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de Noël<br />
Ich bin vergnügt mit meinem Glücke, BWV 84, pour le dimanche<br />
de la Septuagésime<br />
Freue dich, erlöste Schar, BWV 30, pour la fête de saint Jean<br />
Baptiste<br />
La Cantate Darzu ist erschienen ser Sohn Gottes (C’est pour cela que<br />
le Fils de Dieu est apparu), BWV 40, destinée au jour suivant la Noël<br />
de 7 3, est l’un des sommets de la musique sacrée de Bach qui n’en<br />
manque pourtant pas ! Après un magnifique chœur d’ouverture, on<br />
peut entendre deux récitatifs flanqués de leurs deux arias, des pièces de<br />
la plus pure eau, traitant toutes de Satan dont les tentatives de détruire<br />
l’œuvre de Dieu sont contrées par Jésus descendu sur Terre à cet effet.<br />
L’appel de cor du chœur d’ouverture (réutilisé dans la Messe en fa<br />
majeur), dans lequel certains ont cru voir l’avènement d’un roi, évoque<br />
plus probablement un cri de guerre. Les voix se rejettent le thème l’une<br />
l’autre, jusqu’à ce que les œuvres du Malin soient enfin détruites de<br />
manière très figurative : les féroces notes répétées cognent inutilement<br />
contre la fière fugue dont le flot semble éternel.<br />
Le récitatif de ténor « Das Wort wart Fleisch » énonce des motifs<br />
ascendants sur « bestrahlt « (« rayonne, éclaire ») et « Gott », tandis<br />
qu’un autre, descendant, évoque la descente du Christ parmi les<br />
hommes : la magistrale juxtaposition entre le roi et ses sujets, le Seigneur<br />
et ses serviteurs, mène à un choral richement chromatique. Suit une<br />
aria de basse enflammée dans laquelle le serpent fait son entrée en<br />
musique ; les mots « bange » (« crainte, peur ») et « zerknickt » (« brisé,<br />
plié ») bénéf<strong>ici</strong>ent d’un traitement de faveur. Satan refait son apparition<br />
dans le récitatif d’alto dont la toute fin est d’une extraordinaire émotion.<br />
Après un très beau choral, le ténor nous offre dans son aria les plus<br />
impressionnants et longs traits vocaux que Bach ait jamais écrits sur<br />
le mot « freuet euch » (« réjouissez-vous »), sans oublier les splendides<br />
figurations pour « wüthet », « erschrecken » et « Höllenreiche »<br />
(« rage », « effrayer » et « royaume de l’Enfer »). Enfin, une prière calme<br />
les esprits avec les mots « Freude » (« joie ») et « Wonne » (« fél<strong>ici</strong>té »)<br />
qui ne doivent jamais être oubliés.<br />
C’est une œuvre tout en intimité que la Cantate Ich bin vergnügt mit<br />
meinem Glücke (Je suis satisfait de mon bonheur), BWV 84, confiée à<br />
une soprano solo ; Bach la donna pour le Dimanche Septuagesimae<br />
du 9 février 7 7. Elle raconte l’histoire des travailleurs de la vigne<br />
qui reçoivent tous le même salaire, quelles que soient la qualité et la<br />
quantité de travail qu’ils fournissent. L’idée générale énonce que l’on<br />
doit se contenter de ce que nous donne le Maître. Il se peut que l’aria<br />
d’entrée reprenne les accents d’un concerto pour hautbois antérieur :<br />
l’instrument soutient <strong>ici</strong> la soprano sur un doux tamis de cordes. Bach<br />
orne les mots centraux « vergnügt » (« heureux, satisfait ») et « Gaben »<br />
(« dons ») d’une guirlande tout particulière. Suit un dél<strong>ici</strong>eux récitatif<br />
et une non moins dél<strong>ici</strong>euse aria, certes simple, presque rustique, et<br />
pourtant chargée de cette magie thématique qui n’appartient qu’à Bach.<br />
Le bond de sixte ascendant puis redescendant figurerait-il une sorte<br />
de doux rire de satisfaction ? Toujours est-il qu’après un récitatif, cette<br />
œuvre tendre et pastorale se referme doucement sur un choral tout<br />
simple.<br />
Conçue pour célébrer la fête de saint Jean Baptiste, la Cantate Freue<br />
dich, erlöste Schar (Réjouis-toi, peuple racheté), BWV 30, jouée le 4<br />
juin 738, présente des proportions de grande ampleur. Elle reprend<br />
les accents de la cantate profane « Angenehmes Wiederau ». Le<br />
mouvement d’entrée, d’ailleurs répété en fin d’ouvrage avec un texte<br />
différent, ne manquera pas d’impressionner l’auditeur par son aspect<br />
grandiose et joyeux. Le chœur, qui entre immédiatement sur la toute<br />
première note, chante bientôt des passages en fugato sur « dich mit<br />
Wohl zu überschütten » (« te couvrir de bienfaits ») tandis que les<br />
violons survolent le discours de leur commentaires. Un récitatif précède<br />
la première aria de basse, un très long chant de louange à Dieu dont le<br />
saint nom ne peut, comme on le voit, jamais cesser de résonner : de la<br />
sorte, l’aria dure plus de cinq minutes de musique douce et calme, avec<br />
une insistance particulière sur le mot « Name » (« nom »). Mais sitôt les<br />
dernières notes envolées, et après un court récitatif, l’alto nous offre un<br />
de ces bijoux dont Bach a le secret : une aria accompagnée aux premiers<br />
violons en sourdine soulignés par les merveilleux pizzicatos des seconds<br />
violons et des altos. La musique illustre à merveille le propos : un pas<br />
rapide et infiniment joyeux. Après un choral, la première partie de la<br />
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