l’Institut national de la santé et de l’institut
de médecine tropicale Daniel A. Carrión de l’UNMSM. Abelardo Tejada, son directeur actuel,
fit aussi de nombreuses recherches sur le sujet.
Pour l’heure, il était impossible de détecter précisément les réservoirs du parasite
pouvant expliquer de manière satisfaisante l’endémie qui se maintenait depuis des
époques lointaines.
Lors de son étude sur l’uta (alors appelée lupus) au Pérou en 1886 40 , Ugaz mit en évidence
une des idées les plus répandues chez les habitants des zones infectées par l’uta
les villages de Cajamarca, Huamachuco, Ancash, Cerro de Pasco, Valle del Rimac et Ayacucho
: les moustiques qui les piquaient le soir jouaient pour eux un rôle important dans
la formation du mal ulcéreux ; ces insectes s’étaient nourris de « jus d’animaux en putréfaction,
notamment des serpents », et l’inoculaient ensuite à leurs victimes ; ils pensaient
aussi aux petites mouches à ailes blanches vivant à l’ombre du huarango (Acacia
punctata) à Cajamarca, dont elles inoculaient le jus résineux.
À Cuzco, une croyance assurait que le « lèchement d’une araignée » provoquait la
maladie. À Cajamarca, on attribuait un rôle important à « l’antimoine qui se soulève du
sol sec et chaud des torrents par les premières pluies de Carême ». On attribua également
la maladie aux eaux de mauvaise qualité (La Libertad). En 1913 20 Urcia reprit les
conclusions du Dr Barranca dans lesquelles il rapportait la croyance que « l’Indien
contracte la maladie lorsqu’il boit et qu’il mouille le bout de son nez ». Urcia parla aussi
de la croyance en l’existence d’animaux ou de plantes qui de manière directe ou indirecte,
par les piqûres ou la contagion, inoculaient le germe de l’uta; il se penchait sur
l’idée que l’eau stagnante pouvait contenir soit les germes producteurs, soit les œufs ou
les larves des insectes. Il décrivit en détail un insecte qu’il estima être le vecteur de la
maladie en faisant référence bien évidemment au Phlebotomus, « qu’on prétend nommer
titira lorsque son nom est uta ».
En 1914, Antúnez 41 signala la présence constante d’un arbuste appelé mith à l’endroit
où les infections d’uta étaient connues et dangereuses : « L’uta provoque une épidémie
uniquement pendant les mois de février, mars et avril, justement pendant l’époque de
fructification du mith, et elle disparaît lorsque les fruits sont gâtés. L’uta s’acharne sur
l’individu qui aime manger le fruit au pied des arbustes ou sur celui qui habite les environs.
Il suffit, non pas de s’approcher pour manger le fruit, mais seulement de rester à
la période dangereuse dans un rayon d’environ deux kilomètres de la zone où se trouvent
les miths » ; il attribua la maladie à un « moustique à la tête blanche qui aime le
fruit du mith ».
351

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
352
En 1930, Maldonado 42 dit textuellement :
À Surco, un foyer important de verrue et d’uta, j’eus l’occasion de constater un élément
caractéristique dans la flore spontanée : la Jatropha macrantha Müll. Arg., une
plante de la famille des euphorbiacées connue sous le nom vulgaire de huanarpo femelle
[…] L’existence de cette plante permet de soupçonner qu’elle joue un rôle dans
l’étiologie de la leishmaniose du derme, connue sous le nom vulgaire d’uta, car on
trouva dans le latex d’une grande quantité d’euphorbiacées des protozoaires parasites
qui, peut-être, peuvent être considérés comme des états évolutifs de l’agent de
ce type d’ulcère. Puisque la vallée de Surco est un foyer de verrue, on peut affirmer
qu’il y existe des Phlebotomus, connus sous le nom vulgaire de titiras, dont une espèce
peut être vecteur de l’uta, le huanarpo femelle étant éventuellement le réservoir
de cette maladie si désagréable.
En 1934, Sal y Rosas 43 reprit l’approche phytogénétique de l’uta, montrant encore
une fois que le mith (Carica candicans), une plante lactescente de la famille des euphorbiacées,
était un élément récurrent dans toute la région endémique, n’apparaissant plus
à l’endroit où finissait le périmètre pathologique de l’uta. Il affirma même que la concomitance
du mith et de l’uta était tellement constante que son absence « marque clairement
la limite de la ceinture de l’uta, un signe très précis pour délimiter dans les endroits
non peuplés la zone endémique de la zone indemne ». Selon l’expérience populaire, le
mith est accompagné du huanarpo (Jatropha macrantha), car là où il y a du mith se
trouve l’uta. Sal y Rosas supposa qu’une partie du cycle évolutif de la Leishmanie se produisait
dans la plante et il soutint la « formule de l’utogénèse » suivante : 1. flore xérophile
et lactescente qui sert de réservoir au virus ; 2. un vecteur ailé et hématophage, le
Phlebotomus ; 3. l’homme. Il concluait en proposant la destruction systématique de la
flore xérophile lactescente.
Cette approche fut remise en question par Burstein, qui communiqua en 1956 et en
1957 la découverte de phythormones dans le latex de la Jatropha macrantha Müll. Arg.,
une plante euphorbiacée dont la répartition géographique coïncide avec la distribution
de la leishmaniose tégumentaire andine cutanée pure (uta), dans la vallée du Rimac. Ces
phythormones furent isolées du latex dans leur phase flagellée (leptomonas) et cultivées
dans des milieux qui contenaient du sang humain, reproduisant ainsi la phase de Leishmanie.
Burstein démontra encore la possibilité de récupérer pendant un temps relativement
long des Leishmanies pathogènes pour l’homme et d’autres germes incorporés in
vitro au latex de ces plantes euphorbiacées, connues dans la région sous le nom de huanarpos,
prouvant ainsi que ces plantes pouvaient être des réservoirs de Leishmanies pathogènes
et d’autres microorganismes dans les zones endémiques.
La recherche sur les animaux naturellement infectés et susceptibles d’être des réservoirs
semble avoir débuté en 1924, à travers les travaux de la commission désignée par
la direction de la salubrité du ministère de la Santé afin d’étudier la région Madre de
Dios. Les Drs Pedro Weiss, H. Rojas et Alberto Guzmán Barrón 31 faisaient partie de cette
commission qui étudia 750 animaux (des singes, des rongeurs, entre autres) sans trouver
de traces d’infection. Herrer fut le premier à parler de l’infection naturelle chez des
animaux dans notre environnement; lors de ses communications dans les années 1948 46
et 1951 47 , il exposa ses recherches, réalisées depuis 1941 dans les localités de la vallée
du Rimac infectées par l’uta. Il examina des chiens, des chats, des ânes, des chevaux,
des rongeurs du genre Phyllotis et Orysomis, des renards et une sorte de marsupial
connu sous le nom de muca, et il obtint une preuve parasitologique d’infection de leishmaniose
sur 46 des 513 chiens étudiés. Il remarqua que l’incidence de l’infection conservait
un parallélisme fort avec celle de l’uta chez l’homme, observant une coexistence de
lésions chez les chiens et chez les hommes. Les animaux infectés (sauf un seul cas)

Histoire de la dermatologie au Pérou
étaient restés un temps assez court dans les localités propices à la transmission de l’uta.
Cet auteur soupçonna le renard d’être un réservoir probable étant donné sa sensibilité à
l’infection expérimentale de la leishmaniose, même si l’infection naturelle ne fut pas
prouvée, ni chez les autres animaux examinés à l’époque.
En 1950 32 , Marroquín considéra que l’homme pouvait être un réservoir de la maladie
soit dans le cas d’une infection active ou d’une convalescence, soit qu’il s’agisse d’un porteur
sain, en prenant comme base la conception de Weiss 9 : le germe peut subsister longtemps
dans la peau, la maladie se manifestant à l’occasion d’un traumatisme.
La possibilité que l’homme soit le réceptacle décisif pour expliquer l’endémie est
discutable. La possibilité que le chien qui accompagne toujours l’homme, en soit un
autre l’est tout autant. En étudiant l’épidémiologie de l’uta, Herrer dit en 1951 33 : « Il
existe des endroits inhabités et exempts de toute culture où la maladie peut toutefois
être contractée. Ce phénomène est si fréquent que les éleveurs le connaissent bien ; ils
appellent même ces endroits par des noms très expressifs tels que llagay-puquio, llagay-cueva,
llagay-pampa, c’est-à-dire sources, grottes et plaines où l’on peut attraper
la leishmaniose. Cette caractéristique est sans doute liée à la présence de quelque animal
sauvage agissant comme réservoir. »
Certains chercheurs de divers pays constatèrent la présence de Leishmanies chez plusieurs
mammifères sauvages. Au début, on considéra que la leishmaniose était une zoonose,
mais ensuite il fut prouvé que dans plusieurs cas les foyers de leishmaniose animale
n’avaient aucun rapport avec l’homme si les vecteurs n’étaient pas anthropophiles. La
transmission est souvent occasionnelle si l’homme fait irruption par accident dans un foyer
de leishmaniose animale; ceci mena Laison et Show 39 à affirmer que « l’homme devrait être
perçu comme un hôte accidentel qui ne joue aucun rôle important dans le maintien des parasites
dans la nature ».
Le bilan du traitement de la population souffrant de leishmaniose au Pérou est décourageant,
surtout pour les formes malignes cutanéo-muqueuses ; les agents thérapeutiques
dont on dispose sont insuffisants, et la situation sociale et économique des
malades est précaire. Cette pathologie touche les secteurs les plus démunis de la population,
et les lésions mutilantes et déformantes provoquent leur marginalisation sociale.
Le tartare émétique, introduit au Brésil par Viana en 1912 et employé par Julián Arce
pour la première fois au Pérou en 1915, fut l’un des premiers recours thérapeutiques
pharmacologiques utilisés pour le traitement de la leishmaniose tégumentaire. En 1916,
Escomel 48 publia ses expériences avec ce traitement. Pour les cas cutanés, il avait des résultats
favorables, mais l’action était uniquement palliative ou complètement inefficace
pour les formes cutanéo-muqueuses.
À cause de sa forte toxicité, le tartare émétique fut remplacé par d’autres antimoniaux
trivalents à l’origine (intramusculaires comme le neo-antimosan « Repodral »,
« Fuadina ») et pentavalents par la suite (« Neoestibosan » et « Solustibosan », retirés
du marché par les fabricants car ils ne convenaient pas à leurs intérêts) ; il ne resta que
le « Glucantime », utilisé de façon intramusculaire ou endoveineuse avec des résultats
curatifs dans les phases initiales ou dans les formes pures de la maladie, mais dont la réponse
était irrégulière pour les formes cutanéo-muqueuses.
L’amphotéricine B (« Fungisone ») endoveineuse, employé à l’origine (1966) au Pérou
par Zegarra Araujo 49 , procura des avantages thérapeutiques pour les formes cutanéomuqueuses
(espundia) de leishmaniose péruvienne, malgré sa néphrotoxicité prononcée.
On étudie actuellement les plantes médicinales dont faisaient usage les Péruviens pour
soigner cette maladie tenter d’en extraire, les principes actifs susceptibles d’être utiles du
point de vue thérapeutique. Ces recherches ont lieu depuis 2003 grâce à une convention
conclue entre le Pérou et le Japon. Le groupe de chercheurs, intégré par des Péruviens et
des Japonais, est dirigé pour la partie péruvienne par les Drs Fernando Cabieses (recteur
de l’université scientifique du sud, Lima) et Zuño Burstein (UNMSM), et compte sur la
353

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
354
collaboration de l’Institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión de l’UNMSM (à travers
son directeur, le Dr Abelardo Tejada, et le Dr Olga Palacios) et de la faculté de pharmacie
et de biochimie de l’UNMSM (Drs Bertha Pareja et Diana Flores).
La législation péruvienne se rapportant à la santé (décret suprême nº 007-75-TR,
26 août 1975) mentionne que la leishmaniose muco-cutanée sud-américaine (uta et espundia)
est une maladie professionnelle chez les travailleurs migrant vers les zones endémiques.
La résolution suprême nº 063-75-TR (11 septembre 1975) nomma une
commission chargée d’élaborer le règlement des conditions d’hygiène et de sécurité pour
les milieux professionnels proches des zones de leishmaniose endémiques, afin de protéger
les travailleurs. Cette commission était intégrée, entre autres, par les Drs Arístides
Herrer et Zuño Burstein, représentant l’Institut national de la santé.
La résolution suprême nº 026-76-TR (21 octobre de 1976) 50 approuva le règlement
des conditions d’hygiène et de sécurité, qui comporte cinq titres et cinquante-deux articles.
La résolution, signée par le président de la République et ratifiée par les ministres
du Travail et de la Santé, comprend des généralités, des objectifs, des obligations des entreprises,
des obligations des travailleurs, des mesures de protection collectives et individuelles
(sans négliger les campements permanents et provisionnels installés dans les
zones endémiques), des examens médicaux, le diagnostic des cas suspects, la notification,
le registre et le traitement ; ce chapitre signale d’une part que, dans tous les cas diagnostiqués
de leishmaniose, la notification obligatoire sera établie dans son registre, en
accord avec les dispositions du système national de notifications des maladies transmissibles
et, d’autre part, que les cas de leishmaniose contractée sur les lieux de travail seront
pris en charge (traitement et autres) par la sécurité sociale du Pérou, selon les
normes légales en vigueur. Finalement, des sanctions furent établies pour les entreprises
ou les employés qui ne respecteraient pas ce règlement.
LA MALADIE DE CARRIÓN (VERRUE PÉRUVIENNE)
Généralités
Daniel A. Carrión était un étudiant en médecine qui se sacrifia héroïquement en s’inoculant
volontairement le spécimen du bouton verruqueux et mourut à cause du processus
systémique en 1885. Il aida de cette manière à consolider le concept d’unité entre la
phase fébrile anémique (« fièvre d’Oroya ») et la période éruptive (« verrue péruvienne »)
de cette affection, considérée par les dualistes comme deux maladies différentes.
La maladie de Carrión, ou verrue péruvienne, est une bartonellose humaine, un processus
infectieux général, bactérien, non contagieux, produit par la Bartonella bacilliformis,
qui est transmise par un vecteur ailé (Phlebotomus verrucarum). Il s’agit d’une
maladie endémique, propre aux zones bien circonscrites de certaines régions andines du
Pérou et constatée dans quelques foyers en Équateur et en Colombie. Du point de vue clinique,
elle présente un premier stade qui peut passer inaperçu, sans aucun symptôme,
pour des causes diverses, mais fait habituellement place à la phase fébrile anémique, très
grave, entraînant la mort par anémie sévère et un tableau toxique et infectieux, anciennement
appelé « fièvre d’Oroya ». Si le patient survit à cette phase, après une période
d’une durée variable, le deuxième processus éruptif apparaît alors, caractérisé par une
poussée verruqueuse (angiomateuse) d’ampleur variée, qui provoque des lésions de taille
et de profondeur différentes et dont la localisation peut compromettre, outre la peau, les
organes internes. L’involution spontanée conduit à un état d’immunité permanente.
Le pronostic est mauvais si on respecte l’évolution spontanée de la forme sévère de la
période fébrile anémique, mais il est habituellement bon, même au moment de la grande
poussée, lors de la période éruptive. La mort pendant le premier stade se produit soit par
anémie sévère, soit par complication de salmonellose fréquente au début de la période
intermédiaire. La maladie répond favorablement aux antibiotiques antibactériens ;

Histoire de la dermatologie au Pérou
il n’existe pas de vaccin contre cette maladie. Elle représente un risque épidémique
lorsque la population non immunisée est transférée vers des régions endémiques ; en dehors
de la zone endémique le processus n’est pas propagé (figures 28, 29, 30).
Histoire
La verrue péruvienne est une maladie autochtone américaine, proprement péruvienne,
dont l’ancienneté précolombienne est discutable. Les représentations de la céramique mochica
51 , les récits des chroniqueurs des Indes et d’autres preuves font penser à Lastres 52
que la verrue exista toujours aux mêmes endroits où elle se présente aujourd’hui (géographiquement
parlant), notamment dans les torrents; l’indigène utilisait le mot quechua sirki
pour la nommer. L’intérêt scientifique de son étude fut principalement éveillé à partir de
1870, à la suite de la construction du chemin de fer reliant Lima à La Oroya à travers les
Andes. Une grave épidémie se produisit au niveau du tronçon qui traverse la zone infestée
de verrues de la vallée du Rimac; selon quelques affirmations, l’épidémie tua 7000 ouvriers
et les 100 ingénieurs britanniques et américains qui participaient à la construction.
Tous furent contaminés et la moitié mourut. Le rapport nosographique des manifestations
graves de cette épidémie, appelée « fièvre d’Oroya » avec la poussée cutanée que présentaient
les survivants (connue comme « verrue péruvienne ») fut établi progressivement; le
sacrifice héroïque de Daniel A. Carrión aida à le prouver.
La communauté scientifique mondiale s’intéressa à cette affection mystérieuse et bizarre,
qui fut étudiée exhaustivement dans ses aspects cliniques, épidémiologiques, éthiopathogéniques,
expérimentaux et thérapeutiques par plusieurs chercheurs péruviens et
étrangers. C’est ainsi qu’en 1898, Odriozola 53 publia une monographie considérée comme
l’une des meilleures contributions à l’étude clinique de la maladie. Barton 54 découvrit en
1905 le microorganisme causal. Strong 55 , qui présidait la commission de l’université de
Harvard venue au Pérou afin d’étudier l’affection, créa en 1913 le genre bartonella, utilisant
le nom Bartonella bacilliformis pour désigner le microorganisme causal découvert
par Barton. En 1913, Ch Townsend 56 découvrit le Phlebotomus verrucarum et établit qu’il
transmettait la maladie. Plusieurs chercheurs comme Maldonado A., Hertig M., Herrer A.,
Rebagliati R. et Gorbitz G. entre autres, étudièrent le panorama épidémiologique et les
mesures de contrôle de la maladie de Carrión.
Hors du Pérou, il faut mentionner Patiño Camargo, qui étudia en 1939 57 un foyer endémique
dans le département de Marino, à la frontière avec l’Équateur. Pour leur part,
Montalbán et Moral, en coordination avec Hertig, étudièrent en 1940 le foyer endémique
équatorien de la province de Loja, près de la frontière péruvienne. Après Odriozola,
d’autres chercheurs apportèrent leurs connaissances à l’étiopathogénie des manifestations
cliniques et pathologiques de cette maladie, à son évolution et à sa thérapeutique.
355
Figure 28.
Verrue péruvienne –
partie I
Figure 29.
Verrue péruvienne –
partie II
Figure 30.
Verrue péruvienne :
période éruptive

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
356
Notons les travaux d’Arce, d’Escomel, de Strong, d’Hurtado, de Monge, de Mackehenie,
de Weiss, d’Urteaga, de Gastiaburú, de Reynafarje et de tant d’autres. Après Barton et
Strong, l’étude bactériologique fut développée dans ses aspects morphologiques et culturels
par Battistini, Hercelles, Aldana et Colichón. En ce qui concerne l’ultrastructure
avec microscope électronique, citons Peters et Wiegand, Pérez Alva, Cuadra et Takano.
Les études immunologiques, comme celles menées par Calderón Howe, furent poursuivies
même de manière très sporadique (sur les aspects de l’immunité humorale et cellulaire)
à l’hôpital Dos de Mayo (Larrea et Contreras) et à l’institut de médecine tropicale
Daniel A. Carrión (A. Colichón).
Malgré les nombreuses recherches qui dévoilèrent en grande partie les aspects pratiques
de la maladie liés à la santé publique (la rendant contrôlable du point de vue épidémiologique
et thérapeutique grâce à la connaissance plus ou moins précise de son
écologie, sa distribution géographique, ses caractéristiques cliniques, son diagnostic et
son traitement étiologique, ainsi que du vecteur qui la transmet), plusieurs lacunes persistent
sur le plan scientifique ; elles ne pourront être élucidées que grâce à une recherche
persévérante. On ignore, par exemple, quel est le réservoir exact ; savoir si son
existence ou son cycle normal dans la nature nécessite la présence de l’homme dans les
zones endémiques, c’est-à-dire s’il s’agit d’une maladie humaine ou si c’est, comme dans
le cas de la leishmaniose (avec laquelle elle partage plusieurs aspects comme la répartition
géographique et les mêmes vecteurs), une zoonose ou une phytoparasitose qui passe
accidentellement à l’homme lorsque celui-ci fait irruption dans sa niche écologique, brisant
les écosystèmes et créant un effet vicariant, est un mystère.
Il n’y a pas d’animal reproduisant en laboratoire l’histoire naturelle de la maladie
comme chez l’homme, ce qui permettrait son étude intégrale sur un modèle expérimental.
On ignore pourquoi, comme infection bactérienne générale, elle ne peut pas être inoculée
à l’homme ou aux animaux de laboratoire par du sang infecté au moment le plus
virulent du germe afin d’obtenir, comme on pourrait l’espérer, la même manifestation
pathologique. On étudie encore à l’aide de la technologie actuelle le comportement immunologique
de l’hôte, mais on ne dispose pas de procédure d’immunisation active qui
protégerait la population de la contagion.
LA LÈPRE ET SON CONTRÔLE
Introduction
La lèpre n’existait pas en Amérique avant l’arrivée des conquistadors européens. Les
Espagnols apportèrent cette maladie en Amérique centrale, en Amérique du Sud et au
Mexique, ainsi que dans une partie des États-Unis. Le premier lazaret fut fondé à Saint-
Domingue en 1520 et d’autres léproseries furent établies par la suite dans toute l’Amérique
coloniale. Au Brésil, les Portugais introduisirent la maladie en 1496 ; les grands
contingents d’esclaves africains constituèrent un facteur déclenchant très important
dans l’Amérique portugaise, les Caraïbes et l’Amérique centrale. En Amérique du Nord,
outre les foyers apportés par les Espagnols, vinrent s’ajouter les foyers provenant principalement
de France, de Norvège et de Chine.
Histoire de la lèpre au Pérou
Le Dr Hugo Pesce étudia exhaustivement l’histoire de la lèpre au Pérou, sujet de sa thèse
de doctorat en 1961, sous le nom de L’épidémiologie de la lèpre au Pérou 58 . Dans ce travail
monumental qui devrait servir de source précieuse d’information pour les médecins et les
personnels sanitaires péruviens, il affirme que la lèpre se développa indépendamment dans
les trois grandes régions de notre pays (la côte, la sierra et l’Amazonie). La présence de la maladie
sur la côte est lointaine et rare, en Amazonie elle est récente et explosive, tandis que
dans la sierra elle connut un développement diffus.

Histoire de la dermatologie au Pérou
Les colons espagnols amenèrent la lèpre par la côte péruvienne, car leur pays
connaissait une endémie considérable (environ 3 000 lépreux et des douzaines de léproseries).
Il fallut donc créer une léproserie à Lima, vingt-huit ans après sa fondation ; l’hôpital
de San Lázaro fut inauguré en 1563, dans le quartier de Pescadores, sur la rive
droite du fleuve Rímac, pour soigner les lépreux pendant l’époque coloniale.
Selon Pesce, la lèpre apparut manifestement dans notre Amazonie au XX e siècle. Quant
à sa provenance, la thèse la plus ancienne associe son origine au Brésil, tandis qu’une
autre thèse revendique son origine équatorienne. La recherche de Ponce de León eut le
mérite de prouver que l’infection lépreuse de certains secteurs de la forêt haute eut lieu
avant celle des secteurs de la forêt basse, et qu’elle eut très probablement une origine
équatorienne pas très lointaine sans présenter de cas très nombreux. Pesce dit qu’« on ne
peut pas comparer le danger d’un très petit foyer de la forêt haute avec le foyer brésilien,
très effervescent en raison de la migration massive de 15 à 20000 Péruviens et de
quelques centaines de Brésiliens suite à l’essor du caoutchouc, qui dura vingt ans. »
La population de la forêt basse succomba à partir de 1910, lors de l’impact évident
des foyers brésiliens massifs. Ceci fut probablement provoqué par les conditions environnementales
diverses, et parce que l’habitant de la forêt haute était moins exposé à la
malnutrition, à l’hypoprotéinémie et aux helminthiases intestinales agressives, occasionnant
un état anémique et une baisse du niveau de l’immunité physiologique générale.
Les premiers cas de lèpre en Amazonie furent diagnostiqués entre 1901 et 1905 ; le
17 mars 1905, une résolution suprême autorisa la construction à Iquitos d’un lazaret
pour les lépreux du département de Loreto. Entre 1906 et 1907, la préfecture fit
construire un hôpital d’urgences pour les lépreux à Isla Padre, en face de la ville d’Iquitos.
Le deuxième lazaret y fut inauguré à la fin de 1917, tandis que la loi n° 5020 (28 janvier
1925) créa une léproserie à San Pablo, sur les bords de l’Amazone vers la frontière
brésilienne, qui entra en fonction le 15 mai 1926. En 1940, le gouvernement créa la supervision
de la santé de Loreto et San Martín, qui changea vite de statut et devint la supervision
du Nord-Est, à la charge de Maxime Kuczynski. Celui-ci fonda en 1941 un
dispensaire antilépreux à Iquitos et reconstruisit ensuite l’asile de San Pablo comme une
colonie agricole, parvenant à faire progresser de façon notable l’exploration des rivières
(notamment l’Ucayali) et réalisant plusieurs enquêtes léprologiques. La création du Service
national antilépreux entraîna en 1944 la fondation, quelques mois après, du service
antilépreux du Nord-Est, chargé d’inspecter la zone.
Hugo Pesce affirma que le foyer de lèpre infantile de Loreto faisait partie des foyers
les plus sévères du monde. Tous les renseignements correspondant aux formes cliniques
de la lèpre infantile dans cette zone révélèrent un processus caractérisé par l’absence de
signes immunitaires chez la population : l’endémie était assez récente, sévère et en développement.
Selon Pesce, les premiers cas de lèpre observés en Amérique du Sud parmi
la population originelle de la forêt furent rapportés par Maxime Kuczynski (tribus cambo
et cocama) et par lui-même (tribu piro). Les cas successifs furent étudiés par H. Pesce et
R. Montoya en 1953. Tous les cas constituaient des formes extrêmement malignes révélatrices
du risque grave et durable auquel s’exposerait toute la population du Nord-Est
si la lèpre pénétrait les tribus de la forêt. Ses habitants, estimés à 141 000, étaient éloignés
de toute possibilité de contrôle sanitaire.
Histoire du contrôle de la lèpre au Pérou
Hugo Pesce détecta les premiers cas de lèpre andine à Andahuaylas et fonda en
1937 le service antilépreux de Apurímac. Le 1 er janvier 1944, il créa la Campagne
nationale antilépreuse (organisme sanitaire officiellement chargé de lutter contre
cette maladie dans le pays) ; ce fut ainsi que naquit, autour de ce maître, l’école léprologique
péruvienne, la même année de la fondation du service antilépreux du
Nord-Est.
357

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
358
Cette campagne antilépreuse (appelée Service national antilépreux en 1954) avait la
structure d’un organisme unitaire, avec des directions et différents services périphériques.
La direction, appelée département de la lèpre, était chargée des fonctions de direction,
de normalisation et de contrôle, divisée en sections spécialisées. Pour leur part,
les services périphériques étaient chargés de l’exécution de la campagne dans leur juridiction.
Chaque région posséda donc son propre service antilépreux régional, qui formait
une unité fonctionnelle et avait sa propre organisation.
Cette organisation, méthodiquement planifiée et mise en route, permit un diagnostic
de la réalité léprologique péruvienne dans de courts délais, avec un bénéfice effectif pour
les patients et le pays. La division de la lèpre (ancien département de la lèpre) fut malheureusement
dissoute par le gouvernement le 14 janvier 1963 ; la structure si méticuleusement
mise en place fut démantelée et ses différents éléments intégrèrent d’autres
organismes ; à partir de 1965, les niveaux périphériques furent incorporés à d’autres
services de la santé des zones concernées.
La désarticulation et la détérioration des actions sanitaires contre la maladie de Hansen
à divers niveaux – équipes techniques et administratives centrales, équipes dirigeantes
externes, équipes de recherche et de formation de personnels entre autres –
firent que le ministre lieutenant-général FAP, M. Campódonico (à la charge de la Santé
Publique en 1977), sensibilisé par ce problème, actualisa le Programme de Contrôle de
la maladie de Hansen en considérant que le diagnostic, le traitement et la recherche en
dermato-léprologie étaient une responsabilité pluri-institutionnelle au niveau national,
suivant les conseils prodigués au cours du Séminaire Régional de Léprologie qui eut lieu
en septembre 1971 à Pucallpa. Malheureusement, les changements d’autorités et
d’autres facteurs repoussèrent longtemps l’exécution des mesures adoptées.
Entre-temps, par un effort personnel et pionnier, le Dr Víctor Noria, chargé de l’unité
de la lèpre (un organisme technique et normatif dépendant du ministère de la Santé),
était le seul à poursuivre de manière responsable le respect d’un programme, en accord
avec ses projets, ses idées et son expérience d’épidémiologiste et de léprologue clinique.
En 1980, Zuño Burstein publia un travail sur L’effondrement du programme de contrôle
de la lèpre au Pérou causé par la décentralisation et son intégration aux programmes généraux
de la santé 59 ; il y faisait une analyse détaillée de l’organisation sanitaire du
contrôle de la lèpre et concluait à l’échec des actions sanitaires de contrôle de cette affection
au Pérou. Cet échec était provoqué en grande partie par une politique de décentralisation
inadéquate, inopportune et prématurée, avec une intégration résultant de
programmes sanitaires généraux qui méconnaissaient la réalité nationale. Il y signalait
également qu’il fallait mettre en place un programme de contrôle de la maladie de Hansen
bien articulé, adéquatement financé, car il s’agissait là d’un problème sanitaire d’une
gravité particulière dans les régions endémiques, à répercussion nationale.
Suite à la disparition du Service national antilépreux en 1963 (ainsi que son département
de la lèpre), le diagnostic spécialisé du laboratoire, la préparation de la lépromine, les recherches
spéciales et la formation du personnel professionnel passèrent entre les mains du
département de la lèpre et de mycologie médicale, intégré à la structure des Instituts nationaux
de la santé, des organismes décentralisés du ministère de la Santé. Ce département
provenait du Laboratoire central de la lèpre, une partie de la section de léprologie du département
de la lèpre disparu (organisme commandé par le Service national antilépreux qui
dépendait du ministère de la Santé). Lors de la disparition du service et de son département,
le laboratoire fut intégré à l’Institut de la santé publique et conserva en théorie ses fonctions
et sa structure établies depuis 1944. Sur la base de cette structure, le ministère de la Santé
signa une convention en 1975 successivement ratifiée avec la Universidad Nacional Mayor
de San Marcos (à travers son institut de médecine tropicale Daniel A. Carrión), pour travailler
ensemble sur la recherche, le service communautaire et la formation du personnel
associés à la léprologie et d’autres affections qui font l’objet de la dermatologie sanitaire.

Histoire de la dermatologie au Pérou
Burstein affirma, dans une communication publiée en 1972 sous le titre Notre apport
au diagnostic de la lèpre au Pérou 60 , que parmi les 2 366 biopsies envoyées entre 1944
et 1971 pour le diagnostic de la lèpre au département de la lèpre et mycologie médicale
de l’institut dont il était chargé, les résultas furent répartis comme suit : 1 119 cas
(47,3 %) de lèpre lépromateuse, 619 cas (26,2 %) de lèpre indifférenciée, 233 cas (9,4 %)
de lèpre tuberculoïde et 18 cas (0,8 %) de lèpre dimorphe. Les changements histopathologiques
des patients furent étudiés à l’aide des biopsies pratiquées en série, et la concordance
entre le diagnostic clinique et la vérification histopathologique fut établie. Il
n’existe pas d’études ultérieures similaires.
En 1980, le Dr Samsaricq, chef du programme de la lèpre de l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), visita le Pérou et conseilla la formation d’une commission permanente
pour le programme de contrôle de la maladie de Hansen. Il promut, évalua et conseilla
de nouvelles actions et la création d’un comité scientifique national pour la promotion et
l’évaluation des recherches sur la maladie.
Jusqu’en 1985, la direction d’épidémiologie intégra dans son programme le contrôle
de la tuberculose et de la lèpre comme faisant partie de la direction technique de coordination
des programmes spéciaux, même si l’OMS le considéra indépendamment. En
1987, le DS n° 017-87-SA approuva seulement le programme de contrôle de la tuberculose,
celui de la lèpre restant donc détaché.
En janvier 1988, le programme national de contrôle de la maladie de Hansen fut incorporé
aux programmes spéciaux de la santé; le Dr Augusto Reátegui en fut désigné le
directeur général 61 . Le décret suprême n° 003-88SA (22 janvier 1988) établit: « En tant
que pays membre de l’Organisation mondiale de la santé, pendant la 40 e Assemblée mondiale
de la santé (15/05/1987), le Pérou s’engagea à organiser des programmes actifs visant
à éliminer la lèpre qui faisaient partie de son objectif de santé pour tous en 2000. »
Les normes et les procédures pour le contrôle de la maladie de Hansen au Pérou furent
approuvées en octobre 1988 ; leur application aux composantes techniques, administratives,
éducatives, sociales et de recherche était obligatoire sur tout le territoire
national. Le document « Doctrines, normes et procédures pour le contrôle et l’élimination
de la lèpre au Pérou » fut approuvé en 1992.
Le ministère de la Santé comptait jusqu’à l’an 2000 une structure technique et administrative
appelée direction du programme national de contrôle des maladies transmissibles,
qui comportait le programme de contrôle de la tuberculose et la lèpre, et qui
comptait sur la collaboration éventuelle d’un comité de conseil formé par des médecins
tropicalistes, des léprologues et des dermatologues.
Actuellement, la restructuration administrative du ministère de la Santé fit disparaître
les programmes nationaux spécifiques du contrôle des maladies, y compris celui
de la lèpre. Six structures administratives appelées stratégies de la santé existent à sa
place, qui intègrent la direction générale de la santé des personnes, dont l’une s’occupe
du contrôle de la tuberculose et de la lèpre.
Politique du programme de contrôle de la lèpre. Perspectives pour l’avenir
Le cadre dogmatique adopté par le Programme National de contrôle de la lèpre au
Pérou 62 en l’an 2000 est basé sur le principe que « les maladies transmissibles, dont la
lèpre, sont liées à des facteurs culturels, sociaux et économiques, à solution complexe »
et que « les programmes de contrôle sont nationaux, permanents et continus; ces programmes
tiennent compte des technologies appropriées, ils nourrissent et rendent plus
efficace leur opération à travers le monitoring et l’évaluation, et leur version actuelle intègre
leurs activités au soin général de la santé; les programmes verticaux et inefficaces,
dont l’exécution spécialisée ignorait les services de la santé, disparurent donc ».
Avec ce cadre dogmatique, le programme actuel considère que « la lutte pour le
contrôle de la lèpre s’inscrit et s’articule autour de la reconnaissance de la dignité des
359

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
personnes, de leurs droits universels et la quête de l’exaltation de leurs facultés, leur permettant
de se réaliser pleinement »; en conclusion, cette nouvelle doctrine est basée sur
une conception moderne qui encourage « le développement des principes d’équité, de
subsidiarité, d’universalité, de solidarité et d’autonomie, grâce à une intéraction dans les
domaines médical, éducatif et social ». Le programme s’appuie sur le fait que la lèpre au
Pérou peut être contrôlée et éradiquée à l’aide d’axes de gestion donnés.
La définition de l’OMS indique que la lèpre ne constitue plus un problème de santé
lorsque le taux de prévalence est inférieur à 1 cas pour 10000 habitants; toutefois cette
situation ne se présente pas dans des régions données, identifiées et stratifiées. Pour
contrôler et éradiquer cette maladie, il faudra donc renforcer le développement d’une
série d’activités basées sur la diffusion des principes suivants: la lèpre peut être guérie,
le patient peut être traité chez lui et il n’a pas besoin d’être isolé ni enfermé dans des léproseries;
si elle est diagnostiquée de façon précoce, la lèpre n’entraîne pas forcément
des difformités ni des handicaps; après avoir commencé la polichimiothérapie (PCT), le
malade lépreux n’est pas contagieux; si le patient n’est pas traité, il subira malgré un traitement
ultérieur des difformités des mains et des pieds, qui laisseront des séquelles à vie.
Épidémiologie de la lèpre au Pérou
Le comportement épidémiologique de la lèpre au Pérou se réduit aux zones endémiques,
peuplées de 3 218 109 personnes, dont 1 255 062 ont moins de 15 ans. Selon les
taux de prévalence de la lèpre en l’an 2000, et tenant compte des publications de l’OMS,
nous pouvons conclure que la lèpre au Pérou constitue un problème de santé publique,
notamment dans le département d’Ucayali, où la prévalence de la maladie dépasse le
taux de 1 pour 10 000 habitants. Cette information nous permet de donner la priorité
aux activités de contrôle de la maladie, tentant d’engager les autorités locales et l’ensemble
de la communauté, à mener des actions coordonnées qui permettront le diagnostic
et le traitement de nouveaux cas de lèpre de manière précoce, tout en prévenant
les handicaps et en diminuant effectivement l’impact social de cette maladie (figures 31,
32, 33).
Législation péruvienne pour le contrôle des MST. Histoire
des dispositions légales en vigueur
Departamentos Población Total de casos Tasa de prevalencia Casos nuevos Tasa de detección
Figure 31.
Taux de prévalence
et détection
de la lèpre
au Pérou, 2000
360
LÉGISLATION POUR LE CONTRÔLE DES MALADIES VÉ-
NÉRIENNES63, 64
La première référence officielle se trouve
dans la résolution suprême du 1er juillet 1910.
Considérant: qu’« il est un devoir pour l’État de
s’occuper de la prophylaxie des maladies vénériennes
qui, outre les dommages provoqués
chez les individus contaminés, attaquent
également les intérêts de la société et ceux de la
race », que « l’expérience universelle prouva
l’inefficacité de la réglementation policière de la
prostitution pour la prophylaxie de ces maladies
», que « l’expérience prouva également que
les mesures les plus efficaces sont dans ce sens celles concernant l’inspection et la surveillance
sanitaire des femmes publiques et des maisons de tolérance, ainsi que le traitement
médical gratuit des malades atteints d’affections vénériennes dans les
dispensaires », elle résout de charger la direction de la salubrité publique d’organiser et
de mettre en place le service sanitaire de la prostitution, ouvrant des dispensaires de salubrité
destinés aux maladies vénériennes à Lima et à Callao, puis dans toute la
endémicos 1989 x 10.000 hab. x 10.000 hab.
1. Loreto 889.471 83 0.9 29 0.3
2. Ucayali 424.410 60 1.4 14 0.3
3. Amazonas 143.981 0 0 0 0
4. Apurímac 243.852 1 0.04 0 0
5. Huánuco 776.727 2 0.02 0 0
6. San Martín 743.668 3 0.04 0 0
Lima Norte
(Hospital Nacional
Cayetano Heredia) - 15* - 0 0
Lima Sur
(Hospital de Apoyo
María Auxiliadora) - 1* - - -
Total de casos 3.218.109 165 0.5 43 0.1
* Casos procedentes de las zonas endémicas
Fuente: Programa Nacional de Control de Enfermedades Transmisibles - Control de Lepra - MINSA

République; déclarer la gratuité de l’examen
médical et du traitement effectués dans les
dispensaires; obliger la police à faire respecter
les dispositions sanitaires pour le fonctionnement
de ce service et tout ce qui concerne
le maintien de la morale et de l’ordre public.
Suivant cette disposition légale, le règlement
interne de l’assistance publique de
Lima (approuvé par la résolution suprême du
30 juin 1923) établit la section de prophylaxie
antivénérienne, obligeant à la surveillance
des femmes exposées à ce contrôle, à l’ouver-
Histoire de la dermatologie au Pérou
Años 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Total
Multi-bacilar 1.205 672 220 245 202 195 227 237 221 151 126 3.701
Pauci-bacilar 649 362 57 59 39 45 37 25 45 29 39 1.386
Total 1.854 1.034 27 304 241 240 264 262 266 180 165 5.087
C.N* - - - - 79 90 90 63 107 63 43 535
D-OMS** - - - - 17 12 10 4 6 7 6 62
** Casos nuevos.
Discapacitados según grado 1 y 2 de la OMS.
Fuente: Programa Nacional de Control de Enfermedades Transmisibles - Control de Lepra - MINSA.
ture d’un « registre de péripatéticiennes » et à la remise d’un « carnet sanitaire », les
autorisant à exercer légalement la prostitution. Y sont mentionnés le contrôle policier et
les sanctions pour la prostitution clandestine et pour les omissions au contrôle sanitaire
périodique.
Pour leur part, les forces armées établirent à travers des décrets suprêmes les
normes de prophylaxie et de contrôle des maladies vénériennes pour ses membres ; les
dispositions propres à la police et à la gendarmerie de la République furent décrétées en
avril 1923, et celles de propres à l’Armée Nationale, en novembre 1928.
Un décret suprême créa en septembre 1926 la Ligue nationale antivénérienne, une
institution de santé et de bienfaisance consacrée
à l’action et à la propagande antivénériennes.
Cette création respecta les conseils
de la I re Conférence nationale antivénérienne,
qui eut lieu du 30 août au 5 septembre 1926
à Lima. Il était conseillé au cours de cette
conférence de commencer l’éducation
sexuelle à partir de l’enseignement secondaire,
d’unifier les méthodes et les procédures
curatives, de stimuler le développement
de la spécialité vénéréologique et d’introduire
le certificat médical prénuptial. Elle
déclara aussi que, tant que les conditions sociales
qui règnent subsisteront, la réglementation
de la prostitution sera nécessaire; elle
conseilla une série de mesures de protection
pour les enfants mineurs et pour les jeunes filles abandonnées, en suggérant d’établir un
âge minimum de 18 ans pour exercer la prostitution et elle sollicita également le décompte
légal du nombre de personnes porteuses de maladies vénériennes.
La résolution suprême du 6 mars 1927 approuva les statuts de la Ligue nationale
Antivénérienne, dont le but était de recevoir et d’acheminer les orientations tracées par
la I re Conférence Nationale Antivénérienne. Cependant, elle ne fonctionnera jamais car
sa constitution fut compliquée à cause du nombre excessif de ses membres (le président
de la République, des Ministres d’Etat, les Présidents de la Cour Suprême de Justice et
des Chambres Législatives, des représentants de plusieurs institutions).
Le gouvernement intervint à nouveau en janvier 1941, en créant, à travers un décret
suprême, le Service national antivénérien qui dépendait de la Direction générale de la salubrité;
il est chargé d’exécuter les travaux de prévention et de soin médical et social liés
aux maladies vénériennes; il constitue également un organisme d’orientation et d’étude
technique des problèmes inhérents à ces maladies, étant obligé de centraliser la statistique
générale des maladies vénériennes et d’exercer la supervision ainsi que le contrôle tech-
361
Figure 32.
Cas de lèpre
notifiés au Pérou,
1990-2000
Figure 33.
Taux de prévalence
de lèpre pour
10.000 habitants au
Pérou, 1990-2000

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
362
nique des services vénéréologiques d’autres entités. La même année un autre décret suprême
déclara l’obligation de soigner pendant la période de contagion toute personne souffrant
de l’une des maladies suivantes : syphilis, blennorrhagie, chancre mou et
lymphogranulome vénérien. Les personnes ignorant ces normes seraient sévèrement sanctionnées,
et même l’intervention policière était prévue en cas de besoin; on interdit également
la vente libre de drogues, de spécialités et de médicaments destinés au traitement
des maladies vénériennes. Les obligations médicales étaient également établies.
Le contrôle actuel de l’exercice de la prostitution au Pérou est signalé dans le règlement
en vigueur des licences spéciales de police, approuvé à travers un décret suprême
en décembre 1946 ; on y établit les conditions requises pour le fonctionnement
des maisons de tolérance, des lieux de rendez-vous et des maisons closes, ainsi que
l’obligation pour les femmes exerçant la prostitution d’acquérir le certificat de bonne
santé délivré par le Service antivénérien et la licence personnelle expédiée tous les
mois par la perception. Les dirigeants de ces établissements sont obligés de faire visiter
les locaux au Service National Antivénérien une fois par semaine. La police est
chargée de faire respecter les normes et d’envoyer à l’hôpital les femmes souffrant
d’une maladie contagieuse. Des amendes prévues dans le règlement sanctionneront
les infractions à ces dispositions.
Eu égard à la réorganisation ministérielle, le Service national antivénérien disparut,
remplacé par le Département de vénéréologie qui adapte son fonctionnement pour respecter
la résolution suprême du 19 mai 1952, afin de moderniser les méthodes de la lutte
antivénérienne dans le pays ; en accord avec le principe de décentralisation administrative
des services sanitaires exécutifs périphériques, il prend essentiellement en charge la
programmation de la campagne antivénérienne. Il élabore ainsi un plan général de travail,
dont les fonctions sont les suivantes : concevoir le plan national de lutte antivénérienne
; promulguer des normes techniques pour l’exécution des campagnes
antivénériennes devant être menées par les services sanitaires locaux ; inspecter ou
contrôler le respect des programmes locaux ; constituer l’organisme de consultation pour
tous les programmes antivénériens du ministère et coordonner leur action avec les
autres départements, entités ou secteurs concernés ; élaborer un plan détaillé de campagne
nationale antivénérienne.
Le Département de vénéréologie disparut ultérieurement en tant que structure pour
être intégré comme programme à la division d’épidémiologie du ministère de la Santé,
incorporé à son tour à la direction d’éradication et de contrôle des maladies transmissibles.
C’est là que furent centralisées les fonctions de surveillance épidémiologique, de
programmation et de normalisation technique, de contrôle général et spécifique au niveau
national. Les maladies vénériennes, prises en compte dans le groupe des « maladies
d’action sanitaire », leur notification étant obligatoire dans les sept jours suivant
le diagnostic, sont soumises au système national de notification des maladies transmissibles.
Les malades atteints du sida sont soignés dans le pays depuis 1983. Les premiers patients
positifs étaient généralement des homosexuels originaires des États-Unis. Grâce à
leur condition d’Américano-péruviens, ils venaient se soigner au Pérou, où la plupart
cherchaient un meilleur traitement car ils se sentaient exclus ou discriminés aux USA.
Les spécialistes qui les soignaient les envoyèrent immédiatement chez le Dr Raúl Patrucco
Puig pour leur contrôle immunologique. Ce médecin, mort prématurément en
1987, entama les études et la compilation complète des cas.
Plus tard, les patients furent également des homosexuels péruviens qui n’avaient pas
voyagé à l’étranger mais qui avaient eu des rapports sexuels avec des touristes. Il exista
aussi des cas de contagion par transfusion sanguine. À cette époque, aucun cas ne fut
rapporté dans les provinces. Au tout début de l’épidémie, ils étaient peu nombreux à
prendre au sérieux le problème du sida au Pérou.

Histoire de la dermatologie au Pérou
La première commission désignée pour étudier l’incidence du sida dans le pays fut
nommée le 25 novembre 1985 par une résolution vice-ministérielle (005-85-SA/DVM).
Elle fut intégrée par les Drs Gottardo Agüero (coordinateur) et Raúl Patrucco, tandis que
les Drs César Delgado Sayán et Aníbal Escalante étaient les délégués du Collège médical
du Pérou.
Quelque temps après, cette commission prit contact avec le NAMRID (Institut de recherche
des maladies de la Marine des États-Unis), qui avait manifesté son intention de
mener une étude de séroprévalence d’anticorps contre le VIH sur 40 000 personnes sur
le territoire péruvien.
Le 19 février 1987, la résolution vice-ministérielle 020-87SA/DVM élargit la commission
grâce à la participation des Drs Santos Hinostroza, Eduardo Gotuzzo, Enrique
Fernández, Alejandro Padrón et Oscar Frisancho.
Le 2 avril 1987, la RS 011-87-SA créa le Programme national multisectoriel pour la
prévention et le contrôle du sida, tandis que la RS 013-87SA créa la Commission technique
de certification, qualification et registre des cas de sida (CTCCR). La résolution ministérielle
du 7 avril (238-87-SA/DM) désigna la liste des professionnels qui l’intégraient :
les Drs Raúl Patrucco (président), Eduardo Gotuzzo, Alejandro Padrón, Santos Hinostroza,
José Gálvez Brandon, Oscar Misad, Aníbal Escalante, Guillermo Contreras et Miguel
Campos.
Le 1 er juin 1987, le Dr Gottardo Agüero fut nommé directeur du programme national
multisectoriel pour la prévention et le contrôle du sida (RM 373-87-SA/DM), et le 9 juin de
la même année, il fut nommé directeur général dudit programme (RM 196-SA7P).
Eu égard à la disparition prématurée du Dr Raúl Patrucco, une résolution ministérielle
du 21 août 1987 désigna le Dr Aníbal Escalante pour le remplacer comme président
de la CTCCR ; le 10 juillet de la même année, le Dr Alberto Yuén fut désigné nouveau
membre de la commission (RVM 428-87-SA/DM).
Un avant-projet de banques du sang fut publié en décembre 1987 ; le 21 novembre
1988, le décret suprême 031-88-SA obligea à effectuer des tests de dépistage du sida,
d’hépatite B et de syphilis avant les transfusions sanguines.
Le 1 er décembre 1988 fut créé (DS 033-88-SA) le Programme spécial de contrôle du
sida (PECOS), résultat de la fusion entre le Programme national multisectoriel pour la
prévention et le contrôle du sida et la Commission technique de certification, qualification
et registre. Les directeurs dudit programme ainsi que les membres du comité technique
de consultation furent désignés par la RM 483-88-SA/DM du 27 décembre 1988.
Le PECOS a pour objectifs, entre autres, la prévention et le contrôle de la transmission
du VIH et la diminution de la morbi-mortalité associée. Il est financé par le budget
national de la République et le Plan d’urgence, comptant sur le soutien de l’OMS et des
Agences internationales du développement (AID, John Hopkins University, Population
Council), ainsi que sur celui de quelques ONG telles que Generación y Germinal, AID-
SCOM, entre autres. La responsabilité politique du PECOS revient au ministère de la
Santé ; il est intégré à l’Institut national de la santé.
Le 23 juillet 1990 fut promulguée la loi nº 25275, le dispositif de plus haut niveau associé
au sida au Pérou.
Le Programme national de contrôle des MST/sida, intégré à l’organisme central du
ministère de la Santé, fut créé ultérieurement ; ce programme se rangea en 2004 sous la
tutelle de la direction générale de la santé des personnes et constitua l’une des six stratégies
sanitaires de cette direction.
L’Union péruvienne contre les maladies sexuellement transmissibles (UPCETS en espagnol),
fondée à Lima le 14 juin 1982, filiale de l’Union latino-américaine contre les Maladies
sexuellement transmissibles (ULACETS), présidée à l’origine par le Dr Gottardo
Agüero et ensuite par le Dr Zuño Burstein, eut un rôle important de catalyseur et
d’orientation pendant les premières étapes de la prise de conscience de l’importance du
363

ELBIO FLORES-CEVALLOS, LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN
364
contrôle des MST/sida; parmi ses multiples activités, elle organisa le premier atelier sur
le sida au Pérou, comptant sur une participation multisectorielle 64 .
L’UPCETS mena ses activités en étroite collaboration avec le Collège ibéro-latino-américaine
de dermatologie, filiale Pérou (CILAD-PÉROU). ■
Le Dr Tarcila Rey Sánchez s’est chargée de la révision de ce texte.
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Époque précolombienne
NOTES SUR
L’HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
PÉRUVIENNE
LUIS VALDIVIA BLONDET
■ Époque précolombienne
Rien ne prouve que les civilisations pré-incas et incas aient connu l’écriture.
Toutefois, certaines maladies qui attaquèrent les populations de l’époque
furent représentées sur des huacos anthropomorphes appartenant aux cultures
moche, huari, lambayeque, chimú et mochica (toutes pré-incas). Ceci
mène à penser que des pathologies telles que l’uta (figure 1), la verrue péruvienne
(figure 2), l’albinisme (figure 3), la paralysie faciale (figure 4), l’éléphantiasis
(figure 5), l’hyperthyroïdisme avec leishmaniose (figure 6), la
syphilis congénitale « nez en lorgnette » (figure 7) et le bec-de-lièvre (figure 8),
entre autres, existaient déjà. Plusieurs mots quechuas (incas) sont toujours utilisés
pour nommer les différentes pathologies ; par exemple, sirki et ticti pour
la verrue péruvienne et ccara pour la pinta.
L’étude des lésions osseuses des momies de la culture paracas laisse supposer
que l’origine de la syphilis est américaine ; elle montre également que
cette culture pratiquait des trépanations et des greffes osseuses (figure 9).
Les croyances de ces peuples incluaient des concepts magico-religieux qui ne
différaient pas beaucoup des concepts européens de l’époque; ils supposaient que
la maladie était due à un châtiment divin pour leurs péchés, et ils s’en protégeaient
à l’aide de la magie ou de l’occultisme et avec un arsenal thérapeutique
bien plus vaste que celui d’Europe, au point que Philippe II, roi d’Espagne, envoya
Francisco Hernández étudier les médicaments américains. Pour sa part, Hernán
Cortés — conquistador du Mexique — avait une telle confiance dans la médecine
et les guérisseurs américains qu’il écrivit à Charles Quint pour lui demander d’éviter
la présence de médecins européens en Amérique car il les jugeait inutiles.
Le médecin indigène qui traitait l’Inca et la noblesse était le hampi camayoc
(hampi: médecine; camayoc: celui qui pratique), tandis que le camasca était le médecin
soignant le peuple.
La plupart des médicaments provenaient du règne végétal, et certains sont toujours
employés : la quinine ou cascarille (pour la fièvre et les tierces), le palissandre (pour
367
Figure 1.
Culture moche.
Huaco représentant
l’uta
Figure 2.
Culture moche.
Représentation de
la verrue péruvienne

Figure 3.
Culture moche.
Représentation d’un
albinos
Figure 4.
Culture mochica.
Représentation de
la paralyse faciale
Figure 5.
Culture lambayeque.
Poterie représentant
l’éléphantiasis
Figure 6.
Culture mochica.
Représentation
d’hyperthyroïdisme
avec leishmaniose
(uta)
Figure 7.
Culture moche.
Syphilis congénitale :
nez en lorgnette
Figure 8.
Culture moche.
Bec-de-lièvre
Figure 9.
Culture paracas.
Trépanations et
greffes osseuses
Figure 10.
Blason de
l’Universidad
Nacional Mayor
de San Marcos
LUIS VALDIVIA BLONDET
enlever les taches du visage), le faux poivrier (pour les maux de tête), la pomme de pin
et le tamarinier (purgatifs), le guayacan (anti-diarrhéique), la uchangana (abortif), le
guayruro (pour les maux de cœur), le vanargo (aphrodisiaque), l’isaña (pour réprimer
l’appétit sexuel), entre autres.
■ La La Conquête, la Vice-royauté la vice-royauté et les premières années de et la République les premières années
de la République
368
Nous connaissons les pathologies de l’époque de la conquête espagnole grâce aux
textes des chroniqueurs plutôt qu’aux personnes qui soignaient. L’éducation médicale au
cours de la vice-royauté correspondait à celle des universités médiévales ; jusqu’au
XVII e siècle, ni les sciences naturelles naissantes ni la médecine ne furent enseignées.
C’est ainsi qu’au sein de la Real y Pontificia Universidad de San Marcos, créée le 12 mai
1551 (figure 10), on étudia seulement la théologie, les arts et le droit jusqu’en 1638. Au
cours de cette année, une ordonnance royale de Philippe IV inclut l’enseignement formel
de la médecine, à travers les chaires de prime et de vêpres ; plus tard, l’enseignement fut
élargit par la chaire de Galien ou de la méthode (1691) et de la chaire d’anatomie (1711),
qui fonctionna de façon irrégulière jusqu’en 1752, lorsque le roi confirma sa création.
La pratique médicale était très limitée et s’exerçait chez les particuliers; les hôpitaux
étaient plutôt des « maisons de miséricorde ». La fonction de l’hôpital était d’aider « à la
bonne mort » chrétienne. Le soin médical était secondaire; les médecins et les chirurgiens
percevaient des salaires symboliques. Certaines restrictions s’appliquaient aux personnes
voulant faire de la médecine: il n’y avait que les « natifs sans signe d’infamie » qui pouvaient
étudier, c’est-à-dire que les métis, les mulâtres et les enfants nés d’Indiens et de
Noirs ainsi que de métis et d’Espagnols étaient exclus. À cela s’ajoutait le peu d’estime
que l’élite créole éprouvait envers les études de médecine. C’est pour ces raisons que durant
cette période, les rares médecins durent s’occuper un peu de tout. Vers la fin de la
l’époque coloniale et le début de la République oligarchique, la situation était identique,
car les idées religieuses et les obstacles sociaux freinaient le développement du corps médical;
par exemple, en 1830 à Lima, il n’y avait que vingt-quatre médecins qui exerçaient
la pratique médicale et, dix ans plus tard, il n’y en avait que deux de plus.

