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de la mort ») en égrenant imperturbablement son strict flot de doubles<br />

croches. Enfin, soulignons l’effet sonore d’un autre monde obtenu par<br />

Bach en faisant jouer les rapides figurations instrumentales aux quatre<br />

hautbois à l’unisson, dont il savait pertinemment que cela générerait<br />

un effet inouï.<br />

CD 15 : Cantates, BWV 5, 38 & 20<br />

Wo soll ich fliehen hin, BWV 5, pour le 9 e dimanche après la<br />

Trinité<br />

Aus tiefer Not schrei ich zu dir, BWV 38, pour le e dimanche<br />

après la Trinité<br />

O Ewigkeit du Donnerwort, BWV 0, pour le er dimanche après<br />

la Trinité<br />

La Cantate Wo soll ich fliehen hin (Où dois-je me réfugier), BWV 5 fut<br />

créée pour le dix-neuvième dimanche après la Trinité du 5 octobre<br />

7 4, exactement la même occasion religieuse que la célèbre « Ich will en<br />

Kreuzstab gerne tragen ». Il est <strong>ici</strong> question de la conscience qu’a l’homme<br />

du péché, mais tout au long de la cantate, l’âme humaine s’éloigne du profond<br />

désespoir pour finalement atteindre l’espoir ; la véritable prise de conscience<br />

se réalisant lors du récitatif n° 4, le pivot de l’ouvrage, où la basse affirme<br />

« Mein Heiland tröstet mich » (« Mon Sauveur me console »), accompagné<br />

d’un solo de hautbois. C’est le thème choral « Wo soll ich fliehen hin » de<br />

Johann Heermann qui sert de ciment à l’ouvrage, étant donné qu’il est<br />

énoncé dans l’ouverture – aux sopranos, renforcé par une « tromba da<br />

tirarsi », une sorte de trompette munie d’une coulisse de justesse – autant<br />

que dans le dernier chœur. Qui plus est, Bach l’évoque tout en subtilité<br />

dans l’introduction instrumentale, avant même qu’il n’apparaisse dans son<br />

intégralité. Les deux arias présentent deux visages radicalement opposés :<br />

l’une, pour ténor, offre un rôle de solo au violon alto, d’une nature douce<br />

et amène ; l’autre, plus résolue, fait appel à la très énergique trompette sur<br />

le texte « Verstumme, Höllenheer, du machst mich nicht verzagt » (« Reste<br />

muette, armée infernale, tu ne m’ôteras pas mon courage »).<br />

Deux semaines plus tard, Bach présentait sa Cantate Aus tiefer Not schrei<br />

ich zu dir (Dans ma profonde détresse, je crie vers toi), BWV 38 : le 9<br />

octobre 7 4, pour le vingt et unième dimanche après la Trinité. Encore<br />

une fois, il s’agit d’une cantate d’après un choral, en l’occurrence le célèbre<br />

« Aus tiefer Not »… » que Luther avait adapté d’après le Psaume 130. Chose<br />

remarquable, le thème choral n’apparaît pas seulement dans les parties<br />

vocales du motet d’introduction – écrit dans le style ancien – et dans le<br />

choral final, mais également dans la basse continue du récitatif de soprano<br />

n° 4. Encore plus étonnant, Bach exige qu’il soit chanté a battuta (dans le<br />

tempo, sans liberté), sans doute afin que l’auditeur perçoive la particularité<br />

du procédé. Dès l’ouverture, on perçoit clairement le cri de détresse énoncé<br />

au chœur, auquel répond l’aria de ténor, flanqué de ses deux fidèles, hautbois<br />

qui apporte du baume au cœur malgré les syncopes assez déroutantes. Suit<br />

un extraordinaire trio pour soprano, alto et basse, qui cache modestement<br />

ses très habiles variations de choral sous des accents presque empruntés à<br />

Johann Hermann Schein. L’ouvrage se referme sur un choral simplement<br />

harmonisé, et doublé à tout l’orchestre.<br />

D’une durée de quelques trente minutes, la Cantate O Ewigkeit du<br />

Donnerwort (Ô Éternité, parole foudroyante), BWV 20 se singularise<br />

par son ampleur. Elle fut composée pour le premier dimanche après la<br />

Trinité, le juin 7 4, d’après le même texte et la même mélodie chorale<br />

que la Cantate BWV 60 qui porte d’ailleurs le même nom. On peut<br />

éventuellement expliquer son importance par le fait qu’elle débutait un<br />

nouveau cycle annuel ; ses deux parties – l’une donnée avant le sermon,<br />

l’autre après – comptent rien moins que onze mouvements. Afin de conférer<br />

à l’ensemble une unité clairement perceptible, Bach commence l’ouvrage<br />

par une monumentale ouverture dans le style de l’ouverture à la française,<br />

avec ses rythmes pointés et son architecture bien spécifique. On trouvera<br />

dans l’aria de ténor les plus étonnants exemples de figuration musicale :<br />

les mots « Ewigkeit » et ewig » (« éternité » et « éternel ») se traduisent par<br />

de très longues notes, tandis que les flammes apparaissent sous la forme<br />

de vocalises rapidement ondulantes. Naturellement, l’auditoire est dûment<br />

réveillé par les trompettes sur l’appel « Wacht auf ! » (« réveillez-vous ») de<br />

l’aria de basse n° 8.<br />

Clemens Romijn<br />

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