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66<br />

une homophonie chorale sans concession aucune – il s’agit d’honorer<br />

Dieu et de le servir, d’une seule voix ! – et le mouvement s’achève sur<br />

une longue tenue à l’unisson sur « hält » (« tient »). Le second vers,<br />

traitant des ennemis rageurs, fait appel à une musique dûment rageuse,<br />

mais les troisième et quatrième vers ont droit aux mêmes notes alors<br />

que le texte diffère considérablement… Suit un remarquable récitatif où<br />

l’alto chante la mélodie du choral tandis que la même mélodie est jouée<br />

sur un tempo absolument différent au continuo. L’image principale<br />

qui a nourri l’air de basse suivant est celle des vagues rageuses de la<br />

mer, exprimées par de sombres roulements des cordes graves. Survient<br />

ensuite une aria de ténor retrouvant le choral, ainsi que le fait d’ailleurs<br />

le numéro suivant dans lequel le chœur est fréquemment interrompu<br />

par des récitatifs ; l’auditeur attentif percevra le « und stürzen » (« et<br />

anéantiront ») de la partie de basse, un dessin particulièrement hardi.<br />

La dernière aria avant le choral final est confiée au ténor, une diatribe<br />

contre la sagesse chancelante : la raison humaine se trouve littéralement<br />

réduite au silence…<br />

On est en droit de se demander pourquoi la Cantate Ich steh mit einem<br />

Fuss im Grabe (J’ai un pied dans la tombe), BWV 156 ( 3 janvier 7 9,<br />

troisième dimanche après l’Epiphanie) n’occupe pas la même position<br />

dans le cœur des mélomanes que par exemple la BWV 106 « Actus<br />

Tragicus ». Peut-être n’est-ce qu’une affaire de titre : en effet, « Ich stehe<br />

mit einem Fuss im Grabe » (« J’ai un pied dans le tombeau ») semble<br />

moins directement attirant, alors que le sujet est précisément le même :<br />

l’espoir chrétien en face de la mort. La Sinfonia d’ouverture à elle seule<br />

comporte l’une des plus suaves lignes mélodiques de Bach, <strong>ici</strong> confiée<br />

au hautbois sur un doux tapis de cordes. L’aria suivante est d’ailleurs<br />

de la même eau : sous-tendu d’un choral qu’énonce doucement la voix<br />

de soprano, le thème au ténor et, en contrepoint, aux cordes, repose<br />

sur une basse constamment décalée qui peut éventuellement figurer<br />

le pied déjà dans le tombeau… Mais bientôt un récitatif de basse vient<br />

annoncer la résignation après un dur combat : il introduit l’aria d’alto<br />

dans lequel les mots tels que « in Leiden, Sterben, Bitten une Flehen »<br />

(« dans la mort, dans la prière et dans la plainte ») sont illustrés dans<br />

le ton correspondant, au même titre que « « Freude » donne lieu à une<br />

explosion de joie. Après un second récitatif, le choral final « Herr wie<br />

du willst » (« Seigneur, comme tu le souhaites ») résume l’état d’esprit<br />

qui règne sur cette œuvre admirable.<br />

Bach aborde à nouveau le thème de la mort dans la Cantate Wer weiss,<br />

wie nahe mir mein Ende ? (Qui sait quand ma fin est proche ?), BWV 27<br />

composée pour le 6 octobre 7 6, seizième dimanche après la Trinité.<br />

Dès le choral d’ouverture, interrompu par de nombreux récitatifs, le<br />

ton est donné, ne serait-ce que par le curieux continuo évoquant un<br />

mouvement de balancier, et la longue note plaintive sur le mot « bet »<br />

(« prie »). Après un très intéressant récitatif (« Denn Ende gut, macht<br />

alles gut ! », « Car une bonne fin fait que tout est bien [tout est bien<br />

qui finit bien] » l’alto chante la bienvenue à la mort. Bach, <strong>ici</strong> comme<br />

dans le récitatif de soprano suivant, illustre le texte de mille manières :<br />

une musique qui semble « suivre » sur le mot « folgen » (« suivre »), des<br />

dessins chromatiques pour « Plagen und Tod » (« tourments et mort »),<br />

une note aiguë pour « Himmel » (« Ciel »), et une vertigineuse phrase<br />

montante sur « Flügel her » (« que l’on me donne des ailes »)… Les<br />

mêmes contrastes sont dépeints dans l’aria de basse survenant ensuite,<br />

dans laquelle le doux « gute Nacht » (« bonne nuit ») vient heurter la<br />

confusion rageuse qui envahit le monde entier. De la sorte, le croyant<br />

n’a plus un pied dans la tombe mais, plutôt, au paradis. L’ouvrage se<br />

termine par un magnifique choral à cinq voix (une rareté, considérant<br />

que les chorals sont presque systématiquement à quatre voix). Mais il<br />

faut dire que c’est également l’unique choral des cantates qui ne soit pas<br />

de Bach, mais de Johann Rosenmüller ( 6 9- 684) : le langage proche<br />

de celui de Schütz ne trompera d’ailleurs personne, et c’est bien là une<br />

citation délibérée de la part de Bach de ce compositeur qui avait failli<br />

devenir Kantor à la Thomaskirche de Leipzig en 655, si une regrettable<br />

affaire ne l’avait pas mené en prison…<br />

CD 24 : Cantates, BWV 115, 55 & 94<br />

Mache dich, mein Geist, bereit, BWV<br />

après la Trinité<br />

5, pour le e dimanche<br />

Ich armer Mensch, ich Sündenknecht, BWV 55, pour le<br />

e

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