Jusqu’à la deuxième moitié du XX e siècle, l’enseignement de la médecine était fondamentalement
concentré à la Universidad Nacional Mayor de San Marcos et dans sa faculté
de médecine de San Fernando.
L’éducation dermatologique dans la République depuis 1856 jusqu´au présent
Les études supérieures
Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
■ L’enseignement dermatologique sous la République
de 1856 jusqu´à nos jours
Pendant la République oligarchique
(1856-1933), la Universidad Nacional
Mayor de San Marcos réorienta l’éducation
médicale sous l’influence de l’école
clinique de Paris. En 1856, le Dr Cayetano
Heredia créa la faculté de médecine dans
un local situé place Santa Ana. Le collège
de médecine de San Fernando, fondé par
Hipólito Unanue Pavón (1755-1833) et
dont le nom fut choisi en l’honneur du vice-roi Fernando de
Abascal, qui soutenait son fonctionnement, existait avant la
création de cette faculté. Le Real Colegio de Medicina y Cirugía
de San Fernando fut fondé le 18 juillet 1808 et fonctionna à côté du Real Hospital San
Andrés jusqu’à 1821 ; entre 1821 et 1856, il fut appelé Colegio Independencia. Depuis
1856, on l’appelle faculté de médecine de San Fernando (figure 11). Son emplacement
actuel fut inauguré le 6 septembre 1903 dans le périmètre du Jardin botanique, avenue
Grau (figure 12).
La faculté des sciences naturelles et de mathématiques de l’université de San Marcos
fut créée le 5 janvier 1855, son premier doyen étant le savant Antonio Raymondi. La faculté
commença ses activités en 1866 en préparant les professeurs au cycle secondaire,
étape obligatoire avant d’intégrer la faculté de médecine de San Fernando. Ceci est à
l’origine de l’incorporation d’études prémédicales au cursus des études supérieures du
médecin péruvien.
Les registres de l’université de San Marcos montrent qu’en 1887, le cursus médical
comportait un cours de dermatologie et de syphiligraphie, à la charge du Dr Julián Arce
(jusqu’en 1911), auquel succéda le Dr Belisario Sosa, remplacé à son tour par le Dr Pedro
Weiss Harvey en 1926. Le Dr Aurelio Loret de Mola — diplômé en France — occupa la
chaire de dermatologie à partir de 1937, choisit le Dr Pablo Arana comme professeur
auxiliaire et entama la modernisation de la dermatologie selon les concepts de l’époque.
En 1950, la chaire était intégrée par les Drs Aurelio Loret de Mola (professeur principal),
Arturo Salas (professeur associé) et Marcial Ayaipoma, Amaro Urrelo, Víctor Gonzáles et
Luis Flores (professeurs auxiliaires).
En 1961, suite à l’approbation de l’autonomie universitaire (l’article 34 de la loi universitaire
n° 13417 du 8 avril 1960 octroyait à la faculté de médecine des privilèges spéciaux
par rapport à la participation des étudiants à la gestion de la faculté), 497
enseignants présentèrent collectivement leur démission car ils n’étaient pas d’accord
avec la direction conjointe (enseignants et étudiants). Quelques-uns regagnèrent plus
tard la faculté de médecine ; d’autres — dont le dermatologue Dr Aurelio Loret de Mola,
alors chef de la chaire de dermatologie — s’éloignèrent définitivement de San Marcos.
Certains dermatologues qui travaillaient avec lui le suivirent. Cet épisode, connu sous le
nom de « schisme », détermina la fondation de l’université de médecine et de sciences
biologiques Cayetano Heredia, marquant le début de la prolifération d’universités et de
369
Figure 11.
Blason de la faculté
de médecine de San
Fernando de la
Universidad
Nacional Mayor de
San Marcos
Figure 12.
Façade principale
de la faculté de
médecine de San
Fernando

LUIS VALDIVIA BLONDET
370
facultés de médecine dans le pays. Il n’existait jusqu’alors que deux universités possédant
une faculté de médecine : San Marcos et l’université nationale de Trujillo ; les cours
des études prémédicales étaient dispensés uniquement dans cette dernière, les élèves
devant continuer le cursus à la faculté de médecine de San Marcos.
Le recteur de l’UNMSM désigna un conseil transitoire du gouvernement de la faculté
de médecine, et le Dr Alberto Cuba Caparó en fut désigné le doyen. Le Dr Clement Countar,
dermatologue nord-américain, fut embauché pour réorganiser le service d’enseignement
de la spécialité. Le Dr Aizic Cotlear occupa la chaire de 1962 à 1980, remplacé
par le Dr Oscar Romero Rivas jusqu’en 1993, lorsque la chaire de dermatologie devint
une partie du cours de médecine interne ; le Dr Dante Mendoza Rodríguez occupe actuellement
le poste de chef de service.
Jusqu’à la deuxième moitié du XX e siècle, le développement de la dermatologie se
concentra à l’université de San Marcos. De nouvelles universités furent créées à partir de
1960, à Lima et dans le reste du pays, plusieurs d’entre elles possédant des facultés de
médecine. En 1966, elles étaient au nombre de cinq: Universidad Nacional Mayor de San
Marcos, université péruvienne Cayetano Heredia, université nationale de Trujillo, université
nationale San Agustín de Arequipa et université nationale San Luis Gonzaga de Ica.
Actuellement, huit universités à Lima comprennent des programmes de médecine :
Universidad Nacional Mayor de San Marcos, université péruvienne Cayetano Heredia,
université Particular San Martín Porras, université nationale Federico Villareal, université
Ricardo Palma, université scientifique du Sud, université San Juan Bautista, université
Norbert Wiener.
L’université péruvienne de sciences médicales et biologiques Cayetano Heredia fut
créée par les Drs Alberto Hurtado et Aurelio Loret de Mola en 1962. Le premier en était
le recteur tandis que le second dirigeait la chaire de dermatologie.
L’université Particular San Martín de Porras fut fondée le 17 mai de la même année,
son premier recteur étant Víctor Sánchez Valer ; la faculté de médecine et d’odontologie
débuta le 6 juillet 1983. En 1984 la faculté de médecine devint indépendante, et la dermatologie
fut enseignée à l’intérieur de la médecine interne ; toutefois, elle devint un
cours indépendant en 2002, à la charge du Dr Julio Bonilla Espinoza.
L’université nationale Federico Villarreal fut fondée le 18 septembre 1965 ; sa faculté
de médecine fut créée par résolution du recteur (nº 1348) le 12 avril 1966, et par loi
(nº14692) le 18 octobre de la même année. L’Hôpital universitaire est l’hôpital Hipólito
Unanue (auparavant hôpital du thorax de Bravo Chico). Son premier doyen fut le Dr
César Reynafarje Hurtado et le premier chef de la chaire de dermatologie le Dr Juan
Manrique Ávila.
Dans le sud du pays, l’enseignement de la médecine débuta en 1827 à Arequipa, au
Colegio de la Independencia, en coordination avec l’université de San Agustín. Le premier
recteur en fut le Dr José Fernández Dávila. La faculté de médecine fonctionna avec
des hauts et des bas jusqu’à sa fermeture en 1876 ; elle fut rouverte en 1958, l’enseignement
de la dermatologie y débutant en 1960, dispensé par le Dr Marcial Ríos Flores
à l’hôpital Honorio Delgado (auparavant hôpital général). Parmi les enseignants de la
spécialité, nous citerons les Drs Víctor Delgado Fernández et Luis Suárez Eliot ; le chef
du service est actuellement le Dr Raúl Hurtado Paredes, qui mit en place la spécialisation
en dermatologie.
L’université catholique Santa María fut fondée en 1967 ; elle disposait d’une faculté de
médecine. À l’origine, le professeur de dermatologie était le Dr Marcial Ríos Flores ; ensuite
le Dr René Portugal Gallegos, le Dr Lilia Zapata Cárcamo et actuellement le Dr
Fredy Mostajo Quiroz.
Les élèves des deux universités font leur formation pratique dans les hôpitaux
Goyeneche et Honorio Delgado, tous deux appartenant à la Santé publique, ainsi qu’à
l’hôpital de la sécurité sociale.

Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
L’université San Antonio Abad del Cuzco fut créée par le pape Innocent XII le 1 er mars
1692. La faculté de médecine fut créée à son tour par le conseil exécutif le 25 août 1977
et approuvée par le conseil régional de l’université péruvienne à Arequipa le 30 août
1977. Finalement, le 2 décembre 1977, le conseil national de l’université péruvienne autorisa
son fonctionnement à partir de 1980. La dermatologie est actuellement enseignée
par le Dr Roy García Cuadros au niveau des études supérieures.
L’université nationale de Trujillo, fondée le 10 mai 1824 par Simón Bolívar et Faustino
Sánchez Carrión, fonctionne dans le nord du pays. C’est la quatrième université la
plus ancienne du Pérou, après San Marcos, San Cristóbal de Huamanga et San Antonio
Abad del Cuzco. Sa faculté de médecine fut inaugurée le 29 décembre 1957. L’enseignement
de la dermatologie débuta en 1964, l’hôpital de Belén étant le siège de la consultation
externe. Le cabinet de dermatologie à l’hôpital régional d’enseignement fut ouvert
en 1969. Les Drs Ángel Morgan Zavaleta à l’hôpital Belén et Luis Tincopa Montoya à l’hôpital
régional furent les premiers professeurs des études supérieures en dermatologie.
La spécialisation est à la charge du Dr Luis Tincopa Montoya, qui fut nommé professeur
émérite au moment de sa retraite en janvier 2000 ; actuellement, il est chargé de coordonner
le résidanat avec les médecins tuteurs Jenny Valverde López et Percy Rojas Plasencia.
L’hôpital Víctor Lazarte Echegaray de la sécurité sociale devint centre d’enseignement
en 1974. Le Dr Víctor Che León et ensuite le Dr Oscar Tincopa Wong (1982) occupèrent
le poste de dermatologue assistant jusqu’en 2003. Actuellement, le Dr Hernán
Padilla Corcuera s’occupe de la spécialité.
Quant à l’université nationale de Trujillo, la spécialisation en dermatologie débuta le
1 er juin 1991, ayant comme siège l’hôpital régional d’enseignement de Trujillo. Le résidanat,
interrompu en 2000, fut à la charge du Dr Luis Tincopa Montoya.
L’université privée Antenor Orrego fut créée le 26 juillet 1988, sa faculté de médecine
démarra ses activités en 1996. La dermatologie commença à être enseignée en 2000 par
les professeurs suivants : Oscar Tincopa Wong à l’hôpital Víctor Lazarte Echegaray de la
sécurité sociale ; Ángel Morgan Zavaleta à l’hôpital de Belén ; Hernán Padilla Corcuera à
la polyclinique Albretch de la sécurité sociale. À partir de 2003, les Drs José Azcurra
Valle (polyclinique Albretch), Hernán Padilla Corcuera (hôpital Víctor Lazarte Echegaray)
et Ángel Morgan Zavaleta (hôpital de Belén) sont les responsables de l’enseignement.
L’université César Vallejo fut fondée en 1991 ; sa faculté de médecine entama ses activités
en 2000.
Chiclayo, la capitale du département de Lambayeque, inaugura l’université Pedro
Ruiz Gallo le 17 mars 1970 ; la faculté de médecine ouvrit en 1982 et la dermatologie
commença à être enseignée en 1988. Le Dr José Ruiz Agüero, à l’hôpital national Almanzor
Aguinaga de la sécurité sociale du Pérou, fut le premier professeur du cours. Actuellement
le Dr Rosa Rodríguez Barboza est la coordinatrice du cours de dermatologie,
tandis que le Dr Enrique Arias Paredes en est le professeur auxiliaire.
L’université Particular de Chiclayo fut fondée le 31 mai 1993 et sa faculté de médecine
en 1998 ; la dermatologie y est enseignée depuis le mois de juillet 2003. Le Dr Aurora
Cárdenas Silva fut le premier professeur du cours ; actuellement, c’est le Dr Hernán
Agip Díaz qui en a la charge.
À Piura, capitale du département homonyme, fonctionne l’université nationale de
Piura, fondée le 18 août 1961. Sa faculté de médecine fut inaugurée le 28 février 1979;
la dermatologie intègre le cours de médecine interne ; son enseignement, dispensé par
les Drs Rubén Torres Correa et Asterio Albines Bernal, se fait à l’hôpital régional de la
sécurité sociale.
371

Figure 13.
Couverture du
premier programme
de dermatologie.
L’image montre
la cour principale
de la faculté de
médecine de San
Fernando
Figure 14.
Façade principale
de l’hôpital
Arzobispo Loayza
Figure 15.
Façade principale
de l’hôpital Dos
de Mayo
LUIS VALDIVIA BLONDET
372
La spécialisation en dermatologie
Dans les années 60 et 70, face au développement de la médecine, le résidanat devint
nécessaire, contrairement à ce qui se pratiquait auparavant, où la formation obtenue
après deux ans de travail dans des services hospitaliers qualifiés de la spécialité était suffisante.
C’est ainsi que se formèrent quelques-uns des pionniers de la dermatologie péruvienne,
sous la direction de professeurs nationaux ou dans des centres étrangers
(Argentine, Brésil, Espagne, France, Allemagne de l’Est et États-Unis).
Le résidanat en dermatologie de l’université de San Marcos fut créé le 4 février 1981.
Le premier comité de la spécialité fut élu le 7 avril 1981 à l’unité de spécialisation, présidé
par le Dr David Carrizales Ulloa, professeur principal. Le président actuel en est le
professeur Dr Dante Mendoza Rodríguez. D’autres programmes de résidanat en dermatologie
furent créés ultérieurement dans d’autres universités déjà mentionnées.
Le premier programme de la spécialité, toujours en vigueur (figure 13), fut établi à
l’UNMSM en 1996, constituant un grand progrès dans la structuration du plan de formation
du dermatologue dans le pays.
Les sièges hospitaliers pour l’enseignement
La vocation pédagogique des hôpitaux fut établie à partir de la création de la faculté
de médecine de l’UNMSM à Lima, en 1856; en conséquence, ils ajoutèrent l’enseignement
universitaire à leurs objectifs. C’est ainsi que naquirent les sièges hospitaliers pour l’enseignement:
il s’agit d’hôpitaux qui dispensent une instruction adéquate, aussi bien pour
les études supérieures que pour la spécialisation.
Nous mentionnerons quelques-uns des hôpitaux de Lima et de Callao, à cause de leur
histoire.
L’hôpital Arzobispo Loayza actuel (av. Alfonso Ugarte) fut inauguré le 10 décembre
1924 pour remplacer l’ancien hôpital Santa Ana, place Italia de Lima,
tout en gardant sa mission : soigner les pathologies féminines. Il fut rebaptisé hôpital
Arzobispo Loayza le 27 mars 1954 (figure 14). Son premier directeur fut le
Dr Juvenal Denegri. Les sœurs de la Charité de la congrégation Saint-Vincentde-Paul
étaient chargées de l’administration de l’hôpital ; grâce à son travail dévoué,
la mère supérieure Larrabure y Correa occupa la direction de l’école
d’infirmières de l’hôpital en 1939. Le médecin savant et grand archéologue Julio
C. Tello, décédé le 3 juin 1947, fut soigné dans cet hôpital jusqu’à ses derniers jours. Son
cœur est conservé au musée de l’hôpital, où les professionnels de la santé peuvent
contempler la relique en signe de respect.
Le Dr Guillermo Fernández Dávila M. prit en charge le service de dermatologie dans
le pavillon des maladies infecto-contagieuses et cutanées, le Dr Víctor
Gonzáles Pinillo le rejoignant jusqu’en 1937 ; le Dr Aurelio Loret de Mola occupa
ensuite le poste de chef, remplacé par Marcial Ayaipoma Vidalón, Víctor
Meth Tuesta et Aldo Ayaipoma Nicolini jusqu’à maintenant. Ce service accueille
des dermatologues éminents, parmi lesquels on distingue Aurelio Loret
de Mola et Luis Flores Cevallos, tous deux appartenant à l’école française
ayant modernisé la dermatologie péruvienne.
L’hôpital Dos de Mayo — inauguré le 28 février 1875 pour remplacer l’hôpital
San Andrés (1557-1875), destiné au soin des pathologies masculines —
possédait à une époque donnée la meilleure infrastructure de tous les hôpitaux
d’Amérique du sud (figure 15). Son premier directeur fut Juan José Moreyra ; les
sœurs de Saint-Vincent-de-Paul étaient chargées des fonctions administratives. La supérieure
sœur Elena Regnier rédigea des notes destinées au directeur où elle retraça
une partie de l’histoire de l’occupation de l’hôpital par les troupes chiliennes et son

Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
abandon ultérieur ; elle donna aussi son opinion sur le sacrifice de Daniel Alcides Carrión
(figure 16).
Cet hôpital abrita les faits principaux de l’histoire de la médecine et de la dermatologie
du Pérou pendant le XIX e siècle et la première moitié du XX e siècle ; citons comme
exemple Daniel Alcides Carrión. C’est également à cet endroit que fut instaurée la fête
de la médecine (5 octobre 1930), ainsi que l’Association médicale péruvienne Daniel Alcides
Carrión.
Rénové en 1967 avec l’appui de la fondation Kayser, il devint un hôpital général, c’està-dire
destiné aux hommes, aux femmes et aux enfants.
Le service de maladies de la peau entra en fonction en 1935 au pavillon de San Lázaro,
dirigé par le dermatologue italo-péruvien Alfieri Valdettaro et par le Dr Pablo Nagaro.
Le service fut transféré en 1942 dans un local construit pour abriter un laboratoire
clinique, situé entre la morgue et le pavillon pour enfants ; finalement (1945), le service
prit place dans ce dernier pavillon, le Dr Alfredo Parodi Bacigalupo devenant chef de service
de San Lázaro et San Camilo.
Le premier chef du département de dermatologie fut le Dr Arturo Salas Brousset, à
qui succédèrent les Drs Enrique Franciscolo Castagnino, Julio Bonilla Espinoza, Oscar
Romero Rivas, Victoria Morante Sotelo et Carlos Galarza Manyari.
L’hôpital de la police fut inauguré le 30 octobre 1942 et comptait 250 lits; le cabinet de
dermatologie, à la charge du Dr Luis García Arrese, se trouvait à l’intérieur de la clinique
des officiers. Le Dr García Arrese fut remplacé par les dermatologues suivants: Arturo
Salas Brousset, Carlos Rizo Patrón Tassara, Oswaldo Paredes Reynoso, Emilio Carranza
Cordiviola, Alberto Torero, Manuel Balaguer Rosas et Guido Paredes Llerena. Le premier
directeur de l’hôpital fut le lieutenant-colonel de la santé Juan José Mostajo Vargas.
L’hôpital ouvrier (appelé aujourd’hui hôpital Guillermo Almenara) fut inauguré le
12 août 1936, mais les activités n’y débutèrent que le 10 février 1941. Le service de dermatologie
disposait de quatorze lits ; son premier chef fut le Dr Pablo Arana Iturri, auquel
succédèrent Juan Manrique Ávila, Adrián Casafranca Lovatón, Luis Rioja Ugaz et
José Catacora Cama.
L’hôpital militaire central, inauguré le 31 décembre 1957, reçut le personnel de l’ancien
hôpital militaire San Bartolomé, où fonctionnait le service de dermatologie, syphiligraphie
et maladies infecto-contagieuses depuis 1952. Son premier chef fut le
lieutenant-colonel de la santé Luis Castro Mendivil (jusqu’en 1962). Le premier médecin
dermatologue qui y travailla fut le lieutenant-colonel de la santé Raúl Gallarday Vásquez,
formé en Argentine, qui fut chef du service de dermatologie entre 1962 et 1977. Il fut
remplacé par les Drs colonels de la santé médecin Julio Saldaña Patiño, Alejandro Rosé
Gonzáles et Leonardo Sánchez Saldaña. Le Dr David Carrizales Ulloa, de l’école
française (Paris), travailla comme médecin conseiller enseignant et il eut une
grande influence sur le développement de l’école dermatologique de l’hôpital
militaire. En 1968, le service prit le nom de département de dermatologie.
L’hôpital central d’aéronautique (force aérienne du Pérou) (figure 17) fut
inauguré le 8 juillet 1969 et comptait un service de dermatologie dirigé par le
colonel FAP médecin dermatologue Luis Cavero Ortiz ; les Drs Luis Valdivia
Blondet, Manuel Palomino Yamamoto et Rafael Gamarra y furent admis ultérieurement.
Le service de dermatologie est depuis 1984 le siège hospitalier de
l’enseignement de l’université de San Marcos. Ses chefs furent le colonel FAP
médecin dermatologue Luis Valdivia Blondet (qui atteignit le grade de général),
le colonel FAP médecin dermatologue Dr Manuel Palomino Yamamoto, le colonel
FAP médecin Rafael Gamarra Gálvez, les commandants FAP médecins Bruno Ciriani Anchorena
et Lizandro Obregón Sevillano. Ce service dermatologique fut le premier dans
l’histoire du pays à être reconnu comme médico-chirurgical par l’institution dont il faisait
partie. Il fut le modèle d’organisation moderne d’un service de dermatologie
373
Figure 16.
Daniel Alcides
Carrión García,
Héros national
Figure 17.
Hôpital Central
d’Aéronautique

LUIS VALDIVIA BLONDET
médico-chirurgical, ses installations disposant de sections de radiothérapie, de photothérapie,
d’allergologie, de microscopie, d’une salle de photographie, d’un bloc opératoire
ambulatoire et de cabinets externes.
L’hôpital national Daniel Alcides Carrión était composé du « secteur Carrión » et du
« secteur San Juan », construits par la bienfaisance publique du Callao ; le premier fut
inauguré en 1941 et le deuxième en 1968. L’unification eut lieu le 15 octobre 1971, devenant
le complexe hospitalier Daniel A. Carrión, en hommage au martyr de la médecine
péruvienne, héros national. Le Dr Wenceslao Castillo Rivadeneyra fut le premier chef du
Service de dermatologie ; il occupa ce poste jusqu’à sa retraite (1999), le Dr Zaida Gutiérrez
Ylave lui succédant.
L’hôpital central de l’Employé, de l’institut péruvien de la sécurité sociale — hôpital
Edgardo Rebagliati Martins — fut fondé le 2 novembre 1958 ; le premier chef du service
de dermatologie fut le Dr Luis Flores-Cevallos, remplacé par les Drs Pedro Navarro
Huamán, Enrique Yoshiyama Tanaka et Gadwyn Sánchez Félix.
Le centre médical naval, fondé en 1956, dispose depuis le début d’un service de dermatologie,
dirigé par José San Martín Razzeto, Humberto Costa Alfaro, Octavio Small
Arana, Hugo Condori Di Burga et Gustavo Beltrán Grados.
L’institut de la santé de l’enfant — hôpital de l’enfant — fut inauguré le 1 er novembre
1929 par Augusto B. Leguía, président de la République, sous le nom d’hôpital d’enfants
Julia Swayne de Leguía. Son premier directeur fut le Dr Carlos Krumdieck. Les cabinets
externes commencèrent à fonctionner en janvier 1930, recevant sept patients le premier
jour ; au cours du mois d’avril, les vingt premiers lits furent mis en place. Actuellement
c’est le centre de référence pour les pathologies infantiles. Son service de dermatologie
pédiatrique est à la charge du Dr Rosalía Ballona Chambergo.
L’hôpital Alberto Sabogal Sologuren fut fondé en 1942 ; il changea de nom en 1974 et
devint l’hôpital de la zone n° 1 IPSS. Un nouveau centre hospitalier fut inauguré à Bellavista
le 12 février 1982, devenant en 1991 l’hôpital régional III.
Le Dr Luis Flores-Cevallos créa en 1950 le cabinet de dermatologie qui fut transféré
quelques années plus tard (1961) au service de dermatologie de l’hôpital Edgardo Rebagliati.
Le Dr Juan Meza Balbuena y fut admis au cours de la même année, l’équipe de
travail étant intégrée comme suit : Dr Juan Meza Balbuena (médecin-chef), Dr Emma
Ávila Del Carpio, Dr Gloria Baquerizo et Dr Rogelio Pinto Salas. En 1984 l’équipe de médecins
était composée des Drs Humberto Gonzáles Garay (médecin-chef), Gloria Baquerizo,
Emma Ávila Del Carpio, Rogelio Pinto Salas, Humberto Costa Alfaro, Herbert
Tirado, Carlos Guerra Carbajal, Daniel Valverde Bejarano et José Salazar Zumarán. Le
Dr Gonzáles Garay occupa le poste de chef du service entre 1980 et 1992 (quand il partit
à la retraite), remplacé par le Dr Emma Ávila Del Carpio. En 1994, le Dr Rogelio Pinto
Salas prit en charge le poste, qu’il exerce toujours. Le résidanat en dermatologie débuta
en juin 2000, avec l’admission du Dr Ferdinando de Amat Loza.
L’hôpital María Auxiliadora fut fondé en août 1986, comptant un service de dermatologie
dirigé dès le début par le Dr César Pérez del Arca. Cet hôpital constitue depuis 1986
le siège d’enseignement de l’UNMSM pour les études supérieures, et pour la formation
de résidents en dermatologie depuis mai 2000.
■ Les sociétés scientifiques scientifiques de la spécialité de la spécialité
374
Le Collège médical du Pérou, en vertu de ses fonctions, classifia les sociétés scientifiques
comme suit : principales — représentant la spécialité dans tout le pays — et spéciales
— des filiales des sociétés scientifiques internationales — (règlement des sociétés
médico-scientifiques du Collège médical du Pérou 1999, article 7).

La Société péruvienne de dermatologie
Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
La Société péruvienne de dermatologie et de syphiligraphie fut fondée le 15 février
1951, au cours d’une séance solennelle au salon des conférences de l’hôpital Arzobispo
Loayza, présidée par le Dr Aurelio Loret de Mola et qui compta la présence des Drs Ricardo
Pazos Varela (faculté de médecine), Gilberto Morey (président de la Fédération
médicale péruvienne), Oswaldo Hercelles (vice-président de la Société de bienfaisance
publique de Lima), Guillermo Basombrío (président de la Société dermatologique d’Argentine),
Juan Machiavello (directeur de l’hôpital Arzobispo Loayza) et Víctor Eguiguren
(médecin-chef du service antivénérien). La première commission directive fut intégrée
comme suit : président, Pr. Dr Aurelio Loret de Mola ; secrétaire, Dr Amaro Urrelo ; trésorier,
Dr Marcial Ayaipoma V.; membres, Drs Pedro Weiss, Hugo Pesce, Pablo Arana et
Arturo Salas Brouset.
La société cessa ses activités pour des raisons inconnues.
Le 1 er septembre 1964, un groupe de vingt-deux médecins dermatologues réunis dans
les locaux de l’Association médicale Daniel Alcides Carrión décida de former une association
qu’ils appelèrent Société péruvienne de dermatologie ; ils en rédigèrent et souscrivirent
l’acte de fondation et nommèrent la commission organisatrice, présidée par le
Dr Aizic Cotlear.
Les membres fondateurs de la société furent Guillermo Arana Zapatero, Marcial Ayaipoma
Vidalón, Zuño Burstein Alva, Antonio Caldas Rodríguez, Elda Puertas (née Canadell),
Wenceslao Castillo Rivadeneyra, Luis Cavero Ortiz, Aizic Cotlear Dolberg, Carlos
Echegaray, Enrique Franciscolo Castagnino, Raúl Gallarday Vásquez, Rafael Gonzáles
Will, Juan Manrique Ávila, Oswaldo Paredes Reynoso, Carlos Regalado, César Rojas Miranda,
María Elena Ruiz Soto, José San Martín Razzeto, Enrique Sifuentes, Nicolás Tapia
Dueñas, Amaro Urrelo Novoa et Alfredo Yong Laos.
Deux mois plus tard, les élections désignèrent la première commission directive de la
société, présidée par le Dr Amaro Urrelo Novoa ; il fut remplacé par quatorze présidents
et leurs commissions directives respectives, qui dirigèrent la société jusqu’en 2004, la
durée du gouvernement étant à l’origine d’un an et de deux ans à partir de 1975.
Les présidents de la Société péruvienne de dermatologie furent les suivants :
1965-1966 Dr Amaro Urrelo Novoa (réélu)
1967 Dr Juan Manrique Ávila
1968-1969 Dr Aizic Cotlear Dolberg (réélu)
1970-1971 Dr Luis Flores-Cevallos (réélu)
1972-1973 Dr Wenceslao Castillo Rivadeneyra (réélu)
1974 Dr Zuño Burstein Alva
1975-1976 Dr Raúl Gallarday Vásquez
1977-1978 Dr Antonio Caldas Rodríguez
1979-1980 Dr Humberto Gonzáles Garay
1981-1982 Dr David Carrizales Ulloa
1983-1984 Dr Manuel Palomino Yamamoto
1985-1986 Dr David Carrizales Ulloa
1987-1988 Dr Luis Valdivia Blondet
1989-1990 Dr José Salazar Zumarán
1991-1992 Dr Julio Saldaña Patiño
1993-1994 Dr David Carrizales Ulloa
1995-1996 Dr Luis Valdivia Blondet
1997-1998 Dr Héctor Cáceres Ríos
1999-2000 Dr Leonardo Sánchez Saldaña
2001-2002 Dr Gadwyn Sánchez Félix
2003-2004 Dr Nicolás Tapia Dueñas
375

Figure 18.
Logo de la Société
péruvienne
de dermatologie
Figure 19.
Diplôme de
reconnaissance en
tant que société
scientifique
principale
LUIS VALDIVIA BLONDET
376
D’après certains documents, la première demande d’admission eut lieu le 17 mars
1965, faite par le Dr José Ruiz Agüero. En 2004, la société rassemble 245 associés, sans
tenir compte des membres honoraires ni des membres correspondants. Le symbole de la
société fut approuvé pendant la gestion de la première commission directive : il s’agit
d’un huaco retrato de la culture mochica (figure 18) représentant un noble atteint
d’uta, maladie propre à notre pays et profondément enracinée dans le patrimoine dermatologique
local; le modèle de diplôme permettant de devenir membre de la société
fut approuvé vers la même époque.
Le premier statut fut approuvé le 1 er octobre 1964 ; depuis, il a subi plusieurs modifications
au cours des assemblés statutaires ; la dernière modification, du 25 novembre
1996, est toujours en vigueur.
Le Collège médical du Pérou n’existait pas dans les premiers temps de la Société
péruvienne de dermatologie, et c’était la Fédération médicale péruvienne qui contrôlait
la profession médicale dans le pays, tant pour les aspects syndicaux et que pour
les aspects éthiques. La société fut acceptée comme organe de base le 19 septembre
1965, la Fédération médicale péruvienne étant toujours en vigueur comme une organisation
syndicale nationale ; c’est de là que proviennent les grands leaders de la médecine,
comme les Drs Max Cárdenas, Julio Castro Gómez et l’actuel doyen national
du Collège médical du Pérou, le Dr Isaías Peñaloza Rodríguez.
Les statuts du Collège médical du Pérou furent approuvés le 1 er juillet 1969 ; en janvier
1970, le premier conseil de direction entra en fonction. Les objectifs de cette institution
au niveau national sont aussi bien scientifiques et éthiques que déontologiques
(non syndicales) ; elle reçoit le soutien des sociétés scientifiques nationales pour exercer
ces fonctions. Grâce au respect de toutes les normes et exigences requises par le registre
d’institutions médico-scientifiques, la société fut reconnue comme telle par le Conseil national
CMP-CN-146 le 28 décembre de 1973.
De nouvelles sous-spécialités surgirent avec le temps, regroupant des médecins qui se
consacraient à l’étude d’une partie de leur spécialité de base. C’est ainsi que proliférèrent
de nouvelles sociétés qui cherchaient à avoir un rôle principal, entrant en
concurrence avec les sociétés mères et rendant difficile la supervision des activités de
la part du collège. Celui-ci nomma alors un comité pour étudier et réglementer les sociétés
scientifiques ; la SPD s’inscrivit comme société scientifique principale dans le
registre national d’institutions médico-scientifiques (folio nº 005 du registre des sociétés
médicales principales, par résolution du Conseil national nº 1680, 12 mai 1999)
(figure 19). Son rapport avec le Collège médical du Pérou fut toujours loyal et mérita
un diplôme d’honneur le 5 octobre 1988.
L’Association dermatologique sud-péruvienne fut fondée le 18 août 1972 à Arequipa
et reconnue comme une filiale de la société le 29 décembre de la même année ;
elle arrêta ultérieurement ses activités jusqu’en 1995, au moment de la formation de
la filiale sud de la Société péruvienne de dermatologie dont le siège se trouve à Arequipa.
Cette filiale, coordonnée par les dermatologues de la région sud (Arequipa,
Cuzco et Tacna), fut à l’origine présidée par le Dr Víctor Delgado Fernández.
L’idée de former la filiale nord surgit en 1979 et se concrétisa le 15 août 1987 ; elle
fut présidée par le Dr Luis Tincopa Montoya.
Les membres de la société qui se consacraient aux sous-spécialités formèrent plusieurs
délégations, en dépit de leurs intérêts personnels, comprenant que la division affaiblissait
la représentativité et la force de leur société principale. La première fut la Délégation de
dermatologie pédiatrique (1995), présidée lors de sa création par le Dr Héctor Cáceres Ríos
et actuellement par le Dr Rosalía Bayona Chambergo. La Délégation de chirurgie dermatologique
fut formée le 8 mars 1996, son premier président étant le Dr Luis Valdivia Blondet,
tandis que le Dr Lizandro Obregón Sevillano est son président actuel. L’action de cette
délégation est méritoire car elle conçut et mit en route pour la première fois au Pérou les

Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
campagnes de prévention, de diagnostic et de traitement du cancer cutané dans les zones
socialement et économiquement démunies. Son enthousiasme pour mettre en place les
cours de chirurgie dermatologique pendant la spécialisation éveilla l’intérêt pour la chaire
de dermatologie de l’université Mayor de San Marcos.
Le 28 août 2002 fut fondée la Délégation de photobiologie (premier président : Dr Luis
Valdivia Blondet ; président actuel : Dr Gustavo Beltrán Grados) ; les créations plus récentes
sont les Délégations d’enseignement, présidée par le Dr Manuel Palomino Yamamoto
; d’histopathologie cutanée, présidée par le Dr Gadwyn Sánchez Félix, et de
dermatologie gériatrique, présidée par le Dr Arturo Saettone León.
Quant aux publications, la société édite la revue Dermatología Peruana. Elle succéda
à la Revista de la Sociedad Peruana de Dermatología, dont le premier numéro parut en
juin 1967 sous la présidence du Dr Juan Manrique Ávila, et fut édité par Mme Beatriz de
Marcenaro. Sa publication s’arrêta en 1972, la revue Dermatología Peruana paraissant
en 1996 avec le volume n° 6 (figure 20) (perpétuant ainsi la numérotation de la Revista
de la Sociedad Peruana de Dermatología), sous la présidence du Dr Luis Valdivia Blondet,
qui était également l’éditeur de la publication ; le Dr Arturo Saettone León lui succéda
en 2001.
Le Boletín de la Sociedad Peruana de Dermatología, à caractère essentiellement syndical
et social, est publié périodiquement. Des livres furent également publiés, tels Infectología
y Piel [Infectiologie et peau] et Actualización en Dermatología [Actualisation
en dermatologie], des Drs Leonardo Sánchez Saldaña et Jorge Candiotti Vera (2000); Dermatosis
profesionales [Dermatoses professionnelles], du Dr Luis Valdivia Blondet ; Temas
de Enfermedades Transmisibles Sexualmente [Sujets de maladies sexuellement transmissibles],
du Dr Oscar Tincopa Wong.
En tant que société scientifique principale du pays, la Société péruvienne de dermatologie
est autorisée à effectuer des congrès nationaux et internationaux sur la spécialité.
Jusqu’à présent, dix congrès nationaux furent organisés: le I er Congrès national (1971), effectué
à l’hôpital de l’employé à Lima; le II e Congrès péruvien de dermatologie et le IV e
Congrès bolivarien de dermatologie (23-26 juillet 1979), à l’hôpital militaire central, présidé
par le Dr Juan Manrique Ávila; le III e Congrès péruvien de dermatologie, auquel assistèrent
des professeurs invités prestigieux, les Drs Arturo Tapia (Panama), Jorge Abulafia
(Argentine) et Emilio Quintanilla (Espagne), réalisé à l’hôpital militaire central (12 au
12 novembre), sous la direction du Dr David Carrizales Ulloa; le IV e Congrès péruvien de
dermatologie (1988), à l’hôpital militaire central, présidé par le Dr Luis Valdivia Blondet;
le V e Congrès péruvien de dermatologie (21-26 octobre 1990), à l’hôpital Alberto Sabogal
et présidé par le Dr José Salazar Zumarán; le VI e Congrès péruvien de dermatologie, au
Círculo Militar del Perú (8-10 novembre 1996), sous la présidence du Dr Luis Valdivia Blondet
— désormais, les congrès nationaux furent considérés comme des événements de
grande envergure; le VII e Congrès péruvien de dermatologie à Lima (24-27 septembre
1998), dirigé par le Dr Leonardo Sánchez Saldaña; le VIII e Congrès de dermatologie (du
30 août au 3 septembre 2000), réalisé à Arequipa et présidé par le Dr Héctor Cáceres Ríos;
le IX e Congrès péruvien de dermatologie, le XVII e Congrès bolivarien de dermatologie et le
I er Congrès latino-américain de photobiologie, effectués du 28 août au 1 er septembre 2002
à Lima, dirigés par le Dr Gadwyn Sánchez Félix; le X e Congrès péruvien de dermatologie,
réalisé entre le 1 er et le 5 septembre 2004, sous la présidence du Dr Nicolás Tapia Dueñas.
En 2003, la société sponsorisa le III e Congrès latino-américain de dermatologie pédiatrique,
qu’elle organisa avec la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique.
La première épreuve de force eut lieu en juillet 1971, lorsque plusieurs professeurs
de la chaire de dermatologie et membres de la société furent victimes d’un abus de
pouvoir de la part des autorités de la faculté de médecine de l’université de San Marcos
: ils ne furent pas ratifiés dans leurs postes d’enseignement, sans droit préalable à
leur défense. À ce moment-là, la société ne sut pas défendre ses associés : au cours
377
Figure 20.
Couverture de la
revue de la Société
péruvienne de
dermatologie

LUIS VALDIVIA BLONDET
d’une assemblée du conseil de direction (1971), elle déclara qu’elle n’interviendrait pas
car « ce n’était pas du ressort de la Société péruvienne de dermatologie ». Actuellement
la leçon a été retenue et la société peut s’enorgueillir d’avoir défendu plusieurs
fois avec succès ses associés et la profession, même au cours de crises politiques nationales
où les garanties individuelles étaient suspendues, avec les risques que cela implique.
Quant à l’enseignement, cette société accomplit en permanence son activité éducatrice
à travers l’organisation de cours d’actualisation, de journées et de tables rondes
s’adressant au spécialiste et au médecin généraliste. Elle s’est toujours battue pour la
création du résidanat médical scolarisé, objectif qui fut atteint le 4 février 1981. Les premiers
comités de la spécialité pour le programme de deuxième spécialisation en médecine
humaine furent désignés par une résolution rectorale nº 63772 du 7 avril 1981 ; le
comité de dermatologie était intégré par les Drs David Carrizales Ulloa (président), Víctor
Meth Tuesta, Iram La Torre Tuesta, Wenceslao Castillo Rivadeneyra et Oscar Romero
Rivas.
La SPD eut toujours une attitude positive et éthique envers les sociétés scientifiques
nationales et internationales. Elle appartient à la Fédération bolivarienne de dermatologie
depuis 1965 ; elle est fidèle à la doctrine qui émane du Collège médical du Pérou : les
sociétés scientifiques internationales n’ont aucune prééminence sur les sociétés nationales.
Le 1 er septembre 1999, le désir de disposer d’un local propre, un endroit où tous les
dermatologues puissent se réunir et travailler dans le but de promouvoir la spécialité et
non pas de la fragmenter, devint une réalité.
CILAD-Pérou
Le CILAD-Pérou est une association formée en 1964 par le délégué national du Collège
ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD), appelée de nos jours CIDERM
(Cercle dermatologique du Pérou) et qui est inscrite au registre spécial des filiales d’institutions
médicales scientifiques internationales. L’activité scientifique déployée reproduisit
celle développée par la Société péruvienne de dermatologie ; notons également
l’édition de la revue Folia Dermatológica.
■ Épilogue
378
Malgré les preuves que les pathologies cutanées étaient connues depuis l’époque
précolombienne, l’histoire moderne de la dermatologie péruvienne commence au
XIX e siècle — époque à laquelle débute la spécialité dans le monde entier. Son évolution
historique tourne autour de deux axes fondamentaux : la faculté de médecine de San
Fernando de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos et la Société péruvienne de
dermatologie. ■
Remerciements
Septembre 2005
Nous voulons remercier le Dr Nicolás Tapia Dueñas, qui nous a fourni ses photographies
de huacos pour cet ouvrage ; Julio Bonilla Espinoza, Oscar Romero Pridat et Carlos
Galarza Manyari, qui nous procurèrent les renseignements sur l’histoire de l’hôpital

Notes sur l’histoire de la dermatologie péruvienne
Dos de Mayo ; le Dr Gladys Vidarte Orrego, pour nous avoir aidés à obtenir des informations
sur l’histoire de l’hôpital Arzobispo Loayza ; le Dr Oscar Tincopa Wong, qui nous
fournit des renseignements sur l’histoire dermatologique dans le nord du Pérou ; les
Drs Víctor Delgado Fernández et Marcial Ríos Flores, pour leurs renseignements sur la
dermatologie dans le sud du Pérou ; et tous ceux qui rendirent possible la réalisation de
cet ouvrage.
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Rabi Chara M. « Del Hospital de
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Tapia Dueñas N. Dermatología y
cosmetología en el Antiguo
Perú. Lima: Schering-Plough;
2000.

La médecine précolombienne
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
À PORTO RICO
CÉSAR QUIÑONES, PABLO I. ALMODÓVAR
■ La médecine précolombienne
L’archipel des Antilles forme un arc de cercle dans la mer des Caraïbes. Il est proche
de la péninsule de la Floride (les îles Lucayes), des côtes du Venezuela (les îles de Sotavento
et Trinité), et de la péninsule du Yucatan (l’île de Cuba). Porto Rico, la plus petite
des Grandes Antilles, est située au milieu de cette chaîne d’îles.
Les scientifiques affirment que l’actuelle mer des Caraïbes était auparavant une
grande extension de terre : la Terre antillaise. Au cours des périodes jurassique et crétacée,
une série de mouvements sismiques affectèrent toute la terre. Les éruptions volcaniques
firent couler la plate-forme antillaise qui fut recouverte par la mer. Porto Rico
est située au sommet des hautes montagnes, comme les autres Grandes Antilles, tandis
que les Petites Antilles ont une origine volcanique.
La population originaire des Antilles s’établit initialement dans la partie occidentale
de Cuba depuis le Yucatan. Son développement culturel était très primitif : les habitants
n’avaient pas de maisons et ne faisaient pas de céramique ; ils ne connaissaient pas non
plus l’agriculture, mais vivaient de ce qu’ils chassaient et pêchaient. Au moment du
deuxième voyage de Christophe Colomb, les taínos peuplaient l’île de Porto Rico ;
d’après une étude de leur langage et de leur céramique, ils avaient déplacé les habitants
originaires et venaient de la vallée de l’Orénoque, au Venezuela. Leur arrivée dans les
îles de Barlovento aurait pu être favorisée par les courants maritimes qui proviennent
d’Afrique via l’océan Atlantique Sud et détournent leur route vers le nord à la hauteur
des Guyanes, notamment en été, lors de l’augmentation de l’Orénoque. Le versant caribéen
des îles est plus protégé des vents qui proviennent de l’Atlantique ; par ailleurs,
quelques-unes de ces îles sont virtuellement reliées entre elles, ce qui favoriserait la navigation
des unes vers les autres. (Rappelons que ces groupes-là ne connaissaient pas les
voiles et qu’ils se déplaçaient en canoë.)
Les taínos arrivèrent au Porto Rico vers 400 av. J.-C. Lors du débarquement de
Colomb, les habitants de l’île étaient menacés par les Indiens caraïbes, qui avaient déjà
conquis les Petites Antilles.
Pendant deux millénaires les taínos habitèrent l’île, y installant leur culture, pas aussi
avancée que celles du centre et du sud de l’Amérique mais égalant celles du nord du
continent. Ils vivaient en communauté, habitaient des maisons équipées de mobilier pour
381

CÉSAR QUIÑONES, PABLO I. ALMODÓVAR
dormir et pour cuisiner, et travaillaient la céramique, la pierre et les tissus qu’ils teignaient
de différentes couleurs. Les femmes portaient des boucles d’oreilles et des colliers
faits de petites pierres et elles coupaient leurs cheveux.
La société des taínos était divisée en trois classes : les nitaínos (chefs), les naborias
(ouvriers) et les bohiques, qui étaient médecins et prêtres. Ils croyaient en un dieu du
bien qu’ils appelaient Yukiyú, un être immortel sans origine, mais qui avait cependant
une mère appelée Alabex. Il existait aussi un dieu du mal, Juracán, qui était responsable
des orages, des tremblements de terre et des mauvaises récoltes. Ils croyaient à la vie
après la mort et offraient en conséquence une sépulture soignée pour les morts, accroupis,
les genoux à hauteur de la poitrine et la tête inclinée. Dans les tombes, ils déposaient
des pots remplis de nourriture et d’eau pour le dernier voyage.
Les bohiques étaient chargés de préparer les cérémonies religieuses et de soigner les
malades. Ils connaissaient les propriétés curatives des plantes ; ils utilisaient le mancenillier
(Hippomane mancinella) et le tua-tua (Jatrophagossyfolia) comme purgatifs, et la
noix de cajou (Anacardium occidentale) pour les maladies respiratoires. Ils connaissaient
l’art des saignées, la castration et l’immobilisation des fractures en utilisant la yagua humide
(le tissu fibreux qui entoure la partie supérieure et plus tendre du tronc du palmier).
Ils pratiquaient également des massages pour leurs traitements.
L’Indien des Antilles possédait de bonnes habitudes hygiéniques. Le matin, en se levant,
il se lavait dans la rivière ou le torrent et il peignait ensuite son corps, aidé de sa
compagne, avec du rocou (Bixa orellana), afin de se protéger des rayons du soleil et des
moustiques.
■ De De l’arrivée de Colomb de au Colomb changement de au souveraineté changement de souveraineté
382
Le 19 novembre 1493, au cours de son deuxième voyage, Dom Christophe Colomb découvrit
Porto Rico ; il y fit une escale pour s’approvisionner et repartit trois jours plus
tard, sans jamais y revenir. En 1508, Dom Juan Ponce de León entama la colonisation.
Les Espagnols traitèrent sévèrement la population ; ils se servirent des indigènes,
contraints aux travaux forcés pour exploiter les mines, construire les maisons et entreprendre
des travaux agricoles. La population, changeant ainsi ses habitudes, fut décimée.
D’autres indigènes moururent à cause d’une épidémie de vérole — maladie qui
n’existait pas en Amérique —, suivie d’une épidémie de syphilis (mal français) et d’autres
maladies provenant d’Afrique et d’Europe. Les taínos utilisèrent le gaïac (Guaiacum officinale)
pour combattre la syphilis.
Eu égard à la diminution de la population indigène, on commença à importer des esclaves
africains. Un recensement datant de 1530 dénombrait 369 Blancs, 1 148 Indiens
(plus de 30 000 à l’origine) et 1 523 Noirs africains esclaves.
Vers 1787 la population passa à 103 051 personnes, mais il ne restaient que 2 302 Indiens
de race pure, tous descendants de ceux qui étaient parvenus à se cacher des
conquérants en se réfugiant dans la partie la plus accidentée de la sierra, près du village
Maricao, dans un endroit connu sous le nom de La Indiera.
Il existe peu d’informations sur la médecine de cette époque, mais on sait que vers
1803 la variole apparut une nouvelle fois dans le pays ; elle fut traitée par le Dr Francisco
Oller : il réussit à contenir l’épidémie en utilisant la vaccinia. Ce ne fut pas le cas
lors de l’épidémie de choléra de 1855 : on estime que près de 30 000 personnes — dont
10 000 esclaves — sont mortes de ce fléau.
Les médecins, peu nombreux, étaient affectés aux secteurs militaires. La population
n’accédait pas facilement aux soins hospitaliers et seule la bourgeoisie pouvait bénéficier
des soins des médecins.

Le 10 décembre 1898 fut signé le traité de Paris, mettant fin à la guerre hispano-américaine
et concluant ainsi quatre siècles pendant lesquels ni la santé ni l’éducation ne furent
traitées de façon appropriée dans l’île.
La dermatologie académique
Histoire de la dermatologie à Porto Rico
■ La dermatologie académique
La dermatologie du Porto Rico bénéficia des écoles de pensée espagnole, nord-américaine
(avec des influences française, allemande et anglaise), mexicaine, de plusieurs pays
sud-américains et bien entendu des autres îles des Caraïbes grâce aux progrès de la
communication, à la facilité pour se déplacer et à notre situation géographique.
Le Dr Arturo L. Carrión (figure 1) fut le père de la dermatologie portoricaine.
Après ses études de médecine (1919) à l’université de La Havane, il poursuivit des
études spécialisées en dermatologie au Skin and Cancer Hospital de New York, après
quoi il rentra dans son pays. Il dirigea entre 1923 et 1931 le Service de prévention
des fléaux. À partir de 1926 il se consacra à la recherche et à l’enseignement à
l’École de médecine tropicale, qui était alors sous l’égide de l’université de Columbia
(États-Unis). Le Dr Carrión, mondialement considéré comme une autorité dans
le domaine, consacra sa vie à l’étude des champignons.
En 1936, le Dr Alfredo L. Bou mit en route la première consultation privée exclusivement
consacrée aux patients dermatologiques. Par ailleurs, en 1941 le Dr Elí Rojas
retourna à Porto Rico après une spécialisation à l’université de Pennsylvanie.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un groupe d’excellents dermatologues arriva
au pays; le Dr Honorato Estella Entralgo, médecin espagnol qui s’installa à Porto
Rico en 1943 et qui fut chargé de la léproserie insulaire jusqu’à sa mort en 1965, les précéda.
Le Dr Luis Maduro fut le premier à s’établir à Ponce, rompant ainsi avec la tendance
qu’avaient d’autres spécialistes à ne s’installer que dans la capitale, San Juan. Le
Dr Héctor Torres, qui était maître d’école et pharmacien, fut un dermatologue notable;
il étudia plus tard la médecine, se spécialisant en dermatologie, pour suivre finalement
des études de droit. Les Drs Víctor Montilla et Jesús
Quiñones s’établirent pour leur part à Porto Rico après
avoir étudié aux États-Unis.
Pendant l’après-guerre, le Dr Víctor M. Rivera arriva
au pays pour travailler en tant que consultant à l’hôpital
des vétérans; le Dr Rivera était diplômé de l’université
de Loyola (La Nouvelle-Orléans, Louisiane), avec
une spécialité en dermatologie acquise au Skin and Cancer
Hospital. Lors de la fondation de l’école de médecine
de l’université de Porto Rico (figure 2), en 1950, le Dr Rivera
fut nommé directeur de la section de dermatologie
du département de médecine interne, poste qu’il occupa
jusqu’à 1965. Les Drs José Correa, Jesús Quiñones et
Honorato Estella Entralgo intégrèrent également cette
faculté.
Le Dr Emilio Trilla — considéré comme le premier chirurgien
dermatologique — et le Dr Francisco Barnés, tous deux spécialisés en dermatologie,
arrivèrent des États-Unis dans les années 50. Le Dr Lawrence Fleisher arriva quant à
lui à Porto Rico en travaillant pour l’armée nord-américaine; son activité au laboratoire de
recherche sur les maladies tropicales l’incita à étudier la médecine et il reçut son diplôme
dans notre école en 1956. Il retourna aux États-Unis pour suivre sa spécialisation et, de
retour à Porto Rico en 1960, il rejoignit le département de dermatologie auquel il apporta
beaucoup jusqu’au moment de sa retraite (2002).
383
Figure 1.
Dr Arturo L. Carrión
Figure 2.
Ecolede médecine
de l’université
de Porto Rico

CÉSAR QUIÑONES, PABLO I. ALMODÓVAR
384
Liste des dermatologues diplômés. Programme de dermatologie. Université de Porto Rico
1969 Ramón Piñeiro, Eduardo Hernández, Luis G. Ortiz
1970 Jorge L. Sánchez, Gloria de la Vega, Rafael E. Martín
1971 Hiram Ruiz Arroyo, Juan A. Mújica, Ana L. Colón
1972 Edil González, Francille Escalona, Ernesto González
1973 David Latoni, Neville Pereyo, Rubén Vallejo
1974 Pedro Carranza, Angel L. Rivera, Héctor A. Hernández Álvarez
1975 Cándido Torres, Juan López Berrios, Nilda Villavicencio
1976 Ana J. Díaz, Reinaldo Rosario, Jerry C. Charneco
1977 Aníbal Rivera, Félix Graulau, Magaly Peña
1978 María A. Padilla, Pablo I. Almodóvar
1979 Miguel Vázquez, José R. González, Armando J. Guardiola
1980 José Méndez Coll, Roberto E. Alfonso, Roberto Dávila de Pedro
1981 Francisco Ramos Caro, José A. Hernández, Isabel M. Banuchi
1982 María L. Betancourt, María I. Martínez
1983 Luz D. Figueroa, Edgardo Rodríguez, Roberto Palacio
1984 Maritza Pérez, Julio Hernández, Antonio Riutort
1985 Héctor Maldonado, Coty Benmaman
1986 María Ibáñez, Blas A. Reyes, Félix Rodríguez
1987 Sheila M. Torres, Carmen L. Cruz, Oliva Benmaman
1988 Alma Cruz, Francis Caban
1989 Aída Lugo Somolinos, Aída L. Quintero, Jaime Villa
1990 Luis J. Ortiz, Scott Ross, David G. Latoni Maldonado
1991 María Pico, Gerardo Lugo
1992 Rafael F. Martín García, Elba Rubianes
1993 Kevin Chun, Rubén Vallejo Rivera, Loyda Torres
1994 Jorge E. Torres, Carmen M. San Miguel
1995 Rocío Mandry, Doris N. Molina
1996 Norma Alonso, Isaac Pérez, Francisco Colón
1997 Adelle T. Quintana, Lizette Chabrier
1998 Hiram A. Ruiz Santiago, Ricardo J. Rodríguez, Virnalisis González
1999 Pedro J. Vendrell, Damaris Torres
2000 José A. Rabelo, Nedil Aldarondo
2001 Nydia del R. Camacho, Áurea Delgado
2002 Lymarie I. Águila, Lillian Montalvo
2003 Aivlys Pérez
2004 Christine Muñoz, Alexander Lugo-Janer, Julio E. Sánchez
Le Dr Víctor M. Torres est une autre figure clé dans l’histoire de la dermatologie académique.
Il étudia la médecine à l’université de Columbia (New York), où il fut diplômé
en 1951; il s’y spécialisa en dermatologie entre 1954 et 1957. En 1964 il s’exerça à la
dermato-pathologie au Columbia-Presbyterian Medical Center; de retour à Porto Rico
une année plus tard, il prit en charge la direction de la section dermatologique du département
de médecine et il se consacra à établir un programme de formation à partir
de 1966. Les Drs Ramón Piñeiro, Eduardo Hernández et Luis Guillermo Ortiz furent les
premiers diplômés (1969); Gloria de la Vega, membre du deuxième groupe de diplômés
du programme de dermatologie, fut la première femme dermatologue.
Le nombre de Portoricains qui allaient se spécialiser aux États-Unis diminua en raison
de la possibilité de se former à Porto Rico; environ quatre-vingt-dix dermatologues
firent jusqu’à présent leur formation au sein de notre institution.
Les Drs Armando Silva, Pedro Lázaro, Héctor Hernández López, Héctor Cardona et
César A. Quiñones (qui avait passé une maîtrise en physiologie de la peau), commencèrent
à exercer la spécialité dans les années 60; Rafael Pasarell, Raúl Morales, María del
P. Millán, Aurea Ramírez et Fernando Calero, qui avaient poursuivi leur formation à
l’étranger, leur succédèrent au cours des années 70.
Le Dr Jorge L. Sánchez se spécialisa en dermato-pathologie en compagnie du Dr Bernard
Ackerman à l’université de New York après avoir effectué son résidanat au sein de notre programme
en 1970; en 1973 il fut nommé chef de la section de dermatologie qui devint, sept
ans plus tard et grâce à ses efforts, le département de dermatologie. Le Dr Sánchez fut également
nommé directeur exécutif de l’hôpital universitaire pour adultes, recteur du département
des sciences médicales et président intérimaire de l’université de Porto Rico.

