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nécessairement la présence d’un chœur…<br />
La Cantate Wie schön leuchtet der Morgenstern (L’étoile du matin brille<br />
d’une telle beauté), BWV 1 appartient à cette catégorie : elle célébrait<br />
l’Annonciation de la Sainte Vierge, qui tombait le dimanche 5 mai en<br />
cette année 7 5. C’est aux sopranos qu’est confiée la mélodie chorale<br />
pour l’introduction et la conclusion ; le sujet, en réalité, traite moins de<br />
Marie que de l’avènement du Christ, symbolisé par l’Etoile du matin.<br />
Deux violons solo figurent le scintillement de l’étoile à l’aube du premier<br />
mouvement…<br />
Quelques dix ans avant la précédente Cantate, entre 7 3 et 7 6, Bach<br />
écrivit la Cantate Christen, ätzet diesen Tag (Chrétiens, gravez ce jour),<br />
BWV 63 pour célébrer le jour de Noël. Il était alors employé comme<br />
organiste et Konzertmeister à la cour de Weimar ; peut-être même<br />
composa-t-il cette œuvre radieuse et aérienne au titre d’examen d’entrée<br />
pour le poste d’organiste de la Liebfrauenkirche de Halle. On ne peut<br />
pas ne pas remarquer la symétrie parfaite de l’ouvrage : chœur, récitatif,<br />
duo, récitatif, duo, récitatif et chœur, le récitatif n° 4 formant une sorte<br />
de point central, de pivot. Ici, le continuo illustre le texte « sein Bogen<br />
ist gespannt, das Schwert ist schon geschwetzt » (« son arc est tendu,<br />
l’épée est aiguisée »).<br />
CD 12 : Cantates, BWV 51, 3 & 14<br />
Jauchzet Gotte in allen Landen, BWV 5 , pour le 5 e dimanche<br />
après la Trinité ou pour tous les temps<br />
Liebster Jesu, mein Verlangen, BWV 3 , pour le er dimanche<br />
après l’Epiphanie<br />
Wär Gott nicht mit uns diese Zeit, BWV 4, pour le 4 e dimanche<br />
après l’Epiphanie<br />
C’est très probablement pour le 5 e dimanche après la Trinité de<br />
730 que Bach composa la Cantate Jauchzet Gotte in allen Landen<br />
(Louez Dieu dans toutes les pays), BWV 51. Mais comme le texte ne<br />
fait guère allusion à ce dimanche en particulier, Bach a ajouté « per<br />
ogni tempo » (« pour tous les temps du calendrier liturgique ») sur les<br />
parties instrumentales. Il n’est fait appel qu’à un soliste, une soprano,<br />
à l’exclusion du chœur, mais la soliste se voit confier une partie d’une<br />
effarante difficulté, avec des passages de colorature et un contre-ut<br />
digne du plus pur bel canto. Pour lui donner la réplique, une partie<br />
de trompette solo non moins exigeante, parfois secondée par le violon<br />
solo. Cet aspect résolument soliste, quasiment concertant, apparaît dès<br />
le mouvement d’ouverture, un véritable mouvement de concerto malgré<br />
l’appellation de « aria » : soprano et trompette se trouvent constamment<br />
« remis à leur place » par des interventions d’orchestre qui n’arrivent<br />
pourtant pas à les empêcher de crier leur joie et leur jubilation.<br />
Le récitatif n° , cordes seules et soprano, s’enchaîne directement<br />
avec un arioso Andante débordant de passages de colorature. Moins<br />
virtuose, l’aria n° 3 égrène ses doux triolets dans une atmosphère assez<br />
douloureuse ; suit un choral, naturellement confié à la soprano qui peut<br />
se reposer sur de longues notes tandis que le violon s’exerce furieusement<br />
à tenter de la sortir de sa fél<strong>ici</strong>té, en vain. Le mouvement final Alleluia<br />
restitue ses rôles prépondérants à la soprano et la trompette.<br />
Quand bien même la Cantate Liebster Jesu, mein Verlangen (Bien-aimé<br />
Jésus, mon espérance), BWV 32 fut écrite pour le premier dimanche<br />
après l’Epiphanie du 3 janvier 7 6, il ne fait guère de doute qu’elle<br />
réutilise un ouvrage déjà composé à Cöthen. S’il est quelques termes<br />
pour décrire l’atmosphère de la musique, c’est supplique et nostalgie.<br />
Bach nous présente un dialogue entre l’âme humaine, personnifiée par<br />
la voix de soprano, se languissant de Dieu, et Jésus, la traditionnelle voix<br />
de basse. Pourtant, ce n’est qu’au récitatif n° 4 et au duo n° 5 que l’on entre<br />
vraiment en dialogue, sous forme de duos, alors que dans les numéros<br />
précédent, chaque protagoniste exposait son propre discours. D’entrée,<br />
la malheureuse âme humaine clame ses suppliques à l’aide d’un hautbois<br />
plaintif et soupirant. Jésus répond, d’un ton légèrement moralisateur,<br />
presque un peu agacé dans le récitatif, mais immédiatement plus doux<br />
dans l’aria. Après le récitatif et l’aria, tous deux en duo ainsi qu’indiqué<br />
ci-dessus, au cours desquels l’âme humaine et Jésus ne font plus qu’un,<br />
un choral à quatre voix, simplement harmonisé, clôt la discussion.