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chante le choral « Ach bleib bei uns » – un des chorals repris dans<br />
les Chorals Schübler pour orgue) – transformé et orné d’une manière<br />
particulièrement touchante. L’aria suivante – une prière destinée à<br />
écarter le péché –, confiée au ténor, présente plusieurs particularités,<br />
dont une remarquable dissonance sur le mot « Sünden » (« péchés »)<br />
et les lourds pas du voyageur harassé sur le « Sündenweg », le chemin<br />
des péchés. Pour illustrer les termes « lumière » et « briller », Bach<br />
superpose de merveilleuses ornementations sur cette atmosphère<br />
lourde, créant un étonnant double discours. C’est un simple choral qui<br />
achève cette cantate, l’une des plus connues de Bach.<br />
Loin des sujets sacrés, la Cantate Nur jedem das Seine (À chacun sa<br />
part), BWV 163 écrite pour le 4 novembre 7 5, vingt-troisième<br />
dimanche après la Trinité, traite du sujet improbable des impôts !<br />
Certes, la métaphore est rapidement éventée puisqu’il est en réalité<br />
question des tribus que l’on paye à l’autorité terrestre, mais également<br />
ceux que l’on paye à Jésus. Ce sont par les mots « Jedem das Seine<br />
(« à chacun son dû ») que le ténor nous exhorte à rendre justice aux<br />
hommes et à la divinité. Le récitatif de basse suivant, une curiosité<br />
harmonique, mène à un air de basse dont les motifs confiés aux deux<br />
violoncelles sont tout à fait extraordinaires. Tout le numéro fait appel<br />
aux instruments les plus graves et pourtant la musique brille et chatoie<br />
de mille feux, à l’image des pièces d’or avec lesquelles l’homme paye son<br />
tribut à Jésus : le cœur et l’amour. À l’issue de ce passage véritablement<br />
étonnant, le jeune Bach s’essaye au récitatif pour deux chanteurs, qui<br />
s’enchaîne avec un très intéressant duo où les deux voix, initialement<br />
opposées, finissent pas s’unir dans le thème du choral « Meinem Jesum<br />
lass ich nicht » (Mon Jésus je ne te quitte pas) confié aux violons. La<br />
cantate s’achève par un choral simple.<br />
7 4 fut une année pendant laquelle Bach écrivit surtout des cantates<br />
d’après des chorals ; la Cantate Herr Christ, der einge Gottessohn<br />
(Christ notre Seigneur, le Fils unique de Dieu), BWV 96 fut jouée<br />
pour la première fois le 8 octobre 7 4, dix-huitième dimanche<br />
après la Trinité. Le très émouvant choral « Herr Christ, der ein’ge<br />
Gottessohn » est énoncé dès le chœur d’ouverture aux altos (que<br />
double le trombone), tandis que le matériau musical des autres voix<br />
emprunte aux tournures de l’introduction instrumentale, des mélismes<br />
aux violons et aux hautbois, survolés par une sublime ligne confiée à<br />
la flûte à bec sopranino. On comprend le sens de cette envolée dans<br />
le cinquième vers du choral : le Christ est l’étoile du matin brillant à<br />
l’horizon. Après un très simple récitatif d’alto, l’aria du ténor donne<br />
du grain à moudre au flûtiste ; d’ailleurs, la majorité des cantates de<br />
cette époque comportent des parties de flûte très conséquentes, ce qui<br />
laisse accroire qu’il se trouvait peut-être alors un excellent flûtiste à<br />
Leipzig. Le récitatif suivant illustre le chemin entre terre et ciel d’une<br />
ligne ascendante qui mène droit à une aria de basse courte mais très<br />
étonnante : le soliste nous apprend combien de faux pas nous avons<br />
pu commettre de gauche et de droite. L’orchestre lui-même souligne<br />
cette indécision, incapable qu’il semble de vouloir orienter son discours<br />
musical, sans même parler des « fausses notes » sur le mot « verirrter<br />
Schritt » (« un pas dans la mauvaise direction ») : un parfait exemple<br />
de la peinture musicale qu’affectionnait Bach. Après une note dans le<br />
registre le plus grave sur le mot « sinken » (« couler, s’enfoncer »), les<br />
portes du Ciel semblent subitement s’ouvrir : le choral final exprime la<br />
transition de l’homme du passé vers la nouvelle vie.<br />
CD 23 : Cantates, BWV 178, 156 & 27<br />
Wo Gott der Herr nicht bei uns hält, BWV 78, pour le 8 e dimanche<br />
après la Trinité<br />
Ich steh mit einem Fuss im Grabe, BWV 56, pour le 3 e dimanche<br />
après l’Epiphanie<br />
Wer weiss, wie nahe mir mein Ende ?, BWV 7, pour le 6 e<br />
dimanche après la Trinité<br />
La Cantate Wo Gott der Herr nicht bei uns hält (Quand Dieu, le<br />
Seigneur, ne se trouve pas auprès de nous), BWV 178 fut écrite pour être<br />
jouée le 30 juillet 7 4, huitième dimanche après la Trinité. Le chœur<br />
d’ouverture reprend le premier vers du choral « Wo Gott der Herr »,<br />
d’une manière assez impérieuse : le combat contre les faux prophètes est<br />
pavé d’obstacles. La première ligne, par conséquent, est présentée dans<br />
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