Le Dr Néstor P. Sánchez revint à Porto Rico en 1981 et le Dr Rafael Vélez Torres en
1985; celui-ci fut le dernier dermatologue portoricain spécialisé aux États-Unis. Le Dr
Oteyza (Cuba) et le Dr Porres (Espagne) s’installèrent temporairement à Porto Rico, mais
ils partirent plus tard vers les États-Unis.
Au début de l’année 2005, le Dr Néstor P. Sánchez, dermatologue et dermato-pathologiste,
fut nommé chef du département de dermatologie. Les Drs Néstor P. Sánchez, Jorge
L. Sánchez, Pablo I. Almodóvar, Miguel Vázquez Botet, José R. González, Luz D. Figueroa,
Aida Lugo-Somolinos, Aivlys Pérez, Rafael F. Martín, Francisco Colón, Hiram Ruiz Santiago,
Alma Cruz et Hiram Ruiz Arroyo travaillent actuellement à la faculté.
Les postes vacants du résidanat étant très sollicités, nous eûmes la possibilité de choisir
d’excellents candidats, dont beaucoup de diplômés dans d’autres spécialités telles que
la pédiatrie, la médecine familiale, la médecine interne et l’anesthésie. Nous accueillons
actuellement des dermatologues ayant étudié une sous-spécialité telles que la photothérapie,
l’immunodermatologie, la dermato-pathologie, la dermatologie pédiatrique, la chirurgie
cosmétique, la chirurgie de Mohs et le traitement au laser. Notre spécialité a ainsi
une place éminente dans la médecine et une place d’honneur dans le domaine de la santé
à Porto Rico et à l’étranger.
Au total soixante-cinq dermatologues, dont plus d’un tiers sont des femmes, exercent
actuellement de manière active la spécialité dans l’île. Il existe environ 1 dermatologue
pour 60000 habitants, et les services sont distribués dans toutes les régions de l’île.
La recherche scientifique
La recherche scientifique débuta avec le Dr Arturo Carrión qui publia près de 200 articles
dans sa vie. Bien d’autres spécialistes auteurs de plusieurs travaux de recherche
publiés au niveau international le suivirent.
Le département de dermatologie stimula largement la recherche et la production de
travaux scientifiques; entre cinq et dix travaux scientifiques sont publiés tous les ans
dans les principales revues dermatologiques du monde.
La lèpre à Porto Rico
Histoire de la dermatologie à Porto Rico
■ La recherche scientifique
■ La lèpre à Porto Rico
Nous avons très peu d’informations sur les maladies et les épidémies qui
sévirent durant les quatre siècles de la domination espagnole. L’envoyé de
Porto Rico auprès des cours espagnoles lutta en vain afin d’ouvrir une léproserie
pour les nombreux patients insulaires atteints de la maladie (figure
3). On croit que l’arrivée des esclaves africains fut à l’origine de
l’introduction de la lèpre; son existence fut constatée grâce aux documents
d’achat et de vente où il était stipulé que l’acheteur récupérerait son argent
si l’esclave venait à contracter la maladie.
Le changement de souveraineté eut lieu en 1898, suscitant la première tentative d’isoler
les patients atteints de la lèpre dans une auberge construite à l’arrière de la prison de
San Juan. La première léproserie fut bâtie en 1902 sur l’île de Cabras, un îlot situé en face
du port de San Juan; l’endroit, isolé par la mer, avait servi pendant plusieurs années de
lieu de quarantaine. En 1926 les patients furent transférés dans un lieu plus proche de la
ville de San Juan afin d’encourager les traitements.
La léproserie insulaire servit à mettre à l’écart les patients au cours de leur pré-traitement.
Entre 1943 et 1965, le Dr Honorato Estella dirigea l’institution et réussit à faire
passer une législation visant à modérer les lois puisqu’il existait déjà un traitement
effectif.
385
Figure 3.
Ruines de la léproserie

CÉSAR QUIÑONES, PABLO I. ALMODÓVAR
En 1966, la section de dermatologie du département de médecine de l’école de médecine
prit en charge la direction de la léproserie, qui changea de nom et devint centre
dermatologique; le centre prolongea ses activités jusqu’en 1977, année de sa fermeture
(et de celle des autres léproseries) : ce type d’établissement devenant superflu en raison
de l’avènement des nouvelles thérapies multiples. En 1984, la clinique de dermatologie
tropicale fut construite; depuis, les patients atteints de la lèpre sont traités et suivis dans
les cliniques du département de dermatologie. Le Dr Pablo I. Almodóvar fut le premier
médecin et le directeur de ce département dépendant du programme de lutte contre la
lèpre financé par l’US Public Health Service pendant les vingt dernières années.
■ Associations de dermatologues de dermatologues
La première association de dermatologues fut constituée avec la formation de la section
de dermatologie de l’Association médicale de Porto Rico, au début des années 50. Cette section
regroupa pendant deux décennies la plupart des dermatologues exerçant leur spécialité
dans l’île. En 1971, une nouvelle organisation fut créée : la Société dermatologique de Porto
Rico. Cette entité, indépendante de la section de dermatologie, devint progressivement le plus
grand groupe de dermatologues. Depuis 1971, la société organise chaque été une convention
à laquelle assistent presque tous les dermatologues du pays et plusieurs résidents qui habitent
aux États-Unis; elle organise aussi une mini-convention au mois de novembre. C’est ainsi
que les dermatologues en activité obtiennent les qualifications dont ils ont besoin pour mettre
à jour leur certification tous les trois ans. L’excellence scientifique et sociale caractérisent ces
activités; elles accueillent des conférenciers invités provenant des États-Unis, d’Europe,
d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Le succès de la Société dermatologique
de Porto Rico est dû en grande partie à l’engagement du département de dermatologie
de l’école de médecine dans la partie académique et scientifique des conventions.
La plupart des dermatologues sont membres de l’Académie américaine de dermatologie
et nombre d’entre eux assistent à ses réunions annuelles. Les autres dermatologues
font partie des différentes sociétés professionnelles : le Collège ibéro-latino-américain de
dermatologie (CILAD), l’Association de professeurs de dermatologie et d’autres groupes
de dermato-pathologie, de cosmétologie, de chirurgie cosmétique, de chirurgie de Mohs
et de dermatologie pédiatrique.
■ Communication
Dans les années 1977-1979, le Dr César A. Quiñones publia une lettre portant le titre
News from... distribuée aux dermatologues et aux médecins intéressés par notre spécialité.
La lettre incluait des commentaires sur les dernières nouvelles de la spécialité, des échanges
d’information et des comparatifs du coût des médicaments entre autres. Suivant les progrès
technologiques, le Dr Quiñones créa en août 2000 un site internet () qui dura
jusqu’en 2004, date de création du site Internet officiel , lancé par la
Société dermatologique de Porto Rico sous la direction du Dr José Rabelo.
Le 18 e Congrès du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD), qui eut lieu
en août 1995, fut l’événement le plus significatif de la courte histoire de la dermatologie à
Porto Rico : environ 1000 dermatologues y assistèrent; au cours d’échanges scientifiques et
conviviaux mémorables, ils en profitèrent également pour visiter le pays. La première
convention de la Société latino-américaine de dermato-pathologie, association formée à
Porto Alegre (Brésil) en 1994, se tint au cours de ce congrès du CILAD. ■
Janvier 2005

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE EN
RÉPUBLIQUE
DOMINICAINE
ÎLE DE SAINT-DOMINGUE: LÀ OÙ TOUT COMMENÇA
L’île de Saint-Domingue fut le berceau de la dermatologie en Amérique. Les premières
colonies européennes s’installèrent sur la terre la plus aimée de Christophe Colomb. En
conséquence, ce fut là que l’histoire de la médecine et de la dermatologie post-coloniales
commença.
La dermatologie précolombienne
MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
■ La dermatologie précolombienne
Au moment de la Découverte, plusieurs races indigènes habitaient l’île, avec une prédominance
des Arahuacos (taínos) et des Siboneyes, qui vivaient une période de développement
correspondant au néolithique précoce 1 . Les différentes chroniques
européennes décrivent les indigènes comme une population saine et d’une rare beauté;
elles mentionnent la qualité et la beauté de leur peau et l’éclat de leur chevelure 2 .
Les indigènes avaient un rapport animiste avec la médecine; ils ne concevaient pas la
maladie comme quelque chose de naturel mais de surnaturel, le bohutí 3 exécutant alors
la médecine à l’aide de pratiques magiques. À son tour, il invoquait les zemíes pour qu’ils
collaborent avec lui.
Les pathologies dominantes sur l’île étaient caractéristiques des climats tropicaux,
accompagnées d’autres maladies à distribution universelle. Dans son Historia General de
las Indias [Histoire générale des Indes], le frère Bartolomé de Las Casas parle de maladies
inconnues des colons espagnols, qui tombèrent malades peu après leur arrivée. Il
mentionne la bouba, l’ulcère phagédénique ou rámpano ou ulcère tropical 2 ; le paludisme,
qui provoqua la première épidémie connue dans le Nouveau Monde; la nigua, mal
qui attaquait les Européens des plantations; les mycoses tropicales, la gusarola, l’éléphantiasis,
l’ankylostomiase, la tuberculose, la fièvre jaune et la syphilis, l’origine de ces
deux dernières étant très discutée 3 . La malnutrition, le rachitisme, l’asthme, la fièvre typhoïde
et la dysenterie étaient des maladies habituelles 4 . Pour leur part, les Espagnols
387

Figure 1.
Cathédrale
primatiale
d’Amérique et
monument dedié à
Christophe Colomb.
Première
cathédrale
construite dans le
Nouveau Monde,
où reposèrent une
fois les dépouilles
mortelles de
l’amiral Colomb
Figure 2.
Ruines de l’hôpital
San Nicolas
de Bari. Premier
hôpital du Nouveau
Monde, construit
en 1509
MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
apportèrent la lèpre, la variole — qui décima la population
indigène —, la blennorragie et les fièvres éruptives.
La médecine indigène était empirique, traditionnelle, secrète et
transmise oralement. L’information dont on dispose n’est pas abondante
en raison du manque de registres écrits par cette civilisation, à
part les documents rédigés par les Européens.
La flore existant sur l’île était rare, mais les habitants savaient la
mettre à profit. Lors de la cérémonie de la Cohoba (où ils employaient
le D. stramonium), le bohutí ou sorcier pouvait induire un état de torpeur
à son patient. L’encens ou l’aspiration de tabac, employée aussi
occasionnellement par les Espagnols pour l’effet de stupeur et le soulagement
de la douleur causée par des ulcères qu’elle provoquait,
constituaient d’autres pratiques habituelles 5-8 .
Parmi les premières pathologies cutanées enregistrées, outre la
bouba — une douloureuse lésion ulcérative —, notons les lésions appelées
caracol, qui pourraient bien correspondre, selon les récits, aux
teignes ou aux dermatophytoses du corps 5 . La bouba était traitée
avec une infusion de guayacán ou palo santo; les jambes souffrant de
troubles circulatoires étaient immergées dans une infusion de fruit de
jobo qui les rafraîchissait et les raffermissait en même temps; les
fruits de la camomille étaient utilisés pour les attaques aiguës de la
goutte (Colomb en fit lui-même l’expérience) 7 .
Ils appliquaient du yagrumo ou yoruba sur les blessures sous
forme de cataplasmes; ils suçaient des nodules, des excroissances et des humeurs. Parmi
les autres substances employées: la bija (ajiaco ou safran), appliquée comme onguent
huileux, dont ils se servaient pour peindre leurs corps (en guise d’ornementation), pour
faire fuir les moustiques; les feuilles de guao, outre le fait de constituer un puissant
venin, étaient utilisées pour blanchir la peau du visage, tandis que le baume était employé
comme hémostatique pour les blessures et les ulcères. Pour combattre le paludisme,
ils connaissaient l’emploi d’une plante dérivée de la quinquina qui s’utilise encore
dans certaines régions des montagnes de notre cordillère centrale 8, 9 .
■ La La dermatologie de la coloniede
la Colonie
388
La population indigène diminua rapidement à cause des fléaux et de l’esclavage; il en
fut de même pour les Espagnols, mais en moindre quantité, car ils étaient attaqués de
maux qui leur étaient inconnus, comme la première épidémie de paludisme que même
l’amiral Colomb subit, attaqué trois fois par ce mal 2-4 .
La colonie La Isabela fut construite en 1493 dans la province actuelle de Puerto Plata,
au nord de l’île; elle comportait les premières constructions coloniales du Nouveau
Monde: un fort, une église, des chemins, un conseil municipal et un hôpital. Le grand
maître Juan, un chirurgien non médecin, en avait la charge. Le premier médecin envoyé
par les rois catholiques, le Dr Diego Alvarez Chanca 10 , y travailla après son arrivée avec
le deuxième voyage de Colomb et soigna la première épidémie de paludisme; il diagnostiqua
aussi des ulcères éventuels chez le cacique Guacanagarix, qui correspondaient à ce
que nous appellerions une dermatose factice 2, 4 .
La première épidémie de fièvre jaune fut enregistrée en 1495 11 ; déjà depuis 1494, les
épidémies de variole attaquaient la population indigène, c’est pourquoi il ne restait, selon
l’historien Ulloa Cisneros, que 15 000 indigènes sur l’île en 1518 2 .
La fondation de la ville de Saint-Domingue eut lieu en 1502, et par là la construction
de la première cathédrale (figure 1) et du premier hôpital, San Nicolás de Bari, qui

possédait une vingtaine de lits et une léproserie et qui
« puait la bouba 2, 3 » (figure 2). Ultérieurement fut créé
l’hôpital San Lázaro (1511), la première léproserie du
Nouveau Monde (figures 3 et 4).
Le premier chirurgien, le grand maître Alonso, arriva
en 1500; la première autopsie du Nouveau Monde
eut lieu en 1533 sur des jumelles siamoises, pratiquée
par le chirurgien Juan Camacho, qui mit notamment
l’accent sur la peau au cours de sa description 4 .
Le premier Protomedicato s’installa en Amérique en
1519, régulant l’exercice de la médecine; la bulle Apostolatus
Culmine de 1562 créa la première université du
Nouveau Monde, Santo Tomás de Aquino, appelée de nos jours
université autonome de Santo Domingo (UASD). Le premier asile
pour enfants fut inauguré en 1582; selon les récits du Dr Pedro
López, il fut fréquemment attaqué par des épidémies de gale et
d’éruptions cutanées 2 .
Les esclaves originaires de différents points d’Afrique apportèrent
de nouvelles maladies; d’après les chroniqueurs, on observa
alors à l’époque les affections suivantes sur l’île: filariose, gusarolas,
variole, lèpre, dysenterie, fièvre jaune, gale, bouba, chancres,
plaies et ulcères variqueux.
Au cours du XVIII e siècle quelques maladies cutanées comme la
filariose, le pian, la blennorrhagie, les varioles noires, la rougeole,
la gusarola, la verola (pinta), les niguas, les ulcères et plusieurs types de chancres, furent
décrites 9, 11, 12 .
La bouba fut l’une des premières pathologies décrites sur l’île. Damier Chevalier décrivit
en 1730 des lésions de la peau qui pourraient correspondre à la lèpre, en affirmant:
« Elles sont la conséquence de la variole (syphilis) »; il publia en 1747 un traité sur les
affections de l’île dans lequel il signalait que la lèpre était une pathologie commune chez
la population noire et blanche, la considérant comme une syphilis modifiée 2, 12 .
La médecine des esclaves noirs, tout comme celle des indigènes, était animiste et empirique,
basée sur l’utilisation de cataplasmes et de jus et accompagnée de rites magiques
interprétés par le bokor 12 .
En 1804, Emmanuel Chopitre — un médecin français installé dans la partie française
de l’Hispaniola — réalisa l’une des premières descriptions de la lèpre en Amérique, la
considérant également comme une forme de syphilis. Cet auteur décrivit à Paris ce que
nous connaissons aujourd’hui comme faciès léonin, ainsi que quelques séquelles de la
maladie; il décrivit aussi le pian ou bouba sous trois formes cliniques (forme à petits
pians, pians rouges et grands pians) 12, 13 .
Un autre médecin français, Charlevoix, définit la lèpre comme une pathologie non
propre à ces terres mais provenant d’Europe, fréquente dans les villes et rare dans les
campagnes 13 .
La dermatologie au temps de la République
Histoire de la dermatologie en République dominicaine
■ La dermatologie au temps de la République
Depuis 1845, les patients lépreux devaient être enfermés à l’hôpital San Nicolás de
Bari. La première association médicale fut fondée en 1881; pendant ce temps, les médecins
étaient toujours généralistes ou chirurgiens. Les spécialisations n’existaient pas
encore; elles commencèrent à apparaître seulement en 1852, après l’ouverture de deux
écoles de médecine, à Saint-Domingue et à Santiago 14 .
389
Figure 3.
Ancien hôpital
San Lazaro.
Dessin de la
première
léproserie
d’Amérique
Figure 4.
Ancien hôpital
San Lazaro.
Etat actuel
de la première
léproserie du
Nouveau
Monde

Figure 5.
Dr Felipe Pimentel
Imbert. Considéré
comme le premier
dermatologue
dominicain, il fut
également le
premier mycologue
et le premier
président de la
Société
dominicaine de
dermatologie,
en 1949
Figure 6.
Le Dr Huberto
Bogaert Díaz
(2000) dirige une
séance clinique de
l’IDCP (direction
IDCP-DHBD)
MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
La dermatologie au XXe ■ La dermatologie siècleau
X X e siècle
390
Vers 1904, l’idée surgit de construire un lazaret dans la petite île de Catalina, dans le
sud-est du pays; cependant le projet fut laissé de côté et les travaux débutèrent à Nigua,
au sud-ouest de la ville. La construction finit en 1911 15 , le Dr Fernando Arturo Defilló (le
premier léprologue de notre pays) occupant le poste de directeur entre 1912 et 1926 16 .
Le Dr José Antonio Miniño Bhäer dirigea la léproserie en 1928 17 ; le centre est actuellement
dirigé par le Dr Mario Fernández.
Evangelina Rodríguez, la première Dominicaine médecin, obtint son diplôme en
France et travailla à partir de 1912 en gynéco-obstétrique et urologie. Elle traita les maladies
sexuellement transmissibles (MST) chez des prostitués de sa ville natale, San
Pedro de Macorís, en faisant les premières descriptions systématiques de ces pathologies.
Le Dr Guillermo Herrera, brillant léprologue ayant fait ses études en France, occupa
la direction de la léproserie de Nigua de 1942 à la moitié des années 1980. Il fut le premier
à utiliser les sulfones chez les lépreux et publia plusieurs articles en République dominicaine
et à l’étranger sur les Lésions lichénoïdes de la lèpre et le Traitement de la
lèpre avec des sulfones 18 .
Les premiers dermatologues et la première société de dermatologie
Les premiers dermatologues spécialisés du pays exercèrent la spécialité dans les
années 40, après avoir étudié à l’étranger. Parmi eux nous citerons Víctor Manuel Soñé
Uribe, qui étudia à Bruxelles et exerça les professions de dermatologue et de vénéréologue
; Manuel Felipe Pimentel Imbert (figure 5), qui fit des études de dermatologie
et de mycologie à Porto Rico, travaillant dans les deux domaines ; il se consacra à l’enseignement
médical de la mycologie et de la bactériologie, et ouvrit une consultation
privée en dermatologie. Citons également les Drs Héctor Purcell Peña et Miguel
Ortega 19, 20 .
La Société dominicaine de dermatologie et syphiligraphie (SDDS) fut fondée le 8 juin
1949; son premier président fut le Dr Pimentel Imbert, Héctor Purcell Peña (vénéréologue)
faisant office de vice-président. Juan Mella, Miguel Ortega, Víctor Soñé Uribe (dermatologues
vénéréologues), Guillermo Herrera (léprologue), Julio Senior, Guillermo de
los Santos (médecins généralistes), José de Jesús Ravelo de la Fuente (médecin de laboratoire)
et Fernando Defilló (président honorifique) intégraient cette nouvelle société.
Le régime politique de l’époque interdisant
les activités scientifiques de la corporation
médicale, la société fut donc
pratiquement inactive jusqu’en 1962. À
cette date-là, une nouvelle direction fut élue
et de nouveaux statuts furent proclamés. La
commission, intégrée par Pimentel Imbert,
Herrera, Purcell, Soñé, accompagnés de Miguel
Contreras et Huberto Bogaert Díaz (figure
6), comptait aussi Rafael Rodríguez
Castellanos, Félix Benzo, Gilberto Baltasar
Robiou, José Ruso, Rafael Fernández Báez
et Rafael Díaz.
Il fut établi que la société serait intégrée par les spécialistes en dermatologie, en vénéréologie
et en léprologie; qu’elle possèderait une revue lui étant propre et qu’elle organiserait
des congrès, des symposiums, des cours et d’autres activités scientifiques
appropriées; que ses membres pourraient bénéficier de voyages et de bourses d’études.

Histoire de la dermatologie en République dominicaine
On autorisa aussi le changement de nom de l’association pour celui qu’elle porte actuellement:
Société dominicaine de dermatologie (SDD) 20, 21 .
L’origine de l’Institut dermatologique dominicain. Ses réussites
Le patronat de lutte contre la lèpre
fut fondé en 1963 afin d’établir une coopération
dans tout le pays pour lutter
contre cette maladie; il serait le précurseur
du futur Institut dermatologique
dominicain. Le patronat mena une intense
campagne d’information dans tous
les médias entre 1963 et 1965, avec la
collaboration active de la SDD et obtenant
en 1964 un terrain pour la création
d’un centre, dont la construction fut entamée
en 1965 22 .
Le 3 février 1966 fut inauguré l’Institut
dermatologique dominicain (IDD) (figure
7), une entité privée qui comptait le conseil du Pr Fernando Latapí — du centre
dermatologique Pascua du Mexique — et de son assistant Amado Saúl. L’institut débuta
dans un très petit local des environs de la ville, avec un groupe réduit de médecins: Huberto
Bogaert Díaz et Sócrates Parra, diplômés aux États-Unis; Ernesto Benzo et Colón
Kuret, médecins géneralistes ayant des connaissances en dermatologie; Mario Fernández,
Antonio Coiscou Weber et Eladio de los Santos (figures 8 et 9), dermatologues provenant
du centre dermatologique Pascua 23 .
Le Dr Huberto Bogaert, qui lutta avec persévérance pour créer et conserver le centre,
fut le créateur de ce projet, qui constitue aujourd’hui un axe central de la dermatologie
en République dominicaine. Avant 1966 il n’existait pas de programme organisé à portée
nationale pour contrôler la lèpre; il y avait à peine trois cabinets dans les hôpitaux,
qui comptaient six spécialistes dans tout le pays, dont cinq se trouvaient à Saint-Domingue
et le dernier à Santiago. La même année, l’école de médecine de l’université autonome
de Santo Domingo (UASD) renforça le programme d’enseignement, le rendant
éminemment pratique et intégrant la dermatologie au programme de médecine interne.
Un symposium sur la syphilis et un autre sur la lèpre destinés aux médecins généralistes
furent organisés vers la même époque 23, 24 .
L’IDD conclut en 1967 une convention avec l’UASD pour effectuer des cours de spécialisation
en dermatologie et pour améliorer l’enseignement en mycologie. L’année
391
Figure 7.
Fondateurs de
l’Institut
dermatologique
dominicain (1966).
De droite à gauche :
Antonio Coiscou,
Eladio de los
Santos, Huberto
Bogaert Díaz,
Sócrates Parra,
Ernesto Benzo,
Mario Fernández
Figure 8.
Le Dr Antonio
Coiscou pendant
une consultation
(1967)
Figure 9.
Le Dr Eladio de los
Santos pendant ses
cours à l’université
autonome de Santo
Domingo à l´IDD

Figure 10.
Groupe de
participants au I er
Congrès de syphilis
et lèpre qui eut
lieu à l’IDD (1970)
Figure 11.
Margarita
Quiñones (née
Rosado) dans
l’ancien laboratoire
de l’IDD, préparant
un test pour le
diagnostic de la
leishmaniose
MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
392
suivante, les premiers dermatologues obtinrent leur diplôme au bout d’un an de cours à
l’IDD: Idalina Sánchez, Maritza Santiago, Rosa Francia Rojas.
Le premier programme de formation pour médecins auxiliaires dermato-léprologues
débuta en 1969; ceux-ci furent intégrés activement au programme de contrôle de la
lèpre et contribuèrent grandement à la lutte contre cette maladie; ils détectèrent aussi
des cas de diverses pathologies telles que les mycoses profondes, la leishmaniose, les
cancers cutanés et d’autres affections cutanées à intérêt médico-social 25 .
Ce programme constitue un modèle de santé réussi en République dominicaine. Cette
réussite est due, outre à la direction de l’IDD, aux Drs Juan Antonio Bodden, Zino Castellazzi
(Venezuela), Dennis Martínez — qui participa remarquablement pendant plusieurs
années à la direction de l’institut — et Miriam Hilario.
À Santiago, les Drs Rafael Díaz et José Canaán sont les références de la médecine cutanée,
tandis que Román Brache l’est à San Francisco de Macorís.
La dermatologie à partir des années 70
Un premier congrès national eut lieu du 30 août au 1er septembre
1970, dont les sujets principaux furent la lèpre et la syphilis. L’Institut
dermatologique et de chirurgie de la peau (IDCP) organisa jusqu’à présent
neuf journées dermatologiques, tandis que la SDD en réalisa onze,
en alternance tous les deux ans 26 (figure 10).
Les mycoses superficielles et profondes furent d’abord étudiées par
Pimentel Imbert (consultation privée) et ensuite par Rafael Coiscou, Rafael
Isa et les bio-analystes Ana Cecilia Cruz et Betina Gil à l’IDD, qui
contrôlèrent des milliers de cas de mycoses de types différents 23, 27 .
Les grandes dermatoses affectant le peuple dominicain furent étudiées
à l’Institut dermatologique, tout comme les infections cutanées
bactériennes et virales, la tuberculose cutanée, les maladies bulleuses
chroniques, les collagénoses et les différentes parasitoses; parmi cellesci,
quarante cas de leishmaniose furent découverts pour la période
1974-1998, de la variété anergique, causés par un parasite du groupe L
mexicaine, qui furent étudiés en profondeur par Margarita Quiñones (figure
11); celle-ci introduisit dans le pays les techniques d’immunofluorescence
pour le diagnostic de la toxoplasmose, la syphilis et les
collagénopathies en 1978 28 .
L’IDD (aujourd’hui IDCP) (figure 12) dispose d’unités dermatologiques
à San Pedro de Macorís pour la région orientale, à Santiago pour
le Cibao ou région centrale du pays, à Puerto Plata pour la région du nord, à San Cristóbal
pour la région du sud, à Barahona pour la région du sud-ouest et à La Romana et Higuey
à l’est 29 .
Les services spécialisés de cosmétologie, de cryochirurgie, de dermatologie pédiatrique,
de dermatoses professionnelles et de médecine interne furent créés en 1975. Ce
dernier débuta avec le Dr Alfredo Staffeld; le département se partagea ensuite entre la
médecine interne appliquée à la dermatologie — dirigée jusqu’à présent par Juan Pablo
Guzmán — et la consultation de cardiologie-néphrologie, actuellement à la charge de
Francisco Bonnet 30 .
En 1984, l’IDD inaugura le Centre de maladies sexuellement transmissibles (CETS en
espagnol) sous la direction de Claudio Vólquez, élargissant ainsi le domaine du travail
dermatologique; les départements MST au sein des unités de Santiago et de Puerto Plata
furent mis en route peu après. Les principales MST affectant le peuple dominicain furent
étudiées pendant la période 1984-1998. Actuellement, le centre mène des études préliminaires
du vaccin contre le VIH 31 .

■ Développement des sous-spécialités des de sous-spécialités la dermatologie de la dermatologie
Le résidanat de chirurgie dermatologique de l’IDD débuta formellement
en 1992. Les premiers chirurgiens dermatologues de
notre pays (Luisa González et Emma Guzmán) firent leur formation
au département de chirurgie esthétique de l’institut existant en
1972-1992. Ultérieurement, les Drs Antonio Giraldes, Ana Cruz et
Kirshe Fernández acquirent leur formation au Mexique et à San
Salvador. De nos jours l’Institut dermatologique compte un résidanat
officiel de chirurgie dermatologique d’une durée de deux ans,
qui se développa considérablement 32, 33 .
Le domaine de la cosmétique se développa dans les années 70,
lorsque de jeunes spécialistes se rendirent en Argentine pour se
former avec Alejandro Cordero: Ana Josefa Marte, Margarita
Cotes, Doraida Jones. Ceci permit l’ouverture d’un département de
la sous-spécialité à l’IDD, devenant l’un des domaines préférés de spécialisation des dermatologues.
Quant à la cryochirurgie, elle débuta à l’IDD dans les années 70 avec Rosa Francia
Rojas, qui exerça la spécialité de manière privée et institutionnelle. À l’IDD, ce département
est dirigé depuis 1986 par Silvia Marte, pédiatre, chirurgien dermatologue et cryochirurgien.
Dans le privé, le travail d’Edgardo Jorge Job, formé au Japon, est
remarquable 32, 34 .
La phlébologie ne fut plus le domaine exclusif des chirurgiens. Eida Espaillat, suivie
de Carmen Yris Taveras, créa les bases de la phlébologie dermatologique, accompagnées
plus tard de Chantal Uttendale Belga et Daniela Guerrero, Cesarina Liriano, Víctor Pou.
La stomatologie fut à la charge du Dr Adolfo Arthur Nouel, odontologue et stomatologue,
qui exerça en Argentine aux côtés du Pr Grinspan et qui inaugura avec le Dr Fernando
Jacobo Armach le département de stomatologie de l’IDD.
À l’origine, les biopsies de la peau étaient interprétées par des pathologistes, au
point que la SDD admit en 1965 trois de ces médecins : Rafael Alfau Cambiaso, Alcides
Hernández Guante et Michelle Khoury. Celle-ci étudia en France avec le Pr Civatte et
fut le premier dermato-pathologiste de l’IDD, à qui succédèrent Nilda Fernández et Antonio
Torres, qui travaillent dans des cabinets privés. Ce département est actuellement
dirigé par Fernanda Nanita Estévez, qui se forma en Argentine avec le Pr Abulafia et
qui travaille en étroite collaboration avec Raysa Acosta (dermo-pathologiste) et Nerys
Ramírez (pathologiste). La République dominicaine compte actuellement six dermopathologistes.
Les origines de la dermatologie du travail remontent aux années 80, lorsque Idalina
Sánchez s’entraîna avec le professeur espagnol Conde Zalazar (1983), créant ensuite le
département correspondant à l’IDD. Elle fut remplacée par Elfida Sánchez, qui s’exerça
également avec Conde en 1992.
Autres institutions
Histoire de la dermatologie en République dominicaine
En janvier 1988 naquit une deuxième institution de médecine cutanée, la clinique
dermatologique Herrera, fondée par Idalina Sánchez, Eida Espaillat, Rosa Francia Rojas
et Mariselda Fernández. Le centre possède aujourd’hui un vaste local et des départements
de dermatologie du travail, de cosmétologie, de chirurgie mineure, de cryochirurgie,
de pharmacie et un laboratoire; tout comme l’IDD, la clinique vise à fournir ses
services à une population démunie 34-36 .
Il existe actuellement d’autres cliniques dermatologiques privées, plutôt orientées
vers la cosmétologie.
393
Figure 12.
Vue de la façade
de l’institut
dermatologique et
de chirurgie de la
peau Dr Huberto
Bogaert Díaz, le
centre de soin le
plus important de
la République
dominicaine

MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
■ Publications
PREMIÈRE PUBLICATION DE DERMATOLOGIE
En 1967, l’IDD lança la première publication dermatologique, la Revista Dominicana
de Dermatología (RDD), organe officiel de l’institut toujours en vigueur. Sa publication est
semestrielle et reçoit des contributions des médecins résidents aussi bien que de spécialistes
nationaux et étrangers.
AUTRES PUBLICATIONS
Le premier texte de médecine cutanée dominicaine fut publié en 1978; son éditeur fut
le Dr Bogaert et il constitue le livre officiel de l’enseignement de la dermatologie dans les
principales universités du pays. Cette publication, toujours en vigueur, a un tirage bisannuel;
elle en est déjà à sa huitième édition.
La deuxième publication dermatologique de l’IDD parut en 1993 : la Carta Dermatológica
Clínico-Quirúrgica, éditée tous les quatre mois, adressée essentiellement au
médecin généraliste et distribuée gratuitement dans les principaux centres de soin du
pays.
En 1994 parut le bulletin officiel de la SDD, Perlas Dermatológicas, à tirage trimestriel,
sous la direction de Nilda Fernández. De nos jours, la République dominicaine
compte trois publications de médecine cutanée 35 .
■ L’enseignement de la dermatologie de la dermatologie
394
Le résidanat en dermatologie, initié en 1967 avec une durée d’un an, s’étendit à deux
ans en 1974 et plus tard à trois ans, comprenant une année préalable de médecine interne
à effectuer dans un hôpital universitaire; en 1987, il fut élargi à quatre ans.
Pendant ce temps, l’IDD prépara de nombreux spécialistes en dermatologie; d’autres furent
formés à l’étranger (au Brésil, en Espagne, aux États-Unis, au Mexique) et pratiquèrent
la dermatologie dans la ville de Saint-Domingue et dans d’autres villes de province.
Il existe actuellement dans le pays environ 200 dermatologues accrédités, dont plus
de 100 diplômés de l’IDCP; ce résidanat connaît une renommée internationale, au point
que plusieurs étrangers s’y rendent, en provenance de pays tels que le Guatemala, l’Espagne,
le Salvador, le Honduras, le Costa Rica, le Panama, le Mexique, la Colombie, le
Chili, l’Iran, les États-Unis et Porto Rico, entre autres.
Le résidanat de l’IDCP maintient aussi des échanges avec différentes universités des
États-Unis: Iowa University Hospital, New York Hospital, Washington University STD
Training Center of Washington, University of Miami, Hospital Cleveland, Hospital Jackson
Memorial, ainsi qu’avec l’hôpital Dr Gea González et l’institut de dermatologie
Dr Barba Rubio du Mexique 36, 37 .
Une partie du personnel médical des États-Unis visite périodiquement l’IDCP, où ils
reçoivent une formation sur les maladies tropicales et les MST.
Programmes
Programme de lutte contre la lèpre
En 1972, l’IDD conclut un accord avec le secrétariat d’État à la Santé publique et la
Sécurité sociale, lui permettant de recevoir une modeste subvention. À travers cet accord,
le secrétariat lui délégua la faculté de programmer, diriger et mettre en œuvre le
programme de contrôle de la lèpre, préconisé par le Dr O. Hasselblad de l’Association
américaine de lutte contre la lèpre; le programme fut entrepris en 1973 et il reçoit actuellement
l’aide de différentes institutions internationales, comme la Lutte contre la

Histoire de la dermatologie en République dominicaine
lèpre du Canada et l’ordre royal de Malte. Son développement permit d’éradiquer le problème
de santé publique que constitue la lèpre, avant la date prévue (1999); le taux de
prévalence actuel se maintient à 0,4 pour 10 000 habitants, ce qui en fait un programme
modèle en Amérique latine.
Projet d’intervention des mycoses subcutanées
Entrepris par Cosicou dans les années 70 et formalisé par Rafael Isa vers la fin des années
80, il se concrétisa en 2000 grâce à l’apport du gouvernement espagnol à travers la
fondation Humanisme et Démocratie, qui permet l’assistance spécialisée, l’intervention et
l’administration gratuite de médicaments pour les patients souffrant de mycoses subcutanées
handicapantes telles que les chromoblastomycoses, les mycétomes, les sporotrichoses,
les rhinoconidiobolomycoses, les phéohiphomycoses et les botriomycoses 38, 39 .
Soins primaires en dermatologie
Ce programme — partie fondamentale de l’IDCP, du programme de Lutte contre la
lèpre et du projet pour contrôler les mycoses subcutanées — fut conçu et développé par
le Dr Bogaert vers le début des années 70. Le programme propose un soin médical sur
le lieu de résidence des patients atteints d’affections cutanées faciles à traiter et sans
complications — zones urbano-marginales et rurales —, envoyant les patients les plus
atteints dans des centres de deuxième et troisième niveau. Il permet des examens périodiques
de la population au niveau national, le dépistage de certaines maladies, la livraison
gratuite de médicaments élaborés par l’IDCP, le suivi de ces cas et une éducation
communautaire 38 , 40 . Il est essentiellement à la charge du personnel non médical — les
médecins auxiliaires spécialistes de la lèpre —, accompagnés de médecins spécialistes et
des médecins résidents en formation.
Autres programmes
L’IDCP-DHBD (Dr Huberto Bogaert Díaz) développa d’autres programmes: celui de
contrôle, de prévention et de traitement des filarioses et de la myiase cutanée, celui du
vaccin du VIH, le programme d’intervention en MST pour la prévention du VIH, le programme
de genre et de santé, qui sont financés et dirigés par différentes institutions
étrangères.
Produits dermatologiques élaborés en République dominicaine
Dans les premiers temps, les dermatologues dépendaient des produits étrangers; un
laboratoire de médicaments à médicaments magistraux, qui constituent la base des médicaments
employés dans le programme de soins primaires en dermatologie, naquit à
partir de la création de l’IDD. Les prix de ces médicaments sont modiques pour les patients
qui se rendent à une consultation aux unités de l’IDCP et ils sont distribués gratuitement
sur les travaux de chantier. Plus tard, avec l’avènement de la cosmétologie au
début des années 80, s’ajoutèrent des formules et des préparations cosmétologiques.
Actuellement, le laboratoire de production de l’IDCP possède de nombreux produits qui
comportent des masques, des peelings, du matériel de cabinet, des antibiotiques, des
produits cosméceutiques et tout un arsenal dans le domaine 41, 42 .
Le Dr Ana Josefa Díaz et son époux, Ramón Marte, ingénieur en chimie, inaugurèrent
dans les années 80 leur laboratoire, ANACEL, l’un des premiers à fabriquer des
produits cosmétiques dans notre pays. Il existe d’autres laboratoires comme celui du
centre dermatologique Herrera, qui élabore aussi des formules magistrales et des cosméceutiques.
395

MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
■ Vers la fin du X X e
Vers la fin du XX e siècle et le début du XXI e siècle
Tel que nous l’avons déjà signalé, l’IDD changea de nom en 1995 et devint l’Institut
dermatologique de chirurgie de peau (IDCP); en 2002, après la mort du Dr Bogaert, il
prit la dénomination IDCP-Dr Huberto Bogaert Díaz (IDCP-DHBD) 43 .
La dermatologie met l’accent sur les aspects cosmétiques et chirurgicaux, c’est
pourquoi le résidanat de cette spécialité est devenu l’un des plus prisés ; de nouvelles
sous-spécialités surgissent, comme la greffe capillaire, la thérapie par laser, entre
autres.
■ Dermatologie et art et art
Jusqu’à présent, seuls deux dermatologues se distinguèrent dans les arts plastiques:
Thimo Pimentel, le fils de Pimentel Imbert, est peintre, sculpteur et graveur, et ses ouvrages
furent exposés dans divers endroits d’Amérique latine. Luisa González de Bogaert
est également peintre et sculpteur; elle partage son temps entre ces activités et l’écriture
de contes et d’essais. Pour sa part, Martha Miniño est écrivain et journaliste, en plus
d’être critique d’art.
■ Dermatologie et magie et magie
396
La pratique vaudou est très ancrée dans la culture dominicaine; au cours des rituels,
les sorciers ou bocós préparent différentes infusions et des bains contre les maléfices ou
enviaciones, en utilisant des potions et des formules transmises oralement depuis le
temps des esclaves noirs qui les précédèrent 44 . Cependant, la plupart des Dominicains
préfèrent se rendre chez le médecin lorsqu’il s’agit des affections de la peau. ■
Annexe
Hôpitaux et infirmeries de Saint-Domingue
Lieu Nom Année
Fort La Navidad Infirmerie 1492
La Isabela La Isabela 1493*
Fort Magdalena Infirmerie 1494
Asunción La Vega Asunción 1495
Región del Cibao La Buenaventura 1496
Saint-Domingue San Nicolás de Bari 1502-1509**
Saint-Domingue San Andrés 1503-1511**
Saint-Domingue San Lázaro 1512-1518**
Saint-Domingue Hôpital Los Indios 1511***
Asunción de la Vega San Sebastián 1562
* Possédait une apothicairerie propre.
** Début et fin des travaux.
*** Commencé mais jamais achevé.
siècle et le début du XXI e
siècle
Septembre 2005
Source : F. Moscoso Puello: Apuntes para la historia de la Medicina de la isla de Santo Domingo, vol. 1, Universidad Central del Este, 1982.

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397

MARTHA MINIÑO, RAFAEL ISA ISA
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Introducción
LES INDIGÈNES DE
L’URUGUAY ET LEUR
RAPPORT À LA
DERMATOLOGIE
L’Uruguay et le Plata
Vivaient leur printemps sauvage...
... C’est la race charrua
Dont le nom
Les ondes et les bois conservèrent à peine
Pour qu’elle évoque l’âme d’un poème
Nom qui reproduit encore
La tempête lointaine, qui se rapproche
Formant les fanaux de l’éclair
Avec les nuages lourds de cendres.
C’est la race indomptable
Qui donna le courage dans ces terres
Patrie des amours et des gloires,
Qui se penche vers l’Uruguay et le Plata;
Patrie, dont le nom
Devient chanson dans la harpe du poète,
Cri dans le cœur, lumière dans l’aurore,
Feu dans l’esprit et étoile dans le ciel...
... La fleur tomba dans l’eau.
Les cercles concentriques tremblants
Firent balancer les vertes jacinthes d’eau
Et moururent dans le silence de la jonchaie...
(J. Zorrilla de San Martín, Tabaré 1 )
ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
■ Introduction
Tel les cercles concentriques qui meurent dans les bras de la jonchaie, on prétendit
anéantir une race; la Conquête fut un succès et la colonisation totale : politique, culturelle
et religieuse. Nous partageons le concept transmis par INDIA (Intégration nationale
399

ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
400
des descendants d’indigènes américains) : « Ils arrachèrent nos feuilles, enlevèrent nos
branches, coupèrent notre tronc, mais ils ne purent pas toucher notre racine et c’est de
là que renaît notre force. »
Une fois la Découverte achevée, les Espagnols durent déterminer si les Indiens étaient
des êtres humains dans le but de les évangéliser. Une bulle du pape Paul III reconnut leur
condition humaine en 1537 2 .
En Amérique, les indigènes subirent la cupidité des conquistadors, qui commença
avec Colomb et sa soif d’or : « L’or est excellentissime; avec l’or on fait un trésor, et avec
ce trésor, celui qui le possède fait ce que le monde veut, et il peut même envoyer des
âmes au Paradis 3 .»
En 1495, Colomb dirigea une campagne militaire contre les indigènes de l’île de Saint-
Domingue, dont 500 furent conduits en Espagne comme esclaves; face à la protestation
des théologiens, l’esclavage fut interdit. Eduardo Galeano dit qu’il fut plutôt « béni », car
la pratique habituelle après chaque soumission consistait à lire face à un notaire une requête
longue et rhétorique exhortant les indigènes à se convertir à la « sainte foi »; s’ils
s’y opposaient, ils étaient réduits en esclavage 4 .
Amerigo Vespucci, dont les travaux cartographiques fournirent son nom au continent
américain, annote avec froideur les cruautés envers les Indiens antillais. Comme auparavant
Colomb, il juge que les indigènes sont « timides et bêtes et que l’on pouvait en
faire ce qu’on voulait 5 .»
Selon l’analyse de Galeano, les civilisations qui débarquaient sur ces terres vivaient
l’explosion créatrice de la Renaissance. L’Amérique apparaît comme une invention de
plus, venant s’ajouter tout comme la poudre, l’imprimerie, le papier et la boussole au
bouillant surgissement de l’ère moderne; il existait un grand déséquilibre entre le développement
des deux mondes, ce qui explique dans une grande mesure la facilité des civilisations
autochtones à succomber 4 .
Depuis la naissance de notre nation (1830), l’histoire officielle se chargea de soutenir
que « l’Uruguay était un pays sans Indiens », ce qui encourageait une forte présence
d’immigrants, la dernière grande vague d’Européens étant arrivée dans les années 20 du
siècle dernier, en quête de paix et de bien-être 6, 7 .
L’État oriental de 1830 fut un projet libéral, par conséquent antiartiguista (contre le projet
de José G. Artigas) à l’origine, contraire au concept de Grande Patrie fédérale et d’intégration
américaine proclamée par notre grand homme José Gervasio Artigas Pasqual.
Artigas lutta pour les droits des Indiens avec lesquels il vécut pendant plusieurs années;
ils furent ses camarades dans la lutte armée pour l’indépendance, ils formaient sa
garde du corps personnelle et restèrent des amis fidèles jusqu’aux derniers jours de sa
vie en exil au Paraguay.
L’État naissant essaya de démontrer que les Charruas étaient peu nombreux et
constamment présentés de façon calomnieuse comme étant rustres et incorrigibles.
Abella dit que « c’était l’époque des idées reçues subtilement racistes, avec tellement de
préjugés inculqués que Zorrilla de San Martín, brillant auteur de la Légende de la Patrie,
dut créer un personnage métis — Tabaré — pour y mettre des sentiments humains; nous
ne conservons que la beauté de la poésie de cet ouvrage, divergeant avec le thème 6 .»
Barran soutient que les classes dominantes du pays créèrent le mythe de l’Uruguay européen
et blanc. L’estuaire du Plata vécut une colonisation tardive car il ne possédait pas de
trésors et que l’entrée vers les « terres des métaux » ne fut pas trouvée sur le Rio de la Plata.
Ces régions furent peuplées pour trois raisons fondamentales : la qualité de leurs prairies,
le port naturel de Montevideo et leur situation frontalière avec l’Espagne et le Portugal.
La persécution et l’ethnocide des Charruas allaient commencer bien avant 1830,
concrètement avec les hostilités des bandeirantes à partir de 1610. Désormais le manque
de refuges au fin fond de la forêt allait conditionner la forme de vie des aborigènes, les
poussant à devenir davantage nomades 6 .

Les indigènes de l’Uruguay et leur rapport à la dermatologie
Selon une légende indigène, la première jeune fille charrua morte en défendant son
peuple des bandeiras fut enterrée dans le versant d’une colline; son compagnon, demeuré
à côté de sa tombe pendant plusieurs jours, mourut au cours d’un combat ultérieur
et fut enterré à côté de sa bien-aimée.
Quelque temps après, le corps de la jeune fille surgit de terre sous la forme d’un ceibo
aux fleurs rouges; un oiseau à plumage rouge qui surveillait l’horizon s’était posé sur ses
branches : c’était le cœur du Charrua. Le moucherolle vermillon épris de liberté rappelle
au peuple charrua qu’il ne doit jamais accepter l’esclavage; la fleur rouge du ceibo
constitue aujourd’hui notre fleur nationale 8 .
Les bandeirantes étaient des groupes armés créés à Sao Paulo qui fonctionnaient
comme une entreprise très bien organisée, recrutant des Indiens pour les vendre aux
plantations de sucre et aux haciendas de la région. Sao Paulo avait été fondée en 1543
sur le bord même de la ligne de démarcation du traité de Tordesillas, signé entre l’Espagne
et le Portugal pour délimiter l’étendue territoriale portugaise en Amérique 9 .
Les tueries et les persécutions contre les Charruas se poursuivirent pendant plus de
deux siècles. Lors de la bataille du Yí (1703) les forces alliées entre les Tapes et les Espagnols
décimèrent 300 Charruas. En 1751, le gouverneur Joaquín de Viana donna l’ordre
de les « égorger ». Le « corps de Blandengues » fut créé en 1797 pour mener une « lutte
sans merci contre les infidèles »; on pourrait citer davantage d’épisodes du genre 10 .
Le 18 avril 1831, le général Rivera, premier président de la République, tua sauvagement
les membres des dernières tribus charruas au cours d’une embuscade au niveau
du ruisseau Salsipuedes. Ses fidèles soldats d’antan y furent réunis sous prétexte de promouvoir
un traité de paix qui finit en trahison.
Le président Rivera écrivit au général Laguna, à qui on avait demandé de rassembler
les Charruas : « lnsufflez-leur la plus grande confiance et assurez-les de la bonne disposition
et de l’amitié du président envers eux… » La raison invoquée par le gouvernement
était que les Charruas occupaient des terres qui étaient adjugées (alors qu’ils y habitaient
depuis trois mille cinq cents ans) et que Rivera voulait « pacifier la campagne ».
Le groupe armé de Salsipuedes était formé par des Guaranis originaires du Paraguay, par
des bataillons d’Argentins et de Brésiliens sous la direction des propriétaires des haciendas
et par l’armée nationale, commandée par le président Rivera et son neveu Bernabé Rivera;
celui-ci fut exécuté quelque temps après par un groupe de Charruas sous les ordres du chef
cacique Sepé, qui avait promis de se venger du « traître Dom Frutos Rivera » 11, 12, 13 .
Lorsque nous parlons de l’ethnocide des Charruas, il ne faut pas oublier qu’il fut longuement
analysé et planifié. Avant de décider l’« opération Salsipuedes », on avait pensé
à les envoyer en Patagonie ou à les expulser vers le Brésil.
En 1831, José Ellauri, ministre de la Guerre, signait un décret permettant aux Charruas
d’être embarqués « sans leur permettre de débarquer au port ». Le Charrua Ramón
Mataojo fut envoyé en France, les archives indiquant une hospitalisation à Toulon du 22
au 29 avril 1832; il mourut sur le bateau du retour le 21 septembre 11 .
Vers la même époque plusieurs Charruas étaient exilés dans les îles Malouines. Commandés
par Antonio Rivero, de la province argentine d’Entre Ríos, ils attaquèrent l’établissement
de Luis Vernet, à Puerto Soledad (26 août 1833). Quelques-uns d’entre eux furent
emprisonnés et exilés ensuite à Valparaíso, tandis que d’autres moururent au combat.
Les Malouines abritent les tombes des Charruas qui luttèrent en 1833 pour défendre
la souveraineté argentine et américaine des îles. En 1982, lorsque celles-ci furent occupées
par l’armée argentine, l’endroit prit le nom de Capitán Rivero, en souvenir des actions
de cet indigène d’Entre Ríos; il devint ensuite Puerto Argentino et il porte
actuellement le nom de Port Stanley 11, 13 .
Quatre survivants de Salsipuedes furent conduits en France le 25 février 1833 : Vaimaca
Pirú et Tacuabé — qui avaient lutté pour l’indépendance avec Artigas et Rivera —,
Guyunusa et Senaqué (médecin-chaman).
401

ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
L’histoire officielle nous dit qu’il s’agissait des quatre derniers Charruas, mais il n’en
fut pas ainsi : après la tuerie, des enfants et des femmes furent répartis entre les familles
de Montevideo; plusieurs hommes fuirent, d’autres se réfugièrent là où il fut impossible
de les retrouver, même de l’autre côté de la frontière.
L’entrepreneur François de Curel les amena en France dans le but de les présenter
au roi et aux sociétés scientifiques. Ils furent exhibés dans un cirque inhumain; le célèbre
Chopin se trouvait parmi les spectateurs.
Quelques mois plus tard, Senaqué mourut, ensuite Vaimaca et finalement Guyunusa,
atteinte de tuberculose. Cependant, avant de mourir, elle mit au monde un fils de Tacuabé,
qui fuit avec l’enfant et se perdit en France sans laisser aucune trace. On n’en sut
pas davantage 11, 12, 13, 14, 15 .
Contrairement au reste de l’Amérique, il n’existe actuellement pas de communautés
indigènes en Uruguay. Depuis plus de cent ans, il n’y a pas d’Indiens autochtones
sur notre territoire mais uniquement leurs descendants, qui sont actuellement regroupés
en diverses institutions dont les objectifs sont très variés. Depuis presque
vingt ans, ils mènent des recherches sur leurs ancêtres, organisent des conférences et
des événements culturels, récupèrent des symboles et des mots longtemps gardés,
qu’ils chantent même. Jusqu’en 1991, les premiers recensements comptaient 120 familles
(360 individus) de descendants. Des données plus récentes font état de 500 000
individus 16 .
Les études d’anthropologie biologique, entreprises par les Drs Mañe Garzón et Nora
Sans en 1985, se poursuivent aujourd’hui sur le territoire. Les recherches menées par le
Dr Sans à Tacuarembó montrent que plus de 20 % des gènes de la population possède
une origine indigène. Parmi cette population, 59 % descend des indigènes par la voie maternelle,
ce qui montre qu’en Uruguay, tout comme en Amérique Latine, il y eut des
unions entre les femmes natives et les Européens. Les chiffres se répètent dans d’autres
points du territoire, mais ils sont moindres 11 . Ces études certifient qu’une part importante
de sang américain est conservée chez nos habitants : nous, membres de cette nation,
ne sommes pas alors seulement des immigrants européens ou des descendants de
ces immigrants 17 .
■ Les voyages dans le Paranaguazú dans le (Rio Paranaguazú de la Plata) (Rio de la Plata)
402
Tous les documents écrits sur l’Uruguay indigène proviennent de l’époque de la
Conquête et des siècles ultérieurs. Du fait que les peuples aborigènes ne connaissaient
pas l’écriture, il fallut avoir recours aux chroniques des voyageurs et aux recherches archéologiques,
anthropologiques et philologiques pour les étudier. Parfois les récits sont
le fait de personnes peu informées qui ne s’intéressent point à l’ethnographie, mais ils
sont quand même très précieux.
Paranaguazú (fleuve large comme la mer) était le nom que les indigènes donnaient
au Rio de la Plata; ce dernier nom provient d’une interprétation erronée car on pensait
que nos territoires étaient riches en métaux; la dénomination se perpétue cependant.
Avant d’être l’effrayante « tombe des navigants », comme le prouvent les multiples
naufrages causés par les redoutables vents pamperos et par les bancs de sable de son lit,
le Rio de la Plata fut le sépulcre des illusions. Son entrée large empêcha l’arrivée dans
les entrailles argentifères d’Amérique où se trouvait la légendaire Sierra de la Plata, l’actuel
Potosí 18 .
À son arrivée au Paranaguazú en 1502, Amerigo Vespucci l’appela Rio Jordán 19 . En
1516, l’expédition de Juan Díaz de Solís entama une série de navigations telle une compétition
entre l’Espagne et le Portugal pour chercher le passage vers le Pacifique et découvrir
les chemins vers les terres des trésors. Avant Solís, d’autres navigants y étaient passés,

comme le prouve l’île de Flores, sur le Rio de la Plata, ainsi que la carte réalisée par le cartographe
Schöner en 1515, montrant un détroit qui relie en théorie les mers du Sud 20 .
Solís appela le fleuve Mar Dulce (mer douce). Des indigènes, qui habitaient les côtes
du territoire actuel de Colonia, le tuèrent et le mangèrent. Ces Indiens n’étaient pas des
Charruas mais des Guaranis ; ils pratiquaient l’anthropophagie comme pratique rituelle
car les sources de protéines étaient très abondantes sur ces terres, comme le signalent
les récits des voyageurs qui décrivaient la faune et la flore de la région.
L’anthropophagie rituelle était pratiquée par les groupes amazoniens mais pas par les
Patagons 20, 21 .
Les chroniques racontant le mode de vie et les habitudes des Charruas nous parviennent
à partir de l’arrivée de Solís; nous en citerons les plus importantes.
En 1520, Fernand de Magellan navigua sur le Rio de Solís, appellation donnée en
l’honneur du marin décédé. On connaît, grâce à ce voyage, le nom Monte Vidi, qui désignerait
plus tard notre capitale Montevideo, en allusion à la colline située dans la baie
(en 1502, Vespucci l’avait appelée Pinnaculum Detentio, c’est-à-dire « de l’arrêt » ou « de
la tentation », selon la traduction). Magellan navigua sur le fleuve Uruguay, où les indigènes
l’approvisionnèrent en vivres. Sans trouver la route des trésors, il poursuivit son
voyage vers le sud et atteignit le Pacifique à travers le détroit qui porte aujourd’hui son
nom 18 .
L’an 1527 marqua l’arrivée de Sebastián Gaboto, qui fonda le premier peuplement en
Uruguay au bord de la rivière San Salvador et qui, selon les récits, entra en contact avec
les indigènes.
Les mémoires de Diego García (1526-1530) constituent l’un des documents les plus
précieux pour identifier la nation charrua.
Pour sa part, le cahier de navigation de Lope de Souza (1530) offre des témoignages
très intéressants concernant son contact avec les Charruas, décrivant aussi les recoins,
la faune et la flore de la région.
En 1536, Pedro de Mendoza étudia l’embouchure des fleuves Uruguay et Paraná. Sur
la côte sud-ouest, à côté du Riachuelo, il fonda un village qu’il appela Santa María de los
Buenos Aires. Un soldat de son expédition, Ulrico Schmidel, nous laissa un long récit qu’il
rédigea après environ vingt ans de vie sur ces terres.
Martín del Barco Centenera, venu avec le adelantado Ortiz de Zárate (1573), écrivit
un poème — connu de manière posthume — qu’il appela Argentine et la conquête du Rio
de la Plata... Le mot Argentine fait ici allusion aux territoires de toute la région du Plata,
réputée, abusivement, receler de l’argent (argentum).
L’étymologie du mot « argentine » vient de argentum (argent). L’influence de cette appellation
fut si puissante que non seulement elle changea le nom du Rio de Solís par Rio
de la Plata (plata : argent en espagnol), mais elle perdura aussi en donnant son nom à la
nation voisine, la République argentine 18, 22 .
L’Uruguay indigène
Les indigènes de l’Uruguay et leur rapport à la dermatologie
■ L’Uruguay indigène
Il fut impossible de trouver des fossiles d’hominidés en Amérique car l’Amérindien
n’est pas un autochtone, il n’est pas originaire du continent américain. Différents chercheurs
soutiennent qu’il vint d’Asie, en plusieurs étapes depuis la Sibérie via le détroit
de Behring.
Selon Bates, et d’après les découvertes archéologiques d’éléments datant de trentecinq
mille à quarante mille ans, son apparition en Amérique eut lieu avant son apparition
en Europe. Il s’agissait de personnes de type mongoloïde, qui acquirent plus tard des
caractéristiques différenciées suivant les facteurs environnementaux. D’autres théories
soutiennent qu’ils purent arriver plus tard par l’océan Pacifique et l’Antarctique.
403

ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
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L’existence de l’homme sur notre territoire remonte à environ dix mille ans. L’archéologue
Tadei fit cette découverte, trouvant en 1955 de vastes sites-ateliers au nord de
notre territoire. Daniel Vidart l’appela « culture catalanense ». Ils occupèrent la région,
sans se déplacer beaucoup car la zone était riche en flore et en faune. Ces groupes, qui
constituent notre préhistoire, étaient des cueilleurs et des chasseurs inférieurs.
Ultérieurement se produisirent des incursions de différentes cultures jusqu’à l’arrivée
des Charruas en provenance de la Patagonie il y a environ trois mille cinq cents ans12, 21,
23, 24, 25 .
D’après les recherches, pendant les années de la découverte de l’Amérique, l’Uruguay
était peuplé par quelques milliers d’indigènes — Charruas, Chanaes, Guenoas, Minuans,
Yaros, Bohanes, Guaranis et Arachans — et son territoire s’étendait jusqu’au Brésil et en
Argentine. Nous allons décrire brièvement leur provenance et les différences entre les
tribus diverses.
Charruas, Guenoas, Chanaes et Minuans constituaient la macro-ethnie charrua aux
origines et aux racines linguistiques similaires. Ils occupaient les territoires de la côte du
Plata, le centre et le nord de l’Uruguay. Les Minuans arrivaient jusqu’à Río Grande, tandis
que les Charruas et les Chanaes s’étendaient jusqu’à la Mésopotamie argentine. Du
point de vue de la race, les Charruas étaient patagoniques (Chonick), une branche américaine
caractéristique des plaines présentant de grandes analogies avec plusieurs coutumes
des Tehuelches, y compris la langue. D’après Serafín Cordero, l’arrivée des
Charruas serait déterminée par un élément d’individualisation du Néolithique : l’arc et la
flèche.
Outre l’hypothèse qui révèle que l’homme américain est arrivé sur le continent par le
détroit de Béring (Mongols), il existe une autre théorie très acceptée, développée par
Rivet11 , selon laquelle la race patagonique aurait une origine australienne; quelque
soixante-dix mots des langues tehuelches et australiennes se ressemblent. Goebner et
Schmidt trouvèrent quelques similitudes ethnographiques entre les Indiens de la Terre
de Feu et ceux d’Australie : la stature et la couleur de peau des Patagons sont semblables
à celles des Australiens mais pas à celles des Mongols. Rivet ne peut pourtant pas
expliquer clairement comment ils arrivèrent sur ces terres, étant donné l’océan qui les
sépare26 .
Les Yaros et les Bohanes étaient des tribus qui arrivèrent sur notre territoire avant
les Charruas il y a environ six mille ans, se glissant le long du bassin de l’Amazone grâce
aux torrents, descendant de la cordillère des Andes. Ils vinrent par les fleuves Parana et
Uruguay et s’établirent sur notre territoire et en Mésopotamie argentine. Les témoignages
de Sepp (1691) décrivent leurs traits anthropologiques et leurs coutumes; Félix
de Azara constate que leur langue est tout à fait différente de celle des autres indigènes
de la région25, 26, 27 .
Après l’établissement des Charruas provenant de la Patagonie, une incursion de races
tropicales — les Guaranis et les Tupi-Guaranis — se produisit il y a environ deux mille
ans; ceux-ci appartenaient à la famille caraïbe, mot étymologiquement lié à « cannibale ».
Elles occupèrent de vastes territoires depuis les Guyanes jusqu’au Rio de la Plata. Dans
notre région, les Guaranis s’installèrent sur la côte du fleuve Uruguay et sur ses deux îles.
Les Tupi-Guaranis s’établirent pour leur part au nord-ouest du fleuve (Arachans).
Avant la Conquête, les Guaranis s’étendirent autour du territoire occupé par les Charruas;
le troc de marchandises et les communications étaient habituelles entre les deux
groupes. L’influence de leur langue et de leur culture pénétra lentement les tribus charruas
établies aux frontières tribales. C’est pour cela que plusieurs noms de caciques
charruas compris dans les récits des chroniqueurs et des voyageurs étaient déjà « guarinisés
» avant la conquête. Cette situation s’accentua après la Découverte et les tribus
furent repoussées vers l’intérieur des territoires, les liens avec les Guaranis et les Tapes
devenant plus étroits.

