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qui existait alors. On y trouve par ailleurs une majorité de passages<br />
soulignés du seul continuo, sans la moindre partie instrumentale. Les<br />
arias de basse et de soprano ont droit à tout l’orchestre, le duo d’alto<br />
et de ténor par contre n’est accompagné que de continuo. La cantate<br />
s’achève sur un choral simple, sans ornementation instrumental.<br />
CD 14 : Cantates, BWV 104, 83, 50 & 183<br />
Du Hirte Israel, höre, BWV 04, pour le dimanche Misericordias<br />
Domini<br />
Erfreute Zeit im neuen Bunde, BWV 83, pour la fête de la<br />
Purification de la Vierge Marie<br />
Nun ist das Heil und die Kraft, BWV 50, sans circonstance précise<br />
mais probablement destinée à la fête de Saint Michel<br />
Sie werden euch in den Bann tun, BWV 83, pour le 6 e dimanche<br />
après Pâques (dimanche d’Exaudi)<br />
L’image fondatrice de la Cantate Du Hirte Israel, höre (Toi, Berger<br />
d’Israël, prête l’oreille), BWV 104 est celle de Dieu en tant que berger<br />
de l’humanité : les fidèles sont <strong>ici</strong> les moutons ramenés à leur bergerie<br />
par la main divine. Par conséquent, Bach s’attelle à peindre des scènes<br />
uniquement pastorales et rustiques, dans le rythme omniprésent de la<br />
pastorale. Dès l’ouverture, le décor est planté par l’accompagnement<br />
instrumental évocateur de flûtes de roseau. Il en sera de même dans la<br />
merveilleuse aria de basse n° 5 aux accents certes pastoraux, mais bien<br />
graves du hautbois d’amour. Rappelons que l’œuvre fut écrite pour le<br />
Misericordias Domini du 3 avril 7 4.<br />
Quant à la Cantate Erfreute Zeit im neuen Bunde (Heureux temps de<br />
la nouvelle alliance), BWV 83, dédiée à la Chandeleur – la Purification<br />
de la Vierge Marie –, elle raconte la purification de la mère de Jésus<br />
après la divine naissance, ainsi que la prophétie faite à Siméon qu’il<br />
ne mourra pas avant d’avoir posé son regard sur Jésus, la Lumière du<br />
Monde. Vie et mort, clarté et ténèbres se côtoient donc dans le texte, dès<br />
le premier mouvement « Erfreute Zeit im neuen Bunde… Wie freudig<br />
wird zur letten Stunde » (« Heureux temps de la nouvelle alliance …<br />
Quelle joie sera notre dernière heure »). Ces paroles sont confiées à<br />
l’alto solo, qu’accompagne l’orchestre duquel émerge un violon solo.<br />
Selon Alfred Dürr, le violon évoque le son du glas sur les mots « letzte<br />
Stunde » (« dernière heure »)… L’on entend ensuite le vieux Siméon<br />
chanter son hymne de louanges (Nunc Dimittis) au nouveau-né Jésus,<br />
tandis que d’incessants traits de doubles-croches à la basse évoquent le<br />
départ imminent et la mort de Siméon : « Herr, nun lässest du deinen<br />
Diener in Friede fahren » (« Maintenant, Seigneur, tu laisses ton<br />
serviteur s’en aller en paix »).<br />
La Cantate Nun ist das Heil und die Kraft (Vo<strong>ici</strong> le salut et la<br />
puissance), BWV 50 reste entourée de mystère. En effet, elle ne compte<br />
qu’un mouvement unique pour chœur à huit voix qu’accompagne un<br />
important orchestre. On présume qu’il s’agit là d’une partie appartenant<br />
à une œuvre de plus longue haleine, bien qu’il n’existe aucune preuve<br />
pour étayer la théorie. On ne sait pas clairement non plus si le chœur<br />
était originalement conçu à huit voix, étant donné que la seule copie<br />
manuscrite qui nous soit parvenue a été établie peu après la mort de<br />
Bach. La cantate représente une sorte de chant triomphal célébrant la<br />
victoire de l’Archange Michel sur le dragon ; elle doit donc être jouée<br />
le 9 septembre.<br />
En cinq mouvements, la Cantate Sie werden euch in den Bann tun<br />
(Ils vous mettront au ban), BWV 183 fut écrite pour le sixième<br />
dimanche après Pâques (Exaudi, ou « Exauce nous »). On notera<br />
qu’elle comporte le même texte d’introduction – et d’ailleurs le même<br />
titre – que la Cantate BWV 44, également destinée au Exaudi, mais<br />
la similitude s’arrête là. L’orchestration assez remarquable rassemble<br />
deux hautbois d’amour, deux oboe da caccia, un violoncelle piccolo,<br />
cordes et continuo ; dès le récitatif d’introduction, les quatre hautbois<br />
accompagnent la basse représentant le Christ dans un effet sonore<br />
particulièrement saisissant. Dans les trois arias, on peut remarquer que<br />
les motifs d’accompagnement ainsi que les premières notes des parties<br />
chantées présentent systématiquement des mouvements ascendants.<br />
Quant au violoncello piccolo, il intervient en solo dans l’aria de ténor<br />
« Ich fürchte des Todes Schrecken nicht » (« je ne crains pas les affres