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94<br />

termes du même choral.<br />

La superbe aria de basse suivante élabore le discours autour des mots<br />

et du thème du choral d’une manière extraordinairement inventive :<br />

dans une alternance continuelle entre lent et rapide, la colère de Dieu<br />

apparaît clairement, les questions restent sans réponse, les flammes<br />

dansent au son des hautbois : voilà une variation d’une immense<br />

intensité. C’est ensuite le ténor qui fait jouer l’alternance entre<br />

questions posées et réponses inquiètes, avant que ne survienne l’une<br />

de ces s<strong>ici</strong>liennes de Bach, <strong>ici</strong> confiée aux voix de soprano et d’alto,<br />

accompagnées par flûte et hautbois qui égrènent un thème qui n’est pas<br />

sans évoquer le choral. « Barmherz’ger » (« miséricordieux ») est soustendu<br />

d’un motif suppliant, puis les deux voix reprennent le discours<br />

du début de l’aria, mais en échangeant leurs parties. Dans le choral final,<br />

Bach ne peut naturellement s’empêcher de souligner le mot « ewig »<br />

(« éternellement ») au ténor.<br />

Plus impressionnante encore, s’il est possible d’en juger ainsi, vo<strong>ici</strong><br />

la Cantate Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott (Seigneur Jésus<br />

Christ, homme véritable et Dieu), BWV 127 pour le Dimanche Estomihi<br />

(ou Quinquagésime : La Quinquagésime commence au jour où l’on<br />

chante Esto mihi in Deum protectorem, etc, et finit le jour même de<br />

Pâques) du février 7 5. Ce qu’elle perd en proportions par rapport<br />

à la Cantate 0 , elle le gagne en intimité et en intensité musicale et<br />

dramatique. Le chœur d’ouverture semble entièrement envahi de l’idée<br />

initiale, le premier verset du choral « Herr Jesu Christe, wahr Mensch<br />

und Gott » : on la retrouve à chaque instant, souvent flanquée d’un<br />

étonnant thème descendant emprunté à la musique du second verset.<br />

Les sopranos l’énoncent dans son intégralité, tandis que l’on entend<br />

également un autre choral, « Christe du Lamm Gottes », en valeurs<br />

longues. Le mouvement s’achève sur la dernière ligne mélodique du<br />

choral, répétée deux fois.<br />

Suit l’un des plus beaux récitatifs de Bach, au ténor, comportant une<br />

poignante figure mélodique sur « die Ruhe zubereitet » (« prépare la<br />

paix »), puis la soprano nous offre l’un de ces miracles de Bach : une<br />

aria dans laquelle la mélodie, inimaginablement belle, entrelacée entre<br />

voix et hautbois, exprime la quiétude de l’âme entre les mains de Jésus,<br />

tandis que les staccatos de flûtes et les pizzicatos des cordes représentent<br />

les « Sterbeglocken » (« les cloches funèbres ») d’un bout à l’autre de ce<br />

bijou insurpassable. Seule la voix de Jésus lui-même peut suivre une<br />

telle ineffable beauté : c’est donc par le truchement de la basse (Vox<br />

Christi) qu’il répond, accompagné par les cuivres claironnants et<br />

solennels. La ligne de basse continue évoque les éclairs sur des fusées de<br />

notes rapides ainsi que dans la Passion selon saint Matthieu – la ligne de<br />

chant est d’ailleurs très précisément la même ! La dernière intervention<br />

de la basse martèle cette vérité incontournable : le croyant connaîtra<br />

la fél<strong>ici</strong>té éternelle. Voilà l’un des récitatifs les plus phénoménaux de<br />

tout l’œuvre de Bach. Seul un simple choral couronner cette cantate<br />

merveilleuse.<br />

Dans son genre, la Cantate Christus, der ist mein Leben (Christ, qui<br />

est ma vie), BWV 95, pour le 6 e dimanche après la Trinité, n’est pas<br />

moins étonnante. En effet, elle présente quatre chorals au lieu d’un<br />

seul, des chorals sous forme de « Sterbe-Lieder » (« Chants de mort »).<br />

Le premier, « Christus, der ist mein Leben », entrecoupé de dél<strong>ici</strong>eux<br />

interludes d’orchestre, bénéf<strong>ici</strong>e d’une réalisation très simple, mais<br />

lorsque le texte parle de mort, la musique se déploie sur quatre longues<br />

dissonances très étonnantes. Mais soudain le ténor fait son apparition<br />

pour annoncer, toujours dans le même mouvement, le second choral<br />

« Mit Fried und Freud » dont les douces lignes de cor rappellent les<br />

notes d’introduction ; on remarquera le soin avec lequel Bach traite les<br />

mots « sanft und stille » (« doucement et silencieusement »). Suivent<br />

deux récitatifs, dont un particulièrement merveilleux au soprano qui<br />

présente le troisième choral, pourtant surpassé par l’aria de ténor<br />

qui suit, l’une des plus sublimes créations de Bach. Sur des accords<br />

ondulants des trois hautbois – un des procédés préférés de Bach –,<br />

les pizzicatos d’une beauté irréelle sonnent doucement les cloches de<br />

la mort qui, ainsi présentée, semble vraiment un moment de grand<br />

bonheur tant attendu. Après un ultime récitatif de basse, le quatrième<br />

choral apparaît au chœur, agrémenté d’une suave ligne de violon<br />

survolant la congrégation.<br />

Le choral Meinem Jesum lass ich nicht (Je ne quitte pas mon Jésus) à la<br />

base de la Cantate BWV 124 du premier dimanche après l’Epiphanie

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