Après la Découverte, les Tupi-Guaranis envahirent complètement notre territoire.
Leur influence culturelle, qui dura deux cents ans, entraîna la disparition de la langue
charrua; les missionnaires jésuites, qui employaient la langue guarani pour imposer leur
religion, contribuèrent à consolider cette prédominance. Les chercheurs sauvèrent de
l’oubli un peu plus de soixante-dix mots de la langue charrua.
En 1831, après le piège de Salsipuedes, les survivants charruas devinrent des esclaves; le
nouveau gouvernement leur interdisait, entre autres, de parler leur propre langue 28 , ce qui
était très loin de l’idéologie d’Artigas. Celui-ci avait vécu plusieurs années (dès 1779) parmi les
Charruas, et tout le long de son intervention il se battit pour les droits des Indiens et des plus
humbles, obtenant les qualifications de « protecteur des peuples libres » et « père des
pauvres » 29 . On relève de sa pensée de chef des Orientaux (les orientaux sont les habitants de
la République orientale de l’Uruguay), exprimée dans plusieurs documents (Règlement de
terres, Congrès d’avril, Instruction de l’an XIII 30 ), les nobles principes de solidarité, d’égalité et
de liberté, si nécessaires dans les sociétés anciennes autant que dans les sociétés globalisées.
Après l’an 1500, les incursions des Guaranis de Misiones pendant plus de deux siècles laissèrent
des traces notoires dans notre culture et nos coutumes; la toponymie de la plupart de
nos fleuves, les accidents géographiques en général, la flore et la faune en constituent la
preuve. Il est probable que les Charruas les aient appelés différemment, mais le manque de
population fixe, soutien fondamental de l’enracinement, entraîna l’oubli de ces noms d’origine.
Les incursions de Guaranis postérieures à la Conquête commencèrent en 1612, pour
fuir les attaques des bandeirantes.
Lors des vaquerías, on dirigeait le bétail depuis l’Uruguay vers la Province argentine de
Misiones, mais certains Indiens ne continuaient pas leur chemin et préféraient rester sur
notre territoire.
Des milliers d’individus s’installèrent sur nos terres suite aux campagnes militaires
espagnoles qui comptaient des soldats guaranis, à la lutte contre les Portugais à Colonia
de Sacramento (1680) ou à la bataille du Yi plus tard.
L’expulsion des jésuites des missions (1767) provoqua l’émigration de 15 000 Guaranis
vers le sud, processus qui se poursuivit dans les années qui suivirent. Les Guaranis
qui avaient fait partie de l’armée d’Artigas retournèrent au Paraguay après son échec
militaire; d’autres firent partie de l’armée de Rivera, et bien d’autres arrivèrent sur le
territoire lorsque Rivera mena la reconquête des missions orientales.
Les certificats de baptême et de décès prouvent la présence de 30 000 habitants guaranis
inscrits depuis l’époque coloniale jusqu’en 1851. Ce flux humain pose la base de la
société rurale uruguayenne : certains d’entre eux restèrent en marge de la société hispanique,
menant une vie nomade et errante, même si plus tard ils formeraient des peuplades
sédentaires. La plupart intégrèrent la société de l’époque. Ils nous laissèrent tous
leur culture, leurs coutumes et leurs traditions, qui influencèrent notablement la formation
de notre société 31 .
Pratiques curatives générales et dermatologiques
Les indigènes de l’Uruguay et leur rapport à la dermatologie
■ Pratiques curatives générales et dermatologiques
Nous parlerons maintenant des ressources traditionnelles que les Charruas et les
Guaranis utilisaient pour guérir.
Abella soutint qu’avant l’arrivée de Colomb, tous les peuples d’Amérique étaient en
contact entre eux. Il existe de nombreuses preuves de troc traditionnel entre toutes les
communautés, y compris entre les communautés andines, les Guaranis, les Indiens pampas
et ceux des plaines. Les signaux de fumée étaient une façon de communiquer 18 . On
constata aussi que les indigènes étaient des canoteurs habiles, et l’hydrographie américaine
fut propice aux voies de communication. Le canoë constituait pour les aborigènes
de la zone le moyen de transport et de communication habituel et efficace, et la flore
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ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
406
indigène fournissait la matière première appropriée à sa construction : des arbres tels
le timbó et l’angico pour les canoës et le tacuaruzú (caña tacuara) pour les radeaux 21 .
La similitude entre les ressources thérapeutiques charruas et celles des Guaranis
nous permet d’aborder le sujet dans son ensemble. Un double phénomène caractérisait
les deux groupes : d’un côté le guérisseur, le prêtre et le sorcier étaient liés entre eux;
de l’autre, les plantes curatives étaient connues.
Des peuples très différents de par leur niveau social, politique, économique et religieux
coexistèrent en Amérique, mais ils partageaient une tradition magico-religieuse et
possédaient des concepts des maladies semblables, les mêmes bases théoriques et les
mêmes pratiques curatives.
Depuis des temps immémoriaux, l’homme essaya de comprendre le monde qui l’entourait,
cherchant l’équilibre entre l’empirisme et la magie. Le guérisseur était le maître
de la vie et de la mort. De cette façon, la cause et l’origine des maladies furent considérées
comme des phénomènes magiques régis par les esprits, représentés sur terre par
les chamans, les sorciers ou les guérisseurs, qui agissaient comme interprètes de l’occulte
et dominaient par conséquent la nature magique du monde.
Plusieurs peuples indigènes américains décrivirent maintes fois des idées et des pratiques
à contenu chamanique, constituant la survie de systèmes de croyances très anciens,
originaires de la région néosibérienne d’Asie, arrivés avec les habitants émigrés
de ce continent. Pi Ugarte soutint que malgré la durée de développement et le vaste espace
de dispersion, les croyances présentaient des éléments communs fortement enracinés,
soutenus par des cérémonies de grande similitude 32 .
Abella offrit un récit intéressant à propos d’une expérience confirmant ce que nous
venons de dire. On distribua des crayons aux membres des ethnies guaranis pay tavyterá
et aua chiripá en leur demandant de dessiner des herbes médicinales de la forêt. Derrière
les plantes ils dessinèrent les esprits protecteurs qui leur correspondaient, sans les
yeux, car ils affirmaient que les esprits prêtaient les yeux à la personne qui s’approchait
et lui transmettaient leur énergie. Dans notre pays, des pictogrammes représentant des
formes humaines également sans yeux furent découverts à Durazno.
Les connaissances du chaman sur les spectres de la nature et les propriétés curatives
des plantes lui conféraient de l’autorité et en même temps l’obligeaient à fournir des réponses.
Les chamans étaient le bras exécutif de la magie. Tout le monde ne pouvait pas
acquérir la condition de chaman à volonté; seules les personnes nées avec certains dons
pouvaient y accéder, signe que leurs pouvoirs procédaient et appartenaient au monde
surnaturel. Le chaman cherchait plusieurs moyens de communication avec les dieux;
dans ce sens, le monde onirique était très important. Des cérémonies destinées à entrer
en contact avec les esprits avaient lieu, conduisant le chaman dans un état de transe ou
d’extase qui garantissait l’entrée dans l’autre monde pour guérir le patient ou pour neutraliser
le mal causé par un autre chaman. Le chaman pouvait également générer des
maladies ou des mauvais esprits 33 .
Les Guaranis appelaient le chaman paje, ñanderú o pai 21 . Le cacique Senaqué, amené
à Paris en 1831, fut l’un des chamans charruas dont on se souvient encore.
En 1753, le père Marimón raconta les pratiques des Guenoas et des Minuans : « Les
sorciers obtiennent leur diplôme sur la colline Ybiti María, les Guenoas infidèles s’y rassemblent,
fabriquent leur aljaba, se piquent, percent leur corps et font mille diableries
jusqu’à ce qu’apparaisse le diable sur la colline 27 .»
Les aptitudes curatives des chamans étaient destinées à expulser l’entité nocive qui affectait
le patient, tentant de la neutraliser pour qu’elle ne produise pas davantage de mal.
Ceci déterminait la réussite ou l’échec du chaman : l’affrontement entre les bons et les
mauvais esprits, les véritables protagonistes de l’affrontement santé-maladie, vie-mort.
Quant à la maladie, les indigènes la croyaient liée à trois origines principales: a) causée
par des personnes vivantes méchantes (notamment d’autres chamans); b) procédant

Les indigènes de l’Uruguay et leur rapport à la dermatologie
de la lutte interne entre l’« âme animale » (négative) et l’« âme divine » (positive) du
propre individu; c) produite par des « esprits » et des êtres surnaturels de la nature.
Toute action pour guérir la victime nécessitait la thérapie du chaman 33 .
La procédure pour capturer l’âme fuyante du patient et les manipulations de son
corps, telles la succion ou l’« aspiration » de la peau à la hauteur de l’estomac pour lui
extraire des substances nocives (projectiles mystiques, pierres, épines, insectes, etc.), faisaient
partie des pratiques habituelles. Le souffle, les frictions, l’échauffement ou la brûlure
étaient également caractéristiques de plusieurs peuples indigènes américains, y
compris les Guaranis et les Patagons. Les techniques d’extase, de jeûne et de mortifications
diverses étaient communes à d’autres ethnies, même parmi les indigènes des prairies
de l’Amérique du Nord 33 .
Félix de Azara (1796) dit à propos des Charruas : « Leurs médecins appliquent à tout
type de maladies le même remède, qui consiste à sucer avec force l’estomac du patient,
le persuadant qu’ils extirpent ainsi les maux pour qu’il soit soulagé. » Il ajoute à propos
des Minuans : « Ils guérissent leurs malades en leur suçant l’estomac, comme les Charruas
26 . » La méthode de succion, disait le jésuite autrichien Dobrizhoffer, s’étendait à
« un ulcère ou une blessure saignante, étant très bénéfique… pour les piqûres de serpent
» et affirmait qu’il s’agissait d’une méthode habituelle dans toute l’Amérique 34 .
En 1812, le colonel Díaz racontait que dans les tribus charruas, il était permis aux
femmes de guérir : il y avait « parmi eux des Indiennes qui faisaient office de médecins 34 .»
Les frictions consistaient à enduire le patient avec de la graisse de nandou, d’aguará
tigre, de tatou, d’iguane ou de poisson, et à frotter ensuite le corps à l’aide d’un morceau
de cuir; on utilisait aussi des cendres chaudes. Parfois, les cérémonies étaient accompagnées
d’herbes fumantes autour du patient 22 .
Le Dr Schiaffino nous dit que les peuples charruas pratiquaient les saignées et même
en abusaient, non seulement pour apaiser leurs maux mais aussi pour se soulager, courir
plus vite ou pour leurs fêtes solennelles et funéraires. Les Guaranis saignaient les
veines de la tête, du coude ou du mollet, suivant qu’ils voulaient guérir les céphalées, les
fièvres ou d’autres maux.
Les bains figurent parmi les méthodes thérapeutiques préférées; les Charruas les
préféraient froids tandis que, pour les Guaranis, ils devaient être chauds. Nos rivières
étaient réputées pour avoir des pouvoirs curatifs. Dans son ouvrage Historia de la
Conquista [Histoire de la Conquête], d’après une source indigène, Lozano attribua à la
rivière Hum (Río Negro) des pouvoirs curatifs, « car elle traverse depuis son origine des
terres où abonde la salsepareille ».
Schiaffino raconta aussi que pour aligner les fractures et les luxations, on utilisait des
procédures analogues sur tout le continent. Le musée de la ville de La Plata (Argentine)
expose des os parfaitement consolidés. Selon la région géographique, on employait des
plantes diverses : pour les Guaranis, le caapitá guazú, et dans nos latitudes probablement
le caroubier et le faux poivrier 34 .
La médecine aborigène ne se limitait pas seulement à la magie ou au symbolisme; il
existait parallèlement un certain type de recherche méthodique datant de plusieurs centaines
d’années, qui permit de découvrir les vertus curatives des plantes et des fleurs, les
liens entre elles, leurs causes et leurs effets sur l’organisme. Ces connaissances nous parviennent
grâce à la tradition orale.
Le père Furlong dit qu’« entre la médecine américaine et européenne, il n’y a pas eu
de choc mais plutôt une accolade ». Plusieurs récits de la Conquête comportent de nombreuses
notes sur la botanique et la médecine indigènes — comme ceux de Gonzalo
Fernández de Oviedo, Alonso de Zurita, Cieza de León, l’Inca Garcilaso, entre autres auteurs
35 .
Après qu’il fut guéri par des médecins aztèques, Hernán Cortés écrivit à l’empereur en
1522 : « Ne pas laisser passer de médecins dans la Nouvelle Espagne, les natifs suffisant 36 .»
407

ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
408
En 1570 Philippe II exprima dans une des lois des Indes (tome V titre VI) ses souhaits
d’envoyer en Espagne un ensemble des connaissances des indigènes sur les plantes, les
herbes et les graines médicinales, ainsi que sur la façon de les préparer, les ingérer, les
appliquer et les cultiver. Il décida avec le Conseil des Indes d’envoyer son propre médecin,
Francisco Hernández, lors d’une des multiples expéditions, accompagné de deux dessinateurs
mexicains chargés de répertorier 3 000 plantes à travers 2 000 illustrations.
Vers la fin du XVIII e
siècle, le 24 avril 1793, le Dr Antonio Lamella, installé à Montevideo,
reçut une pension pour se consacrer aux études botaniques, en raison de la grande
quantité de plantes médicinales qui existaient dans la région37 .
L’expédition du naturaliste Malaspina (1779) permit de découvrir plus de 500 plantes
répertoriées dans le sud-est de notre pays, dont 50 étaient inconnues des Européens38 .
Dom Pernetty — connu comme l’« Abbé curieux » — voyagea avec le capitaine Bougainville
(1767) et décrivit minutieusement des plantes médicinales cultivées dans un
jardin appartenant à la résidence d’un officier espagnol (mío-mio, ronce, herbe
meona, paico carqueja, guaycurú, charrua, higuerita, calaguala). Ses chroniques firent
référence à un traité médical sur la flore américaine publié par Nicolás Monardes
au XVI e
siècle, dans lequel était exposé « un mélange pilé de carapace de tatou cuit en
sève qui guérit les maladies vénériennes et fait sortir les épines de n’importe quel endroit39
.»
La biogéographie est la science qui étudie les différentes zones écologiques présentant
des caractéristiques données. Elle permit d’effectuer des classifications territoriales
mondiales40 . Ces zones, appelées phytogéographies, ne coïncident pas avec les frontières
politiques d’Amérique; on les appelle provinces phytogéographiques41 . La province uruguayense
s’étend vers la Mésopotamie argentine et vers Rio Grande do Sul; elle ne correspond
pas à la zone du Parana. Notre zone est subsidiaire à une zone subtropicale
humide, avec des forêts appauvries si on les compare aux zones situées plus au nord
(province paranaense). Nos plantes partagent les caractéristiques de celles des pays voisins,
dans une même région phytogéographique. Plusieurs zones possèdent des plantes
ayant une grande capacité à s’adapter.
D’après le récit de A. Ribeiro, lors de son exil au Paraguay, Artigas soignait les ulcères
de ses jambes avec du tapacué (Acanthospermum australe), connu chez nous comme
agarrabicho ou yerba de la oveja (herbe de la brebis). Le même auteur mentionne la
connaissance d’Artigas des plantes médicinales42 . Au cours des batailles pour l’indépendance,
lui et ses Indiens durent sans doute avoir recours plusieurs fois à ces « pharmacies
de chemin » citées dans les travaux d’Abella6 .
PHARMACIES DE CHEMIN
La plupart des chroniques s’accordent à souligner la bonne santé des Charruas :
« Une constitution corporelle telle et une santé très solide, que la plupart des Européens
envieraient », affirme Dobrizhoffer 34 . Azara écrit (1786) : « J’ai remarqué qu’ils ne souffrent
pas de maladie particulière ni de celle des Gaulois, et je crois qu’ils vivent plus longtemps
que nous 38 .»
Les Charruas vivaient extrêmement vieux, leurs corps se détériorant moins que ceux
des Européens; leurs cheveux ne devenaient jamais complètement blancs. Leur peau
était d’une couleur foncée, brun olive, tel que D’Orbigny le décrivit en 1829. Le Dr Fleurens
mena en 1833 une étude anatomique de la peau des Charruas qui avaient été
conduits à Paris, révélant qu’elle ressemblait à celle des Noirs. Fleurens précise qu’il fait
référence à l’identité de la structure histologique plutôt qu’à la couleur et il ajoute : « Le
bulbe pileux est normal, légèrement plus petit que celui des Européens; il présente dans
sa partie supérieure un gros cumul de pigment, la partie inférieure étant moins pigmentée…
la tige est plus fine que celle des Européens 11, 22 .»

Les indigènes de l’Uruguay et leur rapport à la dermatologie
Ils enduisaient leur corps avec de la graisse animale et « ils s’allongeaient ensuite au
soleil pour qu’elle pénètre », raconte le colonel Díaz (1812) dans la Historia de las Repúblicas
del Plata [Histoire des Républiques du Plata]. La graisse de tigre était employée
pour soigner plusieurs maladies de la peau. « C’était un médicament infaillible contre les
vers de terre » car on présumait qu’ils « abandonnaient les cavités à cause de l’odeur
nauséabonde dégagée par la substance ». Comme ils étaient souvent au contact de l’eau
ils utilisaient aussi d’autres graisses, qu’ils mélangeaient parfois avec des herbes afin de
repousser les insectes 22, 34 .
Les Charruas s’infligeaient de multiples incisions sur la peau soit pour des mortifications
funéraires, soit pour indiquer le nombre d’ennemis tués.
Le régime des aborigènes était riche en protéines grâce à la consommation de cerf,
de nandou, de tatou, de perdrix, de dinde des bois, de poisson et de mollusques; le régime
se complétait de fruits : butiá arazá, mburucuyá, cœur de ceibo et du miel de lechiguana,
camoatí et camoatá en abondance 43 . Le bois indigène était un
« supermarché » dont ils profitaient doublement : le bois fruitier et à miel, source de
protéines, fournisseur de boisson, et le bois comme pharmacie, avec quarante-huit espèces
de plantes médicinales connues 44 .
Les indigènes américains eurent un rapport « religieux » avec les arbres natifs. Dans
notre région les Charruas et les Guaranis vénéraient l’higuerón, l’ombu et l’aruera,
considérant que chaque espèce avait un esprit gardien. Ils respectaient et préservaient
les légendes sur les arbres sacrées, les plantes magiques ou diaboliques, les herbes médicinales
ou hallucinogènes, les transmettant à leurs descendants.
Gonzalo Abella rapportait les paroles d’un voisin de la ville de Artigas : « Ma grandmère
charrua me racontait des choses et me demandait de ne pas oublier… après elle
m’emmenait dans la campagne et m’obligeait à saluer certains arbres et je devais me rappeler
qu’ils étaient sacrés 6 . » Des descendants charruas qui habitent actuellement dans la
province d’Entre Ríos, en Argentine, parlent du caroubier blanc comme d’un « arbre
sacré pour ses dons » 45 .
Plus de 170 espèces de la flore autochtone uruguayenne ont des vertus médicinales,
dont plus de 40 pour le traitement des affections de la peau. La compilation consultée,
rassemblant une longue tradition orale, dénote leur application pour de multiples lésions
de la peau — blessures, « plaies », ulcères, éruptions, inflammations de la peau et
des muqueuses, teigne, gale, furonculose et « boutons », « durillons » et verrues,
« plaies syphilitiques » — comme cicatrisant, astringent, etc.
Parmi ces plantes, notons quelques-unes des plus importantes : tribule, flamboyant
d’Hyères, agarrabicho, absinthe, ambroise, pied-de-mouton, faux poivrier, angico, araza
bardana, mburucuyá, calaguala, centáurea, caraguatá, carqueja, ceibo, barraco, cipo,
cula, curupí, charrúa, épine-vinette, espinillo (Acacia caven), guaycurú, higuerón, huevo
de gallo, mauve, mio-mio, ortie, palan-palán, paja brava, jambe-de-vache, saule, sureau
noir, vergerette du Canada, salsepareille 45, 46 .
Les préparations des herbes médicinales suivaient les méthodes traditionnelles d’infusion,
de cuisson et de macération, soit de la tige, soit des feuilles, soit des fleurs, soit
de l’écorce ou de la racine, avant application sur la zone à traiter.
La médecine populaire développée par les Charruas et les Guaranis de la province de
Misiones connut une vaste diffusion et une forte implantation en Uruguay. Elle fut pratiquée
si intensément qu’elle fut employée pendant plusieurs années non seulement par
les guérisseurs mais aussi par la plupart de la population rurale et dans bien d’autres
secteurs de la société. Elle fut également assimilée dans la communauté afro; de ce fait,
le Noir yuyero et la guérisseuse noire sont des personnages caractéristiques, représentés
aujourd’hui par les personnages du carnaval, tel le sympathique negro gramillero 16 .
La Mésopotamie argentine hébergea des Charruas; elle abrite actuellement leurs descendants.
Un site Internet édité par l’association Pueblo Jaguar, située à Villaguay
409

ROBERTO RAMPOLDI BESTARD
410
(province d’Entre Ríos, Argentine), publie une liste de plantes médicinales et de leurs applications
sous le titre « Jardin ethnobotanique du peuple charrua ». Don Santos Mornico
est le yuyero charrua responsable du site : « Dans l’esprit de nos yuyeros et
guérisseurs se réfugient nos savoirs et nos pratiques; leur travail persiste autant que le
bois persistera. Les traditions seront vivantes si elles sont transmises aux nouvelles générations,
aujourd’hui et toujours, et leur efficacité incite à conserver, à récupérer et à
protéger une connaissance traditionnelle dans l’intérêt de l’humanité 45 .»
Barrán soutient qu’entre la médecine académique et la médecine populaire il n’y a
pas eu d’abîme mais une continuité, surtout jusqu’en 1875-1880 47 . Les habitants des provinces
de notre pays emploient couramment les plantes médicinales pour beaucoup d’affections,
indépendamment du fait de reconnaître et de respecter la médecine
académique.
Les « pharmacies de chemin » existent toujours. Au cours de l’été 2003, nous participâmes
à une excursion dans la sierra de Carapé, conduits par un villageois, Dom
Tomás. Un membre de l’expédition infortuné souffrit d’une intense gastro-entérocolite
aiguë; notre guide s’éloigna alors du chemin et offrit à son retour une herbe « Santa
María » pour la boire en infusion. Il obtint de très bons résultats.
Nous arrivâmes plus tard dans un bois centenaire de coronilles que nous cherchions.
C’est là que Dom Tomás nous parla de maintes plantes curatives qui existaient dans les
alentours; son grand-père et son oncle lui avaient appris tout ce qui est en rapport avec
les plantes médicinales et leurs propriétés. Moi, je l’écoutais, étendu par terre, mais il
me conseilla de ne pas rester là parce que « le printemps me causerait du prurit ».
Le retour à Montevideo fut prurigineux. Le soir je compris pourquoi ces herbes sont
appelées « printemps » : elles sont pleines de « poussées ». ■
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ólogo
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
EN URUGUAY
RAÚL VIGNALE
COLLABORATEUR: FRANCISCO AMOR GARCÍA
■ P rologue
Si on demandait aux dermatologues les plus âgés de rédiger une Histoire de la dermatologie
latino-américaine, ils seraient obligés d’étudier la dermatologie de leur pays
pour pouvoir ensuite l’écrire ; ils seraient les seuls à pouvoir accomplir cette tâche car
ils ont vécu suffisamment longtemps pour se souvenir des concepts et des faits transmis
de génération en génération. Cette rédaction implique également de se référer, de manière
anecdotique et biographique, au patrimoine scientifique national riche et extrêmement
dense, face au progrès constant d’une science de plus en plus vaste et complexe en
raison de la somme de connaissances liées aux nouvelles formes et techniques de l’information.
L’activité de l’homme contemporain est plongée dans un tel tourbillon que son
échelle de valeurs en est altérée. Nous reléguons plusieurs fois, sans le considérer à sa
juste valeur, ce passé si riche en travail, en constance, en persévérace, en talent et à l’originalité
bien réelle, sans nous arrêter sur ce qui est vraiment important et perceptible,
comme par exemple les grandes figures de la médecine uruguayenne — surtout de la
dermato-syphiligraphie — aux XVIII e
et XX e
siècles.
C’est pour cela que nous croyons indispensable d’évoquer les racines qui sont à l’origine
de la pensée contemporaine. La vaste démarche de ce groupe de médecins notables et
brillants se reflète non seulement à travers leur profession médicale publique mais aussi et
fondamentalement à travers les publications scientifiques qu’ils nous léguèrent en témoignages
de ce travail constant, et qui sont à la base de la conscience médicale de notre culture.
Ce travail que nous entreprîmes comme des coordinateurs enthousiastes (mais nous
dûmes également faire face aux difficultés liées au manque de sources d’information)
vise à retracer l’histoire de la dermatologie et de la syphiligraphie en Uruguay, de la manière
la plus complète possible, sur la base des documents conservés dans les bibliothèques
de la faculté de médecine. Les premiers documents et les revues publiés dans le
Rio de la Plata sont conservés dans son départerment des archives et dans ceux du ministère
de la Santé publique.
Nous remercions le soutien fondamental du Dr Fernando Mañé Garzón, professeur et
directeur du département d’histoire de la médecine de la faculté de médecine, ainsi que
celui de ses collaborateurs, qui rédigèrent plusieurs articles se rapportant à une longue
période qui comprend les XVII e
, XVIII e
et XIX e
siècles.
413

Figure 1.
Premier hôpital
de Caridad (1788).
Musée de l’hôpital
Maciel
RAÚL VIGNALE
Cette brève publication n’aurait pas vu le jour sans la collaboration très désintéressée
des auteurs suivants, tous réputés pour leurs vastes connaissances en dermatologie
provenant essentiellement de leur long parcours hospitalier : les Prs Drs Juan Francisco
Tost, Eustaquio Montero, Esther Vilaboa (née Casella), Ana Cassinelli, Probo Pereira,
Moris Margounato, Néstor Macedo et Griselda de Anda, ainsi que les Drs Carmen Riveiro
et Francisco Amor García.
L’Uruguay est un petit pays situé entre l’Argentine et le Brésil; ses côtes bordent le
Río de la Plata et l’océan Atlantique et sa population est d’environ 3 millions d’habitants.
Le pays possède une seule faculté de médecine située dans la capitale, Montevideo; tous
les médecins uruguayens y étudièrent. Elle est installée dans un ancien immeuble où
sont dispensées les matières basiques, tandis que la formation pratique est effectuée à
l’hôpital universitaire Manuel Quintela. L’enseignement a également lieu dans les hôpitaux
du ministère de la Santé publique, tels les hôpitaux Maciel, Pereyra Rossell, Pasteur
et l’institut d’hygiène. Étant donné la grande croissance du nombre d’étudiants en médecine
au cours des dernières années, certaines matières cliniques sont enseignées dans
les hôpitaux de la capitale de certains départements du pays.
■ Le Le premier soin hospitalier soin à hospitalier Montevideo à Montevideo
414
Lorsque Bruno Mauricio de Zabala fonda en 1726 la ville de Montevideo, il devint nécessaire
de soigner les premiers habitants. À ce moment-là, le centre-ville hébergeait
400 habitants tandis que 4 000 personnes résidaient dans les environs.
C’est ainsi que débuta la première époque sanitaire. Les malades graves étaient envoyés
à Buenos Aires, une ville avec laquelle le contact était quotidien, créant ainsi ce
qu’on appela la médecine du Rio de la Plata. Les soins étaient pratiqués dans les maisons
particulières; on faisait appel aux
médecins de la prison pour assister les
prisonniers et les soldats. En 1760 fut
installé à Maldonado un petit foyermaison
appelé hôpital Real, dans le but
d’apporter des services médicaux aux
patients éloignés de la capitale. Plus
tard, près du port de Montevideo, un
petit local hébergea un hôpital appelé
de la Marina. Francisco Maciel et
Mateo Vidal, accompagnés d’un petit
groupe de notables appartenant au
conseil municipal, créèrent en 1775 la
confrérie de la Charité de San José. La grande quantité de malades obligea à la création
de l’hôpital de Caridad 1-13 (figure 1) entre 1775 et 1789, visant à offrir plus de confort et
de meilleurs soins aux patients; en 1791, il fut transféré à un autre endroit pour être
agrandi. Finalement, la première pierre du nouvel hôpital définitif, appelé Maciel en
l’honneur de son premier fondateur, fut posée le 24 avril 1825 9-16 . L’hôpital de Caridad
fonctionna entre 1788 et 1825, connaissant des agrandissements successifs.
Les premiers médecins se formèrent à Buenos Aires, où il existait déjà une faculté de
médecine. Ces premières années furent néfastes pour la population, car les nombreux
blessés des guerres entre les Orientaux, les Espagnols et les Portugais, guerres provoquées
par les invasions continuelles principalement entre 1813 et 1816, venaient s’ajouter
aux malades locaux. Plus tard, Dámaso Antonio Larrañaga, vicaire de l’église Matriz,
et Pintos de Araujo Correa agrandirent ces endroits pour un soin hospitalier plus large

en créant la Casa Cuna pour des enfants
abandonnés et malades.
Entre 1825 et 1881 eut lieu la
deuxième époque, pendant laquelle
l’hôpital Maciel fonctionna définitivement
selon les meilleurs paramètres de
l’époque (figure 2). Le 17 juin 1888 fut
célébré le premier centenaire de l’hôpital
de Caridad. D’autres hôpitaux furent
fondés pendant ces années, aidant
au soin de la population, qui augmentait
vite en raison de l’immigration de
personnes originaires de divers pays
européens.
La première faculté de médecine, fondée en 1875 près de l’hôpital Maciel, déménagea
en 1908 à son emplacement définitif avenue Général Flores.
José Brito Foresti quitta la faculté de médecine en 1890; en 1897 il créa et dirigea à
l’hôpital Maciel la première polyclinique de la peau et de la syphilis — appelée ensuite
Clínica Dermosifilopática (1908) 12-16 — constituant ainsi un fait historique qui marqua la
fondation de la dermatologie uruguayenne. En 1994, la clinique déménagea à l’hôpital
universitaire des cliniques Dr Manuel Quintela, où elle fonctionne actuellement. Pendant
toute cette longue période, plusieurs générations de dermatologues se formèrent sous la
direction des maîtres. C’est ainsi que fut fondée la médecine dermatologique nationale,
dont l’histoire intègre les chapitres suivants.
Portrait des figures les plus importantes de la dermatologie en Uruguay. XIX e et XX e siècles
José Brito Foresti
Raúl A. Vignale, Francisco Amor García
Histoire de la dermatologie en Uruguay
■ Portrait des figures les plus importantes
de la dermatologie en Uruguay. XIX e
et X X e
siècles
Né à Montevideo le 24 octobre 1870, il reçut son diplôme à la faculté de médecine
en 1890 (figure 3). Sa thèse de doctorat (1894) Quelque chose sur la désinfection publique
manifesta sa préoccupation pour les problèmes sanitaires et l’influence des
nouveaux concepts de Louis Pasteur. Durant la même année il s’installa à Paris, travaillant
comme assistant à l’hôpital Saint-Louis pendant trois ans, aux côtés des
grands maîtres tels que Besnier, Fournier, Hallopeau et Gaucher, entre autres ; il retourna
plusieurs fois en Europe. En janvier 1897, il fut désigné par concours chef de
la première Policlínica Dermosifilopática à l’hôpital Maciel ; il y travailla pendant plus
de quarante ans dans le soin et l’enseignement, complétant ses cours au pavillon Ricord,
où étaient hospitalisés les patients. Le 21 mars 1908, il fut désigné professeur titulaire
de la clinique dermosyphilopathique de la faculté de médecine, poste qu’il
occupa jusqu’à sa mort survenue en 1939, alors qu’il était âgé de 68 ans. Ses mérites
et ses publications sont nombreux. Il fut le premier président et membre honoraire de
la Société uruguayenne de dermatologie fondée en 1918 ; il présida plusieurs congrès,
des réunions scientifiques et une infinité d’activités de la spécialité. Le 30 juillet 1960,
la Société Uruguayenne de Dermatologie, présidée par le Pr Dr Bartolomé Vignale et
dont le secrétaire était le Dr Carlos María Fosatti, demanda à la Direction départementale
de Montevideo de baptiser une rue du nom du médecin, ce qui fut approuvé
en 1969.
415
Figure 2.
Hôpital de Caridad
(1857),
actuellement
monument national.
On observe
l’élargissement de
l’ancienne enceinte,
sur deux étages,
avec des salles pour
les femmes et pour
les hommes. Sur un
angle du bâtiment,
la première chapelle
de Montevideo
Figure 3.
José Brito Foresti,
premier professeur
de la Clínica
Dermosifilopática
de la faculté de
médecine de
l’hôpital Maciel

Figure 4.
Bartolomé Vignale,
successeur du Pr
José Brito Foresti à
la chaire de la
Clínica
Dermosifilopática
de la faculté de
médecine à
l’hôpital Maciel
RAÚL VIGNALE
416
Ses disciples les plus notables furent Bartolomé Vignale, Aquiles Amoretti, José María
Tiscornia et Héctor Santomé, qui occupèrent plus tard les postes de professeurs auxiliaires
et titulaires de la faculté.
Pr Dr Bartolomé Vignale
Raúl A. Vignale, Francisco Amor García
Il est né à Montevideo le 3 février 1892 au sein d’une famille d’immigrants génois (figure
4). Il commença ses études à la faculté de médecine en 1911 et les termina en 1916.
Des concours publics lui permirent de gravir les échelons de l’enseignement à la faculté de
médecine. Il fut chef de la Clínica Dermosifilopática entre 1919 et 1922, professeur auxiliaire
en 1928 et professeur titulaire entre 1947 et 1965, année de sa retraite; il fut alors désigné
professeur émérite par le conseil de la faculté. Il fut essentiellement formé aux côtés du Pr
Dr Brito Foresti. Il voyagea plusieurs fois à Paris pour se spécialiser à l’hôpital Saint-Louis,
et par la suite en Italie et en Espagne, avec les principaux maîtres des différents services.
Pendant les premières années, il exerça à l’hôpital Maciel, et il regagna plus tard, en 1954,
l’hôpital des cliniques. Ses immenses mérites, ses nombreuses publications dans des revues
médicales et sur la spécialité font de Vignale un des maîtres de la dermatologie. Il présida
plusieurs congrès et des réunions scientifiques. C’était une personne exquise et extraordinaire,
remarquable pour ses excellentes qualités humaines, son respect envers ses pairs et
sa bonne humeur. Il fut coéditeur de la Revista Uruguaya de Dermatología avec le Pr May
et délégué des professeurs au sein du conseil de la faculté, entre autres mérites. Il eut l’idée
de créer avec son professeur la section de dermatologie et de syphiligraphie de la Société
médicale de l’Uruguay et, en 1956, les fameuses Journées rioplatenses de dermatologie, qui
se réalisaient tous les deux ans, en alternance à Montevideo et à Buenos Aires.
Pr Dr Aquiles Amoretti
Il succéda au Pr Bartolomé Vignale à la Clínica Dermosifilopática de la faculté de médecine
comme professeur titulaire (1959-1969). Son parcours dans l’enseignement se fit par concours
à la faculté de médecine; il occupa les postes de chef de clinique, d’assistant et de professeur
adjoint. Sa carrière au sein du ministère de la Santé publique se fit également par concours,
débutant comme médecin dermo-vénéréologue dans les dispensaires antisyphilitiques et des
maladies vénériennes, appelés plus tard d’hygiène sexuelle, pour accéder ultérieurement au
poste de chef du service de la peau de l’hôpital Pasteur; il occupa ce poste pendant plusieurs
années, ayant succédé au Dr Pedro Raúl Alonso, fondateur du service. Il fut le médecin généraliste
par excellence, un grand sémiologue, un exemple de l’influence de l’école française et
des professeurs qui le précédèrent, comme J. May et B. Vignale. Son insistance sur le diagnostic
clinique le mena même à soutenir que l’histopathologie aide au diagnostic, mais qu’à
la fin, en cas de doute, c’est l’examen clinique qui prévaut. Il poursuivit l’organisation des Journées
rioplatenses, il présida la Société uruguayenne de dermatologie ainsi que de nombreux
congrès. Il publia une grande quantité de travaux dans les Annales de la faculté de médecine,
dont plusieurs en collaboration avec R. Vignale, tous comportant des cas cliniques inédits qui
méritèrent plusieurs distinctions, notamment en Argentine et au Brésil.
Pr Dr Raúl Vignale
Raúl Vignale, Francisco Amor García
Né le 26 novembre 1924, il était le fils cadet de Bartolomé Vignale et de Beatriz
Maragliano. Il débuta son parcours dans l’enseignement lorsqu’il était encore étudiant,

Histoire de la dermatologie en Uruguay
aidant aux cours du département d’histologie et d’embryologie placés sous la direction de
Washington Buño, et ensuite par concours comme assistant du cours de physiopathologie
et de médecine avec les Prs Drs José P. Migliaro, F. Herrera Ramos et Manlio Ferrari.
Ayant obtenu son diplôme en 1954 avec une thèse de doctorat sur la Tumeur de Malherbe
(mention très bien), il obtint par concours tous les postes à la faculté de médecine avant
d’accéder à celui de professeur titulaire en 1969. Quelques années plus tard il fut remplacé
par le Pr Dr Probo (1988). Suite à l’obtention du prix Artigas — récompense maximale
qu’un étudiant pouvait recevoir à l’époque —, sa thèse lui permit de gagner une
bourse; il sollicita un séjour à New York avec Alfred Hopf, mais la maladie de son père le
conduisit à choisir une ville plus proche : il s’installa à Buenos Aires pendant cinq ans
(1958-1962) et se spécialisa avec les Prs Luis E. Pierini, David Grinspan, Julio M. Borda,
Jorge Abulafia, R. Mazzini, Pomposiello et Jonquières à l’hôpital Rawson; avec Marcial
Quiroga, M.A. Mazzini et Magnin à l’hôpital Ramos Mejía et avec Dagoberto Pierini à la
Casa Cuna-hôpital pour enfants Pedro de Elizalde. Ce fut surtout à l’hôpital Rawson — où
le Dr Jorge Abulafia, véritable maître de la spécialité, travaillait comme dermo-pathologiste
— que Raúl Vignale se forma. Le temps passé à ses côtés, de 7 heures à 18 heures
tous les jours, lui permit d’approfondir ses connaissances cliniques et anatomo-pathologiques,
en cultivant en même temps des amitiés dont il se souvient encore.
Pendant plusieurs années, il se consacra à cette sous-spécialité en voyageant tous les
mois et en travaillant dans les services de dermo-pathologie des différents hôpitaux. Il
appliqua aussi l’immunologie à la clinique comme élément fondamental pour expliquer
la physiopathologie des maladies. Il travailla comme anatomo-pathologiste au sein du
service de la Clínica Dermosifilopática de l’hôpital Maciel, accompagnant le Pr Dr Luis
Torres de la Llosa, tâche qu’il poursuivit à l’hôpital des cliniques Dr Manuel Quintela. Remarquons
que l’anatomie pathologique se pratiqua toujours au sein de ce service, depuis
les temps lointains de l’hôpital Maciel, et ensuite à l’hôpital des cliniques.
Quant au ministère de la Santé publique, il passa son premier concours en tant que
dermatologue du SAYPA (Service et assistance et préservation antituberculeuse); il y soigna
pendant quatre ans les patients atteints de tuberculose présentant des lésions cutanées
et n’étant plus hospitalisés à l’hôpital Saint-Bois. Quelques années plus tard, il dut
passer un nouveau concours pour le poste de médecin dermo-vénéréologue et d’hygiène
sexuelle, charge qu’il exerça dans les dispensaires antisyphilitiques et de maladies vénériennes.
Ultérieurement un autre concours lui permit d’obtenir le poste récemment
créé de médecin-chef de la polyclinique dermatologique de l’hôpital Pereyra Rossell; il y
travailla jusqu’en 1969, date de sa nomination comme professeur titulaire à la Clínica
Dermosifilopática de l’hôpital des cliniques. Il travailla à la polyclinique dermatologique
de l’institut d’oncologie aux côtés du Dr José Espasandin et des nouveaux adjoints de la
clinique de la faculté.
En résumé, il fit tout son parcours au ministère de la Santé publique, où il exerça
même la charge de chef, et celle de professeur titulaire à la faculté. Pendant plusieurs
années il fut assistant en anatomie pathologique dudit ministère à la Posta Central de
l’hôpital Pereira Rosell, dirigée par le Pr Matteo. Il reçut de nombreux prix, honneurs et
distinctions de diverses académies internationales de dermatologie, telle la distinction
octroyée par la commission directive du CILAD à Málaga qui le reconnut comme étant
l’un des principaux dermatologues ibéro-latino-américains; ultérieurement, dans le
grand amphithéâtre de la faculté de médecine, le comité international de Ligues des sociétés
de dermatologie lui attribua un « certificat d’appréciation » pour ses mérites extraordinaires
dans les domaines de l’enseignement, la recherche et la coopération
internationale en dermatologie. Pour ce dernier événement, le Pr Ana Kaminsky, de Buenos
Aires, se déplaça en Uruguay comme délégué du comité international dont le siège
se trouve aux États-Unis. Il fut également fondateur, secrétaire et président d’ULACETS
(Union latino-américaine contre les maladies sexuellement transmissibles) et président
417

RAÚL VIGNALE
418
de plusieurs congrès internationaux avec d’autres professionnels notables d’Uruguay et
d’Amérique latine.
Pr Dr Probo Pereira da Silva
Mentionner cet illustre professeur titulaire de la clinique dermatologique, d’une personnalité
exquise, respectueux de ses devoirs et de ses obligations, est pour nous un devoir
incontournable. La dermatologie en Uruguay et dans les pays voisins continua de
grandir grâce à lui. Il créa le département de chirurgie dermatologique et la section dermatite
de contact que dirige actuellement le Pr Dr Selva Alé. Il consacra sa vie à l’enseignement,
en créant des groupes de travail qui se révèlent être actuellement très
fructueux dans les domaines du soin et de l’enseignement. Étant donné son grand intérêt
pour la chirurgie dermatologique, il envoya plusieurs jeunes médecins à Buenos Aires
et à Córdoba afin qu’ils se spécialisent dans cette branche de la dermatologie. Il pensait
à l’avenir, à ce que devrait être la dermatologie dans les années futures : ces mérites
sont plus que suffisants pour le désigner comme père de la dermatologie moderne. Il fut
à plusieurs occasions le dirigeant d’ULACETS, secrétaire et président de la Société uruguayenne
de dermatologie et président de maints congrès sur la dermatologie.
Nous ne voulons pas terminer cette brève synthèse sans mentionner plusieurs médecins
qui consacrèrent leur vie à notre spécialité, en accédant par concours à toutes les
charges au sein du ministère de la Santé publique et de la faculté de médecine, y compris
celle de médecin-chef. Nous citerons Juan F. Tost, Cándido Prego, Pablo Klestorny,
Blanco, Héctor Abreu, José M. Infantozzi, Carmen Riveiro, Esther Vilaboa (née Casella),
Eustaquio Montero, Luis Torres de la Llosa, Ana Cassinelli. Bien d’autres se distinguèrent
en enseignant chaque jour minutieusement et méthodiquement la sémiologie à l’hôpital;
c’était des gens exquis au quotidien, respectueux des opinions de leurs collègues.
Nous éprouvons envers eux une grande affection et un profond respect. Il est impossible
de tous les citer mais ils contribuèrent à la dermatologie et laissèrent des traces profondes
et indélébiles pour que les plus jeunes puissent tirer des leçons de leurs enseignements.
Nous retrouvons chez beaucoup de nos confrères la marque de leurs
immenses vertus caractérisées par la grandeur et l’altruisme; souvenons-nous d’eux
avant qu’ils ne trépassent.
Nous vivons maintenant à l’ère moderne, avec les nouvelles générations de dermatologues,
qui apprirent de leurs aînés et qui assument l’obligation d’enseigner et de transmettre
les connaissances de génération en génération. Il s’agit des adjoints de clinique, des
assistants, des professeurs adjoints : les Drs Néstor Macedo, Miguel Martínez et Selva Ale,
ainsi que l’actuelle professeur titulaire Dr Griselda de Anda, véritable moteur, travailleuse
géniale et inlassable, qui consacra sa vie à l’enseignement, au soin et à la recherche. Professeur
et maître en dermatologie clinique et en dermo-pathologie, elle créa également les
sections spécialisées telles que la dermatologie pédiatrique et les ulcères des jambes, la
chirurgie et les dermatites de contact. Elle voyagea continuellement dans le but d’apprendre
toujours, participant notamment aux meetings annuels de l’académie de dermatologie
des États-Unis. Sa production scientifique, très vaste, comprend d’innombrables
articles publiés dans des revues nationales et étrangères, ainsi que plusieurs participations
à des congrès, des symposiums et des réunions scientifiques en Uruguay, aux États-Unis et
dans d’autres pays latino-américains et européens.
Grâce à son enthousiasme et son dévouement extraordinaires, le Pr de Anda fit
en sorte que la dermatologie uruguayenne s’élève au niveau international au cours
des vingt dernières années. Nous pouvons dire la même chose de ses prodigieux collaborateurs
— les Drs Macedo, Alé et Martínez — et d’autres collaborateures plus
jeunes, qui présentèrent continuellement de nombreux articles et livres, obtenant

plusieurs prix internationaux. On peut affirmer qu’une infinité de disciples naquirent
aux côtés du Pr de Anda. Il s’agit là de la troisième étape glorieuse de la dermatologie
en Uruguay.
Hopitaux possédant des services de dermatologie
Hôpitaux dépendant du ministère de la Santé publique
Histoire de la dermatologie en Uruguay
■ Hôpitaux possédant des services de dermatologie
HÔPITAL MACIEL
Il représente toute une gloire de la médecine uruguayenne sur plusieurs siècles 1-16 .
Depuis ses origines, il fonctionnait comme hôpital du ministère de la Santé publique,
mais les activités étaient divisées; y travaillaient des médecins de la faculté de médecine
tels José Brito Foresti, Bartolomé Vignale, José María Tiscornia Denis, Héctor Santomé,
Antonio Blanco et Juan F. Tost (figures 5 et 6). Distinguons les figures extraordinaires de
la faculté de médecine et du ministère de la Santé publique comme José May, Cándido
Prego, Héctor Abreu, Eustaquio Montero, Blanco, Esther Vilaboa (née Casella) et Ana
Cassinelli. Il faut également citer d’excellents médecins qui passèrent dans ces services :
Levy, Rampoldi, Dos Santos, Susana Dorce, Diab, Macedo, Bruno, Mocobocki et Conti.
L’hôpital Maciel est, depuis peu d’années, l’un des principaux hôpitaux de référence
pour tout l’Uruguay. Sous la direction des Drs Cassinelli et Diab, le
lien avec le service d’hémato-oncologie et de greffés de la moelle osseuse,
le service de chirurgie thoracique et spécialement avec le seul
centre de thérapie gravitationnelle du pays et celui de l’unité de médecine
psychosociale (unique en Santé publique) est très fluide. Son
immeuble fut agrandi en 1999 et dispose de tous les éléments modernes
pour un meilleur soin des patients. L’ultime réussite du Dr
Cassinelli fut l’inclusion dans le vademecum de l’hôpital des médicaments
spécifiques à la dermatologie pouvant être prescrits seulement
par les spécialistes, ce qui permit le maintien d’une quantité relativement
stable de médicaments. Nous voulons signaler très spécialement
le travail intense et extraordinaire du Dr Cassinelli, qui fit de
son service l’un des meilleurs d’Amérique.
HÔPITAL FERMÍN FERREIRA
Il fut créé vers la fin du XIX e siècle pour l’hospitalisation et le traitement
de patients tuberculeux. Deux pavillons étaient séparés du
noyau principal de l’immeuble, destinés à héberger les malades souffrant
de la lèpre; il s’agissait de la léproserie primitive, dirigée durant
de longues années par Ernesto Stirling, un homme qui consacra
toute sa vie au soin des malades avec tendresse, enthousiasme et dévouement.
Lors de la fermeture de cet hôpital, les patients furent soignés
dans l’institut hansénien, un immeuble spécialement conçu
dans les environs de Montevideo. Il disposait de quatre salles — deux
pour les femmes et deux pour les hommes —, six maisons indépendantes du noyau central
pour les patients qui vivaient en couple et des bureaux destinés à la direction et à
l’administration; cette section était dirigée par le Dr Víctor Rosen, tandis que les Drs
Moris Margounato et Nieves Varela étaient chargés des malades. L’institut possédait tout
le matériel et les médicaments indispensables et comptait également des odontologistes,
des neurologues, des chirurgiens et des physiothérapeutes. La campagne et la lutte
contre la maladie de Hansen au niveau national étaient à la charge du Dr Vázquez.
419
Figure 5.
Dans la cour de
l’hôpital Maciel (1926).
De gauche à droite :
Demaestri (appariteur),
B. Vignale et Brito
Foresti ; derrière,
Santomé, Klestorny,
des médecins adjoints
et l’infirmière

Figure 6.
Dans la cour de
l’hôpital Maciel
(1956). De gauche
à droite : (assis)
Badhou, B. Vignale,
des praticiens,
Infantozzi, Abreu,
Santomé et
Tiscornia; (debout)
Ferro (infirmier),
des médecins
adjoints, Amoretti,
des infirmières et
Sanjinés
RAÚL VIGNALE
420
HÔPITAL PEREIRA ROSSELL
Il s’agit d’un immense immeuble divisé en plusieurs
pavillons pour les cliniques gynécologiques et un pavillon
central pour les cliniques pédiatriques. L’un des
services dirigés par le Pr Dr Euclides Peluffo en 1962
comptait le Dr Raúl Vignale, qui s’y rendait pour examiner
les enfants présentant des lésions cutanées et
pour dispenser l’enseignement. En 1964, le ministère
de la Santé publique créa la polyclinique dermatologique,
et le Dr Vignale occupa le poste de chef du service.
Un an plus tard le Dr Walter Tena, qui travaillait
comme médecin dermo-vénéréologue au dispensaire
nº 1, obtint le poste d’assistant de clinique; le Dr Vignale
avait occupé ce poste et le céda au Dr Tena avant
de se présenter au concours pour le poste de professeur de la Clínica Dermosifilopática de
l’hôpital des cliniques en 1969, succédant au Pr Dr Aquiles Amoretti.
La polyclinique dermatologique de l’hôpital Pereira Rossell, dirigée par des médecins
réputés comme les Drs Pazos, Valls, Viña, Pous et Salmentón, le Dr Tena étant toujours
le chef, fonctionne actuellement toute la journée avec la même efficacité et le même dévouement
habituel : soin des malades en consultation externe et des patients hospitalisés.
Notons que le Pr Dr Griselda de Anda, professeur à la clinique dermatologique de la
faculté de médecine, y participe avec assiduité, ad honorem, pour collaborer à ces activités,
faisant preuve d’un travail scientifique efficace. En plus, les trois cliniques pédiatriques
et gynécologiques dispensent comme d’habitude l’enseignement. C’est un centre
de référence pour tout le pays.
Cet hôpital abrite un centre spécialisé pour le traitement des maladies de la peau
(CETEP en espagnol), qui dépend du ministère de la Santé publique. Son chef est le professeur
auxiliaire Néstor Macedo; il est accompagné des Drs Bessonart, Piñeyro, Tcheckmedyian,
Delucchi, Méndez, Kleist, Moriyama, Labat et Casanova. Ce centre soigne aussi
bien des adultes que des enfants et possède un fichier qui constitue un modèle en Uruguay.
Les différents traitements sont effectués avec la plus haute technologie : photo-chimiothérapie,
cryothérapie, échographie, bloc opératoire pour des interventions
mineures. La polyclinique consacrée aux « ulcères des jambes » affiche d’excellents résultats.
Tous les derniers mardis du mois sont organisés des ateliers où sont invités les
collègues des différents hôpitaux et chaque mercredi on discute des cas cliniques. C’est
ainsi qu’un excellent groupe de travail s’est formé, dont l’avenir est plus que prometteur.
C’est un autre exemple de l’extraordinaire valeur scientifique d’assistance de la dermatologie
uruguayenne avec d’autres services d’hôpitaux divers.
HÔPITAL PASTEUR
Fondé et inauguré vers la fin du XVIII e
siècle, il possédait à l’origine une polyclinique
dermatologique; c’est là que le Pr Dr Héctor Raúl Alonso débuta comme chef de service,
et il y travailla pendant plusieurs années. Lui succédèrent Aquiles Amoretti, Eustaquio
Montero, Moris Margounato, Ana Urruty et Ana Miralles, accompagnés de nombreux collaborateurs.
Il fonctionne actuellement le matin et l’après-midi. Le dispensaire de la
peau et d’hygiène sexuelle adjoint à ce service était dirigé il y a quelques années par le
Pr Dr Juan F. Tost; il passa ensuite sous la dépendance de la polyclinique de la peau.
Nous voulons souligner la tâche extraordinaire et le travail immense et inlassable de tous
ces médecins et de leurs collaborateurs eu égard à leur hiérarchie scientifique et à leur
travail hospitalier vaste et profitable : ceux-ci examinaient aussi bien les patients en
consultation externe que les patients hospitalisés. Nous voulons également mentionner
les médecins assistants Munch, Civila, Ponasso et Vareika.

