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schwerer Gang zum letztem Kampf und Streite (« Quel terrible chemin<br />
pour l’ultime combat et la dernière lutte »), ce à quoi l’Espoir répond<br />
« Mein Beistand ist schon da » (« mon secours est déjà là ») sur un ton<br />
d’une immense tendresse. Dès le mouvement d’ouverture, les caractères<br />
s’opposent déjà : le ténor chante librement dans le style d’une aria tandis<br />
que l’alto se cantonne obstinément au thème choral, doublé par le cor<br />
pour plus de solennité. Dans le duo n° 3, le hautbois d’amour et le<br />
violon solo soulignent chacun son personnage. Suit un récitatif d’alto<br />
décrivant les affres de la mort avec une effrayante brutalité mélodique,<br />
mais la douce voix de basse (le Christ) vient par trois fois interrompre<br />
ces frayeurs d’une ligne rassurante et apaisante, sur le texte du Livre<br />
des Révélations : « Selig sind die Toten » (« bienheureux les morts »).<br />
Le choral final est l’une des plus étonnantes réalisations de Bach, avec<br />
un enchaînement de quatre accords qui rappelle plutôt Fauré que le<br />
Kantor de Leipzig. Le reste du choral n’est pas moins invraisemblable.<br />
Le titre de la Cantate Jesu, der du meine Seele… (Jésus, toi qui as mon<br />
âme [par ton martyre sauvé]), BWV 78 provient du choral du même<br />
nom sur un texte de Johann Rist ( 64 ). L’œuvre fut écrite pour le<br />
quatorzième dimanche après la Trinité du 0 septembre 7 4. Le<br />
sujet évoque la souffrance du Christ et sa victoire sur le péché et le<br />
Malin. La cantate s’ouvre sur un chœur reprenant le thème du choral<br />
dans la partie de soprano, doublée par un cor : il s’agit d’un lamento<br />
faisant usage de la ligne de basse typique de la chaconne, autant de<br />
par les chromatismes que par la figure obstinément descendante. Les<br />
passages de chœur alternent avec des ritournelles instrumentales et des<br />
digressions libres des voix solistes. Suivent trois arias (un duo et deux<br />
solos), ainsi que deux récitatifs. On notera, dans le duo n° , que la<br />
ligne de basse est subdivisée en basse continue d’une part, et une ligne<br />
indépendante pour l’orgue et le violoncelle, un des plus grands moments<br />
de joie et de tendresse dans tout l’œuvre de Bach. Les mots « Wir eilen<br />
mit schwachen doch emsigen Schritten » (« Nous accourons de nos pas<br />
faibles mais empressés ») donnent lieu à une ornementation sautillante<br />
et irrésistible. La cantate s’achève sur un choral simple.<br />
Comparée aux deux autres œuvres gravées sur ce CD, la Cantate Süsser<br />
Trost, mein Jesus kommt (Ô doux réconfort, Jésus arrive), BWV 151<br />
pour le 7 décembre (troisième jour après Noël) est une œuvre joyeuse,<br />
optimiste, dans la tonalité radieuse de sol majeur. Pourtant, la très<br />
sobre instrumentation fait appel qu’à quatre solistes vocaux, chœur,<br />
hautbois d’amour, flûte traversière, cordes et basse continue. Les arias<br />
sont toutes des modèles de beauté et de tendresse, en particulier la<br />
première aria pour soprano « Süsser Trost » (« doux réconfort ») où<br />
la flûte joue de merveilleuses guirlandes autour de la ligne vocale, ou<br />
encore la dél<strong>ici</strong>euse partie de hautbois d’amour dans l’aria d’alto n° 3.<br />
Le choral final, d’une parfaite simpl<strong>ici</strong>té et d’une étonnante brièveté,<br />
fait accroire que Bach entendait qu’il ne fût chanté que par les quatre<br />
solistes afin de ne pas mobiliser le chœur, déjà très soll<strong>ici</strong>té au cours de<br />
la semaine de Noël.<br />
CD 28 : Cantates, BWV 128, 154 & 62<br />
Auf Christi Himmelfahrt allein, BWV 8, pour l’Ascension<br />
Mein liebster Jesu ist verloren, BWV 54, pour le er dimanche<br />
après l’Épiphanie<br />
Nun komm der Heiden Heiland, BWV 6 , pour le er dimanche<br />
de l’Avent<br />
Etant donné qu’elle était destinée au jour de l’Ascension, le 0 mai 7 5,<br />
la Cantate Auf Christi Himmelfahrt allein (Seule l’Ascension du Christ),<br />
BWV 128 se devait de célébrer l’occasion en fanfare : d’où l’orchestration<br />
qui fait appel, outre les trois solistes vocaux, le chœur, deux hautbois<br />
d’amour, un oboe da caccia, à deux cors et une petite trompette. Cet<br />
instrument, en particulier, illustre l’air de basse n° 3 et les mots « auf,<br />
auf mit hellem Schall » (« Debout, aux accents éclatants »). Bien que<br />
faisant partie du cycle des cantates basées sur des chorals, celle-ci se<br />
singularise par le fait qu’elle reprend les thèmes de deux chorals au<br />
lieu d’un seul : en effet, le chœur d’ouverture en illustre un premier,<br />
tandis que le chœur final en reprend un second. Dans l’ouverture en<br />
question, chœur et orchestre éclatent de joie dans une exubérante<br />
écriture débordante d’énergiques doubles-croches. Quant à l’aria n° 3,<br />
outre sa partie de trompette virtuose, elle réserve une autre surprise : au