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C’est une bien courte cantate de Pentecôte que la Cantate Wer mich<br />
liebet, der wird mein Wort halten (Qui m’aime gardera ma Parole),<br />
BWV 59 du 6 mai 7 3 ; Bach en réutilisa la musique pour la Cantate<br />
BWV 74. Soprano et basse solo se partagent le texte, dont les figurations<br />
musicales sur « Wer mich liebet » (« Qui m’aime ») réapparaissent tout<br />
au long du mouvement. Ce n’est que vers la fin que les deux solistes les<br />
chantent enfin de concert ! Suit un récitatif de soprano introduisant<br />
un choral mouvementé. Enfin la brève cantate se referme sur une aria<br />
de basse dans laquelle le violon solo énonce une bien belle phrase sitôt<br />
reprise par le soliste.<br />
L’une des plus amples cantates de Bach, la Cantate Ich hatte viel<br />
Beklümmerniss (J’avais beaucoup de tourments), BWV 21, reste voilée<br />
d’un certain mystère. Elle a été exécutée à Weimar le 7 juin 7 4,<br />
troisième dimanche après la Trinité, et redonnée à Leipzig le 3 juin<br />
7 3. Il en existe de nombreuses versions, dont la première déjà de<br />
7 3 ; elle s’ouvre par une magnifique sinfonia, chargée d’arrêts du plus<br />
grand effet dramatique, un véritable mouvement lent de concerto pour<br />
violon et hautbois. Mattheson se permit de critiquer l’entrée du chœur<br />
dans lequel martèlent les notes « Ich ! ich ! » (« Moi ») sans prévenir,<br />
mais il faut pourtant avouer que l’impression première est saisissante.<br />
Sopranos et ténors font leur apparition en canon, puis les altos et<br />
basse quelques temps après, chantant la plus grande affliction sur des<br />
ponctuations d’orchestre, de vrais petits interludes instrumentaux. Mais<br />
la consolation du Christ vient terminer ce dramatique mouvement.<br />
C’est encore sur un motif chargé d’interruptions que le hautbois chante<br />
sa déchirante plainte funèbre, un motif répété encore et toujours, sur les<br />
mots « Tränen » – « larmes » ainsi décrites par les cellules mélodiques<br />
traînantes. Cette impression de tristesse éperdue est à peine dissipée<br />
lors du récitatif de ténor, et même son aria n’y arrive pas entièrement,<br />
malgré les délicates figurations sensées représenter les ruisseaux et<br />
torrents. Suit encore un chœur monumental, alternant passages rapides<br />
et lents, d’une immense charge émotionnelle. Le second volet de cette<br />
cantate (qui devait être chanté après le sermon) s’ouvre sur un récitatif et<br />
duo de soprano et basse, dans lequel le Christ, personnifié par la basse,<br />
discourt avec l’âme humaine représentée par la soprano. Après cela, le<br />
chœur reprend ses droits, non sans avoir été introduit par les quatre<br />
solistes dans un long passage contrapuntique ; « Wer nun den lieben<br />
Gott walten lässt » (« Celui qui laisse régner le bon Dieu ») prend <strong>ici</strong><br />
toute sa place au titre d’assurance pour l’âme. L’ultime récitatif amène le<br />
chœur final, un prélude et fugue d’amples proportions, qui s’achève sur<br />
un immense « Amen ».<br />
CD 21 : Cantates, BWV 101, 127, 95 & 124<br />
Nimm von uns, Herr, du treuer Gott, BWV 0 , pour le 0 e<br />
dimanche après la Trinité<br />
Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott, BWV 7, pour le<br />
dimanche de la Quinquagésime (ou Dimanche Estomihi)<br />
Christus, der ist mein Leben, BWV 95, pour le 6 e dimanche après<br />
la Trinité<br />
Meinem Jesum lass ich nicht, BWV 4, pour er dimanche après<br />
l’Epiphanie<br />
C’est en l’année 7 4 que Bach décida d’écrire un cycle complet – qu’il<br />
ne termina d’ailleurs pas – de cantates « chorales », des cantates basées<br />
sur les innombrables textes et mélodies des chorals luthériens.<br />
La Cantate BWV 101, conçue pour le dixième dimanche après la<br />
Trinité du 3 août 7 4, reprend le cantique Nimm von uns, Herr, du<br />
treuer Gott, die schwere Straf (Ecarte de nous, Seigneur Dieu fidèle, le<br />
sévère châtiment) ; dès le chœur d’ouverture, conçu comme le premier<br />
mouvement d’une grande Passion, survient un motif de trois notes qui<br />
en sera le fil conducteur. Les voix entrent en canon, préparant ainsi<br />
le champ pour que les sopranos énoncent enfin le thème choral dans<br />
son intégralité ; les péchés humains sont décrits avec une puissance<br />
effrayante. L’aria de ténor qui suit déroule de délicates lignes aux<br />
violons, des motifs ascendants soulignant les mots « ruhn », « flehen »,<br />
et « vergehen » (« reposer », « supplier » et « passer, disparaître »). C’est<br />
le seul mouvement de l’œuvre à ne pas faire appel à la ligne du choral<br />
de base. Par contre, il est énoncé en entier dans le récitatif de soprano<br />
et même, en partie à la basse continue, sur un texte commentant les<br />
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