HÔPITAL DES CLINIQUES DR MANUEL QUINTELA
Tel que nous l’avons déjà signalé, c’est là que fonctionne actuellement la clinique dermatologique
de la faculté de médecine, sous la direction du Pr Griselda de Anda. Une
photographie prise en 1978 montre le Pr Aquiles Amoretti et ses collaborateurs alors que
celui-là exerçait la charge de professeur titulaire de la clinique (figure 7). Ce centre est
une référence importante pour tous les dermatologues du pays.
Hôpitaux indépendants du ministère de la Santé publique
et de la faculté de médecine
Histoire de la dermatologie en Uruguay
HÔPITAL DE POLICE
Il fut fondé en 1980 pour assister le personnel de la police et leur familles; le Dr Eustaquio
Montero y débuta en tant que chef de service. Fort d’une extraordinaire conception
hospitalière, il possède toutes les ressources indispensables au soin médical.
Montero, qui consacra sa vie à la dermatologie et à la dermo-pathologie, fit ses premières
études à Philadelphie (USA);
ayant obtenu la spécialisation dans
les deux domaines, il atteignit plus
tard le niveau maximal dans la recherche
scientifique et dans le soin
grâce à son grand enthousiasme,
son dévouement et son sacrifice. Sa
polyclinique de la peau constitue un
exemple à suivre pour les jeunes
dermatologues en ce qui concerne
le soin des patients; il y travaille
aux côtés des Drs Arévalo, Cateura
et Tcheckmedyian, avec une excellente
assistance médicale. On y réalise
tout type de procédures
médicales et chirurgicales, ainsi que des examens anatomo-pathologiques interprétés
par le Dr Montero lui-même. C’est un exemple de la dermatologie moderne.
HÔPITAL MILITAIRE
Tout comme l’hôpital de police, un immeuble énorme, multiple et complexe fut
construit pour les hospitalisations et les polycliniques du personnel militaire. Il s’agissait
à l’origine d’un petit hôpital pour les urgences, mais il devint ensuite l’un des hôpitaux
les plus importants d’Amérique. Son premier chef fut le professeur adjoint Luis Torres
de la Llosa; accompagné du Dr Rotkier, ils transformèrent cette polyclinique, dotée d’un
véritable potentiel scientifique, en un hôpital très complet, disposant d’un excellent fichier
de photographies et de préparations histologiques bien documenté. Actuellement
le service est dirigé par le Dr Della Santa, accompagné des Drs Santurión, Bazzano,
Costa, Iglesias, Lacuesta, Machado, Téllez et Vainsencher.
PEDRO VISCA
Ceci fut un hôpital de pédiatrie disposant d’un grand nombre de polycliniques, dont
celle de dermatologie. Dès ses débuts et jusqu’à sa fermeture définitive, la direction de
ce service fut à la charge du professeur adjoint José María Tiscornia Denis, enseignant
extraordinaire. Seule cette personne pouvait faire ce travail avec autant d’enthousiasme,
effectuant l’inlassable tâche de tous les matins, seul ou accompagné d’un élève en cours
de spécialisation. Un fait témoigne de sa personnalité exquise : outre les soins dispensés,
il expliquait aux familles des malades la façon de suivre le traitement correspondant
421
Figure 7.
À l’hôpital des
cliniques, avec tout
le personnel
d’enseignement et
les infirmières
(1957). De gauche
à droite : (assis)
Tost, Prego,
Tiscornia, B.
Vignale, Amoretti,
Sanjinés et Abreu ;
(debout) Ramos
(infirmière),
Aronovich
(responsable des
archives), Klestorny,
Torres de la Llosa,
R. Vignale, Blanco
et García
(infirmière)

RAÚL VIGNALE
et, tel un véritable père, il leur donnait continuellement des conseils sur la manière
d’éduquer un enfant pour qu’il ait un avenir sûr et prometteur. On ne peut trouver cette
vertu extraordinaire que chez lui.
INSTITUT D’HYGIÈNE
Il abrite des services de la faculté de médecine et du ministère de la Santé publique
; il est situé à côté de l’hôpital des cliniques et intègre un complexe de bâtiments
disposant de deux entrées indépendantes. Une partie abrite l’institut même, où se
trouvent les sièges des chaires de parasitologie, de bactériologie, d’immunologie parasitaire
et hygiène, de médecine préventive ainsi qu’une partie du laboratoire d’immunologie
de la faculté de chimie ; l’autre partie abrite l’hôpital d’hygiène, la chaire
des maladies infectieuses et une polyclinique pour les patients externes, tout comme
des salles d’hospitalisation destinés aux patients atteints du sida. Il est d’usage que
ces patients reçoivent le soin de plusieurs spécialistes (infectiologues, internistes et
dermatologues). Les médicaments antirétroviraux sont fournis gratuitement par le ministère
de la Santé publique, même si les malades ne possèdent pas le carnet de soins
délivré par le ministère ; de cette façon, tout malade est toujours soigné, ce qui est essentiel
à sa guérison.
L’intervention du Dr Liliana Calandria, professeur adjoint de la faculté de médecine à
l’hôpital des cliniques et actuellement chef du service pour les patients atteints du sida,
et celle des infectiologues et autres collaborateurs sont remarquables. Le rôle du Dr Liliana
Calandria est reconnue au niveau national et international. Elle est présidente
d’URUSIDA (Société uruguayenne de sida), secrétaire et présidente de nombreux congrès
nationaux et internationaux sur le sida; elle est aussi la principale consultante des
centres américains et européens les plus importants dans le diagnostic et le traitement
du virus.
DISPENSAIRE DE PROPHYLAXIE DES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
Il fut fondé pour soutenir les prostitués et les homosexuels et se trouve à côté des annexes
de l’hôpital Maciel; le service reçoit le matin les prostituées et l’après-midi les homosexuels.
Le poste de chef fut occupé par divers médecins : Riveiro, Vilaboa, Dos Santos,
Boggio, Canetti et Nicola. Le dispensaire est en rapport constant avec la section assistance
et prophylaxies vénériennes du ministère et avec la police, qui conserve aussi les archives
des patients, dont un contrôle est actuellement effectué tous les mois.
■ Histoire des des publications publications dermatologiques dermatologiques
des XIXe et XXe siècles
des XIX e
422
et X X e
siècles
Nous présentons ici un panorama des premières publications du XIX e
siècle et du début
du XX e
siècle, époque du démarrage de la nouvelle spécialité en Uruguay, à peine un siècle
après la fondation de sa capitale, Montevideo (1726). Une sélection étant nécessaire, nous
ne citerons que les publications pionnières des premiers professeurs de la spécialité et,
pour les années postérieures, celles des professeurs chargés des services, pour la faculté
de médecine aussi bien que pour le ministère de la Santé publique.
Les premiers travaux sur les pathologies dermatologiques chez quelques patients parurent
vers 1850 dans la publication La Facultad de Medicina (revue bimensuelle); elle
inclut pendant quelques années des cas de la clinique dermo-syphilipathique de l’hôpital
de Caridad présentés par le Pr Dr José Brito Foresti. Les Anales de Medicina Montevideana
(1852-1932) comportent également d’autres articles sur le sujet.
La Revista Médica de Uruguay (1898-1932) commença à paraître en 1898; cette
revue à caractère mensuel constitua l’unique publication pendant plusieurs années et

Histoire de la dermatologie en Uruguay
jeta les bases de celles qui paraîtraient au début du XX e
siècle. Le comité de rédaction
était composé par diverses personnalités de la médecine, José Brito Foresti en étant le
secrétaire de la rédaction. Entre 1898 et 1926 Brito Foresti et ses collègues publièrent
71 articles au total, dont plusieurs comportant des affections décrites pour la première
fois, conjointement avec B. Vignale et ses collaborateurs. Bartolomé Vignale présenta
d’autres publications dans cette revue, qui était l’organe officiel de l’Organisation médicale
de l’Uruguay créée à l’époque : 41 de ses articles parurent entre 1919 et 1926. En
1917 furent publiés les premiers articles du Dr José May (des 91 qu’il publia au total).
Nous nous devons de mentionner tous les médecins dermatologues qui collaborèrent à
ces publications : Juan A. Rodríguez, J.F. Canessa, Raúl del Campo, J. Canabal, R. Scaltriti,
J. Rosende, J. de Salterain, A. Prunell, ainsi que des médecins d’autres spécialités,
les maîtres de notre médecine nationale.
Les Anales de la Facultad de Medicina, organe officiel de cette faculté, parurent en
1916, comportant des milliers de travaux de plusieurs médecins de la faculté et du ministère
de la Santé publique, de Montevideo et des provinces, toutes spécialités confondues.
Ultérieurement, entre 1955 et 1965, les Anales publièrent des articles des
professeurs et des médecins du service de l’hôpital des cliniques Dr Manuel Quintela —
inauguré et dont la Clínica dermosifilopática fonctionnait déjà — tels que les Prs Drs
Aquiles Amoretti, José María Tiscornia Denis, Héctor Santomé et les Drs Raúl Vignale,
Luis Torres de la Llosa, Antonio Blanco, Pablo Klestorny, Cándido Prego, ainsi que
d’autres collègues de la spécialité.
L’an 1966 marqua la fin de la première étape des Anales; la deuxième s’étendit de
1978 à 1981.
Il faut aussi mentionner les Archivos de Medicina, Cirugía y especialidades del Uruguay
(1936-1938 et 1940-1953), bien qu’ils aient inclus de rares articles sur notre spécialité.
Une autre publication fut créée vers la même époque, exclusivement pour notre spécialité
: la Revista Uruguaya de Dermatología y Sifilografía, débutant par un volume
double (1-2) le 18 mars 1936, fut publiée jusqu’en 1953. Son premier directeur fut le Pr
Dr José May; les rédacteurs adjoints étaient les Drs Gloria May (née Alonso), Roberto Riveiro
Rivera et Carlos Galfetti Urioste. Le Pr Dr José May était médecin par concours au
ministère de la Santé publique et occupait le poste de chef du service de dermatologie et
de syphiligraphie de l’hôpital Maciel. Il dédia le premier numéro de la publication au Dr
José Brito Foresti, dont la photographie parut sur la première page. Les Drs Radamés
Costa, Julián Rosende, Mario Taglioreti, Nicolás Tiscornia, ainsi que Enrique Apolo, Luis
Gastaldi, Juan Carlos del Campo, Ángel Cuervo, Héctor Ardao, Rafael Turcio, Miguel Rubino,
Héctor Santomé, Carlos Bordes et autres, comptaient parmi ses collaborateurs.
Cette publication traita particulièrement le problème de la lèpre; on y trouve le compte
rendu détaillé des séances de la Chambre des députés lors de la présentation de la loi de
lutte contre la lèpre en Uruguay, approuvée et complétée plus tard par le projet de règlement
de la lutte contre la lèpre et le plan de lutte contre la lèpre. Le projet de loi avait
été présenté pour la première fois au cours du II e
Congrès sud-américain de dermatologie
et de syphiligraphie, à Montevideo en 1921.
Nous signalerons aussi l’article Le traitement de la fièvre jaune, rédigé en français
puisqu’à l’époque, à la fin de chaque réunion de la clinique, on préparait dans cette
langue un résumé écrit des cas présentés destiné à être publié dans la revue. Il convient
également de mentionner la présence à plusieurs occasions de personnalités françaises
notables telles que Gastón Milian, H. Gougerot, R. Burnier et Lucien Périn de l’hôpital
Saint-Louis de Paris, gloire de la dermatologie et de la syphiligraphie de l’époque. Nous
distinguons également les publications extraordinaires sur la maladie de Nicolas et
Favre, reproduites dans plusieurs articles et livres de langue française.
Remarquons aussi que le Pr. Dr José May fut le créateur des moulages en cire que Von
Rommel, un exilé habitant Montevideo, effectuait avec une rare précision des affections.
423

RAÚL VIGNALE
Ce musée extraordinaire, qui ressemblait à celui de l’hôpital Saint-Louis, fut le premier
dans son genre en Amérique Latine.
En avril 1947 parut la Revista de la cátedra de la Clínica Dermosifilopática de la Facultad
de Medicina-Hôpital Maciel. Son directeur était le Pr Dr Bartolomé Vignale et les
secrétaires de rédaction les Drs Carlos María Infantozzi et Pablo Klestorny, chefs de clinique.
Klestorny était aussi le photographe de la clinique, où les malades étaient pris en
photo. La revue publiait les cas cliniques les plus importants du mois, y compris les discussions
suscitées à la chaire. Sa parution se termina en octobre 1949 pour des raisons
économiques.
Entre 1989 et 1991 fut publié Dermatología Uruguaya, l’organe officiel de la Société
uruguayenne de dermatologie, sous la direction du Pr Dr Probo Pereira.
Un fait inédit et historique mérite d’être mentionné en 1940 : l’amphithéâtre de la faculté
de médecine abrita une grande exposition d’environ 500 photographies de patients
présentant différentes affections cutanées, qui appartenaient à la clinique dermosyphilipathique.
L’exposition put avoir lieu grâce au travail du Pr Vignale et notamment du Dr
Pablo Klestorny — collaborateur inlassable, silencieux, très talentueux et d’une grande
humanité — ; plusieurs médecins et des milliers d’étudiants en médecine lui rendirent
visite tout le long des quatre mois de l’exposition.
Ce n’est là qu’une brève synthèse de l’histoire des débuts de notre spécialité, créée
par nos grands hommes, véritables maîtres, les Prs Drs Brito Foresti, José May et Bartolomé
Vignale. Rappelons qu’ils complétèrent tous leur formation en France principalement;
nous voulons aussi souligner les rapports excellents qu’ils entretenaient avec le
groupe de dermatologues argentins — comme Pedro L. Baliña, Pablo Bosq, Fidanza,
Schujman, J. Fernández et Carrillo —, avec qui ils échangèrent leurs connaissances à
plusieurs occasions, lorsqu’ils préparaient les réunions des cliniques des sièges respectifs
14-16 .
■ Congrès, symposia symposiums et journées et journées
424
Nous présentons très brièvement une synthèse des principales réunions scientifiques du
XX e
siècle dans notre pays. Les premiers congrès rioplatenses eurent lieu à Montevideo en
1918, la même année que le II e
Congrès sud-américain (Rio de Janeiro).
En 1938, les Ires Journées médicales uruguayennes, section dermatologie et syphiligraphie,
donnèrent à la dermatologie uruguayenne un niveau scientifique de premier
plan. Les Drs May et Vignale présidèrent l’événement, qui compta des collègues notables
d’Argentine (Fidanza, Contardi et Schujman — Rosario —, Garzón et Mocola — Córdoba
—, Puente, Carrillo, Orol Arias, Gómez, Mazzini, Gomis, Picerna, Costané Decoud, Cordiviola,
Braseras, Kaminsky, Castex, Borda, Quiroga, Pierini, Abulafia et Sánchez Basso),
du Brésil (Paulo Vieira, de Souza Campos, Lindemberg, da Fonseca Bicudo, Póvoa et Berardinelli),
du Paraguay (Boggini et Ugarriza), du Chili (Macchiavello et Coutts) et de la
France (Rabut).
Plusieurs réunions et congrès se succédèrent les années suivantes, comptant des dermatologues
de Montevideo et des provinces, ce qui marqua un notable progrès scientifique
à l’époque.
Les Ires Journées rioplatenses de dermatologie eurent lieu en décembre 1956, encouragées
par Bartolomé Vignale, qui éprouvait une amitié particulière envers Quiroga,
Garzón, Pierini, Mazzini, Kaminsky, entre autres. Elles connurent un succès extraordinaire,
se répétant par conséquent tous les deux ans alternativement dans les deux pays
du Rio de la Plata. La dixième réunion eut lieu en 1970 au Balnéaire Solis (station balnéaire)
et fut présidée par le Dr Eustaquio Montero. Ces réunions seront plus tard suspendues
pour donner lieu à la RADLA (figure 8).

La RADLA (Réunion annuelle de
dermatologues latino-américains du
cône sud) connut un énorme succès
avec le temps, et atteignit une dimension
internationale. Le siège alterne
entre l’Uruguay, l’Argentine,
le Brésil, le Chili et le Paraguay, la
Bolivie et le Pérou s’y étant ajoutés
dernièrement. Cette union des dermatologues
du cône sud, à qui
s’ajouteront probablement dans
l’avenir les dermatologues d’autres
pays, tels l’Équateur, la Colombie et
le Venezuela, constitue un événement
très important.
Le Collège ibéro-latino-américain, la plus grande des autorités dermatologiques de la
région, mondialement reconnue, organise la réunion la plus importante de dermatologues
espagnols, portugais et latino-américains. Cette rencontre, qui a lieu tous les
quatre ans, est un événement sur le plan scientifique autant que l’occasion de célébrer
l’amitié entre l’Europe et l’Amérique.
La Société uruguayenne de dermatologie, dont le passé historique est plein de gloires,
est l’institution essentielle qui réunit tous les dermatologues de l’Uruguay. Depuis plusieurs
années elle organise son congrès bisannuel. En octobre 2005 a eu lieu le Xe Congrès uruguayen de dermatologie en même temps que la X e
Réunion internationale de
thérapeutique dermatologique et les VI es
Journées d’actualisation de thérapeutique dermatologique
du CETEP. Ces congrès accueilleront les dermatologues du pays afin qu’ils
exposent leurs expériences; des professionnels réputés d’Amérique Latine, d’Europe et
des États-Unis y sont toujours invités.
La Société de dermatologie de l’intérieur, à travers l’activité de sa commission directive,
réalise aussi tous les deux ans son congrès dans la capitale d’un département.
La Société de Dermatologie de l’Uruguay
Histoire de la dermatologie en Uruguay
■ La Société de dermatologie de l’Uruguay
La Société de dermatologie de l’Uruguay, toujours très étroitement liée à tous les médecins
dermatologues et vénéréologues des hôpitaux Maciel, Pereira Rossell, Pasteur,
Pedro Visca, militaire et de police, à l’institut d’hygiène, et aux dispensaires de dermatologie
et d’hygiène sexuelle, fut créée le 15 mai 1918 comme une section de dermatologie
et de syphiligraphie de la Société médicale de l’Uruguay. Il s’agissait là d’un besoin
indispensable pour remplacer les anciens cercles qui fonctionnaient séparément dans
chaque centre hospitalier.
Le 1 er
septembre 1927, le Pr Dr José May proposa la création du règlement de la Société
uruguayenne; une commission composée par les Prs José Brito Foresti, Bartolomé
Vignale et Máximo Halty fut désignée pour le rédiger.
La société fonctionna de façon irrégulière à l’hôpital Maciel. Ce ne fut qu’en 1956 que
l’activité fut relancée à nouveau, stimulée par Bartolomé Vignale, avec la participation
de prestigieux dermatologues qui représentaient les différents services. Ce fut la première
fois que tous les dermatologues étaient réunis, fait significatif dans l’histoire de la
société. Une nouvelle réglementation fut rédigée et la commission directive se forma,
dont le mandat avait une durée de deux ans et les membres étaient renouvelés au moyen
d’élections périodiques. Le jour de réunion fut fixé au dernier samedi du mois, date toujours
respectée.
425
Figure 8.
Journée rioplatense
de dermatologie,
lors de l’hommage
au Dr B. Vignale à
l’occasion de son
départ à la retraite
comme professeur
de clinique. Parmi
les assistants :
Pr. Dr X. Vilanoba
(Barcelone),
Kaminsky, Tost,
Fosatti et d’autres
collègues argentins

RAÚL VIGNALE
À l’origine de la société, les participants étaient les illustres Drs Rafael Turcio, Cándido
Prego, Ernesto Cacciatore, Luis A. Torres de la Llosa, Héctor Abreu, Arturo Prunell,
Arnaldo Lombardi, Manuel Terán, Radamés Costa, Angel Sanjinés, Juan F. Tost,
Antonio Blanco, Leocadio Alvarez. Les cas cliniques de chaque service y étaient présentés
et discutés, et très souvent les plus intéressants étaient publiés dans les revues
de l’époque.
Pendant douze ans, durant la Dictature militaire, toutes les réunions, quelles qu’elles
soient, furent interdites, ce qui entraîna la suspension des séances de la société. En 1984,
elle reprit ses activités avec un nouvel élan et beaucoup d’enthousiasme, ce qui aida au
développement des réunions mensuelles et à la rénovation des commissions directives à
l’occasion des congrès nationaux (bisannuels).
Un autre fait remarquable fut la création de la Société de dermatologie de l’intérieur,
étant donné la quantité de dermatologues exerçant leur profession dans les divers départements
de la République.
Depuis six ans, la Société uruguayenne de dermatologie possède un local propre, un
secrétariat permanent, un fichier où sont conservés les actes depuis ses origines, des ordinateurs
pour la recherche bibliographique et une bibliothèque comportant les dernières
revues internationales récemment souscrites. Ceci est le résultat d’un travail
ardu, et tenace de la part des commissions directives, avec la collaboration efficace des
laboratoires. Tel que nous l’avons déjà signalé, la revue Dermatología Uruguaya, organe
officiel de la société (arrêtée pour des problèmes économiques), fut publiée pendant trois
ans.
Finalement, il faut signaler que les présidents et les commissions directives successifs
travaillèrent intensément et pendant plusieurs années, faisant preuve d’un intérêt et
d’un dévouement singuliers, réussissant à atteindre une place d’honneur internationale.
De nos jours, la plupart des dermatologues uruguayens publient une grande quantité de
travaux scientifiques dans diverses revues étrangères telles que Archivos Argentinos de
Dermatología, Revista de la Asociación Argentina de Dermatología, Revista Chilena de
Dermatología, Annais Brasileiros de Dermatología, Actas Dermosifilográficas (Espagne),
ainsi que dans plusieurs publications des États-Unis. Nos félicitations à eux tous.
Macedo et de Anda organisèrent des réunions mensuelles et notamment des cours intensifs
sur divers aspects de la dermatologie moderne, comme la médecine esthétique,
très profitable aux générations futures.
■ Histoire et évolution et évolution de la lutte contre de les maladies la lutte sexuellement contre transmissibles les maladies
en Uruguay
s exuellement transmissibles en Uruguay
426
Dans les premiers temps de la vie à Montevideo, le soin était essentiellement basé sur
la charité chrétienne. Mais avec le temps, ces idées changèrent; alors on établit l’obligation
de l’État de prendre en charge les personnes qui, faute de ressources, avaient besoin
d’aide médicale; c’est ainsi que plusieurs centres hospitaliers furent créés. Les
maladies vénériennes, actuellement appelées maladies sexuellement transmissibles
(MST), constituaient l’un des problèmes sanitaires les plus importants de la population.
Le grand nombre de patients affectés obligea le gouvernement, à travers les autorités de
la Santé publique et par disposition du Conseil national d’hygiène, à fonder le 23 mai
1917 l’institut prophylactique de la syphilis au nom de la prophylaxie et du traitement de
ces malades et pour protéger la santé de la population. Le premier directeur en fut le Dr
Juan A. Rodríguez, à qui succéda le Dr Manuel Terán jusqu’à 1949, date à laquelle entra
en fonction le Pr Dr José May. L’institut fut le premier bâtiment en Amérique à se consacrer
exclusivement à cette maladie. Le ministère de la Santé publique, créé en 1933, inclut
l’institut prophylactique de la syphilis comme section d’assistance et de prophylaxie

vénérienne. Nous y remarquons le travail immense, dévoué et bénéfique des Drs Mario
Taglioreti, Arnaldo Lombardi, Rubén Cusmanich, Pablo Klestorny, Héctor Abreu et Francisco
Amor García. Le Pr Dr José Brito Foresti et Joaquín Canabal à l’hôpital Maciel furent
les médecins chargés de cette lutte dans les cliniques hospitalières; la gestion de
l’hôpital national de la syphilis était entre les mains du Dr Germán Segura et des médecins
de l’hôpital militaire. Selon la symptomatologie, les patients étaient traités par plusieurs
spécialistes; ils étaient hospitalisés dans le pavillon Ricord. Jusqu’à 1906, la
plupart des prostituées syphilitiques inscrites dans les registres policiers étaient hospitalisées
à la clinique gynécologique du Pr Dr Enrique Puey, par disposition de l’inspection
médicale de la prostitution qui dépendait du Conseil national d’hygiène, et au
pavillon Dr Germán Segura, où fut établi le service hospitalier des maladies vénériennes,
dirigé par le Dr Juan A. Rodríguez. Les malades appartenant à l’armée et à la police
étaient hospitalisés à l’hôpital militaire. L’institut était chargé d’effectuer tout ce qui
concernait les réactions de laboratoire — Wasserman et LCR —, d’élaborer les protocoles
pour les différents traitements, de superviser la prévention et de contrôler les dispensaires
antisyphilitiques créés quelques années auparavant et les statistiques correspondant
à chaque département.
Les médecins étaient sélectionnés par concours; ces professionnels furent appelés à
un moment donné « médecins dermatologues et d’hygiène sexuelle ». Alberto Scaltriti et
Ángel Canabal travaillèrent à l’institut, avec des dermatologues de différents hôpitaux et
dispensaires. Depuis sa fondation en 1917, cet institut fut un exemple et un lieu de référence
pour toute l’Amérique latine; ses rapports furent les premiers à être publiés suivant
les normes des travaux de l’école européenne, notamment de l’école française.
Quelques années plus tard, l’institut fut chargé de contrôler toutes les maladies vénériennes
et pas seulement la syphilis. Cette tâche posa les bases fondamentales pour les
générations suivantes en raison du sérieux habituel du travail, des résultats des examens
de laboratoire, de l’originalité des recherches et du contrôle de tout ce qui avait trait à
ces maladies 21 .
Union latino-américaine contre les maladies sexuellement
transmissibles (ULACETS)
Histoire de la dermatologie en Uruguay
La création de cette nouvelle entité fut proposée au cours d’un congrès du CILAD, à
l’initiative d’un groupe de dermatologues centre-américains. La commission directive et
les règlements prirent forme entre 1974 et 1976. L’importance de cette institution, de renommée
mondiale, fut reconnue par l’OPS-OMS, et nous fûmes désignés conseillers pour
ces MST.
Plusieurs congrès eurent lieu en Amérique latine, périodiquement et bisannuellement,
dont trois à Montevideo, placés sous la direction de Raúl Vignale, Probo Pereira et
Hilda Abreu. Un bulletin était publié tous les trois mois, en collaboration avec le Pr Walter
Belda du Brésil (alma mater de l’institution) et des personnalités telles que Woscoff,
Flichman, Vignale et autres collègues latino-américains, qui travaillèrent de manière intense
et dévouée pendant plusieurs années. Le bulletin présentait les nouvelles découvertes
scientifico-médicales et apportait des commentaires sur les congrès. C’était la
première époque glorieuse d’ULACETS.
Il y a quelques années, l’apparition du sida produisit une division : ULACETS d’un côté
et l’Union latino-américaine contre le sida de l’autre. Lors du congrès CILAD-2004 à Buenos
Aires, une nouvelle commission directive d’ULACETS fut formée sous la direction du
Dr Parizzi et Hilda Abreu; les réunions furent entreprises et on fixa les sièges des prochains
congrès. Ce sera la deuxième étape glorieuse d’ULACETS-UPICETS. ■
Septembre 2005
427

RAÚL VIGNALE
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1895-1932 ». Dans: F. Mañé
Garzón, Burgues Roca S., Gil
J. editores. Sesiones de la
Sociedad Uruguaya de la
Historia de la Medicina.
Montevideo, 1992; 18: 12-
45.

HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE AU
VÉNÉZUELA
CONCEPTION, NAISSANCE ET DÉVELOPPEMENT
« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous
verrez loin dans le futur. » Winston Churchill
Première étape. Depuis l’ époque des indigènes jusqu’à 1904. Conception
Époque indigène
ALFREDO LANDER MARCANO, JAIME PIQUERO-MARTÍN,
ANTONIO RONDÓN LUGO, OSCAR REYES FLORES, BENJAMÍN
TRUJILLO REINA, HERNÁN VARGAS MONTIEL
■ P remière étape. De l’époque des indigènes
jusqu’à 1904. Conception
La connaissance des maladies cutanées (figure 1) des indigènes du Venezuela, avant
l’arrivée de Christophe Colomb sur le Nouveau Monde au cours de son troisième voyage,
est basée sur des écrits « médicaux » provenant principalement des religieux qui étaient
venus sur le continent avec les découvreurs et les colonisateurs. Ils étaient étrangers à
la médecine, avaient très peu de
connaissances des maladies et, en
général, beaucoup de préjugés 1 .
L’expression médecine précolombienne
est inexacte puisque, quand
Colomb arriva sur le continent américain,
il n’existait pas une seule médecine
mais autant de médecines
que de peuples habitant le territoire
2 . Au Venezuela, les Arawakos
et les Karibes se disputaient la suprématie
sociale, anthropologique,
médicale et guerrière 3 .
La plupart des Indiens étaient des
429
Figure 1.
Mural Ma Peau. La
peau. Par Gabriel
Bracho (fresquiste
vénézuélien).
Œuvre exposée
à l’auditoire de
l’institut de
biomédecine,
à Caracas

A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
430
personnes physiquement fortes et saines, avec de bonnes dents et une grande résistance
pour les travaux physiques. Les maladies cutanées étaient rares, peut-être en raison des
bains qu’ils prenaient assidûment et de la teinture de rocou qu’ils appliquaient sur leur
peau, dans un but esthétique et comme signe d’identité. Actuellement, on reconnaît à
cette teinture une certaine vertu contre les piqûres d’insectes.
Les aborigènes et les peuples primitifs ne considéraient pas les maladies comme le produit
de l’action d’un agent invisible et intangible; soit elles étaient dues à l’influence exercée
par un ennemi, soit elles constituaient le résultat de l’emprise d’un esprit malin ou de
quelque chose de surnaturel lié à des croyances religieuses. Cela justifie l’existence parmi
ces peuples de personnages capables de les délivrer des maladies avec des méthodes curieuses
et primitives telles que l’exorcisme, les enchantements, les prières, les émanations
de fumée, l’ingestion de breuvages, les danses, les gestes, des jeux de mains et des tours
de magie; tout ceci visait à invoquer l’aide des esprits, les effrayer ou réussir à les expulser
du corps du malade. Ces méthodes étaient appliquées aux maladies en général, et les
pathologies dermatologiques n’étaient sûrement pas une exception 1 .
Les peuples natifs souffrirent de maladies cutanées; parmi celles-ci, le carate (carare,
pinta), l’impétigo et d’autres infections telles que la tungose (nigua ou pique), la pédiculose
(poux), la gale (Sarcoptes scabiei), les myiases, la leishmaniose (mal des Andes ou uta), les intoxications
et piqûres d’insectes et les morsures de reptiles étaient les plus courantes. En ce
qui concerne la syphilis, certains auteurs affirment que la maladie fut importée en Europe
lors du retour des découvreurs et des conquistadors, tandis que d’autres croient le contraire.
Les indigènes utilisaient beaucoup de préparations d’origine animale, végétale et minérale
pour traiter les affections cutanées. Ils employaient des racines, des tiges, des
fleurs, des résines, des extraits et des poudres de diverses plantes, y compris l’anaco ou
guayacán, utilisé plus tard comme traitement spécifique de la syphilis par la médecine espagnole
et d’autres pays du monde. Ils employaient aussi différents baumes pour guérir
les blessures, ainsi que plusieurs herbes et plantes : barro macho, mangle rouge, agave,
anacardier, pois gratté (plante de la région des Caraïbes), salsepareille, vera, entre
autres; le figuier était employé comme kératolytique et la cantharide comme caustique.
Le rocou, connu sous d’autres noms selon les tribus et les régions (achote, bija ou bijo,
écorce de bijo, urucú, roucou, achioti, safran), était fréquemment utilisé pour se protéger
du soleil et des piqûres des insectes. Les tribus de l’ouest utilisaient la coca (Erythroxylon
coca ou peruvianum), elles en mâchaient les feuilles mélangées à de la chaux.
Elles employaient aussi des extraits de plantes du genre Datura (solanacées), riches en
alcaloïdes, atropine, hyoscyamine et hyocine ou scopolamine, afin de se saouler, en les
mélangeant avec de la chicha ou d’autres boissons qui favorisaient leur effet.
La morelle noire ou yocoyoco (Solanum niarum) était fréquemment utilisée pour guérir
les affections de la peau présentant de « petites bombes » (vésicules), les infections
herpétiques, l’impétigo, la gale et les ulcères (plaies). Son emploi est toujours en vigueur.
La camomille (Rhus striata, Hippomane mancinela) fut aussi employée pour des affections
cutanées semblables à celles traitées avec de la morelle noire. On sait actuellement
que les effets bénéfiques de ces deux plantes sont dus à l’acide tannique qu’elles
contiennent et qui leur confère un effet astringent.
La tusilla (Dorstenia contrahierba) était employée sur les affections prurigineuses
comme l’urticaire et sur les affections de la zone génitale.
Le curare — extrait végétal obtenu de différentes espèces du genre Strychnos, qui
pousse en abondance aux bords de l’Orénoque — est un puissant paralysant du muscle
strié. Les indigènes l’utilisaient possiblement pour traiter les contractures musculaires et
le tétanos, bien qu’il fût principalement employé contre les conquistadors : il était appliqué
sur la pointe des flèches afin de causer la mort de l’ennemi par paralysie respiratoire.
Ils connaissaient aussi certaines herbes qui empêchaient l’action du venin lorsque, une fois
pilées, elles étaient appliquées sur les blessures produites par des flèches empoisonnées 1, 3, 4 .

Époque coloniale
L’époque coloniale commença le 19 août 1498 avec la découverte de la région appelée
ultérieurement Venezuela. Lors de son troisième voyage, Colomb débarqua sur les
côtes orientales, au sud de la péninsule de Paria, dans le port qu’il appela Macuro, actuellement
port Christophe Colomb, dans l’État de Sucre.
Cette longue étape s’étendit depuis la fin du XV e
siècle jusqu’au 5 juillet 1810, jour de
l’indépendance du Venezuela et de la proclamation de la République.
L’arrivée des conquistadors et des colonisateurs européens en Amérique, notamment
les Espagnols, entraîna une situation sociale, environnementale et culturelle difficile et
compliquée. La confrontation de ces groupes d’êtres humains ayant des origines, des
coutumes, des langues, des connaissances et des ressources très différentes, créa un
grand problème ethnologique et de transculturation (NDT : la transculturation désigne
le processus par lequel une communauté emprunte certains matériaux à la culture majoritaire
pour se les approprier et les refaçonner à son propre usage).
Les premiers professionnels de la médecine arrivèrent avec les conquistadors. Selon la
réglementation des rois catholiques, les embarcations devaient disposer de personnel
consacré aux services sanitaires. C’est ainsi que les médecins venus d’Espagne et les guérisseurs
de la région se rencontrèrent, dont plusieurs jouissaient d’une certaine renommée.
Vers 1585, les maladies les plus fréquentes étaient la variole, la rougeole, la dysenterie,
les « chaleurs », les romadizos (rhinites), le paludisme, les ulcères et la bouba apportés
par les Africains, que les indigènes traitaient avec le guayaco. La première
épidémie de variole ou cumaragua se produisit en 1580, provenant des esclaves noirs
originaires de Guinée.
La culture aborigène se démembrait, mais pas la médecine indigène, car étant donné
le manque de médecins et le retard dans l’art de guérir de la péninsule Ibérique, les envahisseurs
étaient obligés de se plier aux critères et aux coutumes des natifs et de se soumettre
à la médecine indigène des guérisseurs et des piaches.
Cette situation est reflétée dans une lettre envoyée par Cortés à Charles Quint dans
laquelle il dit « ne pas permettre aux médecins espagnols de passer au Mexique,
l’adresse et les connaissances des médecins aztèques les rendant inutiles1-5 .»
Époque républicaine
Histoire de la dermatologie au Venezuela
Le Venezuela ayant obtenu son indépendance du royaume espagnol en 1810, la République
entreprit le développement de la médecine.
Certains médecins de l’époque commencèrent à s’intéresser aux maladies cutanées;
nous pouvons citer parmi eux le Dr José María Vargas, qui entama ses cours d’anatomie
en 1826 et effectua les premières observations histologiques au Venezuela avec le microscope
qu’il avait apporté d’Europe. Il fut le premier recteur de l’université centrale
du Venezuela (élu en 1827), dont la faculté de médecine fut créée le 23 juin de la même
année par un décret signé par le libérateur Simón Bolívar. Ultérieurement José María
Vargas fut le premier président civil du Venezuela.
Divers travaux liés à la dermatologie parurent pendant cette époque, dont nous citerons :
– Affections cutanées des enfants, par José Félix Rivas Alas;
– Gangrène, par A. F. Delgado;
– Maladies vénériennes, par C. Arvelo, M. Porras et M.M. Ponte;
– Teignes, par D. Armas;
– Lèpre, par R. Lares Baralt, L.D. Beauperthuy et A. Dominici.
Le Dr Louis Daniel Beauperthuy exerça la médecine pendant la décennie 1850 et écrivit
sur la lèpre, prouvant ses vastes connaissances sur les maladies tropicales.
431

A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
Il n’existait pas de spécialités comme de nos jours, mais l’obstétrique, l’ophtalmologie
et la médecine légale se profilaient déjà. Pendant toute cette période la médecine
était exercée par diverses personnes aux talents variés : docteurs, diplômés en médecine,
chirurgiens, algébristes, barbiers chirurgiens, barbiers saigneurs, apothicaires,
guérisseurs, infirmières et sages-femmes. Les honoraires étaient fixés par annuités.
Même si les premiers hôpitaux furent l’hôpital de San Pablo (1602) (disparu au
XIXe siècle), l’hôpital Real de San Lázaro (institution du XVIIIe siècle) et l’hôpital militaire
de Caracas (du XVIII e
siècle), la création d’un hôpital destiné à soigner les malades du pays
eut lieu deux siècles plus tard, grâce au Dr Juan Pablo Rojas Paúl, président de la République
(1888-1890); il fut inauguré le 1er janvier 1891 par le Dr Raimundo Andueza
Palacios, successeur de Rojas Paúl. Il fut appelé hôpital Vargas, constituant le berceau
de la dermatologie au Venezuela, qui était déjà une discipline médicale spécialisée.
Le Dr Nicanor Guardia (fils) fut le premier médecin à exercer la dermatologie au Venezuela
(1882), après avoir suivi des études de la spécialité à Paris1, 4, 5 .
En 1903, le Dr Manuel Pérez Díaz établit le premier service de dermatologie à l’hôpital
Vargas.
■ Deuxième étape. étape. De 1905 à 1946. De Naissance 1905 à 1946. Naissance
432
Faits historiques
1903. Le Pr Manuel Pérez Díaz, chef du service de médecine de l’hôpital Vargas, obtint
des modèles en cire des maladies cutanées apportés de Paris, organisant ensuite un
musée dans le service de dermatologie.
1903. Premier service de dermatologie à l’hôpital Vargas de Caracas.
1906. Inauguration de la léproserie de Cabo Blanco, dans le district fédéral.
1908. Création de la chaire de clinique dermatologique à la faculté de médecine de
Caracas, dont le premier professeur fut le Dr Manuel Pérez Díaz.
1910. La chaire devint obligatoire pour les étudiants de la sixième année.
1917. Les Drs Juan Iturbe et Eudoro González publièrent le premier cas de leishmaniose
cutanée au Venezuela dans la Gaceta Médica de Caracas.
1920. Publication du premier cas de blastomycose humaine observé au Venezuela.
1921. Le Dr Luis Razetti présenta un projet de loi pour la défense antivénérienne au
III e Congrès vénézuélien de médecine à Valence.
1926. Le ministre de la Santé et de l’Assistance sociale créa le premier dispensaire
antivénérien.
1936. Fondation de la Société vénézuélienne de syphiligraphie et de léprologie, actuellement
appelée Société vénézuélienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique.
1936. Création du service de dermatologie à Mérida, hôpital Los Andes.
1936. Parution du livre Dermosifilografía Venezolana [Dermo-syphiligraphie vénézuélienne],
écrit par le Pr Dr Miguel Jiménez Rivero et qui constitua le premier texte de
dermatologie publié au Venezuela.
1938. Création de la division de vénéréologie.
1938. Le Dr Pablo Guerra effectua pour la première fois des tests allergiques et des
patch-tests qu’il créa.
1938. Le Dr Pablo Guerra fut désigné professeur de la chaire clinique, où il mit en
place des changements complémentaires radicaux : les diagnostics étaient confirmés par
des examens directs au microscope, des cultures histopathologiques et des tests immunologiques.
1938. Arrivée à Caracas du Pr José Sánchez Covisa, titulaire de la chaire de Madrid;

il fut nommé conseiller de la chaire de clinique dermatologique et se distingua pour son
travail dans l’enseignement.
1939. Fondation du dispensaire-école de Caracas, qui contribua à former le premier
groupe de médecins vénéréologues du pays.
1939. Le Dr Humberto Campins fonda le service de dermatologie à Barquisimeto, hôpital
Antonio María Pineda.
1941. Déclaration du caractère obligatoire du traitement des maladies vénériennes.
1941. Les Drs Arminio Martínez Niochett et Adolfo Pons découvrirent et rapportèrent
le premier cas de kala-azar au Venezuela chez un patient de l’État de Guarico.
1945. Le Dr Martín Vegas devint chef de la chaire de dermatologie à l’hôpital Vargas
de Caracas.
1945. Fondation de l’hôpital militaire et naval Antonio José de Sucre, à Caracas.
1945. Le Dr Francisco Scannone fonda le service des maladies de la peau à l’institut
oncologique Luis Razetti, à Caracas.
1947. Création de l’institut de médecine tropicale de la faculté de médecine de
l’université centrale du Venezuela afin d’étudier les maladies dominantes du milieu
rural.
1948. Constitution du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) à La
Havane, Cuba 4, 5 .
Brève biographie de nos grands hommes
Histoire de la dermatologie au Venezuela
Dr Manuel Pérez Díaz (1872-1931) (figure 2). Né à Caracas le 30 avril 1872, il
obtint son diplôme de médecin en 1895 à l’université centrale du Venezuela. Il
reçut la même année une bourse pour poursuivre des études de dermatologie à
l’hôpital Saint-Louis de Paris. Il fut membre fondateur de l’Académie nationale de
médecine en 1904. Dès 1910, il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital Vargas,
poste qu’il occupa jusqu’à sa mort.
Il exerça également la charge d’inspecteur général des léproseries de la République.
Distinguons parmi ses travaux ceux qui se rapportent à la dermatite
herpétiforme de Duhring, au pemphigus vulgaire et au sarcome cutané.
Il marqua le premier tiers du XX e
siècle par son leadership dans la dermatologie
vénézuélienne4-8 . Il mourut à Caracas le 17 mars 1931.
Dr Miguel Jiménez Rivero (1822-1938). Successeur du Dr Pérez Díaz, médecin
auteur de plusieurs ouvrages académiques et didactiques, il fit son doctorat à l’université
de Caracas et à Rome. Il fut désigné professeur de la chaire de dermatologie en 1929. Il
publia le premier livre sur la spécialité sous le nom de Dermosifilografía Venezolana
[Dermo-syphiligraphie vénézuélienne]. Il mourut à Caracas le 7 décembre 19384, 5, 7, 8 .
Dr Pablo Guerra (1903-1944). Il naquit à Caracas le 3 mai 1903 et poursuivit ses
études de dermatologie à Paris, où il présenta une excellente thèse intitulée Rôle des levures
dans la dermatologie, qui obtint un prix. Il retourna au Venezuela en 1937 et
confirma son titre de docteur à l’université centrale du Venezuela. Il publia beaucoup de
travaux liés à la spécialité, seul ou avec la collaboration d’autres médecins parmi lesquels
se distinguent : Martín Vegas, J.A. O’ Daly, Gil Yépez et José Sánchez Covisa. Il travailla
dans les services de dermatologie et d’anatomie pathologique de l’hôpital Vargas,
et de dermatologie de l’hôpital pour enfants de Caracas. Il fonda le service d’allergologie
et, accompagné du Dr Carlos J. Alarcón, il ouvrit un service pour le traitement des ulcères
des jambes; il fonda également le laboratoire de mycologie. En 1939, il fut nommé
professeur de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie de l’université centrale du
Venezuela suite à la mort du Pr Jiménez Rivero.
En 1943, il fut l’un des organisateurs des Ires Journées vénézuéliennes de dermatologie
et vénéréologie, avec d’autres médecins remarquables comme Juan Iturbe, Martín
433
Figure 2.
Dr Manuel Pérez Díaz

Figure 3.
Dr Martín Vegas
Figure 4.
Dr Jacinto Convit
A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
434
Vegas, Félix Lairet, Armando Castillo Plaza, Abel Mejías, José Sánchez Covisa et Ildemaro
Lovera4, 5, 8 .
Il mourut soudainement, en pleine production scientifique, à Caracas le 6 février
1944.
Pr Dr José Sánchez Covisa (1881-1944). Il naquit à Hueste (Espagne) en 1881.
Nommé docteur ès sciences médicales de l’université de Madrid en 1903, il fut professeur
titulaire de la chaire de dermatologie et de syphiligraphie de l’université de Madrid,
doyen de la faculté de médecine, membre de l’Académie nationale, président du
collège de médecins et président de l’Académie espagnole de dermatologie. En 1938, il
arriva au Venezuela, qu’il choisit comme patrie d’adoption pour des raisons politiques.
Il occupa le poste de conseiller technique de la division de vénéréologie du ministère
de la Santé et de l’Assistance sociale ; il fut vice-président des Ires Journées de dermatologie,
titulaire ad honorem de la chaire de clinique dermatologique et syphiligraphique
de l’université centrale du Venezuela. Il publia en Espagne plusieurs textes de
dermatologie et des articles sur la spécialité, qui connurent une large diffusion au Venezuela4,
5, 8 .
Dr Martín Vegas (1897-1991) (figure 3). Né à Caracas le 23 mars 1897, il obtint
son diplôme de médecin chirurgien à l’université centrale du Venezuela le 20 juin
1920. Cinq ans plus tard il obtint le titre de docteur ès sciences médicales. Il se rendit
en France en 1922 pour étudier la dermatologie et la syphiligraphie à l’hôpital
Saint-Louis de Paris, ainsi que la microbiologie à l’institut Pasteur. Il créa le premier
cabinet de dermatologie de la Croix-Rouge vénézuélienne, dirigé ensuite par le Dr Ildemaro
Lovera. Il fut chef de la léproserie de
Cabo Blanco. Admis à l’Académie nationale de
médecine, il succéda en 1944 au Dr Pablo
Guerra à la chaire de dermatologie de l’université
centrale du Venezuela et au service
correspondant de l’hôpital Vargas.
Il publia plusieurs travaux sur la spécialité et
assista à maints réunions et congrès scientifiques.
Au cours du deuxième tiers du XX e
siècle,
le Dr Martín Vegas prit le leadership que détenait
le Dr Pérez Díaz4, 5, 7, 8, 9, 10, 11 . Il mourut à Caracas
en 1991.
Sa mémoire reste vivante avec la création du
prix et de la conférence Dr Martín Vegas, initiative du Dr Francisco Kerdel Vegas lorsqu’il
était président de la Société vénézuélienne de dermatologie en 1964.
Dr Jacinto Convit (figure 4). Il naquit le 11 septembre 1913. En 1937, lorsqu’il était
étudiant en médecine, il commença à travailler à la léproserie de Cabo Blanco et y fut
médecin résident. Son apostolat envers les plus démunis commença là.
Il fit des études de spécialisation en dermatologie au sein de la Skin and Cancer Unit
de l’université de Columbia (New York, USA) et plus tard en épidémiologie à la Western
Reserve University (Cleveland, Ohio, USA).
En 1948, il fonda le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) avec des
collègues d’Espagne et d’Amérique latine.
Il fut dermatologue à l’hôpital Vargas dès 1948, ensuite chef du service et de la chaire
de dermatologie, fondateur de l’Institut national de dermatologie (appelé plus tard Institut
de biomédecine), créateur de l’Association pour la recherche dermatologique et de
l’Institut de biomédecine en tant que centre de recherche biomédicale et au-delà des affections
dermatologiques. Il fut le promoteur du spectre clinico-histopathologique et immunologique
des maladies dermatologiques, notamment la lèpre et la leishmaniose,
ainsi que de leur traitement et leur prévention au moyen de l’immunoprophylaxie et

Histoire de la dermatologie au Venezuela
l’immunothérapie. Plus de 300 publications dans des revues internationales parlent du
dévouement du Dr Jacinto Convit pour la recherche et la solution des problèmes de santé
du Venezuela.
Le Dr Jacinto Convit est une figure éminente au sein de la dermatologie vénézuélienne
actuelle 4, 5,7,8, 12 .
■ T roisième Troisième étape. étape. Depuis 1946 De jusqu’à 1946 nos jours. jusqu’à Développement nos jours. Développement
En 1955, le Dr Carlos Julio Alarcón fut nommé professeur titulaire et chef de la chaire
de dermatologie et de syphiligraphie de l’hôpital Vargas, accompagné des Drs Jacinto
Convit, Juan Di Prisco, Luis A. Velutini, Rafael Medina, Imelda Aasen Campos, Dante Borelli,
César Lizardo, Armando Salas, Jacobo Obadía Serfaty et Oscar Reyes Flores, qui y
assistait en tant qu’instructeur ad honorem.
Le service et la chaire de dermatologie de l’hôpital universitaire de Caracas
furent créés en 1958; l’hôpital avait été inauguré en 1956 dans la
cité universitaire de la ville (figure 5).
Jusque-là, le service et la chaire de dermatologie avaient été successivement
dirigés par Manuel Pérez Díaz, Pablo Guerra, Martín Vegas et
Carlos Julio Alarcón.
Lors de leur création, le service et la chaire furent dirigés par le Dr Carlos
Julio Alarcón, assisté de Juan Di Prisco, Luis A. Velutini, Imelda Campos,
César Lizardo, Dante Borelli, Jacobo Obadía, Oscar Reyes Flores,
Eduardo Estrada et Luis Gómez Carrasquero. Ensuite, leurs titulaires successifs furent
Carlos Julio Alarcón, Juan Di Prisco, Oscar Reyes Flores, José Rafael Sardi, Homagdy Arévalo
(née Rodríguez), Adriana Calebotta, Omaira Camejo (née Castellanos), Zulay Torres
et Francisco González Otero.
Les Drs Jacinto Convit (médecin-chef), Armando Salas, Mariano Medina, Francisco
Kerdel Vegas et José Manuel Soto sont toujours à l’ancien service et chaire de l’hôpital
Vargas, transférés le 29 novembre 1971 dans un nouveau bâtiment situé à côté de l’hôpital
Vargas appelé à l’origine Institut national de dermatologie et plus tard Institut de
biomédecine (22 octobre 1984) (figure 6).
La conception et le succès de cette institution sont dus à l’effort et à la ténacité des
Drs Jacinto Convit et Francisco Kerdel Vegas; outre plusieurs laboratoires de recherche,
elle abrite les cabinets de dermatologie générale et spécialisée (léprologie, mycologie,
dermatologie pédiatrique, leishmaniose, allergies, pathologies de la vulve, stomatologie,
lupus, pathologies des membres inférieurs, psoriasis, pathologies chirurgicales), les laboratoires
d’immunologie, d’histochimie, de dermato-pathologie, ainsi qu’une bibliothèque
et des bureaux d’archivage, de statistiques et d’administration.
Trois spécialisations universitaires y sont également dispensées : la dermatologie, la
dermato-pathologie microbiologique et la maîtrise en épidémiologie tropicale.
Depuis son inauguration, l’Institut de biomédecine fut dirigé par le Dr Jacinto Convit;
pour sa part, le service de dermatologie de l’hôpital Vargas de Caracas, rattaché à l’institut,
fut dirigé successivement par Jacinto Convit, José Manuel Soto, Antonio Rondón Lugo
et Jaime Piquero Martín. En ce qui concerne la chaire de dermatologie de l’école de médecine,
elle fut dirigée par Jacinto Convit, Eva Koves, Mauricio Goihman et Antonio Rondón
Lugo.
À l’initiative des deux chaires, des projets pour mettre en place des cours de spécialisation
en dermatologie furent élaborés en 1962. Les directeurs de la spécialisation à
l’Institut de biomédecine furent Jacinto Convit, José Manuel Soto et Antonio Rondón
Lugo. Le premier cours débuta en 1964 avec une durée de deux ans, passant ultérieurement
à trois ans.
435
Figure 5.
Hôpital universitaire
de Caracas
Figure 6.
Institut de
biomédecine

A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
Aux deux spécialisations d’origine à Caracas (hôpital Vargas et hôpital universitaire
Luis Razetti) vint s’ajouter plus tard le service de dermatologie de l’hôpital militaire de
Caracas, dirigé au début par Hugo Naranjo A. et par les Drs Glenda Castro (née Cortez),
Carlos De La Cabada et Fátima Ferreira successivement.
D’autres centres d’assistance hospitalière gardèrent une intense activité de soin et
d’enseignement, tels l’hôpital pour enfants de Caracas, le centre de dermatologie et allergie
de l’Assurance sociale et l’hôpital Luis Razetti 4, 5 .
Maladies sexuellement transmissibles
La division de vénéréologie fut créée en juillet 1938 (au sein du ministère de la Santé
et de l’Assistance sociale de l’époque), qui avait à sa charge des services antivénériens
et des dispensaires situés dans différentes villes du pays et disposant de matériel de laboratoire
et de médicaments pour le diagnostic et le traitement. La lutte contre ces maladies
fut dirigée par R. Sánchez Peláez, Carlos Julio Alarcón, Rafael Medina, Cornelio
Arévalo Morales et Mari Carmen Ferreiro.
Les maladies sexuellement transmissibles sont soignées dans des cabinets consacrés à
ces affections, habituellement annexés aux cabinets de dermatologie générale.
Actuellement, la division de vénéréologie offre, outre le soin médical, des informations
médicales par le biais de conférences, de réunions scientifiques, de stages, de formations
pratiques et de cours 4 .
■ Sous-spécialités
436
MYCOLOGIE
Les centres d’assistance, de diagnostic et de traitement sont situés à Caracas, dans les
laboratoires de mycologie des services de dermatologie des hôpitaux et les cabinets spécialisés,
qui comptent des spécialistes en la matière. L’organisation de la spécialité débuta
grâce aux Drs Dante Borelli et María Albornoz (née Bastardo), fondatrice du
laboratoire de mycologie de l’Institut de biomédecine. Actuellement ce laboratoire est dirigé
par Mireya Mendoza et Elsy Cavallera.
Le Dr Dante Borelli fonda le laboratoire et le cabinet de l’hôpital universitaire de Caracas,
dirigé successivement par les Drs Homagdy Arévalo (née Rodríguez) et Ángela Ruiz.
Le Dr Carmen Marcano se chargea pendant plusieurs années de l’Institut de médecine
tropicale, accompagnée du Dr Dante Borelli.
Il existe également plusieurs centres de référence dans différentes villes du pays dirigés
par des spécialistes en la matière et coordonnés par le Dr María Cecilia Albornoz, avec
la collaboration précieuse du Dr Tulio Briceño Maaz (dermatologue et historien). Il s’agit
des centres suivants 4 : Ciudad Bolívar : Julman Cermeño et Ismery Cabello; Valencia :
Rosa Briceño; Coro : Francisco Yegres; Barquisimeto : Segundo Barroeta, Ramón Zamora
et Carolina Rojas; Maturín : Sara Rodolfo; Cumaná : Anabella Sanabria (née Smitter);
Trujillo : José V. Scorza; Maracaibo : Hernán Vargas Montiel.
SERVICES DE LÉPROLOGIE ET DE DERMATOLOGIE SANITAIRE
Le soin, la consultation, le diagnostic et le traitement se pratiquent tous à l’Institut de
biomédecine et dans les dispensaires de dermatologie sanitaire, situés dans les unités sanitaires
des capitales des différents États. Le Dr Nacarid Aranzazu dirige le service central
du ministère de la Santé depuis trente ans.
Le traitement et le contrôle de ces affections sont gratuits aussi bien pour les patients
que pour leur entourage. L’hospitalisation s’effectue dans les services de dermatologie
des divers hôpitaux, dans les cas où elle est nécessaire.

Histoire de la dermatologie au Venezuela
DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE
Cette sous-spécialité se développa grâce à l’inquiétude du Dr Eva Koves, qui commença
sa consultation à l’Institut de biomédecine. Plus tard le Dr Luis A. González A. établit
un cabinet pour des problèmes dermatologiques infantiles à l’hôpital Pérez Carreño,
suivi du Dr Esther Wackzol à l’hôpital pour enfants J.M. de los Ríos, à Caracas. Le Dr
Francisco González fonda le cabinet de dermatologie pédiatrique au service de dermatologie
de l’hôpital universitaire de Caracas.
IMMUNOLOGIE
Le Dr Mauricio Goihman introduisit le développement de l’immunologie dans la dermatologie
et effectua des travaux de recherche précieux à l’Institut de biomédecine, parallèlement
aux Drs Marian Ulrich, María Cristina di Prisco, Nieves González et J.F. Tapia
dans leurs laboratoires respectifs. Il dispensa également les premiers cours d’immunologie
pour les études de spécialisation; le Dr J.F. Tapia prit sa relève.
INFORMATION DERMATOLOGIQUE
La bibliothèque de l’Institut de biomédecine, la revue Dermatología Venezolana, et depuis
1998 la publication sur Internet de Piel Latinoamericana, dirigée par Rolando Hernández,
J.F. Tapia et Jaime Piquero-Martín, sont la preuve de la tâche éducative que la
dermatologie vénézuélienne promut pour le développement professionnel de la spécialité.
■ Histoire de la Société vénézuélienne de dermatologie
et de chiru rgie dermatologique
Histoire de la Société Vénézuélienne de Dermatologie et de Chirurgie Dermatologique
L’histoire de la société fut toujours très liée à l’histoire de la médecine et des institutions
hospitalières et académiques. L’Académie nationale de médecine fut fondée le 11
juin 1904, durant le gouvernement du général Cipriano Castro.
Selon l’acte initial, un groupe de médecins dermatologues décida le 14 novembre 1936
de réunir leurs efforts pour « développer la solution adéquate à nos problèmes touchant à
la syphilis et à la lèpre ». Les Drs A. Marcucci Delgado, Tomás Rodríguez, Manuel Murillo,
J. M. López Olivares, Federico Lizarraga, José Mejía, César Ávila Chacín, Domingo A. Calatrava
et Rafael Campo Moreno décidèrent de fonder la Société vénézuélienne de syphiligraphie
et de léprologie, et nommèrent président le Dr Martín Vegas. Rafael Campo
Moreno faisait office de secrétaire et Tomás Rodríguez de bibliothécaire. Les premiers efforts
de la société se concentrèrent sur l’organisation des dispensaires de santé qui existaient
déjà afin de lutter plus efficacement contre les maladies vénériennes en général, et
contre la syphilis et la lèpre en particulier. La conception, l’organisation et la création de
dossiers cliniques uniques pour tous les dispensaires furent un travail de titan qui demanda
l’effort des tous les médecins travaillant dans les dispensaires, dirigés par la société
qui venait d’être créée, avec la collaboration déterminante des autorités sanitaires.
Au cours des premières années, les activités tournaient autour de sujets de dermatologie
générale, de vénéréologie et de léprologie. Les réunions de la société naissante
avaient lieu dans les dispensaires antivénériens.
En 1937 fut promue la réalisation de la Semaine antivénérienne, qui eut lieu pendant
la première semaine de septembre. Les membres de la société avaient préalablement
mené une campagne d’information en utilisant des espaces cédés à cette fin par les journaux,
ainsi que des brochures et des publicités. On réussit à modifier avec succès la campagne
antivénérienne que menait le ministère de la Santé.
Le débat sur le traitement conseillé pour la syphilis, instauré avant la Semaine antivénérienne,
se poursuivit pendant cette année-là. Le 4 septembre devint la Journée antivénérienne.
437

Figure 7.
Dr Juan Di Prisco
Figure 8.
Dr Francisco
Scannone
A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
1936 : Martín Vegas
1945 : Rafael Campo Moreno
1946 : Leopoldo Briceño Iragorry
1947 : Martín Vegas
1949 : Jacinto Convit
1951 : Carlos Julio Alarcón
1952 : Martín Vegas
1954 : Rafael Medina
1955 : Juan Di Prisco
1956 : Francisco Scannone
1957 : Luis Alberto Velutini
1958 : Martín Vegas
1959 : Oscar Reyes Flores (6 mois)
1960 : Porfirio Irazabal (6 mois)
1960 : Luis Alberto Velutini
1962 : Porfirio Irazabal
1964 : Mariano Medina Febres
1966 : Juan Di Prisco
1968 : Eduardo Estrada
438
Présidents de la Société vénézuélienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique
4, 8
de sa fondation jusqu’à 2004
1970 : Francisco Kerdel Vegas
1972 : Jacobo Obadia Serfaty
1974 : Mauricio Goihman
1976 : José Manuel Soto
1978 : Cruz Graterol Roque
1980 : Jorge Hómez Chacín
1982 : Eva Koves de Amini
1984 : Antonio Rondón Lugo
1986 : Antonio Rondón Lugo
1988 : Maria Antonieta Mejías
1990 : Jaime Piquero Martín
1992 : Cornelio Arévalo Morles
1994 : Antonio Rondón Lugo
1996 : Ricardo Pérez Alfonso
1998 : Hernán Vargas Montiel
2000 : Francisco González Otero
2002 : Alfredo Lander Marcano
2004 : Benjamín Trujillo
En 1938, Domingo Calatrava fut nommé vice-président de la société, Rafael Campo
Moreno secrétaire et Rafael Domínguez Sisco bibliothécaire.
En 1944, la Société vénézuélienne de syphiligraphie et de léprologie lança la publication
de ses travaux dans la Revue de la polyclinique Caracas, dans la section destinée à
la Société vénézuélienne de dermatologie.
L’activité académique déployée de façon permanente par les membres fondateurs lors
des réunions de la société dépassa les limites de la lutte antivénérienne et antilépreuse;
le 7 juillet 1945 se réunirent à Caracas les Drs Martín Vegas, Juan di Prisco (figure 7)
Francisco Scannone (figure 8), Antonio Araujo, Leopoldo Briceño Iragorry, Mariano Medina
Febres, A. Chávez, Rafael Campo Moreno, Juan Di Prisco, Juan Iturbe, Armando
Salas, José Lucio González, Carmelo Lauria, Luis Rodríguez Santana, Jacinto Convit,
Tomás Genatios, Ildemaro Lovera et Carlos Julio Alarcón, pour enregistrer la société déjà
fondée en 1936 sous un nouveau nom : Société vénézuélienne de dermatologie et vénéréologie.
Cinq membres élus intégraient la commission directive conformément aux statuts
et exerceraient pendant un an les charges de président, secrétaire des actes,
secrétaire de la correspondance et des publications, trésorier et bibliothécaire. De cette
façon débutait l’activité académique de la dermatologie proprement dite; les rêves des
membres fondateurs se concrétisèrent plusieurs années après avec la création des
études de spécialisation en dermatologie dans les hôpitaux Vargas et universitaire et, par
la suite, à l’hôpital militaire de Caracas.
Le 8 novembre de la même année, pour la première fois dans l’histoire des sociétés de
spécialités médicales, une délégation officielle fut fondée à l’intérieur du pays, dans l’État
de Zulia; le Dr Jorge Hómez Chacín, remarquable dermatologue, fut élu président.
Les premiers membres honorifiques de la société furent nommés en juin 1948, selon
leurs mérites. Cet honneur échut à quatre professeurs cubains, treize professeurs nordaméricains,
un professeur français, quatre professeurs argentins, trois brésiliens et un
professeur vénézuélien, le Dr Juan Larralde.
Le 24 avril 1950, les Drs Martín Vegas et Rafael Medina, de la Société vénézuelienne
de dermatologie, furent désignés membres du comité d’experts en maladies vénériennes
de l’Organisation mondiale de la santé, à l’initiative du ministère de la Santé.
En mars 1956, le Dr Rafael Medina fut nommé membre éminent de la société, secrétaire
local du Congrès international de dermatologie, qui eut lieu à Stockholm, Suède.
Le 14 novembre fut créé le prix Martín Vegas en commémoration des vingt ans de la

Histoire de la dermatologie au Venezuela
fondation de la société; on établit également que ce jour deviendrait la date d’anniversaire
de la société, raison pour laquelle les congrès et les réunions annuelles ont lieu à
cette époque.
Le Congrès international de dermatologie demanda à la société de nommer un délégué
du Venezuela : le Dr Francisco Scannone.
La revue Dermatología Venezolana, organe officiel de la société, fut fondée en décembre
1958.
Depuis sa création, la société avait changé son nom à trois reprises. Le 7 janvier 1970,
elle reçut une nouvelle dénomination : Société vénézuélienne de dermatologie, selon un
communiqué destiné à la commission directive de la Fédération médicale vénézuélienne,
« car de cette façon générique on sous-entend que la vénéréologie, la léprologie, la mycologie,
l’allergologie, l’histopathologie dermatologique, l’oncologie dermatologique, la
microbiologie dermatologique, la chirurgie dermatologique, la radiothérapie superficielle,
la cosmétologie, ainsi que toutes les branches liées aux maladies cutanées et à ses
annexes pouvant en dériver à l’avenir, complètent le contexte de cette spécialité ».
Le 28 février 1972, le Dr Kerdel Vegas proposa la création d’une conférence annuelle
en hommage permanent au Dr Martín Vegas; désormais cette conférence est le point
central du congrès et de la réunion annuelle.
En 1973, un accord fut passé avec l’Académie américaine de dermatologie pour réaliser
des cours d’actualisation au Venezuela, qui s’effectuent avec succès grâce à la gestion
de Francisco Kerdel Vegas et de Mauricio Goihman Yahr.
L’année 1973 marqua le début de l’étape de consolidation de la Société de dermatologie.
Outre les réunions annuelles et mensuelles, la société rétablit les congrès vénézuéliens
de dermatologie; le deuxième congrès eut lieu sous la présidence du Dr Obadía
Serfaty, le troisième (1978) fut dirigé par son président, le Dr Cruz Graterol Roque, et le
quatrième congrès par le Dr Antonio Rondón Lugo.
Depuis sa création, la SVD a organisé le VII e
Congrès ibéro-latino-américain de dermatologie
en 1971, six congrès vénézuéliens de dermatologie et trente-neuf réunions annuelles.
Elle octroya aussi les prix Dr Martín Vegas, Dr César Lizardo, Dr Jacinto Convit,
réalisa les forums Dr Juan Di Prisco et Dr José M. Soto et accorda les prix aux posters
Dr Víctor Suprani.
Outre la revue Dermatología Venezolana, un bulletin mensuel de la société commença
à paraître vers la fin des années 60, dans lequel étaient présentés les cas cliniques des
réunions mensuelles et l’information administrative sociétaire. Ce bulletin fut réactivé
sous la présidence du Dr Jaime Piquero-Martín (1990-1992) ; à cette deuxième publication
s’ajouta un service d’information dermatologique comportant des informations
scientifiques; la revue Dermatología Venezolana comprend aussi des monographies
comme suppléments.
Tout au long des trois périodes de la présidence du Dr Antonio Rondón Lugo, il fut
convenu d’intégrer et de rassembler tous les dermatologues au sein de l’association. La
figure de membre actif fut créée pour les dermatologues diplômés des cours de spécialisation
qui ne pouvaient pas être admis en raison de la rigidité des normes; des cours
d’éducation médicale continue virent également le jour pour les dermatologues, les médecins
généralistes et pour la communauté.
Grâce à la création de la filiale occidentale et de la filiale orientale fondée à Clarines
(État d’Anzoátegui), les dermatologues des provinces furent admis dans l’association. Finalement,
en juillet 2001, la société créa la filiale sud-orientale, dont le premier coordinateur
fut le Dr Alfredo Lander Marcano.
Sous la présidence du Dr Francisco González Otero, la Société vénézuélienne de dermatologie
changea de nom pour acquérir sa dénomination actuelle : Société vénézuélienne
de dermatologie et de chirurgie dermatologique.
439

A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
LA REVUE DERMATOLOGÍA VENEZOLANA
Les recherches menées dans différents centres justifièrent plusieurs publications dans
des revues internationales et dans la revue Dermatología Venezolana, organe de publication
de la Société vénézuélienne de dermatologie, ainsi que plusieurs travaux relatifs à des
cas cliniques, des relectures, des considérations de cas, des commentaires, entre autres.
La publication de cette revue fut entreprise en décembre 1957 sous la direction du Dr
Luis A. Velutini; depuis lors, elle fait paraître trois à quatre numéros par an.
Luis A. Velutini, Rafael Medina, Jaime Piquero-Martín, Antonio Rondón Lugo, Oscar
Reyes, Mauricio Goihman, Félix J Tapia et Margarita Oliver en furent les éditeurs.
■ Histoire de la de Dermatologie la dermatologie dans les provinces dans les provinces
440
Jusqu’en 1956, la société « fut enfermée dans les murs de l’hôpital Vargas », selon les
propos de Francisco Scannone, son président à l’époque; une décision unanime fixa la
réalisation de réunions scientifiques mensuelles ou de visites dans des centres spéciaux,
comme la léproserie de Cabo Blanco, située sur le littoral du district fédéral.
Lors de l’assemblée générale extraordinaire de la société du 22 mars 1956, on établit
la possibilité de créer des délégations dans les villes des provinces; une réunion eut lieu
pour la première fois le 14 juillet à la léproserie de Cabo Blanco avec des invités d’autres
sociétés et des dermatologues des provinces, la lèpre étant l’unique sujet à traiter.
ZULIA (OUEST)
Le 8 novembre de la même année, pour la première fois dans l’histoire des sociétés
de spécialités médicales, une délégation officielle fut fondée dans l’État de Zulia; sa présidence
fut assumée par Jorge Hómez Chacín. Cet événement marqua l’ouverture de la
société de la capitale aux provinces, promouvant ainsi le développement de la dermatologie
dans tout le pays.
Dans l’État de Zulia, plus spécifiquement à Maracaibo, le Dr Fernández Vautrai initia
la dermatologie comme une spécialité médicale dans les années 40, à l’ancien poste de
secours de l’hôpital central Dr Urquinaona. En 1948, le Dr Jorge Hómez Chacín prit en
charge ce cabinet, après des études de spécialisation en parasitologie, médecine tropicale
et dermatologie réalisées à l’université de Paris et à l’hôpital Saint-Louis de la même
ville.
Un an après, le Dr Pedro Lapenta prit en main la léproserie de l’île de la Providence
sur le lac de Maracaibo; il exerça également à l’hôpital Chiquinquirá et à l’hôpital pour
enfants de Maracaibo jusqu’en 1953 : cette année-là il fut nommé médecin-chef de la clinique
antilépreuse de Cabo Blanco à Maiquetía et médecin directeur (1962 à 1965), ce
qui l’amena à déménager à Maracay.
Les Drs Nectario Durango Nazariego, Humberto Rincón Bracho et Humberto Bojana
vinrent s’ajouter plus tard, suivis d’Hernán Vargas Montiel et César Barroso Tobila.
Nectario Durango Nazariego et Humberto Rincón Bracho travaillèrent au cabinet de
dermatologie de l’hôpital universitaire à partir de 1960. Un service de dermatologie d’excellence
se forma plus tard, composé d’un groupe de dermatologues dirigés par Hernán
Vargas Montiel, Anairma Durango Michailos et Elizabeth Guadagnini. Actuellement
existe le projet d’ouvrir un service de dermatologie du SAHUM (service autonome de
l’hôpital universitaire de Maracaibo).
En 1991, le groupe du service de dermatologie de l’hôpital universitaire organisa
un cursus d’éducation médicale continue ; pour cela, le cours de dermatologie au
jour le jour fut mis en place, et ensuite le cours de dermatologie itinérante, dispensé
dans les États de l’ouest du pays tels que Falcón, Lara, Mérida, Táchira, Trujillo et
Zulia.

Histoire de la dermatologie au Venezuela
Ceci entraîna la réactivation — sollicitée par Antonio Rondón Lugo, président à
l’époque de la Société vénézuélienne de dermatologie — de la délégation centre-ouest
(appelée déjà filiale grâce au changement de statuts) de la société le 25 juin 1996, facilitant
l’échange scientifique entre les dermatologues des différentes régions.
BOLÍVAR (SUD)
La dermatologie nationale s’étendit jusqu’à Ciudad Bolívar avec le Dr Francisco Battistini.
À son retour de France en 1949, il fonda le premier cabinet externe de dermatologie
dans l’État de Bolívar. L’enseignement supérieur débuta en 1960, tandis que le
résidanat de la spécialisation en dermatologie fut entamé en 1975. Les Drs Florencio
García Morales et Ana María Brun (née Battistini) — à son retour de l’hôpital Saint-Louis
—, qui resta à la charge de la direction de la spécialisation initiée par son père, furent
admis plus tard dans le service. Pour sa part, le Dr Oscar Perfetti revint d’Angleterre
avec une préparation solide et, en quelques années, il mena un travail digne d’éloges à
Puerto Ordaz 13 . Le Dr Ismery Cabello compte aussi parmi les dermatologues notables, aidant
à la consolidation de la dermatologie dans la région.
CARABOBO (CENTRE)
La dermatologie de Valencia, dans l’État de Carabobo, débuta dans les années 50 avec
le Dr Fernando Aguilera, qui revint au pays après des études effectuées en Argentine et en
France. Quelques années plus tard se joignirent à lui Omar Miret Ortega et Raúl Fachín
Viso, une fois terminées leurs spécialisations à l’hôpital Vargas, à Londres et aux États-Unis.
Le Dr Marco Tulio Mérida y fut admis ultérieurement; les premiers résidanats programmés
débutèrent en 1976, et furent la base de la spécialisation en dermatologie vers
le début de 1985.
Nous citerons Carlos Fachín, Marlene Mendoza, Olga Morella Herrera, Rosa Oliveros
et Ilse Angulo parmi les figures de la dermatologie locale.
ARAGUA (CENTRE)
La dermatologie dans l’État d’Aragua débuta en 1965 avec le Dr Pedro Lapenta, après
son passage aux léproseries de l’île de la Providence et de Cabo Blanco, secondé par
Jorge Alvarado, Willian Vázquez, R. Otamendi, Lilian de Cequeda, Maritza Maya et Luis
Felipe Guada.
LARA (CENTRE-OUEST)
À Barquisimeto, le premier service fut fondé en 1939 par le Dr Humberto Campins à
l’ancien hôpital Antonio María Pineda, transféré ensuite à l’hôpital central Antonio María
Pineda; en 1950, le Dr Carlos Zapata y fut admis comme auxiliaire. En 1954, le Dr J.J.
Henríquez, provenant du Skin and Cancer Hospital, arriva dans le service; il resterait
dans la ville jusqu’en 1966, date de son départ à Caracas.
En 1958, le Dr Cruz A. Graterol Roque fut nommé chef intérimaire du service et le Dr
Segundo Barroeta le rejoignit en 1963 après avoir effectué un cours de spécialisation à
Buenos Aires; dès 1970, il dirigea le service de dermatologie de l’hôpital Antonio María
Pineda jusqu’à sa retraite en 2004. Il fut remplacé par le Dr María Herminia Araujo.
Les Drs María Antonieta Mejías et Segundo Barroeta furent les leaders de la dermatologie
dans l’État de Lara. La spécialisation débuta en 1971, sous la direction du Dr Segundo
Barroeta, sous la forme d’un résidanat programmé. En 1987, il devint un cours
de spécialisation universitaire.
MÉRIDA (SUD-OUEST)
Depuis leur fondation en 1936, l’hôpital de Los Andes et le dispensaire antivénérien
et de la recherche sur la lèpre de l’unité sanitaire prirent initialement en charge les
441

A. LANDER, J. PIQUERO, A. RONDÓN, O. REYES, B. TRUJILLO, H. VARGAS
maladies dermato-vénéréologiques dans cette région. Le Pr Pedro Guerra Fonseca était
le chef du service de dermatologie et des maladies vénériennes, assisté de J.M. Luengo
Vale et Francisco Fonseca. Remarquons qu’actuellement les Drs Graterol et Luis Soucre
sont les promoteurs de la dermatologie dans cet État.
TÁCHIRA (SUD-OUEST)
La pratique dermatologique débuta à San Cristóbal avec le Dr Francisco Cárdenas Becerra.
Le Dr Adolfo Vivas Arellano exercerait plus tard la spécialité à l’hôpital central de
San Cristóbal (dans les années 50), suite à une spécialisation en dermatologie faite à Rio
de Janeiro; le Dr Orlando Ramírez, chargé d’organiser le service de dermatologie dudit
hôpital, y fut admis quelques années plus tard.
BARINAS (CENTRE)
Le Dr Rolando Hernández Pérez fut le chef de file important de la dermatologie vénézuélienne
dans cette province 4 . ■
■ Références
bibliographiques
1. Archila R. Historia de la
Medicina en Venezuela,
Caracas: Tipografía Vargas;
1961.
2. Diepgen P. Historia de la
Medicina. 2 e éd. Madrid:
Labor; 1932.
3. Sarmiento F., Sáenz Astort J.A.
Arte y Medicina. Caracas:
Publicaciones Ediprosal;
2003.
4. Scannone F. Historia de la
Dermatología en Venezuela,
Caracas: Cromotip; 1990.
5. Briceño Maaz T. « Datos para la
historia de la Dermatología
en Venezuela ». Derm. Ven.
1978; 16: 29-40.
6. Lizardo C. « Doctor Manuel
Pérez Díaz ». Derm. Ven.
1958; 1: 212-214.
7. Briceño Maaz T. « Esbozo
histórico de la Dermatología
en el Hospital Vargas de
Caracas ». Derm. Ven. 1991;
29: 23-24.
8. Rondón Lugo A.J, Sáenz Astort
J.A. Aproximación histórica a
la Dermatología venezolana.
Caracas: Producción
Excelsior; 2001.
9. Lapenta P., Obadya S.J. « Datos
Septembre 2005
biográficos del Dr. Martín
Vegas ». Derm. Ven. 1957; 1:
23-26.
10. Piquero Martín J. « Homenaje
a Martín Vegas ». Derm. Ven.
1991; 29: 25.
11. Rondon Lugo A.J. « Homenaje
a Martín Vegas ». Derm. Ven.
1991; 29: 26.
12. Ávila Bello J.L. Revista de la
Facultad de Medicina. Gente
de Ciencia. 1987; 10: 113-
115.
13. Piquero Martín J. « Oscar
Perfetti: un profesional
idóneo ». Derm. Ven. 1991;
29: 68.

LE COLLÈGE IBÉRO-
LATINO-AMÉRICAIN
DE DERMATOLOGIE
(CILAD)
ROBERTO ARENAS
Une fois la guerre civile espagnole terminée (1936-1939), deux dermatologues notables,
Enrique Álvarez Sáinz de Aja (Espagne) et Pedro Baliña (Argentine), se proposèrent
de rassembler les spécialistes portugais, espagnols et latino-américains pour pallier
à l’interruption des congrès internationaux. Tenant compte des racines et des dénominateurs
communs et profitant de l’anniversaire de la Société argentine de dermatologie,
ils jetèrent en 1947 à Buenos Aires les bases d’une nouvelle institution 1 .
Le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie fut fondé à La Havane le 11
avril 1948, dans l’une des salles de classe de l’école municipale Rodríguez Valdés;
l’acte de fondation fut signé par des dermatologues-léprologues d’Espagne, d’Amérique
du Sud, de Cuba et du Mexique 1-3 . Le premier congrès eut lieu à Rio de Janeiro
en 1950, présidé par João de Aguilar-Pupo, tandis qu’Antar Padilha
Gonçalvez faisait office de secrétaire général. Les premiers statuts furent approuvés
à Lisbonne en 1961. Selon l’article 2, le but de l’institution est d’encourager les
échanges scientifiques, les liens fraternels et le contact intellectuel, afin de favoriser
le progrès des dermatologues de langue espagnole et portugaise. Le collège regroupe
vingt-deux pays ibéro-latino-américains et constitue l’une des plus grandes
sociétés de dermatologie au monde 4 (figure 1). Le CILAD est représenté auprès de
la Ligue internationale des sociétés dermatologiques. Une adresse électronique du
CILAD est disponible: .
PRÉSIDENTS DU COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE AU COURS DE SON HISTOIRE
1948-1950 João de Aguiar Pupo (Brésil)
1950-1953 José Gay Prieto (Espagne)
1953-1956 Fernando Latapí (Mexique)
1957-1959 Augusto Salazar-Leite (Portugal)
1959-1963 Luis E. Pierini (Argentine)
1964-1967 Xavier Vilanova (Espagne) et Juvenal Estévez (Portugal)
1967-1971 Antar Padilla Gonçalves (Brésil)
1972-1975 David Grinspan (Argentine)
1976-1979 Rubem David Azulay (Brésil)
443
Figure 1.
Logotype du Collège
ibéro-latinoaméricain
de
dermatologie

ROBERTO ARENAS
444
1980-1983 Jorge Abulafia (Argentine)
1984-1987 Jorge Abulafia (Argentine)
1988-1991 Sebastião Sampaio (Brésil)
1992-1995 Enrique Hernández Pérez (Salvador)
1996-1999 Ana Kaminsky (Argentine)
2000-2003 Francisco Camacho Martínez (Espagne)
2003-2007 Roberto Arenas (Mexique)
PRÉSIDENTS DES CONGRÈS
Rio de Janeiro (1950), João de Aguiar Pupo
Madrid (1953), José Gay Prieto
Mexico D.F. (1956), Fernando Latapí
Lisbonne (1959), Augusto Salazar-Leite
Buenos Aires et Mar del Plata (1963), Luis E. Pierini
Barcelone (1967), José Mercadal-Peyrí
Caracas (1971), Martín Vegas
San Salvador (1975), Oswaldo Ramírez
Medellin (1979), Alonso Cortés
Rio de Janeiro (1983), Rubén D. Azulay
Madrid (1987), Antonio García-Pérez et Antonio Ledo
Guadalajara (1991), José Barba Rubio
San Juan de Puerto Rico (1995), Jorge L. Sánchez
Malaga (1999), Miguel Armijo et Enrique Herrera-Ceballos
Buenos Aires (2003), Ana Kaminsky
Carthagène (2005), Rafael Falabella
C’est au cours du congrès de Lisbonne (1959) que naquit la revue Dermatología Iberolatinoamericana
(DILA) — organe officiel du collège —, dirigée par Augusto Salazar-
Leite et Francisco Da Cruz Sobral, secrétaire général à vie du collège. La revue fêta ses
14 ans sous leur mandat. En 1966 naquit de manière indépendante la revue Medicina
Cutánea (Joaquín Piñol Aguadé). En 1973 les deux revues fusionnèrent pour devenir Medicina
Cutánea Iberolatinoamericana (Med. Cutan. Iber. Lat. Am.) 5 . Le Pr José Mª Mascaró
débuta dans sa rédaction en 1967 et resta à sa tête pendant vingt-huit ans 6 ; le Pr
Mario Lecha et Carlos Ferrándiz Foraster (directeur adjoint), ce dernier remplacé par
Juan Ferrando, prirent la relève. Ramón Grimalt et José M. Mascaró Galy collaborent
également à la rédaction. Carmen Marcos fut chargée pendant des années du secrétariat
et de la coordination éditoriale. En 2004, à partir du volume 32, s’ajoutèrent Alberto
Woscoff et Jayme de Oliveira Filho en tant qu’éditeurs associés.
Medicina Cutánea Iberolatinoamericana est l’organe officiel du CILAD; de parution bimestrielle,
la revue est éditée en couleur et en trois langues : en espagnol, en portugais
et en anglais. Il existe également une version numérique sur le site Internet
. En 2004, un bulletin (InfoCILAD) et une adresse électronique
institutionnelle virent également le jour.
Tout au long de son existence, la revue Medicina Cutánea se modernisa quant à son
format et son contenu. Actuellement elle comporte les rubriques suivantes : éditorial,
travaux originaux, cas cliniques, rubriques spécialisées, symposium satellite, histoire de
la dermatologie ibéro-latino-américaine, information, courrier pour le directeur (à la
charge de Mauricio Goihman), actualités thérapeutiques (León Jaimovich) et formation
continue en médecine (initiée en 1996 par Rafael Falabella). ■
Septembre 2004

■ Références
bibliographiques
1. Latapí F. « Veinticinco años del
Colegio Ibero-
Latinoamericano de
Dermatología. Editorial ».
Dermatología Rev. Mex.
1972; 16(3): 291-3.
2. Saúl A. « Ecos de Portugal ».
Dermatología Rev. Mex.
1959; 3(3): 201-9.
Le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD)
3. Cañizares O. « La dermatología
en la América Latina ».
Dermatología Rev. Mex.
1960; 4(3-4): 185-95.
4. Kaminsky A. « Bienvenida ».
Programa 15º Congreso Ibero
Latinoamericano de
Dermatología. Buenos Aires.
21-25 oct. 2003.
5. Salazar-Leite A., da Cruz
Sobral F. « Final de um
mandato ». Dermatol. Iber.
Lat. Am. 1972; 4: 441-42.
6. Mascaró J.M. « Informe del
director de Medicina Cutánea
Ibero-Latinoamericana ».
Med. Cut. ILA. 1995; 23:
351-54.

RÉUNION ANNUELLE
DES DERMATOLOGUES
LATINO-AMÉRICAINS
(RADLA)
FERNANDO MAGILL
Le 27 octobre 1972, à l’occasion du congrès argentin de dermatologie qui s’est tenu
dans la ville de Buenos Aires, a été décidée au cours de l’assemblée sollicitée par le Pr
Pablo Viglioglia, président du congrès, la fondation de la Réunion annuelle des dermatologues
latino-américains, suivant les spécifications de la déclaration à laquelle avaient
souscrit les représentants des dermatologues de treize pays latino-américains : l’Argentine,
la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Salvador, le Mexique,
le Paraguay, le Pérou, Saint-Domingue, le Venezuela et l’Uruguay1, 3 . Il a été accordé que
cette réunion se réaliserait une fois par an — à l’exception de l’année où elle coïnciderait
avec le Congrès ibéro-latino-américain de dermatologie — et qu’elle deviendrait une
réunion d’échange scientifique, d’apprentissage et de confraternité dont le but principal
serait la mise à jour et la formation continue dans les divers domaines de la dermatologie.
La RADLA, selon le Dr Clovis Bopp1 , est le fruit de diverses initiatives surgies au préalable;
en premier lieu, dans le cadre de la réunion organisée par le Pr Alejandro Cordero
à Buenos Aires, à laquelle ont participé des dermatologues argentins et brésiliens, ainsi
que dans les groupes formés à l’occasion du VII e
Congrès ibéro-latino-américain (Caracas,
décembre 1971) et du XXIX e
Congrès brésilien de dermatologie (Nueva Friburgo, du
12 au 21 octobre 1972).
Le Dr Sebastiao Sampaio2 affirme que lors du congrès du CILAD à Caracas en 1971,
les Drs Juan Carlos Gatti, Pablo Viglioglia, Osvaldo Mangano et Sampaio lui-même ont
suggéré de réaliser une réunion annuelle de dermatologues argentins et brésiliens, une
proposition à laquelle adhéra le Dr Tancredo A. Furtado.
Un an après, lors du congrès brésilien de Nueva Friburgo en octobre 1972, cette idée
fut de nouveau présentée par les dermatologues mentionnés ci-dessus, rejoints avec enthousiasme
par le Dr Rubem Azulay, président du congrès. À cette occasion, la proposition
fut élargie pour devenir une réunion annuelle de dermatologues latino-américains.
Une semaine plus tard, la RADLA voyait le jour. Il fut déterminé que la première
réunion aurait lieu à Buenos Aires du 1 er
au 4 novembre 1973. Celle-ci fut présidée par
le Pr Pablo Viglioglia, le Pr Jorge Abulafia étant le vice-président et le Pr Juan C. Gatti le
secrétaire général. Environ 300 dermatologues y assistèrent.
Selon le statut en vigueur, la Réunion annuelle de dermatologues latino-américains
(RADLA) fut créée en raison de l’importance croissante et des enjeux médico-sociaux de
447

Conseil de délégués
RADLA 2004
FERNANDO MAGILL
448
La RADLA à travers le temps
RADLA Siège Année Président Secrétaire général
I Argentine (Buenos Aires) 1973 P. Viglioglia J.C. Gatti (+)
II Brésil (Rio de Janeiro) 1974 R.D. Azulay A.P. Mesquita
III Argentine (Buenos Aires) 1977 A. Casalá O. Mangano (+)
IV Brésil (Guarujá) 1978 S. Sampaio J. Costa Martins
V Argentine (Buenos Aires) 1980 J.C. Gatti (+) J.E. Cardama (+)
VI Brésil (Rio de Janeiro) 1981 R. D. Azulay J. Servia
VII Argentine (Buenos Aires) 1982 A. Woscoff E. Chouela
VIII Uruguay (Montevideo) 1984 R. Vignale P. Pereyra
IX Chili (Santiago) 1985 J. Honeyman G. Eguiguren
X Argentine (Buenos Aires) 1986 O. Mangano (+) R. Galimberti
XI Brésil (Sao Paulo) 1988 E. Rivitti F. Forim Alonso (+)
XII Uruguay (Montevideo) 1989 P. Pereyra N. Macedo
XIII Brésil (Rio de Janeiro) 1990 A.C. Pereira Jr. (+) J. Ricart
XIV Chili (Santiago) 1992 C. Vera Mora (+) M. Cifuentes
XV Argentine (Buenos Aires) 1993 L. Jaimovich H. Cabo
XVI Brésil (Porto Alegre) 1994 C. Bernardi H. Ponzio
XVII Uruguay (Montevideo) 1996 N. Macedo C. Carmona
XVIII Chili (Santiago) 1997 R. Guarda R. Cabrera
XIX Paraguay (Asunción) 1998 V. Caligaris A. Guzmán
XX Argentine (Mar del Plata) 2000 H. Cabrera P.D. Giovanna
XXI Brésil (Foz de Iguazú) 2001 J.C. Empinotti J. Santamaría
XXII Bolivie (Santa Cruz) 2002 J.M. Zamora M.E. González
XXIII Pérou (Lima) 2004 Fernando Magill Gadwyn Sánchez
XXIV Argentine (Buenos Aires) 2005 Edgardo Chouela Fernando Stengel
XXV Chili (Santiago) 2006 Raúl Cabrera Félix Fich

Argentine Dr Pablo Viglolia (P)
Dr Augusto Casalá (P)
Dr León Jaimovich (P)
Dr Alberto Woscoff (P)
Dr Hugo Cabrera (P)
Dr María Luisa Gómez (R)
Dr Liliana Olivares (R)
Bolivie Dr Juan Manuel Zamora (P)
Dr Jorge Vargas (R)
Dr María Isabel Méndez (R)
Brésil Dr Rubem David Azulay (P)
Dr Sebastián Sampaio (P)
Dr Evandro Rivitti (P)
Dr Cesar Bernardi (P)
Dr Julio Cesar Empinotti (P)
Dr Joao Roberto Antonio (R)
Dr José Antonio Sánchez (R)
Colombie Dr Bernardo Huyke (R)
Dr Luis Hernando Moreno (R)
Chili Dr Juan Honeyman (P)
Dr Rubén Guarda (P)
Dr María Isabel Herane (R)
Dr Pilar Valdés (R)
Réunion annuelle des dermatologues latino-américains (RADLA)
la dermatologie en Amérique latine; elle a lieu tous les ans dans différents sièges des divers
pays qui la composent, pour l’échange scientifique, l’apprentissage et la confraternité
de tous les dermatologues de la région. Elle comprend un programme scientifique
intensif d’une durée de deux jours, précédé de deux jours de cours d’actualisation de la
spécialité.
La RADLA est dirigée par un conseil de délégués démocratiquement élus par les assistants,
et ses membres se divisent en deux catégories : permanente et renouvelable.
Vingt-trois réunions ont été réalisées jusqu’à présent; celle de Lima, connut un grand
succès, avec la présence de 1 250 participants. En 2005, le siège était Buenos Aires, en 2006
Santiago du Chili. D’après l’accord conclu au cours de la dernière réunion du conseil des délégués
en juillet à Lima, il a été décidé à l’unanimité de ne pas réaliser la RADLA en 2007,
en raison du congrès mondial de dermatologie qui aura lieu en Argentine. ■
■ Références
bibliographiques
1. Bopp C. Preámbulo histórico de
la RADLA: Programa de la 5ª
RADLA. Buenos Aires, 3 al 6
La RADLA. Délégués permanents et renouvelables
mayo de 1986.
2. Burstein Z. Informe sobre la
participación peruana en la
1ª RADLA. Comunicación
dirigida al Rector de la
Universidad Nacional Mayor
de San Marcos. Lima, 8 de
Équateur Dr José María Ollague (R)
Dr Gonzalo Calero (R)
Mexique Dr Patricia Mercadillo (R)
Dr Gilberto Adame (R)
Paraguay Dr Luz María Flores de Lacarruba (R)
Dr Graciela Gorostiaga (R)
Pérou Dr Fernando Magill (P)
Dr Francisco Bravo (R)
Dr Manuel del Solar (R)
Uruguay Dr Raúl Vignale (P)
Dr Probo Pereyra (P)
Dr Néstor Macedo (P)
Dr Daniella Bravo (R)
Dr Carlos Bazzano (R)
Venezuela Dr Francisco Gonzáles (R)
Dr Rolando Hernández (R)
Septembre 2005
enero de 1974.
3. Sampaio S. Historia de la
RADLA. ¿Cómo nació
la RADLA? Programa
de la 21ª RADLA. Foz de
Iguazú, 5 al 8 de mayo
de 2001.

DÉVELOPPEMENT DE
LA DERMATOLOGIE
PÉDIATRIQUE EN
AMÉRIQUE LATINE
EVELYNE HALPERT, RAMÓN RUIZ MALDONADO, HÉCTOR CÁCERES
La dermatologie pédiatrique devint une spécialité pendant la deuxième moitié du XX e
siècle, même si auparavant plusieurs dermatologues et pédiatres avaient déjà travaillé dans
cette branche de la dermatologie aux États-Unis, en Europe et en Amérique Latine. En octobre
1972, les Drs Ramón Ruiz Maldonado et Lourdes Tamayo organisèrent le I er Symposium
international de dermatologie pédiatrique à Mexico D.F.; lors de ce symposium fut
créée la Société internationale de dermatologie pédiatrique, donnant officiellement naissance
à cette spécialité dans le monde entier. Plusieurs spécialistes réputés y participèrent,
tels Martín Bear (Irlande); Ferdinando Gianotti (Italie); Joan E. Hodgman, Coleman Jacobson,
Guinther Kahn, Andrew M. Margileth et Lawrence M. Solomon (États-Unis); Edmundo
J. Moynahan (Angleterre); Dagoberto O. Pierini (Argentine); Ramón Ruiz Maldonado
(Mexique); Eva Torok (Hongrie); Kasuya Yamamoto (Japon).
Depuis lors, dix congrès mondiaux furent réalisés, et différentes sociétés régionales
s’implantèrent aux États-Unis, en Europe, au Japon et en Amérique Latine.
En 1973, Ramón Ruiz Maldonado et Lourdes Tamayo créèrent et consolidèrent au
Mexique une école de formation en dermatologie pédiatrique, où plus de quatre-vingt spécialistes
d’Amérique Latine, d’Europe, des États-Unis et d’autres pays obtinrent leur diplôme.
La spécialisation, reconnue de façon officielle, a une durée de trois ans pour les
médecins pédiatres et d’un an pour les dermatologues déjà diplômés. Le Dr Dagoberto O.
Pierini créa plus tard le programme de formation en dermatologie pédiatrique en Argentine,
où existent actuellement deux écoles de la spécialité dirigées respectivement par les
Drs Margarita Larralde et Adrián Martín Pierini. Au Venezuela, un programme dirigé par
Luis Alfredo González Aveledo fonctionna pendant plusieurs années. De nos jours, les Drs
Magalis Herrera Navarro et Leopoldo Díaz-Landaeta dirigent un programme de spécialisation
en dermatologie pédiatrique à l’hôpital des spécialités pédiatriques de Maracaibo.
L’avènement de la dermatologie pédiatrique en tant que spécialité bien définie favorisa
le progrès dans la recherche, le diagnostic, le traitement et l’épidémiologie des maladies
dermatologiques de l’enfance. Son développement permit des améliorations notables dans
les domaines de la physiologie néonatale, du diagnostic prénatal, des troubles de la kératinisation
et dans la connaissance et le traitement de pathologies telles que l’épidermolyse
bulleuse, les tumeurs vasculaires et la dermatite atopique, entre autres.
451

EVELYNE HALPERT, RAMÓN RUIZ MALDONADO, HÉCTOR CÁCERES
Au cours du VI e
Congrès péruvien de dermatologie, qui eut lieu à Lima au mois de novembre
1996, il fut décidé de fonder la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique
(SLADP). Parmi ses fondateurs, des spécialistes de différents pays
latino-américains réputés tels que Ramón Ruiz Maldonado, du Mexique; Evelyne Halpert,
de Colombie; Héctor Cáceres et Leonardo Sánchez, du Pérou; Luis Alfredo González
Aveledo, du Venezuela; Margarita Larralde, d’Argentine; Susana Giraldi, du Brésil et
Danny Suquilandia, d’Équateur. Le premier président de la SLADP fut Ramón Ruiz Maldonado
et la constitution légale fut obtenue à Mexico à travers l’acte nº 64.954, livre
1059 de l’année 1996.
Le premier congrès de la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique se
réalisa dans la ville de Santa Fe de Bogotá, en Colombie, en octobre 1997, organisé par
Evelyne Halpert. C’est alors que la première assemblée générale eut lieu, désignant la
première commission directive : président, Dr Ramón Ruiz Maldonado; vice-présidente,
Dr Evelyne Halpert; secrétaire, Dr Carola Durán; secrétaire d’action scientifique,
Dr Margarita Larralde; secrétaire syndicale, Dr Héctor Cáceres Ríos; secrétaire de
presse et publicité, Dr Luis Alfredo González Aveledo.
Le IIe Congrès latino-américain de dermatologie pédiatrique, organisé par Luis Alfredo
González Aveledo, eut lieu du 14 au 17 juin 2000 à Caracas. Une nouvelle commission
directive fut élue à ce moment-là, présidée par le Dr Evelyne Halpert.
À l’occasion du IX e
Congrès mondial de dermatologie pédiatrique réalisé à Cancun en
octobre 2001, la SLADP organisa avec grand succès un cours préliminaire appelé « Du
nouveau-né à l’adolescent », qui accueillit plusieurs leaders actuels de la dermatologie
pédiatrique du continent.
Le IIIe Congrès latino-américain de dermatologie pédiatrique s’effectua à Lima en mai
2003, sous la présidence d’Héctor Cáceres. Cet événement, qui déploya un nouveau programme
interactif, accueillit la plupart des spécialistes d’Amérique Latine et fut l’occasion
du renouvellement de la commission directive et de l’élection du Dr Cáceres comme
président.
Actuellement la SLADP est composée de quinze pays avec leurs représentants permanents
respectifs et adhère à la Ligue internationale des sociétés dermatologiques.
Chaque groupe organisa dans son pays divers événements dans le domaine de la dermatologie
pédiatrique.
Pendant les dernières années, la SLADP se développa significativement, constituant
de nos jours une solide institution qui regroupe plus de 200 associés. Elle soutient le développement
de la dermatologie en Amérique Latine. Des livres sur la spécialité furent
publiés dans plusieurs pays du continent et certains dermatologues pédiatres latinoaméricains
participèrent à l’édition d’importants ouvrages aux États-Unis et en Europe.
La Revista de Dermatología Pediátrica Latinoamericana fut récemment créée sous l’impulsion
du Dr Héctor Cáceres et de son groupe de travail : elle est publiée tous les quatre
mois et une version électronique est accessible sur le site . ■
■ Références
bibliographiques
Ruiz Maldonado R. « Pediatric
Dermatology:
Accomplishments and
challenges for the 21st
Century ». Arch. Dermatol.
2000; 136: 84.
Ruiz Maldonado R. « Pediatric
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Septembre 2005
Dans: Oranje A.P., Kunz B.
Symposium on training
demands in Pediatric
Dermatology 2001. Ped.
Dermatol. 2002; 19: 166-
168.

L’AVENIR DE LA
DERMATOLOGIE EN
AMÉRIQUE LATINE
RAFAEL FALABELLA
■ Le passé El pasado et y el futuro l’avenir
Lorsqu’on se tourne vers le passé, on découvre souvent des versions différentes d’un
même fait historique; mais lorsqu’on regarde vers l’avenir, il est difficile d’anticiper ce
qui va se produire, car l’Histoire modifie généralement son parcours selon les événements
récents déterminant le destin de ses participants. À l’aube du XXI e
siècle, il est cependant
possible d’imaginer les faits futurs à partir de faits réels contemporains… une
réalité que seuls ceux qui vivront dans les années à venir connaîtront.
■ La société La société et et la dermatologie la dermatologie dans la région dans latino-américaine la région latino-américaine
L’Amérique latine est une région importante de la planète rassemblant près de 400
millions d’habitants, tous héritiers des cultures hispanique et portugaise. Pour diverses
raisons historiques et socio-politiques, nos pays connaissent un état de développement
qui varie à l’échelle régionale voire locale. Fort de ses racines séculaires analogues, le
Latino-Américain est dépeint comme une personne au caractère informel, aux liens familiaux
très forts et à l’esprit joyeux, doté d’une volonté inlassable de travailler et de se
surpasser.
Notre avenir est lié à l’union des pays d’Amérique latine, et plus particulièrement au
phénomène de mondialisation, dont le traité de libre commerce (TLC) qui se concrétise
chaque jour un peu plus est un bon exemple 1 .
De la même manière qu’il existe des blocs socio-économiques très forts entre certains
pays, notre région tendra inexorablement à s’harmoniser au fil du temps, entraînant
d’importantes répercussions dans le domaine scientifique, y compris en
dermatologie. Le problème fondamental résidera alors dans notre capacité à assumer
ce défi. D’aucuns affirment qu’actuellement la région n’est pas suffisamment prête pour
pouvoir concurrencer le monde développé, car les pays qui l’intègrent ont déjà réglé
leurs problèmes de base tandis qu’à l’inverse, nombre de nos pays commencent à peine
à entreprendre leur développement. Nous risquons par là de connaître les ravages
d’une compétitivité accrue potentiellement génératrice de chômage : une pauvreté majeure,
des coûts plus élevés dans le secteur de la santé et des restrictions d’accès aux
453

RAFAEL FALABELLA
soins dispensés par les spécialistes ou aux médicaments modernes en raison de leur coût
excessif, comme nous en faisons déjà l’expérience. Ainsi nous savons qu’une seule dose du
traitement du psoriasis avec des médicaments conçus à partir de techniques biomoléculaires
2 peut coûter de deux à quatre fois le salaire d’un ouvrier (parfois plus). Par ailleurs,
on insiste sur la propriété intellectuelle des brevets des nouveaux médicaments applicables
dans les pays qui signeront les traités de libre commerce, mais les habitants de ces
pays ne peuvent même pas y avoir accès en raison de leur coût. Le développement des
traitements à base d’herbes et de la phytothérapie, fréquemment utilisés comme compléments
ou substituts à la nouvelle génération des thérapies dermatologiques sophistiquées
3 , dépendra de l’accès du public à ces médicaments; actuellement, le public ne peut
pas les obtenir car bien souvent ils ne sont pas remboursés par les services de santé.
■ Un Un monde moderne moderne relié plus relié que jamais plus par la que technologie jamais par la technologie
Le développement de nouveaux systèmes de communication, l’informatique et la
transmission rapide de données rendent possibles les visioconférences; leur utilisation
sera courante dans un futur proche, mais bien que le système ait fait ses preuves, son
coût remet actuellement en question ses bénéfices 4 . Nonobstant, on ne peut que reconnaître
les autres avantages tels que la diminution des patients référés, la satisfaction du
malade et l’augmentation des connaissances des médecins généralistes qui y participent
5 . À l’avenir, les grands centres dermatologiques devront répondre aux besoins des
villes plus petites et de certains centres ruraux. Il sera alors possible de visualiser des lésions
à plusieurs kilomètres de distance, de soumettre les conduites à tenir, de prescrire
des examens complémentaires et de suggérer des traitements; enfin, les patients pourront
bénéficier de l’opinion d’experts qu’ils ne peuvent quasiment jamais côtoyer, économisant
du temps et de l’argent 6 . Il sera également possible de recruter des patients qui
collaboreront volontairement aux projets de recherche dermatologique, notamment en
dermatoses rares.
■ L’éducation dermatologique et les écoles de spécialisation et les écoles de spécialisation
454
La technologie des communications sera de plus en plus présente dans l’éducation
médicale et l’interaction croissante entre les pays imposera, de façon à normaliser le
curriculum des programmes, la standardisation des programmes éducatifs d’études supérieures
et de spécialisation placés sous l’égide des organismes d’éducation à caractère
international. Grâce à cette interaction grandissante entre les habitants d’Amérique latine
et ceux des autres pays, le jour viendra où existeront des examens visant à harmoniser
les diplômes pour qu’ils soient valables, sinon dans tous les pays latino-américains,
au moins dans la plupart d’entre eux, engendrant ainsi un niveau de qualité des soins
dermatologiques comparable sur tout le continent américain.
Cette interaction entraînera par conséquent des stages plus fréquents de professeurs
venus d’ailleurs, ce qui stimulera fortement l’enseignement et la recherche dermatologiques,
ainsi que la création de doctorats en sciences basiques, rendant possible la formation
en ressources humaines plus polyvalentes et propices à la résolution des
problèmes d’Amérique latine. L’accès du patient qui consulte en dermatologie au médecin
spécialiste sera très probablement plus rapide et opportun, réduisant la morbidité et
le taux de mortalité. Actuellement, selon le modèle des plans généraux de santé, les interconsultations
sont rejetées sans justification aucune ou retardées, entraînant par
conséquent une hausse du tarif des services médicaux et des complications dues à des
problèmes de diagnostic ou de thérapie.

La conception des programmes dermatologiques devra maximiser, pour les études supérieures,
les ressources disponibles des programmes de spécialisation (infrastructure administrative,
d’enseignement, de recherche et d’assistance). Les cursus devront tenir
compte des problèmes cliniques les plus importants que l’étudiant rencontrera au cours de
son activité quotidienne, car les contenus des cours précédents facilitaient l’apprentissage
par cœur mais pas la compréhension des problèmes auxquels le médecin sera confronté 7 .
Avec les nouvelles technologies, les infections et les parasitoses cutanées seront définitivement
traitées à l’avenir grâce à une prévention adéquate comprenant de nouveaux
vaccins et médicaments. Il faudra prévoir également l’augmentation des dermatoses
chez le patient gériatrique en raison de l’augmentation de la longévité humaine et de
l’accroissement de la population des plus de 80 ans 8 .
La dermatologie en Amérique latine
L’avenir de la dermatologie en Amérique Latine
■ La dermatologie en Amérique latine
La prolifération d’écoles de dermatologie entraînera à moyen terme une offre excessive
de spécialistes — ce qui arrive déjà dans certains pays —, avec des conséquences diverses
: d’une part, il faudrait fixer des normes pour restreindre la formation de
dermatologues; d’autre part, les soins dermatologiques seront proposés à davantage de
personnes. Cependant, on observe dans la plupart des pays une tendance de la part des
spécialistes à se concentrer dans les grands centres urbains, provoquant une répartition
des soins disproportionnée qu’il faudra résoudre 9 .
De même, les technologies propres aux pays développés feront également partie du
quotidien des pays latino-américains, et ce phénomène ira de pair avec le développement
socio-économique. Nous ne pouvons pas ignorer l’influence future des mouvements politiques
ni les conséquences inhérentes à leur souhait de procurer davantage de bienêtre
et d’améliorer les services sanitaires pour l’ensemble de la population. Cependant,
cette préoccupation de pourvoir un niveau de salubrité approprié pourrait constituer
uniquement une bonne affaire de santé.
■ Les Les risques affrontés rencontrés par la dermatologie par la en dermatologie Amérique latine en Amérique latine
Les traités de libre commerce modifieront substantiellement les revenus des Latino-
Américains, en fonction de leur apport pour rendre viable l’économie de leur pays. Si la
région travaille tel un bloc économique solide, avec des idées cohérentes et des actions
conjointes, sans chercher à annihiler ses voisins par la concurrence, les alliances vont se
consolider pour fortifier nos économies, créer plus d’emplois et améliorer la qualité des
biens de consommation qui élèveront le niveau de vie des habitants de nos territoires
communs. Par contre, si le défi est relevé de façon désordonnée et si des avantages excessifs
sont offerts en échange de quelques bénéfices moindres, nous annulerons toute
possibilité de développement harmonieux qui profiterait aux parties en question.
La prestation de services fait partie de ce contexte; les pays fortement industrialisés
sont plus à l’aise dans ce domaine car ils en ont une connaissance approfondie et ils gèrent
des volumes importants, adaptant les coûts d’opération de manière à ce qu’ils soient
très compétitifs. Ce qui arriva avec la technologie des communications pourrait très bien
se reproduire avec les technologies de la santé : les plus puissants et les plus expérimentés
dans le commerce international du secteur de la santé pourraient y voir une bonne affaire.
La dermatologie fait aussi partie de ce groupe. Il est possible que des entreprises
multinationales étrangères gèrent notre santé en nous imposant leurs conditions.
La prolifération des dermatologues qui se consacrent à la cosmétique et à l’esthétique
cutanées dans notre pays représente un autre risque. Le manque d’opportunités dans le
455

RAFAEL FALABELLA
domaine médical, l’« excès » de dermatologues — dû à l’incapacité pour nos économies
à les absorber —, ainsi que d’autres facteurs non moins importants, font que ceux qui
maîtrisent parfaitement les techniques cosmétiques cherchent à travailler dans ces disciplines
très attirantes; de nos jours déjà, un grand nombre de dermatologues s’occupent
des services d’embellissement corporel, facial et capillaire. Ceci nous oblige à penser
qu’il faudra présenter un panorama de cette situation au cours des études de manière à
atteindre un équilibre raisonnable entre la pratique cosmétologique et esthétique de la
part des dermatologues et la pratique dermatologique comme science fondamentale
dans leur activité quotidienne.
Dans le cas contraire, notre spécialité deviendra quelque chose d’insignifiant et de superficiel,
comme une activité non médicale, sans importance, cédant peu à peu son
champ d’action à d’autres spécialités; elle risquerait alors de disparaître complètement
de la scène médicale, même si elle représente actuellement une science fondamentale
dont les découvertes sont incomparables face à celles des autres spécialités 10 : l’utilisation
d’anticorps humanisés fabriqués par manipulation de la biologie moléculaire pour
le traitement du psoriasis 11 par exemple ou bien encore la greffe de peau cultivée dans
la thérapie de l’épidermolyse bulleuse 12 .
Au cours de ces vingt dernières années, nous avons assisté au développement remarquable
de la chirurgie dermatologique, ce qui engendra quelques controverses sur
notre rôle de chirurgiens de la peau. Tandis que certains croient que notre spécialité est
à caractère médical, les patients cherchent les services chirurgicaux du dermatologue
avec la conviction que ce spécialiste connaît parfaitement le tégument et qu’il accomplira
un remarquable travail chirurgical.
Sans vouloir polémiquer inutilement, la dermatologie, c’est un fait, est l’une des spécialités
médico-chirurgicales enseignées dans tous les services de dermatologie, avec des
différences selon les écoles. L’avenir de cette discipline dépendra du degré de technicisation
qu’on voudra lui accorder, mais elle devra intégrer dans son cursus des techniques
modernes de biologie moléculaire permettant la mise en place de thérapies médico-chirurgicales
pour le traitement de diverses dermatoses; nous pouvons anticiper ainsi l’utilisation
de peau autologue cultivée avec toutes ses composantes pour le traitement des
cicatrices causées par des brûlures, ou bien pour la correction des nævi congénitaux pigmentés
géants, en remplaçant les zones de la peau affectée par une peau conçue par des
experts et obtenue au moyen de cultures in vitro.
■ La recherche, le moteur du développement.
Son rôle dans la dermatologie
456
La recherche, le moteur du développement. Son rôle dans la dermatologie
Dans un monde technologiquement plus développé, la recherche a subi des changements
radicaux au cours de ces cinquante dernières années : le dermatologue est devenu
un médecin à temps complet dans les sciences de base; les petits laboratoires sont
devenus de grands laboratoires de recherche; on accorde une importance à la compréhension
des processus de base de la peau normale et affectée; finalement, on passa de
l’observation clinique, de l’histologie et l’immunologie aux cultures cellulaires, à la biologie
moléculaire, à la génétique, à la génomique et à la protéomique 13 . En même temps,
les nouvelles générations se désintéressent de la recherche et de la médecine académique,
ce qui provoque une grande préoccupation pour l’avenir de la spécialité; on tente
d’identifier les facteurs expliquant ce phénomène 14 . Une enquête menée parmi un
groupe de dermatologues révéla un intérêt inhabituel pour la cosmétologie ainsi qu’un
intérêt significatif des plus jeunes pour les travaux pratiques plutôt qu’académiques 15 .
Ces tendances ne sont pas tout à fait étrangères à l’Amérique latine. L’éveil de nos
pays améliorera peut-être les ressources destinées à la recherche sur les problèmes les

plus importants, tels que la maîtrise totale de la lèpre ou l’éradication de la leishmaniose
qui affecte d’innombrables patients. Nonobstant, la survie de la dermatologie en tant que
spécialité dépendra également en bonne partie de la création de programmes de maîtrise
et de doctorat qui permettront de relier stratégiquement les écoles de spécialisation
et les institutions consacrées à la recherche qui maîtrisent ces technologies et qui sont
déjà une réalité dans plusieurs pays latino-américains.
Le XXI e siècle, une ère nouvelle d’opportunités
L’avenir de la dermatologie en Amérique Latine
■ Le XXI e
siècle, une ère nouvelle d’opportunités
Permettre aux équipes rotatives mises en place par les centres médicaux des grandes
villes d’œuvrer dans les régions où les spécialistes font défaut (dans des noyaux ruraux
éloignés, pendant un, deux ou plusieurs mois par exemple) pourrait offrir une opportunité
d’emplois et contribuer à une meilleure répartition des dermatologues.
L’amélioration de la technologie de l’information et les nouvelles générations d’ordinateurs
entraînera, d’abord dans les grands centres hospitaliers puis dans les endroits
plus éloignés, le remplacement progressif de l’image de l’ancien dermatologue avec sa
loupe par les technologies d’examen et de diagnostic modernes 16 . La télé-dermatologie
sera l’un des plus grands défis de l’avenir. La mise en place de nouvelles technologies résoudra
les difficultés du coût excessif actuel, au point qu’il sera plus économique de se
servir des images de la télé-vidéo plutôt que de parcourir de grandes distances pour obtenir
le même service de consultation dermatologique. Cependant, il est évident que le
succès de ces programmes dépendra du coût et du montage des systèmes, de la disponibilité
du dermatologue, de la facilité d’accès à Internet, des facilités administratives et
des procédures de règlement ou de remboursement des spécialistes pour leur travail 17 .
Par ailleurs, les progrès en systématisation rendront nécessaire l’amélioration des dénominations
des maladies cutanées 18 ; l’Amérique latine doit se préparer à collaborer à
ce dictionnaire des termes dermatologiques et des diagnostics, pour le maintien de sa
présence historique sur la scène internationale.
Des études préalables ont prouvé que les étudiants qui choisissent le roulement sélectif
en dermatologie acquéraient de manière significative les savoirs, les habiletés et la
capacité à conserver pendant plusieurs mois les connaissances acquises 19 . C’est là une
belle opportunité pour les nouveaux médecins de l’avenir qui, du fait d’avoir choisi ce
roulement sélectif, ont déjà une prédisposition pour les connaissances dermatologiques
additionnelles; ceci suggère qu’il faut stimuler cette méthodologie pour améliorer l’apprentissage.
Il sera également important de renforcer l’aspect académique des spécialisations
en dermatologie par la création de sous-spécialités proposant des alternatives
différentes aux futurs dermatologues latino-américains, en accord avec les besoins académiques
et sociaux de chaque pays. ■
Octobre 2004
457

RAFAEL FALABELLA
■ Références
bibliographiques
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11. Gade J.N. « Clinical update on
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18. DeVries D.T., Papier A., Byrnes
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the future ». J. Am. Acad.
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19. Enk C.D., Gilead L., Smolovich
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acquired skills after elective
dermatology ». Int. J.
Dermatol. 2003; 42: 812-5.

ÉPILOGUE
LES ÉDITEURS
Toute œuvre finie traduit le point culminant d’un effort. Néanmoins, en relisant tout
ce que nos chers collègues, les dermatologues latino-américains, ont écrit; en retraçant
la carrière que nos prédécesseurs auprès de leurs patients; en appréciant les figures extraordinaires
que ce continent a apportées à la dermatologie mondiale, nous ne pouvons
qu’imaginer que cela ne constitue pas la fin mais, comme nous le disions dans le prologue
de ce livre, le début d’un chemin.
L’unité latino-américaine n’est pas une utopie mais un besoin, tel que Rafael Falabella
le dit en réfléchissant à l’avenir de notre dermatologie latino-américaine.
Malgré nos différences, nous partageons d’innombrables caractères et coutumes, qui
sont le fruit du métissage entre les aborigènes, les conquérants et les immigrants de la
fin du XIX e
siècle.
Nous partageons aussi d’innombrables problèmes tels que le surpeuplement médical
des grandes villes et le déficit des périphéries, ainsi que les disparités des possibilités
d’accès aux spécialistes et aux moyens de diagnostic et de traitement parmi les secteurs
sociaux d’un même pays et de ses sous-régions.
Mais nous partageons également la capacité créatrice de nos dermatologues, prouvée
par leur adaptation au jour le jour aux déficiences des systèmes de santé, et par leur développement
individuel lorsqu’ils travaillent dans des milieux plus favorables.
Nous partageons, finalement, la même langue, ce qui rend plus facile notre communication
et qui nous permet à la fois de nous différencier grâce à nos régionalismes.
Ces éléments, ces habiletés et cette capacité à faire face ensemble à des travaux tels
que la réalisation de ce livre et l’organisation de ce XXI e
Congrès mondial de dermatologie
nous amènent à entrevoir la concrétisation de l’unité de la dermatologie latino-américaine.
Il n’est question que de rassembler les volontés, de décliner les envies
personnelles et d’affronter un nouveau projet pour les générations futures.
Les jeunes dermatologues de notre région vont bénéficier de cette réalisation, et notamment
toute la population dépendant de leurs connaissances et de leurs découvertes
scientifiques.
Nous ne voulons pas clore cette Histoire de la dermatologie latino-américaine sans
nous excuser auprès de toutes les personnes omises ou mentionnées avec erreurs. Les
Sociétés dermatologiques d’Amérique Latine, avec d’infimes exceptions, ont désigné les
personnes qu’elles considèrent idéales afin qu’elles rédigent l’histoire de chaque pays. Le
matériel envoyé a été vérifié par le service technique adéquat et, une fois corrigé, il fut
459

LES ÉDITEURS
renvoyé aux auteurs pour leur approbation finale. Nous, éditeurs, avons à la fois révisé
tout le corpus afin d’éviter des erreurs flagrantes, mais toute notre bonne volonté peut
avoir laissé passer quelques défauts ou omissions : nous présentons nos excuses à nos
lecteurs et nos collègues.
Ensemble nous avons déjà commencé à parcourir le chemin. ■

A
Aasen Campos, Imelda, 435
Abad, Adis, 166, 167
Abad, Jaime, 223
Abascal, Horacio, 162, 168
Abeliuk Raschokvan, Samuel, 186,
189
Abeliuk Sharager, Jorge, 189
Abella, Francisco, 243
Aberastury, Maximiliano, 34, 46
Abisaad, Luz Stella, 148
Abreu, Ana María, 133
Abreu, Héctor, 418, 419, 420, 421,
426, 427
Abreu, Hilda, 185, 427
Abreu Daniel, Alfredo, 7, 12, 157,
163, 164, 166
Abreu e Lima, 74
Abulafia, Jorge, 37, 40, 42, 44, 45,
48, 49, 50, 68, 69, 70, 89, 128,
134, 227, 306, 321, 336, 377,
393, 417, 424, 444, 447.
Acevedo Ballesteros, Jaime, 128, 140,
154
Acevedo Merino, Gustavo, 136
Acioly Filho, José Wilson, 94
Ackerman, Bernard, 147, 181, 227,
287, 384
Acosta, Rafael, 343
Acosta, Raysa, 393
Acosta, Samira, 141
Acosta, Santos, 124
Acosta Madiedo de Hart, Álvaro
INDEX
DES NOMS PROPRES
Enrique, 130, 133, 135, 137, 142,
145, 149, 153, 155
Acurio, B. 350, 365
Adame, Gilberto, 7, 13, 265, 275, 449
Adeodato, J., 76
Agip Díaz, Hernán, 371
Agudelo Alzate, Libardo, 126, 139
Agüero, Gottardo, 363
Aguiar, Otávio Garcez de, 93
Aguiar Pupo, João de, 81, 82, 88, 89,
103, 113, 161, 443, 444
Aguilar Díaz, Erasmo, 286, 288, 289,
290
Aguilar Pico, Rigoberto, 277
Aguilera, Fernando, 441
Aguilera, Sergio, 183
Aguirre, Amelia, 305
Aguirre (née Iturre), Lucía, 43
Aires, Maria Araci Pontes, 94
Alarcón, Carlos Julio, 433, 435, 436,
438
Alarcón, Rosario, 177
Alarcón Casanueva, Raúl, 175, 177,
180, 186, 189, 193
Albines Bernal, Asterio, 371
Albornoz, María Cecilia, 436
Albornoz (née Bastardo), María, 436
Alchorne, Alice Avelar, 86, 105, 106
Alchorne, Maurício Mota de Avelar,
86, 90, 105
Alé, Selva, 418
Alegría, Elmer, 340, 341
Aleixo, Antonio, 88, 96, 97
Aleixo, Josephino, 96, 97
Alencar, Nehemías de, 95
Alencar-Ponte, Danielle, 7, 12, 117,
142, 143
Alfau Cambiaso, Rafael, 393
Alfonso, Santiago, 166
Allevato, Miguel Ángel, 39, 44, 48,
50, 307
Almeida Neto, Estevão, 105
Almeida, Fernando Augusto de, 90,
106
Almodóvar, Pablo I., 7, 14, 381, 384,
385, 386
Alonso (voir May)
Alonso, Fausto, 104
Alonso, Héctor Raúl, 420
Alonso, Pedro Raúl, 416
Alperovich, Ben Ami, 43
Altuzarra Galindo, Edgar Ricardo,
141, 154
Alvarado, Jorge, 441
Alvarado C., Alberto, 218
Álvares, Rosicler Aíza, 95
Álvarez, Domingo, 252
Álvarez, Erick, 140
Álvarez, Gregorio, 36
Álvarez, Humberto, 347
Alvarez, Leocadio, 426
Álvarez Ortiz, María Luisa, 289
Álvarez Sáinz de Aja, Enrique, 443
Alvarez Salamanca, Augusto, 181
Álvarez Villegas, Danilo, 136
Alvear, José, 218
461

INDEX ONOMASTIQUE
462
Alves, Antônio José, 76
Amante, Leonardo, 47
Amat Loza, Ferdinando de, 374
Amaya, Q., 69
Ambrona, Mario, 47
Ambrosetti, Félix, 36, 39
Ambrosetti, Luis, 36
Ambrosi O., Juan, 223
Amdur, Alfred, 44
Amini (née Koves), Eva, 435, 437, 438
Amonzabel, R., 68
Amor García, Francisco, 7, 15, 414,
415, 416, 427
Amoretti, Aquiles, 415, 416, 420, 421,
423
Anaya, Javier, 45
Ancic Cortéz, Ximena, 178, 189, 193
Anda, Griselda de, 64, 414, 418, 419,
420, 421, 426
Andino Vélez, José, 219
Andrade Chaparro, Emiro, 141
Andrade, Fernando Laynes de, 110
Andreis, Mario, 183
Andueza Palacios, Raimundo, 432
Anguita, Timoleón, 183
Angulo y Urruela, Rafael, 243, 251,
252
Angulo, Ilse, 441
Anselmi, Silvia, 60
Ante, Antonio, 215
Antonio, Carlos Alberto, 107
Antônio, João Roberto, 105, 107, 449
Antúnez, D., 351, 365
Aparicio, Abraham, 125
Apolo, Enrique, 423
Aragão, Henrique de Beaurepaire, 79
Aragão, Raimundo, 84
Aragón, Alonso, 242
Arana Iturri, Pablo, 325, 342, 369,
373, 375
Arana Zapatero, Guillermo, 319, 327,
337, 340, 375
Arana, Byron, 245
Arango, Diego, 136
Aranzazu, Nacarid, 436
Araujo, María Herminia, 441
Araújo, José Antônio Pereira da Silva,
75, 76, 77, 78
Araújo, Oscar da Silva, 89
Araya, Enrique, 184
Arce y Almanza, J., 34
Arce, Julián, 348, 353, 355, 364, 369
Arcia, Mariano, 199
Arcos, 200, 208
Arcuri, Pascual B., 43, 47
Ardao, Héctor, 423
Arellano, Francisco, 321
Arenas Ramírez, Jorge, 147
Arenas, Roberto, 7, 13, 16, 64, 165,
222, 265, 306, 307, 443, 444
Arévalo Durán, Álvaro, 141, 153
Arévalo Morales, Cornelio, 436, 438
Arévalo (née Rodríguez), Homagdy,
435, 436
Argote Ruiz, Arturo C., 138
Argüelles, Darío, 163, 168
Argüello Martínez, Hugo, 285, 287
Argüello Pitt, Luis, 40, 41, 47, 337
Argüello, Ramón, 40, 41
Arias, Otto, 200
Arias Argudo, Claudio, 7, 13, 195,
200, 202, 207, 210, 219, 220,
221, 222, 223, 224
Arias Gómez, 7, 265
Arias Paredes, Enrique, 371
Ariza, Amín, 139
Armach, Fernando Jacobo, 393
Armenteros, José Alfonso, 161, 162,
163, 168
Armijo, Miguel, 221, 222, 444
Aroca, Felipe, 200
Arpini, Ricardo, 42
Arroyave, Rafael, 184
Arroyo, Alex, 187
Arroyo Eraso, César Gregorio, 140
Arruda, Lucía Helena, 107, 109
Arrunátegui, Adriana, 129, 131, 133,
148, 150
Arteaga, Oscar, 343
Arteta, Juan, 214
Arvelo, José, 164
Asrilant, M., 37
Assunção, João Batista Gontijo, 87,
89, 97, 98
Astore, Ignacio, 41
Atuesta, Juan Jaime, 143, 150
Auad, Anuar, 83, 89, 96
Aufgang, Abraham, 37
Aunón, Álvaro de, 123
Ávalos Vega, Arnaldo, 282, 287
Ávalos y Porres, Manuel de, 242, 257,
258
Ávila Camacho, Mabel Yaneth, 135,
140, 150
Ávila Chacín, César, 437
Ávila Del Carpio, Emma, 374
Ávila, Roque, 305
Ayaipoma Nicolini, Aldo, 372
Ayaipoma Vidalón, Marcial, 319, 325,
327, 337, 369, 372, 375
Ayora, Isidro, 209
Azambuja, Roberto Doglia, 95
Azcurra Valle, José, 371
Azulay, Rubem David, 75, 85, 86, 87,
89, 90, 92, 100, 101, 102, 103,
443, 444, 447, 448, 449
B
Baca, Eligio, 243
Badiano, Juan, 269, 275
Báez Giangreco, Atilio, 305
Bakos, Lúcio, 87, 111
Balaguer Rosas, Manuel, 373
Balaguer, Pedro, 167
Balcázar Romero, Luis Fernando, 136,
143, 148
Balda, Walter, 306
Baliña, Luis M., 36, 39, 47
Baliña, Pedro L., 11, 34, 35, 36, 46,
56, 424, 443
Ballesteros, Daniel, 46
Balsa, Raúl E., 43, 50, 321
Bancalari, C., 34
Bandeira, Valdir, 89
Baños, Julio Eduardo, 7, 13, 225, 228
Baquerizo, Gloria, 374
Barba Gómez, Julio, 274
Barba Rubio, José, 444
Barbon, Tânia Regina, 107
Barman, Julio M., 41
Barnés, Francisco, 383
Barona, María Isabel, 133, 143, 148
Baros, Ramón, 69
Barranca, 351
Barraviera, Sílvia Regina, 109
Barreneche Mesa, Julio César, 127
Barrera, Víctor, 218
Barrera Arenales, Antonio, 7, 12, 117,
135, 136, 138, 141, 142, 155
Barreto, Enio Ribeiro Maynard, 93
Barría Morales, Cristián, 185
Barrientos, Eduardo, 226, 229
Barroeta, Segundo, 436, 441

Barros, Cecy, 227
Barroso Tobila, César, 440
Bartelle, Cláudio José, 111, 112
Barton, Alberto, 319, 355, 356, 365
Basombrío, Guillermo, 35, 36, 39, 41,
47, 319, 375
Bassewitz, Ernst von, 111
Bastardo (voir Albornoz)
Bastos, Antonio Francisco, 109
Bastos Filho, Antonio, 109
Bastos, Manuel Ferreira dos Santos,
94
Batisttini, Telémaco, 347
Battistini (voir Brun)
Battistini, Francisco, 441
Baudouin C., 54, 57
Bay (voir García)
Bayona Chambergo, Rosalía, 376
Bayona (née Montoya), Luz Stella,
140, 154
Bazzano, Carlos, 421, 449
Beare, Martín, 278
Beauperthuy, Louis Daniel, 431
Bechelli, Luiz Marino, 84, 85, 88
Bedoya, Julio, 343
Beirana, Angélica, 279
Belda, Walter, 109, 427
Belin, Simón, 46
Belli, Luis, 47, 69
Belliboni, Norberto, 84, 108
Belsito, Donald V., 222
Beltrán Grados, Gustavo, 372, 377
Benavides, Humberto, 343
Benavides, María Isabel, 178
Benavides, Rafael, 318
Benavides Vázquez, Lázaro, 277, 278
Bendaña Hurtado, Alfonso, 288
Bendeck, Gustavo, 185
Benza, Francisco, 305
Benzo, Ernesto, 391
Benzo, Félix, 390
Bergero, Adriana, 45
Bermejo, Alcira, 47
Bermejo y Roldán, Francisco, 317
Bermeo M., Patricia, 223
Bermeo Vivanco, Jorge, 200, 204
Bermúdez, Andrés, 133
Bermúdez, Victoriano, 161
Bernardi, César Duílio Varejão, 90,
112, 448, 449
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Bernhard, Armin, 111
Berrio Muñoz, Joaquín Eliécer, 136
Berrón Ruiz, Angélica, 279
Bertoló, Soledad, 190
Bessonart, 420
Betancourt Osorio, Jaime, 127, 128,
138, 139, 147, 150, 151, 154
Biagini, Dante, 34
Biagini, Roberto, 41, 43, 50
Bianchi, Oscar, 45
Biase, F. de, 34
Bicudo Junior, João, 105
Bigatti, A, 34
Bingham, Hiram, 312
Bitar Zapa, Rómulo, 141
Bittar, Elías, 42, 193
Blanco, Antonio, 419, 421, 423, 426
Blasi, E., 36
Blaustein, Samuel, 46
Bloch, Grete, 62, 64, 65
Block, Susana, 44
Blum, Edmundo, 200
Boaknin, León, 42
Bocanegra, Olga, 42
Bodden, Juan Antonio, 392
Boente, María del Carmen, 60
Boeta, Leticia, 274
Bogaert (née González), Luisa, 393,
396
Bogaert Díaz, Huberto, 390, 391, 393,
394, 395, 396, 397
Boggini, 424
Bohórquez, Joseph Adalid, 242
Bojana, Humberto, 440
Bolte, Christel, 182
Bomfard, Joel, 306
Bonafina, Oscar, 36
Bonamigo, Renan, 111
Bonatto, Walmor, 111
Bonifaz, Alejandro, 222
Bonifazzi, Ernesto, 63
Bonilla Espinoza, Julio, 338, 343, 344,
370, 373, 378
Bonnet, Francisco, 392
Bopp, Clóvis, 84, 89, 90, 92, 111, 112,
447, 449
Borda, Julio Martín, 36, 42, 43, 48, 68,
69, 89, 128, 227, 321, 417, 424
Bordes, Carlos, 423
Bordón (née Palacios), Hermelinda,
306
Borelli, Dante, 435, 436
Borges, Paulo Cezar, 96
Borja, C., 69
Bosq, Pablo, 424
Botero, Fernando, 150
Botrich, Harm, 36
Bottene, Iza Maria, 106
Bou, Alfredo L., 383
Box, Pablo, 47
Brache, Román, 392, 397
Bracho Oña, Jorge, 203, 221
Bran Quintana, Gerardo, 246, 248
Brañas, Guillermo, 305
Braseras, 424
Braunstein, Samuel, 37
Bravo, Daniella, 449
Bravo, Francisco, 269, 322, 338, 449
Bravo, José Julián, 350
Bravo, Raquel, 185
Braz, Cláudia Valéria, 109
Brianson, Jaime, 67, 68, 69
Briceño Iragorry, Leopoldo, 438
Briceño Maaz, Tulio, 436, 442
Briceño (née Oliveros), Rosa, 436, 441
Brieva Durán, Alberto, 178, 191
Brito, Arival Cardoso de, 90, 94
Brito, Thales de, 227
Brito Foresti, José, 415, 416, 419,
422, 423, 424, 425, 427
Bruey, Silvina, 64
Brun (née Battistini), Ana María, 441
Bruning, Carmen, 184
Brusco, Jorge, 44
Budel, Analise Roskamp, 111
Bueno, Cosme, 349
Bulhões, Oscar de, 77
Bulizani, Mônica, 106
Bumaschny, P., 37
Buño, Washington, 417, 428
Burgos, César, 134, 138, 155
Burnier, R., 423
Burstein Alva, Zuño, 7, 14, 309, 319,
320, 321, 322, 323, 331, 336,
337, 338, 339, 340, 341, 342,
343, 344, 345, 346, 347, 348,
350, 352, 353, 354, 358, 359,
363, 364, 365, 366, 375, 449
C
Cabada, Carlos de la, 436
Caballero, Alberto, 137
463

INDEX ONOMASTIQUE
464
Caballero Garay, Virgilio, 305
Cabello, Ismery, 436, 441
Cabezas, Ana María, 176
Cabieses, Fernando, 353, 379
Cabo, Horacio, 40, 47, 49, 50, 448
Cabrera, Hugo Néstor, 38, 39, 40, 50,
222, 306, 448, 449
Cabrera, Juan José, 288
Cabrera, Marco A., 248
Cabrera Moraga, Raúl, 176, 181, 183,
187, 188, 189, 191, 192, 193,
307, 448
Cacciatore, Ernesto, 426
Cáceres, Abraham, 351
Cáceres, Camilo, 216
Cáceres, Héctor, 7,16, 222, 306, 323,
375, 376, 377, 452
Cáceres Orozco, Sergio, 136, 141
Cadena (née Zuluaga), Ángela, 134,
138, 143, 148, 153
Cádiz, Mamerto, 174, 177
Caferri, María Isabel, 64
Caino, Juan F., 44
Calandria, Liliana, 422
Calatrava, Domingo A., 437, 438
Calb, Ignacio, 45
Caldas Rodríguez, Antonio, 375
Calderón, S., 70
Calebotta, Adriana, 435
Calero, Fernando, 384
Calero Hidalgo, Gonzalo, 202, 204,
205, 221, 449
Caligaris, V., 448
Calle Vélez, Gonzalo, 126, 133, 134,
138, 139, 146
Calles, Aquiles, 273
Calvo, Jacqueline, 106
Camacho, Alaín Alexander, 153, 154
Camacho, Eleodoro, 325, 342
Camacho, Francisco M., 140
Camacho, Juan, 389
Camacho Martínez, Francisco, 444
Camacho Sánchez, Miguel, 140
Camaño, O., 34
Camejo (née Castellanos), Omaira,
435
Campbell, Gladis, 95
Campbell, Iphis, 90, 95, 115
Campins, Humberto, 433, 441
Campo, Amalia, 60
Campo, Juan Carlos del, 423
Campo, Martha Helena, 139, 148
Campo, Raúl del, 423
Campo Moreno, Rafael, 437, 438
Campos, Amadeo, 41
Campos, Blanca, 184, 185, 193
Campos, Enio Candiota de, 111
Campos, Miguel, 363
Campos, Nelson de Souza, 113, 327,
424
Campos Carlés, Alejandro, 44, 60
Campuzano, Ramiro, 208
Canaán, José, 392
Canabal, Ángel, 427
Canabal, Joaquín, 423, 427
Canadell (voir Puertas)
Cancio, Carlos, 44
Candiotti Vera, Jorge, 377
Canese, Arquímedes, 305
Canessa, J. F., 423
Cantídio, Walter Moura, 89
Cantillo, Luz, 289
Cantú (née Parra), Viviana, 42
Capurro, E., 47
Capurro, J., 34
Carabelli, Susana, 47
Carbajosa, Josefina, 274, 306
Carboni, Eduardo, 41, 47
Cardama, José E., 36, 39, 40, 45, 47,
49, 448
Cardemil, Alfredo, 177, 179, 193
Cárdenas, Max, 376
Cárdenas Becerra, Francisco, 446
Cárdenas Jaramillo, Víctor, 127, 146
Cárdenas Silva, Aurora, 371
Cárdenas Uzquiano, Fernando, 7, 12,
67, 68, 69, 71, 321
Cardona, Héctor, 384
Cardoso, Aldo de Sá, 95
Cargniel, Carlos, 44
Carmona, C., 448
Caro, Apolinar, 67, 68
Carpio, 271
Carranza Amaya, Antonio, 226, 229
Carranza Cordiviola, Emilio, 193, 373
Carrasquilla, Juan de Dios, 125, 131,
132, 155
Carrera, José Luis, 35, 36, 39
Carrera Cobos, Timoleón, 219
Carril, Alberto, 45
Carrillo, Alicia, 65
Carrillo, Carlos, 347
Carrillo, Francisco, 41, 424
Carrión, Arturo L., 383, 385
Carrión, Daniel Alcides, 318, 319,
324, 354, 355, 373
Carrión, Jerónimo, 215
Carrizales Ulloa, David, 338, 344,
372, 373, 375, 377, 378
Cartagena, N., 43
Carvajal Hernández, Carlos, 205, 208,
221
Carvajal Huerta, Luis, 200, 205, 206
Carvalho, Alberto, 36, 50
Carvalho, Franco de, 89
Carvalho, Leôncio de, 75
Casafranca Lovatón, Adrián, 373
Casalá, Augusto, 36, 40, 50, 448, 449
Casanova, 420
Casas, José G., 36, 45, 49, 50
Casco, Ricardo, 47
Casella (voir Vilaboa)
Cassinelli, Ana, 414, 418, 419
Castanedo, Carlos, 162, 163, 164
Castañeda, Gabriel José, 124, 125,
131, 145
Castañeda (née Prada), Stella, 127,
133, 139, 146, 154
Castaño, Olga Lucía, 148
Castellano M., Gustavo, 137
Castellanos (voir Camejo)
Castellanos de La Roca, Álvaro, 246,
247, 248
Castellanos Lorduy, Héctor José, 139,
145, 154
Castellazzi, Zino, 392, 397
Castelleto, Roberto, 43, 45
Castellón, Manuel, 185, 186
Castillo, Antonio, 65
Castillo, E. B. del, 127
Castillo, Félix, 343
Castillo, Fidel del, 216
Castillo, Mariano, 247, 248, 252
Castillo, Paula, 182
Castillo Plaza, Armando, 434
Castillo Porto, Carmelo, 128
Castillo Rivadeneyra, Wenceslao, 319,
320, 321, 333, 338, 343, 374,
375, 378
Castro, Abílio Martins de, 88
Castro, Doralda, 148
Castro, Lia Cândida Miranda de, 96

Castro, Nancy, 148
Castro, Raymundo Martins, 84, 88,
89, 105, 108, 110
Castro Gómez, Julio, 376
Castro (née Cortez), Glenda, 436
Castro Mendivil, Luis, 343, 373
Castro Ron, Gilberto, 136, 137, 228
Catacora Cama, José, 323, 373
Cateura, 421
Cavalcanti, Jorge Duarte Quintela, 95
Cavallera, Elsy, 436
Cavero Ortiz, Luis, 319, 373, 375
Caviedes López, Ernesto, 202, 208
Ceballos, Gabriel, 136
Celi, Alfinger, 140
Cequeda, Lilian de, 441
Cermeño, Julman, 436
Cerqueira, Alexandre Evangelista de
Castro, 75, 76, 78, 93
Cerruti, Humberto, 88, 103, 162
Cervini, Andrea Bettina, 8, 11, 17
Cestari, Tânia, 111
Cevallos, Diego, 214
Chagas, Carlos, 112
Chaín, Fuad Muvdi, 138, 147
Chala Hidalgo, José Ignacio, 126, 145
Chalela Mantilla, Juan Guillermo,
138, 148, 149
Champet, Arsenio, 247
Chang, Anabella de, 248, 254
Chang, Patricia, 246, 248, 249
Charris, Dubys, 139
Chaul, Aiçar, 96
Chaves, Bruno, 75, 77
Chávez, A., 438
Chávez, Carolina, 140
Chávez, Guadalupe, 306
Child, Raquel, 185
Chiriboga Ardito, Luis, 204, 205, 221
Chopitre, Emmanuel, 389, 397
Chouela, Alfredo, 37, 49
Chouela, Edgardo, 39, 45, 47, 448
Cicero, Ricardo, 272
Cifre Recinos, Edgar, 245
Cifuentes Mutinelli, Mirtha, 173, 178,
187, 189, 191, 192, 448
Ciriani Anchorena, Bruno, 373
Cisneros, Eudoro, 34
Ciuffardi, Emilio, 324
Civatte, Jean, 34, 126, 134, 175, 179,
332, 393
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Civila, Eduardo, 222, 420
Clara, Jorge, 44
Clark, José A., 160
Close de León, Jorge, 243, 246, 247,
248
Cobar, Sergio Iván, 246, 248
Coelho, Carlos Cley, 99
Coello Uriguen, Mauricio, 8, 13, 195,
207, 210, 220, 221, 222, 223,
224
Cofré, Julita, 182, 193
Cofré, Pedro, 181, 182, 186, 189, 190
Coiscou, Rafael, 392
Coiscou Weber, Antonio, 391, 397
Colichón A., 356
Colmenares Porras, Pablo, 141
Colón, Francisco, 384, 385
Columbié, Yolanda, 166
Combariza, Epifanio, 124, 132
Conant, Marcus, 191
Condori Di Burga, Hugo, 374
Consigli, Carlos, 41, 47, 50
Consigli, Javier, 41
Contardi, 424
Conti, Alcides, 43
Conti, 419
Contreras, Guillermo, 356, 363
Contreras, Miguel, 321, 390
Convit, Jacinto, 434, 435, 438, 439
Cordero, Alejandro A., 35, 36, 38, 39,
40, 48, 49, 50, 137, 306, 393,
447
Cordero, Alejandro (fils), 38, 46
Cordero, Eduardo, 216
Cordero A., Carlos N., 243, 248, 252,
254
Cordero C., Fernando A., 243, 244,
247, 252
Cordero Carrión, Luis, 200, 215, 217
Cordero J., Leoncio, 202, 218, 219
Cordisco, María Rosa, 60
Cordiviola, 424
Corea, Leonor, 282, 287
Cornejo, Andrés, 43
Cornejo Ubillus, J., 348, 350, 364
Coronel, Manuel, 216
Corral, Nicanor, 218
Corrales Lugo, Hugo, 129, 140
Corrales Medrano, Hugo, 129, 141
Correa, Álvaro, 139, 140, 153
Corrêa, Benedito, 106
Corrêa, Cecilia Cassal, 112
Correa, José, 383
Correa Bustamante, Wilson, 201, 203,
205, 207, 221
Correa Galindo, Ernesto, 128, 134,
139
Correa Henao, Alfredo, 130, 134
Correal, Alcibíades, 137
Correal Urrego, Gonzalo, 118, 132
Corredor, Gustavo, 131
Cortelezzi, Emilio, 34, 43
Cortés, Alonso, 126, 133, 138, 139,
144, 146, 444
Cortés, Marta, 165
Cortés Enciso, Carlos, 126, 137, 138,
145
Cortez (voir Castro)
Corti, Rodolfo N., 36, 39
Costa, Izelda, 96
Costa, Oswaldo, 82, 88, 96, 97, 98
Costa, Paulo Uchôa, 97
Costa, Radamés, 421, 423, 426
Costa Alfaro, Humberto, 374
Costa Córdova, Horacio, 46
Costa Jr., A. F. da, 89
Costa Martins, José Eduardo, 90, 104,
448
Costa, Edgard Drohle da, 89
Costané Decoud, 424
Cotes, Margarita, 393
Cotlear Dolberg, Aizic, 319, 330, 333,
334, 335, 336, 337, 338, 339,
340, 343, 344, 345, 364, 370,
375
Countar, Clement, 370
Coutts, 424
Covelli Mora, Claudia Marcela, 133,
135, 137, 148
Covo, Germán Enrique, 140
Covo Segrera, Luis Miguel, 140, 154
Cravioto, Joaquín, 278
Crespi, Héctor G., 45, 49, 50
Crespo, Emiliano J., 217
Cox Cardoso, Alberto Eduardo, 90, 95
Cruz, Alma, 385
Cruz, Ana Cecilia, 392, 393
Cruz, Martín de la, 269
Cruz, Oswaldo, 78, 79
Cruz Argumedo, Fernando Adolfo,
228
Cuadra, 356
Cuba Caparó, Alberto, 370
465

INDEX ONOMASTIQUE
466
Cucé, Luiz Carlos, 89, 104, 105, 109
Cuervo, Ángel, 423
Cuervo Márquez, Luis, 145
Cueto, Jorge, 43
Cueto, Jorge (fils), 45
Cueva, Carlos, 218
Cueva Vallejo, Agustín, 215, 216, 217
Cunha, Paulo Rowilson, 8, 12, 73, 91,
92, 106, 107, 113
Cunha, Pedro da, 101
Cuomo, Graciela, 46
Curban, Guilherme V., 84, 105
Curia, Luis, 36
Cusanelli, Ricardo, 44
Cusmanich, Rubén, 427
D
D’Alessandro, Miguel Ángel, 163
D’Angelo, José María Roque, 43
Dahl, Mark, 181, 191
Daiber, Alberto, 183
Damazio, Virgílio Clímaco, 77
Danies, Josefina, 136, 141, 147
Darier, Jean, 34, 56, 175, 179, 181
Dávalos, José M., 317
Dávalos y Peralta, José, 304
David, Carlos, 248
De Carli, Eduardo, 46
De los Ríos, Eudoro H., 43, 64
De Simoni, 74
DeCastro, Patricia, 135, 142
Defilló, Fernando Arturo, 390
Degos, Robert, 126, 134, 320, 328,
332
Dekmak, Miguel, 321
Del Pino, Gisela, 111, 321
Del Río, 271
Defina, Antônio Francisco, 105
Delfino, Gisella, 60
Delgadillo, Alcides, 282, 287
Delgado, Sergio, 282
Delgado Fernández, Víctor, 320, 370,
376, 379
Delgado González, Carlos, 282, 287
Delgado Paredes, José María, 128,
141
Delgado Riascos, José María, 127
Delgado Sayán, César, 363
Della Giovanna, P., 448
Della Santa, 421
Delucchi, 420
De León G., Suzzette de, 8, 13, 231,
251, 253
Denegri, Juvenal, 372
Desjeux, Phillippe, 69
Di Paola, Guillermo, 127
Di Prisco, Juan, 435, 438, 439
Di Prisco, María Cristina, 437
Diab, 419
Díaz, David, 217
Díaz, Julio, 46
Díaz, Luis A., 113, 137, 222
Díaz, Luisa H., 140
Díaz, María Antonia, 166
Díaz, Pacífico, 34, 36, 59
Díaz, Rafael, 390
Díaz, Sandra, 187
Díaz Almeida, José G., 8, 12, 157,
163, 164, 165,166, 167
Díaz Cardozo, Antonio, 121
Díaz de la Rocha, José, 163, 164
Díaz (voir Marte)
Díaz Gómez, Claudia Juliana, 154
Díaz Muñoz, Juana, 185
Díaz Saubidet Jorge, 61, 63
Díaz-Landaeta, Leopoldo, 451
Diez de Medina, Juan Carlos, 8, 12,
67, 307
Dillon, Neuza Lima, 86, 105, 108
Diniz, Orestes, 88, 97
Domenici, Rodovalho Mendes, 96
Domínguez, Juan A., 28
Domínguez, Luciano, 321
Domínguez, Nayib Ambrad, 127, 130
Domínguez Cherit, Judith, 274
Domínguez Sisco, Rafael, 438
Dorce, Susana, 419
Dostrowsky, A., 349, 364
Dover, C., 214
Dragicevic, Vesna, 184
Drapkin, Israel, 185
Drassinower, Enrique, 325
Driban, Nelson, 42
Duarte (voir Rendón)
Duarte, Ida, 104
Duarte, Miguel F., 140
Dhum, Gisella, 36
Duperrat, B., 328, 329, 336
Duque Ossman, Yamil Alberto, 136
Duque Perdomo, Matías, 159, 160
Durán Mckinster, Carola, 248, 278,
279, 452
Durán Merchán, María Mélida, 129,
133, 136, 138, 144, 147
Durango, María Bernarda, 149
Durango Michailos, Anairma, 440
Durango Nazariego, Nectario, 440
Dutra, Vanderli, 96
E
Eaton, George E., 312
Echegaray, Carlos, 375
Echeverría, Enrique, 244
Echeverría, F., 69
Edelson, Richard, 223
Egas, Eduardo, 209
Eguiguren, Víctor, 375
Eguiguren Lira, Gonzalo, 176, 178,
181, 186, 189, 192, 448
Eguren, Leopoldo, 69
Eid, Lourdes, 140
Elboli, José, 318
Empinotti, Júlio César, 112, 306, 448,
449
Encalada Córdova, Franklin, 205, 206,
220, 221, 222, 224
Encinas, Enrique, 346
Estella Entralgo, Honorato, 383, 385
Escalante, Aníbal, 363
Escobar, José J., 130
Escobar, Julio, 145
Escobar Gil, Olga Patricia, 148
Escobar Restrepo, Carlos Enrique,
133, 137, 143, 147, 148, 150
Escomel, E., 348, 350, 353, 355, 364,
365
Escudero, Carlos Hugo, 65
Esculies, José, 305
Espaillat, Eida, 393
Esparragoza y Gallardo, Narciso, 243
Espasandin, José, 417
Espejo, Luis, 214
Espín, Carlos, 200
Espinal Múnera, Hugo, 126, 150
Espinosa, Teodoro, 220, 221, 223
Espinosa Sotomayor, Roberto, 282
Espinoza Bravo, 200, 207
Espoz, Horacio, 184
Estebanson, Santiago, 258
Estete, Miguel de, 315
Estévez, Fernanda Nanita, 393

Estévez, Juvenal, 443
Estrada, Eduardo, 435, 438
Estrada, Roberto, 306
Estrella, Bolívar, 200
Eva, Adilia de, 284
F
Fachín Viso, Raúl, 441
Fachín, Carlos, 441
Facio, Ludovico, 35
Faivre, João Mauricio, 74
Faizal Geagea, Michel, 8, 12, 117,
134, 135, 137, 140, 142, 145,
149, 153, 155
Fajardo Palencia, Aldo, 141
Falabella, Rafael, 8, 16, 128, 130,
133, 137, 138, 139, 147, 148,
154, 155, 444, 453, 459
Falconí Villagómez, José, 199
Faraday, Michel, 28
Farfán, Manuel, 217, 218
Faria, Antônio Januário de, 76
Faria, Luiz da Costa Chaves, 74, 78,
80, 100
Farini, J., 34, 46
Fariñas, Pastor, 161, 162, 167, 168
Farrero, Cecilia, 65
Fassio, Gustavo Adolfo, 199, 200
Feijó, Carolina, 111
Feijóo, Fernando, 42
Fenno, Gerry, 227
Fernandes, Jorge, 73
Fernández, Arturo A., 34
Fernández, Enrique, 363
Fernández, Fernando, 164
Fernández, José María, 41, 46, 47,
327, 337, 424
Fernández, Kirshe, 393
Fernández, Mario, 390, 391
Fernández, Mariselda, 393
Fernández, Nilda, 393, 394
Fernández, Víctor, 246, 249
Fernández Báez, Rafael, 390
Fernández Blanco, Emilio, 35, 48
Fernández Blanco, Graciela, 46, 50
Fernández Bussy, Ramón, 42
Fernández Dávila M., Guillermo, 372
Fernández Dávila, José, 370
Fernández de Valenzuela, Pedro, 121
Fernández Hernández-Baquero,
Guillermo, 162, 163, 164, 165, 168
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Fernández Vautrai, 440
Ferrándiz Foraster, Carlos, 444
Ferrando, Juan, 444
Ferrari, Manlio, 417
Ferraro, Arlindo, 100
Ferraz, Neide, 93
Ferreira, Fátima, 436
Ferreira, José Alvimar, 101
Ferreira, Ludgero, 76
Ferreira, Luis, 40
Ferreira-Marques, João, 42
Ferreiro, Mari Carmen, 436
Ferrer, Ismael, 161
Ferrer, Jaime, 182
Ferrer, Silvia, 140
Ferretti Jurado, Humberto, 205
Festa Neto, Cyro, 104
Fich Schilcrot, Félix, 173, 178, 184,
185, 187, 189, 190, 191, 192,
193, 448
Fidanza, Enrique, 34, 35, 41, 46, 424
Figueira, Absalom Lima, 99, 100
Filgueiras, Danilo Vicente, 101
Figueroa, Luz D., 385
Finlay, Carlos Juan, 158
Fleischmajer, Raúl, 37
Fleisher, Lawrence, 383
Fleurens, 408
Flichman, Juan Carlos, 47, 69, 427
Flom, Rosa Etlis de, 46
Flores, Diana, 354
Flores, Jaime, 327
Flores, José Felipe, 242
Flores (voir Lacarruba)
Flores-Cevallos, Elbio, 8, 14, 300,
309, 310, 338, 344, 379
Flores-Cevallos, Luis, 8, 14, 300, 309,
315, 319, 320, 321, 322, 324,
325, 328, 337, 340, 369, 372,
374, 375, 379
Flores Díaz, Enrique, 228
Flores González, Luis, 41
Flórez Díaz Granados, Mercedes, 138
Fonseca, Aureliano da, 321
Fonseca, Francisco, 442
Fonseca, Tiburcio, 33
Fonseca Filho, Olympio da, 79, 83, 88
Forero, Manuel, 135, 136, 141, 145
Forim Alonso, Fausto, 306, 448
Forman, Eugenio, 45
Fortín Gularte, Guillermo, 245, 248
Forster, Juliana, 222
Fosatti, Carlos María, 415, 425
Foss, Norma, 109
Fracastore, Girolano, 313
Fraga, Armiño, 79
Fraga, Sylvio, 87, 99, 100
França, Emmanuel Rodrigues de, 94
Francia Rojas, Rosa, 392, 393
Franciscolo Castagnino, Enrique, 373,
375
Franco, Nélida, 36
Franco, Roberto, 125, 132
Freire, Patricio, 204
Freitas, Ronaldo Barros de, 93
Frey Gabler, Rodolfo, 185
Freyre, Manuel, 40
Frisancho, Oscar, 363
Frucchi, Humberto, 104
Fuentes, Jairo, 139
Fuenzalida, Héctor, 177, 179
Fuertes Álvarez, Juan, 43, 321
Fundora, Victoria, 167
Funes, Juan M., 247
Furones, Esperanza, 167
Furtado, Clarisse, 111
Furtado, Tancredo A., 88, 89, 92, 97,
98, 447
Fusseu, Dolores, 208
G
Gabizo, João Pizarro, 75, 77, 78, 80,
99, 100
Gáfaro Barrera, María Bernarda, 136,
140
Gago de Vadillo, Pedro, 317
Galarza M., Claudio, 223
Galarza Manyari, Carlos, 373, 378
Galeano (voir Valdovinos)
Galfetti Urioste, Carlos, 423
Galimberti, Ricardo, 8, 11, 17, 45, 47,
448
Gallarday Vásquez, Raúl, 320, 338,
343, 373, 375
Galli Mainini, Carlos, 127
Gálvez Azteguieta, Ramiro, 244, 252
Gálvez Brandon, José, 363
Gálvez Molina, Luis, 243, 244, 246
Gamarra Gálvez, Rafael, 322, 323, 373
Gamboa Amador, Alfonso, 126, 145
Gamboa Suárez, Luis Arturo, 150,
151, 154
467

INDEX ONOMASTIQUE
468
Gamonal, Aloísio, 98
Gaona, José Miguel, 141, 154
García, Edwin, 247
García, Elizabeth, 134
García, Evaristo, 125, 131
García, Jorge, 127, 131
García, José Joaquín, 125, 129, 131,
132
García, Lucy, 133, 143, 148
García, María Amelia, 60, 61, 62, 63
García, Raquel, 111
García, Sandra, 39, 50, 222
García, Vilma, 248
García Arrese, Luis, 373
García Cuadros, Roy, 371
García Díaz, Rita, 46, 60, 64, 65, 306
García Esquivel, Jorge, 282, 283, 287
García Jiménez, Fernando, 135, 145,
146, 154
García (née Bay), Lorena, 246, 247,
248, 254
García Medina, Pablo, 125, 131
García Morales, Florencio, 441
García Pérez, Antonio, 444
García Valdez, Arturo, 243, 245, 247,
248
García Vargas, Alejandro, 278, 279
García Zubillaga, Pedro, 8, 12, 59, 61,
62, 63, 65
Gardini, Wilfredo, 343
Garibay, Juan Manuel, 165
Garrido, Elena, 49
Garzón, Eduardo, 208
Garzón, Holger, 208, 210, 221
Garzón, Rafael, 36, 39, 40, 46, 48, 49,
50, 424
Garzón, Rafael (fils), 40, 49
Garzón, Tomás, 40
Garzón Fortich, Carlos Alberto, 127,
131, 140
Garzona Barillas, Ricardo Augusto,
245, 246
Gaspar, Antônio Pedro de Andrade,
102
Gaspar, Neide Kalil, 101, 102, 103
Gastaldi, Luis, 423
Gastiaburú, Julio, 350, 356, 365
Gatti, Carlos Fernando, 40, 50, 307
Gatti, Juan Carlos, 39, 40, 45, 47, 49,
68, 112, 447, 448
Gatti, Thais Romero, 108
Gaviria, John Harvey, 140, 147
Gaviria, Juvenal, 126
Gay Prieto, José, 161, 206, 443, 444
Geier, Érika, 111
Gelmetti, Carlo, 63
Genatios, Tomás, 438
Gerbase, José, 111
Gerson Pena, 95
Gianelli, Víctor, 185
Gianotti, Ferdinando, 278, 451
Giansante, Elda, 307
Gil Jaramillo, Jaime, 8, 12, 117, 121,
139, 142, 150, 151
Gil, Bertina, 392
Gill, Juan B., 296
Giménez, A., 34
Giménez, Manuel, 43, 47, 306
Giménez, Manuel (fils), 43
Giovo, María Elsa, 60, 65
Giraldes, Antonio, 393
Giraldi, Susana, 452
Giraldo Neira, Bernardo, 128, 140,
146
Giraldo Restrepo, Nelson, 128, 133,
134, 147, 148
Godoy, Everardo, 42
Goihman Yahr, Mauricio, 435, 437,
438, 439, 440, 444
Golberger (voir Mora)
Goldberg, G., 60
Gomes, Bernardino Antônio, 82
Gómez, Alina, 289
Gómez, Gonzalo, 139
Gómez, María Luisa, 449
Gómez Agámez, Adolfo, 137, 140
Gómez Carrasquero, Luis, 435
Gómez Hanssen, Orietta, 176, 181,
184, 189, 192
Gómez Orbaneja, José, 42, 206
Gómez Orozco, Luis, 277
Gómez Pérez, Diego Fernando, 127
Gómez Sierra, Heriberto, 128, 133,
138, 140, 146, 147
Gómez Urcuyo, Francisco José, 282,
283, 284, 285, 286, 287, 288,
289, 290
Gómez Uribe, José Ignacio, 139, 148,
154
Gómez Vargas, Flavio, 8, 12, 117, 126,
127, 136, 137, 138, 139, 142,
143, 146
Gómez Vargas, Luz Marina, 149, 154
Gomis, 424
Gonçalves, Heitor de Sá, 94
Gontijo, Bernardo, 87, 90, 98
Gonzáles Will, Rafael, 375
Gonzáles, Francisco, 449
Gonzáles Garay, Humberto, 374, 375
Gonzales Mugaburu, José, 347
Gonzáles Pinillos, Víctor, 325, 327,
328, 337, 369, 372
González, Abel, 46
González, Aparicio, 245, 247, 248
González, Esteban, 121
González, Eudoro, 432
González, Gonzalo, 209, 210
González, Hipólito, 147
González, José Lucio, 438
González, José R., 385
González, Justo, 258
González, María Teresa, 60
González, Mario Ernesto, 128, 141,
448
González, Nieves, 437
González, Norma, 150
González, Silvina, 46
González, Tomás, 305
González Aveledo, Luis Alfredo, 437,
451, 452
González Bermúdez, Daniel, 139
González Catán, M., 33
González Chacón, Julio, 185
González (voir Bogaert)
González (voir Méndez)
González del Cerro, Sebastián, 42
González Díaz, Ignacio, 175, 177,
178, 180, 181, 182, 186
González Herrejón, Salvador, 272
González Martin, Juan, 178
González Ochoa, Antonio, 278
González Oddone, Miguel, 305
González Otero, Francisco, 435, 437,
438, 439
González Pérez, Guillermo, 161
González Prendes, Miguel A., 161,
163, 167, 168
González Rescigno, Gilberto, 46, 69
González Rioseco, Héctor, 185, 186
González Rodríguez, Guillermo, 136,
141
González Rojas, Carlos Horacio, 8, 12,
117, 136, 138, 140
González Urueña, Jesús, 272
Gorbitz, G., 355

Gorostiaga, Graciela, 449
Gotlib, Natan, 36, 48
Gotuzzo, Eduardo, 347, 363
Gougerot, Henri, 34, 328, 423
Goulart, Zopyro, 89
Grandi, Paulina, 182
Granizo H., Bolívar, 223
Graterol Roque, Cruz A., 438, 439,
441, 442
Grau Triana, Juan, 161
Greco, Nicolás V., 19, 20, 31, 34, 35,
43, 57
Greenberg Cordero, Peter A., 8, 13,
231, 251, 252, 254
Grees, Susana, 64, 65
Grillo, Rafael, 165
Grimalt, Ramón, 444
Grinspan, David, 36, 40, 44, 46, 48,
50, 56, 69, 306, 321, 393, 417,
443
Grinspan Bozza, Norberto, 46
Guada, Luis Felipe, 441
Guadagnini, Elizabeth, 440
Guadamuz, Juan José, 283
Guarda Tatin, Rubén, 8, 12, 169, 173,
176, 178, 180, 181, 183, 186,
187, 188, 189, 191, 192, 193,
448, 449
Guardia, Nicanor (fils), 432
Gübelin, Walter, 176, 179, 181, 184,
193
Guedes, Antonio Martins, 98
Guerra, Humberto, 347
Guerra, Pablo, 432, 433, 434, 435
Guerra Carbajal, Carlos, 374
Guerra Castro, Myra, 166
Guerra Fonseca, Pedro, 442
Guerra Mercado, Juan, 69
Guerrero, Daniela, 393
Guerrero, Laureano, 146
Guerstein, Fanny, 182
Guglielmetti, Antonio, 179, 193
Guillén, Humberto, 210
Guillot, Carlos Federico, 36, 46, 48,
49, 51
Guillot, Pedro, 41
Guimarães, Newton Alves, 89, 93,
104
Guinzburg, Alejandro, 222
Gurfinkel, Andrea, 103
Gutiérrez, Juan Gualberto, 124
Gutiérrez, Manolo, 245
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Gutiérrez Aldana, Guillermo, 8, 12,
117, 126, 133, 135, 137, 138,
142, 145, 149, 153, 356
Gutiérrez Arostegui, José Miguel, 289
Gutiérrez Noriega, Carlos, 347
Gutiérrez Ylave, Zaida, 374
Guzmán, A., 448
Guzmán, Emma, 393
Guzmán, Juan Pablo, 392
Guzmán Barrón, Alberto, 350, 352,
365
H
Habermann, Marta Cassoni, 109
Haddad Júnior, Vidal, 109
Halpert Ziskiend, Evelyne, 9, 16, 134,
135, 136, 138, 141, 142, 143,
154, 451, 452
Halty, Máximo, 425
Hanifin, John, 191
Harper, John, 60
Hartmann, 67
Hassan, Mercedes, 39
Hasselblad, O., 394
Hasson, Ariel, 178, 179
Hayes, Rutherford B., 297
Hebra, Ferdinand, 34, 77, 78
Heins, Norberto, 185
Hemb, Achyles, 111
Henao, Mario, 146
Henao Blanco, Tomás, 126, 137, 145
Henríquez, J. J., 441
Herane, María Isabel, 64, 178, 179,
187, 188, 189, 191, 192, 449
Hercelles, Oswaldo, 327, 356, 375
Heredia, Cayetano, 318, 319, 369
Hering, Mónica, 178, 179
Hernández, Azucena, 248
Hernández, Eduardo, 384
Hernández, Francisco, 212, 267, 269,
367, 408
Hernández, Gonzalo, 209
Hernández, Juan F., 140
Hernández, Walter León, 133, 135,
146
Hernández Guante, Alcides, 393
Hernández López, Héctor, 384
Hernández Pérez, Enrique, 9, 13, 222,
227, 228, 229, 321, 444
Hernández Pérez, Rolando, 437, 442,
449
Herrer, Arístides, 347, 349, 350, 351,
352, 353, 354, 365
Herrera, Guillermo, 390
Herrera-Ceballos, Enrique, 444
Herrera Navarro, Magalis, 451
Herrera Ramos, F., 417
Hertig, M., 350, 355
Héry, Thierry de, 268
Hevia Parga, Hernán, 170, 175, 176,
177, 178, 179, 180, 181, 182,
185, 186, 190, 193
Hidalgo González, Carlos, 200
Higueros, José, 246
Hilario, Miriam, 392
Hinostroza, Santos, 363
Hodgman, Joan E., 451
Hómez Chacín, Jorge, 438, 440
Honeyman Mauro, Juan, 173, 176,
178, 179, 180, 181, 183, 185,
186, 187, 188, 189, 190, 191,
192, 193, 306, 448, 449
Hopf, Alfred, 417
Horta, Paulo de Figueiredo Parreiras,
76, 79, 82, 86, 89, 101
Houler, J. R., 34
Houssay, Bernardo Alberto, 127
Howe, Calderón, 356
Hoz Ulloa, Carmen Helena de la, 135,
137, 148
Humboldt, Alexandrowich Ferdin, 67,
68, 69
Hurtado, Alberto, 370
Hurtado, Aníbal, 184, 185
Hurtado, J., 69
Hurtado Paredes, Raúl, 320, 355, 370
Hurwitz, Sydney, 181, 278
Huyke, Bernardo, 139, 140, 449
I
Ibarra, Guadalupe, 279
Idrovo A., Juan, 218
Iglesias, Manuel, 43, 421
Ilho, Guillermo, 61, 63, 64
Imery, Marcos, 259, 260
Indacochea, Abelardo, 343
Infantozzi, Carlos María, 424
Infantozzi, José M., 418, 420
Ingrata, Stella Maris, 43
Ipiranga, Sylvia, 109
Irazabal, Porfirio, 438
Iribas, José Luis, 39
469

INDEX ONOMASTIQUE
470
Irigoyen, Carlos, 282, 287
Isa Isa, Rafael, 9, 15, 392, 395, 397,
398
Isaza Zapata, Rafael, 136, 140
Isaza, Víctor, 140
Isla, Miguel de la, 124
Iturbe, Juan, 432, 433, 438
Iturre (voir Aguirre)
J
Jacobs, Alvin, 278
Jacobson, Coleman, 451
Jacobsthal, E., 244
Jadassohn, 329
Jaimovich, Carlota, 44
Jaimovich, León, 37, 38, 40, 45, 48,
49, 50, 306, 444, 448, 449
Jaller, Antonio, 139
Jalón, Roberto, 200
Jara, Mónica, 182
Jara Padilla, Iván, 176, 181, 183, 187,
189, 191, 192
Jaramillo, Diego Elías, 139, 143, 146,
148
Jaramillo, Luis Carlos, 218, 219
Jaramillo Ayerbe, Felipe, 133, 135,
140, 142, 147, 154
Jaramillo Bruce, Roberto, 174, 175,
177, 185, 186
Jaramillo Puertas, Juan, 204
Jardim, Márcio Lobo, 89
Jatobá, Aderbal Loureiro, 95
Jiménez, Manuel, 305, 306
Jiménez, Sol Beatriz, 148
Jiménez Calfat, Guillermo, 134, 142,
148, 149
Jiménez Castilla, José Luis, 271, 273
Jiménez Rivero, Miguel, 432, 433
Job, Edgardo Jorge, 393
Jones, Doraida, 393
Jonquières, Enrique D., 34, 36, 37, 39,
47, 50, 417
Jorge, Eduardo, 89
Junqueira, Hugo, 96
K
Kadunc, Bogdana Victoria, 106
Kahn, Guinter, 278, 451
Kaminsky, Ana, 37, 38, 39, 40, 44, 46,
321, 417, 444, 445
Kaminsky, Carlos, 38, 47, 321
Kaminsky, Aarón, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 46, 50, 128, 227, 424, 425
Kaplan, H. A., 37
Kasuke, Ito, 321
Kelber, Jaime, 127
Kerdel Vegas, Francisco, 434, 435,
438, 439
Khoury, Michelle, 393
Kien, María Cristina, 45
Kislansky, Viviana, 60
Klein Kohn, Oscar, 175, 176, 186,
189, 193
Kleist, 420
Klestorny Blanco, Pablo, 418, 419,
421, 423, 424
Knopfelmacher, Oilda, 306
Kobayashi, Márcia Mayko, 109
Kohan, Ricardo, 61, 63, 64, 65
Koves (voir Amini)
Kowalczuk, Alicia, 45
Kriner, José, 37, 46, 110
Krumdieck, Carlos, 374
Kuczynski-Godard, Maxime, 324, 350,
357, 365
Kuhl, Isabel C. P., 111
Kuret, Colón, 391
L
Labat, 420
Labrada, Melba, 150
Lacarruba (née Flores), Luz María,
449
Lacaz, Carlos da Silva, 84, 104
Lacentre, Eduardo, 36, 45
Lacuesta, 421
Laffargue, Jorge, 46, 65
Lairet, Félix, 434
Lamas Grubesich, Roger, 175, 180,
186, 189, 190, 193
Lamella, Antonio, 408
Lander Marcano, Alfredo, 9, 15, 429,
438, 439
Lanfranchi, Héctor, 64, 306
Lapenta, Pedro, 440, 441, 442
Lara, Luz Marina, 140
Lara, Raúl, 70
Larralde, Juan, 438
Larralde (voir Luna)
Larrañaga, Dámaso Antonio, 414
Larrea, J. T., 218, 356
Larrere, N., 350
Lasprilla (née Moncaleano), Cecilia,
127, 128, 139
Lasso, 200, 208
Lastória, Joel Carlos, 109
Latapí, Eugenio, 272
Latapí, Fernando, 161, 225, 227, 272,
275, 277, 278, 391, 443, 444,
445
Laterza, Amelia M., 279
La Torre Tuesta, Iram, 378
Lauria, Carmelo, 438
Laveran, C., 350
Laverde, Alfredo, 126, 137, 145
Lavieri, Alberto, 60
Lázaro, Pedro, 384
Lazzarini, Rosana, 104
Leão, Arêa, 79, 83
Lecha, Mario, 444
Ledo, Antonio, 444
Legua, Pedro, 347
Leitão, Artur da Silva, 93
León, Armando, 247
León, Juan de, 242
León, Luis A., 208
León Chérrez, Víctor, 205, 221, 223,
224, 371
León Romero, Doris Stella, 141, 154
León Ternera, Lesbia de, 139
León (née Obregón), María del
Socorro, 246, 247, 248, 249
Leonforte, José F., 42, 193
Lerer, Cláudio, 103
Leroux, María Bibiana, 47
Lesmes Rodríguez, Blanca Lilia E.,
134, 150, 154
Leston, Nancy, 62, 64, 65
Letona, Guillermo, 246, 247, 248, 254
Lever, Walter, 181, 227
Levites, Jacob, 106
Levocci, Francisco, 109
Levy, Moise, 60, 64, 419
Lewley, Thomas, 223
Leyton, Jerónimo, 213
Librado Vásquez, José, 150
Liceaga, Eduardo, 272
Lima, Aldy Barbosa, 101
Lima, João Francisco da Silva, 76, 82
Lima, Margareth, 107
Lima, Ricardo Barbosa, 101
Linares Barrios, Mario, 143
Linares, Lionel, 243, 248

Lindemberg, Adolpho, 79, 80, 81, 82,
88, 103, 424
Liparoli, Julio César, 273
Liviano, Cesarían, 393
Lizardo, César, 435, 439, 442
Lizarraga, Federico, 437
Llano, L., 47
Llanos, Alejandro, 347
Llanos, Bertha, 351
Llanos, Enrique, 163
Llanos Campo, Matilde, 141
Lleras Acosta, Federico, 125, 130,
131, 133, 147, 155
Llerena Gamboa, José, 226, 229
Lobo, Jorge de Oliveira, 83, 87, 89, 95
Lofêgo Filho, José Anselmo, 103
Logemann, Heidi, 246
Loizaga, Carlos, 296
Lombardi, Arnaldo, 426, 427
Londoño, Ángela, 150
Londoño González, Fabio, 126, 130,
131, 133, 136, 138, 145, 147,
155
Lonza, Juan Pedro, 193
Lopes, Cid Ferreira, 97
López, Aurélio Ancona, 85, 105, 106
López, Luis, 128
López, Juan, 123
López, Pedro, 268, 270, 389
López Ballesteros, L., 67
López Cortés, Néstor, 185
López de Buiza, Pedro, 123
López de Lozada, Mauricio, 242
López de Mesa, Jorge, 126, 139
López del Campo, Mendo, 121
López González, Gerónimo, 42, 50
López López, Mariano, 126, 131, 135,
136, 138, 141, 147, 149
López Narváez, Gerardo, 132
López Olivares, J. M., 437
López Osorio, Damisela, 166
López Ruiz, Rafael, 137
Loredo, M., 70
Lorenz, Ana María, 43, 62
Lorenzano, Carlos, 61, 62, 63, 64, 65
Loret de Mola, Aurelio, 319, 325, 327,
328, 334, 337, 342, 343, 369,
370, 372, 375
Lovera, Ildemaro, 434, 438
Lovio, Zobeida, 163, 166
Lowy, Gabriela, 101, 278
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Loyola, Luis, 218
Lozada, Claudia, 150
Lucio, Rafael, 270, 272
Lucky, Anne, 62
Luengo Vale, J. M., 442
Lugo-Somolinos, Aída, 385
Lumbreras, Hugo, 343, 346, 347
Luna (née Larralde), Margarita, 40,
45, 46, 49, 306, 307, 451, 452
Lurati, Carlos, 42
Lutz, Adolfo, 74, 77, 79, 89
M
Macal, Antonio, 244
Macca, Mário Luís, 108
Macedo, Néstor, 307, 414, 418, 419,
420, 426, 448, 449
Mackehenie, Daniel, 342, 355
Machado Filho, Carlos, 106, 109, 421
Machado, Werneck, 89
Machiavello, Juan, 375
Maciel, Francisco, 414
Madeo, Vicente, 47
Madero Izaguirre, Franklin, 9, 13,
195, 205, 207, 222, 224
Madero Izaguirre, Mauro, 9, 13, 195,
207, 224
Maduro, Luis, 383
Maestre Alonso, 389
Maestre Juan, 389
Maestre, Délio del, 99
Magalhães Neto, Eduardo, 89, 93
Magaña García, Mario, 279
Magaña Lozano, Mario, 277
Magariños, Gabriel, 45, 50, 65
Magariños, W., 70
Magill, Fernando, 9, 16, 193, 322,
447, 448, 449
Magnani, Augusto, 41
Magnin, Pedro Horacio, 36, 38, 39,
40, 48, 49, 50, 417
Maia, Marcus, 104, 114
Maira Palma, María Elsa, 176, 181,
182, 189, 193
Maldonado, A., 355, 365
Maldonado, H., 69
Malo, Ignacio, 218
Man, Abraham F., 36, 43
Mandelbaum, Samuel, 109
Mangano, Osvaldo, 40, 45, 50, 112,
447, 448
Manrique, Aníbal, 338
Manrique, Vitaliano, 341, 343
Manrique Ávila, Juan, 319, 322, 323,
329, 338, 343, 370, 373, 375,
377
Mansilla Arévalo, Juan José, 248, 254
Mansilla, Carmen C. de, 248, 254
Mantella, Domingo, 321
Manzano, Mauro, 223
Manzi, Ricardo, 47
Manzur, Graciela, 9, 12, 59, 62, 63,
64, 65
Manzur, Julián, 165, 166
Mañé Garzón, Fernando, 402, 413,
428
Maradona, Esteban Laureano, 24, 26,
31
Maragliano, Beatriz, 416
Marcano, Carmen, 436
Marcenaro, Beatriz de, 377
Marchionini, Alfred, 88, 89
Marcos, Carmen, 444
Marcucci Delgado, A., 437
Margileth, Andrew M., 451
Margounato, Moris, 414, 419, 420
Margulis, Carmen, 60
Mariano, José, 96, 97
Marini, Mario, 36, 39, 40, 47, 49, 50,
306
Mario, F., 34
Marques, Antônio de Souza, 85, 100
Marques, Mário, 109
Marques, Sílvio Alencar, 105, 108,
109, 306
Marroquín, J., 350, 353, 365
Marrugo Guardo, Gonzalo, 139, 140,
154
Marrugo Ramírez, Rubén, 127, 131
Marsden, Philip Davis, 95
Marte, Ramón, 395
Marte, Silvia, 393
Marte (née Díaz), Ana Josefa, 393, 395
Martín, Rafael F., 385
Martínez, Carmen Alicia, 150
Martínez, Dennis, 392
Martínez, Miguel, 418
Martínez, Sandra O., 140
Martínez, Sergio, 150, 151, 154
Martínez, Winston, 182
Martínez Campos, Aldo Edgar, 9, 13,
282, 284, 285, 286, 281, 287,
288, 289
471

INDEX ONOMASTIQUE
472
Martínez Campos, Oscar, 282
Martínez Jiménez, Ángel, 282, 285,
287
Martínez Niochett, Armiño, 433
Martínez Santamaría, Jorge, 132
Martins, Carlos José, 101
Martins, José Eduardo Costa, 90, 104,
448
Martins, Sarita, 90
Mascaró Blanco, Antonio, 185
Mascaró Galy, José Manuel, 444
Mascaró, José María, 278, 321, 444
Masi, Domingo, 305
Mássimo, José Antonio, 9, 12, 46, 50,
60, 61, 62, 63, 64, 65, 306
Masson, Rodolfo, 111
Matteo, 417
Matus, Juan de Dios, 282
Matus, Rodolfo, 283
Mauricio, Rafael, 252
Mauro, Diana, 43, 44
May, José, 416, 419, 423, 424, 425,
426, 428
May (née Alonso), Gloria, 423
Maya, Maritza, 441
Mayor, Sylvia Souto, 104
Mayorga Peralta, Rubén, 246
Mazzini, Miguel Ángel, 34, 35, 36,
37, 38, 39, 44, 48, 50, 57, 417,
424
Mazzini, Raúl, 36, 417
Mc Adden, E., 46
Meda, Telma, 248
Medellín, Julio César, 148
Medina, Álvaro, 137
Medina, Lidia, 178
Medina, José, 257
Medina, Rafael, 435, 436, 438, 440
Medina Febres, Mariano, 435, 438
Medina Pinzón, Alberto, 137, 148
Medina Zepeda, María Eugenia, 288,
289
Meirelles, 74
Mejía, José, 437
Mejía, Milton, 150
Mejía, Paula Alexandra, 149
Mejías, Abel, 434
Mejías, María Antonieta, 438, 441
Melada, María Fernanda, 321
Meléndez, Esperanza, 140
Meléndez, L., 33
Meléndez, Salomón, 225
Melis de la Vega, Manuel, 173, 178,
182, 189, 193
Mella, Juan, 390
Mello Filho, Alexandre, 85, 106
Mello, Coaracy, 101
Mello, Luis Campos, 89
Mena Cedillos, Carlos, 279
Mendes, José Pessoa, 89, 105
Méndez, María Isabel, 420, 449
Méndez (née González), Concha
Marina, 246
Mendoza, Marlene, 441
Mendoza, Mireya, 436
Mendoza Rodríguez, Dante, 332, 338,
343, 344, 345, 370, 372
Meneses, Oswaldo, 347
Menezes, Caetano de, 89
Menezes, Irene, 111
Menocal, Raimundo G., 158, 159,
160, 162
Menta, Marcello, 307
Mercadal Peyrí, José, 321, 444
Mercadillo, Patricia, 449
Mercau, Augusto, 42, 47
Merchán, Nicanor, 218
Merchán Manzano, Marcelo, 205,
220, 221, 222, 223, 224
Mérida, Marco Tulio, 441
Merkel, Felipe, 324
Mesa (voir Sanclemente)
Mesa Cock, Aníbal, 135
Mesa Cock, Jairo, 9, 12, 117, 128,
140, 142, 143, 146, 147
Mesa Restrepo, Jorge, 127, 139, 146,
148
Mesquita, P., 448
Meth Tuesta, Víctor, 321, 327, 342,
372, 378
Meurehg, Charles, 273
Meza, Desiderio, 305
Meza, José Joaquín, 141
Meza Balbuena, Juan, 338, 343, 344,
374
Michel, Luis, 69
Migliaro, José P., 417
Milian, Gastón, 423
Millán, María del P., 384
Millares, Francisco, 305
Minelli, Lorivaldo, 110
Miniño, Martha, 9, 15, 387, 396, 397,
398
Miniño Bhäer, José Antonio, 390
Miquel, Alberto, 305
Miralles, Ana, 420
Miranda, Ana G., 70
Miranda, Hernán, 347
Miranda, J. Luiz, 88
Miranda, Rui Noronha de, 87, 89, 92,
110
Mirande, Luis T., 43
Miret Ortega, Omar, 441
Miró Quesada, Oscar, 347
Misad, Oscar, 363
Miyares Cao, Carlos, 164
Mocobocki, 419
Mocola, 424
Mogrovejo Carrión, José, 218, 219
Molgó Novell, Monserrat, 178, 189,
192
Molina, Leonor, 135, 142
Molina, María Teresa, 176
Molina Leguizamón, Eduardo, 36
Mom, Arturo, 36, 38, 48, 49
Monardes, Nicolás, 19, 120, 267, 408
Monasterios, Guido, 70
Moncada, Ximena, 178, 184
Moncaleano (voir Lasprilla)
Moncayo, Luis, 204
Monge, Carlos, 319, 326, 348, 350,
355, 364, 365
Monroy, Hugo, 337
Mont, Luis, 247
Montalbán, 355
Moral, 355
Montaña Granados, Eliseo, 125, 132
Montenegro López, Galo, 9, 13, 195,
202, 207, 208, 224, 306
Montero, Eustaquio, 414, 418, 419,
420, 421
Montero Rivera, Luis, 175, 185
Montes, Diego de, 152
Montes de Oca, Leopoldo, 33
Monti, Jorge, 45
Monti, Juan, 42
Montilla, Víctor, 383
Montoya (voir Bayona)
Montoya, R., 357
Mora, Carlos Enrique, 136
Mora (née Golberger), Eva, 60
Moraes, Otávio, 106
Moraga Miranda, Romeo Augusto,
246, 248

Morales, Alejandro, 335, 338, 339,
344, 345
Morales, Enriqueta, 279
Morales, Raúl, 384
Morales Beltramí, Raúl, 185
Morales Coello, J. R., 160
Morales Ettienne, Armando, 282, 287
Morales Saravia, Julio, 343
Morales Segura, Antonio José, 129,
131, 141
Morante Sotelo, Victoria, 373
Moreira, Juliano, 76, 89
Morella Herrera, Olga, 441
Morelli, Joseph, 61, 63
Moreno, Alger León, 278
Moreno, Edgar, 140
Moreno, Isabel, 178, 179, 193
Moreno, Luis Felipe, 128, 154
Moreno A., Gustavo, 223
Moreno Aguilar, María E., 279
Moreno Collado, Clemente, 274
Moreno Macías, Luis Hernando, 128,
133, 136, 139, 140, 148, 154,
449
Moreno Valero, Germán, 200
Morero Parra, Lisandro, 153
Morey, Gilberto, 375
Moreyra, Juan José, 372
Morgan Zavaleta, Ángel, 371
Moriyama, 420
Moscoso, Sebastián, 218
Moscoso Serrano, Eudoro, 200, 202,
221
Mosquera, Hernando, 140
Mostajo Quiroz, Fredy, 370
Mostajo Vargas, Juan José, 373
Mosto, Santiago, 36, 48
Mota, Joaquim, 75, 77, 78, 82, 89
Motta Beltrán, Adriana, 149
Moyano, M., 34
Moynahan, Edmundo J., 278, 451
Muir, Ernest, 161
Muller, Luiz Fernando Bopp, 111
Mullins, Enrique, 177
Mundi, Guillermo Alejandro, 140
Muñoz A., Osvaldo, 223
Murgueytio Stacey, Raúl, 200, 202,
206, 208
Murillo, Manuel, 437
Muschietti, A., 34
Histoire de la dermatologie latino-américaine
N
Naar, Julio César, 140
Nacucchio, Marcelo, 222
Nagaro, Pablo, 373
Nahuel, Raquel, 176, 179
Nanni, María Elizabeth, 109
Náquira, César, 346
Naranjo A., Hugo, 436
Natale, Carlos de, 44
Nauck, Ernst Georg, 346
Nava, Luis, 67, 68, 69
Navarro César, Alfonso, 140
Navarro Huamán, Pedro, 320, 335,
338, 339, 374
Navin, Thomas, 245
Negroni, Pablo, 47, 48, 321
Negroni, Ricardo, 47, 64
Neira Cuadra, Jorge Isaac, 9, 13, 281,
289, 290
Neira P., Octavio, 202
Neumann Scheffer, León, 9, 13, 265,
273, 274
Neves, René Garrido, 86, 89, 90, 101,
102
Newman, Julius, 227
Neyra, José, 330
Nogueira, Ana Maria, 107
Nonohay, Ulisses de, 111
Nopper, Amy, 61, 63, 306
Nordenskiold, Barón, 299
Noria, Víctor, 358
Nouel, Adolfo Arthur, 393
Noussitou, Fernando, 35, 36, 39, 48
Nudenberg, Alberto, 41
Nudenberg, Bernardo, 41, 49, 50
Núñez Andrade, Roberto, 277
O
Oliveros (voir Briceño)
O’ Daly, J. A., 433
Obadía Serfaty, Jacobo, 435, 438, 439
Obregón (voir León)
Obregón Sevillano, Lisandro, 373, 376
Ocampo Candiani, Jorge, 274
Ochoa, Amparo, 135, 136, 141, 148
Ochoa Cobos, José Humberto, 217
Ochoa M., Xavier, 223
Odriozola, E., 355, 365
Ojeda, Beatriz, 204
Olchansky, Manuel, 36
Olivares, Liliana, 40, 47, 48, 49, 50, 449
Olivari, Ezio, 178
Oliveira Filho, Jayme de, 444
Oliveira, Sônia Antunes de, 98
Oliver, Margarita, 440
Ollague Loayza, Wenceslao, 200, 201,
202, 203, 204, 205, 206, 207,
220, 221, 321
Ollague Torres, José María, 205, 207,
221, 449
Oller, Francisco, 382
Olmos Castro, Norberto, 43
Oporto Gatica, Manuel, 185
Opromolla, Milton Wladimir Araújo,
108
Oramas, José, 216
Orellana, Isabel de, 245
Orol Arias, Ceferino, 34, 35, 424
Ormaza Hinestrosa, Adolfo, 128, 138,
140
Oroz Montiglio, Julia, 173, 182, 186,
189, 192, 193
Orozco, Miguel A., 41
Orozco Covarrubias, María de la Luz,
279
Orozco Topete, Rocío, 274
Orsini, Olyntho, 96, 97
Ortega, Antonio, 216
Ortega, Juan José, 243
Ortega, Miguel, 390, 397
Ortega, Rinna, 184
Ortiz, Donaldo, 140
Ortiz, Luis Guillermo, 384
Ortiz, Pedro, 343
Ortiz, Salvador, 252
Ortiz, Yolanda, 9, 13, 265, 273, 274,
306
Ortiz Medina, Aníbal, 42, 45
Ortiz Monasterio, Fernando, 227
Osa, Ovidio de la, 160, 161
Osorio, Laureano, 148
Osorio Camacho, Enrique Alonso,
127, 138
Ospina Alzate, José F., 141
Otamendi, R., 441
Oteiza, Alberto, 161
Otero Marrugo, Víctor, 137, 141, 154
Othaz, Ernesto L., 43
Oviedo, Belia de, 41
Oxilia, Mario, 47
Oyarzún Carrillo, Fernando, 177, 180,
189
473

INDEX ONOMASTIQUE
474
P
Pacheco, Aída, 247
Pacheco Mora, Leónidas, 289
Pacheco Solís, Nubia, 288
Padilha-Gonçalves, Antar, 84, 89, 90,
101, 443
Padilla, Mariano, 243
Padilla Corcuera, Hernán, 371
Padilla G., Plínio, 223
Padilla y Padilla, Carlos, 244
Padrón, Alejandro, 363
Pádua, Antonio de, 95
Pagaza, M., 350, 365
Palacios, Alberto, 48
Palacios, Manuel, 216, 218
Palacios, María Teresa, 148
Palacios, Olga, 346, 354
Palacios A., Jorge, 202
Palacios Álvarez, Santiago, 204, 205,
208, 222
Palacios Bernal, Virginia, 136
Palacios (voir Bordón)
Palacios López, Carolina, 279
Palacios P., Rolendio, 221, 223
Palermo, Eliandre, 109
Palma, Luis Fernando, 135, 142, 145
Palma, R., 348, 350, 364, 365
Palmieri, Jorge, 248
Parada, Mauricio, 180
Pardo Castelló, Vicente, 157, 159,
160, 161, 167, 225
Pardo Villalba, Guillermo, 126, 137,
137, 144, 145, 153
Paredes, Domingo, 200
Paredes, Horacio Antulio, 245
Paredes, Ricardo, 208
Paredes Llerena, Guido, 373
Paredes Reynoso, Oswaldo, 373, 375
Pareja, Bertha, 354
Pareja, Wenceslao, 218
Pareja Coronel, Armando, 199
Pargendler, Mirian, 111
Parizzi, 427
Parodi, Arturo, 329
Parodi Bacigalupo, Alfredo, 373
Parra, Cristóbal, 36, 39, 42, 50, 193
Parra, Francisco, 200
Parra, Ricardo de la, 125, 131
Parra, Rodrigo de la, 176, 181
Parra, Sócrates, 391
Parra (née Pizza), Nélida, 42, 46, 50,
60, 193
Parra (voir Cantú)
Parra Enríquez, Marco Antonio de la,
175, 176, 180, 186, 189
Parra García, Marlene, 283, 285, 287,
288
Pasarell, Rafael, 384
Paschoal, Francisco Macedo, 90, 109
Paschoal, Luiz Henrique Camargo, 81,
85, 90, 104, 105, 109
Pascua, Ladislao de la, 270, 272, 277
Pascutto, Cristina, 47
Pasmanik Guiñerman, Isidoro, 178,
180, 184, 186, 189, 191, 192,
193
Pastrana, Fernanda, 166
Patiño Camargo, Luis, 130, 133, 147,
155, 355, 365
Patrón, Pablo, 319
Patrucco Puig, Raúl, 333, 362, 363
Patrus, Orcanda Andrade, 90, 98
Patterson, John, 76
Paula, Ribeiro de, 95
Paulo Filho, Thomas de Aquino, 95
Payese Gault, José Víctor, 199
Paz Soldán, Carlos Enrique, 324, 339
Paz y Paz, Ramiro, 246
Pazmiño, Pedro, 214
Pazos Varela, Ricardo, 375, 420
Pecolt, T., 74
Pecoraro, Vicente, 41, 50
Pedemonte, Luis H., 43, 65
Peluffo, Euclides, 420
Peniche, Jorge, 222, 273
Peña U., Enmanuel, 202
Peñaherrera Astudillo, Servio, 200,
201, 202, 205, 206, 207, 220
Peñaloza Rodríguez, Isaías, 376
Peñaranda, Elkin, 142, 149
Peragallo, Joaquín, 186
Peralta, Pedro, 317
Pereira, Carlos Adolfo, 88
Pereira, Ignacio, 125
Pereira, José M., 164
Pereira, Luiz Carlos, 111
Pereira Junior, Antônio Carlos, 84, 88,
89, 90, 100, 448
Pereira da Silva, Probo, 414, 418, 424,
427
Pérez, Aivlys, 385
Pérez, Gustavo, 149
Pérez, Lilian, 179, 182
Pérez Alfonso, Ricardo, 307, 438
Pérez Alonso, Alfonso, 282
Pérez Alva, 356
Pérez Chavarría, Edgar, 247, 248
Pérez de Arce, Gonzalo, 185, 186
Pérez del Arca, César, 374
Pérez Díaz, Manuel, 432, 433, 434,
435
Pérez-Cotapos Subercaseaux, María
Luisa, 173, 178, 179, 189
Perfetti, Oscar, 441
Périn, Lucien, 423
Peryassú, Demetrio, 83, 89, 101
Peryassú, Marcius, 103
Pesce, Hugo, 326, 327, 333, 343, 346,
350, 356, 357, 364, 365, 366,
375
Pescetto, Federico, 175, 189
Pessano, Juan, 35
Pessolani, Domingo, 305
Petit, Pablo, 214, 319
Pianeta Muñoz, Moisés, 127
Piccone, Zulema, 46, 60
Pierini, Adrián Martín, 9, 11, 17, 45,
46, 48, 59, 60, 306, 307, 451
Pierini, Dagoberto, 45, 48, 59, 278,
417, 451
Pierini, Luis E., 35, 36, 38, 40, 42, 44,
48, 49, 127, 128, 319, 336, 417,
424, 443, 444
Piérola, Luis F., 67, 68, 69
Pignataro Antonio, 61, 63
Pimenta, W., 88
Pimentel, Thimo, 396
Pimentel Imbert, Manuel Felipe, 390,
392, 396, 397
Pineda, Josefa, 282, 287
Pinheiro, Ana Maria Costa, 95
Pinheiro, Francisco, 93
Pinkus, G., 335
Pinto, Antônio Gentil de Castro
Cerqueira, 76
Pinto, Jackson Machado, 96
Pinto, Jane Macy Neffá, 103
Pinto Salas, Rogelio, 374
Piñeiro, Ramón, 384
Piñeiro, Raúl, 161, 163
Piñol Aguadé, Joaquín, 444
Piquero-Martín, Jaime, 9, 15, 307,
429, 435, 437, 438, 439, 440,
442

Piraino, Roberto, 110
Pires, Ane K. Simões, 111
Pires, Mario Cezar, 108
Pires Caldas, María, 76
Pizarro, Pedro, 349
Pizarro, Policarpo, 125
Pizzariello, Graciela, 47
Pizzi (voir Parra)
Plata, Zulma, 140
Podoswa, Gregorio, 279
Politi, Andrés, 48
Polito, E., 34
Pomposiello, Ismael, 36, 417
Ponce de León, S., 34
Pons, Adolfo, 433
Pons, Sebastián, 42
Ponzio, H., 448
Porras (voir Quintana)
Porres, Salvador, 243, 248
Porto, Jarbas Anacleto, 75, 85, 89
Porto, Alfredo, 89
Portugal Gallegos, René, 370
Portugal, Hildebrando, 83, 89
Portugal, Pedro Menezes, 95
Posada Arango, Andrés, 125
Posada Trujillo, José, 126, 134, 138,
139, 144, 146
Pou, Víctor, 393
Pous, 420
Póvoa, 424
Pozetti, Eurides, 107
Prada (voir Castañeda)
Prado Barrientos, Fabio, 67, 68
Prado Rocha, Federico, 283, 285, 286,
287, 289
Prats González, Florencio, 175, 177,
179, 181, 185, 186, 190, 191
Prego, Cándido, 418, 419, 421, 423,
426
Pretelt, José, 140
Primelles, Benjamín, 160
Proença, Nelson Guimarães, 85, 103,
104, 105
Proença, Thais, 104
Prose, Neil, 60
Prunell, Arturo, 423, 426
Prunés Risetti, Luis, 174, 175, 185,
186, 191
Puche, Albio, 129, 140
Puente, José M., 35, 424
Puertas (née Canadell), Elda, 321,
Histoire de la dermatologie latino-américaine
327, 334, 338, 344, 375
Puey, Enrique, 427
Pueyo, Silvia Teresita, 46, 50, 60, 61,
63
Puga, Raúl, 178
Pupo Neto, João Roberto, 109
Purcell Peña, Héctor, 390
Puyó Medina, Luis, 174, 177, 191
Q
Quevedo, Emilio, 153, 154
Quezada R., Alberto, 200, 224, 220
Quezada, Carlos G., 248
Quinete, Sergio, 100
Quintana (née Porras), Luisa, 147,
154
Quintanilla, Emilio, 377
Quintero, Alfonso, 147
Quiñones, César A., 10, 14, 381, 384,
386
Quiñones, Jesús, 383
Quiñones, Margarita, 392
Quiñónez, Noemí, 246
Quiroga, Marcial Ignacio, 19, 20, 35,
38, 39, 44, 46, 48, 49, 51, 52, 56,
162, 334, 417, 424
R
Rabello, Eduardo, 78, 79, 80, 83, 85,
86, 88, 89, 90, 100, 102, 112, 113
Rabello, Francisco Eduardo, 76, 77,
80, 83, 88, 89, 100, 102, 113
Rabelo, José, 386
Rabinovich, Rafael, 338, 344
Raggio, Ximena, 177
Ragusin, Neocle, 34
Raimondo, Antonio, 36
Ramírez, Ana Francisca, 149
Ramírez, Aurea, 384
Ramírez, Jorge, 200
Ramírez, Martha S., 140
Ramírez, Nerys, 393
Ramírez, Orlando, 442
Ramírez Bravo, Gastón, 177, 185,
186, 193
Ramírez Cienfuegos, Oswaldo, 225,
226, 229, 444
Ramírez Dávalos, Gil, 213
Ramírez Delgado, Pedro, 242
Ramos Arizpe, Sergio, 274
Ramos e Silva, Márcia, 90, 93
Ramos e Silva, João, 76, 88, 89, 90,
101, 111
Rampoldi Bestard, Roberto, 10, 15,
399, 419
Ranalletta, María, 60
Rassi, Divino Miguel, 90, 96
Ravelo de la Fuente, José de Jesús,
390
Razetti, Luis, 432
Reátegui, Augusto, 359
Rebagliati, R., 350, 355, 365
Rebolledo Muñoz, Alfonso, 138, 139,
140, 153
Regalado, Carlos, 343, 375
Regalado Ortiz, Pedro, 163, 165, 166
Reina, Eduardo, 200
Reinoso M., Edgar, 221, 223
Reis, Carmélia Matos, 95
Reis, Vitor Manoel Silva dos, 106, 108
Rendón, Luis, 208, 209
Rendón (née Duarte), Bertha, 200
Rendón Pizano, Iván, 126, 139
Restrepo Molina, Rodrigo, 149
Restrepo Moreno, Ángela, 126, 133,
134, 146
Retamoso, Blas, 128
Revelo Hernández, Gema Esther, 136
Rey, Gabriel, 141
Rey, Pablo, 140
Rey Sánchez, Tarcila, 338, 344, 364
Reyes, Antonio, 204
Reyes, Esteban, 225, 226
Reyes, Jorge Humberto, 147
Reyes, Juan de los, 241
Reyes Baca, Oswaldo, 205, 208, 221
Reyes Durán, Guillermo, 247
Reyes Flores, Oscar, 10, 15, 429, 435,
438, 440
Reyes García, Gonzalo, 126, 137, 138,
145
Reynafarje Hurtado, César, 356, 370
Ribas, Emilio, 113
Ribas, Jonas, 93
Ricart, J., 448
Rifo, Patricio, 179, 187, 191, 193
Rincón Bracho, Humberto, 440
Rioja Ugaz, Luis, 373
Ríos, Federico, 305
Ríos Flores, Marcial, 320, 343, 370,
379
Ríos León, Enrique, 161
475

INDEX ONOMASTIQUE
476
Riscalla, Célia, 106
Riva, Librado, 125
Rivarola, Emilce, 42
Rivas, Fernando, 158
Rivas Mejía, Federico, 125
Rivas Serrano, Sonia, 289, 290
Riveiro, Carmen, 414, 418
Riveiro Rivera, Roberto, 422, 423
Rivera, Fabio, 128, 140, 146
Rivera, Mónica, 149
Rivera, Víctor M., 383
Rivitti, Evandro, 103, 104, 306, 448,
449
Rizo Patrón Tassara, Carlos, 373
Robiou, Gilberto Baltasar, 390
Robledo Prada, Mary Ann, 133, 150,
151, 154
Robledo Villegas, Mario, 126, 134,
146, 151
Robles, Eugenio, 175
Robles Soto, Miguel Eduardo, 244,
246, 248
Rocha, Glynne Leite, 83, 89, 100
Rocha Lima, 79
Rodeiro, Raúl, 36, 44
Rodrigues, Vânia, 107
Rodríguez, Araceli, 61, 63
Rodríguez, Carlos Armando, 118, 132
Rodríguez, Eduardo, 47, 305
Rodríguez, Evangelina, 390
Rodríguez (voir Arévalo)
Rodríguez, Juan A., 423, 426, 427
Rodríguez, Juan José, 226, 228, 229
Rodríguez, Manuel, 46
Rodríguez, Martín, 121
Rodríguez, Tomás, 437
Rodríguez, Virgilio, 128, 140
Rodríguez Barboza, Rosa, 371
Rodríguez Bermúdez, José del
Carmen, 118
Rodríguez Castellanos, Rafael, 390
Rodríguez Cuenca, José Vicente, 118,
132, 154
Rodríguez Machado, José, 166
Rodríguez Santamaría, Jesús, 90, 110,
448
Rodríguez Santana, Luis, 438
Rodríguez Toro, Gerzaín, 131, 135,
136, 142, 145, 148
Rodulfo, Sara, 436
Rohmann, Immo, 181
Rojas, Carolina, 436
Rojas, Elí, 383
Rojas, H., 352, 365
Rojas López, Ricardo Flaminio, 140,
154
Rojas Canala, Alan, 180, 182, 186,
189
Rojas Miranda, César, 338, 343, 350,
375
Rojas Paúl, Juan Pablo, 432
Rojas Pizarro, Hilda, 176, 181, 187,
189
Rojas Plasencia, Percy, 371
Román Cancino, José Vicente, 123
Román Suárez, Pedro Miguel, 128,
131, 141
Romano Boix, Edgard, 42
Romero, Arturo, 225
Romero, Luis, 320, 343
Romero, Oscar, 162, 314, 320, 333,
338, 339, 343, 344, 346, 365,
370, 373, 378
Romero, Susana, 45
Romitti, Ney, 86, 89, 105, 109
Rondón Lugo, Antonio, 10, 15, 307,
429, 435, 438, 439, 440, 442
Rosa, Ival Peres, 105, 106
Rosado, Marlene, 247
Rosales de Martínez, Olga Marina,
246, 247, 248
Rosé Gonzáles, Alejandro, 373
Rosen, Víctor, 419
Rosende, Julián, 423
Rositto, Alicia, 60
Rosner, Simón, 34
Ross Maldonado, Mónica, 189
Rossetti, Nicolau, 84, 88, 104
Rossi, Anita, 61, 62, 63
Rotberg, Abrahão, 84, 88, 104, 113
Rothman, Stephen, 38
Rotkier, 421
Rotta, Andrés, 340
Rovere, Pedro, 61, 62, 63, 64, 65
Royo de Garfias, Margarita, 278
Ruberto, Rubén, 43
Rubin, Jaime, 46, 68, 69
Rubino, Miguel, 423
Rubinson, Rebeca, 60
Rueda Pinto, Luis, 321
Rueda Plata, Luis Alfredo, 126, 130,
131, 133, 134, 135, 138, 142,
147, 155
Rueda Plata, Ricardo Augusto, 130,
135, 142, 148, 155
Rueda, Xavier, 142, 150
Ruilova S., Vicente, 202, 219
Ruiz, Ángela, 436
Ruiz, Jaime, 177
Ruiz Agüero, José, 371, 376
Ruiz Angulo, José, 252
Ruiz Arroyo, Hiram, 384, 385
Ruiz de Zárate, Serafín, 162, 163
Ruiz Delgado, Pedro Juan, 123
Ruiz Espinoza, Jorge, 202, 208
Ruiz Lascano, Alejandro, 41
Ruiz Maldonado, Ramón, 10, 13, 16,
60, 222, 228, 265, 279, 280,
306, 451, 452
Ruiz Santiago, Hiram, 385
Ruiz Soto, María Elena, 320, 375
Ruqué, Luis, 163
Ruso, José, 390
Russo, Paco, 143
Rutowitsch, Márcio Santos, 87, 90,
103
Rutowitsch, Mário, 87, 89
Ruvertoni, Marcelo, 63
S
Saavedra Umpierrez, Tirza, 176, 187,
189, 191
Sabogal, Jairo, 140
Sabogal Rey, Álvaro, 128, 131, 138,
140
Sabouraud, Raymond, 79, 88, 175
Sáenz Ricard, Braulio, 159, 160, 161,
168
Saettone León, Arturo, 377
Sáez de Ocaríz, Marimar, 279
Safai, Bijan, 191
Sagaró, Bartolomé, 163, 164, 165
Sal y Rosas, F., 352, 365
Salaiman, Mufith, 141
Salas, Armando, 435, 438
Salas Brousset, Arturo, 325, 343, 369,
373, 375
Salazar Zumarán, José, 374, 375, 377
Salazar-Leite, Augusto, 443, 444, 445
Salcedo, Eduardo, 149
Salcedo Cabal, Carlos, 127
Saldaña Patiño, Julio, 373, 375
Saldarriaga Arango, Enrique, 126,
139, 146

Salles Gomes, Miguel, 89, 113
Salterain, J. de, 423
Salvo, Aurelio, 184
Samayoa, Manuel Antonio, 247, 248
Sampaio, Raimunda Nonata Ribeiro,
95
Sampaio, Sebastião de Almeida
Prado, 45, 81, 88, 89, 90, 92,
103, 104, 105, 108, 110, 112,
113, 227, 306, 444, 447, 448,
449
Samper, José María, 124
San Martín, A. M., 47
San Martín Razzeto, José, 319, 336,
338, 339, 344, 345, 374, 375
Sánchez, Antón, 316
Sánchez, Elfida, 393
Sánchez, Graciela, 45
Sánchez, Guillermo, 244
Sánchez, Idalina, 392, 393
Sánchez, Jorge L., 384, 385, 444
Sánchez, José Antonio, 449
Sánchez, Néstor P., 384, 385
Sánchez, William, 143
Sánchez Angarita, Ximena, 154
Sánchez Arbeláez, Julio, 134
Sánchez Basso, 424
Sánchez Caballero, Héctor J., 36, 47
Sánchez Caballero, N., 36, 39
Sánchez Carrión, Faustino, 371
Sánchez Covisa, José, 432, 433, 434
Sánchez de Miranda, Andrés, 242
Sánchez Félix, Gadwyn, 374, 375,
377, 448
Sánchez Gómez, Teresa, 279
Sánchez Millán, Leonardo, 176, 189,
191, 192, 452
Sánchez Parejo, Bartolomé, 242
Sánchez Peláez, R., 436
Sánchez Ropero, Martín, 121
Sánchez Saldaña, Leonardo, 373, 375,
377
Sanclemente Mesa, Gloria, 134
Sanclemente (née Mesa), Myriam,
127, 133, 139, 146, 148
Sandino, Claudio Galo, 287
Sangüeza, Martín, 307
Sangüeza, Pastor, 68, 69, 70
Sanguinetti, Oscar, 45
Sanjinés, Ángel, 420, 421, 426
Sanjuán de los Ríos, Lope, 121
Sans, Nora, 402
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Santacoloma Osorio, Germán, 140,
147, 154
Santander, Ester, 184
Santiago, Maritza, 392
Santomé, Héctor, 416, 419, 420, 423
Santos, Eladio de los, 391
Santos, Guillermo de los, 390
Santos, Itamar Belo dos, 94
Santos, Josemir Belo dos, 94
Santos, Milagros, 246, 248
Santos, Valéria Pereira, 109
Santurión, 421
Saraceno, Esteban, 40, 47, 49
Saracho, Eduardo, 68
Saravia, Francisco, 247
Sardi, José Rafael, 435
Sarria Berríos, Orlando, 283
Sarzosa, Mario, 208, 210
Sasseron, Glória, 109
Saúl, Amado, 10, 13, 165, 265, 275,
391, 445
Savoia, Jorge, 60
Saza, Evencio, 140
Scaltriti, Alberto, 427
Scaltriti, R., 423
Scannone, Francisco, 433, 438, 439,
440, 442
Scappini, Félix, 43
Scappini, J., 47
Schachner, Lawrence, 61, 63
Schaffer Suárez, Hermann Allan, 287,
288, 290
Schaffer Urbina, Hermann Allan, 283,
285, 286, 287, 289
Schafranski, Aída, 111
Schiavi, Álvaro Jr., 111
Schneider, P., 55
Schneidewind, A., 34
Schnitzler, Roberto, 110
Schroh, Roberto G., 45, 49
Schujman, Salomón, 41, 46, 327, 424
Schweinden, José, 110
Scorza, José V., 436
Segers, Alfredo, 37
Segura, Germán, 427
Sehtman, Lázaro, 321
Seidel Arango, Ángela, 136, 137
Seife, Roberto, 166
Seminario, Carlos M., 34
Sempértegui V., Julio, 202
Seoane, Manuel, 36, 39
Sepúlveda, Ricardo, 183, 186
Serial, Augusto, 42, 47
Serra-Estivell, Juan, 321
Serrano Camargo, Miguel, 126, 137,
138, 145
Serrya, José, 89
Servia, J., 448
Servín, Juan, 305
Sevinsky, Bernardo, 37
Sevinsky, Luis, 44, 47
Siegfried, Elaine, 62
Sierra, Beatriz, 139
Sierra, Martha, 136
Sifuentes, Enrique, 338, 343, 375
Sigüenza C., Norma, 223
Siles, Norah, 67, 68
Silva, Armando, 384
Silva, Beatriz de, 248
Silva, Domingos Barbosa da, 83, 89, 94
Silva, Flaviano da, 93
Silva, Manuel José, 125, 137, 145,
153
Silva, Sergio, 178, 182
Silva-Lizama, Eduardo, 10, 13, 231,
240, 245, 246, 248, 253, 264
Silva Martínez, Eduardo, 243, 244,
246, 252, 264
Silva Siwady, José Gerardo, 274
Silvares, Maria Regina, 109
Silveira, Agenor, 106
Silvestre, Eduardo, 185
Simón, Ramón Daniel, 166
Sittart, Alexandre, 105, 106
Small Arana, Octavio, 374
Smith, Archibald, 350
Smitter de Sanabria, Anabella, 436
Smoje, Gabriela, 182
Soares, Magali, 109
Sobral, Francisco da Cruz, 321, 444,
445
Sodré, Celso Tavares, 100
Sojos, Nicolás, 218, 219
Sojos, Luis A., 218
Solano, Elfrem, 321
Solar, Manuel del, 338, 449
Solares Alava, Efraín, 127, 131
Solari, E., 34
Solís, René, 347
Solomon, Lawrence M., 278, 451
Solórzano de la Cerda, Marco Vinicio,
246, 248
477

INDEX ONOMASTIQUE
478
Sommer, Baldomero, 20, 33, 34, 56,
57
Soñé Uribe, Víctor Manuel, 390, 397
Sorensen, Ricardo, 183
Sornas, Spencer, 109
Sosa, Jaime, 296
Sosa, Enrique de, 242
Sosa Artola, Belisario, 326, 369
Soto, José Manuel, 435, 438, 439
Soto, Rosamary, 178
Soto Mancipe, Jaime, 134, 135, 136,
141, 142, 143, 148, 154
Soto Sandoval, Haroldo, 246
Sotomayor Tribín, Hugo Armando,
118, 132, 154
Soubhia, Rosa Maria, 107
Soucre, Luis, 442
Souza, Argemiro Rodrigues de, 105
Souza, Elemir Macedo de, 109
Souza, Modesto José de, 111
Souza, Valeria, 104
Souza Filho, João Basílio de, 99
Souza Filho, Jorge José de, 87, 89,
112
Sovin, S., 34
Staffeld, Alfredo, 392
Staforelli, Ramón, 179, 193
Stegman, Sam, 227
Steiner, Dense, 107
Stemphelman, Hugo, 40
Stengel, Fernando, 40, 45, 47, 48,
222, 448
Sternick, Manoel, 100
Stirling, Ernesto, 419
Stoff, Hamilton Ometto, 109
Stoichevich, Flora, 43
Stolar, Esther, 47
Stringa, Osvaldo, 47
Stringa, Sergio, 40, 48, 50, 69, 321
Strong, R., 350, 356, 366
Suárez, Jorge, 67, 68, 69
Suárez Eliot, Luis, 320, 370
Suárez Peláez, Enrique, 135, 136,
141, 142
Succi, Isabel, 103
Sudy, Emilio, 178
Suquilandia, Danny, 452
Svartz, Analía, 44
Sylvester Rasch, Eduardo, 185
T
Táboas, Manuel, 164
Taglioreti, Mario, 423, 427
Tajan Calvo, Alí, 128
Talhari, Sinésio, 90, 93, 99, 101
Tamayo Sánchez, Lourdes, 165, 222,
278, 279, 451
Tapia, Arturo, 377
Tapia, Félix J., 437, 440
Tapia, Francisco, 132
Tapia Dueñas, Nicolás, 320, 321, 375,
377, 378, 379
Tartajo, Cristóbal, 242
Tavera, Juan de Dios, 125
Tavera, Mariela, 142
Taveras, Carmen Yris, 393
Tcheckmedyian, 420, 421
Teive, Víctor de, 89
Tejada, Abelardo, 338, 343, 344, 345,
350, 351, 364, 365
Tejada, Eva, 321
Tello, Enrique E., 40, 41, 47, 50, 319,
337
Tello, Julio C., 312, 372
Tena, Walter, 420
Terán, Manuel, 426
Terra, Fernando, 78, 79, 80, 83, 89,
100
Testart, Jorge, 179
Tiant, Francisco, 161
Timm, Carlos, 200, 201
Tincopa Montoya, Luis, 320, 371, 376
Tincopa Wong, Oscar, 371, 377, 379
Tirado, Herbert, 374
Tiscornia Denis, José María, 419, 420,
421, 423
Tiscornia, Nicolás, 423
Tobar C., José, 223
Tobías, Edith, 248, 254
Tobin, Howar, 227
Tobón Pizarro, Hernán, 127, 138, 139,
144, 147
Tobón, Carlos Enrique, 126, 139, 146
Toledo, Ignacio Segundo, 41
Tolic Rodríguez, Adelaida, 177, 189,
193
Torero, Alberto, 373
Toro Genkel, Luis, 177, 185, 186
Toro Villa, Gabriel, 132
Torok, Eva, 278, 451
Torre, Asdrúbal de la, 208
Torrelo, Antonio, 64
Torres, Andrés, 140
Torres, Antonio, 393
Torres, Héctor, 383
Torres, Julio César, 136
Torres, María Claudia, 148
Torres, Silvio, 200
Torres, Víctor M., 383
Torres, Zulay, 435
Torres Correa, Rubén, 371
Torres Cortijo, Alberto, 42, 47, 193
Torres de la Llosa, Luis, 417, 418, 421,
423, 426, 421
Torres Flores, Dalia, 285, 287
Torres Muñoz, Antonio José, 127,
128, 131, 134, 142, 147, 148
Tost, Juan Francisco, 414, 418, 419,
420, 421, 425, 426
Tregnaghi, Miguel, 64
Trepat, Luis, 34, 36, 59
Trespalacios, Fernando, 161, 162
Trevizo de Moreno, María de Lourdes,
278, 279
Trigo, N., 69
Trilla, Emilio, 383
Trindade Neto, Pedro Bezerra da, 94,
95
Tróchez Rodríguez, Pablo Alonso, 137,
148
Troielli, Patricia, 39, 47, 49, 50
Trope, Beatriz Moritz, 90
Trujillo Méndez, Rodolfo Augusto,
134, 139
Trujillo Reina, Benjamín, 10, 15, 436,
438
Tschen, Eduardo, 247, 248, 264
Turcio, Rafael, 423, 426
Turjansky, Eliécer, 47
U
Ubogui, J., 47
Ugarriza, Ricardo, 305, 424
Ugaz, Humberto, 338, 343
Ulrich, Marian, 437
Unna, Paul Gerson, 74, 89
Uraga Peña, Enrique, 200, 201, 204,
205, 206, 219, 220
Urbina, Francisco, 178, 179
Urcia, J., 349, 350, 351, 364
Urgilés, Hernán, 223
Uribe Ángel, Manuel, 124

Uribe, Claudia, 148
Uribe, José Ignacio, 125, 145
Uribe, Rafael, 147
Uribe Escobar, Gustavo, 126, 130,
133, 134, 135, 146
Uribe Jaramillo, Fabio, 126, 139
Uriburu, J., 34
Uricochea, Luis J., 145
Urquizu Dávila, Pablo Humberto, 10,
13, 231, 247, 248
Urra, Liliana, 184
Urrelo Novoa, Amaro, 319, 369, 375
Urrutia, José, 252
Urruty, Ana, 420
Urteaga, Oscar, 343, 356
Utiyama, Yassubonu, 106
Uttendale, Chantal, 393
V
Vainsencher, 421
Vaisman, Bernardo, 185, 186
Valadares, Jorge, 73
Valbuena Mesa, Martha Cecilia, 150,
151, 154
Valda, Luis, 69, 70, 71
Valdés Alvariño, Andrés, 163, 164
Valdés Arrieta, Pilar, 176, 189, 190,
449
Valdés, José Manuel, 252
Valdettaro, Alfieri, 373
Valdez, Raúl, 47
Valdieso, N., 350, 365
Valdivia Blondet, Luis, 10, 14, 320,
323, 339, 367, 373, 375, 376,
377
Valdizán, Hermilio, 319
Valdovinos (née Galeano), Gloria, 378
Valega, Juan Francisco, 346
Valença, Zirelli, 95
Valenzuela Valverde, Alfredo, 199
Valladares, Edgar Manolo, 245
Valle, Lidia, 10, 11, 36, 39, 46, 48, 60
Vallejo Cadavid, Fernando, 146, 154
Vallejo y Vallejo, Luis, 43
Valverde Bejarano, Daniel, 374
Valverde López, Jenny, 371
Van den Enden, Lucía, 140, 147, 150
Vanoni Martínez, Magdalena, 202,
208
Vaquero, Noemí, 47
Varela, Nieves, 419
Histoire de la dermatologie latino-américaine
Varela Hernández, César Iván, 10, 12,
117, 121, 122, 137, 138, 139,
142, 148, 149, 150, 151, 155
Vargas, Jorge, 141, 449
Vargas, José María, 431
Vargas, Marcelino S., 125
Vargas, Myriam Jazmín, 139, 148
Vargas Montiel, Hernán, 10, 15, 429,
436, 438, 440
Vargas Morales, Pedro, 324
Vargas Reyes, Antonio, 124, 130
Vargas Uribe, Juan Bautista de, 123
Vásquez, Isabel Cristina, 148
Vásquez Blanco, Francisco Rolando,
246, 247, 248, 249
Vásquez de Molina, Juan, 253, 255
Vásquez Lobo, Armando, 140, 153
Vázquez, Honorato, 217
Vázquez, Juan Bautista, 215
Vázquez, Mirta, 10, 12, 61, 63
Vázquez, William, 441
Vázquez Botet, Miguel, 385
Vecchio, E. del, 34
Vega, Gloria de la, 384
Vegas, Martín, 433, 434, 435, 437,
438, 439, 444
Velasco, Marta, 183
Velasco Cárdenas, Germán, 141, 154
Velásquez, Francisco, 227
Velásquez, Margarita, 133
Velásquez Berruecos, Juan Pedro, 10,
12, 117, 127, 136, 137, 138, 139,
135, 142, 146, 150, 151, 152
Velázquez Arellano, Edmundo, 279
Vélez, Julio César, 140
Vélez, L., 350, 365
Vélez Torres, Rafael, 384
Velutini, Luis Alberto, 435, 438, 440
Vera Mora, Carlos, 177, 180, 186,
189, 190, 192, 448
Verdesoto G., José, 223
Vergara, Enrique, 67, 68
Verges, Jorge, 62
Veríssimo, Rilde, 109
Viana, Gaspar, 79, 80, 87, 89
Victoria Chaparro, Jairo, 64, 136, 139,
141, 148
Vidal, Guillermo, 303, 304
Vidal, Mateo, 414
Viegas, María Lourdes, 90
Vieira, Paulo, 88, 424
Viglioglia, Pablo A., 10, 11, 33, 36, 37,
38, 39, 45, 46, 47, 49, 50, 69,
112, 447, 448
Vignale, Bartolomé, 44, 415, 416,
419, 420, 421, 423, 424, 425,
428
Vignale, Raúl, 10, 15, 221, 222, 306,
413, 415, 416, 417, 420, 421,
427, 448, 449
Vilaboa (née Casella), Esther, 414,
418, 419
Vilanova, Xavier, 89, 425, 443
Villacís, Eduardo, 208
Villacís, Manuel, 208
Villacís O., Hernán, 223
Villagomez, Omar, 67, 68, 69
Villalba, Lidia Inés, 46
Villalobos Fernández, Alejandro, 128,
140
Villalobos Toro, Daniel, 173, 178, 180,
181, 182, 184, 185, 186, 189,
190, 191, 192, 193
Villamizar Betancourt, José Rómulo,
145, 154
Villanueva Ochoa, Carlos, 245, 247,
248
Villanueva Valdez, Neftalí, 244, 245,
247, 248
Villanueva, Julia, 208
Villavicencio Ponce, Ricardo, 207,
208, 217
Vintimilla A., Jaime, 200, 202, 219
Violante, Norma, 279
Vitale, María A., 306
Vivas Arellano, Adolfo, 442
Vivot, Narciso, 36
Vólquez, Claudio, 392
W
Wackzol, Esther, 437
Wade, H. W., 161
Wageman, Enrique, 179
Webster, Richard, 227
Weinberg, Samuel, 278
Weinstein Rudoy, Mauricio, 175, 178,
185, 186, 190
Weiss Harvey, Pedro, 313, 319, 325,
342, 343, 348, 349, 350, 352,
353, 356, 364, 365, 369, 375
Weissbluth, Marlene L., 111
Welsh, Oliverio, 274
Wenyon, Ch., 350, 365
Wernicke, R., 34
479

INDEX ONOMASTIQUE
Wilkinson, Félix, 47
Williams, Hunter, 312
Winter, John, 28
Wolf, Juan Carlos, 133
Wolf, René, 176, 180
Wong Galdamez, Antonio, 244, 245,
248
Woscoff, Alberto, 10, 11, 33, 37, 38,
39, 40, 47, 48, 49, 50, 306, 427,
444, 448, 449
Wucherer, Otto, 72, 78
X
Xavier, Célia Antonia, 106
Y
Yamamoto, Kasuya, 278, 451
Yamamoto, Manuel Palomino, 373,
375, 377
Yamashita, Jane Tomimori, 105
Yáñez Garrido, Daniel, 185, 186
Yegres, Francisco, 436
Yela, Joaquín, 243
Yépez, Bernardo, 218
Yépez, Gil, 433
Yerovi, Agustín, 216
Yerovi, Elena, 200, 201
Yong Laos, Alfredo, 375
Yoshiyama Tanaka, Enrique, 375
Yuén, Alberto, 363
Z
Zabala, María Teresa, 62, 63, 65
Zaidestein, David, 305
Zaitz, Clarisse, 90, 104, 115, 306
Zambrano Payán, José Félix, 129, 131,
141
Zambrano, Víctor Manuel, 126, 145,
155, 208
Zamith, Vinicio Arruda, 105
Zamora, Juan Manuel, 307, 448, 449
Zamora, Ramón, 436
Zampese, Márcia S., 111
Zaniboni, Mariana, 109
Zapata, Carlos, 441
Zapata Cárcamo, Lilia, 323, 370
Zapata Gutiérrez, Aníbal, 126, 139
Zárate Ortiz, Catalina, 141, 154
Zárate, Miguel, 140
Zéas Domínguez, Iván, 220, 221, 222,
223, 224
Zeballos, Alfredo, 70
Zegarra Araujo, N., 353, 365
Zegarra Pupi, José, 324
Zegpi, María Soledad, 178, 182
Zegpi Trueba, Emilia, 176, 189
Zerda, Liborio, 132
Zuluaga (voir Cadena)
Zúñiga, Pedro, 258

Histoire de la dermatologie latino-américaine
Carte de
l’Amérique

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en avril 2007
sur les presses de l’imprimerie
ART & CARACTÈRE
Lavaur (81).
Imprimé en France.

Histoire de la dermatologie latino-américaine
Sous la direction de
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI, ANDREA BETTINA CERVINI
Ce livre à été réalisé à l’initiative du comité d’organisation
du XXI e Congrès mondial de dermatologie. Rédigé par 73 auteurs
représentant la communauté dermatologique latino-américaine, il constitue
le cadeau officiel du XXI e Congrès mondial de dermatologie,
organisé à Buenos Aires du 1 er au 5 octobre 2007.
L’Histoire de la dermatologie latino-américaine est publiée grâce à un fonds
éducatif sans restriction des Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique.
EAU THERMALE AVÈNE • DUCRAY • A-DERMA • PIERRE FABRE DERMATOLOGIE
ALFREDO ABREU DANIEL (Cuba), GILBERTO ADAME MIRANDA (Mexique), DANIELLE ALENCAR-PONTE
(Colombie), PABLO I. ALMODÓVAR (Porto Rico), FRANCISCO AMOR GARCÍA (Uruguay), ROBERTO ARENAS
(Mexique), CLAUDIO ARIAS ARGUDO (Équateur), MA. ISABEL ARIAS GÓMEZ (Mexique), JULIO EDUARDO
BAÑOS (Salvador), ANTONIO BARRERA ARENALES (Colombie), AMALIA M. BORES (Argentine), INÉS A.
BORES (Argentine), ZUÑO BURSTEIN (Pérou), HÉCTOR CÁCERES (Pérou), PABLO CAMPOS MACÍAS
(Mexique), FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO (Bolivie) (✝), ANDREA BETTINA CERVINI (Argentine),
MAURICIO COELLO URIGUEN (Équateur), JULIO CORREA (Paraguay), PAULO R. CUNHA (Brésil), SUZZETTE
DE LEÓN G (Guatemala), JOSÉ G. DÍAZ ALMEIDA (Cuba), JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA (Bolivie),
MICHEL FAIZAL GEAGEA (Colombie), RAFAEL FALABELLA (Colombie), ELBIO FLORES-CEVALLOS (Pérou),
LUIS FLORES-CEVALLOS (Pérou), RICARDO GALIMBERTI (Argentine), PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA
(Argentine), JAIME GIL JARAMILLO (Colombie), FLAVIO GÓMEZ VARGAS (Colombie), CARLOS HORACIO
GONZÁLEZ ROJAS (Colombie), PETER A. GREENBERG CORDERO (Guatemala), RUBÉN GUARDA TATÍN
(Chili), GUILLERMO GUTIÉRREZ ALDANA (Colombie), EVELYNE HALPERT (Colombie), ENRIQUE HERNÁNDEZ
PÉREZ (Salvador), RAFAEL ISA ISA (République Dominicaine), ALFREDO LANDER MARCANO (Venezuela),
FRANKLIN MADERO IZAGUIRRE (Équateur), MAURO MADERO IZAGUIRRE (Équateur), FERNANDO MAGILL
(Pérou), GRACIELA MANZUR (Argentine), ALDO EDGAR MARTÍNEZ CAMPOS (Nicaragua), JOSÉ ANTONIO
MÁSSIMO (Argentine), JAIRO MESA COCK (Colombie), MARTHA MINIÑO (République Dominicaine), GALO
MONTENEGRO LÓPEZ (Équateur), JORGE ISAAC NEIRA CUADRA (Nicaragua), LEÓN NEUMANN SCHEFFER
(Mexique), YOLANDA ORTIZ (Mexique), ADRIÁN MARTÍN PIERINI (Argentine), LUIS DAVID PIERINI
(Argentine), JAIME PIQUERO MARTÍN (Venezuela), LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ (Salvador), CÉSAR
QUIÑÓNEZ (Porto Rico), ROBERTO RAMPOLDI BESTARD (Uruguay), OSCAR REYES FLORES (Venezuela),
ANTONIO RONDÓN LUGO (Venezuela), RAMÓN RUIZ MALDONADO (Mexique), AMADO SAÚL (Mexique),
EDUARDO SILVA-LIZAMA (Guatemala), BENJAMÍN TRUJILLO REINA (Venezuela), PABLO HUMBERTO
URQUIZU DÁVILA (Guatemala), LUIS VALDIVIA BLONDET (Pérou), LIDIA E. VALLE (Argentine), CÉSAR IVÁN
VARELA HERNÁNDEZ (Colombie), HERNÁN VARGAS MONTIEL (Venezuela), MIRTA VÁZQUEZ (Argentine),
JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS (Colombie), PABLO A. VIGLIOGLIA (Argentine), RAÚL VIGNALE
(Uruguay), ALBERTO WOSCOFF (Argentine).